14 janvier 2024

The Lost King (2022) de Stephen Frears

The Lost KingPhilippa Langley vit à Edimbourg. Elle souffre du syndrome de fatigue chronique, est séparée de son mari et sur une voie de garage sur le plan professionnel. Après avoir vu une pièce de Shakespeare, elle se documente sur le roi Richard III et acquiert vite la conviction que l’image très négative qu’en donne Shakespeare ne correspond pas à la réalité. Elle devient rapidement obsédée par le sujet et se met en tête de retrouver l’endroit où Richard III a été enterré…
The Lost King est un film britannique réalisé par Stephen Frears. Ecrit par Steve Coogan et Fred Pope, le scénario s’inspire de l’histoire vraie de Philippa Langley, qui a entrepris ses propres recherches pour retrouver les restes du roi Richard III en 2012. L’histoire est assez incroyable : la façon dont cette femme, modeste et sans aucune formation dans le domaine, a prouvé à tous les historiens qu’ils avaient tort est invraisemblable. Stephen Frears la met en scène de façon amusante, c’est une comédie. Les universitaires ne sont pas épargnés, le réalisateur montrant comment ils ont d’abord raillé le projet avant de s’en approprier le mérite une fois la découverte faite. Le récit est aussi plaisant que passionnant.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Sally Hawkins, Steve Coogan, Harry Lloyd, James Fleet, Mark Addy, Lee Ingleby
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Sally Hawkins dans The Lost King de Stephen Frears.

23 novembre 2022

Le Dernier Vice-Roi des Indes (2017) de Gurinder Chadha

Titre original : « Viceroy’s House »

Le Dernier Vice-Roi des Indes (Viceroy's House)Mars 1947. Le Palais du Vice-Roi à Delhi accueille en grande pompe Lord Mountbatten nommé Vice-Roi des Indes. Il sera le dernier car, après 300 ans de domination anglaise, il doit préparer le pays à l’indépendance. Mais la tâche s’avérera bien plus ardue que prévu. Les violents conflits religieux le forcent à entériner la partition des Indes et la création d’un nouvel état musulman, le Pakistan…
Le Dernier Vice-Roi des Indes est un film historique réalisé par Gurinder Chadha, réalisatrice britannique d’origine indienne. Aux faits historiques est mêlée une histoire d’amour entre deux jeunes indiens au service du Palais que la religion oppose. Bien que très classique, ce procédé permet de mieux nous faire saisir les tragédies que la Partition a engendrées. A noter que les grands-parents de la réalisatrice ont fait partie des millions de personnes déplacées par la Partition de 1947. Toutefois, elle ne prend pas partie, elle cherche surtout à montrer comment la violence éclatait de toutes parts. Sur le plan historique, le film a été critiqué pour sa présentation de la Partition comme le résultat d’un complot secret de Winston Churchill pour barrer la route aux soviétiques (1). Ce point précis arrive toutefois tardivement dans le récit (et de façon presque anecdotique) et n’ajoute rien au propos. Malgré cela, le film reste intéressant. En Inde, la version doublée en Hindi est sortie sous le simple titre « Partition : 1947 ».
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Hugh Bonneville, Gillian Anderson, Manish Dayal, Huma Qureshi, Michael Gambon, Om Puri
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(1) La réalisatrice s’est défendue en disant qu’elle s’était inspirée d’un livre de Narendra Singh Sarila, The Shadow of the Great Game: The Untold Story of India’s Partition (paru en 2006), qui se disait basé sur des documents secrets découverts à la British Library. Peu étayée, cette thèse qui tend à dédouaner Lord Mountbatten n’a convaincu aucun historien qui l’ont qualifiée de « conspirationniste ». A noter qu’en 1947, Winston Churchill n’était pas premier ministre (il s’agissait du travailliste Clement Attlee).

Le Dernier Vice-Roi des Indes (Viceroy's House)Hugh Bonneville et Gillian Anderson dans Le Dernier Vice-Roi des Indes (Viceroy’s House) de Gurinder Chadha.

Le Dernier Vice-Roi des Indes (Viceroy's House)Manish Dayal et Huma Qureshi dans Le Dernier Vice-Roi des Indes (Viceroy’s House) de Gurinder Chadha.

