26 juillet 2024

Les Trois Mousquetaires (1973) de Richard Lester

Titre original : The Three Musketeers

Les trois mousquetaires (The Three Musketeers)Arrivant à Paris de sa Gascogne natale, le jeune d’Artagnan parvient à entrer dans le fameux régiment des Mousquetaires du roi Louis XIII. Il se lie d’amitié avec trois d’entre eux : Athos, Porthos et Aramis et deviendront inséparables. Sa logeuse, Constance Bonacieux, dont il est tombé amoureux, est aussi la confidente de la reine Anne d’Autriche…
Les Trois Mousquetaires est un film américain réalisé par Richard Lester. C’est l’une des adaptations les plus connues du roman d’Alexandre Dumas père. L’accent a été mis sur l’humour et la comédie, voire la bouffonnerie, sans que le film ne soit une satire toutefois. Lester ne rechigne pas à certains anachronismes pour nous distraire. Les combats sont patauds et tournent invariablement à la farce. Le budget fut important et le casting impressionnant. L’ensemble manque de panache mais reste divertissant. Un temps prévue pour être intégrée dans un unique film de plus de trois heures, la suite, On l’appelait Milady, fut tournée dans la foulée (1).
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Oliver Reed, Raquel Welch, Richard Chamberlain, Michael York, Frank Finlay, Christopher Lee, Geraldine Chaplin, Jean-Pierre Cassel, Roy Kinnear, Georges Wilson, Simon Ward, Faye Dunaway, Charlton Heston, Joss Ackland, Nicole Calfan, Michael Gothard
Voir la fiche du film et la filmographie de Richard Lester sur le site IMDB.

Voir les autres films de Richard Lester chroniqués sur ce blog…

Michael York et Raquel Welch dans Les trois mousquetaires (The Three Musketeers) de Richard Lester.

Remarque :
• Le projet avait un temps (à la fin des années soixante) été pensé pour être un film avec les Beatles, que Richard Lester avait déjà dirigé dans deux films. Ce projet n’a pas abouti mais Richard Lester est resté.

(1) S’estimant lésés d’avoir été payés pour un film et non pour deux films, les acteurs et l’équipe de tournage attaquèrent la production en justice. Peu après, la Screen Actors Guild a inclus dans les contrats des acteurs la clause « Salkind » (nom du producteur de Superman / Superman 2 qui fut un cas similaire) qui stipule qu’une production ne peut être scindée en deux sans accord contractuel préalable.

Frank Finlay, Oliver Reed, Michael York et Richard Chamberlain.
Photo publicitaire pour Les Trois Mousquetaires (The Three Musketeers) de Richard Lester.

Principales adaptations au cinéma :
a) Versions de l’époque du muet :
1903: Les Mousquetaires de la reine (1903) de Georges Méliès (film perdu)
1909: I tre moschettieri de Mario Caserini (Italie, 16 mn)
1911: The Three Musketeers de J. Searle Dawley (USA, 2 x 10mn) (Edison)
1912: When Kings were the Law de D.W. Griffith (USA, 17 mn)
1912: Les Trois Mousquetaires de André Calmettes et Henri Pouctal (France, durée ?)
1914: The Three Musketeers de Charles V. Henkel (USA, 80 mn env.) avec Earl Talbot (film perdu?)
1916: The Three Musketeers de Charles Swickard (USA, 63 mn) avec Orrin Johnson
1921: The Three Musketeers de Fred Niblo (USA, 119 mn) avec Douglas Fairbanks
1921: Les Trois Mousquetaires de Henri Diamant-Berger (France, 720 mn) avec Aimé Simon-Girard
1922: L’Étroit Mousquetaire de Max Linder (USA, 58 mn) avec Max Linder (parodie)

