19 février 2024

L’art d’être aimé (1963) de Wojciech Has

Titre original : « Jak byc kochana »

L'art d'être aimé (Jak byc kochana)Le temps d’un voyage en avion, une célèbre actrice de radio se remémore un amour douloureux pendant l’Occupation. Tout en travaillant comme serveuse pour survivre, elle avait caché un de ses collègues-acteurs dont elle était amoureuse et qui était accusé d’avoir tué un collaborateur. Elle est allé jusqu’à accepter de jouer dans un théâtre allemand pour le protéger…
L’art d’être aimée est un film polonais écrit par Kazimierz Brandys et réalisé par Wojciech Jerzy Has. Si le film se montre d’abord un peu hermétique, il se révèle de plus en puissant par la suite. C’est une histoire vraiment tragique, sur deux plans, celui d’un grand amour non partagé et celui d’une victime de la guerre, une de ces victimes invisibles non seulement pendant l’Occupation mais aussi à la Libération puisque cette femme se laissera accuser de collaboration pour préserver l’homme qu’elle aime. C’est assez terrible car, de toutes ces souffrances, elle ne retirera rien, sinon des désillusions et des espoirs déçus. L’histoire est très forte. Dans sa forme, si le film ne montre pas la perfection esthétique des films suivants du réalisateur, on ne peut que remarquer certains très beaux plans, dûs à sa façon de placer la caméra. Barbara Krafftówna fait une remarquable prestation.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Barbara Krafftówna, Zbigniew Cybulski, Artur Mlodnicki, Wienczyslaw Glinski
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Barbara Krafftówna et Zbigniew Cybulski dans L’art d’être aimé (Jak byc kochana) de Wojciech Has.

Film visible sur le site de Cinémathèque polonaise (sous-titres en anglais ou en polonais uniquement)

6 février 2024

Radio Metronom (2022) de Alexandru Belc

Titre original : « Metronom »

Radio Metronom (Metronom)Bucarest, 1972. Ana a 17 ans et rêve d’amour et de liberté. Elle est triste de devoir se séparer de son petit ami qui va partir en Allemagne. Un soir, elle rejoint ses amis à une petite fête où ils décident de faire passer une lettre à Metronom, l’émission musicale que Radio Free Europe diffuse clandestinement en Roumanie…
Radio Metronom est un film franco-roumain écrit et réalisé par Alexandru Belc. Son récit débute comme une chronique adolescente et bascule à mi-film en dénonciation de la dictature. Ceausescu avait en effet interdit la musique occidentale et sa police secrète avait tous pouvoirs. C’est cette partie qui est indéniablement la plus forte avec des dialogues bien écrits et des scènes très bien interprétées. Alexandre Belc est quarantenaire et donc n’a pas vécu cette période noire ; il a d’autant plus de mérite de nous rappeler ces heures sombres de l’histoire de son pays. Le film n’est pas sans défaut : le réalisateur recherche trop la perfection dans sa mise en scène, certaines scènes paraissent étirées. Il ne parvient qu’imparfaitement à mêler une histoire d’amour à un contenu historique fort mais son film mérite vraiment d’être découvert. Prix « Un certain regard » à Cannes 2022.
Elle: 4 étoiles
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Mara Bugarin, Serban Lazarovici, Vlad Ivanov, Mihai Calin
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Remarque :
Metronom était une émission diffusée clandestinement par Radio Free Europe, animée par le journaliste et producteur de radio roumain en exil, Cornel Chiriac. Il fut assassiné à Munich en 1975.

Serban Lazarovici et Mara Bugarin dans Radio Metronom (Metronom) de Alexandru Belc.

