7 août 2020

C’est ma femme (1929) de Lloyd French

Titre original : « That’s My Wife »

C'est ma femme (That's My Wife)L’oncle Bernal surgit à l’improvise chez Oliver Hardy pour lui annoncer qu’il va faire de lui son légataire mais à la condition qu’il soit heureux en ménage. Il tombe particulièrement mal car M. et Mrs Hardy viennent de se disputer et cette dernière vient de quitter le domicile conjugal. Qu’à cela ne tienne, Stan Laurel va se travestir et jouer le rôle de l’épouse modèle…
L’idée de base de That’s My Wife est dérivée d’un court métrage de 1926 Along Came Auntie où Oliver Hardy apparaissait seul (1). Mais ici, le signataire du scénario Leo McCarey va beaucoup plus loin puisque Stan Laurel est déguisée en femme et le reste ensuite pendant la totalité du film. Le travestissement est utilisé comme ressort principal d’humour, assez subtilement, sans vulgarité ni facilité. Très convaincant, Stan Laurel joue le rôle avec un naturel presque désarmant. En outre, le film est doté d’un final brillant. Mal connu, That’s My Wife mérite pourtant de figurer parmi les meilleurs courts métrages muets de Laurel et Hardy. (Court métrage muet, 2 bobines)
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Stan Laurel, Oliver Hardy
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(1) Along Came Auntie de Fred Guiol et Richard Wallace avec Glenn Tryon, Vivien Oakland et Oliver Hardy. Dans ce court métrage, une femme avait divorcé et voulait le cacher à une vieille tante riche. Oliver Hardy joue le premier mari. Il s’agit essentiellement de slapstick, sans grande originalité toutefois.
A noter que Vivien Oakland interprète ici la femme d’Oliver dans la scène d’ouverture.

C'est ma femme (That's My Wife)Stan Laurel et Oliver Hardy (+ figurant) dans That’s My Wife de Lloyd French.

C'est ma femme (That's My Wife)Stan Laurel, Oliver Hardy et Jimmy Aubrey dans That’s My Wife de Lloyd French.

20 février 2020

Les Joies du mariage (1933) de James Parrott

Titre original : « Twice Two »

Les joies du mariage (Twice Two)Stan est marié à la sœur d’Oliver. Oliver est marié à la sœur de Stan. Ils se mariés le même jour. Pour leur premier anniversaire de mariage, leurs femmes ont préparé un bon dîner…
Comme dans Brats (1931), Twice Two comprend quatre personnages mais seulement deux acteurs : ici, Laurel et Hardy interprètent chacun leur classique personnage masculin et également leur double féminin. Non seulement, les trucages (par cache) sont parfaitement réalisés mais aussi le travestissement est particulièrement soigné. La vision d’Oliver Hardy en combinaison n’est pas banale! A noter que les voix féminines sont doublées. Les deux soeurs reproduisent le comportement de leurs frères. Même si l’ensemble n’est pas très rythmé, ce court métrage comporte de bons gags : le gâteau qui fait ressembler la sœur d’Oliver à la reine d’Angleterre, Stan qui essaie de mettre sa serviette, et j’avoue avoir un petit faible pour le gag du verre avec la machine à écrire.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Stan Laurel, Oliver Hardy
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Les joies du mariage (Twice Two)Stan Laurel, Oliver Hardy, Oliver Hardy et Stan Laurel dans Les joies du mariage (Twice Two) de James Parrott.