b) Versions du parlant :
1932: Les Trois Mousquetaires de Henri Diamant-Berger (France, 246 mn) avec Aimé Simon-Girard
1935: The Three Musketeers de Rowland V. Lee (USA) avec Walter Abel
1939: The Three Musketeers de Allan Dwan (USA) avec Don Ameche (comédie)
1942: Los Tres Mosqueteros de Miguel M. Delgado (Mexique) (parodie)
1948: The Three Musketeers de George Sidney (USA) avec Lana Turner et Gene Kelly
1953: Les Trois Mousquetaires de André Hunebelle (France) avec Georges Marchal et Bourvil
1954: I Cavalieri della regina de Mauro Bolognini (Italie)
1957: Les Trois Mousquetaires et demi de Gilberto Martínez Solares (Mexique)(parodie)
1961: Les Trois Mousquetaires de Bernard Borderie (France en 2 parties) avec Gérard Barray et Mylène Demongeot
1973: The Three Musketeers de Richard Lester (USA) avec Michael York et Raquel Welch
1974: The Four Musketeers de Richard Lester (USA) avec Michael York et Raquel Welch
1974: Les Quatre Charlots mousquetaires de André Hunebelle (France) (parodie)
1993: The Three Musketeers de Stephen Herek (USA) avec Charlie Sheen et Chris O’Donnell
2001: The Musketeer de Peter Hyams (UK) avec Justin Chambers et Catherine Deneuve
2005: Les Trois Mousquetaires de Pierre Aknine (France) avec Vincent Elbaz et Emmanuelle Béart
2011: The Three Musketeers de Paul W.S. Anderson (USA) avec Logan Lerman, Juno Temple, Orlando Bloom et Milla Jovovich
2023: Les Trois Mousquetaires: D’Artagnan de Martin Bourboulon avec François Civil
et d’innombrables versions TV…
… et beaucoup d’autres films d’un univers proche (suites, filiations, etc.)

Versions chroniquées sur ce blog :
1921: The Three Musketeers de Fred Niblo (USA, 119 mn) avec Douglas Fairbanks
1921: Les Trois Mousquetaires de Henri Diamant-Berger (France, 720 mn) avec Aimé Simon-Girard
1922: L’Étroit Mousquetaire de Max Linder (USA, 58 mn) avec Max Linder (parodie)
1948: The Three Musketeers de George Sidney (USA) avec Lana Turner et Gene Kelly
1961: Les Trois Mousquetaires de Bernard Borderie (France en 2 parties) avec Gérard Barray et Mylène Demongeot
2023: Les Trois Mousquetaires: D’Artagnan de Martin Bourboulon avec François Civil

16 juillet 2024

La Veuve joyeuse (1934) de Ernst Lubitsch

Titre original : « The Merry Widow »

La Veuve joyeuse (The Merry Widow)Dans le royaume de Marshovie , le capitaine de la garde prince Danilo est un grand charmeur qui multiplie les conquêtes féminines. Surpris par le roi dans le boudoir de la reine, il est contraint pour se racheter d’aller séduire une jeune et jolie veuve émigrée à Paris, dont l’immense fortune est nécessaire au rétablissement des finances du royaume…
La Veuve joyeuse est un film musical américain réalisé par Ernst Lubitsch. Cette nouvelle adaptation de l’opérette autrichienne de Franz Lehár (1905) est très différente de celle, bien plus sombre, qu’en avait donnée Erich von Stroheim neuf ans plus tôt. Ici, tout n’est que joie de vivre et Maurice Chevalier est une source de bonne humeur qui semble intarissable. C’est l’image du bon vivant dans le gai Paris vu par Hollywood. La production est somptueuse, que ce soit par ses décors immenses et le nombre de figurants (notamment dans les célèbres scènes de bal). Les dialogues sont brillants, une petite merveille d’humour. Lubitsch apporte une grande vitalité par sa mise en scène virevoltante. Le succès fut au rendez-vous sans permettre, toutefois, de recouper le budget conséquent. Délicieux.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Maurice Chevalier, Jeanette MacDonald, Edward Everett Horton, Una Merkel, George Barbier, Minna Gombell
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Remarque :
• La popularité de Maurice Chevalier était alors immense et la MGM a mis beaucoup d’argent sur la table pour emprunter Lubitsch, Chevalier et Jeanette Macdonald à la Paramount.
• Ce film marque la fin de la période « comédies musicales » de Lubitsch. Son film suivant sera Ange avec Marlene Dietrich en 1937.
• Quelques très courts passages ont été coupés à la sortie par la censure mais sont rétablis dans les versions arrivées jusqu’à nous.
• Une version française fut tournée simultanément, assez différente semble-t-il, avec des dialogues de Marcel Achard et des paroles de chansons d’André Hornez. Acteurs : Maurice Chevalier, Jeanette MacDonald, Marcel Vallée, Danièle Parola, André Berley…

Jeanette MacDonald et Maurice Chevalier dans La Veuve joyeuse (The Merry Widow) de Ernst Lubitsch.
Maurice Chevalier dans La Veuve joyeuse (The Merry Widow) de Ernst Lubitsch.
Jeanette MacDonald, Maurice Chevalier et Minna Gombell dans La Veuve joyeuse (The Merry Widow) de Ernst Lubitsch.

