12 février 2024

My Own Private Idaho (1991) de Gus Van Sant

My Own Private IdahoMichael et Scott sont deux amis toxicomanes contraints de se prostituer pour survivre. Mike est homosexuel et souffre de crises de narcolepsie ; il a l’obsession de retrouver sa mère qui l’a mystérieusement abandonné. Scott est hétérosexuel ; il est le fils du maire de Portland qu’il déteste et qui cherche à lui imposer un avenir tout tracé…
My Own Private Idaho (traduction littérale : « Mon Idaho à moi ») est un film américain écrit et réalisé par Gus Van Sant, son troisième long métrage. Il avait cherché en vain à intéresser un producteur plusieurs années auparavant à ce projet de scénario. Il s’est librement inspiré des pièces Henry IV et Henry V de Shakespeare (1) pour écrire cette histoire qui met en scène de jeunes marginaux. Le film n’est pas sans défaut, notamment par l’étirement de certaines scènes et par l’insistance trop évidente du réalisateur à soigner l’esthétique de certains plans, mais il met en scène des personnages forts qui deviennent très émouvants. Les origines Shakespeariennes sont assez perceptibles et le film se regarde comme un grand drame théâtral. Van Sant est servi par l’excellente interprétation de ses deux acteurs principaux, Keanu Reeves et l’enthousiasmant River Phoenix qui aurait certainement fait une très grande carrière s’il n’avait trouvé la mort deux ans plus tard.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: River Phoenix, Keanu Reeves, James Russo, William Richert, Chiara Caselli, Udo Kier
Voir la fiche du film et la filmographie de Gus Van Sant sur le site IMDB.

Voir les autres films de Gus Van Sant chroniqués sur ce blog…
Voir les livres sur Gus Van Sant

Caméo : Gus Van Sant est l’homme au comptoir de l’hôtel.

(1) Scotty (Keanu Reeves) est inspiré du fils du roi Henry IV, futur Henry V, de la pièce Henry IV (Part 1 et Part 2) de Shakespeare et le gros Bob de Falstaff.

River Phoenix dans My Own Private Idaho de Gus Van Sant.
River Phoenix et Keanu Reeves dans My Own Private Idaho de Gus Van Sant.

7 février 2023

La Nuit des femmes (1961) de Kinuyo Tanaka

Titre original : « Onna bakari no yoru »

La Nuit des femmes (Onna bakari no yoru)À la fin des années 1950 au Japon, les lois anti-prostitution entrainent la fermeture des maisons closes. Des centres de réinsertion pour anciennes prostituées sont créés. La jeune Kuniko est particulièrement motivée pour retrouver une nouvelle place dans la société japonaise. Avec l’aide de la responsable du centre, elle déniche un emploi dans une épicerie à Tokyo…
La Nuit des femmes est un film japonais réalisé par Kinuyo Tanaka. Le scénario est signé Sumie Tanaka (pas de relation familiale), il est basé sur un roman de Masako Yana. Après une grosse production en couleurs (La Princesse errante), la réalisatrice se lance dans un projet plus modeste en moyens où elle nous parle de nouveau de femmes vues par des femmes. L’histoire met en relief les difficultés de réinsertion de ces anciennes prostituées : si certaines n’en ont aucune envie, d’autres désirent repartir sur de nouvelles bases mais le passé revient toujours en force. Kinuyo Tanaka a toutefois tenu à donner une fin positive à son récit, ce n’était pas le cas dans le roman. Le récit met en avant les rapports des femmes entre elles, il n’y a que peu d’hommes. La réalisatrice a choisi une actrice très peu connue pour le rôle principal, Chisako Hara. Elle fait une belle prestation : elle exprime à la fois de la fragilité et une grande détermination. Le film possède une indéniable force. Certains analystes ont rapproché La Nuit des femmes des films de la Nouvelle Vague japonaise, tel Contes cruels de la jeunesse de Nagisa Ôshima par sa façon d’aborder les personnages.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Chisako Hara, Akemi Kita, Kyôko Kagawa, Chikage Awashima, Yôsuke Natsuki
Voir la fiche du film et la filmographie de Kinuyo Tanaka sur le site IMDB.

Voir les autres films de Kinuyo Tanaka chroniqués sur ce blog…

La Nuit des femmes (Onna bakari no yoru)Chisako Hara dans La Nuit des femmes (Onna bakari no yoru) de Kinuyo Tanaka.

La Nuit des femmes (Onna bakari no yoru)Yôsuke Natsuki et Chisako Hara dans La Nuit des femmes (Onna bakari no yoru) de Kinuyo Tanaka.

