19 février 2023

Billy Budd (1962) de Peter Ustinov

Billy BuddEn 1797, sur le navire militaire britannique L’Avenger, le second du capitaine Vere enrôle de force un gabier de vingt ans, nommé Billy Budd, dont la beauté ne laisse pas indifférent les officiers du bateau. Billy découvre la violence et la tyrannie du maître d’équipage, Claggart…
Billy Budd est un film britannique de Peter Ustinov. Au départ, Billy Budd est un roman d’Herman Melville ; il fut adapté en pièce à Broadway en 1951 et c’est cette pièce que Peter Ustinov porte ici à l’écran. L’histoire est assez fidèle au roman qui peut prêter à de multiples interprétations du fait de sa dimension christique et de son homosexualité sous-jacente. Pour sa deuxième apparition dans un long métrage, le jeune Terence Stamp de 23 ans crève l’écran. Son visage est d’une grande beauté dans l’œil de la caméra de Robert Kasker (directeur de la photographie australien oscarisé en 1951 pour Le Troisième Homme). Face à lui, Robert Ryan personnifie la cruauté. Son accent américain est un peu marqué et détone sur ce vaisseau très britannique. Au moins, cela ajoute à son étrangeté. L’ensemble est doté d’une indéniable force sous la direction classique mais adaptée du capitaine Peter Ustinov.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Robert Ryan, Terence Stamp, Peter Ustinov, Melvyn Douglas, Paul Rogers, John Neville, David McCallum
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Billy BuddTerence Stamp et Robert Ryan dans Billy Budd de Peter Ustinov.

12 juin 2022

Le Garçon aux cheveux verts (1948) de Joseph Losey

Titre original : « The Boy with Green Hair »

Le Garçon aux cheveux verts (The Boy with Green Hair)Dans une petite ville américaine, le jeune Peter, orphelin de guerre, est recueilli par vieil artiste de cirque. Un matin, après son bain, Peter se retrouve soudain avec les cheveux verts. Du jour au lendemain, il devient un objet de curiosité, puis une victime de ses camarades et aussi des adultes…
Le Garçon aux cheveux verts est un film américain de Joseph Losey, son premier long métrage. Le film se situe dans la cadre d’une volonté du nouveau directeur de production de la RKO, Dore Schary, de lancer une série de films à petit budget sur des sujets ambitieux à portée sociale, ce qui est à l’époque révolutionnaire (à Hollywood). Le Garçon aux cheveux verts est une parabole sur la tolérance, la rencontre de l’autre et la peur de la différence. C’est aussi un pamphlet contre les guerres, montrant comment les enfants en sont les victimes collatérales. Tout louable qu’il soit, le message peine à passer du fait d’une certaine lourdeur dans la démonstration mais il faut garder à l’esprit qu’il s’agit d’une fable. Tout le film est un flashback, raconté par le jeune garçon, ce qui le rend potentiellement efficace auprès des enfants. Quelques passages sont assez émouvants. Le film a bien entendu été tourné en couleurs. Il n’eut que peu de succès.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Pat O’Brien, Robert Ryan, Barbara Hale, Dean Stockwell
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Le Garçon aux cheveux verts (The Boy with Green Hair)Dean Stockwell dans Le Garçon aux cheveux verts (The Boy with Green Hair) de Joseph Losey.

16 mars 2022

Nous avons gagné ce soir (1949) de Robert Wise

Titre original : « The Set-Up »

