11 décembre 2023

De nos frères blessés (2020) de Hélier Cisterne

De nos frères blessésEn 1956, à Alger, le français Fernand Iveton, employé à Gaz d’Algérie, est arrêté après avoir déposé une bombe dans un local technique de son usine. La bombe est désamorcée avant d’exploser…
De nos frères blessés est un film français réalisé par Hélier Cisterne librement adapté du roman éponyme de Joseph Andras, paru en 2016, lauréat du prix Goncourt du premier roman. Il retrace la vie de ce militant communiste qui fût condamné à mort pour l’exemple, le seul Européen exécuté durant la guerre d’Algérie en raison de son engagement et de ses actions auprès du FLN. La réalisation n’est pas parfaite, le récit multipliant maladroitement les flashbacks et restant assez didactique, mais le film a le mérite d’apporter un témoignage : même si ce n’est pas plaisant à voir, nous devons garder la mémoire de ces pratiques que l’on attend plutôt d’une dictature que d’une république. Vicky Krieps et Vincent Lacoste (méconnaissable) font une bonne prestation, avec même parfois une certaine puissance.
Elle: 3 étoiles
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Vincent Lacoste, Vicky Krieps, Yoann Zimmer
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Vicky Krieps et Vincent Lacoste dans De nos frères blessés de Hélier Cisterne.

19 octobre 2023

Saint Omer (2022) de Alice Diop

Saint OmerRama, jeune romancière d’origine sénégalaise, assiste au procès de Laurence Coly à la cour d’assises de Saint-Omer. Cette dernière est accusée d’avoir tué sa fille de quinze mois en l’abandonnant à la marée montante sur une plage du nord de la France…
Saint Omer est un film français réalisé par Alice Diop. Il s’agit de la première fiction de la réalisatrice, auparavant autrice de plusieurs documentaires. C’est le récit du procès réel de Fabienne Kabou, une mère sénégalaise qui, en 2013, avait laissé sa fille de 15 mois sur une plage de Berck-sur-Mer à la marée montante. Alice Diop s’était rendue sur place pour assister au procès après avoir vu une simple photo de la jeune femme et s’être identifiée à elle. Son récit est presque documentaire, l’essentiel du film se déroule dans une petite salle d’audience. La réalisatrice a semé quelques références, soit pour justifier sa démarche (Marguerite Duras et la Tondue de Nevers de Hiroshima Mon Amour), soit pour donner de l’ampleur (le mythe de Médée). Quelques scènes additionnelles (que l’on suppose liées à l’histoire personnelle de la romancière) sont insérées. On peut être touché par cette histoire ou trouver que tout cela manque de sens et ne débouche sur rien. Bon accueil critique. César 2023 du Meilleur premier film.
Elle: 4 étoiles
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Kayije Kagame, Guslagie Malanda, Valérie Dréville, Aurélia Petit, Xavier Maly
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Kayije Kagame dans Saint Omer de Alice Diop.

26 janvier 2023

Cour martiale (1954) de Anthony Asquith

Titre original : Carrington V.C.
Titre U.S.A. : Court-Martial

Carrington V.C.Le Major Carrington, V.C. (c’est-à-dire titulaire de la Victoria Cross, distinction militaire suprême de l’armée britannique), se trouve accusé de détournements de fonds et est traduit devant une cour martiale…
Cour martiale est un film britannique réalisé par Anthony Asquith. Le scénario est l’œuvre de John Hunter, d’après une pièce de Dorothy et Campbell Christie. L’affaire en est elle-même n’a rien d’extraordinaire et pourtant le déroulement s’avère assez passionnant. Ce sont bien entendu les interactions entre les personnages qui permettent cela. Dans le monde guindé et protocolaire de l’armée britannique, les troubles et les jalousies forment un beau contraste. Très peu de décors. Le film fut récompensé (BAFTA) pour son interprétation. Celle de David Niven est tout en retenue, ce n’est d’ailleurs pas lui qui apporte les petites notes d’humour. Film peu connu.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: David Niven, Margaret Leighton, Noelle Middleton, Allan Cuthbertson
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Carrington V.C.David Niven, Raymond Francis et Margaret Leighton dans Carrington V.C. de Anthony Asquith.