29 janvier 2024

I’m Your Man (2021) de Maria Schrader

Titre original : « Ich bin dein Mensch »

I'm Your Man (Ich bin dein Mensch)A Berlin, dans un futur proche, la chercheuse Alma travaille sur les inscriptions cunéiformes sumériennes. Pour obtenir des fonds pour ses recherches, elle accepte à contre-coeur de participer à un essai. Pendant trois semaines, elle doit vivre avec Tom, un robot humanoïde programmé pour lui convenir parfaitement : le compagnon idéal. Elle devra ensuite produire un rapport…
I’m Your Man (L’Homme idéal au Québec) est un film allemand co-écrit et réalisé par Maria Schrader, adaptation d’une nouvelle d’Emma Braslavsky. Il met en scène la cohabitation forcée d’une femme qui se jette dans son travail pour oublier son mal-être avec un androïde bien décidé à la rendre heureuse. Alma refuse d’abord la gentillesse et la prévention dont il fait preuve, un refus certainement un peu trop appuyé ce qui rend son personnage plutôt irritant. Toutefois, si le récit montre ses excès et maladresses (et des facilités de scénariste), il n’en soulève pas moins une vraie question : quel serait l’impact de ces compagnons androïdes parfaits sur notre sociabilité ? Accessoirement, il propose bien entendu une réflexion sur le bonheur. Maria Schrader a réalisé un film original, assez amusant.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Maren Eggert, Dan Stevens, Sandra Hüller
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Dan Stevens et Maren Eggert dans I’m Your Man (Ich bin dein Mensch) de Maria Schrader.

14 décembre 2023

Venez voir (2022) de Jonás Trueba

Titre original : « Tenéis que venir a verla »

Venez voir (Tenéis que venir a verla)Alors qu’ils s’étaient perdus de vue, deux couples se retrouvent lors d’un concert de Chano Dominguez dans un bar de Madrid. Un couple invite l’autre à venir les voir dans leur maison à la campagne, ce qui sera fait six mois plus tard…
Venez voir est un film espagnol écrit et réalisé par Jonás Trueba. Il est rare de voir un film avec si peu de consistance. Il ne dure que 64 minutes et ses dix premières minutes sont déjà occupées par d’interminables plans fixes (sans dialogue) sur les quatre personnages. La suite est dans la même veine, de longues scènes vides et parfois quelques dialogues insignifiants. Les deux couples sont à un moment charnière de leur vie mais ce n’est visiblement pas l’objet du film. Le seul contenu un tant soit peu consistant, on le doit à la lecture par un personnage de quelques pages d’un livre du philosophe allemand Peter Sloterdijk. Le cinéaste assume le vide de son film : « Je voulais revendiquer, dans les temps qui courent, qu’on peut avoir envie d’aller au cinéma pour voir un film aussi simple que celui-ci. » Une partie de la Critique semble avoir apprécié cette simplicité.
Elle: 2 étoiles
Lui : 1 étoile

Acteurs: Itsaso Arana, Vito Sanz, Francesco Carril, Irene Escolar
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Francesco Carril, Itsaso Arana et Irene Escolar dans Venez voir (Tenéis que venir a verla) de Jonás Trueba.

13 novembre 2023

Les Tribulations de Balthazar Kober (1988) de Wojciech Has

Titre original : « Niezwykla podróz Baltazara Kobera »