13 juillet 2024

The Creator (2023) de Gareth Edwards

The CreatorEn 2065, l’armée américaine cherche à débusquer le « cerveau » d’une intelligence artificielle qui a lancé une ogive nucléaire sur Los Angeles, dix ans plus tôt. Son repaire est dans l’immense Nouvelle Asie dont les habitants cohabitent avec une abondante population de robots à face humaine très coopératifs, les « simulants ». Soldat américain infiltré en Asie, Joshua est séparé de sa femme Maya au cours d’un assaut…
The Creator est un blockbuster américain co-écrit et réalisé par Gareth Edwards, connu pour avoir réalisé Rogue One : A Star Wars Story. Si le film se laisse regarder sans déplaisir, ce n’est pas grâce à son scénario, qui n’est pas vraiment remarquable, mais plutôt grâce à la qualité de sa réalisation. Comme pratiquement tous les films du genre de science-fiction cyberpunk, The Creator montre une influence de Blade Runner mais il est loin d’avoir la profondeur de ce dernier. Sur le plan émotionnel, l’ensemble laisse froid. Visuellement, il est plus convaincant, utilisant l’esthétisme de décors naturels thaïlandais. Les effets spéciaux sont bien intégrés et réussis, à commencer par les robots avec leur trou béant en travers de la tête. Les scènes d’action sont prenantes. Le résultat visuel est d’autant plus notable qu’il a été atteint avec un budget modéré (pour un blockbuster). Visuellement plaisant à défaut de plus.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: John David Washington, Madeleine Yuna Voyles, Gemma Chan, Allison Janney, Ken Watanabe
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John David Washington dans The Creator de Gareth Edwards.
Madeleine Yuna Voyles dans The Creator de Gareth Edwards.

5 juillet 2024

Insomnia (2002) de Christopher Nolan

InsomniaDans une petite ville de pêcheurs d’Alaska, une jeune fille de 17 ans est retrouvée assassinée. Deux inspecteurs de la police de Los Angeles, le capitaine Will Dormer et son partenaire Hap Eckhart, sont envoyés sur place pour aider la police locale dans son enquête, à la demande du chef de la police, un ancien collègue de Dormer. Ellie Burr, une jeune détective de la police locale, qui est une grande fan du travail d’enquête de Dormer, vient les accueillir…
Insomnia est un film policier américain réalisé par Christopher Nolan. Il s’agit du remake du film norvégien Insomnia (1997) réalisé par Erik Skjoldbjærg, qui avait reçu de bonnes critiques mais une distribution limitée. Si elle ne recèle pas de grandes surprises, l’intrigue est bien tournée, évoluant rapidement en jeu du chat et de la souris, où la souris peut devenir chat et inversement. Il y a une belle profondeur dans les trois personnages principaux. Le travail de Christopher Nolan, qui travaillait ici pour la première fois avec des acteurs de premier plan, est assez remarquable. Sa mise en images montre une recherche sur les lumières (au pays où le soleil ne se couche jamais) et un cadrage qui crée une atmosphère ; il place souvent sa caméra très près des personnages comme pour mieux les sonder. Al Pacino met beaucoup d’intensité dans son personnage et Robin Williams, utilisé ici à contre-emploi, s’en sort plutôt bien (1). Le film a eu d’assez bonnes critiques même si Christopher Nolan a déclaré plus tard que c’était son film le plus sous-évalué.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Al Pacino, Robin Williams, Hilary Swank, Martin Donovan
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(1) Les deux acteurs ont des méthodes très différentes. Robin Williams a déclaré : « Ma rencontre avec Al, c’est « Monsieur Méthode » contre « Monsieur N’importe Quoi » ! » (en anglais, « Method » désigne les techniques de jeu de l’Actors Studio, Al Pacino est effectivement issu de l’Actors Studio qui préconise que les acteurs doivent intégrer totalement la psychologie de leur personnage). On raconte que, pour préparer les scènes, Al Pacino s’enfermait dans sa loge et ne sortait que lorsqu’on était prêt à tourner alors que Robin Williams restait avec l’équipe et faisait rire tout le monde.

Hilary Swank et Al Pacino dans Insomnia de Christopher Nolan.
Robin Williams et Al Pacino dans Insomnia de Christopher Nolan.

