12 octobre 2023

Les Forçats du pinceau (1927) de Fred Guiol

Titre original : « The Second 100 Years »

Les forçats du pinceau (The Second 100 Years)Emprisonnés, Laurel et Hardy réussissent à s’évader après plusieurs essais infructueux en se faisant passer pour des peintres…
The Second Hundred Years est un film muet américain réalisé par Fred Guiol. Ce film est souvent considéré comme le premier du célèbre duo comique Laurel et Hardy, c’est-à-dire le premier qui montre beaucoup d’interactions entre les deux acteurs pour créer l’humour. Ecrite par Leo McCarey, l’histoire de ce court métrage de deux bobines s’articule en trois parties : 1) La prison où Laurel et Hardy donnent du fil à retordre à leurs gardiens ; 2) L’évasion en se faisant passer pour des peintres, une longue scène hilarante avec un humour absurde du meilleur cru ; 3) le dîner mondain avec un gag délirant de la cerise insaisissable (repris plus tard dans From Soup to Nuts, 1928). James Finlayson est également présent et nous gratifie de fort beaux double-take, sa spécialité. The Second Hundred Years est très réussi et préfigure bien l’humour de Laurel et Hardy.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Stan Laurel, Oliver Hardy, James Finlayson
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Oliver Hardy et Stan Laurel dans Les forçats du pinceau (The Second 100 Years) de Fred Guiol.

21 mars 2023

Moulin Rouge (1952) de John Huston

Moulin RougeÀ Paris, à la fin du XIXe siècle, le peintre Henri de Toulouse-Lautrec noie son mal de vivre dans l’alcool en compagnie des filles légères de Montmartre. Client assidu du Moulin-Rouge, il va exécuter les portraits de quelques artistes qui deviendront les figures emblématiques du cabaret mythique…
Moulin Rouge est un film anglo-américain réalisé par John Huston d’après le roman homonyme du français Pierre La Mure paru en 1951. Le réalisateur a dit regretter de n’avoir pu représenter la vie réellement dissolue du peintre pour ne pas subir les foudres de la censure. Le film est remarquable par l’utilisation qui est faite du Technicolor. Pour s’harmoniser avec les couleurs des peintures de Toulouse-Lautrec, John Huston a engagé le photographe Eliot Elisofon de Life Magazine afin d’expérimenter des nouvelles techniques : utilisation de filtres d’extérieur en intérieur et ajout d’une brume pour éviter les couleurs trop exubérantes du Technicolor (au grand dam du laboratoire qui déclina toute responsabilité). Le résultat est pourtant très réussi avec des couleurs douces qui évoquent les à-plats de la peinture. La longue scène d’ouverture dans le cabaret est extraordinaire.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: José Ferrer, Zsa Zsa Gabor, Suzanne Flon, Colette Marchand, Claude Nollier, Peter Cushing
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Remarque :
• Dans son autobiographie, John Huston par John Huston (Pygmalion, 1980), le cinéaste raconte quelques anecdotes de tournage pas très glorieuses pour les parisiens.
• José Ferrer a dû jouer à genoux. La prothèse qu’il portait lui interdisait de jouer plus d’une heure par jour avant d’être longuement massé.

Moulin RougeJosé Ferrer et Zsa Zsa Gabor dans Moulin Rouge de John Huston.