Les tribulations de Balthazar Kober (Niezwykla podróz Baltazara Kobera)Allemagne, XVIe siècle. L’adolescent Balthazar, naïf et un peu bègue, est capable de parler avec les morts, notamment son frère jumeau décédé à l’âge de cinq ans et sa défunte mère. L’archange Gabriel lui est aussi apparu. Son père l’envoie apprendre la théologie à Dresde, sous la tutelle d’un recteur plutôt inquiétant. Tourmenté par ses camarades, il a une vision qui lui demande de retourner voir son père mourant. En chemin, il rencontre l’extravagant Papagallo à la tête d’un groupe de saltimbanques, sorte de société secrète. Il entrevoit une jolie joueuse de luth, Rosa, dont il tombe amoureux. Il rencontre ensuite le Maitre (Michael Lonsdale), qui le prend pour disciple, lui ouvre l’esprit et conforte sa foi. Balthazar compulse de gros manuscrits interdits par l’Église, découvre les arcanes de la cabale, les symboles du monde à l’envers. Parvenu à Venise, il retrouve Rosa sur le fleuve des morts…
Les Tribulations de Balthasar Kober est un film franco-polonais écrit et réalisé par Wojciech Has, son ultime long métrage, d’après le roman de l’écrivain français Frédérick Tristan, Les Tribulations héroïques de Balthasar Kober publié en 1980. L’histoire est riche (exceptionnellement, le résumé ci-dessus est complet pour aider à mieux comprendre, j’aurais aimé lire ce type de résumé avant de voir le film). Aspirant à l’illumination spirituelle, le jeune Balthazar parcourt une Europe engluée dans les problèmes religieux à la recherche d’une jeune fille qui, à ses yeux, représente la Grâce. Il s’agit donc d’un parcours initiatique dans la veine du Manuscrit trouvé à Saragosse, mais les aventures sont ici plus sombres et moins picaresques. Plus gênant, l’ensemble sonne faux, le récit peine à nous intéresser et paraît même ennuyeux. Il ne reste qu’à admirer l’esthétisme de Wojciech Has, certains de ses plans sont de véritables tableaux. (1)
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Rafal Wieczynski, Michael Lonsdale, Adrianna Biedrzynska, Gabriela Kownacka, Emmanuelle Riva, Daniel Emilfork, Zbigniew Zamachowski
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(1) Le site de la cinémathèque polonaise qui permet de voir ce film précise dans sa présentation : « L’intrigue est ennuyeuse mais l’esthétisme travaillé du film est remarquable. Il s’inspire des peintures de la fin de la Renaissance et du début du baroque peintes par Sandro Boticelli, Rafael Santi, Rembrandt, Michel-Ange Le Caravage ou Hieronim Bosch. En plus de cela, on pourra noter un certain surréalisme typique de Wojciech Has. » (lien)

Rafal Wieczynski dans Les tribulations de Balthazar Kober (Niezwykla podróz Baltazara Kobera) de Wojciech Has.
Adrianna Biedrzynska dans Les tribulations de Balthazar Kober (Niezwykla podróz Baltazara Kobera) de Wojciech Has.
Jerzy Bonczak et Michael Lonsdale dans Les tribulations de Balthazar Kober (Niezwykla podróz Baltazara Kobera) de Wojciech Has.

30 octobre 2023

Murina (2021) de Antoneta Alamat Kusijanovic

MurinaSur l’île croate où elle vit, Julija, 17 ans, souffre de l’autorité excessive de son père. Le réconfort, elle le trouve au contact de sa mère et de la mer, un refuge dont elle explore les richesses. L’arrivée d’un riche ami de son père exacerbe les tensions au sein de la famille. Serait-ce pour elle l’occasion de s’émanciper ?
Murina est un film croate écrit et réalisé par Antoneta Alamat Kusijanović, son premier long métrage. Dans une nature belle mais austère, celle de ces iles arides et caillouteuses, l’histoire met en scène un affrontement familial tendu. Tout est vu à travers les yeux de la jeune fille. La réalisatrice précise : « Il était important, pour moi, de raconter l’histoire de ces deux générations de femmes piégées dans le machisme et la violence, ce que beaucoup d’entre nous appellent la « mentalité croate ». » La tension est forte, l’atmosphère rendue oppressante par les colères retenues du du père. Celui-ci espère vendre à son ami (et ancien patron) un projet d’hôtel sur son terrain. L’ensemble est peu glaçant mais mérite notre intérêt. Caméra d’Or à Cannes.
Elle: 3 étoiles
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Gracija Filipovic, Leon Lucev, Danica Curcic, Cliff Curtis
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Remarque :
La réalisatrice a probablement cherché à tirer l’ensemble vers la mythologie en associant la jeune fille à une murène, animal (à mauvaise réputation) qui serait dit-on capable de s’arracher un morceau de chair pour se libérer d’un piège. Cela est souligné par certains critiques mais cela peut paraître secondaire.