Nous avons gagné ce soir (The Set-Up)Bill « Stoker » Thompson est un boxeur raté en fin de carrière qui perd tous ses matchs. Il doit affronter un jeune boxeur prometteur suivi par un caïd de la pègre qui a acheté le match. Mais le manager de Stocker, certain qu’il va perdre de toutes façons, ne le prévient pas qu’il doit se coucher…
Nous avons gagné ce soir est un film américain réalisé par Robert Wise. Aussi étonnant que cela puisse paraître, il est adapté d’un poème… un long poème narratif que Joseph Moncure March a écrit en 1928. Le film a la réputation d’être l’un des meilleurs films sur la boxe. Son réalisme, si souvent souligné, n’est qu’apparent car, en réalité, la forme est très travaillée que ce soit dans sa photographie expressionniste (œuvre de Milton R. Krasner) ou dans ses dialogues stylisés. Le récit se déroule en temps réel (trois ans avant High Noon !), sur une soirée entre 21h05 et 22h16 comme l’attestent plusieurs plans sur une horloge. Les séquences de boxe ont été chorégraphiées par John Indrisano et filmées avec trois caméras dont une à l’épaule. Le film connut un grand succès et fit connaitre Robert Wise.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Robert Ryan, Audrey Totter, George Tobias, Alan Baxter, Wallace Ford
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Remarque :
* Ma note de 3 étoiles serait certainement supérieure si je n’étais pas si hermétique à la boxe…!

Nous avons gagné ce soir (The Set-Up)Robert Ryan et Audrey Totter dans Nous avons gagné ce soir (The Set-Up) de Robert Wise.

14 février 2020

Le Roi des rois (1961) de Nicholas Ray

Titre original : « King of Kings »

Le Roi des rois (King of Kings)Que Nicholas Ray ait pu diriger une version de la vie du Christ a de quoi nous surprendre. C’est le producteur Samuel Bronston qui est allé le chercher en remplacement de John Farrow (1). Le scénario prend des libertés avec la Bible et met l’accent sur l’oppression du peuple par Hérode avec l’appui des romains. Le personnage de Barrabas, habituellement simple criminel condamné à mort, devient un guérillero qui s’active à provoquer un soulèvement armé et cherche l’appui de Jésus. Le film se situe dans le sillon de la vogue des péplums (l’affiche américaine ci-contre est fortement inspirée de celle de Ben-Hur) et les scènes de foules ou de légions romaines impressionnent avec leurs innombrables figurants. La musique de Miklos Rozsa contribue également à donner de l’ampleur. L’ensemble est très bien équilibré, sans excès malgré une coloration américaine assez marquée, due principalement à la distribution. Le film fut assez critiqué à sa sortie et ce n’est que bien plus tard que ce Roi des rois de Nicholas Ray fut reconnu comme l’une des meilleures adaptations de la vie du Christ au cinéma.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Jeffrey Hunter, Robert Ryan, Hurd Hatfield, Ron Randell, Viveca Lindfors, Brigid Bazlen, Harry Guardino, Rip Torn, Frank Thring, Royal Dano
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Remarques :
* La narration en voix off, dite par Orson Welles, a été écrite par Ray Bradbury (ni l’un ni l’autre ne sont crédités au générique).
* A sa sortie, beaucoup raillèrent l’apparence trop juvénile de Jésus. Jeffrey Hunter avait pourtant l’âge requis (33 ans) mais il est vrai que les représentations courantes étaient celles d’un homme d’apparence plus âgée. A noter que Cecil B. DeMille, en 1927, avait pris un acteur qui avait 50 ans. Les autres films, pour la plupart, s’arrangeaient pour ne pas montrer son visage.

(1) Le projet était initialement prévu pour être dirigé par John Farrow. Fervent catholique, il voulait n’utiliser que les écrits de la Bible comme dialogues. Son scénario fut jugé impossible à tourner et le producteur Samuel Bronston le remplaça par Nicholas Ray.

Le Roi des rois (King of Kings)Jeffrey Hunter est Jésus dans Le Roi des rois (King of Kings) de Nicholas Ray.

Le Roi des rois (King of Kings)Le Roi des rois (King of Kings) de Nicholas Ray.

Le Roi des rois (King of Kings)Robert Ryan est Jean le Baptiste dans Le Roi des rois (King of Kings) de Nicholas Ray.

Le Roi des rois (King of Kings)Répression du soulèvement du peuple.
Dessin très proche d’une scène du film Le Roi des rois (King of Kings) de Nicholas Ray.

