10 février 2016

Le Trésor du pendu (1958) de John Sturges

Titre original : « The Law and Jake Wade »

Le Trésor du penduJake Wade fait évader le hors-la-loi Clint Hollister pour s’acquitter d’une vieille dette. Les deux hommes étaient complices autrefois mais, depuis, Jade est passé du bon côté de la Loi, il est même devenu Marshal. Ils se séparent mais Clint retrouve Jade rapidement pour le faire avouer où il a caché le magot d’un ancien forfait… L’histoire de The Law and Jake Wade (le titre français est passablement inapproprié puisqu’il n’y a aucun pendu à l’horizon) peut paraître assez classique, puisqu’il s’agit d’un homme rattrapé par son passé, mais John Sturges en fait un très beau western doté d’une tension quasi-permanente. Beau, il l’est au premier sens du terme par ses décors grandioses (ce sont ceux de la Vallée de l’Owens en Californie) très présents puisque toute l’histoire se déroule lors de la longue chevauchée d’un petit groupe de cavaliers. Robert Taylor est assez monolithique dans son jeu, rendant son personnage impavide certes mais assez distant, ne favorisant guère l’empathie. Face à lui, Richard Widmark est absolument superbe : son personnage est tout à la fois, inquiétant et séduisant, cynique et fascinant, et tout cela sans jamais forcer le trait. Après la beauté des images, la performance de Widmark est le second attrait du film. The Law and Jake Wade fut plutôt maltraité par la critique, assez injustement.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Robert Taylor, Richard Widmark, Patricia Owens, Robert Middleton, Henry Silva
Voir la fiche du film et la filmographie de John Sturges sur le site IMDB.

Voir les autres films de John Sturges chroniqués sur ce blog…

The Law and Jake Wade
Robert Taylor, Patricia Owens et Richard Widmark dans The Law and Jake Wade de John Sturges (tourné dans les Alabama Hills, Californie,  avec en arrière plan les montagnes de la Sierra Nevada)

9 février 2016

Viva Zapata! (1952) de Elia Kazan

Viva Zapata!Au Mexique, au tout début du XXe siècle, Emiliano Zapata prend la tête d’une rébellion contre les grands propriétaires terriens qui prennent de force les terres de pauvres paysans. Il s’allie avec le révolutionnaire Madero qui espère renverser le gouvernement… Sur un scénario signé John Steinbeck, Viva Zapata! évoque la figure légendaire du révolutionnaire mexicain, non sous la forme d’un récit précis des évènements mais plutôt comme une réflexion sur le pouvoir et sur la façon de l’exercer. Les scènes d’actions apparaissent ainsi de façon disparate pour mieux mettre en relief ses réflexions intérieures, ses hésitations, ses tiraillements. Steinbeck et Kazan posent ainsi beaucoup de questions sur la morale révolutionnaire, sur la difficulté de garder ses idéaux une fois au pouvoir, sur l’utilité des révolutions mais aussi et surtout sur le pouvoir lui-même : « Un homme fort affaiblit un peuple ; un peuple fort n’a pas besoin d’homme fort » font-ils dire à leur héro. Le film est un peu inégal, très puissant dans certaines scènes, presque ennuyeux dans d’autres (généralement celles avec la femme qu’il courtise et épouse). L’interprétation de Brando est assez appuyée, parfois même un peu trop mais sa forte présence à l’écran donne au personnage toute sa crédibilité. Malgré ses défauts, Viva Zapata! reste un film intéressant par son indéniable dimension philosophique.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Marlon Brando, Jean Peters, Anthony Quinn, Joseph Wiseman
Voir la fiche du film et la filmographie de Elia Kazan sur le site IMDB.

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Voir les livres sur Elia Kazan

Remarques :
* Viva Zapata! est le seul film d’Elia Kazan se déroulant entièrement en dehors des Etats-Unis.
* Le rapprochement a souvent été fait avec les tiraillements d’Elia Kazan qui trahira, peu après, ses amis communistes devant la commission McCarthy. Ce rapprochement paraît d’autant plus justifié que Kazan a décrit le film dans ses mémoires comme son film le plus autobiographique.

