27 juillet 2023

Chère Louise (1972) de Philippe de Broca

Chère LouiseUne quadragénaire, divorcée et sans famille, fait la rencontre d’un jeune immigré italien désoeuvré…
Chère Louise est un film français réalisé par Philippe de Broca. Contrairement à son habitude, le cinéaste a peu participé à l’écriture du scénario qui est l’œuvre de Jean-Loup Dabadie, d’après L’Éphèbe de Subiaco, une des quatre nouvelles qui composent Le Thé sous les cyprès du romancier français Jean-Louis Curtis. Le réalisateur est en dehors de son registre habituel : Chère Louise est un film dramatique avec une certaine mélancolie. L’histoire a beau être inspirée de faits réels, elle ne paraît guère crédible. La mise en scène est précise et l’interprétation parfaite mais on garde l’impression d’assister à une représentation, d’être face à des acteurs qui jouent un rôle. Ce ne serait pas si grave si le contenu montrait une certaine profondeur. Mais ce n’est hélas pas le cas. L’ensemble est plutôt terne et décevant. Un film atypique dans la filmographie de Philippe de Broca.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Jeanne Moreau, Julian Negulesco, Didi Perego, Yves Robert
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Chère LouiseJulian Negulesco et Jeanne Moreau dans Chère Louise de Philippe de Broca.

21 février 2023

Le Train (1964) de John Frankenheimer

Titre original : « The Train »

Le Train (The Train)En août 1944, un colonel allemand, grand amateur d’art, fait évacuer pour les envoyer en Allemagne des tableaux de maîtres de la galerie nationale du Jeu de paume et des œuvres dites « dégénérées » issues de spoliations en France. Des cheminots de la Résistance vont tout faire pour que le train de marchandises qui les transporte n’arrive pas à destination…
Le Train est un film américain de John Frankenheimer. Le scénario, signé Franklin Coen et Frank Davis, s’inspire d’un épisode réel de la Seconde Guerre mondiale, le déraillement en France du train dit « d’Aulnay » en août 1944 (1), et relie cet évènement au pillage organisé des œuvres d’art. Hormis le premier rôle tenu par Burt Lancaster, tous les personnages français sont joués par acteurs français (doublés en anglais). Destiné, nous dit-on en exergue, à mettre en valeur l’héroïsme des cheminots de la Résistance, le film n’a pas la force qu’il devrait avoir. L’ensemble paraît en effet un peu artificiel, il manque d’authenticité mais les scènes d’action et de suspense sont réussies.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Burt Lancaster, Paul Scofield, Jeanne Moreau, Suzanne Flon, Michel Simon, Wolfgang Preiss, Albert Rémy, Charles Millot
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Remarques :
• Bernard Farrel est crédité comme coréalisateur sur les copies (et les affiches) françaises. Exigé par la législation fiscale française, il n’était pas autorisé à mettre les pieds sur le plateau et son nom est totalement absent des copies américaines.
• Dans la VO, tous les personnages parlent anglais (même les allemands entre eux). La version doublée en français n’a pas ce défaut. Il n’est pas donc impossible que la V.F. paraisse plus authentique.
• Lors d’une journée de repos, Burt Lancaster se blessa à la jambe en jouant au golf. Afin qu’il puisse tourner les scènes restantes en claudiquant, il fut décidé de rajouter une scène où son personnage reçoit une balle dans la jambe !

(1) Le « train d’Aulnay » est un fait réel, mais il transportait principalement des meubles.
(2) Le Train est basé sur le livre, paru en 1961, Le front de l’art de Rose Valland, historienne de l’art au Musée du Jeu de Paume, qui raconte avec détails comment les œuvres d’art, qui avaient été pillées par les Allemands dans les musées et les collections privées dans toute la France, y furent triées pour être expédiés en Allemagne pendant la Seconde Guerre mondiale.

Le Train (The Train)Albert Rémy, Charles Millot et Burt Lancaster dans Le Train (The Train) de John Frankenheimer.