24 juin 2021

L’Ombre de Staline (2019) de Agnieszka Holland

Titre original : « Mr. Jones »

L'ombre de Staline (Mr. Jones)1933. Gareth Jones est un jeune journaliste britannique qui travaille pour l’ancien Premier Ministre David Lloyd George, comme conseiller dans le domaine de la politique étrangère. Licencié pour raisons financières, il décide de partir à Moscou pour éclaircir la question du financement des projets de l’URSS. Une fois sur place, la nouvelle de l’assassinat d’un ami journaliste qui devait l’aider lui fait comprendre qu’il s’intéresse à un sujet dangereux…
L’ombre de Staline est un film biographique polono-britannico-ukrainien réalisé par la polonaise Agnieszka Holland. Le film a le mérite d’exposer au grand public la famine ukrainienne de 1932-1933, l’Holodomor, et de montrer comment elle fut cachée aux yeux du monde avec la complicité de certains journalistes occidentaux. Le pouvoir soviétique avait ainsi l’indéfectible soutien du correspondant du New York Times à Moscou, Walter Duranty, Prix Pulitzer en 1932. Le récit que fait la réalisatrice est bien construit avec une tension qui ne faiblit à aucun moment. Seuls quelques effets de transition entre certaines scènes paraissent superflus car trop accrocheurs. La réalisatrice est convaincue du pouvoir du cinéma pour faire connaitre au grand public de tels pans cachés de l’Histoire. Son film, particulièrement édifiant, a tout pour atteindre ce but.
Elle: 4 étoiles
Lui : 4 étoiles

Acteurs: James Norton, Vanessa Kirby, Peter Sarsgaard, Joseph Mawle, Kenneth Cranham
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Remarque :
* La réalisatrice introduit un personnage supplémentaire, George Orwell, qui a écrit La Ferme des animaux (apologue écrit sous la forme d’une fable animalière, également une critique du stalinisme) environ dix ans plus tard. Orwell et Jones avaient effectivement le même éditeur londonien. Rien n’atteste qu’ils se soient rencontrés mais ce n’est pas impossible.

(1) Le terme Holodomor désigne la grande famine qui eut lieu en RSS d’Ukraine et dans le Kouban, en URSS, en 1932 et 1933 et qui fit, selon les estimations des historiens, entre 3 et 5 millions de victimes. Provoquée par les quotas trop élevés fixés par le pouvoir communiste et une mauvaise récolte, la famine fut niée par Staline qui durcit sa position et emprisonna ou exécuta les « éléments contre-révolutionnaires » présentés comme responsables de l’échec. Depuis l’ouverture des archives soviétiques, la négation de l’Holodomor a cessé, mais son ampleur et le caractère intentionnel de la famine (et donc sa qualification de « génocide ») est toujours contesté. Lire sur Wikipedia

L'ombre de Staline (Mr. Jones)James Norton est Gareth Jones dans L’ombre de Staline (Mr. Jones) de Agnieszka Holland.

L'ombre de Staline (Mr. Jones)Peter Sarsgaard est Walter Duranty dans L’ombre de Staline (Mr. Jones) de Agnieszka Holland.

17 décembre 2020

J’accuse (2019) de Roman Polanski

J'accuseEn 1894, le capitaine Alfred Dreyfus, officier français de confession juive, est condamné à la déportation à vie pour avoir fourni des documents secrets à l’Allemagne. Le commandant Picquart, promu lieutenant-colonel et chef du deuxième Bureau, découvre que le commandant Esterhazy est en réalité le véritable espion…
L’Affaire Dreyfus a déchiré la France de la Troisième République pendant douze ans, de la condamnation d’Alfred Dreyfus en 1894 à sa réhabilitation pleine et entière en 1906. Etonnamment, le cinéma français n’avait jamais vraiment traité cette affaire : avant ce J’accuse de Roman Polanski, il faut remonter aux reconstitutions « à chaud » de Georges Méliès et de Pathé. Les quelques films qui abordèrent plus profondément le sujet sont étrangers ou des téléfilms.
Roman Polanski désirait depuis longtemps faire un film sur l’Affaire Dreyfus. Il collabore ici à nouveau avec l’auteur britannique Robert Harris (scénariste de Ghost Writer) qui lui a écrit un roman sur mesure. L’originalité de leur approche est traiter l’affaire non pas comme une affaire judiciaire mais comme une histoire d’espionnage. Au prix d’une très légère déformation de la réalité (1), ils ont centré leur récit sur le commandant Picquart. Profondément antisémite, plus par tradition que par conviction toutefois, cet officier va découvrir, une fois promu à la tête des services des renseignements, que toute l’accusation à laquelle il a lui-même participé ne reposait en réalité sur rien. Le déroulement du scénario est parfait, il capte toute notre attention, ce qu’un récit plus traditionnel n’aurait probablement pas réussi à faire. L’atmosphère récréée est forte, notamment dans les locaux du service des renseignements. La réalisation est parfaite, tout est parfaitement dosé. J’accuse est bien le grand film que cette affaire méritait d’avoir. Il a tout de même fallu attendre plus d’un siècle…