Viva Zapata
(de g. à d.) Anthony Quinn, Marlon Brando, Lou Gilbert et Harold Gordon dans Viva Zapata! d’Elia Kazan

6 février 2016

L’Horloge (1945) de Vincente Minnelli

Titre original : The Clock

L'horlogeProfitant d’une permission de deux jours, le soldat Joe Allen arrive à New York pour visiter cette ville qu’il n’a jamais vue. Dans la gare, il rencontre une jeune fille qui finit par accepter de lui montrer Central Park et le musée Metropolitan… The Clock était déjà en cours de tournage par Fred Zinnemann, lorsque la MGM a décidé d’en stopper la production. Son interprète principal, Judy Garland, fit en sorte que l’homme avec lequel elle vivait, Vincente Minnelli (ils se marieront peu après), reprenne le projet pour le faire aboutir. Judy Garland croyait en effet beaucoup dans cette histoire assez délicate d’amour éclair. Minnelli parvient à rendre ses personnages très humains et attachants. Il utilise également toutes les techniques possibles pour donner l’impression que le film est tourné in-situ, dans les rues de New York, avec moult projections arrière et transparences. A l’époque, critiques et spectateurs ont loué le caractère naturel des images, ce qui paraît assez étonnant aujourd’hui car ces effets sont très visibles, du moins à nos yeux modernes (Minnelli est le premier à s’étonner dans ses mémoires que les spectateurs ne remarquent pas la « différence de grain »). Cette histoire, qui peut nous paraître assez conventionnelle, fut un gros succès à l’époque. Le film vint confirmer le grand talent de Minnelli pour la mise en scène.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Judy Garland, Robert Walker, James Gleason, Keenan Wynn
Voir la fiche du film et la filmographie de Vincente Minnelli sur le site IMDB.

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Voir les livres sur Vincente Minnelli

Remarques :
* Dans la filmographie de Judy Garland, The Clock est l’un des 3 seuls films non musicaux ; les deux autres sont Jugement à Nuremberg (Judgment at Nuremberg, 1961) de Stanley Kramer et Un enfant attend (A Child Is Waiting, 1963) de John Cassavetes.
* L’horloge dont il est question dans le titre est celle de l’Hôtel Astor près de Times Square à Manhattan, imposant édifice du début du siècle et aujourd’hui détruit.
* Cameo : Lorsque le couple entre avec le laitier dans le bar pour téléphoner, Vincente Minnelli apparaît furtivement : il est le client attablé au bar qui paye et sort aussitôt.

The Clock
Robert Walker et Judy Garland dans L’horloge de Vincente Minnelli.

1 février 2016

Assassins et voleurs (1957) de Sacha Guitry

Assassins et voleursUn riche oisif surprend un cambrioleur au moment où il pénètre chez lui et lui demande de l’aider à se suicider. Il lui raconte pourquoi il a décidé d’en finir… Assassins et voleurs est l’avant-dernier film de Sacha Guitry qui était alors déjà très malade. L’histoire est autant farfelue qu’improbable, un enchaînement délirant de situations que Guitry a avoué avoir imaginé sous l’effet des piqûres de morphine. Il est difficile de ne pas voir des allusions à son arrestation arbitraire à la Libération dans la partie reposant sur le thème du faux coupable et dans les scènes de caricature de procès. On retrouve, comme toujours, sa verve brillante dans cette apologie franchement amorale du vol, du meurtre et de l’adultère. Il avait écrit le film avec Michel Simon en tête mais il a fini par jeter son dévolu sur le tandem Poiret et Serrault, le premier tenant le rôle principal, celui qui dispense les mots d’esprit, celui que Guitry aurait tenu s’il avait pu. Darry Cowl fait une petite apparition, nous gratifiant d’un beau numéro visiblement improvisé dans le tribunal, une scène où acteurs et figurants sont tous hilares.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Jean Poiret, Michel Serrault, Magali Noël, Darry Cowl
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Voir les livres sur Sacha Guitry

Remarque :
* Certaines scènes auraient été tournées par Clément Duhour (l’acteur qui tient le rôle du mari).