Homonyme :
Le Roi des rois (King of Kings) de Cecil B. DeMille (1927)

15 juillet 2016

La Femme aux maléfices (1950) de Nicholas Ray

Titre original : « Born to Be Bad »

Born to be BadDonna (Joan Leslie) accueille de bon coeur sa cousine Christabel (Joan Fontaine) sous son toit sans savoir qu’elle va s’arranger pour attirer l’attention de tous les hommes que Donna fréquente, à commencer par son riche fiancé… Born to Be Bad fait partie des premiers films de Nicholas Ray. Ce mélodrame paraît nettement moins remarquable que ses autres réalisations. L’intrigue est finalement assez conventionnelle et donc prévisible, avec une dimension psychanalytique sous-jacente qui reste hélas non développée. L’ensemble est sauvé par une belle interprétation, y compris dans les seconds rôles. Joan Fontaine casse ici son image habituelle de jeune femme parfaite et irréprochable. Le directeur de la photographie est le très expérimenté (et talentueux) Nicholas Musucara. On remarquera de nombreux très beaux plans et la prédilection de Nicholas Ray pour les escaliers… Le talent et l’inventivité de Ray pour la mise en scène sont patents dans la scène d’ouverture qui introduit un à un les principaux protagonistes en un vaste ballet de personnages sur un simple palier.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Joan Fontaine, Robert Ryan, Zachary Scott, Joan Leslie, Mel Ferrer
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Remarques :
* Born to Be Bad fait partie des quelques films dont Nicholas Ray refusait de parler.
* La scène de fin en happy end sur le tarmac de l’aérodrome a été ajoutée à la demande d’Howard Hugues (qui venait de racheter RKO Pictures). Cette scène fait sourire tant elle paraît peu crédible. Il est d’ailleurs peu probable qu’elle ait été tournée par Nicholas Ray. Le simple fait de voir soudainement Zachary Scott aux commandes d’un avion surprend… sauf si on se rappelle qu’Howard Hugues est un grand fan d’aviation !
* Le film n’est sorti en France qu’en 1985.

* Homonyme (sans aucun rapport) :
Born to Be Bad de Lowell Sherman (1934) avec Loretta Young et Cary Grant, film de la 20th Century Fox qui n’est, semble t-il, jamais sorti en France.

Born to be bad
Zachary Scott, Joan Fontaine et Mel Ferrer dans Born to be Bad de Nicholas Ray.

Born to be bad
Harold Vermilyea, Joan Leslie et Robert Ryan dans Born to be Bad de Nicholas Ray.

2 juillet 2016

Les Douze Salopards (1967) de Robert Aldrich

Titre original : « The Dirty Dozen »

Les douze salopardsPendant la Seconde Guerre mondiale, peu avant le Débarquement de Normandie, un major un peu rebelle se voit confier une mission très particulière : prendre douze criminels condamnés à des peines très lourdes et les entrainer en vue d’une mission suicide en échange d’une amnistie. Il s’agit d’aller attaquer un château en Bretagne où se réunissent de nombreux généraux allemands et d’en tuer le plus possible… Les Douze Salopards est adapté d’un roman d’E.M. Nathanson paru en 1965. Aucun élément ne permet d’avancer qu’une telle mission ait pu exister même si l’on pense plus ou moins certain que les armées ont utilisé des délinquants militaires pour des missions suicide. Le propos de Robert Aldrich est de montrer le vrai visage de la guerre, que la guerre ne peut être propre. Les Douze Salopards est donc un film profondément antimilitariste (rappelons que le film a été tourné en pleine période de la guerre du Vietnam), ce qui ne l’a pas empêché Aldrich d’être accusé d’avoir fait un film fasciste et hyper-violent. Assez paradoxalement, c’est la conséquence de la réalisation très efficace d’Aldrich : le film peut effectivement être perçu au premier degré, c’est à dire comme un film de guerre classique, malgré le cynisme du commandement, malgré les scènes censées provoquer le rejet, malgré la cruauté affichée. Il paraît même certain que ce fut le plus souvent le cas. Sur la forme, Aldrich prend son temps, décrivant assez longuement tout le processus de conditionnement mais il est servi par un remarquable plateau d’acteurs, d’où se détachent nettement Lee Marvin, John Cassavetes, Charles Bronson et Donald Sutherland. Le film connut un très grand succès.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Lee Marvin, Ernest Borgnine, Charles Bronson, Jim Brown, John Cassavetes, Richard Jaeckel, George Kennedy, Ralph Meeker, Robert Ryan, Telly Savalas, Donald Sutherland
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Remarques :
* The Dirty Dozen parait assez proche de The Secret Invasion de Roger Corman (1964).
* The Dirty Dozen a connu trois suites sous forme de téléfilms.
* Un remake serait en cours.