5 janvier 2023

La Saison des femmes (2015) de Leena Yadav

Titre original : « Parched »

La Saison des femmes (Parched)Dans un petit village du nord-est de l’Inde, de nos jours, quatre femmes osent s’opposer aux hommes et aux traditions ancestrales qui les asservissent. Portées par leur amitié et leur désir de liberté, elles affrontent leurs démons, et rêvent d’amour et d’ailleurs…
La Saison des femmes est un film indien, écrit et réalisé par Leena Yadav. Après les séries et deux réalisations Bollywoodiennes, la réalisatrice indienne se tourne vers le cinéma indépendant pour signer un film plus personnel. Il s’agit d’un récit de fiction qui traduit hélas une réalité, témoignage de la position des femmes dans la société indienne. Le récit est édifiant. La réalisatrice a eu beaucoup de difficultés à tourner (1) et n’a pu trouver d’autres producteurs que son mari. Elle a su ne pas trop alourdir son propos et même placer des notes d’humour. Mais son message passe bien, on ne peut qu’être indigné et consterné devant tant d’archaïsme.
Elle: 4 étoiles
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Tannishtha Chatterjee, Radhika Apte, Surveen Chawla, Lehar Khan
Voir la fiche du film et la filmographie de Leena Yadav sur le site IMDB.
Voir la fiche du film sur AlloCiné.

(1) « Lors de nos repérages pour les scènes en extérieur, nous avons visité une bonne trentaine de villages (…). On nous a interdit d’y tourner, car les villageois n’approuvaient pas qu’une femme (moi, en l’occurrence) dirige une équipe, porte des pantalons, ne se couvre pas la tête et parle ouvertement aux hommes », raconte la réalisatrice. « Contre toute attente, ce sont les hommes de la jeune génération, ceux qui sont aux commandes aujourd’hui, qui ont eu le plus de mal à accepter une femme émancipée comme chef d’équipe ».

La Saison des femmes (Parched)Radhika Apte, Surveen Chawla et Tannishtha Chatterjee dans La Saison des femmes (Parched) de Leena Yadav.

26 novembre 2022

Une femme du monde (2021) de Cécile Ducrocq

Une femme du mondeÀ Strasbourg, Marie se prostitue depuis vingt ans. Elle a son bout de trottoir, ses habitués, sa liberté. Pour assurer l’avenir de son fils de 17 ans, Marie veut lui payer des études de chef-cuisinier dans un institut privé. Il lui faut de l’argent, vite…
Une femme du monde est un film français écrit et réalisé par Cécile Ducrocq, son premier long métrage. On ne peut dire que le scénario soit vraiment passionnant, ni qu’il réserve des développements inattendus. Le film vaut surtout par la remarquable interprétation de Laure Calamy et la femme qu’elle interprète se montre pleine de vie, équilibrée malgré ses difficultés, combative et au final attachante.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Laure Calamy, Nissim Renard
Voir la fiche du film et la filmographie de Cécile Ducrocq sur le site IMDB.
Voir la fiche du film sur AlloCiné.

Remarque :
* Le film est le prolongement d’un court-métrage réalisé par Cécile Ducrocq en 2014, La Contre-allée, dans lequel Laure Calamy jouait déjà ce personnage de Marie.

Une femme du mondeNissim Renard et Laure Calamy dans Une femme du monde de Cécile Ducrocq.

4 janvier 2022

Madame Claude (2021) de Sylvie Verheyde

Madame ClaudeÀ la fin des années 1960, Madame Claude est devenue la reine des proxénètes de Paris en mêlant les codes de la haute bourgeoisie avec ceux de la prostitution…
Madame Claude est un film français écrit et réalisé par Sylvie Verheyde qui dresse un portrait particulièrement complaisant de la célèbre proxénète. Madame Claude avait déjà inspiré deux films de piètre qualité à la fin des années soixante-dix. Quarante ans plus tard, aussi paradoxal que cela puisse paraître, elle se retrouve promue  pionnière de l’émancipation des femmes par Sylvie Verheyde. L’idée est de la considérer comme une femme qui a réussi à prendre le pouvoir sur les hommes, à une époque dominée par les hommes. Au-delà de cette vision pour le moins surprenante, le film souffre principalement d’un manque de direction globale. Plusieurs voies sont amorcées mais aucune n’est suivie : le film n’est ni un polar, ni un thriller politique, ni un film à caractère sulfureux… Dès lors, il apparaît plutôt répétitif et lassant. Si scénario et dialogues ont une grande marge d’amélioration, la réalisation est en revanche soignée. Karole Rocher semble se donner entièrement à son personnage, parfois un peu trop et bouge beaucoup pour avoir de la présence. La critique a été plus indulgente que le public.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Karole Rocher, Garance Marillier, Roschdy Zem, Pierre Deladonchamps, Philippe Rebbot, Benjamin Biolay
Voir la fiche du film et la filmographie de Sylvie Verheyde sur le site IMDB.
Voir la fiche du film sur AlloCiné.