Assassins et voleurs
Jean Poiret et Michel Serrault dans Assassins et voleurs de Sacha Guitry.

31 janvier 2016

Sommaire de janvier 2016

Henry VÇa s'est passé à RomeFuriePlein soleilMeurtre au soleilL'Eden et aprèsMessalineFatty groom

Henry V

(1944) de Laurence Olivier

Ça s’est passé à Rome

(1960) de Mauro Bolognini

Furie

(1936) de Fritz Lang

Plein soleil

(1960) de René Clément

Meurtre au soleil

(1982) de Guy Hamilton

L’Eden et après

(1970) de Alain Robbe-Grillet

Messaline

(1951) de Carmine Gallone

Fatty groom

(1918) de Roscoe Arbuckle

Le Bateau sur l'herbeLes nuits de la pleine luneFuryoPsychoseLa Vengeance de l'Aigle noirLa Vengeance aux deux visagesIdaLe Vent

Le Bateau sur l’herbe

(1971) de Gérard Brach

Les nuits de la pleine lune

(1984) de Eric Rohmer

Furyo

(1983) de Nagisa Ôshima

Psychose

(1960) de Alfred Hitchcock

La Vengeance de l’Aigle noir

(1951) de Riccardo Freda

La Vengeance aux deux visages

(1961) de Marlon Brando

Ida

(2013) de Pawel Pawlikowski

Le Vent

(1928) de Victor Sjöström

CartelLa Vie aquatique

Cartel

(2013) de Ridley Scott

La Vie aquatique

(2004) de Wes Anderson

Nombre de billets : 18

30 janvier 2016

Livres : parutions de janvier 2016

Livres sur le cinéma – Les sorties du mois :


Un instant de grâceTITRE : Un instant de grâce
AUTEUR : Clémence Boulouque
EDITEUR : Flammarion
SORTIE : 06 janvier 2016
SUJET : Acteur > Audrey Hepburn
1964. Dublin. Mel Ferrer, le mari d’Audrey Hepburn, organise une rencontre entre la jeune femme et celui qu’elle n’a pas vu depuis près de trente ans, Joseph, son père, qui avait abandonné sa famille pour mieux embrasser ses idéologies fascistes et dont la trace s’est perdue dans le fracas de la seconde guerre mondiale…


King VidorTITRE : King Vidor
AUTEUR : Jean-Loup Bourget et Françoise Zamour
EDITEUR : Vrin
SORTIE : 12 janvier 2016
SUJET : Réalisateur > King Vidor
Réputé pour son goût de la démesure (La Grande Parade, Duel au soleil, Le Rebelle), King Vidor a traversé les époques et les genres du cinéma hollywoodien classique. De La Foule et d’Hallelujah à Salomon et la Reine de Saba, il a marqué l’histoire du cinéma de son empreinte…


Ecrits et propos:Du cinématographe au cinémaTITRE : Ecrits et propos
… Du cinématographe au cinéma
AUTEUR : Georges Méliès
EDITEUR : Ombres
SORTIE : 08 janvier 2016
SUJET : Réalisateur > Georges Méliès
Réunit les principaux écrits et propos annotés de Georges Méliès sur le septième art.


Le mélodrame dans le cinéma contemporain : Une fabrique de peuplesTITRE : Le mélodrame dans le cinéma contemporain
… Une fabrique de peuples
AUTEUR : Françoise Zamour
EDITEUR : Presses Universitaires de Rennes
SORTIE : 07 janvier 2016
SUJET : Théorie
Apparu sur les scènes de la Révolution Française, le mélodrame, périodiquement donné pour mort, et régulièrement renaissant, n’a cessé d’infléchir la fiction populaire ou savante, depuis le XIXe siècle…


