17 juin 2024

La Terre de la grande promesse (1975) de Andrzej Wajda

Titre original : Ziemia obiecana

La Terre de la grande promesse (Ziemia obiecana)Dans le dernier quart du XIXe siècle, un Polonais fils de propriétaire terrien, un allemand fils d’industriel et un juif débrouillard décident de faire fortune en profitant de l’industrialisation débridée de la ville de Lodz. Ils décident de construire leur propre entreprise et cherchent à financer leur projet…
La Terre de la grande promesse (Ziemia obiecana, littéralement « Terre promise ») est un film polonais écrit et réalisé par Andrzej Wajda, adapté du roman paru en 1899 de Wladyslaw Reymont (prix Nobel de littérature en 1924). Pour Wajda, il s’agit à la fois de continuer à se pencher sur les origines de la Pologne moderne et de composer une grande fresque sociale sur le développement du capitalisme sauvage de la fin du XIXe siècle. S’il n’évite pas la caricature (Wajda est d’ailleurs homme à la revendiquer), il en dresse un tableau saisissant. Ses trois personnages principaux représentent bien les trois composantes majeures (Polonais, Allemands et juifs) de la ville alors la plus industrialisée du pays, paradis de l’arrivisme, où l’argent règne sur tout, où l’absence d’humanisme fait froid dans le dos. Il s’agit d’une fresque ambitieuse de près de trois heures, dotée de grands moyens. La réalisation est superbe, elle enchante vraiment. Wajda enchaine les scènes avec frénésie, les mouvements de caméra sont magistraux, les travelings peuvent être vertigineux. Les décors frappent l’esprit. Le naturalisme des usines contraste avec l’opulence des palais. Certaines scènes montrent une outrance fellinienne et Wajda utilise (parfois) les focales courtes pour déformer les visages. Le résultat est d’une puissance rare. La Terre de la grande promesse est l’un des meilleurs films d’Andrzej Wajda et du cinéma polonais.
Elle:
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Daniel Olbrychski, Wojciech Pszoniak, Andrzej Seweryn, Anna Nehrebecka, Franciszek Pieczka, Danuta Wodynska
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Daniel Olbrychski dans La Terre de la grande promesse (Ziemia obiecana) de Andrzej Wajda.
La Terre de la grande promesse (Ziemia obiecana) de Andrzej Wajda.
Andrzej Seweryn, Daniel Olbrychski et Wojciech Pszoniak dans La Terre de la grande promesse (Ziemia obiecana) de Andrzej Wajda.
La Terre de la grande promesse (Ziemia obiecana) de Andrzej Wajda.

Remarque :
Le film est visible sur le site de la Cinémathèque polonaise (sous-titres anglais ou polonais, pas de français)

7 juin 2024

La Passion de Dodin Bouffant (2023) de Tran Anh Hung

La Passion de Dodin BouffantEn France à la fin du XIXe siècle, Eugénie travaille depuis vingt ans comme cuisinière pour le célèbre gastronome Dodin. Au fil des années, une passion affectueuse s’est développée entre eux. De leur amour commun pour la gastronomie naissent des plats uniques, savoureux et délicats. Eugénie, femme éprise de liberté, n’a cependant jamais voulu épouser Dodin…
La Passion de Dodin Bouffant est un film français écrit et réalisé par Trần Anh Hùng (cinéaste français d’origine vietnamienne que l’on a découvert avec L’Odeur de la papaye verte en 1993). C’est l’adaptation assez libre du roman suisse La Vie et la Passion de Dodin-Bouffant gourmet, paru en 1924. Tourné dans un château en Anjou, ce récit simple est une belle ode à la gastronomie française, un film plaisant et réconfortant en ces périodes si anxiogènes. Le chef triplement étoilé Pierre Gagnaire a été consultant sur le tournage et son bras droit, le chef Michel Nave, a réalisé toutes les recettes. Tout est vrai. Le film évoque Le Festin de Babette de Gabriel Axel (1987) mais Trần Anh Hùng se montre plus admirable encore dans sa façon de filmer, avec de mouvements de caméra, amples et doux, qui donnent parfois l’impression de danser autour des personnages. On se délecte de ces images. Le film est une ode au plaisir de vivre. Il est toutefois logique que ce type de film hédoniste ne plaise pas à tous les spectateurs (à commencer par les critiques qui n’ont pas aimé). Prix de la mise en scène à Cannes 2023.
Elle: 4 étoiles
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Juliette Binoche, Benoît Magimel, Emmanuel Salinger, Patrick d’Assumçao, Galatéa Bellugi
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Benoît Magimel et Juliette Binoche dans La Passion de Dodin Bouffant de Tran Anh Hung.