Madame ClaudeKarole Rocher et Garance Marillier dans Madame Claude de Sylvie Verheyde.

Précédents films sur le sujet :
Madame Claude (1977) de Just Kaeckin avec Françoise Fabian
Madame Claude 2 (1981) de François Mimet avec Alexandra Stewart

12 août 2021

Accattone (1961) de Pier Paolo Pasolini

Accatone (Accattone)Dans la banlieue de Rome, le jeune oisif Accattone (« mendiant » en italien) méprise le travail. Il fait « travailler » Maddalena qu’un petit proxénète emprisonné lui a confiée. Ils vivent plus ou moins chez Nannina, son épouse. Accattone passe ainsi ses journées avec ses amis, à la terrasse des bars ou sur les rives du Tibre. Tout va changer lorsque Maddalena est arrêtée…
Accattone est la première réalisation de Pier Paolo Pasolini. Si, à l’époque, le film a été classé dans le néo-réalisme, on mesure mieux avec le recul à quel point il s’en diffère. Pasolini n’avait alors aucune expérience dans le cinéma, il était surtout un écrivain, auteur de romans, de recueils de poésie et de quelques scénarios. Il s’empare de ce champ artistique supplémentaire avec l’ambition de créer un nouveau langage cinématographique. Et il y parvient. Le plus frappant est la dimension qu’il donne à son récit. Tout en restant ancré dans la réalité quotidienne d’une misère dégradante, il ajoute une dimension presque religieuse à son personnage principal montrant qu’il y a dans sa situation quelque chose de sacré. Pour cela, il utilise la musique, le Largo de la Passion selon saint Matthieu de Bach, mais aussi son personnage principal auquel il donne une dimension christique. A noter que Bernardo Bertolucci (assistant de Pasolini et tout autant inexpérimenté que lui) a rapporté que le seul film qui plaisait beaucoup à Pasolini à l’époque était le Jeanne d’Arc de Dreyer. Tout aussi remarquable est le fait que Pasolini ne cherche pas à intellectualiser son approche, ni à la conceptualiser. Même avec ses inévitables défauts, Accattone montre une nouvelle forme d’écriture artistique. Le film sera interdit aux moins de 18 ans par crainte des « conséquences du choc » qu’il pourrait entraîner sur des jeunes gens pas encore tout à fait matures.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Franco Citti, Franca Pasut, Silvana Corsini
Voir la fiche du film et la filmographie de Pier Paolo Pasolini sur le site IMDB.

Voir les autres films de Pier Paolo Pasolini chroniqués sur ce blog…
Voir les livres sur Pier Paolo PasoliniAccatone (Accattone)Franco Citti et Franca Pasut dans Accatone (Accattone) de Pier Paolo Pasolini.

18 octobre 2020

La Fille Rosemarie (1958) de Rolf Thiele

Titre original : « Das Mädchen Rosemarie »
Autre titre français (TV) : « Prénom : Rosemarie »

La Fille Rosemarie (Das Mädchen Rosemarie)Dans l’Allemagne des années cinquante en plein renouveau économique, une jeune femme cherche à séduire des industriels dans l’espoir de s’intégrer à la haute société. Réalisant qu’elle ne pourra y parvenir vraiment, elle accepte de pratiquer l’espionnage industriel sur l’oreiller pour le compte d’un mystérieux entrepreneur français…
Ce film allemand de 1958 s’inspire directement d’un fait divers survenu l’année précédente à Francfort-sur-le-Main : le meurtre d’une prostituée de luxe, Rosemarie Nitribitt, qui a causé un grand scandale car le carnet d’adresses de la jeune femme était rempli de noms d’hommes politiques et d’industriels du pays. Ce meurtre n’a, à ce jour, toujours pas été élucidé. Cette histoire est surtout l’occasion pour le cinéaste de livrer un portrait mordant des milieux économiques et financiers et de ridiculiser l’arrivisme des grands industriels. Il le fait non sans humour, ce qui donne parfois un ton de comédie à l’histoire. Le film est assez remarquable sa belle photographie noir et blanc et la qualité de son interprétation. Il permit à l’actrice Nadja Tiller de connaitre une notoriété internationale. Peu connu aujourd’hui, La Fille Rosemarie connut pourtant un grand succès à sa sortie et remporta le Lion d’or à la Mostra de Venise. Avec le recul, le film nous apparaît assez unique en son genre.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Nadja Tiller, Peter van Eyck, Carl Raddatz, Gert Fröbe, Hanne Wieder, Mario Adorf, Horst Frank
Voir la fiche du film et la filmographie de Rolf Thiele sur le site IMDB.