De Broadway à Hollywood : Stratégies d'importation du théâtre new-yorkais dans le cinéma classique américainTITRE : De Broadway à Hollywood
… Stratégies d’importation du théâtre new-yorkais dans le cinéma classique américain
AUTEUR : Marguerite Chabrol
EDITEUR : CNRS
SORTIE : 14 janvier 2016
SUJET : Pays > Etats-Unis
Frank Capra, Ernst Lubitsch, George Cukor, Vincente Minelli, John Huston… Tous ont puisé dans le répertoire de Broadway…


Le Monde de Jia Zhang-keTITRE : Le Monde de Jia Zhang-ke
AUTEUR : Jean-Michel Frodon
EDITEUR : Yellow Now
SORTIE : 22 janvier 2016
SUJET : Réalisateur > Jia Zhang-ke
Depuis 20 ans, le cinéma chinois connaît un développement foudroyant, en phase avec l’essor de ce pays. Nul n’incarne mieux cette évolution que le réalisateur Jia Zhang-ke, révélé en 1999 avec son premier film, Xiao-wu artisan pickpocket…


Quentin Tarantino : Un cinéma déchaînéTITRE : Quentin Tarantino
… Un cinéma déchaîné
AUTEUR : Collectif dir. Emmanuel Burdeau et Nicolas Vieillescazes
EDITEUR : Capricci
SORTIE : 22 janvier 2016
SUJET : Réalisateur > Quentin Tarantino
Sorti début 2016, Les Huit Salopards, huitième long métrage de Quentin Tarantino, renoue avec la logique du huis-clos de son premier film, Reservoir Dogs, et se mesure à nouveau au western, trois ans après Django Unchained. Les deux mots composant ce titre indiquaient un tiraillement entre dette et liberté. Le premier a une résonance cinéphile…


Luc Besson, l'homme qui voulait être aimé : La biographie non autoriséeTITRE : Luc Besson, l’homme qui voulait être aimé
… La biographie non autorisée
AUTEUR : Geoffrey Le Guilcher
EDITEUR : Flammarion
SORTIE : 13 janvier 2016
SUJET : Réalisateur > Luc Besson
À l’issue de deux ans d’enquête, Geoffrey Le Guilcher livre la première biographie du producteur-réalisateur Luc Besson…


Un père pas comme les autresTITRE : Un père pas comme les autres
AUTEUR : Emmanuelle Boidron
EDITEUR : L’Archipel
SORTIE : 27 janvier 2016
SUJET : Acteur > Roger Hanin
« J’ai pleuré en apprenant la mort de mon papa de cinéma. Pour moi, il était devenu un papa tout court. Roger Hanin était à la fois mon père, mon mentor, mon ami, mon confident et mon pilier. Il m’a aidée à grandir et à devenir la femme que je suis aujourd’hui…


Jean, Antoine, Mouchette et les autres : Sur quelques films d'enfanceTITRE : Jean, Antoine, Mouchette et les autres
… Sur quelques films d’enfance
AUTEUR : Patrick Louguet
EDITEUR : Artois Presses Université
SORTIE : 25 janvier 2016
SUJET : Les Films > Sélections de films
Jean, Antoine, Mouchette et les autres évoque de célèbres enfants de cinéma en accord avec le sous-titre sur quelques films d’enfance. Le petit Jean, c’est celui de Visages d’enfants de Jacques Feyder. Un chapitre entier lui est consacré…


La vision partielle : Ecrits sur le cinémaTITRE : La vision partielle
… Ecrits sur le cinéma
AUTEUR : Pascal Bonitzer
EDITEUR : Capricci
SORTIE : 22 janvier 2016
SUJET : Réalisateur > Pascal Bonitzer
L’ensemble de ces textes témoigne d’un parcours, d’une trajectoire d’une quinzaine d’années qui n’est pas seulement celle de l’auteur, mais aussi celle de la revue où ils ont été écrits, les Cahiers du Cinéma, depuis la rigidité théorique et idéologique du début des années 1970 jusqu’au post-modernisme des années 1980…