22 décembre 2023

Emily (2022) de Frances O’Connor

EmilyEmily Brontë est une jeune femme marginale et rebelle. Entourée de son père, de ses deux sœurs, de son frère et de son précepteur, le vicaire coadjuteur de son père, le film retrace le parcours initiatique qui l’amènera à écrire son chef-d’œuvre Les Hauts de Hurlevent
Emily est un film biographique américano-britannique écrit et réalisé par Frances O’Connor. Il s’agit du premier long métrage de cette actrice australo-anglaise. C’est une biographie romancée puisque l’on ne sait que peu de chose sur la vie d’Emily Brontë. Par exemple, si le vicaire a bien existé, la relation avec Emily est pure fiction. La complexité et la richesse de la personnalité d’Emily est bien rendue et l’interprétation de l’actrice franco-britannique Emma Mackey est forte. Le film manque toutefois un peu de puissance mais reste un beau portrait de femme, avec ce besoin de liberté, de penser et de vivre. En outre, les paysages du West-Yorkshire sont magnifiquement utilisés.
Elle: 3 étoiles
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Emma Mackey, Oliver Jackson-Cohen, Fionn Whitehead, Alexandra Dowling, Amelia Gething, Adrian Dunbar, Gemma Jones
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Les trois soeurs Brontë : Charlotte, Anne et Emily.
Alexandra Dowling, Amelia Gething et Emma Mackey dans Emily de Frances O’Connor.

15 juin 2023

La Poupée (1968) de Wojciech Has

Titre original : « Lalka »

La Poupée (Lalka)Pologne, dans les années 1870. Ancien commis de brasserie en proie à de régulières humiliations, Stanislaw Wokulski finit par devenir un riche homme d’affaires. Toutefois, il demeure sensible aux inégalités sociales, aide des personnes dans la misère et rêve de réunification de son pays démantelé. Il est aussi très épris d’une de la fille d’un aristocrate ruiné, Izabella Lecka, et son désir le plus ardent est de l’épouser…
La Poupée est un film polonais réalisé par Wojciech Has. Il s’agit de l’adaptation du roman homonyme de Bolesław Prus, publié sous forme de feuilleton entre 1887 et 1889. Wojciech Has est un réalisateur peu connu en France (1) et le film était inédit en France jusqu’à sa sortie en DVD en 2008 et en salles fin 2022. Ce fut pour moi une grande surprise de le découvrir car c’est un petit chef d’œuvre. L’histoire évoque les romans de Balzac avec des sentiments exacerbés par l’attrait de la richesse et une noblesse désargentée qui a conservé un fort sentiment de supériorité. Certaines allusions ou allégories nous échappent certainement, à moins de connaître parfaitement l’histoire de la Pologne du XIXe siècle (2) mais cela n’empêche en rien d’apprécier le film. La mise en scène de Wojciech Has est magistrale, avec un contraste très fort entre les décors surchargés et colorés de la noblesse et la misère monochromatique des rues où émergent quelques personnages formant des ilots de couleurs. Certaines scènes prennent une teinte irréelle, le cinéaste tentant de jeter une passerelle entre rêve et réalité. La photographie est belle et très travaillée. Superbe musique de Wojciech Kilar (3). D’une durée de 160 minutes, La Poupée est un grand film de créateur, doté d’une puissance peu commune.
Elle:
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Mariusz Dmochowski, Beata Tyszkiewicz, Tadeusz Fijewski, Wieslaw Golas, Kalina Jedrusik, Jan Koecher
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Remarque :
* L’actrice Beata Tyszkiewicz est elle-même descendante d’une famille de l’aristocratie polonaise. Au moment du tournage, elle était mariée avec le réalisateur Andrzej Wajda avec lequel elle a eu une fille.

