23 décembre 2006

Cléopâtre (1963) de Joseph L. Mankiewicz

Titre original : « Cleopatra »

Cléopâtre Elle :
Grandiose mise en scène, avec notamment l’entrée de Cléopâtre à Rome ou la bataille navale contre Octave, et multitude de figurants font que l’on plonge volontiers dans cet univers fait de trahisons, de perfidie, de soif de pouvoir et de vengeance.
Note : 5 étoiles

Lui :
Cléopâtre Forte de la splendeur des reconstitutions et de la puissance du jeu de ses acteurs, cette version séduit et envoûte le spectateur. Hélas, la seconde partie sur la déchéance de Marc-Antoine est moins captivante que la première avec César et la longueur du film (4h) se fait durement sentir, principalement dans certains dialogues. Les scènes « d’action » sont toutefois impressionnantes et les scènes de foules ont une ampleur rarement égalée : l’entrée de Cléopâtre dans Rome reste l’une des scènes les plus grandioses de toute l’histoire du cinéma. Le film coûta une véritable fortune, mettant à mal l’équilibre financier de la Fox, et le tournage fut des plus mouvementés. Le cinéma-grand-spectacle par excellence.
Note : 5 étoiles

Acteurs: Elizabeth Taylor, Richard Burton, Rex Harrison
Voir la fiche du film et la filmographie de Joseph L. Mankiewicz sur le site imdb.com.
Voir les autres films de Joseph L. Mankiewicz chroniqués sur ce blog…

Cléopâtre (1963) de Joseph L. Mankiewicz

Voir aussi sur ce blog les autres versions :
Cléopâtre de Cecil B. DeMille (1934)
César et Cléopâtre de Gabriel Pascal (1945)
Cléopâtre de Franc Roddam (TV) (1999)

9 réflexions sur « Cléopâtre (1963) de Joseph L. Mankiewicz »

  1. Je l’ai maté quand j’étais petit,je ne m’en souviens pas des masses mais je me souviens avec bien aimé.
    Et Cléopatre,un sacré caractère mais quel nez! :p

  2. Je trouve que vos éloges sont un peu exagérés, ce n’est de loin pas le meilleur film de Mankiewicz! Vous n’avez pas vu ou commenté « Eve » (All about Eve), à mes yeux LE chef-d’oeuvre de Mankiewicz, même si je n’ai pas vu tous ses films! C’est dommage… Bette Davis y est magistrale en femme mûre souffrant d’être rattrapée par l’âge!!
    Et pas un mot sur les meilleurs films de Billy Wilder (Certains l’aiment chaud, Sabrina…)?
    Sinon, continuez votre site, il est intéressant d’avoir des regards croisés sur les chefs-d’oeuvre du cinéma…

  3. Oui, vous avez tout à fait raison de dire que ce n’est sans doute pas le meilleur film de Mankiewicz mais, personnellement, je ne suis pas attiré par les classements… Mankiewicz a fait plusieurs films magnifiques (All about Eve bien entendu est l’un d’eux). En revanche, je trouve que Cléopâtre est souvent sous-estimé, il est de bon ton de le critiquer. A mon avis, il ne mérite pas ce traitement même s’il est en partie justifié par les paroles de Mankiewicz lui-même.
    Billy Wilder est, vous avez raison, sous représenté alors que c’est un réalisateur que nous aimons tous deux beaucoup. Il faudrait que l’on revoie certains de ses films.

  4. On ne fait plus de film de cet ampleur, et c’est bien dommage.je vient de le re-revoir et cela me ravit comme à chaque fois .Et comme vous je regrette le manque d’intérêt pour l’oeuvre de Billy Wilder

  5. Il est de bon ton de louer « all about Eve » « suddenly last summer » « sleuth ou « barefoot comtessa »,tous ces films méritent de l’être d’ailleurs;il l’est beaucoup moins de louer « Cléopatra » (il est plutot snobé de s’en moquer) qui dans sa version intégrale est une oeuvre grandiose et intimiste à la fois;bravo pour votre attitude
    anti-mode!