5 septembre 2019

Cherchez la femme (2017) de Sou Abadi

Cherchez la femmeÉtudiants à Science Po, Armand et Leila sont en couple. Mahmoud, le grand frère de Leila, revient d’un long séjour au Yémen qui l’a radicalement transformé. Il s’impose comme chef de famille et maintient sa sœur enfermée. Pour revoir Leila, Armand enfile le voile intégral et se fait passer pour une femme…
Après son très remarqué documentaire SOS Téhran (2002), la réalisatrice d’origine iranienne Sou Abadi n’a pas réussi à tourner d’autres films avant d’écrire cette comédie. Traiter de l’intégrisme islamiste sur le mode de l’humour est une démarche risquée mais elle remporte son pari grâce à une indéniable spontanéité et une absence de malice. Bien entendu, les clichés ne sont pas totalement évités. Les amis intégristes ressemblent à une bande de Pieds Nickelés plus inoffensifs qu’autre chose et il y a un parti-pris de simplicité dans l’approche globale. L’ensemble est amusant, presque bon enfant, en tous cas pétri de bonnes intentions.
Elle: 3 étoiles
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Félix Moati, William Lebghil, Camélia Jordana, Anne Alvaro
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Cherchez la femmeFélix Moati dans Cherchez la femme de Sou Abadi.

Homonymes :
Cherchez la femme (Herzogin Satanella, 1921) film muet autrichien de Michael Kertesz alias Michael Curtiz (film perdu?)
Cherchez la femme (1955) de Raoul André avec Georges Marchal et Geneviève Page (film perdu?)

21 février 2018

Tootsie (1982) de Sydney Pollack

TootsieMichael Dorsey est un comédien qui a la réputation d’être difficile à gérer. Personne ne veut l’embaucher. Persuadé qu’il peut tout faire, il décide de se travestir en femme et réussit à décrocher un rôle dans un soap-opéra…
Tootsie occupe une place à part dans la filmographie de Sydney Pollack. Il s’agit d’une comédie assez impersonnelle qui se contente de jouer sur les stéréotypes hommes / femmes. Pollack dit être parti de l’idée d’un homme qui devient meilleur en se féminisant. Il a pris soin de ne jamais tomber dans la vulgarité et a su contrôler Dustin Hoffman dans ses velléités d’aller toujours plus loin. En grand amateur des tours de force, l’acteur s’en donne à coeur joie et ne ménage pas sa peine ;  il fait  une prestation remarquable. Mais l’ensemble reste anodin et se compare difficilement aux grands réussites du genre comme I Was a Male War Bride, Certains l’aiment chaud ou Victor Victoria sorti quelques mois plus tôt. Tootsie fera pourtant presque dix fois plus d’entrées que ce dernier et restera, de loin, le plus grand succès au box-office de la carrière de Sydney Pollack.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Dustin Hoffman, Jessica Lange, Teri Garr, Dabney Coleman, Charles Durning, Bill Murray, Geena Davis
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Tootsie
Sydney Pollack et Dustin Hoffman dans Tootsie de Sydney Pollack.

Remarques :
* Dans les films sortis en 1982 aux USA, Tootsie est en seconde place  en nombre d’entrées. Seul E.T. a fait mieux.
* Dustin Hoffman aurait mérité un Oscar pour sa performance. Ce sera Jessica Lange qui aura l’Oscar réglementaire (ce qui peut laisser perplexe…)
* Première apparition à l’écran de Geena Davis.

Tootsie
Jessica Lange, Dustin Hoffman, Dabney Coleman et George Gaynes dans Tootsie de Sydney Pollack.

13 décembre 2017

Victor et Victoria (1933) de Reinhold Schünzel

Titre original : « Viktor und Viktoria »

Victor et VictoriaAtteint d’un rhume sévère, un comédien sans le sou ne peut se permettre de manquer une seule représentation de son numéro de travesti dans un petit cabaret. Il demande donc à une jeune femme de prendre sa place, c’est-à-dire de se faire passer pour un homme qui se fait passer pour une femme…
Cinquante ans avant d’être un brillant film de Blake Edwards, Victor et Victoria fut un film allemand de Reinhold Schünzel, un film devenu très rare mais qui a heureusement été restauré récemment. Le plus étonnant dans cette première version, c’est de voir à quel point elle était déjà excellente avec pratiquement tous les ingrédients et les nombreux ressorts de l’humour (1) . C’est Reinhold Schünzel qui a écrit lui-même cette comédie très originale, mise en scène de façon très enlevée ; on ne s’ennuie pas une seconde. De façon assez étonnante (et très réussie), les acteurs se mettent quelquefois à chantonner leur texte sans que l’on s’en aperçoive tout de suite (mais ce n’est pas une comédie musicale) et il y a même un ballet filmé de haut à la manière de Busby Berkeley. Côté interprétation, Renate Müller est particulièrement brillante.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Renate Müller, Hermann Thimig, Hilde Hildebrand, Fritz Odemar, Anton Walbrook
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Remarques :
* Une version française fut tournée simultanément avec l’aide de Roger Le Bon : Georges et Georgette (1934). Le seul acteur commun est Anton Walbrook (toujours sous son vrai nom, Adolf Wohlbrück) : Julien Carette est Georges et Meg Lemonnier est Georgette. Paulette Dubost est la jeune fille aux numéros. Ce film semble aujourd’hui perdu (?).