17 février 2022

Présumé innocent (1990) de Alan J. Pakula

Titre original : « Presumed Innocent »

Présumé innocent (Presumed Innocent)Rusty Sabich est un brillant procureur, bras droit du Procureur général Raymond Hogan. Lorsqu’une de ses collègues est retrouvée assassinée à son domicile, il est chargé de l’enquête. Ayant eu une relation avec elle, il est accusé du meurtre par un procureur concurrent car plusieurs indices le désignent comme coupable…
Présumé innocent est un film américain réalisé par Alan J. Pakula, adaptation du roman homonyme de Scott Turow dont les droits, très disputés, ont été achetés une petite fortune par Sydney Pollack avant même sa parution en 1987. Dans la catégorie des films de procès, il tient une place particulière car il est rare qu’un procureur se retrouve ainsi sur le banc des accusés. L’enquête en elle-même est ainsi doublée d’une réflexion sur la justice qui devient de plus en plus centrale en cours de récit. Le scénario est solide et les pistes sont nombreuses jusqu’au dénouement très surprenant. Interprétant un personnage intériorisé et peu expansif, Harrison Ford n’est pas tout à fait dans son registre habituel mais sa présence à l’écran est d’autant plus grande qu’il est de presque tous les plans. Le film connut un beau succès en salles.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Harrison Ford, Brian Dennehy, Raul Julia, Bonnie Bedelia, Paul Winfield, Greta Scacchi
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Présumé innocent (Presumed Innocent)Raul Julia, Bonnie Bedelia et Harrison Ford dans Présumé innocent (Presumed Innocent) de Alan J. Pakula.

6 décembre 2021

La Voie de la justice (2019) de Destin Daniel Cretton

Titre original : « Just Mercy »

La Voie de la justice (Just Mercy)1987. Fraîchement diplômé de Harvard, le jeune avocat Bryan Stevenson décide d’officier en Alabama pour défendre des personnes condamnées à mort. L’une de ses premières affaires est celle de Walter McMillian condamné pour le meurtre très médiatisé d’une jeune fille de 18 ans. Il découvre rapidement que l’accusation ne repose que sur un témoignage fragile et que l’instruction n’a pris en compte aucun des témoignages qui l’innocentaient…
La Voie de la justice (Just Mercy) est un film américain réalisé par Destin Daniel Cretton. Il s’agit d’un film biographique sur Bryan Stevenson, brillant avocat qui a dédié sa carrière à la défense des droits des pauvres et des minorités. Le scénario est adapté de son livre autobiographique paru en 2014. Le cas raconté ici est (hélas) réel et permet de mesurer l’ampleur des préjugés racistes dans certains états du sud des Etats-Unis. Avoir les preuves de son innocence ne suffit pas. Un homme peut ainsi se retrouver accusé d’un meurtre qu’il n’a pas commis alors que sa présence ailleurs peut être attestée par de nombreuses personnes. On aimerait croire que le réalisateur a grossi le trait mais, hélas, la lecture sur Wikipédia des informations sur l’affaire montre qu’il n’en est rien. La réalisation est classique mais de bonne qualité. L’interprétation de Michael B. Jordan est excellente, il donne beaucoup de dignité à son personnage.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Michael B. Jordan, Jamie Foxx, Brie Larson, Rob Morgan, Rafe Spall, Tim Blake Nelson
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Remarque :
* Le film est sorti quelques mois avant le meurtre de George Floyd par un policier de Minneapolis.

La Voie de la justice (Just Mercy)Michael B. Jordan et Jamie Foxx dans La Voie de la justice (Just Mercy) de Destin Daniel Cretton.

14 octobre 2021

Les Ruelles du malheur (1949) de Nicholas Ray

Titre original : « Knock on Any Door »