3 juillet 2024

Napoléon (2023) de Ridley Scott

Titre original : « Napoleon »

Napoléon (Napoleon)La vie de Napoléon, depuis 1793 jusqu’à sa mort sur l’île de Sainte-Hélène…
Napoléon est un film américain réalisé par Ridley Scott. Sur le plan historique, le film n’a que peu d’intérêt car il dresse un portrait très partiel de l’homme. Il ne raconte que quelques moments de la vie de Napoléon en insistant sur ses relations avec Joséphine de Beauharnais, un grand amour contrarié par les nécessités de la France. Il met en scène, de façon précipitée, quelques faits militaires : Austerlitz est ainsi réduit à un festival de chutes mortelles dans un lac gelé (en réalité, la toute dernière phase de cette bataille). En revanche, on ne le voit jamais gouverner la France, les réformes profondes accomplies ne sont pas évoquées : quand il est en France, il ne fait qu’aller voir Joséphine. Beaucoup de choses surprennent, à commencer par le caractère du personnage, montré sombre et indolent, apathique (alors qu’en réalité Napoléon était une boule d’énergie). Toute cette imprécision pourrait n’être secondaire si le récit était intéressant. Mais, hélas, on s’ennuie assez rapidement, surtout lors des scènes avec son grand amour (1). Et, malgré un budget conséquent, l’ensemble n’est pas très spectaculaire. Le film n’a pas été très apprécié, ni par la critique, ni par le public.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Joaquin Phoenix, Vanessa Kirby, Tahar Rahim, Rupert Everett, Paul Rhys, Ludivine Sagnier
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(1) Pour les courageux, le réalisateur Ridley Scott a promis une version longue du film, d’une durée de 4 heures avec de nombreuses scènes coupées autour de Joséphine de Beauharnais.

Vanessa Kirby et Joaquin Phoenix dans Napoléon (Napoleon) de Ridley Scott.

Les grands films sur Napoléon : (nota : très peu de films couvrent toute sa vie)
Napoléon (1927) d’Abel Gance
Napoléon (1955) de Sacha Guitry
Guerre et paix (1956) de King Vidor
Austerlitz (1960) d’Abel Gance
Waterloo (1970) de Sergeuï Bondartchouk
Monsieur N. (2003) de Antoine de Caunes
… sans parler du projet que Stanley Kubrick n’a jamais tourné.

Wikipédia consacre un article à Napoléon 1er au cinéma listant plus de 100 films où Napoléon apparaît. Selon l’historien et critique de cinéma Antoine de Baecque, « avec plus de 700 apparitions de Napoléon sur le grand écran […] et à peu près 350 à la télévision, l’Empereur est l’un des personnages historiques les plus représentés sur les écrans ».
A noter également un ouvrage signé Hervé Dumont « Napoléon, l’épopée en 1 000 films » (Editions Ides et Calendes, 2015)

23 juin 2024

Une heure près de toi (1932) de Ernst Lubitsch

Titre original : « One Hour with You »

Une heure près de toi (One Hour with You)André Bertier (Maurice Chevalier) vit en couple heureux avec Colette (Jeanette MacDonald), ils sont très amoureux l’un de l’autre. Mais leur bonheur va être mis à mal par l’arrivée de la meilleure amie de Colette, Mitzi (Genevieve Tobin) qui va s’efforcer d’être aimée d’André…
Une heure près de toi est un film américain réalisé par Ernst Lubitsch. C’est un remake en comédie musicale du film muet Comédiennes (The Marriage Circle, 1924) du même réalisateur (sa première comédie américaine), adaptation d’une pièce de Lothar Schmidt. Ernst Lubitsch étant en retard sur son film précédent, c’est George Cukor qui commença le tournage. En conflit avec Maurice Chevalier après deux semaines, il dût céder la place à Lubitsch tout en restant comme assistant (1). Les huit chansons sont très bien intégrées. Une heure près de toi est la troisième des quatre comédies musicales (2) qu’Ernst Lubitsch a tourné avec Maurice Chevalier dont la popularité explosait aux Etats-Unis. L’histoire est assez simple mais bien plaisante sans être à la hauteur des meilleures comédies de Lubitsch. Le film fut un gros succès et contribua à lancer la vogue des comédies musicales.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Maurice Chevalier, Jeanette MacDonald, Genevieve Tobin, Charles Ruggles, Roland Young
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Remarque :
• Il est amusant de savoir que la scène la plus osée est celle où l’on voit le couple discuter dans leur lit. Il n’était pas question à l’époque de montrer un couple, même marié, dans le même lit. On peut d’autant apprécier la façon qu’a Lubitsch de jouer avec les interdits en leur faisant éteindre et rallumer la lumière. (Le code de moralité, le Code Hays, ne sera pleinement appliqué que deux ans plus tard).
• Une version en français fut tournée simultanément avec Maurice Chevalier et Jeanette MacDonald (qui parlait couramment français) gardant leur rôle, Lili Damita remplaçant Genevieve Tobin dans le rôle de Mitzi.