Homonyme :
Le Train de Pierre Granier-Deferre (1973) avec Jean-Louis Trintignant et Romy Schneider

29 novembre 2022

Le Paltoquet (1986) de Michel Deville

Le PaltoquetDans le bar français d’une ville portuaire coloniale, quatre hommes se retrouvent chaque jour pour jouer au bridge. Un soir, leur partie est interrompue par le commissaire de police ; il enquête sur le meurtre d’un voyageur inconnu dans un hôtel de passe voisin…
Le Paltoquet est un film français écrit et réalisé par Michel Deville. Il s’inspire du roman On a tué pendant l’escale de Franz-Rudolph Falk (pseudonyme de Philippe du Puy de Clinchamps). C’est un film qui nous surprend par sa forme, d’une grande abstraction, aux accents brechtiens, et nous séduit par la brillance de ses dialogues et de son interprétation. C’est un huis-clos, le bar est en fait un vaste hangar vide avec une unique table et un grand hamac, et Michel Deville parvient à insérer ponctuellement d’autres lieux avec une grande élégance de mouvements de caméra. Du grand art. La musique est utilisée pour ponctuer ou même annoncer l’arrivée d’un personnage. L’ensemble est stylisé, aérien. Les jeux de mots fusent. L’intrigue policière n’est pas le plus important mais joue avec le fait que chacun peut être coupable ou victime. Le fond du propos est plutôt sur l’obsession et le fantasme, avec un épilogue buñuellien. L’interprétation est parfaite, le plus remarquable de tous est certainement Michel Piccoli (Le Paltoquet, c’est lui) dans un personnage étrange aux multiples facettes. Un film surprenant, brillant et espiègle, qui pourra toutefois dérouter…
Elle:
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Michel Piccoli, Fanny Ardant, Claude Piéplu, Jean Yanne, Daniel Auteuil, Richard Bohringer, Philippe Léotard, Jeanne Moreau, Thuy An Luu
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Le PaltoquetJeanne Moreau, Michel Piccoli, Richard Bohringer, Jean Yanne, Fanny Ardant, Daniel Auteuil et Claude Piéplu dans Le Paltoquet de Michel Deville.

17 novembre 2022

Les Valseuses (1974) de Bertrand Blier

Les valseusesDeux jeunes voyous commettent de petits larcins et s’amusent à terroriser les habitants de leur quartier. A la suite d’un vol de voiture, ils doivent fuir et entraînent avec eux une fille gentille et maussade…
Les Valseuses est le deuxième long-métrage de fiction réalisé par Bertrand Blier. Il s’agit d’une adaptation de son roman homonyme qui connut un certain succès éditorial en 1972. C’est un film assez provocateur qui fit scandale du fait d’une certaine vulgarité et parce qu’il rendait sympathiques ces deux loubards. On l’a aussi accusé d’être misogyne. Le film est indéniablement tout cela mais Les Valseuses fut surtout un pavé dans la mare du cinéma français qui était un peu trop sage aux yeux de Bertrand Blier. Son récit n’est pas dénué de profondeur car il ne se contente pas de nous bousculer avec son humour irrévérencieux : il parvient à faire ressentir chez ses personnages un fort appétit de vivre mêlé à certain désespoir. Malgré les situations parfois très choquantes (viols) et le malaise que l’on peut ressentir, l’humour est omniprésent, un humour noir, alimenté par des dialogues très crus. On ressent un plaisir un peu coupable. Banni par la critique, Les Valseuses connut un énorme succès en salles. Le film révéla Gérard Depardieu, Patrick Dewaere et Miou-Miou.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Gérard Depardieu, Miou-Miou, Patrick Dewaere, Brigitte Fossey, Jeanne Moreau, Jacques Chailleux, Isabelle Huppert
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Remarque :
* Dans les petits rôles, on remarque les débutants Thierry Lhermitte, Gérard Jugnot et Isabelle Huppert.


Les valseusesGérard Depardieu, Miou-Miou et Patrick Dewaere dans Les valseuses de Bertrand Blier.