* Renate Müller fut une actrice très populaire dans l’Allemagne du début des années trente. C’est Reinhold Schünzel qui lui a donné son premier rôle au cinéma en 1929 alors qu’elle avait 23 ans. Enchaînant les succès, elle refusera de participer aux films de propagande nazie. Elle est décédée en 1937, à l’âge de 31 ans, dans des circonstances qui restent floues.

* Adolf Wohlbrück prendra le nom d’Anton Walbrook quand il se réfugiera en Angleterre en 1937 (il était juif). Il tournera alors notamment sous la direction de Michael Powell avant de continuer sa carrière en France dans les années 50 où on le verra dirigé par, entre autres, Max Ophuls.

(1) La différence majeure avec la version de Blake Edwards est l’absence de toute connotation homosexuelle (époque oblige) : Viktor n’est pas gay et l’amoureux de Viktoria sait très rapidement que c’est une femme et donc, à la différence de James Garner, ne se pose pas de question sur ses penchants sexuels.

Viktor und Viktoria
Anton Walbrook, Hilde Hildebrand, Renate Müller, Hermann Thimig et Fritz Odemar dans Victor et Victoria de Reinhold Schünzel.

26 juin 2017

Tenue de soirée (1986) de Bertrand Blier

Tenue de soiréeAntoine (Michel Blanc) et Monique (Miou-Miou) forment un couple en pleine galère. Alors qu’ils se disputent dans un bal, un inconnu Bob (Gérard Depardieu) intervient pour prendre la défense d’Antoine et gifle Monique… En écrivant Tenue de soirée, Bertrand Blier cherchait à retrouver l’esprit des Valseuses et avait même prévu de reprendre le même trio d’acteurs. Le décès de Patrick Dewaere rendit cela impossible. La provocation reste de mise comme en témoigne l’affiche dont le slogan a beaucoup fait parler à sa sortie. Comme toujours chez Blier, les dialogues valent leur pesant d’or, aussi percutants qu’irrévérencieux, souvent jubilatoires. Ils sont très crus et explicites mais c’est toujours au service de l’humour et non de la vulgarité (mais l’appréciation sur ce plan pourra bien entendu varier selon les personnes). Bertrand Blier parvient ainsi à aborder de manière passablement directe et sans tabou le sujet de l’homosexualité à une époque qui était encore frileuse sur ce plan. Il va même jusqu’au travestissement, dans un délire final totalement surréaliste. Tenue de soirée connut un grand succès à sa sortie. Trente ans plus tard, il reste toujours aussi amusant.
Elle: 4 étoiles
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Gérard Depardieu, Michel Blanc, Miou-Miou
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Tenue de soirée
Miou-Miou, Michel Blanc et Gérard Depardieu dans Tenue de soirée de Bertrand Blier.
« Tiens, prends un peu de pommard… »