Elle: 4 étoiles
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Jean Dujardin, Louis Garrel, Grégory Gadebois, Emmanuelle Seigner, Wladimir Yordanoff, Vincent Perez, Melvil Poupaud
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(1) Les principales altérations de la réalité concernent la présence de Picquart à une réunion secrète des soutiens de Dreyfus où sont présents Zola et Clémenceau et la façon dont Picquart tient tête à sa hiérarchie (notamment en quittant la salle d’audition).

J'accuseJean Dujardin dans J’accuse de Roman Polanski.

Autres films traitant de l’Affaire Dreyfus:
1899 : L’Affaire Dreyfus, 11 films d’1 minute de Georges Méliès (sur le mode des actualités reconstituées, chaque film reconstituant un épisode de l’Affaire)
1899 : L’Affaire Dreyfus, 8 films d’1 minute produits par la société Pathé frères (réalisateur inconnu) (même mode, tounés moins d’un mois après ceux de Méliès)
1930 : Dreyfus, film allemand de Richard Oswald
1931 : Dreyfus, film anglais de F.W. Kraemer et Milton Rosmer
1937 : The Life of Émile Zola, film américain de William Dieterle avec Paul Muni
1958 : I accuse, film américain de José Ferrer avec José Ferrer

Téléfilms :
1978 : Zola ou la Conscience humaine, film français en quatre épisodes de Stellio Lorenzi (Antenne 2)
1991 : Can a Jew Be innocent? film anglais en quatre épisodes de Jack Emery (BBC)
1991 : Prisoners of Honor, film américain de Ken Russel
1994 : L’Affaire Dreyfus, film français en deux épisodes d’Yves Boisset (France 2)
1994 : Rage et Outrage,  film français de George Whyte
1995 : Dreyfus in Opera and Ballet, film allemand en anglais.

13 juillet 2019

L’échange des princesses (2017) de Marc Dugain

L'échange des princesses1721. Alors que Louis XV n’a que onze ans, le Régent Philippe d’Orléans a l’idée d’un échange de princesse pour sceller la paix entre la France et l’Espagne : Louis XV épouserait l’Infante d’Espagne qui n’a alors que quatre ans et, en échange, le Régent offre sa propre fille âgée de douze ans au fils du roi d’Espagne…
Coécrit et réalisé par Marc Dugain, L’échange des princesses est l’adaptation du roman homonyme de Chantal Thomas, paru en 2013. C’est un épisode assez étonnant de l’Histoire de France surtout si on le considère avec nos yeux du XXIe siècle car cette utilisation des enfants choque aujourd’hui. Marc Dugain a su rendre ses personnages assez actuels sans trahir l’Histoire : les deux princesses nous paraissent ainsi plus contemporaines, notamment la plus âgée dans sa rébellion et ses effronteries. Le réalisateur insiste probablement un peu trop sur la décrépitude de la royauté qu’il tient à nous montrer à bout de souffle. La reconstitution est soignée. Que l’interprétation d’acteurs comme Olivier Gourmet ou Lambert Wilson soit très professionnelle, cela ne surprend guère ; la surprise vient du jeune Igor van Dessel en Louis XV, très étonnant par la concentration de son jeu. En revanche, les deux princesses paraissent un peu trop âgées pour leur rôle. Le principal défaut du film est de ne pas explorer plus profondément les raisons politiques de cet échange, restant sur le simple aspect « ahurissant » de ces évènements, mais l’ensemble est assez réussi.
Elle: 4 étoiles
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Lambert Wilson, Anamaria Vartolomei, Olivier Gourmet, Catherine Mouchet, Kacey Mottet Klein, Igor van Dessel, Juliane Lepoureau
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L'échange des princessesIgor van Dessel dans L’échange des princesses de Marc Dugain.