(1) Lubitsch et Cukor demandèrent chacun à être crédité comme seul réalisateur. C’est un tribunal qui trancha en faveur de Lubitsch. En contrepartie, Cukor obtint le droit de casser son contrat avec Paramount pour aller tourner What Price Hollywood ? à la RKO.
(2) Parade d’amour (The Love Parade, 1929), Le Lieutenant souriant (The Smiling Lieutenant, 1931), Une heure près de toi (One Hour with You, 1932) et La Veuve joyeuse (The Merry Widow, 1934).

Maurice Chevalier et Jeanette MacDonald dans Une heure près de toi (One Hour with You) d’Ernst Lubitsch.

13 juin 2024

Detroit (2017) de Kathryn Bigelow

DetroitEn juillet 1967, d’importantes émeutes ont lieu à Détroit dans le Michigan, pour protester contre la ségrégation raciale aux États-Unis et la guerre du Viêt Nam. La police de Détroit reçoit des plaintes à propos de pillages, d’incendies et de tirs d’armes à feu pendant plusieurs jours. Les forces de l’ordre et la population afro-américaine sont sous pression et chaque situation est susceptible de dégénérer dangereusement…
Detroit est un film américain écrit par Mark Boal et réalisé par Kathryn Bigelow. Il nous relate un épisode particulier des émeutes sanglantes (43 morts et 467 blessés) de Détroit en 1967 : les évènements survenus dans un motel de la ville, le motel Algiers où des policiers, persuadés qu’on leur avait tiré dessus, ont retenu un petit groupe de suspects pendant une bonne partie de la nuit, les terrorisant, les frappant et pire encore. Cette longue scène occupe tout le centre du film et est assez dure à supporter car elle est en dehors de toute raison. Ensuite, la réalisatrice élargit le propos en montrant le procès qui a suivi, passant ainsi du particulier à une démonstration du racisme systémique de l’époque. Il est assez symptomatique que ce soit une réalisatrice norvégienne qui se soit emparé de ce sujet (ce qui lui a valu bien entendu d’être contestée). Kathryn Bigelow a l’habitude de tourner avec plusieurs caméras pour interrompre l’action le moins possible et conserver toute la puissance. Assez terrifiant, le film n’a pas connu le succès escompté.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: John Boyega, Anthony Mackie, Will Poulter, Jack Reynor, Jacob Latimore, Jason Mitchell
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Will Poulter dans Detroit de Kathryn Bigelow.

11 juin 2024

Un trou dans la tête (1959) de Frank Capra

Titre original : « A Hole in the Head »

Un trou dans la tête (A Hole in the Head)Tony Manetta, veuf, la quarantaine séduisante, vit à Miami avec son jeune fils. Il y tient un hôtel un peu miteux, est criblé de dettes et a une liaison avec une jeune écervelée volcanique. Pour éviter expulsion et saisie, il fait appel à son frère Mario, commerçant à New York qui mène avec son épouse une vie très réglée. Le couple débarque à Miami pour mettre de l’ordre dans la vie de Tony…
Un trou dans la tête (voir le vrai sens du titre ci-dessous) est un film américain de Frank Capra. Il s’agit de l’adaptation d’une pièce jouée à Broadway et écrite par Arnold Schulman. C’est une comédie assez amusante dont l’originalité est d’avoir pour pivot central la relation d’un père irréfléchi avec son jeune fils qui a, lui, les pieds bien sur terre. Le ton oscille entre comédie et tendresse. L’ensemble est plaisant mais reste bien en deçà des meilleurs films de Frank Capra (qui signe là son premier film en couleurs et son premier en Cinémascope). A noter que le film a fait connaître la chanson « High Hopes » de Frank Sinatra qui sera reprise comme thème pour la campagne de John Kennedy l’année suivante.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Frank Sinatra, Edward G. Robinson, Eleanor Parker, Carolyn Jones, Thelma Ritter, Keenan Wynn
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Thelma Ritter, Eddie Hodges, Frank Sinatra et Edward G. Robinson dans Un trou dans la tête (A Hole in the Head) de Frank Capra.