Critique du scénario américain:Suivi de Pour un scénario filmiqueTITRE : Critique du scénario américain
… Suivi de Pour un scénario filmique
AUTEUR : Yves Belaubre
EDITEUR : Téraèdre
SORTIE : 22 janvier 2016
SUJET : Technique > Ecriture
Le scénario américain s’est imposé comme modèle du scénario de fiction. Cette critique du scénario américain est celle de la formatisation narrative induite par les exigences externes dans la scénarisation du film à faire…


Disney, Mickey & friends:Tout l'univers à colorierTITRE : Disney, Mickey & friends
… Tout l’univers à colorier
AUTEUR : Collectif
EDITEUR : Hachette Pratique
SORTIE : 20 janvier 2016
SUJET : Un Film > Mickey
Entrez dans la peau d’un illustrateur et participez à la légende des longs métrages cultes de la maison Disney ! Retrouvez pour la première fois réunies dans un livre de coloriage les esquisses et dessins préliminaires des grands classiques, de Pinocchio au Aristochats, à compléter et à colorier.


Les meilleures répliques de cinéma aux toilettesTITRE : Les meilleures répliques de cinéma aux toilettes
AUTEUR : François Jouffa et Frédéric Pouhier
EDITEUR : Tut-Tut
SORTIE : 08 janvier 2016
SUJET : Les Films > Répliques et dialogues
Nous passons trois ans de notre vie aux toilettes, à raison de 2 min 33 en moyenne à chaque « séjour »…


Cinéma hermeticaTITRE : Cinéma hermetica
AUTEUR : Pacôme Thiellement
EDITEUR : Super 8
SORTIE : 07 janvier 2016
SUJET : Les Films > Critiques de films
En mars 2014, un photographe estonien publie les ahurissants clichés d’un cinéma égyptien abandonné au milieu du désert du Sinaï. Si la construction de l’édifice est attribuée à un excentrique homme d’affaires français du début du XXe siècle, aucun film n’y a jamais été diffusé et il a été depuis détruit…


27 janvier 2016

Henry V (1944) de Laurence Olivier

Henry VLe 1er mai 1600 à Londres, une représentation est donnée d’Henry V de William Shakespeare qui relate le triomphe du souverain anglais sur les Français à Azincourt en 1415… Henry V est la première réalisation de Laurence Olivier au cinéma. Il a trouvé des solutions très originales pour le passage du théâtre au cinéma et le résultat est assez prodigieux. Le début du film nous montre de façon presque documentaire le fonctionnement d’un petit théâtre populaire à Londres à l’époque de Shakespeare ; la caméra est très mobile, suivant les acteurs jusque dans les coulisses. Puis le champ s’élargit, nous plaçant dans un plus large décor reprenant les codes graphiques de l’époque médiévale (architectures stylisées et absence de perspectives), pour finir en décors naturels lors de la Bataille d’Azincourt. Pour cette superbe reconstitution à grand spectacle, pièce maitresse du film, Laurence Olivier a étudié l’épisode de la bataille des glaces dans Alexandre Nevski d’Eisenstein. Tourné mi-1943 et début 1944, soit à la veille du débarquement allié en Normandie, le film Henry V était conçu pour exalter le sentiment patriotique et le courage militaire. Le texte de la pièce est respecté, Laurence Olivier ayant juste supprimé quelques intrigues secondaires.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Laurence Olivier, Leslie Banks, Robert Newton, Renée Asherson
Voir la fiche du film et la filmographie de Laurence Olivier sur le site IMDB.

