23 septembre 2017

Les Aventures de Marco Polo (1938) de Archie Mayo

Titre original : « The Adventures of Marco Polo »

Les aventures de Marco PoloXIIIe siècle. Le vénitien Marco Polo est envoyé en Chine par son père pour y signer des accords commerciaux. A Pékin, il est introduit auprès de l’empereur Kublai Khan et de sa fille, la princesse Kukachin tandis que Ahmed, le conseiller de l’empereur, le considère comme un homme dangereux… Cette production de Samuel Goldwyn est la première adaptation de la vie de ce grand voyageur dont on ne sait que peu choses, hormis son propre récit (écrit après son retour). Le film ne porte que sur une période courte, quelques mois alors qu’il est resté plus de quinze ans sur place, mais, de toute évidence, il ne faut pas chercher la vérité historique ici ni même le vraisemblable : l’histoire est romancée pour mettre en valeur Gary Cooper et ses capacités de séduction. L’acteur joue son personnage avec retenue avec une pointe discrète d’humour. Face à lui, Basil Rathbone incarne le méchant de façon crédible. On pourra remarquer la présence de la jeune Lana Turner, alors âgée d’à peine 17 ans, dans un petit rôle (la servante de la princesse). L’ensemble est de bonne facture et distrayant. Le film fut un échec commercial.
Elle: 3 étoiles
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Gary Cooper, Sigrid Gurie, Basil Rathbone, George Barbier, Alan Hale, Lana Turner
Voir la fiche du film et la filmographie de Archie Mayo sur le site IMDB.

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Remarques :
* Le tournage a commencé sous la direction de John Cromwell qui fut renvoyé au bout de cinq jours par Samuel Goldwyn. Le désaccord aurait porté sur le ton général du film que Cromwell voulait ironique. Après un refus de William Wyler de reprendre le projet, ce fut Ralph Mayo qui le réalisa.
* John Ford a tourné la séquence de la tempête de sable et la traversée du Tibet.

Les aventures de Marco Polo
Gary Cooper et Binnie Barnes dans Les Aventures de Marco Polo de Archie Mayo.

Les Aventures de Marco Polo
Gary Cooper et Basil Rathbone, à couteaux tirés dans Les Aventures de Marco Polo de Archie Mayo.

Lana Turner Les Aventures de Marco Polo
Lana Turner dans Les Aventures de Marco Polo de Archie Mayo.

Remarques historiques :
* Que Marco Polo ait introduit les spaghettis en Italie à son retour de Chine est une légende.
* Marco Polo a bien signalé que les chinois chauffaient leurs maisons et cuisaient leurs aliments en faisant brûler d’étranges pierres noires. Mais il faudra attendre le XVIIIe siècle pour que se généralise vraiment l’utilisation du charbon en Europe du fait du développement de l’industrie.
* S’il est exact que la première utilisation de la poudre noire (alias poudre à canon) en Chine était de faire des pétards, donc du bruit, dans un but récréatif, ils n’ont pas attendu Marco Polo pour penser en faire un explosif et donc une arme.

Les adaptations de la vie de Marco Polo au cinéma :
1938 : Les Aventures de Marco Polo (The Adventures of Marco Polo) de Archie Mayo
1962 : Marco Polo (L’avventura di un Italiano in Cina) de Piero Pierotti et Hugo Fregonese
1962 : Marco Polo de Christian-Jaque avec Alain Delon (inachevé)
1965 : La Fabuleuse Aventure de Marco Polo de Denys de La Patellière, Raoul Lévy et Noël Howard
1973 : Marco de Seymour Robbie
1998 : The Incredible Adventures of Marco Polo de George Erschbamer

20 août 2016

Franc jeu (1934) de Archie Mayo

Titre original : « Gambling Lady »

