23 janvier 2017

Gentleman Jim (1942) de Raoul Walsh

Gentleman JimEmployé de banque, Jim Corbett, un américain d’origine irlandaise, veut s’élever dans la société. De façon assez inattendue, c’est la boxe qui va lui en fournir le moyen… Gentleman Jim raconte l’ascension de James J. Corbett qui est considéré comme étant le père de la boxe moderne, celui qui apporta une certaine noblesse à cet art. A la fin du XIXe siècle, ce boxeur fut une véritable star de son temps, jouant au théâtre en parallèle de sa carrière. Le film de Raoul Walsh le présente comme un mélange de vantardise et de charme. Errol Flynn se révèle parfait dans ce type de rôle. L’acteur s’est beaucoup entraîné physiquement, ce qui ne l’a pas empêché d’avoir un léger arrêt cardiaque sur le tournage d’une scène de boxe. Il reprit le tournage une semaine plus tard, refusant toujours d’être doublé. Le déroulement du scénario est assez rapide et l’ensemble est parsemé d’un humour tapageur assez appuyé. Les scènes de boxe sont fort bien filmées, rendant bien la vélocité des boxeurs par un montage rapide, avec beaucoup de plans sur les spectateurs pour ajouter une note d’humour. On remarquera que, entre les lignes, le thème du rêve américain est omniprésent. On pourrait même dire que c’est le sujet principal du film.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Errol Flynn, Alexis Smith, Jack Carson, Alan Hale, John Loder
Voir la fiche du film et la filmographie de Raoul Walsh sur le site IMDB.

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Gentleman Jim
Errol Flynn est Gentleman Jim dans le film de Raoul Walsh (Jack Carson est à sa droite, la main sur son épaule).

Remarques :
* Le scénario est écrit par Vincent Lawrence et Horace McCoy d’après l’autobiographie The Roar of the Crowd de James J. Corbett.
* L’histoire est romancée : dans la réalité, James J. Corbett était un personnage calme et plutôt effacé. Il s’est marié avec une actrice (et non une femme de la haute société) et, ce, bien avant d’être champion du monde. D’autre part, Sullivan haïssait Corbett et donc ne lui remit jamais la fameuse ceinture (qu’il avait d’ailleurs mise au clou des années auparavant).
* Peu après la sortie du film, Errol Flynn fut accusé de viol (il sera finalement acquitté) et sa phrase finale dans le film, « I’m no gentleman », prit ainsi un sens inattendu dans l’esprit des spectateurs.

Gentleman Jim
Rhys Williams, Alexis Smith, Errol Flynn et Minor Watson dans Gentleman Jim de Raoul Walsh.

21 janvier 2017

Phase IV (1974) de Saul Bass

Phase IVUn scientifique anglais découvre que certaines colonies de fourmis dans le désert de l’Arizona ont un comportement étrange et construisent des structures inhabituelles. Avec un spécialiste du langage, ils s’enferment dans une bulle-laboratoire à proximité pour observer leur comportement… Saul Bass est surtout connu pour ses très beaux génériques graphiques (Hitchcock, Preminger, etc.) mais il a aussi réalisé un (unique) film assez hors du commun. On pourrait décrire Phase IV comme l’improbable croisement entre Les Oiseaux d’Hitchcock et 2001 de Kubrick. Avec le premier, il partage le thème de l’animal inoffensif qui se retourne contre l’homme ; avec le second, il partage l’idée que l’homme pourrait bien ne pas être la phase ultime de l’évolution. Hormis une influence cosmique juste évoquée et donc la présence d’une intelligence supérieure, le film ne développe aucune explication fumeuse, ni ne cherche à culpabiliser l’homme. Il décrit et illustre un processus. Saul Bass utilise beaucoup les gros plans pour créer des images très graphiques et donne une bonne place aux images de fourmis filmées en macro par le photographe animalier Ken Middleham. Film étrange, parfois maladroit, Phase IV est presque un film expérimental ; la fin prévue initialement prévue par Saul Bass (voir ci-dessous) allait en ce sens. Elle aurait donné une dimension supplémentaire au film.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Nigel Davenport, Michael Murphy, Lynne Frederick
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Remarques :
* Ken Middleham avait déjà filmé les images d’insectes pour la fiction documentaire The Hellstrom Chronicle (Des insectes et des hommes), écrit par David Seltzer et dirigé par Walon Green en 1971. Ce film partage avec Phase IV l’idée que les insectes nous survivront du fait de leur plus grande adaptabilité.