19 novembre 2022

The French Dispatch (2021) de Wes Anderson

The French DispatchUn journal américain du Kansas possède une antenne nommée The French Dispatch à Ennui-sur-Blasé, dans la France des années 1950-60. Son rédacteur en chef meurt subitement et, selon les souhaits exprimés dans son testament, la publication du journal sera suspendue après un dernier numéro d’adieu, dans lequel trois articles des éditions précédentes du journal sont republiés ainsi qu’une nécrologie…
The French Dispatch est un film américain écrit et réalisé par Wes Anderson. C’est le dixième long-métrage du réalisateur. Il nous baigne dans une France un peu fantasmée où le cinéaste multiplie les références au cinéma français. Il annonce la couleur dès le début du film avec une séquence où il reproduit presqu’à l’identique le si pittoresque escalier de Jacques Tati dans Mon Oncle. Le style de Wes Anderson est toujours aussi plaisant, coloré, ludique avec une grande liberté (et une bonne dose d’audace) dans la forme. Des trois grandes histoires qu’il nous conte, la première, Le chef-d’œuvre de béton avec Guillermo del Toro et Léa Seydoux, est la plus originale et la plus réussie. Après ce début enthousiasmant, les deux autres histoires déçoivent un peu, à la fois car elles sont moins fortes et aussi par leur interprétation plus fade. L’ensemble reste très plaisant.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Benicio Del Toro, Adrien Brody, Tilda Swinton, Léa Seydoux, Frances McDormand, Timothée Chalamet, Lyna Khoudri, Jeffrey Wright, Mathieu Amalric, Bill Murray, Owen Wilson
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Remarques :
* Pour Wes Anderson, The French Dispatch est un mélange de trois choses : « Un recueil d’histoires, ce que j’ai toujours eu envie de faire ; un film inspiré par le New Yorker et le genre de journalistes et d’auteurs qui ont fait la réputation du magazine ; et, puisque j’ai passé beaucoup de temps en France au fil des ans et que j’ai toujours voulu faire un film français, c’est aussi un film lié au cinéma français. » (Extrait du dossier de presse)
* Si la ville d’Ennui-sur-Blasé est bien entendu Paris, le tournage s’est déroulé à Angoulême.
* Le personnage de Rosenthaler, le peintre fou, trouve son inspiration dans le héros clochard de la comédie de Jean Renoir Boudu sauvé des eaux (1932), campé par Michel Simon.
* J.K.L. Berensen, campée par Tilda Swinton dans l’histoire « Le chef-d’œuvre de béton », est un personnage inspiré par la journaliste et conférencière Rosamond Bernier (1916-2016), fondatrice de la revue d’art L’Oeil.
* La seconde grande histoire s’inspire très librement de Mai 68 et notamment de l’appel à la liberté sexuelle lancé par Daniel Cohn-Bendit, alors étudiant à Nanterre.

The French DispatchTimothée Chalamet (en Daniel Cohn-Bendit) et Lyna Khoudri dans The French Dispatch de Wes Anderson.

15 mai 2021

Portrait de la jeune fille en feu (2019) de Céline Sciamma

Portrait de la jeune fille en feuÀ la fin du XVIIIe siècle, Marianne, une artiste peintre, arrive sur une île bretonne. Une comtesse lui a commandé un portrait de sa fille Héloïse, promise à un noble milanais. La jeune fille refuse toutefois de poser pour un portrait car elle ne souhaite pas se marier. Marianne est donc présentée à Héloïse en tant que dame de compagnie, et l’accompagne quotidiennement lors de ses sorties afin d’analyser et de mémoriser ses traits pour les recopier ensuite sur une toile…
Portrait de la jeune fille en feu est écrit et réalisé par Céline Sciamma. Avec seulement quatre personnages, elle réussit à nous captiver grâce à une écriture très précise et une certaine élégance naturelle de l’image. Elle filme merveilleusement les visages de ses deux actrices principales et donne à l’ensemble une alliance rare de douceur et de force. Il y a aussi beaucoup de délicatesse dans sa façon de filmer l’idylle naissante entre ses deux personnages. Adèle Haenel nous donne une interprétation riche et celle de Noémie Merlant est une révélation. L’actrice y est superbe, son personnage est finalement le plus intéressant des deux. Un très beau film.
Elle: 4 étoiles
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Noémie Merlant, Adèle Haenel, Luàna Bajrami, Valeria Golino
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Portrait de la jeune fille en feuAdèle Haenel et Noémie Merlant dans Portrait de la jeune fille en feu de Céline Sciamma.