Les ruelles du malheur (Knock on Any Door)L’avocat Andrew Morton accepte de défendre le jeune Nick Romano accusé d’avoir tué un policier à la suite d’un petit hold-up qui a mal tourné. Il connait le garçon depuis plusieurs années et, comme lui, il vient d’un quartier pauvre. Nick nie avoir tué et il a un alibi…
Adapté du best-seller homonyme de Willard Motley, Knock on Any Door est le deuxième film réalisé par Nicholas Ray. Il est produit par la compagnie de production d’Humphrey Bogart créée pour l’occasion, Santana Productions. Le propos du film est de montrer le poids des origines sociales dans le développement de la délinquance, de dénoncer la brutalité de certaines maisons de correction,  il accuse la société de fabriquer des criminels ; c’est également un plaidoyer contre la peine de mort. Le récit principal est celui du procès mais il est émaillé de nombreux et longs flashbacks. La mise en scène de Nicholas Ray est précise. Le rôle du délinquant, qui devait être tenu par Marlon Brando, a finalement échu au jeune John Derek qui montre une belle présence. Mais le pivot central est bien entendu Humphrey Bogart qui incarne cet avocat humaniste avec brio et son discours final fait partie des plus célèbres séquences de plaidoirie. Du fait son propos engagé et marqué à gauche, le film fut plutôt assez mal reçu par la critique et le public.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Humphrey Bogart, John Derek, George Macready, Barry Kelley
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Remarque :
* Dans la scène du restaurant, le pianiste est interprété par Dooley Wilson (le pianiste de Casablanca).
* On raconte que, lorsqu’il apprit qu’Humphrey Bogart avait créé sa propre société de production, Jack L. Warner, le patron de Warner Bros, est entré dans une colère noire car il craignait que d’autres acteurs-stars l’imitent, réduisant ainsi le pouvoir des grands studios et leurs contrôles sur les productions (c’est exactement ce qui arriva).

Les ruelles du malheur (Knock on Any Door)Humphrey Bogart et John Derek dans Les ruelles du malheur (Knock on Any Door) de Nicholas Ray.

Les ruelles du malheur (Knock on Any Door)George Macready, Humphrey Bogart, Barry Kelley et John Derek et dans Les ruelles du malheur (Knock on Any Door) de Nicholas Ray.

Les ruelles du malheur (Knock on Any Door)Humphrey Bogart et John Derek,
photo publicitaire pour Les ruelles du malheur (Knock on Any Door) de Nicholas Ray.

On peut remarquer les photos de bateaux et de mer qui ornent les murs du bureau de l’avocat. Rappelons que Humphrey Bogart avait un superbe voilier de course de 55 pieds (16m50) nommé… Santana. Le voilier est toujours pimpant, il est aujourd’hui la propriété de Wendy Schmidt, la femme du patron de Google Eric Schmidt. (lire…)

19 août 2021

Le mort en fuite (1936) de André Berthomieu

Le Mort en fuiteDeux comédiens plutôt médiocres se lamentent de n’être pas assez connus. Pour se faire de la publicité, ils inventent un crime imaginaire. L’un des deux va disparaître en laissant des indices pour laisser croire que l’autre l’a tué…
André Berthomieu n’a pas la réputation d’être un réalisateur vraiment remarquable mais ses premiers films sont considérés comme les plus intéressants. Le point fort de celui-ci est son scénario signé Loïc Le Gouriadec. L’histoire est délicieusement loufoque et il a de la matière pour de beaux numéros d’acteurs. Hélas, la confrontation entre les deux grands acteurs Michel Simon et Jules Berry n’est pas aussi jubilatoire qu’attendu. Ils n’ont d’ailleurs que peu de scènes ensemble puisqu’ils se séparent rapidement. Il y a bien d’excellents moments (le procès est mémorable) mais aussi et surtout de moins bons (toutes les séquences avec le général Popoff paraissent bien longues). La réalisation est des plus simples. Heureusement, les dialogues de Carlo Rim sauvent la mise. Le scénario sera de nouveau porté à l’écran par René Clair (1938) et le même André Berthomieu (1954).
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Jules Berry, Michel Simon, Marie Glory, Fernande Albany, Gabrielle Fontan
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Remakes :
1938 : Fausses nouvelles (Break the News) film anglais de René Clair avec Jack Buchanan et Maurice Chevalier
1954 : Les deux font la paire par André Berthomieu avec Jean Richard et Jean-Marc Thibault

Le Mort en fuiteMichel Simon dans Le Mort en fuite de André Berthomieu.