  6. CLEO ET SES JULES
    (Reflets dans un oeil d’or pour Liz Taylor)
    On ne sait par où commencer, peut-être par ceci, la trouble jubilation d’entendre dès les premières minutes les Romains puis les Egyptiens s’exprimer en américain, juste un détail qu’on a tôt fait d’oublier. Donc deux longues parties à peu près égales ou l’empereur Jules César (le britannique Rex Harrison) puis le gradé Marc Antoine (le gallois Richard Burton) se partagent les faveurs, le coeur et la couche, de la reine d’Egypte (l’américaine Liz Taylor aux yeux violets et au sommet de sa beauté). L’affiche (très sobre) les montre tous les trois, elle, assise sur une banquette, avec ses deux jules debout derrière. Un trio. On note au passage que nombre de britanniques sont sollicités dans les péplums américains de grand standing, comme une caution de la tradition de l’acteur « shakespearien »

    C’est en France qu’on a pris l’habitude d’appeler à peu près tous les films relatifs à l’Antiquité des péplums (qui viennent du cinéma muet italien). Et dans l’histoire d’Hollywood, à partir de l’arrivée du grand écran, bon nombre de grands réalisateurs classiques ont un jour eu la responsabilité d’un produit de cette sorte, colossal au regard du casting, du nombre de figurants, de décors, de costumes, de péripéties, de séquences dites à grand spectacle, de sommes investies, et de la plus ou moins longue durée de tournage (depuis La tunique, premier Scope avec déjà Richard Burton, Curtiz avec L’Egyptien, Hawks avec La terre des pharaons, Vidor avec Salomon et la reine de Saba, Wyler avec le remake de Ben-Hur, Ray avec Le roi des rois, Wise avec Hélène de Troie, Kubrick avec Spartacus (qui remplaça Mann), Mann avec La chute de l’empire romain qui entraîna celle du genre pendant longtemps, avant que Scott ne le ressuscite avec le succès de Gladiator, remake de cette Chute)…et j’en passe, comme Huston et sa Bible par exemple…une vraie « guerre des péplums »
    Je me souviens de la première de gala de cette Cléo donnée au Rex en septembre 63 où tous les invités étaient amenés en métro parfumé jusqu’à Bonne nouvelle
    Mais tout ceci nous écarte de notre sujet

    Excepté quelques moments un peu trop kitsch qui envoient le film du coté des Folies-Bergère, force est de constater sa sublime beauté dans ses images d’une netteté admirable, composées et éclairées talentueusement en format Tod Ao 70mm (oscar pour le vétéran Léon Shamroy qui avait déjà signées celles de La tunique et de L’Egyptien), cela dès le générique traité en reconstitution de fragments de peintures abîmées par le temps, peintures ouvrant chaque grand chapitre du récit qui soudain s’anime en images reproduites en réel
    Le film – c’est un remake – bénéficie d’un scénario en béton aux dialogues (de Manckiewicz) ciselés d’intelligence et d’humour, d’une recherche assez scrupuleuse, d’une mise en scène prestigieuse alliant sans cesse les prouesses de la superproduction avec les nombreuses scènes intimistes, d’une belle partition musicale symphonique écrite et dirigée par Alex North, enfin d’une interprétation de grande classe dominée par notre trio que le cinéaste a su magnifier
    Mais bien sur, le film n’aurait pas vu le jour (plusieurs fois puisque Manckiewicz a remplacé Mamoulian, et autres avatars qui l’on fait interrompre à plusieurs reprises) sans son interprète titre : Liz Taylor, de presque tous les nombreux plans du film, première actrice a être payée 1 million de dollars. De son entrée déboulant d’un tapis déroulé à sa sortie en reine défunte parée de la tenue d’or de la déesse Isis, elle rayonne sur l’Egypte hollywoodienne (de Cinecitta), sur le film et sur ses hommes, sur les spectateurs, et le clin d’oeil en gros plan fait face caméra (à César et à nous) qui clôt son arrivée triomphale à Rome vaut son pesant d’humour distancié (reflets dans un oeil d’or pour Liz Taylor). Les très nombreuses toilettes (une par séquence) lui siéent à merveille (oscar pour Irène Sharaff, autre habituée)
    Manckiewicz – méandre d’une carrière et cas unique – avait déjà tourné dix ans plus tôt dans son Jules César la mort de l’empereur. il se retrouve avec la même séquence à faire. Aussi il s’y prend différemment. Ce qui était porté par le texte et la psychologie dans le premier film en noir et blanc devient ici une séquence totalement muette comme une prémonition dans l’esprit de Cléopâtre (qui consulte la grande prêtresse) de ce qui est entrain d’advenir, et les images superposées sont mangées en leurs bords par les flammes. il nous faisait entendre ensuite le discours de Marc Antoine (via Shakespeare) faire l’éloge du défunt face au peuple, et ici à nouveau la séquence est muette. il nous monte qu’un même cinéaste peut mettre en action différents moyens pour traiter la même scène.
    On l’aura compris, le genre de film parfait pour l’été, en salle choisie pour son très grand écran