23 mai 2021

Gas-oil (1955) de Gilles Grangier

Gas-oilAlors qu’il fait nuit noire et qu’il pleut à verse, le camion de Jean Chappe roule sur un corps étendu sur la chaussée, à côté de sa voiture. Cet homme avait participé quelques heures auparavant à un braquage sanglant. Ses complices retrouvent Jean et tentent de l’intimider, pensant qu’il a récupéré le butin du braquage lors de l’accident…
Réalisé par Gilles Grangier, Gas-oil est un film basé sur un roman de George Bayle paru dans la Série noire, Du raisin dans le gaz-oil. L’adaptation est signée par Michel Audiard et Jacques Marcerou. Précisons tout de suite que l’on ne retrouve pas ici la verve qui sera plus tard la marque de fabrique d’Audiard. Le scénario ne brille pas par son originalité sur le plan de l’intrigue policière, en outre assez simplette et presque caricaturale dans les personnages des gangsters. En fait, l’histoire semble surtout être un prétexte pour nous faire pénétrer le monde des camionneurs dont nous entrevoyons le quotidien et le fonctionnement de leurs « courses ». Le film a été patronné par une organisation professionnelle de routiers. Donc les routiers sont sympas ! La grande partie du récit se déroule en zone rurale, dans le Puy-de-Dôme. Jean Gabin a un jeu sobre et retenu. Face à lui, on retrouve Jeanne Moreau, dont la carrière débutait alors brillamment, et Ginette Leclerc, actrice sous-estimée qui fut hélas toujours cantonnée dans les rôles de garce (et c’est encore le cas ici).
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Jean Gabin, Jeanne Moreau, Ginette Leclerc, Marcel Bozzuffi, Roger Hanin
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Gas-oilJean Gabin dans Gas-oil de Gilles Grangier.

11 avril 2021

Falstaff (1965) de Orson Welles

Titre original : « Campanadas a medianoche »
Titre USA : « Chimes at midnight »

Falstaff (Campanadas a medianoche)Aux alentours de 1400, le prince Hal, fils du roi Henri IV d’Angleterre, passe la plupart de son temps à la taverne Boar’s Head, à boire et à s’amuser avec des prostituées, des voleurs et d’autres criminels sous l’influence patriarcale de Falstaff. Ce dernier insiste sur le fait que lui et Hal devraient se considérer comme des gentlemen, mais Hal avertit Falstaff qu’il rejettera un jour à la fois ce style de vie et Falstaff…
Falstaff est un film hispano-suisse d’Orson Welles, basé sur le personnage de Falstaff présent dans plusieurs pièces de William Shakespeare, notamment Henri IV et Les Joyeuses Commères de Windsor. Le personnage est un bon vivant, corpulent, grotesque, gros buveur, un bouffon en quelque sorte mais aussi pur et bon. Orson Welles lui donne de l’épaisseur et oppose sa philosophie de vie à la logique du pouvoir. Son amitié avec le fils du roi est solide mais ne résistera pas un seul instant lorsque que ce dernier sera appelé à tenir son rang. « Falstaff c’est moi » a affirmé Orson Welles et, sachant cela, la dernière partie où il se retrouve face à sa solitude est d’autant plus vibrante et émouvante. Welles s’est totalement investi dans son personnage et dans la réalisation. Sans budget important, il fait beaucoup de choses lui-même, peint les décors, coud les costumes, etc. Il fait montre de beaucoup d’inventivité pour tourner des plans audacieux. Les quelques quinze minutes de la Bataille de Shrewsbury sont étonnantes, avec une multitude de plans différents (il y en a 392).
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Orson Welles, Jeanne Moreau, Margaret Rutherford, John Gielgud, Marina Vlady, Keith Baxter
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Falstaff (Campanadas a medianoche)Orson Welles dans Falstaff (Campanadas a medianoche) de Orson Welles.

Falstaff (Campanadas a medianoche)John Gielgud dans Falstaff (Campanadas a medianoche) de Orson Welles.

Falstaff (Campanadas a medianoche)Keith Baxter et Orson Welles dans Falstaff (Campanadas a medianoche) de Orson Welles.