Franc jeu« Lady » Lee a la passion du jeu. Comme son père, un joueur qui a préféré se suicider plutôt que de devoir tricher, elle joue toujours honnêtement, même si c’est pour le compte d’un syndicat du jeu peu recommandable. Garry Madison, un jeune homme de la haute société, tombe amoureux d’elle… Sans être vraiment remarquable, Gambling Lady est assez représentatif d’un certain type de productions de la Warner en ce milieu des années trente. Le scénario met en scène une jeune femme moderne, dotée de caractère, qui prend son destin en main. Le scénario n’offre pas de grandes surprises, le récit étant surtout pimenté par le fait qu’il se déroule dans le milieu des jeux illégaux, avec cette toujours surprenante mixité entre le monde des truands et la haute société. L’élément le plus remarquable du film est probablement son tandem d’acteurs : Gambling Lady est le premier film qui réunit Barbara Stanwyck et Joel McCrea qui feront sept films ensemble. Les seconds rôles sont très bien tenus, C. Aubrey Smith et Pat O’Brien en tête. Bien réalisé, Gambling Lady se regarde sans déplaisir mais n’est pas vraiment mémorable.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Barbara Stanwyck, Joel McCrea, Pat O’Brien, Claire Dodd, C. Aubrey Smith
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Remarque :
* Barbara Stanwyck aurait décrit Archie Mayo comme étant « un homme gras et grossier, enclin à pincer les fesses des actrices » (elle l’a attrapé par le bras la première, et probablement la dernière, fois où il a tenté cela sur elle) (lu sur le site TCM).

 

Gambling Lady
Joel McCrea et Barbara Stanwyck dans Gambling Lady de Archie Mayo (image recadrée).

11 juillet 2016

Under 18 (1931) de Archie Mayo

Under 18Dans l’Amérique de 1930, la jeune Marge Evans travaille comme couturière. Elle vit avec sa mère qu’elle a à charge mais est amoureuse de Jimmy, chauffeur d’un camion d’épicerie. Elle envie ses collègues mannequins qui reçoivent de beaux cadeaux de clients fortunés. Parallèlement, elle assiste au naufrage du mariage de sa soeur ainée… Under 18 fait partie de ces films sociaux de la Warner qui, en pleine Dépression, proposaient des lignes de conduite au public. Le présenter uniquement comme un film « pré-code » sous prétexte d’une ou deux scènes où Marian Marsh est en petite tenue est faire fausse route car le propos est très moral : « il ne faut pas céder aux sirènes de l’argent facile et il faut savoir attendre le moment propice où l’on pourra saisir sa chance ». Pour l’argent facile, l’histoire montre un monde de riches oisifs où tout paraît facile, mais où la chute peut être terrible ; le contact avec ce monde ne peut être que nocif. Le récit fustige également les métiers faciles et artificiels (le mari de la soeur est un joueur de billard, beau parleur mais incapable de subvenir aux besoins de sa famille sur le long terme). La fin en happy-end est bizarrement équilibrée mais vient prouver qu’un comportement vertueux est toujours récompensé. Marian Marsh, effectivement âgée d’à peine 18 ans, est au centre du film, exprimant une belle ingénuité. L’actrice qui avait très remarquée l’année précédente dans Svengali du même Archie Mayo, est à la fois photogénique et dotée d’une belle présence. Il est assez étrange qu’elle n’ait pas fait une plus belle carrière. Les décors Art-déco, notamment ceux du penthouse du séducteur fortuné, sont superbes.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Marian Marsh, Anita Page, Regis Toomey, Warren William
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Remarques :
On parle beaucoup d’argent dans le film, voici les sommes actualisées :
Marge gagne $ 85 par mois (= $ 1 200 actuels) comme couturière.
Elle dépense $ 30 par mois (= $ 450 actuels) pour se nourrir, elle et sa mère, et paye autant pour son loyer.
Elle cherche $200 (= $ 3 000 actuels) pour payer l’avocat.
Son fiancé a économisé $ 800 (= $ 12 500 actuels) pour pouvoir démarrer son affaire.
Dans le monde des riches, les prix sont étonnamment élevés :
le bouquet d’orchidées est évalué à $100 ($1 500 actuels !), le beau manteau de fourrure est vendu $ 16 000 ($ 250 000 actuels).

Under 18
Marian Marsh dans Under 18 d’Archie Mayo.