14 juin 2017

Sylvia Scarlett (1935) de George Cukor

Sylvia ScarlettDu fait des malversations de son père, une jeune femme française doit se déguiser en garçon pour le suivre dans fuite vers l’Angleterre. En chemin, ils sympathisent avec un petit escroc et font équipe tous les trois… La notoriété actuelle de cette comédie de George Cukor repose en grande partie sur le travestissement de Katharine Hepburn. Il faut bien avouer que le scénario (adapté d’un roman de Compton MacKenzie paru en 1918) n’est guère vraisemblable et part un peu dans tous les sens. Sylvia Scarlett est finalement un film assez étrange du fait du travestissement de Katharine Hepburn, bien entendu, mais aussi parce que l’actrice parle un peu en français avec une voix haut perchée et le bostonien Cary Grant tente (sans grand résultat, semble t-il) de prendre l’accent cockney londonien. Et il y a ce curieux mélange entre comédie, aventure romantique et tragédie (le père qui sombre peu à peu dans la folie) sans qu’aucun aspect ne prévale vraiment. A sa sortie, le film fut très mal reçu par la critique et par le public, choqué par le travestissement. L’image de Katharine Hepburn en pâtit, l’actrice allait enchaîner ensuite les échecs qui lui vaudraient le surnom de « box-office poison » quelques années plus tard. Elle fait pourtant une belle performance. Seul Cary Grant s’en tira sans dommage, montrant au contraire qu’il avait des talents pour la comédie. Vu aujourd’hui, Sylvia Scarlett apparaît comme une belle curiosité, certainement en avance sur son temps sur le plan de la sexualité et qui explore la frontière entre réalité et illusion.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Katharine Hepburn, Cary Grant, Brian Aherne, Edmund Gwenn
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Remarques :
* Il s’agit d’une nouvelle vision de ce film pour ce blog, la présentation précédente (10 ans auparavant) était bien plus négative, assez sévère même. Lire…
* La scène d’ouverture située à Marseille fut rajoutée après les premières projections-tests pour bien montrer Katharine Hepburn habillée en fille avec des nattes.

Sylvia Scarlett
Katharine Hepburn dans Sylvia Scarlett de George Cukor.

Sylvia Scarlett
Edmund Gwenn, Katharine Hepburn et Cary Grant dans Sylvia Scarlett de George Cukor.

Sylvia Scarlett
Katharine Hepburn et Brian Aherne dans Sylvia Scarlett de George Cukor.

Sylvia Scarlett
Katharine Hepburn sur le tournage Sylvia Scarlett de George Cukor. Le photographe de cette superbe photo de tournage s’est baissé pour être dans le champ (ce qu’il tient est le trépied de son appareil, au dessus de lui). Cette photo figure dans le très beau livre Tournages 1910-1939 (ed. Le Passage/La Cinémathèque).

23 mai 2015

Certains l’aiment chaud (1959) de Billy Wilder

Titre original : « Some Like It Hot »

Certains l'aiment chaud1929. Pour avoir assisté par hasard au Massacre de la Saint-Valentin, deux musiciens fauchés sont recherchés par une bande de gangsters appartenant à la Mafia. Pour leur échapper, ils se déguisent en femmes et rejoignent un groupe musical féminin en partance pour la Floride… Dans Certains l’aiment chaud, Billy Wilder est incontestablement au sommet de son art. En alliant un propos subversif à un équilibre parfait, il approche l’état de grâce et signe le mètre-étalon de la comédie réussie. L’entreprise était pourtant périlleuse. Sur le thème délicat du travestissement et les multiples connotations sexuelles qui en découlent, il eut été facile de déraper vers la vulgarité. Ce n’est à aucun moment le cas et Billy Wilder sait même lui donner une indéniable profondeur. Plutôt de faire des plaisanteries grivoises, il utilise le travestissement sexuel comme un révélateur de la vraie personnalité de chacun des deux protagonistes : ils nous apparaissent au final fort différents l’un de l’autre. De l’autre côté, le caractère de « ravissante idiote » de Marilyn est, plutôt que d’être induit, pleinement revendiqué par le personnage lui-même, ce qui nous la fait apparaître encore plus vulnérable. Tout cela est nimbé d’un humour permanent, jamais gênant, d’une élégance folle. Jack Lemmon est absolument fabuleux, exubérant mais sans excès, toujours au plus juste pour servir le burlesque. Et, cerise sur le gâteau, nous avons cette réplique finale, devenue rapidement ultra-célèbre et qui est bien plus profonde qu’elle ne paraît (elle résume même, en un sens, tout le propos du film). Oui, Certains l’aiment chaud est bien extrêmement proche de la perfection. Du grand art.
Elle: 5 étoiles
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Marilyn Monroe, Tony Curtis, Jack Lemmon, George Raft, Pat O’Brien, Joe E. Brown
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Some like it hot
Tony Curtis au saxophone, Jack Lemmon à la contrebasse et Marilyn Monroe à l’ukulele dans Certains l’aiment chaud de Billy Wilder.