Falstaff (Campanadas a medianoche)Etonnante photo du tournage Falstaff (Campanadas a medianoche) de Orson Welles.
Et voilà le genre de plan qu’Orson Welles cherchait à obtenir (ci-dessous).
Falstaff (Campanadas a medianoche)

4 septembre 2019

Moderato cantabile (1960) de Peter Brook

Moderato cantabileDans une ville portuaire des bords de la Gironde, Anne Desbaresdes a l’habitude d’assister aux cours de piano de son jeune fils. Pendant l’une d’elle, une femme est assassinée dans un café proche. C’est un crime passionnel. Cherchant à en savoir plus, elle fait la rencontre d’un ancien employé de l’usine de son mari…
Moderato cantabile est adapté du roman du même nom de Marguerite Duras paru en 1958, ouvrage parfois considéré comme faisant partie des œuvres les plus réussies du Nouveau Roman. L’auteure en a coécrit l’adaptation avec Gérard Jarlot. L’anglais Peter Brook reste ainsi très fidèle à l’œuvre et ne suit pas une trame narrative forte mais plutôt s’attache à créer une atmosphère. Les deux personnages cherchent l’amour mais en ont chacun une vision personnelle. Leurs rencontres sont en apparence banales mais elles sont marquées par un désir trouble. Très belle interprétation de Jeanne Moreau et du jeune Belmondo. Un film très sobre.
Elle: 3 étoiles
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Jeanne Moreau, Jean-Paul Belmondo
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Remarques :
* Prix d’interprétation féminine au Festival de Cannes 1960 pour Jeanne Moreau (ex-aequo avec Mélina Mercouri pour Jamais le dimanche de Jules Dassin).
* Le film est souvent assimilé à la Nouvelle Vague.

Moderato cantabileJean-Paul Belmondo et Jeanne Moreau dans Moderato cantabile de Peter Brook.

29 août 2019

Mr. Klein (1976) de Joseph Losey

Mr. KleinParis, 1942. Dans la France occupée, Robert Klein fait des affaires lucratives en rachetant des œuvres d’art à des personnes acculées à la vente. Un jour, il découvre dans son courrier un exemplaire du journal « Informations juives » portant son nom et son adresse. Inquiet, il enquête et découvre qu’un autre Robert Klein existe, il part à la recherche de cet homonyme…
Costa-Gavras a écrit le premier scénario de Monsieur Klein pour le tourner lui-même avec Yves Montand. Quand le projet est abandonné, Alain Delon le récupère en producteur et confie la réalisation à Joseph Losey avec qui il avait tourné L’Assassinat de Trotsky en 1972. Le scénario s’inspire fortement de Kafka mais a l’intelligence de se placer à une époque précise de notre Histoire, une page très sombre : l’implication de la police française sous l’Occupation dans le fichage et la déportation des juifs. L’administration (dans le sens générique du terme) est ici une machine à broyer les humains et ses décisions tombent brutalement sans que l’on puisse toujours les comprendre. Le scénario  montre ainsi que le propos d’un Kafka n’est pas une exagération issue de l’esprit d’un écrivain : cela peut devenir une réalité et l’est déjà devenu. Certes l’obstination du personnage principal à retrouver son double peut sembler presque irréelle mais elle le conduit à une prise de conscience plus vaste de l’être, qui est à mes yeux le sujet principal. Tout le reste, la paranoïa, le fantastique ne sont que des moyens. Joseph Losey sait mieux que quiconque exprimer un certain caractère trouble, presque un malaise, dans sa mise en scène pourtant très limpide. Alain Delon fait ici l’une de ses interprétations les plus remarquables de sa carrière, avec une sobriété et une richesse qui alimentent la complexité du personnage.
Elle: 3 étoiles
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Alain Delon, Michael Lonsdale, Francine Bergé, Juliet Berto, Jean Bouise, Jeanne Moreau, Suzanne Flon
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Remarques :
* A sa sortie, le film a (bien entendu) été controversé, beaucoup de critiques s’égarant à détecter ici et là des erreurs historiques qui n’ont finalement aucune importance.
* Les décors sont signés Alexandre Trauner.

Monsieur KleinAlain Delon dans Mr Klein de Joseph Losey.

Monsieur KleinAlain Delon, Michel Lonsdale et Francine Bergé dans Mr Klein de Joseph Losey.