9 juillet 2016

The Doorway to Hell (1930) de Archie Mayo

Titre français parfois utilisé : « Au seuil de l’enfer »
Autre titre (U.K.) : « A Handful of Clouds »

Au Seuil de l'EnferPar ses méthodes brutales, Lou Ricarno parvient à imposer sa loi aux différents gangs de Chicago qui cessent alors de s’entretuer. C’est alors qu’il désire se marier et se retirer des affaires… Tourné fin 1930, The Doorway to Hell fait partie de ces films où le style du film de gangsters de la Warner commence nettement à se dessiner (rappelons que la décennie des années trente est celle du film de gangsters tout comme celle des années quarante est celle du film noir). Nous sommes là quelques mois avant la sortie de Little Caesar et de Public Enemy qui marqueront le genre. L’histoire est librement inspirée de celle du véritable gangster Johnny Torrio, prédécesseur d’Al Capone. Tous les éléments du genre sont là depuis le fait de faire parler les mitraillettes transportées dans des étuis à violons pour s’imposer jusqu’à la représentation de chefs mafieux comme des personnages originaux. La force du film est bridée par des dialogues assez ternes et aussi par l’interprétation : Lew Ayres (21 ans) est plus un beau gosse qu’un malfrat qui impose sa loi à des individus à la mine patibulaire. Heureusement, son lieutenant est interprété par James Cagney qui montre une belle présence pour son deuxième long métrage. Bien entendu, on peut se dire avec le recul que le film aurait certainement été tout autre si la distribution avait été inversée. The Doorway to Hell témoigne joliment de l’émergence du style Warner dans le genre du film de gangsters.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Lew Ayres, Dorothy Mathews, Robert Elliott, James Cagney, Dwight Frye
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Remarque :
Archie Mayo fait partie des ces réalisateurs que l’on qualifie avec le recul plutôt d’exécutants de que de créateurs ; ils sont parfois péjorativement appelés les Yes Man. Ils sont toutefois loin d’être négligeables et ce sont eux qui montrent le mieux le style d’un studio.  Archie Mayo a signé plusieurs des films de gangsters de la Warner dans les années trente, notamment certains avec Humphrey Bogart (dont La Forêt pétrifiée). Archie Mayo n’était pas aimé des acteurs, surtout à partir de la fin des années trente, car il se comportait comme un tyran sur le plateau.

The doorway to hell
Lew Ayres, Dorothy Mathews et James Cagney, photo publicitaire pour Au Seuil de l’Enfer de Archie Mayo.

The Doorway to Hell
Lew Ayres (dans la cellule) , Robert Elliott et  James Cagney (le gardien de prison est un figurant non identifié) dans Au Seuil de l’Enfer de Archie Mayo.

7 décembre 2014

The Mayor of Hell (1933) de Archie Mayo

Titre français : « Le Bataillon des sans-amour »

Le Bataillon des sans-amourUn groupe de jeunes mineurs délinquants est envoyé dans une maison de redressement dirigée par un directeur sadique et malhonnête. Choqué par les mauvais traitements lors d’une visite, l’ex-gangster Patsy Gargan (James Cagney) se fait nommer à la tête de l’établissement et met en place un tout autre système…
The Mayor of Hell fait partie de ces films de la Warner ancrés dans la réalité de la Grande Dépression du début des années trente. Il s’agit ici d’attirer l’attention sur l’incapacité des méthodes dures pour remettre les jeunes délinquants dans le droit chemin. L’idée est de proposer une variante d’autogestion qui pousse les jeunes à se responsabiliser. Le tableau est un peu idyllique mais si le film n’est pas vraiment convaincant, ce n’est pas tant pour les idées développées que du fait d’un équilibre un peu bancal entre film social et film de gangster : le personnage de James Cagney est mal défini. Une petite note de romance vient embrouiller encore plus les choses avec Madge Evans en infirmière qui ne semble pas tout à fait à sa place. On notera aussi de nombreux stéréotypes, notamment raciaux. Le film a été refait deux fois à la fin des années trente.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: James Cagney, Madge Evans, Frankie Darro
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Remarques :
* Michael Curtiz aurait participé à la réalisation.
* Frankie Darrio, qui joue le jeune Jimmy, avait alors 16 ans et déjà 10 ans d’expérience en tant qu’acteur ! Il a fait ensuite une longue carrière (181 films au compteur). Pour l’anecdote, c’est lui qui était dans le robot de Forbidden Planet (1955).