L'échange des princessesAnamaria Vartolomei et Juliane Lepoureau dans L’échange des princesses de Marc Dugain.

11 février 2018

Monseigneur (1949) de Roger Richebé

MonseigneurL’historien-archiviste Piétrefond découvre que le serrurier à deux pas de chez lui, Louis Mennechain, porte le nom de l’homme qui aurait participé à l’évasion de Louis XVII en 1795 : certains affirment qu’il aurait fait passer l’enfant royal pour son propre fils. Après recherches, Piétrefond est persuadé que Louis Mennechain est donc le descendant de Louis XIV. Il alerte un groupe de nobles, nostalgiques de la royauté ; cette découverte dépasse leurs plus folles espérances…
Basé sur un roman de Jean Martet, Monseigneur est comédie basée sur « l’énigme du Temple », ces rumeurs qui prétendaient que l’enfant retrouvé mort dans sa geôle en 1795 n’était pas le Dauphin qui avait survécu grâce à une substitution. Roger Richebé en fait un amusant divertissement en jouant sur le décalage entre la nature très simple et modeste du serrurier et le monde de nobles dans lequel il se retrouve propulsé. Il le fait sans exagération, avec une élégante parcimonie et un humour distillé à petites touches. Les royalistes sont ridiculisés mais sans trop de méchanceté. Les dialogues sont de Carlo Rim. Le film doit aussi sa réussite à la belle prestation de Bernard Blier qui montre ici l’étendue de sa palette, toujours très juste dans son interprétation. Depuis une analyse ADN en 2004, on sait aujourd’hui que c’est bien le Dauphin qui est mort dans sa geôle en 1795.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Fernand Ledoux, Bernard Blier, Yves Deniaud, Marion Tourès, Paul Frankeur
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Monseigneur
Bernard Blier dans Monseigneur de Roger Richebé.

24 juin 2017

Le Jour le plus long (1962) de Ken Annakin, Andrew Marton et Bernhard Wicki

Titre original : « The Longest Day »

Le Jour le plus longAdapté d’un livre de Cornelius Ryan, Le Jour le plus long retrace les évènements du 6 juin 1944, jour du débarquement des alliés en Normandie. Trois réalisateurs, un nombre incalculable d’acteurs connus, un budget important, le producteur Darryl F. Zanuck a tout fait pour créer le film qui soit la reconstitution ultime d’un évènement majeur de l’Histoire.
Cinématographiquement parlant, le film n’a pas grande valeur : il est mal écrit et mal monté, confus et même parfois ennuyeux. C’est un véritable fourre-tout.
En revanche, du fait de son succès commercial, le film eut un impact considérable. C’est probablement le plus bel exemple du « cinéma qui se substitue à l’Histoire ». Deux exemples : c’est le film Le Jour le plus long qui a vraiment fait entrer dans l’Histoire l’épisode du parachutiste resté accroché au clocher de Sainte-Mère-Église, devenant l’anecdote la plus célèbre du Débarquement ; les historiens restent très partagés sur sa véracité. Le cas des deux Messerschmitt en est un autre : cette séquence un peu grotesque, dont l’humour paraît déplacé, a fait prospérer la croyance que l’aviation allemande était ce jour-là inopérante (alors qu’en réalité, il y eut plus de sept cent sorties d’avions allemands pour attaquer les troupes alliées). En fait, cette séquence a été introduite parce que Zanuck n’avait réussi à mettre la main que sur deux Messerschmitt en état de voler.
Mais pour beaucoup, le film est devenu l’Histoire et le fait qu’aucun autre film ne vienne le détrôner a accentué le phénomène (le plus proche est Il faut sauver le soldat Ryan en 1998). Malgré ses défauts, Le Jour le plus long a tout de même atteint son objectif : rendre hommage à tous ces soldats dont beaucoup laissèrent leur vie ce jour-là sur une plage de Normandie. Ils méritaient bien qu’une telle superproduction leur soit consacrée.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Robert Mitchum, John Wayne, Henry Fonda, Curd Jürgens, Bourvil, Gert Fröbe, Eddie Albert, Arletty, Jean-Louis Barrault, Richard Beymer, Richard Burton, Red Buttons, Pauline Carton, Sean Connery, Irina Demick, Mel Ferrer, Steve Forrest, Leo Genn, John Gregson, Paul Hartmann, Jeffrey Hunter, Karl John, Fernand Ledoux, Alexander Knox, Christian Marquand, Roddy McDowall, Sal Mineo, Kenneth More, Edmond O’Brien, Wolfgang Preiss, Madeleine Renaud, Georges Rivière, Robert Ryan, George Segal, Jean Servais, Rod Steiger, Richard Todd, Peter van Eyck, Robert Wagner, Georges Wilson
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A lire : un récit intéressant sur le tournage du film