La Poupée (Lalka)Mariusz Dmochowski et Beata Tyszkiewicz dans La Poupée (Lalka) de Wojciech Has.

(1) Wojciech Has (1925-2000) a signé une quinzaine de longs métrages entre 1957 et 1988, parmi lesquels Le Manuscrit trouvé à Saragosse (1965), La Poupée (1968), La Clepsydre (1973) et Les Tribulations de Balthazar Kober (1988).

(2) La Pologne XIXe siècle : Divisée entre les empires russe, allemand et austro-hongrois, la République des Deux Nations a cessé d’exister. Bien que la république ait disparu de la carte, des générations successives réclament sa reconstruction et bataillent contre les oppresseurs. Le XIXe siècle présente ainsi un enchaînement de soulèvements polonais : l’insurrection de Kościuszko de 1794, la participation aux guerres de Napoléon, l’insurrection de novembre de 1830, le soulèvement de Cracovie de 1846, et l’insurrection de Grande-Pologne de 1848, avec leurs lourds tributs en vies humaines. La guerre dont il est question dans le film (et pendant laquelle Wokulski a, dit-on, fait fortune) est celle déclarée par le général russe Karl Lambert fin 1861 qui se terminera par l’Insurrection de janvier 1863 contre l’Empire russe. Cette insurrection sera défaite et fortement réprimée par les russes qui accentueront leur emprise sur cette partie de la future Pologne. (Source Wikipédia

(3) Wojciech Kilar est un grand compositeur polonais de musique de films et de musique classique. IMDB le crédite de 168 films. Il sera Césarisé pour la musique du film Le Pianiste (2002) de Roman Polanski (César 2002 de la meilleure musique écrite pour un film).

La Poupée (Lalka)Mariusz Dmochowski et Beata Tyszkiewicz dans La Poupée (Lalka) de Wojciech Has.

Homonyme :
La Poupée de Ernst Lubitsch (1919)

2 avril 2023

Illusions perdues (2021) de Xavier Giannoli

Illusions perduesA l’époque de la Restauration, Lucien de Rubempré est un jeune poète idéaliste né sans fortune à Angoulême. Sa relation avec une femme mariée de la petite noblesse locale est l’occasion de monter à Paris avec l’espoir de se faire publier. Il va découvrir que la vie littéraire, intellectuelle et artistique parisienne n’est que la façade d’un monde voué à la loi du profit et des faux-semblants…
Illusions perdues est un film dramatique français réalisé par Xavier Giannoli. Il a écrit le scénario de cette adaptation de Balzac avec Jacques Fieschi. Ils se sont concentrés sur la deuxième partie du roman homonyme, élément de La Comédie humaine. Animé par le désir de moderniser Balzac, Xavier Giannoli simplifie le récit et le transforme en une charge tous azimuts aux multiples résonances actuelles. A défaut d’être subtil et profond, le propos de Xavier Giannoli est simple à résumer : « tous pourris ». Il n’y a plus de Rubempré tiraillé entre le vice et la vertu puisque, selon Giannoli, le vice est partout. Le cinéaste s’attaque au monde de l’art, de l’édition, au pouvoir de l’argent et aux journaux par des logorrhées verbales assenées sentencieusement en voix-off. Et il insiste, comme pour faire nous faire bien comprendre qu’il ne parle pas du XIXe siècle mais de notre époque actuelle. Le film est fastueux mais un peu long. Sur le plan de la forme, la reconstitution est en effet réussie et l’interprétation est de très bon niveau jusque dans les seconds et troisièmes rôles. Les réticences exprimées ci-dessus ne sont pas partagées par tous, loin de là : le film a reçu un très bon accueil de la critique et du public, avec sept Césars à la clef.
Elle: 3 étoiles
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Benjamin Voisin, Cécile de France, Vincent Lacoste, Xavier Dolan, Salomé Dewaels, Jeanne Balibar, André Marcon, Louis-Do de Lencquesaing, Gérard Depardieu, Jean-François Stévenin
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Illusions perduesVincent Lacoste et Benjamin Voisin dans Illusions perdues de Xavier Giannoli.