Leon Lucev et Gracija Filipovic dans Murina de Antoneta Alamat Kusijanovic.

29 octobre 2023

Fatum (2023) de Juan Galiñanes

FatumLuis est accroc aux paris sportifs. Sa femme menace de le quitter. Malgré sa promesse d’arrêter de jouer, il se rend « une dernière fois » chez son bookmaker habituel accompagné de ses enfants pour se refaire. Des braqueurs font irruption, la police est rapidement sur les lieux et les clients sont retenus en otage…
Fatum est un film espagnol coécrit et réalisé par Juan Galiñanes. L’idée de départ est plutôt bonne ; le cinéaste a visiblement cherché à aller plus loin que la situation classique du hold-up avec otages en y juxtaposant une seconde situation reposant sur la notion de responsabilité et d’attachement (j’emploie des mots très globaux pour ne rien dévoiler). L’idée paraît bonne mais, en pratique, son exploitation fait retomber l’ensemble dans des schémas classiques que l’on a l’impression d’avoir vu mille fois. On peut aussi reprocher à cette histoire d’être hautement improbable. Juan Galiñanes a toutefois réussi à installer une tension qui ne faiblit pas, même si l’issue est trop prévisible. Le film n’est pas sorti en salles en France.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Luis Tosar, Álex García, Elena Anaya
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Álex García et Luis Tosar dans Fatum de Juan Galiñanes.

20 octobre 2023

Les Banshees d’Inisherin (2022) de Martin McDonagh

Titre original : « The Banshees of Inisherin »

Les Banshees d'Inisherin (The Banshees of Inisherin)En 1923, la guerre civile irlandaise touche à sa fin. Pádraic vit sur une petite île au large de la côte ouest de l’Irlande. Du jour au lendemain, Colm, son meilleur ami, décide de ne plus lui parler. Qu’a-t-il fait ou dit pour mériter ça ? Rien : Colm estime juste que Pádraic est ennuyeux et il préfère consacrer les années qui lui restent à composer de la musique…
Les Banshees d’Inisherin (1)(2) est un film irlandais écrit et réalisé par Martin McDonagh. La mise en place est plaisante, elle nous surprend, nous amuse et nous laisse augurer une comédie originale. Les paysages sont très beaux et le microcosme de cette île minuscule permet des situations cocasses. Hélas, le film tourne ensuite en rond, rien n’est apporté de nouveau et le scénario sombre bêtement dans la surenchère avec des scènes d’automutilation pénibles à supporter. L’histoire se finit un peu n’importe comment, très pauvrement. Le film a été bien accueilli. Il est vrai qu’il est original par sa situation de départ mais pêche par son manque de développement intéressant.
Elle: 2 étoiles
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Colin Farrell, Brendan Gleeson, Kerry Condon, Barry Keoghan
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(1) Une banshee est une créature féminine surnaturelle de la mythologie celtique irlandaise, considérée comme une magicienne ou une messagère de l’Autre monde. Elle pleure la nuit pour annoncer une mort prochaine.
(2) L’île d’Inisherin n’existe pas en tant que telle mais les îles d’Aran forment un groupe de trois îles qui barrent l’entrée de la baie de Galway : Inishmore (31 km2, 800 habitants) (où le film a été en grande partie tourné), Inishmaan (10 km2, 180 habitants) et Inisheer (6 km2, 340 habitants), l’île du film étant censée être l’une de ces deux dernières.

Colin Farrell et Brendan Gleeson dans Les Banshees d’Inisherin (The Banshees of Inisherin) de Martin McDonagh.