le jour le plus long
John Wayne dans Le Jour le plus long de Darryl F. Zanuck.

Remarques :
* L’anglais Ken Annakin a tourné les scènes anglaises, l’américain Andrew Marton a tourné les scènes américaines et l’allemand Bernhard Wicki les scènes allemandes.
* Darryl F. Zanuck était très présent sur le tournage et a même réalisé lui-même certaines séquences.
* Le tournage eut lieu en Normandie mais aussi en Corse et sur l’île de Ré.
* Bon nombre d’acteurs sont beaucoup trop âgés pour leur rôle : par exemple, le lieutenant-colonel Vandervoort interprété par John Wayne avait en réalité 27 ans. Même au moment du tournage 17 ans plus tard, il avait dix ans de moins que John Wayne (54 ans)!
* Le Jour le plus long est l’une des rares superproductions hollywoodiennes où les acteurs s’expriment dans leur langue : les français parlent français, les allemands parlent allemand… Une version tout en anglais fut toutefois réalisée pour le marché américain notamment.
* Le film connut un immense succès commercial, une manne bienvenue pour la Fox qui était alors bien mal en point à cause de Cléopâtre.
* Une version colorisée a été réalisée pour le 50e anniversaire du débarquement en 1994. Elle fut diffusée sur TF1, puis vendue en version VHS.

le jour le plus long
Darryl F. Zanuck sur le tournage (à la Pointe du Hoc) du Jour le plus long.

30 mars 2017

La Chambre ardente (1962) de Julien Duvivier

Titre original : « La chambre ardente »

La Chambre ardenteHistorien, Michel Boissard est invité avec sa femme, Marie, descendante de la marquise de Brinvilliers, célèbre empoisonneuse, dans le château de Mathias Desgrez, descendant du dernier amant de la marquise qui la dénonça. Au château viennent aussi les deux neveux, Marc et Stéphane Desgrez, qui attendent impatiemment l’héritage… La chambre ardente est adaptée d’un roman policier de John Dickson Carr. Il fait partie des derniers films de Julien Duvivier qui en a écrit le scénario avec Charles Spaak, l’un des plus grands scénaristes du cinéma français (1). A l’intrigue policière viennent se mêler l’insolite et la dérision, formant un cocktail très réussi. L’atmosphère est à la fois troublante et amusante. L’interprétation est tout en contrastes subtils : au virevoltant Claude Rich et au facétieux Claude Piéplu font face la diaphane Edith Scob ou l’intense Nadja Tiller. Tous les rôles sont très bien tenus, à deux exceptions près : Jean-Claude Brialy et Walter Giller, tous deux étonnamment très mauvais. Méprisé à sa sortie par la Nouvelle Vague, La chambre ardente reste un film plutôt sous-estimé aujourd’hui.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Nadja Tiller, Jean-Claude Brialy, Claude Rich, Perrette Pradier, Edith Scob, Claude Piéplu
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La Chambre ardente
Jean-Claude Brialy, Claude Piéplu et Claude Rich dans La Chambre ardente de Julien Duvivier.

La Chambre ardente
Nadja Tiller et Perette Pradier (Héléna Manson à l’arrière-plan) dans la scène de l’enterrement vraiment peu banal de La Chambre ardente de Julien Duvivier.