* De façon assez paradoxale, l’artiste du générique Saul Bass n’a pas fait de générique de début à son propre film. Et même le logo Paramount n’apparaît pas.

* En 2012, une copie de la fin originalement prévue par Saul Bass (et coupée par la Paramount) a été retrouvée. Elle prolonge la scène de fin de quelque 4 minutes, montrant avec beaucoup de lyrisme et de recherches graphiques, le prolongement de l’évolution de l’homme. Assez étonnant. Elle a été projetée dans quelques salles aux Etats-Unis. Elle est visible sur YouTube.

Phase IV

Phase IV

Phase IV
Michael Murphy dans Phase IV de Saul Bass.

Homonyme (sans lien avec le présent film) :
Phase IV (2002), un thriller réalisé par le canadien Bryan Goeres.

20 janvier 2017

Le diable par la queue (1969) de Philippe de Broca

Le Diable par la queuePour garder leur château délabré, une famille de nobles désargentés l’a transformé en hôtel. Mais comme les clients se font rares, ils s’arrangent avec le petit garagiste local pour que les voyageurs y fassent une halte forcée. Cela va amener au château des personnes très différentes  dont un cambrioleur de banques… Ecrit par Daniel Boulanger et découpé par Claude Sautet, Le diable par la queue est souvent décrit comme « marqué par l’esprit de Mai 68 » (en réalité, ce qualificatif s’appliquerait beaucoup plus justement au film précédent de Philippe de Broca, Le Roi de cœur tourné en… 1966). Il est certainement plus exact de dire qu’il s’agit d’une comédie légère et loufoque, gentiment amorale. Rien n’est sérieux ici, on séduit, on joue avec l’amour, sous toutes ses formes. Le film est empreint d’un plaisir communicatif. Yves Montand s’est visiblement bien amusé à composer ce méridional exubérant et charmeur et Marthe Keller en jeune nymphe aux longues jambes apporte une belle touche de fraîcheur mutine. Il y a de bonnes trouvailles de scénario, l’ensemble est fluide ; on s’amuse beaucoup.
Elle: 4 étoiles
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Yves Montand, Madeleine Renaud, Maria Schell, Marthe Keller, Jean Rochefort, Jean-Pierre Marielle, Claude Piéplu, Xavier Gélin
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Caméo :
Philippe de Broca interprète l’un des campeurs suédois.

Le diable par la queue
Madeleine Renaud et Yves Montand dans Le Diable par la queue de Philippe de Broca.

Le Diable par la queue
Clotilde Joano, Madeleine Renaud, Maria Schell et Marthe Keller dans Le Diable par la queue de Philippe de Broca (photo publicitaire).

Le Diable par la queue
Marthe Keller dans Le Diable par la queue de Philippe de Broca (photo publicitaire).

18 janvier 2017

Imitation Game (2014) de Morten Tyldum

Titre original : « The Imitation Game »

