19 juillet 2016

Rouges et blancs (1967) de Miklós Jancsó

Titre original : « Csillagosok, katonák »

Rouges et blancsRussie, 1918. Des communistes hongrois sont venus prêter main forte aux bolchéviques en guerre contre l’armée des russes blancs. Dans la campagne des bords de la Volga, les combattants des deux camps se pourchassent et s’entretuent. Les prisonniers sont le plus souvent exécutés sommairement… Le réalisateur hongrois Miklós Jancsó a tourné Rouges et blancs juste après Les Sans-espoir, confirmant ainsi auprès du public international qu’il était bien à compter parmi les plus grands cinéastes. Il s’attache ici à montrer la cruauté de la guerre, notamment par le comportement des vainqueurs envers les vaincus. On ne peut pas dire qu’il prenne parti : il renvoie les deux camps dos à dos, montrant qu’ils sont capables des mêmes actes cruels. Nous n’avons pas le temps de s’attacher à un personnage ; le vainqueur d’un moment peuvent se retrouver vaincu dans les minutes qui suivent avant de reprendre le dessus à la faveur d’un retournement de situation. En écho à cette ronde funeste, le mouvement tournant est omniprésent, que ce soit pour les personnages auxquels on donne sans arrêt des ordres de placement (créant ainsi une sorte de ballet) ou pour la caméra qui les suit (travellings, panotages). Nous sommes dans une spirale sans fin où les représailles succèdent aux représailles. L’image est superbe. Avec un esthétisme certain, Miklós Jancsó nous montre la guerre comme rarement elle a été montrée.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: József Madaras, Tibor Molnár, András Kozák
Voir la fiche du film et la filmographie de Miklós Jancsó sur le site IMDB.

Voir les autres films de Miklós Jancsó chroniqués sur ce blog…

Voir les livres sur Miklós Jancsó

Remarque :
* L’un des officiers blancs est interprété par Nikita Mikhalkov (22 ans), futur réalisateur russe, notamment de Soleil trompeur 2, Palme d’Or à Cannes en 2010 (il me semble que c’est celui qui force la jeune fille à se déshabiller avant de la « donner » à deux soldats, mais je n’en suis pas certain).

Rouges et blancs
L’affrontement final dans Rouges et blancs de Miklós Jancsó.

Rouges et blancs

18 juillet 2016

Les Sans-espoir (1966) de Miklós Jancsó

Titre original : « Szegénylegények »

Les sans-espoirDans la Hongrie de 1869, le pouvoir en place cherche à démasquer les « sans-espoir », sorte de bandits d’honneur qui ont pris une part active dans la révolution de 1948 et continué de se rebeller ensuite contre la misère. Le gouverneur Raday a arrêté plus d’une centaine de paysans pauvres et les a enfermés dans un fortin isolé. Les militaires utilisent plusieurs stratagèmes cruels pour que les prisonniers dénoncent les sans-espoir parmi eux… Les Sans-espoir n’est pas le premier film du hongrois Miklós Jancsó mais c’est celui qui l’a fait connaitre sur le plan international : en compétition à Cannes en 1966, il stupéfia le public et la critique. Son contenu est indéniablement politique sans être centré sur un pays ou époque donnés, il s’agit d’une réflexion sur la répression et sur le pouvoir, sur la place de l’homme dans une société en mutation politique. Les sans-espoir Miklós Jancsó n’accorde pas de place à l’émotion, son récit est froid, très descriptif. Mais ce sont l’esthétique et la mise en scène qui étonnent le plus. L’image en noir et blanc très contrasté, légèrement surexposée, donne une dimension particulière aux décors dénudés de ce fortin placé au milieu de nulle part. Le montage est réduit à la juxtaposition de longs plans-séquences où personnages et caméra tournent en permanence, formant une harmonieuse chorégraphie. Les dialogues sont réduits à l’essentiel. Miklós Jancsó crée ainsi un univers esthétique fascinant et envoutant.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: János Görbe, Zoltán Latinovits, Tibor Molnár
Voir la fiche du film et la filmographie de Miklós Jancsó sur le site IMDB.

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Remarques :
* Bien entendu, il est difficile de ne pas voir dans le film une allégorie de la répression qui a suivi l’insurrection de Budapest de 1956 contre l’Union soviétique. Miklós Jancsó a déclaré à Cannes que son film n’avait rien à voir avec les évènements récents de Budapest mais, comme le cinéaste l’a reconnu plus tard, tout le monde savait que cette déclaration n’était pas vraie…

Les Sans-espoir
Miklós Jancsó (au centre) sur le tournage de Les Sans-espoir.