*Remakes :
L’école du crime (Crime School) de Lewis Seiler (1938) avec Humphrey Bogart et les Dead End Kids
Hell’s Kitchen de E.A. Dupont et Lewis Seiler (1939) avec Ronald Reagan et les Dead End Kids.

The Mayor of Hell
(g. à d.) James Cagney, Frankie Darrio et Madge Evans

22 novembre 2014

Une nuit à Casablanca (1946) de Archie Mayo

Titre original : « A Night in Casablanca »

Une nuit à CasablancaLe directeur de l’Hôtel Casablanca meurt aussi soudainement que ses deux prédécesseurs. Les autorités soupçonnent bien qu’ils aient pu être assassinés mais n’ont aucune piste. Kornblow (Groucho Marx), le patron d’un obscur petit hôtel, est appelé à occuper le poste vacant… Cinq ans après leur « film d’adieu » (The Big Store, 1941), les Marx Brothers se reforment pour livrer ce qui, au départ, devait être une parodie du film Casablanca mais qui, au final, n’a aucun point commun avec lui (1). Les Marx Brothers sont ici loin d’être à leur meilleur (2) mais nous avons de belles scènes hilarantes et tout un lot de bons mots de Groucho. Le meilleur toutefois, on le doit à Harpo qui occupe ici une place plus importante que dans les films précédents. Un certain nombre de gags déjà connus sont réutilisés. La fin, plus tournée vers l’action, paraît assez faible. L’ensemble reste très amusant.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Groucho Marx, Harpo Marx, Chico Marx, Charles Drake, Lois Collier, Sig Ruman, Lisette Verea
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Remarques :
* La légende voudrait que Warner Brothers ait menacé d’attaquer la production pour l’utilisation du mot Casablanca dans le titre et que Groucho Marx ait répondu en les menaçant de les attaquer pour l’utilisation du mot Brothers, sachant que les Marx Brothers existaient bien avant Warner Brothers. A une demande ultérieure de détails sur le scénario, Groucho leur aurait répondu une histoire totalement farfelue (où il est un docteur en théologie australien pendant que Chico vend des éponges aux piliers de bar avinés pour les empêcher de vomir et que Harpo est un porteur arabe qui vit dans un ancien vase grec à la périphérie de la ville). Tout ceci semble toutefois avoir été inventé de toutes pièces et donné à la presse pour faire la promo du film, la Warner a nié tout contact.

* Fait assez inhabituel, A Night in Casablanca a été novélisé en Angleterre (voir le livre…)

* le scénario est signé Joseph Fields et Roland Kibbee. Frank Tashlin a également participé à l’écriture (non crédité) . Une tournée fut organisée avant le tournage pour, à la fois, tester les gags auprès d’un public et aider à mémoriser l’ensemble (Chico avait beaucoup de mal à apprendre un rôle).

(1) Le seul vrai point commun avec Humphrey Bogart est la réplique de Groucho Marx à Lisette Verea « You don’t have to sing for me… just whistle ! », paraphrasant le célèbre réplique de Lauren Bacall dans To Have and Have not (1944).

(2) Les frères furent les premiers à le reconnaitre. Groucho a déclaré : « The critics won’t throw their hats in the air. If they throw anything, it’ll probably be their dinner » (les critiques ne vont pas jeter leur chapeau en l’air, s’ils rejettent quelque chose, ce sera probablement leur dîner ! ) (le jeu de mots est sur throw (lancer) et throw up (vomir)).

Les Marx Brothers dans Une nuit à Casablanca
Groucho Marx, Harpo Marx et Chico Marx. Photo publicitaire pour Une nuit à Casablanca.