  7. Merci pour cet intéressant commentaire.
    Voici une photo étonnante des décors égyptiens qui furent d’abord construit à Londres aux studios Pinewood avant d’être abandonnés.
    Pinewood

  8. Tellement beau ce film, on en prend plein les yeux ! et qui n’aurais pas eu envie de rejoindre Elizabeth Taylor dans ce bain au lait ? l’invitation est irrésistible !

  9. Le film reste agréable à revoir ou découvrir, de préférence dans une salle de cinéma avec grand écran. Malgré, ou grâce, à la flopée d’ennuis essuyés par producteurs , réalisateur ( saluons quand même la résistance de Mankiewicz dans cet océan d’emm…ts ), le film tient le coup , pas plus ennuyeux que Ben Hur , La chute de l’empire romain ou autres super-productions historiques dont il est ce me semble l’un des derniers représentants . Après çà ne restera que David Lean , toges et péplums en moins .
    Ce qui appartient à Cléopâtre et qui en fait le charme : la rencontre de Cecil B. de Mille et de Shakespeare, de grosse machinerie et d’intimité, de Hollywood et de Comédie française, de gros budget et d’économie .. La volonté , sous caution historique, d’en mettre plein la vue au spectateur, mais avec beaucoup de talents et de moyens . Outre le salaire himalayesque de Elisabeth Taylor on voit bien aussi que la production n’a pas chipoté les décors, accessoires et le nombre de figurants . Mais les scènes surchargées de foules alternent avec avec des moments ou deux personnages s’affrontent dans des décors vides ( palais , tentes ) . C’est aujourd’hui tout ce foutri-foutra qui fait durer le plaisir de ce Cléopatre : c’est Hollywood, Cinecitta et Alméria comme représentation de l’Egypte, la froideur lyrique de Racine dans une mise en scène clinquante du Lido , sérieux du sujet historique et sentimentalisme commercial des aventures amoureuses de Cléo / Jules- Taylor / Burton …etc .
    Avec courage devant ses 4 heures de projection, à voir ou revoir.
    Quelques à-côtés oubliés de nos jours ;
    – le film inspira une aventure de notre Astérix avec couverture de l’album parodiant l’affiche du film .
    – Mis en chantier aprés le premier tour de manivelle du film, fût produit , à Cinecitta et avec peu de moyens , » Clèopatre une reine pour César  » ( avec Pascale Petit ) , que les producteurs réussirent à sortir avant celui de Mankiewicz ( tout bénef’ pour la publicité ) .
    – dans les annéees 60′, dans les salles ou on pouvait le voir, pas de court-métrage ou d’actualités comme c’était l’usage. Mais une musique qui démarrait pendant plusieurs minutes avant que la lumière s’éteigne , le temps de rameuter les retardataires trainant dans l’entrée ou au bar des grandes salles le montrant. Un peu déconcertant pour certains spectateurs des sixties ( panne de projecteur ? grève ? ) . Soupir de soulagement quand le générique démarrait .
    Et sans doute plein d’autres astuces…C’est aussi comme çà que sont édifiés les monuments…

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