Remarques :
* Les films allemands des années cinquante ne sont pas si nombreux. Parmi eux, La Fille Rosemarie est considéré comme étant le seul critiquant le miracle économique de la république de Bonn.
* La Fille Rosemarie est le film le plus remarquable de la filmographie de Rolf Thiele avec une adaptation de Tonio Kröger de Thomas Mann, sélectionnée au Festival international du film de Berlin 1964.

La Fille Rosemarie (Das Mädchen Rosemarie)Nadja Tiller et Carl Raddatz dans La Fille Rosemarie (Das Mädchen Rosemarie) de Rolf Thiele.

30 août 2020

Shéhérazade (2018) de Jean-Bernard Marlin

ShéhérazadeA Marseille, le jeune Zachary, 17 ans, sort d’un court séjour en prison. S’échappant du foyer d’éducation, il rencontre Shéhérazade, une très jeune prostituée qui va l’accueillir chez elle…
Ecrit et réalisé par Jean-Bernard Marlin, dont c’est le premier long métrage, Shéhérazade est une fiction très réaliste dans le milieu de la petite délinquance. Le réalisateur connait très bien la ville de Marseille pour y avoir grandi et son histoire, qui s’inspire d’un fait divers, a de solides bases documentaires. Il a choisi de faire jouer des acteurs non professionnels, très proches de leur personnage. Certains des acteurs sortaient de prison et avaient encore des jugements au tribunal pendant le tournage. Ils sont tous assez remarquables, jouant avec beaucoup de naturel ce qui donne une grande authenticité à l’ensemble. Dylan Robert a une grande présence à l’écran. L’histoire est certes terrible mais aussi très forte et elle nous montre qu’une histoire d’amour peut naître dans un environnement qui ne s’y prête guère. Le film a été récompensé de trois Césars.
Elle: 4 étoiles
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Dylan Robert, Kenza Fortas, Idir Azougli
Voir la fiche du film et la filmographie de Jean-Bernard Marlin sur le site IMDB.
Voir la fiche du film sur AlloCiné.

ShéhérazadeDylan Robert et Kenza Fortas dans Shéhérazade de Jean-Bernard Marlin.

Homonyme :
Shéhérazade de Pierre Gaspard-Huit (1963) avec Anna Karina

3 août 2020

Les Bons Vivants (1965) de Gilles Grangier et Georges Lautner

Un grand seigneur: Les bons vivantsLes Bons Vivants, alias Un grand seigneur, est un film en trois sketches :
1) La Fermeture (réal. Gilles Grangier) : Monsieur Charles et Madame Blanche sont bien tristes : leur maison close doit fermer, c’est la Loi. En guise d’adieu, ils offrent un cadeau à chacune des pensionnaires. L’une d’elle, Lucette, reçoit l’enseigne (une lanterne)…
2) Le Procès (réal. Gilles Grangier) : Quelques années plus tard, Lucette est devenue baronne. Deux petits truands ont dérobé chez elle des bijoux et la fameuse lanterne à laquelle elle tient beaucoup. Elle vient témoigner à leur procès…
3) Les Bons Vivants (réal. Georges Lautner) : Léon Haudepin, notable d’une petite ville et célibataire, rencontre Héloïse, ancienne pensionnaire de la maison close…
Le scénario de ces trois sketches est signé par Albert Simonin et Michel Audiard. Il s’agit de variations humoristiques sur le thème des maisons closes. Le sujet permet de montrer des jeunes filles en tenue légère, ce qui pouvait perturber les esprits les plus émotifs dans les années soixante. Aujourd’hui, cet effet un peu racoleur, ne fonctionne plus vraiment. Mais le film a été mal considéré et beaucoup l’ont qualifié de « vulgaire » ce qui paraît un peu injuste car, précisément, les scénaristes parviennent à éviter de tomber dans le « salace ». Non, l’humour repose essentiellement sur le fait de parler d’une maison close comme d’une activité respectable et de transformer en moral ce qui est habituellement considéré comme amoral. La seule chose que l’on puisse reprocher, c’est d’en offrir une vision idyllique et bon enfant, c’est une vision de « client » : la réalité des maisons closes était certainement loin d’être aussi joyeuse. Le premier sketch paraît un peu long, mais les deux autres sont plus enlevés, très amusants et même hilarants par moment. Les acteurs  s’en donnent à coeur joie et semblent aussi beaucoup s’amuser.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Louis de Funès, Bernard Blier, Mireille Darc, Andréa Parisy, Jean Lefebvre, Bernadette Lafont, Frank Villard, Pierre Bertin, Darry Cowl, Jean Carmet, Jean Richard
Voir la fiche du film et la filmographie de Gilles Grangier et Georges Lautner sur le site IMDB.