Imitation GameEn 1951, un inspecteur de police enquêtant sur le cambriolage du domicile d’un certain Alan Turing s’étonne que la victime semble souhaiter éviter toute enquête. Il décide de fouiller le passé de ce professeur et découvre que son dossier est classé secret… Adapté d’une biographie signée Andrew Hodges, le film britannique Imitation Game retrace le rôle joué par le mathématicien Alan Turing pendant la Seconde Guerre mondiale : enfermé avec une petite équipe à Bletchley Park en Angleterre, il parviendra à concevoir un moyen de décoder les messages allemands cryptés par la machine Enigma. Cette connaissance de tous les messages de l’état-major allemand et la gestion habile de cet avantage seront décisifs dans l’issue de la guerre. Ce point n’a été déclassifié qu’en 1996 (le premier livre à en parler date toutefois de 1974). Même s’il  met en relief la séparation entre recherche fondamentale et recherche appliquée, le film du norvégien Morten Tyldum n’aborde pas les principes mathématiques de la cryptographie mais se concentre sur la personnalité d’Alan Turing, son isolement affectif, sa maladresse pour communiquer et son homosexualité qui lui vaudra d’être condamné après la guerre. Même s’il se conforme aux clichés des biopics (avec, par exemple, l’inévitable scène « Euréka! »), Imitation Game est un film très réussi, vraiment prenant, un bel hommage à ce brillant mathématicien qui a contribué à tracer la route vers les machines intelligentes. L’interprétation est excellente, Benedict Cumberbatch en tête.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Benedict Cumberbatch, Keira Knightley, Matthew Goode, Rory Kinnear, Mark Strong
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Imitation game
Benedict Cumberbatch est Alan Turing dans Imitation Game de Morten Tyldum.

Remarques :
* Imitation Game est le nom que Turing avait donné à son test sur l’intelligence artificielle. Le nom « Test de Turing » n’apparaitra qu’en 1968 sous la plume du romancier de science-fiction Arthur C. Clarke et le terme restera. A ce jour, aucune machine n’a réussi à passer ce test de façon incontestable (mais nous en sommes indéniablement très proches).

* Une pomme entamée a été découverte à côté du lit d’Alan Turing et il est vraisemblable qu’il l’ait utilisée pour absorber le cyanure. La légende selon laquelle elle aurait inspiré les créateurs du logo d’Apple a été démentie mille fois mais elle circule toujours autant…

* La reine Élisabeth II a gracié Alan Turing à titre posthume en 2013, soit 61 ans après sa condamnation.

* Précédent film sur le décryptage du code allemand :
Enigma (2001) de Michael Apted avec Kate Winslet et Dougray Scott, film d’espionnage qui ne cherche pas à être historiquement exact et qui ne mentionne pas Alan Turing d’ailleurs.

imitation game
Keira Knightley, Matthew Beard, Benedict Cumberbatch, Matthew Goode et Allen Leech dans Imitation Game de Morten Tyldum.

Imitation game
Charles Dance et Benedict Cumberbatch dans Imitation Game de Morten Tyldum.

17 janvier 2017

Anna Karenine (1927) de Edmund Goulding

Titre original : « Love »

Anna KarenineUn soir de tempête de neige, dans une auberge isolée, le comte russe Vronsky fait la connaissance d’une femme à la fois mystérieuse et très belle qu’il tente de séduire de force. Elle le repousse. Quelque temps plus tard, lors d’une réception organisée par le député Karénine, Vronsky est présenté à l’épouse de celui-ci, Anna… Au cours de sa trop courte carrière, Greta Garbo a interprété par deux fois Anna Karenine. Ce film muet d’Edmund Goulding est la première. Il s’agit d’une version très simplifiée du roman de Tolstoï, avec même une fin en happy-end (une version avec une fin dramatique sera toutefois distribuée à l’international). Le film est bien entendu surtout remarquable par la présence du couple Greta Garbo / John Gilbert. Ce dernier fait un Vronsky très séduisant, très prévenant. Greta Garbo, qui sortait d’un bras de fer de plusieurs mois avec la MGM pour obtenir un meilleur contrat, est magnifique, remarquablement filmée par la caméra de William Daniels. Lorsqu’elle soulève sa voilette pour la première fois, nous sommes, à l’instar de Vronsky, nous aussi suffoqués par sa beauté. Garbo est unique. Il lui suffit d’esquisser un demi-sourire pour exprimer une quinzaine de sentiments. En revanche, elle moins convaincante quand elle joue beaucoup : sa crise de nerfs lorsque Vronsky chute de cheval est à la limite du grotesque. Malgré la simplification de l’histoire qui perd beaucoup de son caractère dramatique, cet Anna Karenine montre une certaine intensité grâce à ses deux interprètes. (Film muet)
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: John Gilbert, Greta Garbo, George Fawcett, Brandon Hurst
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Love
Greta Garbo et John Gilbert dans Anna Karenine de Edmund Goulding.