20 janvier 2023

Traître sur commande (1970) de Martin Ritt

Titre original : « The Molly Maguires »

Traître sur commande (The Molly Maguires)En 1876, dans les mines de charbon de Pennsylvanie, les mineurs sont exploités pour les besoins de l’industrie en plein essor. Une société secrète irlandaise, les Molly Maguires se vengent par des actions de sabotage et des agressions de l’encadrement. La police envoie sur place un détective pour les infiltrer…
Traître sur commande est un film américain réalisé par Martin Ritt, sorti en 1970. Le scénario est l’œuvre de Walter Bernstein d’après un roman d’un certain Arthur H. Lewis. L’histoire se base sur des faits réels puisque les Molly Maguires ont bien existé (Arthur Conan Doyle s’est inspiré de leur histoire pour écrire La Vallée de la peur, paru en 1915) et le personnage du détective infiltré, James McParland, est tout aussi réel (il aurait dénoncé 347 Mollies présumés). Le film est assez remarquable par la reconstitution du travail dans les mines à cette époque et, si les intentions de Martin Ritt étaient de dénoncer la surexploitation des ouvriers, il le fait sans appuyer lourdement ; il est vrai qu’il suffit de simplement montrer ces conditions de travail pour convaincre. Le film est aussi remarquable par sa subtilité et son absence de manichéisme : le personnage du détective infiltré est en effet tout en ambiguïté, toujours à la limite de basculer dans l’autre camp. Enfin, le film est remarquable dans sa forme, montrant une grande précision de mise en scène et une superbe photographie : les plans à l’intérieur de la mine sont éclairés à la bougie (comme à l’époque) ; en extérieur, les blocs de charbon paraissent presque vivants, la poussière est palpable jusque dans les champs, l’éclairage est superbe. La musique d’Henry Mancini fait un large usage de la musique modale irlandaise. On se demande bien pourquoi un tel film fut ignoré par la critique à sa sortie.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Richard Harris, Sean Connery, Samantha Eggar, Frank Finlay, Anthony Zerbe, Philip Bourneuf
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Remarque :
• L’introduction est assez prenante : il faut attendre 15 minutes pour que la première parole soit prononcée.
• Le budget fut confortable et l’échec n’en fut que plus douloureux pour les producteurs Martin Ritt et Walter Bernstein.

Traître sur commande (The Molly Maguires)Sean Connery et Krank Finlay dans Traître sur commande (The Molly Maguires) de Martin Ritt.

Traître sur commande (The Molly Maguires)Richard Harris dans Traître sur commande (The Molly Maguires) de Martin Ritt.

6 novembre 2022

First Cow (2019) de Kelly Reichardt

First CowDe nos jours, une jeune femme découvre en lisière de forêt deux squelettes humains enterrés côte à côte à faible profondeur. Oregon, 1820 : Cookie Figowitz, un humble cuisinier, se lie d’amitié avec King-Lu, un immigrant d’origine chinoise. Ils ont l’idée de vendre des beignets en allant traire la nuit la vache que le facteur-chef local a fait venir pour sa consommation personnelle, la première vache du territoire…
First Cow est un western américain réalisé par Kelly Reichardt. C’est l’adaptation du roman The Half-Life de Jonathan Raymond. Le film est lent, avec une économie de moyens (narratifs et techniques : tourné en 4/3 sans éclairage). L’histoire reste assez simple, le plus intéressant à mes yeux est d’avoir recréé les conditions de vie de ces trappeurs pionniers avec des personnages ordinaires : ce ne sont pas des héros, ils essaient seulement d’avoir une vie meilleure. First Cow a reçu un accueil dithyrambique de la critique qui l’a qualifié de « joyau du cinéma indépendant » et, dans une moindre mesure, du public.
Elle: 2 étoiles
Lui : 3 étoiles

Acteurs: John Magaro, Orion Lee, Toby Jones, Scott Shepherd, Gary Farmer
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First CowOrion Lee et John Magaro dans First Cow de Kelly Reichardt.