The Dirty Dozen
Lee Marvin dans Les douze salopards de Robert Aldrich.

20 juin 2016

L’Homme de la loi (1971) de Michael Winner

Titre original : « Lawman »

L'homme de la loiUn shérif arrive dans une petite ville de l’Ouest pour arrêter un groupe de cow-boys qui ont mis à sac une petite ville voisine un soir de beuverie et tué accidentellement un homme. Tous ces cow-boys travaillent pour un riche propriétaire qui possède la ville et que tous respectent… Lawman est le premier film américain de l’anglais Michael Winner. C’est un western assez prenant mais aussi franchement surprenant. La mise en place (un justicier seul contre toute une ville) a un petit air de déjà-vu et laisse augurer d’un développement assez conventionnel mais il n’en est rien. Contre toute attente, Michael Winner ne cherche pas à provoquer l’identification du spectateur à son personnage principal : certes il est incorruptible et ne faiblira pas mais il a une conception tellement haute de sa mission qu’il a en perdu toute humanité. C’est en quelque sorte un Terminator que rien n’arrête. Face à lui, le « méchant » cherche le dialogue pour éviter que le sang coule ; pour lui, le temps des armes est dépassé, l’argent permet d’éviter les conflits afin de préserver une société construite par les armes. Il a ainsi une vision plus moderne, qui évite la spirale où le meurtre appelle le meurtre. Et comme pour enfoncer le clou et bien montrer les contradictions de son héros justicier, Michael Winner lui fait accomplir un geste désespéré (et totalement inattendu) à la toute fin, un geste qui nous laisse pantois. Lawman se place dans le sillage des westerns italiens pour l’étalage d’une certaine violence froide où le sang se montre. L’interprétation de Burt Lancaster est puissante, sorte de colosse inflexible, tout en contraste avec Robert Ryan en shérif fatigué. La façon de filmer est marquée années soixante dix, notamment par un usage immodéré du zoom. Lawman est un western très original, doté d’une belle force.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Burt Lancaster, Robert Ryan, Lee J. Cobb, Robert Duvall, Sheree North
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Remarques :
* Michael Winner est parfois qualifié un peu hâtivement de cinéaste réactionnaire, il doit cette mauvaise image à ses films avec Charles Bronson (notamment Un justicier dans la ville).
* Michael Winner a présenté Lawman comme étant « l’un des westerns les plus authentiques qui aient jamais été fait » (mais sans qu’il ne précise vraiment pourquoi…)
* Dans son encyclopédie du western, Phil Hardy présente Lawman comme étant un remake non déclaré de Man with the Gun (L’Homme au fusil) de Richard Wilson (1955) avec Robert Mitchum, affirmation qui ne me semble pas être reprise ailleurs.

 

Lawman
Robert Ryan et Burt Lancaster dans L’homme de la loi de Michael Winner.

Lawman
Burt Lancaster dans L’homme de la loi de Michael Winner.