26 décembre 2019

Renoir (2012) de Gilles Bourdos

RenoirEn 1915, la jeune Andrée Heuschling se présente à la propriété d’Auguste Renoir espérant être embauchée comme modèle. Elle va insuffler une énergie nouvelle au peintre, très éprouvé par la maladie et l’inquiétude d’avoir deux de ses fils partis au front…
Le film de Gilles Bourdos s’inspire d’une biographie romancée écrite par Jacques Renoir, l’arrière-petit-fils du peintre. Ce n’est pas un biopic à proprement parler, le récit se concentre sur la rencontre du peintre avec celle qui sera son dernier modèle. Une place importante est également donnée à Jean Renoir, dont la vocation de cinéaste n’est qu’à peine balbutiante. Gilles Bourdos a trouvé la bonne approche pour nous immerger dans l’univers du peintre et nous associer à son processus de création. La photographie est très belle et l’ensemble est élégant. Michel Bouquet fait une prestation particulièrement remarquable, très crédible dans le personnage.
Elle: 4 étoiles
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Michel Bouquet, Christa Théret, Vincent Rottiers, Thomas Doret, Romane Bohringer
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RenoirMichel Bouquet dans Renoir de Gilles Bourdos.

RenoirChrista Théret dans Renoir de Gilles Bourdos.

Remarques :
* Le tournage a eu lieu au Domaine du Rayol (dans le Var) non loin de la maison de Renoir qui est située à Cagnes-sur-Mer (Alpes-Maritimes).

* Toutes les peintures présentes dans le film ont été réalisées par un brillant faussaire, Guy Ribes, précédemment condamné pour ses copies de grands maitres de la peinture. Ce sont ses mains que l’on voit en gros plan tenir le pinceau.

* Le directeur de la photographie est le taïwanais Mark Lee Ping Bin, connu (entre autres) pour son travail sur In the Mood for Love ou The Assassin.

* Jean Renoir épousera Andrée Heuschling en 1920 et c’est le désir d’en faire une actrice célèbre qui l’orientera vers la mise en scène. Après quelques essais infructueux, son premier grand film Nana (1926) fera découvrir Catherine Hessling au public. Ils se sépareront en 1931 et l’actrice ne tournera pratiquement plus par la suite.

* Le fils aîné, Pierre Renoir, que l’on voit très peu dans le film, sera acteur, à la fois au théâtre (il sera embauché par Louis Jouvet dès 1928) et au cinéma où il apparaitra dans plus de 60 films jusqu’à sa mort en 1952.

* Claude Renoir, le petit dernier, sera céramiste comme son père. Dans les années trente, il sera assistant réalisateur et directeur de production sur les films de Jean Renoir. En 1942, il co-réalisera avec l’acteur René Lefèvre le film Opéra-Musette. (A noter qu’un des fils de Pierre Renoir s’appelle également Claude Renoir (1913-1993) et qu’il fut directeur de la photographie.)

RenoirVincent Rottiers et Christa Théret dans Renoir de Gilles Bourdos.

RenoirVincent Rottiers et Michel Bouquet dans Renoir de Gilles Bourdos.

6 octobre 2019

Dilili à Paris (2018) de Michel Ocelot

Dilili à ParisParis 1900. Dilili, une petite fille française kanake, se lie d’amitié avec le jeune livreur Orel alors que Paris est secoué par une vague d’enlèvements de fillettes par une organisation secrète, les Mâles-Maîtres. Les deux amis mènent leur enquête qui va leur faire rencontrer beaucoup de gens…
Ce nouveau dessin animé de Michel Ocelot nous plonge dans le Paris de la Belle Époque avec une histoire délicieuse, esthétiquement très belle. Le style du dessin est toujours proche de la ligne claire mais le cinéaste utilise ici un nouvel effet qui consiste à incruster ses personnages dans des photographies retouchées de lieux. Cette intégration est vraiment très réussie car elle ne se détecte pas au premier coup d’œil, il n’y a aucun hiatus entre les deux styles. L’Art Nouveau est ainsi joliment mis en valeur, tout comme les artistes de cette période foisonnante. L’histoire fustige le racisme et la soumission de la femme ; en revanche, elle prône la tolérance et l’ouverture d’esprit. Ce conte pour petits et grands est un vrai régal, rafraichissant et esthétique. (À partir de 6 ans)
Elle:
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Prunelle Charles-Ambron, Enzo Ratsito, Natalie Dessay
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Dilili à Paris

Dilili à ParisDilili à Paris de Michel Ocelot.