30 janvier 2021

Le Traître (2019) de Marco Bellocchio

Titre original : « Il traditore »

Le Traitre (Il traditore)Au début des années 1980, la guerre entre les parrains de la mafia sicilienne est à son comble. Tommaso Buscetta, membre de Cosa Nostra, fuit son pays pour se cacher au Brésil. Pendant ce temps, en Italie, les règlements de comptes s’enchaînent, et les proches de Buscetta sont assassinés les uns après les autres. Arrêté par la police brésilienne puis extradé, Buscetta, prend une décision qui va changer l’histoire de la Mafia : rencontrer le juge Falcone et briser l’omertà…
Le Traître de Marco Bellocchio nous relate la lutte contre la Mafia en se concentrant sur le parcours de l’un des premiers repentis dont les révélations vont permettre au juge Falcone et à l’Etat italien de comprendre beaucoup mieux le fonctionnement de Cosa Nostra. Le film recrée également le Maxi-Procès de Palerme qui a vu plusieurs centaines de mafieux condamnés. Le Traître n’est pas un film de Mafia comme les autres, en ce sens qu’il ne joue pas avec cette fascination qu’exerce habituellement la Mafia sur le public, notamment par son prétendu code d’honneur. Marco Bellocchio la ridiculise plutôt, parvenant même à introduire de l’humour dans les scènes de procès. Le récit respecte la vérité historique. Il manque toutefois un peu de limpidité, le début du film est particulièrement confus. Il est aussi trop long. Le film a été encensé par la critique.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Pierfrancesco Favino, Luigi Lo Cascio, Fausto Russo Alesi, Fabrizio Ferracane
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Le Traitre (Il traditore)Pierfrancesco Favino dans Le Traitre (Il traditore) de Marco Bellocchio.

17 décembre 2020

J’accuse (2019) de Roman Polanski

J'accuseEn 1894, le capitaine Alfred Dreyfus, officier français de confession juive, est condamné à la déportation à vie pour avoir fourni des documents secrets à l’Allemagne. Le commandant Picquart, promu lieutenant-colonel et chef du deuxième Bureau, découvre que le commandant Esterhazy est en réalité le véritable espion…
L’Affaire Dreyfus a déchiré la France de la Troisième République pendant douze ans, de la condamnation d’Alfred Dreyfus en 1894 à sa réhabilitation pleine et entière en 1906. Etonnamment, le cinéma français n’avait jamais vraiment traité cette affaire : avant ce J’accuse de Roman Polanski, il faut remonter aux reconstitutions « à chaud » de Georges Méliès et de Pathé. Les quelques films qui abordèrent plus profondément le sujet sont étrangers ou des téléfilms.
Roman Polanski désirait depuis longtemps faire un film sur l’Affaire Dreyfus. Il collabore ici à nouveau avec l’auteur britannique Robert Harris (scénariste de Ghost Writer) qui lui a écrit un roman sur mesure. L’originalité de leur approche est traiter l’affaire non pas comme une affaire judiciaire mais comme une histoire d’espionnage. Au prix d’une très légère déformation de la réalité (1), ils ont centré leur récit sur le commandant Picquart. Profondément antisémite, plus par tradition que par conviction toutefois, cet officier va découvrir, une fois promu à la tête des services des renseignements, que toute l’accusation à laquelle il a lui-même participé ne reposait en réalité sur rien. Le déroulement du scénario est parfait, il capte toute notre attention, ce qu’un récit plus traditionnel n’aurait probablement pas réussi à faire. L’atmosphère récréée est forte, notamment dans les locaux du service des renseignements. La réalisation est parfaite, tout est parfaitement dosé. J’accuse est bien le grand film que cette affaire méritait d’avoir. Il a tout de même fallu attendre plus d’un siècle…

Elle: 4 étoiles
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Jean Dujardin, Louis Garrel, Grégory Gadebois, Emmanuelle Seigner, Wladimir Yordanoff, Vincent Perez, Melvil Poupaud
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(1) Les principales altérations de la réalité concernent la présence de Picquart à une réunion secrète des soutiens de Dreyfus où sont présents Zola et Clémenceau et la façon dont Picquart tient tête à sa hiérarchie (notamment en quittant la salle d’audition).

J'accuseJean Dujardin dans J’accuse de Roman Polanski.