6 octobre 2013

Les Implacables (1955) de Raoul Walsh

Titre original : « The Tall Men »

Les implacablesPeu après la fin de la guerre de Sécession, deux frères arrivent dans les montagnes enneigées du Montana attirés par l’or. Ils kidnappent un homme qui transporte une importante somme d’argent. Il leur propose de l’aider à aller chercher un troupeau de bétail au Texas… Adaptée d’un roman de Heck Allen, l’histoire du western The Tall Men a de quoi surprendre quelque peu en son début : on y voit en effet Clark Gable, que l’on est habitué à voir symboliser la droiture, dans un rôle peu reluisant. La suite lui permettra de montrer sa vraie valeur, de montrer qu’il est un « grand homme ». L’histoire peut sembler ensuite assez conventionnelle mais elle surtout très limpide. Sans grands coups d’éclat, le film montre le grand professionnalisme de Walsh et de son équipe. Les scènes en extérieurs sont assez grandioses avec une remarquable utilisation du CinemaScope. Le réalisme des scènes dans les neiges du Montana est remarquable ; elles ont pourtant été tournées en studio. Le propos du film est de démontrer que l’on peut être ambitieux sans être matérialiste. Le héros est très « walshien », c’est-à-dire d’une grande noblesse de caractère et très chevaleresque : « Il est ce que tout petit garçon rêve de devenir quand il sera un homme et ce que tout homme d’âge mûr aurait voulu devenir » dira de lui son adversaire pour clore le film.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Clark Gable, Jane Russell, Robert Ryan, Cameron Mitchell, Juan García
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3 février 2013

Les Professionnels (1966) de Richard Brooks

Titre original : « The Professionals »

Les professionnelsA l’époque de la Révolution mexicaine, un riche propriétaire texan recrute quatre hommes pour aller délivrer sa jeune épouse qui a été enlevée et emmenée au-delà de la frontière. Chacun est expert en son domaine : le maniement des armes à feu, éclaireur et tir à l’arc, le dynamitage, le soin des chevaux… Avec le recul, il apparaît clairement que Les Professionnels de Richard Brooks s’inscrit pleinement dans une période charnière du western, une époque où le genre cherchait un nouveau souffle entre classicisme et irruption du western italien, avant de déboucher sur des films plus violents comme La Horde sauvage de Peckinpah (1). Ici, l’accent est mis sur les personnages qui, outre leur excellence dans un domaine particulier, sont dotés d’une vraie personnalité et d’une conscience qui entrainent questionnements et dilemmes moraux. Richard Brooks donne ainsi par leur biais une certaine dimension philosophique et politique à son film. Mais le film garde ses scènes d’action, bien amenées par un scénario qui se déroule intelligemment. Sous une apparence de film d’action, Les Professionnels est donc doté d’une indéniable profondeur ; il peut ainsi être vu à plusieurs niveaux. On remarquera la belle utilisation des décors naturels et l’excellente interprétation.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Burt Lancaster, Lee Marvin, Robert Ryan, Woody Strode, Jack Palance, Claudia Cardinale
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(1) La Horde sauvage (The Wild Bunch) de Sam Peckinpah (1969).

26 mai 2012

Berlin Express (1948) de Jacques Tourneur

Berlin ExpressJuste après la fin de la seconde guerre mondiale, un américain, un anglais, une française et un officier russe assistent à une tentative d’attentat dans un train. La personne visée est un professeur allemand chargé par alliés de présider une commission pour l’unification de l’Allemagne vaincue… Berlin Express est remarquable comme étant le premier film américain tourné dans l’Allemagne de l’après-guerre. Le film a ainsi un réel aspect documentaire : il montre les villes dévastées de Frankfort et de Berlin, vaste champs de ruines où les cigarettes jouent le rôle de monnaie. L’histoire, écrite par Curt Siodmack (frère de Robert Siodmack), est certainement moins remarquable, prônant l’entente entre les peuples tout en restant dans les stéréotypes. Elle montre toutefois les difficultés de l’Europe à se reconstruire, une impérieuse nécessité qui demandaient à surmonter les divisions, sans sous-estimer le danger de la présence des nostalgiques du nazisme. La mise en place de l’intrigue est très bien réalisée, avec un puzzle qui s’assemble peu à peu et une voix-off qui fait naître la tension. L’interprétation manque sans doute un peu d’éclat, Merle Oberon a ici peu de présence. Tout en restant en deçà des grands films de Jacques Tourneur, Berlin Express reste très intéressant à regarder.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Merle Oberon, Robert Ryan, Charles Korvin, Paul Lukas
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