Remarques :
* Le titre américain fut choisi pour donner « John Gilbert et Greta Garbo in love » sur les affiches, une trouvaille du service des relations publiques de la M.G.M.

* La version avec la fin Tolstoïenne (dramatique donc) fut distribuée à l’étranger. Aux Etats-Unis, les exploitants avaient le choix et il semble que les exploitants de la Côte Est et californiens choisirent souvent la fin dramatique, alors que les exploitants de l’Amérique profonde choisirent la fin heureuse.

Anna Karenine* Actuellement, la version la plus courante de ce film est l’enregistrement d’une projection publique à l’Université de Los Angeles dans les années 2000 avec un grand orchestre accompagnant en direct. Le seul problème est que l’on entend parfois les réactions du (vaste) public, des ricanements ou gloussements qui surviennent, et c’est là le plus étonnant, à des moments vraiment inattendus, parfois dramatiques même. Le public était sans doute très jeune. C’est assez gênant parce que cela déconcentre mais la solution est facile à trouver : il suffit de baisser la musique… A noter que cette version est celle qui se termine bien (les enfants ont dû être contents).

* Certaines affiches du film Love utilisent une photo du film précédent du couple Garbo/Gilbert : La Chair et le Diable ! (voir exemple ci-contre) Il est vrai que John Gilbert porte le même costume dans les deux films.

* John Gilbert peut être considéré comme co-réalisateur car Greta Garbo refusait de passer à la scène suivante tant que la précédente n’avait pas été validée par John Gilbert.

* En 1935, Garbo jouera de nouveau Anna Karenine, sous la direction de Clarence Brown, avec Fredric March dans le rôle de Vronsky.

Love
Photo de tournage : Edmund Goulding, Greta Garbo et John Gilbert dans Anna Karenine de Edmund Goulding.

Love
Photo de tournage plus étonnante : l’acteur aux côtés de Greta Garbo est n’est pas John Gilbert, c’est Ricardo Cortez, le caméraman est Merritt B. Gerstad, le réalisateur au centre est Dimitri Buchowetzki. La MGM débuta en effet le tournage de Anna Karenine avec Ricardo Cortez dans le rôle de Vronsky. Mécontent du résultat, Irving Thalberg changea toute l’équipe.

Adaptations du roman de Tolstoï :
Love de Edmund Goulding (1927) avec Greta Garbo et John Gilbert
Anna Karénine de Clarence Brown (1927) avec Greta Garbo et Fredric March
Anna Karénine de Julien Duvivier  (1948) avec Vivien Leigh
Anna Karénine de Aleksandr Zarkhi (1967) avec Tatyana Samojlova
Anna Karénine de Bernard Rose (1997) avec Sophie Marceau
Anna Karénine de Joe Wright (2012) avec Keira Knightley

15 janvier 2017

Les Malheurs de Sophie (2016) de Christophe Honoré

Les malheurs de SophieSophie de Réan est une petite fille espiègle, vivante et curieuse de la vie. Entourée de son cousin Paul et de ses petites camarades, Camille et Madeleine de Fleurville, elle fait les quatre cents coups dans le domaine familial, enchaînant bêtise sur bêtise… Le film de Christophe Honoré s’inspire librement des deux célèbres romans de la comtesse de Ségur : Les Malheurs de Sophie et sa suite Les Petites Filles modèles. Bien que le genre soit totalement nouveau pour lui, il a su trouver le bon ton pour traiter et moderniser juste un peu ces histoires écrites pour les enfants au milieu du XIXe siècle. Le film est au format 4/3 et le jeu des acteurs a une petite dose d’artificialité qui participe à créer une atmosphère de conte. Et Christophe Honoré se permet une fantaisie : il insère des petits animaux en animations dans quelques scènes et l’intégration est une vraie réussite. Les enfants jouent admirablement. Et comme toujours chez Honoré, la musique de son compère Alex Bompain a sa place, le film se finit par une chanson. L’ensemble est plaisant, plein de vie mais sera certainement diversement apprécié.
Elle: 4 étoiles
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Caroline Grant, Anaïs Demoustier, Golshifteh Farahani, Muriel Robin
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Autres adaptations au cinéma :
Les Malheurs de Sophie (1946) de Jacqueline Audry avec Madeleine Rousset et Marguerite Moreno
Les Malheurs de Sophie (1981) de Jean-Claude Brialy avec Paprika Bommenel (suivi d’Un bon petit diable en 1983).