Remarques :
* Dilili rencontre de nombreuses personnalités de la Belle Époque : l’actrice Sarah Bernhardt, la scientifique Marie Curie, les peintres Henri de Toulouse-Lautrec, Amedeo Modigliani, Pablo Picasso, Claude Monet, Le Douanier Rousseau et Auguste Renoir, le scientifique Louis Pasteur, l’ingénieur Gustave Eiffel, les compositeurs Erik Satie et Claude Debussy, la femme politique Louise Michel (qui a été son institutrice), la cantatrice Emma Calvé (qui l’aide dans son enquête), la romancière Colette, les écrivains Aristide Bruand et Marcel Proust, l’artiste clown de cirque Chocolat, l’aviateur Alberto Santos-Dumont, les illusionnistes Auguste et Louis Lumière, le militaire Ferdinand Von Zeppelin, et les sculpteurs Auguste Rodin et Camille Claudel.

* La cantatrice Natalie Dessay prête sa voix au personnage de la cantatrice Emma Calvé.

Dilili à Paris

Dilili à ParisDilili à Paris de Michel Ocelot.

12 juin 2019

Big Eyes (2014) de Tim Burton

Big EyesA la fin des années cinquante, Margaret vient de quitter son mari et arrive à San Francisco avec sa fille. Elle peint des enfants au regard profond et triste, avec de grands yeux, et fait la rencontre d’un peintre du dimanche, peu talentueux mais beau parleur qui l’épouse. Pour mieux vendre les toiles de sa femme, il se fait passer pour leur auteur…

Big Eyes nous raconte l’histoire vraie d’une des plus grandes impostures dans le domaine de l’art. Au début des années soixante, Walter Keane a connu un succès phénoménal et révolutionné le commerce de l’art grâce à ses énigmatiques tableaux représentant des enfants malheureux aux yeux immenses. La vérité n’a éclaté que des années plus tard : toutes ces toiles avaient été peintes par sa femme Margaret. Tim Burton possède une belle collection de ces œuvres dont on peut détecter l’influence sur certains personnages de ses films précédents. Son film nous raconte comment cette femme s’est retrouvée enfermée dans le mensonge de Walter Keane. Le réalisateur souligne la dépendance de Margaret vis-à-vis de son mari, non seulement parce qu’il était un excellent vendeur mais aussi du fait de la position de la femme dans la société de l’époque. Le budget du film fut très réduit (il fut tourné en numérique) mais le résultat est sans faille, parfaitement maitrisé. Côté interprétation, Amy Adams et Christoph Waltz apportent beaucoup de crédibilité à l’ensemble. Bien qu’il se retrouvera certainement classé parmi les œuvres mineures de Tim Burton, voilà un film qui sait éveiller notre intérêt.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Amy Adams, Christoph Waltz, Danny Huston, Krysten Ritter, Jason Schwartzman, Terence Stamp
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Big Eyes
Amy Adams et Madeleine Arthur dans Big Eyes de Tim Burton.

Big Eyes
Christoph Waltz et Fiona Vroom dans Big Eyes de Tim Burton.

Remarque :
* Cameo : La véritable Margaret Keane (87 ans au moment du tournage) fait une apparition dans Big Eyes. Elle est assise sur un banc en arrière-plan, en pleine lecture de la Bible, lors de la scène du Palace of Fine Arts.

Big Eyes
Amy Adams, avec Margaret Keane à l’arrière-plan, dans Big Eyes de Tim Burton.