Remarque :
• Contrairement aux apparences, le « trou dans la tête » du titre original n’a pas le sens de « folie » ou de « un neurone en moins ». En anglais, l’expression « need something like a hole in the head » s’applique à une chose que l’on ne veut pas (littéralement « avoir autant besoin de cette chose qu’un trou dans la tête »). L’expression s’applique généralement à une chose qui nous est imposée. Frank Sinatra emploie l’expression dans ce sens plusieurs fois quand il discute avec son fils. Plusieurs photos promotionnelles du film montrent les acteurs (et même toute l’équipe) avec une flèche plantée dans le crâne.

Toute l’équipe du tournage de A Hole in the Head de Frank Capra.
Frank Capra est au centre (chemise blanche)

28 mai 2024

Misanthrope (2023) de Damián Szifron

Titre original : « To Catch a Killer »

MisanthropeEleanor Falco est une jeune patrouilleuse de la police de Baltimore. Elle se retrouve un soir sur la scène d’une tuerie de masse dans un immeuble perpétrée par un sniper qui a fait une trentaine de victimes. Son profil atypique séduit Geoffrey Lammark, agent fédéral chargé de cette enquête très médiatisée…
Misanthrope est un film américain coécrit et réalisé par Damián Szifrón, réalisateur argentin qui signe là son quatrième long métrage (en vingt ans). Il s’agit d’un thriller, la traque de l’auteur d’une tuerie de masse. Si l’idée peut paraître peu originale, le film l’est indéniablement. C’est en grande partie grâce à son personnage principal : loin d’être une solide superflic, la jeune femme policière au centre de l’histoire montre une certaine instabilité psychologique. Elle va utiliser ses propres troubles pour tenter de comprendre l’esprit torturé du criminel et parvenir à le débusquer. Shailene Woodley fait une belle prestation dans ce personnage complexe. Le scénario est très bien écrit et montre une belle profondeur.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Shailene Woodley, Ben Mendelsohn, Jovan Adepo, Ralph Ineson
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Shailene Woodley dans Misanthrope de Damián Szifron.
Jovan Adepo, Ben Mendelsohn et Shailene Woodley dans Misanthrope de Damián Szifron.

20 mai 2024

Killers of the Flower Moon (2023) de Martin Scorsese

Killers of the Flower MoonAu début du XXème siècle en Oklahoma, le pétrole a apporté la fortune au peuple Osage qui, du jour au lendemain, est devenu l’un des plus riches du monde. La richesse de ces Amérindiens attire aussitôt la convoitise de Blancs peu recommandables qui intriguent, soutirent et volent autant d’argent Osage que possible avant de recourir au meurtre…
Killers of the Flower Moon est un film américain réalisé par Martin Scorsese. Il en a écrit le scénario avec Eric Roth en se basant sur le roman non fictionnel du même nom (La Note américaine en français) de David Grann, paru en 2017. L’histoire est hélas véridique. Contrairement au livre, Martin Scorsese centre son récit non pas sur l’enquête mais sur les méfaits de deux des protagonistes : l’un est machiavélique et cupide, l’autre est imbécile, capable de tout détruire sans penser à mal. Le film a été doté d’un très gros budget, 200 millions, le plus gros pour le réalisateur. La mise en scène de Scorsese est parfaite, sans aucun défaut si ce n’est la longueur : c’est beaucoup, beaucoup, trop long (3h30). Il a réuni ses deux acteurs fétiches et on reste sans voix devant la performance de Leonardo DiCaprio : vraiment un très grand acteur. Et Martin Scorsese prouve, à 80 ans, qu’il est toujours l’un des plus grands.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Leonardo DiCaprio, Robert De Niro, Lily Gladstone, Jesse Plemons, Tantoo Cardinal, John Lithgow, Brendan Fraser
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Leonardo DiCaprio et Robert De Niro dans Killers of the Flower Moon de Martin Scorsese.

Remarque :
• Explication du titre : la « Lune des fleurs » (Flower Moon) est une fleur qui pousse dans les prairies des terres de la tribu Osage en Oklahoma, là où se sont déroulés les meurtres d’amérindiens dans les années 1920.

Killers of the Flower Moon de Martin Scorsese.