Les Malheurs de Sophie
Caroline Grant dans Les malheurs de Sophie de Christophe Honoré.

Les Malheurs de Sophie
Céleste Carrale, Justine Morin, Caroline Grant et Tristan Farge dans Les malheurs de Sophie de Christophe Honoré.

13 janvier 2017

Maestro (2014) de Léa Fazer

MaestroHenri, un jeune acteur qui rêve de jouer dans des films d’action, se fait engager par Cédric Rovère un monstre sacré du cinéma d’auteur. De prime abord, il est très déçu des conditions du tournage, bien plus rudimentaires qu’il ne pensait, mais n’est pas insensible au charme de sa partenaire… Maestro s’inspire de la rencontre d’Eric Rohmer et de Jocelyn Quivrin sur le tournage de Les amours d’Astrée et de Céladon (2007). Jocelyn Quivrin avait lui-même commencé à en écrire le scénario avec Léa Fazer mais le jeune acteur, disparu en 2009 dans un accident, ne put mener le projet à terme. C’est l’histoire d’une rencontre aussi improbable qu’étonnante : Rohmer, qui avait alors 86 ans, a ouvert l’esprit du jeune acteur, lui a fait découvrir la poésie et la beauté des textes littéraires. Léa Fazer nous fait bien percevoir la connivence qui s’installe peu à peu entre les deux hommes. Bien que d’un horizon différent, Michel Lonsdale fait un Rohmer très crédible (il a d’ailleurs à peu près le même âge) et Pio Marmaï s’est parfaitement identifié à son personnage. Maestro est une belle histoire de transmission.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Pio Marmaï, Michael Lonsdale, Déborah François, Alice Belaïdi
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Maestro
Pio Marmaï et Michael Lonsdale dans Maestro de Léa Fazer.

Maestro
Film dans le film : Maestro de Léa Fazer.

12 janvier 2017

La Terrasse (1980) de Ettore Scola

Titre original : « La terrazza »

La TerrasseUne réception sur La Terrasse d’un appartement romain où se retrouvent une vingtaine de personnes. Beaucoup travaillent dans le domaine de la culture. Nous suivons successivement cinq d’entre eux sur les jours qui suivent cette soirée… On ne pourra pas accuser Ettore Scola d’avoir choisi la facilité. Si La Terrasse se présente comme une comédie à sketches, le film est en réalité une profonde réflexion sur l’évolution d’une génération d’intellectuels qui sombre dans le désenchantement en avançant en âge. Et si Scola a réuni une belle brochette d’acteurs très connus, il les a utilisés à contre-emploi prenant ainsi le risque de désarçonner le public tout en se mettant à dos la critique n’appréciant guère ce miroir qu’il leur tend. Ses personnages sont en proie au doute sur ce qu’ils ont fait au cours de leur existence ce qui génère chez eux un fort sentiment d’insatisfaction. Des problèmes amoureux viennent se greffer, car trois de ces cinquantenaires sont mariés ou s’amourachent avec des femmes trentenaires, ce qui met encore plus en évidence leur âge au lieu de le gommer. Ettore Scola montre une grande perfection dans la mise en place de cet ensemble où les personnages se croisent et s’entrecroisent, grâce à la minutie du scénario qu’il a élaboré avec Age et Scarpelli, ces deux grands de la comédie. L’ensemble n’est d’ailleurs pas sans humour mais La Terrasse est avant tout remarquable par l’acuité et la profondeur de son observation et par la réflexion qu’il occasionne chez nous. Son propos est assez atemporel.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Vittorio Gassman, Ugo Tognazzi, Jean-Louis Trintignant, Marcello Mastroianni, Stefania Sandrelli, Serge Reggiani, Marie Trintignant
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Remarque :
De façon amusante, pour les cinq personnages principaux, trois acteurs sont nés la même année : Gassman, Tognazzi, Raggiani (1922, soit 58 ans), puis viennent Mastroianni (1924, 56 ans) et Trintignant (1930, 50 ans).