Remarque :
* La chambre ardente est le nom donné dès le XVIe siècle à un tribunal extraordinaire pour juger des crimes concernant l’Etat. C’est elle qui jugea la marquise de Brinvilliers sous Louis XIV dans la célèbre Affaire des poisons (1676). Ses audiences se tenaient dans une pièce tendue de noir et éclairée par des torches ou des bougies, d’où son nom.

(1) On serait tenté d’écrire « l’un des plus grands scénaristes français » mais Charles Spaak est belge… Il a débuté aux côtés de Jacques Feyder à la fin des années 20 et la liste de ses contributions est bien longue, citons seulement La Grande Illusion de Jean Renoir. Sa première collaboration avec Duvivier date de 1936 (La Belle Equipe).

25 mars 2016

Le Bal (1983) de Ettore Scola

Titre original : Ballando ballando

Le BalUne salle de bal française de 1936 à 1980… Il faut reconnaître une certaine originalité à cette adaptation d’un spectacle du Théâtre du Campagnol : un lieu unique, aucune parole prononcée, un même groupe d’acteurs/danseurs (23) à différentes époques. Hélas, le résultat est loin d’être convaincant. Le premier problème est inhérent au fait de filmer un spectacle de danse : la caméra isole les personnages et casse la vision d’ensemble pour laquelle il est conçu. De plus, le jeu outrancier de certains acteurs (tics, mimiques) se justifie sur une scène mais pas face à une caméra où il devient excessif et oblitère toute capacité à émouvoir et même à peindre des sentiments. Le second problème est l’accumulation de stéréotypes sur les époques montrées et sur les comportements sociaux. Ettore Scola nous a habitués à autre chose qu’une observation sociologique si sommaire. Là encore, ce qui peut faire un spectacle de divertissement sur une scène, peut se révéler très pauvre une fois transposé à l’écran. Finalement, l’humour est encore ce qui fonctionne le mieux même si Scola a parfois la main lourde. On peut comprendre que le film ait surpris et même séduit à sa sortie (3 Césars!) mais, trente ans plus tard, il est plus difficile (à mes yeux du moins) de lui trouver de l’intérêt. Le Bal est en tous cas un film unique dans la filmographie du regretté Ettore Scola.
Elle:
Lui : 1 étoile

Acteurs:
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Le Bal

13 juin 2015

Le Diable boiteux (1948) de Sacha Guitry

Le Diable boiteuxA la Libération, Sacha Guitry est accusé de collaboration, emprisonné, puis libéré pour absence totale de chef d’accusation. Pour laver son honneur, il s’empare de la biographie de Talleyrand et la façonne pour en faire un grand homme politique. Surnommé le Diable boiteux, l’homme fut en effet lui aussi accusé d’avoir retourné sa veste plusieurs fois (monarchiste, jacobin, ministre sous le Directoire, conseiller de Napoléon, de Louis XVIII, etc.). Sacha Guitry le modèle à son image et nous démontre que ce qui ressemblait à de l’opportunisme n’était en réalité qu’une recherche du meilleur moyen de servir la France. Si le film déçoit quelque peu, ce n’est pas du fait de cette interprétation de l’Histoire (après tout, avec Guitry, on sait d’avance que des libertés seront prises) mais plutôt du fait de la mise en scène assez lourde, presque pataude. Le centrage sur Guitry est plus pesant, l’interprétation des autres acteurs parait assez impersonnelle. Les bons mots sont là mais ils sont moins nombreux et chargés de férocité. La fantaisie a laissé la place à une sombre amertume, état d’esprit que l’on peut certes comprendre. L’ensemble paraît hélas un peu long.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Sacha Guitry, Lana Marconi, Émile Drain
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Remarques :
* On remarquera les doubles rôles pour les acteurs interprétant les quatre valets de Taylleyrand. Nous retrouvons les mêmes acteurs dans les rôles de gouvernants : Napoléon, Louis XVIII, Charles X et Louis-Philippe.
* Le premier scénario avait été refusé par la censure. Guitry en a alors fait une pièce intitulée Talleyrand et jouée début 1948, pièce qu’il a adaptée en film.

Le Diable boiteux
Lana Marconi et Sacha Guitry dans  Le Diable boiteux de Sacha Guitry.