Voir les autres films de Gilles Grangier chroniqués sur ce blog…
Voir les autres films de Georges Lautner chroniqués sur ce blog…

Remarques :
* En avril 1946, la loi Marthe Richard a aboli le régime de la prostitution réglementée en France qui existait depuis 1804. Elle a imposé la fermeture des maisons closes (alias « maisons de tolérance »). La loi a pu bénéficier du climat ambiant, la plupart des tenanciers étant mouillés dans la collaboration.

* Dans son livre d’entretiens avec Bernard Bastide, Une vie de cinéma, Bernadette Lafont raconte quelques anecdotes sur  Louis de Funès, qui n’admettait pas que l’on fasse des gros plans sur d’autres acteurs que lui. Pour éviter qu’il reste à râler dans un coin, un assistant lui proposait de l’accompagner pour boire un verre à la buvette du studio. En revenant et comprenant le subterfuge, il faisait un signe avec ses doigts qui signifiait « on coupera au montage ! »

Un grand seigneur: Les bons vivantsBernard Blier décroche sa lanterne dans le 1er sketch de Les bons vivants de Gilles Grangier et Georges Lautner.

Un grand seigneur: Les bons vivantsMireille Darc, Louis de Funès et Bernadette Lafont dans le 3e sketch de Les bons vivants de Gilles Grangier et Georges Lautner.

15 juin 2020

Mamma Roma (1962) de Pier Paolo Pasolini

Mamma RomaMamma Roma, prostituée romaine d’une quarantaine d’années, tente de refaire sa vie et reprend avec elle son fils Ettore, âgé de seize ans, qui ignore son passé et a grandi à la campagne. Elle travaille désormais comme vendeuse sur un petit marché et nourrit beaucoup d’espoir pour son fils. Elle est prête à se sacrifier pour qu’il ait une vie meilleure…
Mamma Roma est le deuxième long métrage de Pasolini. C’est un film très ancré dans le sillage du courant néoréaliste, c’est le film le plus néoréaliste de sa filmographie. Il dresse un portrait de ces faubourgs pauvres de Rome et met en relief la difficulté de se sortir de son milieu social. Le cinéaste montre déjà des traits qui marqueront ses films ultérieurs : une lumière très blanche et une approche personnelle et artistique de sa façon de filmer (1). On ne peut que remarquer ses longs mouvements de caméra, les plus spectaculaires étant les travelings-arrière d’Anna Magnani arpentant le pavé tout en se lançant dans un long monologue et accompagnée par des personnages successifs. Anna Magnani fait ici l’une de ses prestations les plus mémorables.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Anna Magnani, Ettore Garofolo, Franco Citti
Voir la fiche du film et la filmographie de Pier Paolo Pasolini sur le site IMDB.

Voir les autres films de Pier Paolo Pasolini chroniqués sur ce blog…
Voir les livres sur Pier Paolo Pasolini

Remarques :
* Mamma Roma n’est sorti en France qu’en janvier 1976, peu après l’assassinat du cinéaste en novembre 1975.
* Mamma Roma a été tourné dans le quartier Don Bosco à Rome, alors en pleine « modernisation ». Dans le terrain vague, ce sont les vestiges antiques du Parc des aqueducs et de l’aqueduc de l’Aqua Claudia. Le dôme que l’on aperçoit au loin, symbole tutélaire, est celui de la basilique San Giovanni Bosco.

(1) La scène de mariage du début évoque la peinture murale de La Cène de Vinci, la scène finale christique évoque le tableau La Lamentation sur le Christ mort d’Andrea Mantegna. La musique est également très présente, souvent en contraste avec la scène.

Mamma RomaEttore Garofolo et Anna Magnani dans Mamma Roma de Pier Paolo Pasolini.