Autres films traitant de l’Affaire Dreyfus:
1899 : L’Affaire Dreyfus, 11 films d’1 minute de Georges Méliès (sur le mode des actualités reconstituées, chaque film reconstituant un épisode de l’Affaire)
1899 : L’Affaire Dreyfus, 8 films d’1 minute produits par la société Pathé frères (réalisateur inconnu) (même mode, tounés moins d’un mois après ceux de Méliès)
1930 : Dreyfus, film allemand de Richard Oswald
1931 : Dreyfus, film anglais de F.W. Kraemer et Milton Rosmer
1937 : The Life of Émile Zola, film américain de William Dieterle avec Paul Muni
1958 : I accuse, film américain de José Ferrer avec José Ferrer

Téléfilms :
1978 : Zola ou la Conscience humaine, film français en quatre épisodes de Stellio Lorenzi (Antenne 2)
1991 : Can a Jew Be innocent? film anglais en quatre épisodes de Jack Emery (BBC)
1991 : Prisoners of Honor, film américain de Ken Russel
1994 : L’Affaire Dreyfus, film français en deux épisodes d’Yves Boisset (France 2)
1994 : Rage et Outrage,  film français de George Whyte
1995 : Dreyfus in Opera and Ballet, film allemand en anglais.

3 août 2020

Les Bons Vivants (1965) de Gilles Grangier et Georges Lautner

Un grand seigneur: Les bons vivantsLes Bons Vivants, alias Un grand seigneur, est un film en trois sketches :
1) La Fermeture (réal. Gilles Grangier) : Monsieur Charles et Madame Blanche sont bien tristes : leur maison close doit fermer, c’est la Loi. En guise d’adieu, ils offrent un cadeau à chacune des pensionnaires. L’une d’elle, Lucette, reçoit l’enseigne (une lanterne)…
2) Le Procès (réal. Gilles Grangier) : Quelques années plus tard, Lucette est devenue baronne. Deux petits truands ont dérobé chez elle des bijoux et la fameuse lanterne à laquelle elle tient beaucoup. Elle vient témoigner à leur procès…
3) Les Bons Vivants (réal. Georges Lautner) : Léon Haudepin, notable d’une petite ville et célibataire, rencontre Héloïse, ancienne pensionnaire de la maison close…
Le scénario de ces trois sketches est signé par Albert Simonin et Michel Audiard. Il s’agit de variations humoristiques sur le thème des maisons closes. Le sujet permet de montrer des jeunes filles en tenue légère, ce qui pouvait perturber les esprits les plus émotifs dans les années soixante. Aujourd’hui, cet effet un peu racoleur, ne fonctionne plus vraiment. Mais le film a été mal considéré et beaucoup l’ont qualifié de « vulgaire » ce qui paraît un peu injuste car, précisément, les scénaristes parviennent à éviter de tomber dans le « salace ». Non, l’humour repose essentiellement sur le fait de parler d’une maison close comme d’une activité respectable et de transformer en moral ce qui est habituellement considéré comme amoral. La seule chose que l’on puisse reprocher, c’est d’en offrir une vision idyllique et bon enfant, c’est une vision de « client » : la réalité des maisons closes était certainement loin d’être aussi joyeuse. Le premier sketch paraît un peu long, mais les deux autres sont plus enlevés, très amusants et même hilarants par moment. Les acteurs  s’en donnent à coeur joie et semblent aussi beaucoup s’amuser.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Louis de Funès, Bernard Blier, Mireille Darc, Andréa Parisy, Jean Lefebvre, Bernadette Lafont, Frank Villard, Pierre Bertin, Darry Cowl, Jean Carmet, Jean Richard
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Voir les autres films de Gilles Grangier chroniqués sur ce blog…
Voir les autres films de Georges Lautner chroniqués sur ce blog…

Remarques :
* En avril 1946, la loi Marthe Richard a aboli le régime de la prostitution réglementée en France qui existait depuis 1804. Elle a imposé la fermeture des maisons closes (alias « maisons de tolérance »). La loi a pu bénéficier du climat ambiant, la plupart des tenanciers étant mouillés dans la collaboration.

* Dans son livre d’entretiens avec Bernard Bastide, Une vie de cinéma, Bernadette Lafont raconte quelques anecdotes sur  Louis de Funès, qui n’admettait pas que l’on fasse des gros plans sur d’autres acteurs que lui. Pour éviter qu’il reste à râler dans un coin, un assistant lui proposait de l’accompagner pour boire un verre à la buvette du studio. En revenant et comprenant le subterfuge, il faisait un signe avec ses doigts qui signifiait « on coupera au montage ! »

Un grand seigneur: Les bons vivantsBernard Blier décroche sa lanterne dans le 1er sketch de Les bons vivants de Gilles Grangier et Georges Lautner.

Un grand seigneur: Les bons vivantsMireille Darc, Louis de Funès et Bernadette Lafont dans le 3e sketch de Les bons vivants de Gilles Grangier et Georges Lautner.