16 janvier 2019

Le Procès (1962) de Orson Welles

Le ProcèsUn matin, Joseph K., jeune cadre travaillant dans une banque, est arrêté de façon inattendue par deux mystérieux agents pour un crime non précisé. Les agents refusent de nommer l’autorité qui les envoie. Joseph K. n’est pas emprisonné, il est libre de se rendre à son travail avec l’obligation d’attendre les instructions de la commission d’enquête…
Orson Welles adapte Le Procès de Kafka, reprenant le thème de l’angoisse et des phobies pour en faire un cauchemar surréaliste. Le film met le spectateur mal à l’aise ; c’est une réaction normale et traduit la force du film puisque cette fable est volontairement angoissante. En dehors de l’évidente charge contre la bureaucratie et le questionnement de la condition humaine, le thème n’est pas tant celui de la culpabilité réelle ou supposée de Joseph K. mais plutôt l’attitude de celui-ci envers la culpabilité, la façon dont il la ressent. Bien entendu, il est tentant de chercher à détecter ici et là des symboles mais Welles souligne que Kafka n’est pas versé dans le symbolisme. Il semble toutefois impossible de ne pas penser aux ghettos juifs ou aux camps de la mort dans certains plans, symbolisme rajouté par Welles puisque le roman de Kafka est antérieur à la Seconde Guerre mondiale. A noter que, dans le roman, Joseph K. (comme Kafka d’ailleurs) est juif et se définit comme tel. La distribution des seconds rôles est prestigieuse et Anthony Perkins fait une superbe prestation, ambigu, équivoque, mal à l’aise. Cette nouvelle vision m’a permis de beaucoup plus apprécier Le Procès qui est une œuvre certes angoissante mais extrêmement forte.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Anthony Perkins, Madeleine Robinson, Jeanne Moreau, Suzanne Flon, Romy Schneider, Billy Kearns, Fernand Ledoux, Akim Tamiroff, Elsa Martinelli, Orson Welles
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Remarques :
* Dans le roman, La parabole de la Loi, que Welles à placée en prologue, est racontée par le prêtre, bien plus tard donc. Hormis ce changement, Welles suit l’ordre des évènements du livre.
* L’explosion finale a souvent été interprétée comme une explosion atomique. Welles se défend d’avoir voulu cela : il s’agit d’une simple explosion.
* Orson Welles dit avoir interprété l’avocat car il ne trouvait aucun acteur pour le faire. Initialement, il avait prévu d’interpréter le prêtre et commencé à tourner en ce sens.
* Le film a été tourné en grande partie à Paris, notamment dans la gare d’Orsay qui était alors désaffectée.

Le procès
Anthony Perkins et Billy Kearns dans Le Procès de Orson Welles.

Lire nos précédents commentaires sur le même film…

9 octobre 2017

Le Miraculé (1987) de Jean-Pierre Mocky

Le MiraculéPapu, un chiffonnier grossier et combinard, se fait renverser par une voiture cossue. Il simule la paralysie des jambes afin de toucher une importante somme d’argent de l’assurance. Il n’a toutefois pas envie de rester toute sa vie sur un fauteuil roulant. Avec l’assistance de sa patronne Sabine, une ancienne prostituée devenue servante de Dieu, il va faire un voyage à Lourdes afin de simuler un miracle. Soupçonneux, l’assureur est aussi du voyage… Inspiré d’une nouvelle de George Langelaan, Le Miraculé est une farce comme Mocky sait si bien les faire. Son propos n’est pas tant anticlérical (les membres du clergé ne sont qu’assez peu présents) mais plutôt une charge contre les religions et surtout contre les croyances. L’humour est de toutes les scènes, rien n’est sérieux. Le film est servi par une brochette d’acteurs qui semblent bien s’amuser eux aussi, toujours à la limite de trop charger leur personnage. Michel Serrault en assureur muet nous fait un beau numéro (quand il « téléphone » à sa femme, Jeanne Moreau doit se cacher le visage pour éviter d’exploser de rire). L’ensemble est irrévérencieux comme il se doit avec Mocky. Les dialogues sont plutôt bons. Un Mocky réussi.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Michel Serrault, Jean Poiret, Jeanne Moreau, Sylvie Joly, Roland Blanche
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Le Miraculé
Michel Serrault et Jean Poiret dans Le Miraculé de Jean-Pierre Mocky.

Le Miraculé
Michel Serrault et Jeanne Moreau dans Le Miraculé de Jean-Pierre Mocky.