La Terrasse
Marcello Mastroianni, Jean-Louis Trintignant, Ugo Tognazzi et Vittorio Gassman dans La Terrasse de Ettore Scola.

11 janvier 2017

Runaway Train (1985) de Andrei Konchalovsky

Runaway TrainManny, un prisonnier multirécidiviste, et Buck, jeune tête brûlée, s’évadent d’une prison de haute sécurité en Alaska dirigée par un directeur dur et impitoyable. Ils montent à bord d’un train dont le conducteur décède, foudroyé par une crise cardiaque. Le train est hors de contrôle… le scénario original de Runaway Train a été écrit dans les années soixante par Akira Kurosawa qui ne put trouver le financement pour le tourner. Il est repris presque vingt ans plus tard par le russe Andreï Konchalovsky encore auréolé du succès de Maria’s Lovers. Même américanisé, il reste une note japonaise dans le personnage de ce gangster dangereux : son mépris du danger et son jusqu’au-boutisme sont aussi poussés que chez les guerriers samouraï. Le déroulement du scénario est ponctué de brusques envolées lyriques comme si le réalisateur avait voulu donner à son film une autre dimension que celle d’un simple suspense. L’interprétation de Jon Voight est assez spectaculaire, parfois un peu trop, et les autres acteurs paraissent bien ternes à côté. Runaway Train est un film plutôt inégal mais assez spectaculaire, empreint d’une énergie brute.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Jon Voight, Eric Roberts, Rebecca De Mornay
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Runaway Train
Le train fou de Runaway Train de Andrei Konchalovsky.

10 janvier 2017

Une si jolie petite plage (1949) de Yves Allégret

Une si jolie petite plagePar un soir pluvieux, un jeune homme triste arrive dans un village côtier du nord de la France. Il prend une chambre dans l’unique hôtel ouvert, une modeste maison tenue par la nièce de l’ancien propriétaire complètement paralysé et muet. Ce dernier semble reconnaitre le nouvel arrivé… Tout comme Dédé d’Anvers (1948), Une si jolie petite plage est issu de la collaboration entre le scénariste Jacques Sigurd et le réalisateur Yves Allégret (qui, rappelons-le, est le jeune frère de Marc Allégret). C’est à nouveau un film très noir avec ce désenchantement qui marque le cinéma français de l’Après-guerre. Accablé par le lourd poids du destin, les personnages de cette histoire n’espèrent plus, du moins pour eux. Il n’y a pas un seul rayon de soleil à l’horizon, au propre comme au figuré puisqu’il pleut continuellement, une grosse pluie qui détrempe tout et semble vouloir s’insinuer partout. La construction est originale car rien n’est expliqué de prime abord : si on comprend rapidement que ce jeune homme a vécu là par le passé, les indices sont ensuite distillés au compte-goutte et nous ne faisons qu’entrevoir les choses. Ce n’est que vers la fin du film que l’on apprendra de sa bouche toute son histoire. Gérard Philipe est parfait dans ce rôle assez taciturne. L’acteur n’est encore qu’au début de sa carrière, son talent explosera aux yeux du plus grand nombre  peu après au théâtre et, par ricochet, au cinéma. La photographie, signée par le grand Henri Alekan, est superbe.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Madeleine Robinson, Gérard Philipe, Jean Servais, André Valmy, Jane Marken, Julien Carette
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Remarque :
* Yves Allégret se permet une amusante petite prouesse technique sur le plan de fin : un couple marche sur la plage, dit une phrase (« Une si jolie petite plage ! »), s’arrête pour regarder la mer et la caméra recule rapidement jusqu’à qu’ils ne deviennent plus qu’un point. Aucune trace n’est visible dans le sable. Sauf erreur de ma part, la seule façon de faire un tel plan est de le filmer à l’envers, le plus délicat étant la synchronisation de la petite phrase.

Une si jolie petite plage
Gérard Philipe et Madeleine Robinson dans Une si jolie petite plage de Yves Allégret.