Voir les autres films de Laurence Olivier chroniqués sur ce blog…

Remarques :
* Pour diriger le film, Laurence Olivier avait contacté William Wyler pour lequel il avait tourné dans Les Hauts du Hurlevent. Wyler lui a répondu : « Si c’est Shakespeare, ce doit être vous qui dirigez ».
* La scène de la bataille d’Azincourt a fait exploser le budget prévu de plus de 50% pour s’établir à 475 000 livres, ce qui faisait alors du film la plus importante superproduction jamais réalisée en Angleterre. Heureusement pour Laurence Olivier, le succès fut au rendez-vous.
* Pour les décors du château du roi de France (Charles VI), Olivier s’est inspiré de textes médiévaux illustrés comme « Les Très Riches Heures du Duc de Berry ».
* La maquette de Londres du début du film est une maquette de 20 mètres sur 15 dont la construction demanda 4 mois.
* Vivian Leigh (alors la femme de Laurence Olivier) n’a pu interpréter la princesse Catherine comme tous deux le souhaitaient. Elle était alors sous contrat avec Selznick qui refusa de la prêter, jugeant le rôle trop petit. L’actrice ne lui a jamais pardonné.

Henry V
Laurence Olivier dans Henry V de Laurence Olivier

Autre adaptation marquante de la pièce :
Henry V de Kenneth Branagh (1989).

25 janvier 2016

Ça s’est passé à Rome (1960) de Mauro Bolognini

Titre original : « La giornata balorda »

Ça s'est passé à RomeDavid Saraceno est un jeune chômeur d’un quartier populaire qui cherche un emploi stable pour pouvoir épouser une jeune fille avec laquelle il vient d’avoir un enfant. Il se rend dans le centre de Rome et va rencontrer des personnes de divers milieux au cours d’une journée particulièrement chargée… Ça s’est passé à Rome est un film assez rare de Mauro Bolognini. Tiré des Nouvelles Romaines d’Alberto Moravia, le scénario a été écrit par Pier Paolo Pasolini (*). Ça s’est passé à Rome est ainsi dans le même esprit que Les Garçons (1959) : le film est ancré dans le néo-réalisme mais avec une certaine recherche esthétique et une approche similaire à celle de la Nouvelle Vague. La caméra est mobile, tournant le plus souvent en décors naturels, et nous suivons les déambulations de ce jeune romain, avec pour accompagnement la musique jazz de Piero Piccioni. A la différence des héros du film Les Garçons, le jeune David désire trouver un vrai travail honnête et durable mais, balloté entre les bureaux et les vagues promesses, il va découvrir la corruption de la société et même une certaine injustice. Lui-même oscille encore entre l’insouciance de la jeunesse avec ses quêtes amoureuses et le sentiment de responsabilité de père d’un nouveau-né. C’est le français Jean Sorel qui incarne avec une belle présence ce jeune aspirant à une vie meilleure. Le film fut mutilé et interdit en Italie, officiellement pour « amoralité » mais surtout parce qu’il était contraire aux valeurs que le gouvernement italien cherchait à insuffler.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Jean Sorel, Lea Massari, Jeanne Valérie
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Remarque :
* La scène d’ouverture du film est absolument superbe : il s’agit un lent traveling-avant en contre-plongée (quasi-verticale) entre deux rangées d’immeubles populaires reliées par des passerelles à chaque étage et le linge à sécher, avec les gens qui s’interpellent, certains habitants regardant la caméra depuis les passerelles, le tout sur la musique de Piero Piccioni. L’image est à la fois imposante et fascinante… un spectacle impressionnant. Magistral.

(*) Pasolini a écrit pour Bolognini pour quatre films entre 1958 et 60 : Les Jeunes Maris, Les Garçons, Ça s’est passé à Rome et Le Bel Antonio. Il est ici assisté de Marco Visconti (aucune relation de parenté avec le réalisateur Luchino Visconti).

Ca s'est passé à Rome
Jeanne Valérie et Jean Sorel dans Ça s’est passé à Rome de Mauro Bolognini

Ca s'est passé à Rome
Jean Sorel (ci-dessus) a de quoi troubler Lea Massari (ci-dessous) dans Ça s’est passé à Rome de Mauro Bolognini…
Ca s'est passé à Rome

23 janvier 2016

Furie (1936) de Fritz Lang

Titre original : « Fury »