29 décembre 2016

Les Galettes de Pont-Aven (1975) de Joël Séria

Les galettes de Pont-AvenHenri Serin (Jean-Pierre Marielle) est représentant de commerce en parapluies. Il parcourt la Bretagne à longueur d’année et en profite pour faire quelques escapades amoureuses. Il est aussi peintre à ses heures et cette passion va le pousser à changer de vie… Les galettes de Pont-Aven est un film très marqué par son époque, les années soixante-dix. Dans la série « on arrête tout et on recommence », Joël Séria livre sa version de L’An 01, une version moins politisée, plus polissonne. Le film a beaucoup choqué en son temps, y compris dans les milieux les plus favorables à l’évolution des mœurs ; nous sommes en effet loin de l’érotisme raffiné et intellectualisé du Dernier Tango à Paris (1972), Joël Séria donne plutôt dans la gaudriole rustique et dans le jouisseur impulsif. Son héro est fasciné par les formes féminines, plus particulièrement les jeunes popotins, et exprime son admiration par une bordée de jurons un poil triviale. Cette ode à la jouissance n’est toutefois pas si joyeuse, surtout quand l’amour s’en mêle. Le film a perdu aujourd’hui sa capacité à choquer les esprits (même s’il se démarque nettement du bon goût…) et donc son petit côté subversif. Il paraît assez inégal, avec de bonnes trouvailles sur les personnages mais une fâcheuse tendance à tourner en rond. Jean-Pierre Marielle tient le film hors de l’eau.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Jean-Pierre Marielle, Claude Piéplu, Dolores McDonough, Romain Bouteille, Andréa Ferréol, Bernard Fresson
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Les Galettes de Pont-Aven
Jean-Pierre Marielle, fasciné par les formes féminines de Jeanne Goupil, dans Les galettes de Pont-Aven de Joël Séria. Jeanne Goupil était alors la compagne de Joël Séria. Elle est aussi l’auteure des peintures montrées dans le film sous le nom Jeanne Krier. Elle est toujours peintre aujourd’hui sous le nom de Jeanne K. Lichtlé.

24 octobre 2016

Les Belles Années de Miss Brodie (1969) de Ronald Neame

Titre original : « The Prime of Miss Jean Brodie »

Les belles années de Miss BrodieEdimbourg, 1932. Jean Brodie est une enseignante dont les méthodes déconcertent la directrice. Célibataire, mais se considérant dans ses plus belles années, elle se dévoue entièrement à son enseignement. Elle initie ses élèves au culte du beau, veut leur apprendre à s’élever et s’attache profondément à certaines d’entre elles qu’elle appelle les « Brodie girls »… Adapté d’une pièce de Jay Preston Allen basée sur un roman de Muriel Spark, Les Belles Années de Miss Brodie nous plonge dans le monde de l’enseignement britannique. Le début, qui nous fait prendre en sympathie cette enseignante originale, nous laisse prévoir une classique confrontation méthodes modernes contre anciennes mais il n’en est rien. L’histoire évolue très subtilement et va nous faire voir la situation d’un oeil tout autre. En fait, le sujet n’est pas une réflexion sur la méthode mais plutôt sur l’enseignement en général, sur la responsabilité morale de l’enseignant face à la malléabilité de l’esprit des élèves. Accessoirement, il y a aussi toute une réflexion sur la notion d’idéal, dont la recherche pousse Miss Brodie jusqu’aux extrêmes : elle admire Mussolini et Franco, non pour leur politique mais pour l’idée d’idéal qu’ils semblent incarner à ses yeux. Plutôt plate, la mise en scène de Ronald Neame n’a rien de remarquable si ce n’est qu’il parvient parfaitement à gommer l’origine théâtrale du scénario. En revanche, la prestation de Maggie Smith est absolument exceptionnelle, elle parvient à restituer toute la richesse et la complexité de son personnage, avec une juste distance émotionnelle et aussi beaucoup de charme. L’actrice fut récompensée par un Oscar qui semble bien mérité. Comme si souvent dans les films anglais, tous les rôles sont très bien tenus.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Maggie Smith, Robert Stephens, Pamela Franklin, Gordon Jackson
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Remarques :
* Sur scène, c’est Vanessa Redgrave qui incarnait Miss Brodie.
* La pièce fut également adaptée à la télévision (écossaise) en 1978 avec Geraldine McEwan dans le rôle principal.
* Pamela Franklin (18 ans au moment du tournage), qui interprète Sandy avec tant de présence, était loin d’être une débutante. C’est son neuvième film. Son premier rôle était d’incarner l’un des deux enfants de dix ans dans Les Innocents (1961) de Jack Clayton.
* Les pupitres des écolières durent être surélevés pour qu’elles paraissent plus jeunes. Les actrices étaient en effet âgées de 18 ans et plus, l’une d’entre elles était même déjà mère de famille.