29 juin 2022

Zoulou (1964) de Cy Endfield

Titre original : « Zulu »

Zoulou (Zulu)1879. Au lendemain de la cinglante défaite anglaise d’Isandhlwana en Afrique du Sud, une centaine de Tuniques rouges se préparent à défendre une ferme faisant office de mission et d’hôpital à Rorke’s Drift sur le point d’être attaquée par 4 000 guerriers Zoulous. Le commandant est un officier du Génie chargé de construire un pont secondé par un jeune officier sans expérience…
Zoulou est un film de guerre britannique réalisé par l’américain Cyril R. Endfield. Il retrace un épisode de la guerre anglo-Zouloue (1879) qui fut marquée par batailles particulièrement sanglantes. Cy Endfield en a écrit le scénario avec John Prebble, journaliste et historien. Le propos est assez équilibré, sans excès de patriotisme ni de mépris des africains. La stratégie des Zoulous est montrée comme étant particulièrement élaborée. En acteur/producteur qui n’a jamais caché ses convictions socialistes et pacifistes, Stanley Baker a veillé à l’orientation générale du récit. Le film est très spectaculaire par son ampleur : les paysages sont somptueux et les scènes avec plus de 500 figurants  spectaculaires (1). Les chants de guerre zoulous sont aussi superbes qu’impresionnants. Le principal défaut du film est sa longueur, par exemple la scène de cérémonie qui ouvre le film paraît interminable. C’est le premier grand rôle pour Michael Caine (2). Le succès en Grande Bretagne fut immense. Il est en revanche assez peu connu en France. En Afrique du Sud sous Apartheid, le film fut interdit de projection aux populations noires.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Stanley Baker, Jack Hawkins, Ulla Jacobsson, James Booth, Michael Caine, Nigel Green
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Remarque :
* Le chef Mangosuthu Buthelezi, alors chef de la nation Zoulou, a joué son arrière-grand-père, Cetawayo (scène d’ouverture).
* La narration en voix-off est dite par Richard Burton (grand ami de Stanley Baker).
* En 1979, Cyril R. Endfield a consacré un autre film aux événements qui se sont déroulés lors de la bataille d’Isandhlwana (la veille des événements de Rorke’s Drift) : L’Ultime Attaque (Zulu Dawn) avec Burt Lancaster et Peter O’Toole. Film de qualité moindre et plus discutable.

(1) Des astuces nous donnent l’impression que les figurants sont même plus nombreux : par exemple, lorsque le guerriers Zoulous forment une ligne sur la crête des collines environnantes, plusieurs boucliers étaient attachés ensemble avec seulement un figurant à chaque extrémité.
(2) Michael Caine a dit récemment qu’il eut de la chance que le réalisateur fut américain parce qu’un réalisateur anglais n’aurait jamais confié le rôle à Cockney (londonien) comme lui.

Zoulou (Zulu)Stanley Baker, Ulla Jacobsson et Michael Caine dans Zoulou (Zulu) de Cy Endfield.

Zoulou (Zulu)

27 mai 2022

Eiffel (2021) de Martin Bourboulon

EiffelÀ la fin des années 1880, Gustave Eiffel vient de collaborer à la construction de la statue de la Liberté. Pressé par le gouvernement français de créer quelque chose de spectaculaire pour l’Exposition universelle de Paris de 1889 et aiguillonné par un amour de jeunesse qui renaît, il propose de construire un tour en métal de 300 mètres de haut…
Eiffel est un film français écrit par Caroline Bongrand et réalisé par Martin Bourboulon. Dès le début, l’histoire d’amour paraît artificiellement plaquée et effectivement elle est entièrement inventée. Un amour de jeunesse qui reparaît vingt ans plus tard (la belle, qui n’a pas pris une ride, est maintenant mariée à l’un de ses meilleurs amis), une passion torride qui ne demande qu’à renaître mais restera sans lendemain par respect des conventions, tout cela évoque plutôt un mauvais roman-photo. Hélas cette romance de pacotille occupe la majeure partie du récit. Les scènes de construction de la tour sont bien plus intéressantes, principalement par les détails techniques donnés. En revanche, suggérer que Gustave Eiffel a donné à la tour la forme d’un « A » parce que son grand amour se prénomme Adrienne… on ne sait s’il faut en rire ou en pleurer. Le film a bénéficié d’un gros budget. La réalisation et la reconstitution sont assez soignées.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Romain Duris, Emma Mackey, Pierre Deladonchamps, Armande Boulanger
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Remarque :
* Dans la réalité, la tour Eiffel a été imaginée par Maurice Koechlin et Émile Nouguier, respectivement chef du bureau des études et chef du bureau des méthodes d’Eiffel & Cie. Le premier plan, réalisé en juin 1884, est ensuite amélioré par Stephen Sauvestre, l’architecte en chef des projets de l’entreprise, qui lui apporte plus d’esthétique : courbures des lignes plus prononcées, consolidation jusqu’au premier étage avec des arcs, réduction du nombre de plateformes. Gustave Eiffel n’a donc pas conçu le monument, mais s’est appliqué à faire connaître son projet auprès des gouvernants, des décideurs et du grand public.