FurieEn route pour rejoindre sa fiancée, Joe Wilson est arrêté sur une route secondaire. A cause d’un détail, il est soupçonné de faire partie d’un gang qui a enlevé une petit fille. Rapidement, la petite ville est en émoi, excitée par quelques meneurs qui accusent les autorités de protéger un meurtrier. Une foule hystérique attaque la prison et la brûle… Fury est le premier film américain de Fritz Lang. Le cinéaste allemand avait été appelé à Hollywood par David Selznick pour faire un remake de Docteur Mabuse mais le projet n’avait abouti. C’est le jeune (27 ans) producteur Joseph L. Mankiewicz (qui fut producteur avant d’être réalisateur) qui a insisté auprès de Louis B. Mayer pour que la réalisation de Fury lui soit confiée. L’histoire s’inspire d’un authentique fait divers, un lynchage en Caroline du Nord, un sujet qui fut difficile à faire accepter. Le tournage fut tout aussi difficile, le très exigeant Fritz Lang ayant un peu du mal à se plier aux règles syndicales américaines, Spencer Tracy prenant souvent le parti des techniciens et des acteurs contre lui. Le résultat n’en est pas moins un film d’une belle puissance, qui aborde de façon frontale deux thèmes forts : d’une part la violence collective de la foule, l’effet d’entrainement, le populisme, l’absence d’intelligence des mouvements de foule et d’autre part le désir de vengeance qui transforme ici la victime en bête sauvage. Le film fut très bien reçu par la critique mais n’eut, on s’en doute, que peu de succès auprès du public. Il met, en effet, en relief certains défauts du comportement humain. Toutefois, le film n’est en aucune façon austère et la mise en scène est parfaitement maitrisée.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Sylvia Sidney, Spencer Tracy, Walter Abel, Bruce Cabot, Walter Brennan
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Fury
Sylvia Sidney et Spencer Tracy dans Furie de Fritz Lang.

Fury
L’image la plus célèbre de Furie de Fritz Lang : Specer Tracy regardant avec effroi par la fenêtre de sa prison une foule venue pour le lyncher.

Homonyme :
Furie (The Fury) de Brian de Palma (1978) avec Kirk Douglas, John Cassavetes.

21 janvier 2016

Plein soleil (1960) de René Clément

Plein soleilLe jeune Tom Ripley est payé par un milliardaire américain pour convaincre son fils, qui mène une vie oisive et dépensière en Italie, de rentrer chez lui. Il devient son ami et accepte apparemment de subir ses sautes d’humeur et ses humiliations. En réalité, il envie sa vie facile, sa fiancée, son argent…
Plein soleil est adapté d’un roman de Patricia Highsmith Monsieur Ripley. Pour en écrire l’adaptation, René Clément travaille avec Paul Gégauff, très lié à la Nouvelle Vague dont l’influence est assez nette sur le film, ne serait-ce que dans les scènes extérieures, souvent tournées in-situ. L’histoire s’attarde d’ailleurs autant sur la langueur des personnages et les corps bronzés par le soleil que sur l’intrigue policière elle-même. Plein soleil Les images d’Henri Decae sont très belles, magnifiées par le décor naturel de l’île d’Ischia (au large de Naples). Alain Delon, alors âgé de 24 ans à peine, y fait une remarquable prestation, son charme naturel rendant son personnage complexe : d’haïssable, il devient séduisant et l’histoire devient ainsi assez troublante. Le film va vraiment lancer sa carrière. Plein soleil est un très beau film de René Clément mais il ne fait pas l’unanimité : ses détracteurs lui reprochent d’être trop accès sur le magnétisme des comédiens et une mise en retrait de l’intrigue. Le film me semble plutôt à considérer comme un ensemble, un très bel ensemble.
Elle: 4 étoiles
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Alain Delon, Maurice Ronet, Marie Laforêt
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Remarques :
* Romy Schneider fait une petite apparition au début du film. L’actrice (déjà très célèbre) a ainsi une courte scène avec son fiancé, Alain Delon.
* Autre adaptation :
Le Talentueux Mr Ripley (The Talented Mr. Ripley) d’Anthony Minghella (1999)

Plein soleil
Maurice Ronet, Marie Laforêt et Alain Delon dans Plein soleil de René Clément.