Les Belles Années de Miss Brodie
Maggie Smith dans Les belles années de Miss Brodie de Ronald Neame.

Les Belles Années de Miss Brodie
Maggie Smith dans Les belles années de Miss Brodie de Ronald Neame.

Brodie girls
Les 4 Brodie girls : Pamela Franklin, Diane Grayson, Shirley Steedman et Jane Carr dans Les belles années de Miss Brodie de Ronald Neame.

10 août 2016

La Toile de l’araignée (1955) de Vincente Minnelli

Titre original : « The Cobweb »

La Toile de l'araignéeLe docteur McIver (Richard Widmark) dirige avec passion une clinique psychiatrique sans se rendre compte qu’il délaisse sa femme et ses enfants. Il encourage ses patients à s’autogérer mais une banale histoire de changement de rideaux va créer de multiples foyers de tensions… La Toile de l’araignée est adapté d’un roman très remarqué de William Gibson. C’est un mélodrame très adulte qui entremêle subtilement plusieurs petites histoires où docteurs et patients sont mis sur le même plan, apportant autant de problèmes psychologiques et de situations critiques. Minnelli n’a pas son pareil pour laisser transparaître le mal-être de ses personnages, sans grand éclat ni excès, laissant une grande place à la psychologie. Il a réuni un beau plateau d’acteurs où l’on remarque Richard Widmark dont la richesse de jeu étonne dans un type de rôle assez inhabituel pour lui. Il faut aussi citer la belle prestation du jeune John Kerr. Le seul choix discutable est celui de Charles Boyer qui ne semble guère à l’aise avec son personnage. Minnelli utilise merveilleusement les plans larges du Cinémascope et le Technicolor. Avec La Toile de l’araignée, il signe là un film profond et séduisant par sa maturité. Le film fut un échec à sa sortie.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Richard Widmark, Lauren Bacall, Charles Boyer, Gloria Grahame, Lillian Gish, John Kerr
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La Toile de l'araignée
Laureen Bacall et Richard Widmark dans La Toile de l’araignée de Vincente Minnelli.

Remarques :
* Le film est souvent rapproché, voire qualifié de prélude à La Vie passionnée de Vincent Van Gogh que Minnelli tournera l’année suivante (avec Kirk Douglas dans le rôle principal).
* Le titre français est souvent déformé en La Toile d’araignée.
* La fin du film diffère de celle du roman, ce dénouement très hollywoodien ayant été jugé plus conforme aux codes de censure. Dans le roman, le docteur reste avec l’autre femme (si vous avez vu le film, vous comprenez certainement de qui il s’agit).
* William Gibson, l’auteur du roman, n’est pas le même William Gibson auteur du Neuromancien.

La Toile de l'araignée
Charles Boyer et Gloria Grahame dans La Toile de l’araignée de Vincente Minnelli.

La Toile de l'araignée
Laureen Bacall et Lillian Gish dans La Toile de l’araignée de Vincente Minnelli.

(Presque) homonymes (mais sans autre rapport que le titre) :
La Toile d’araignée (The Drowning Pool) de Stuart Rosenberg (1975) avec Paul Newman
La Toile d’araignée (Das Spinnennetz), film allemand de Bernhard Wicki (1989) avec Ulrich Mühe