EiffelEiffel de Martin Bourboulon.

19 mars 2022

Les Filles du Docteur March (2019) de Greta Gerwig

Titre original : « Little Women »

Les Filles du Docteur March (Little Women)Dans la Nouvelle-Angleterre des années 1860, un père part comme aumônier pour la Guerre de Sécession, laissant ses quatre filles et sa femme derrière lui. Elles font la connaissance du jeune Laurie…
Les Filles du Docteur March est un film américain écrit et réalisé par Greta Gerwig d’après le roman Les Quatre Filles du docteur March (Little Women) de Louisa May Alcott paru en 1868. Il s’agit de la septième adaptation anglo-saxonne au cinéma de ce roman ultra-populaire (les adaptations à la télévision sont encore plus nombreuses). Tout en restant très près du texte et tout en respectant son esprit, Greta Gerwig a su moderniser ce récit de la vie de quatre sœurs au moment où elles passent à l’âge adulte : elle en a atténué les moments trop mélodramatiques, elle a  amplifié et mis en avant le féminisme du propos, elle lui a donné une grande vivacité avec de nombreuses scènes virevoltantes. La construction est tout aussi moderne avec des flashbacks qui arrivent sans crier gare, ce qui nous désoriente un peu en début de film. Greta Gerwig fait en effet de nombreux allers-retours entre les deux parties du livre, entre l’adolescence et la vie d’adulte. Pour le reste, la réalisation est d’un beau classicisme et la photographie est superbe. L’actrice Saoirse Ronan est vraiment remarquable. Une réussite.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Saoirse Ronan, Emma Watson, Florence Pugh, Eliza Scanlen, Laura Dern, Timothée Chalamet, Louis Garrel, Meryl Streep, Tracy Letts
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Remarque :
* Greta Gerwig est une grande admiratrice du roman d’origine : « Je me suis lancée dans ce projet de toutes mes forces. J’avais une idée très précise du sujet du film : ça parle de femmes artistes et ça parle des femmes et de l’argent. Le texte ne parle que de ça, mais c’est un aspect de l’histoire qui n’a pas encore été particulièrement exploré. Ces questions me touchent beaucoup et je dirais qu’en un sens ce film est le travail le plus autobiographique que j’aie jamais réalisé. »

Les Filles du Docteur March (Little Women)Emma Watson, Florence Pugh, Saoirse Ronan et Eliza Scanlen dans Les Filles du Docteur March (Little Women) de Greta Gerwig.

Adaptations au cinéma :
1917 : Little Women d’Alexander Butler avec Daisy Burrell et Mary Lincoln (film perdu)
1918 : Les Quatre Filles du docteur March (Little Women) de Harley Knoles avec Dorothy Bernard, Conrad Nagel et Kate Lester
1933 : Les Quatre Filles du docteur March (Little Women) de George Cukor avec Katharine Hepburn, Jean Parker, Spring Byington et Edna May Oliver
1949 : Les Quatre Filles du docteur March (Little Women) de Mervyn LeRoy avec June Allyson, Elizabeth Taylor, Janet Leigh et Mary Astor
1994 : Les Quatre Filles du docteur March (Little Women) de Gillian Armstrong avec Winona Ryder, Kirsten Dunst, Susan Sarandon et Claire Danes
2018 : Les Quatre Filles du docteur March (Little Women) de Clare Niederpruem avec Sarah Davenport, Lucas Grabeel et Lea Thompson
2019 : Les Filles du Docteur March (Little Women) de Greta Gerwig avec Saoirse Ronan, Florence Pugh, Emma Watson, Laura Dern et Meryl Streep