14 octobre 2023

La Voix humaine (2020) de Pedro Almodóvar

Titre original : « The Human Voice »

La Voix humaine (La voz humana)Dans un grand appartement, une femme attend que son ex-amant vienne prendre ses affaires rassemblées dans trois valises. Il est censé venir les chercher mais n’arrive jamais. Enfin, le téléphone sonne…
La Voix humaine est un moyen métrage de 30 minutes écrit et réalisé par Pedro Almodóvar d’après la pièce de théâtre homonyme de Jean Cocteau. Cette pièce, écrite en 1929, a été adaptée de nombreuses fois sur les planches, à la télévision et même au cinéma. Almodovar s’en était inspiré très librement pour Femmes au bord de la crise de nerfs (1988) et dans La Loi du désir (1987) il avait déjà repris la fin du monologue. L’originalité est de cette pièce de n’avoir qu’un seul personnage qui parle au téléphone. Cela ne nous empêche pas d’apprendre beaucoup sur la nature de la liaison de cette femme et de son amant. Pedro Almodóvar l’a tourné en anglais, une première pour le cinéaste, et Tilda Swinton fait une belle prestation. Les décors, pleins de couleurs, sont remarquables.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Tilda Swinton
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Tilda Swinton dans La Voix humaine (La voz humana) de Pedro Almodóvar.

11 octobre 2023

Godland (2022) de Hlynur Pálmason

Titre original : « Vanskabte land »

Godland (Vanskabte land)À la fin du XIXe siècle, Lucas, prêtre danois, arrive en Islande avec pour missions de construire une église et de photographier la population. Ce voyage va mettre sa foi à rude épreuve du fait de conditions difficiles et d’une nature belle mais inhospitalière…
Godland est un film dano-franco-islandais écrit et réalisé par l’islandais Hlynur Pálmason. Il s’agit d’une pure fiction, même si un panneau en exergue nous laisse supposer le contraire (1). Ce récit est original et plutôt riche, puisqu’il aborde plusieurs thèmes : la foi, la peur de Dieu, le besoin de trouver sa place, les difficultés de communication, ce qui rapproche ou oppose les hommes. La nature rend ces questions plus aigües : les paysages sont beaux mais la nature est plutôt hostile, du moins très exigeante. Le cinéaste adopte un rythme très lent, avec peu de paroles échangées mais une importance donnée au détail. Il a opté pour un format proche du 1:1 (carré) des chambres photographiques de l’époque (2). Tout le tournage a été fait en Islande dans la région où vit le réalisateur, les décors sont des espaces qu’il connait bien. L’ensemble est sans doute un peu austère mais aussi assez envoutant.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Elliott Crosset Hove, Ingvar Sigurdsson, Vic Carmen Sonne, Jacob Lohmann, Hilmar Guðjónsson
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(1) Un panneau annonce juste après le titre du film : « Un coffret en bois, contenant sept négatifs sur plaque en verre pris par un prêtre danois, fut découvert en Islande. Ce sont les plus anciennes photographies de la côte sud-est islandaise. Le film est inspiré de ces clichés. »
Cette annonce est à considérer comme partie intégrante de la fiction : un tel coffret n’a jamais été découvert dans la réalité.


(2) La technique photographique utilisée par le prêtre est celle du « collodion humide » :
La plaque de verre au collodion humide (ioduré et bromuré), inventée en 1851 par Frederick Scott Archer (1813-1857), était trempée dans une solution de nitrate d’argent afin de synthétiser l’iodure et le bromure d’argent qui sont photosensibles. Malgré sa complexité, cette technique permettait un temps de pose inférieur à 30 secondes. Le procédé présentait un inconvénient majeur : Le négatif devait être préparé, exposé, puis développé aussitôt, car, une fois sec, il devenait insensible. C’est ce procédé qu’a utilisé le photographe Eadweard Muybridge pour produire ses photographies du galop d’un cheval. (Lire sur Wikipedia)

Elliott Crosset Hove dans Godland (Vanskabte land) de Hlynur Pálmason.