Remarques :
* Le film a été tourné en noir et blanc parce que Billy Wilder craignait que ses deux personnages masculins ne pâtissent de la couleur. Il avait certainement raison. Ils auraient certainement paru, au moins par moment, ridicules en couleurs.

* Le scénario est écrit par Billy Wilder et I.A.L. Diamond. C’est à la base le remake d’un film allemand Fanfaren der Liebe de Kurt Hoffmann (1951), lui-même remake d’un film français encore plus méconnu (film perdu), Fanfare d’amour de Richard Pottier (1935).

* Billy Wilder a déclaré peu après que son banquier et son médecin lui avaient interdit de refaire un film avec Marilyn Monroe. Le tournage fut en effet rendu éprouvant par les retards, absences et caprices de l’actrice et ses « difficultés » à apprendre son texte. En revanche, le réalisateur était enchanté d’avoir travaillé avec Jack Lemmon avec lequel il tournera plusieurs films (La Garçonnière, Irma la Douce, Avanti, Special Première, …)

Certains l'aiment chaud
– (Jerry) Je vais être franc avec  vous. Nous ne pouvons pas nous marier.
– (Osgood) Et pourquoi donc ?
– Eh bien, pour commencer, je suis une fausse blonde.
– Aucune importance.
– Je fume, je fume comme un sapeur!
– Ça m’est égal.
– Et j’ai un lourd passé. Je vis avec un joueur de saxophone depuis trois ans.
– Je vous pardonne.
– Je ne pourrai jamais avoir d’enfants.
– Nous pourrons en adopter.
 Well, nobody's perfect!
– Mais vous ne comprenez donc pas… Je suis un homme !
– Bof… personne n’est parfait!
(Joe E. Brown et Jack Lemmon dans Certains l’aiment chaud de Billy Wilder).

25 janvier 2015

Le Chevalier de Maupin (1967) de Mauro Bolognini

Titre original : « Madamigella di Maupin »

Mademoiselle de MaupinAu XVIIIe siècle, Magdeleine de Maupin, déguisée en abbé, est envoyée par son père au couvent pour la protéger de l’invasion des troupes hongroises. La jeune fille préfère toutefois prendre sa liberté pour rencontrer l’amour. Prise pour un jeune garçon, elle est enrôlée de force par un fougueux capitaine du roi… Cette adaptation du roman de Théophile Gautier Mademoiselle de Maupin est l’unique film d’aventures de Mauro Bolognini. Cette histoire, qui évoque quelque peu le Chevalier d’Eon, est un divertissement léger et assez plaisant à condition de faire preuve d’imagination : aucun effort n’ayant été fait pour travestir un tant soit peu la belle Catherine Spaak en homme ou même en jeune garçon efféminé, on se demande par quel mécanisme mental les autres personnages peuvent ne pas voir qu’il s’agit d’une femme (l’habit était certes plus important à cette époque qu’aujourd’hui, la robe était certainement un élément indissociable de la féminité et inversement, les perruques gênaient-elles à l’identification des sexes ?) Toutes ces réflexions intérieures nous font perdre un peu le fil de l’histoire qui, fort heureusement, n’est guère complexe. Robert Hossein, auréolé du succès d’Angélique Marquise des anges, était un choix sans doute assez facile pour le rôle du séducteur plein de bravoure mais semble ne s’être investi qu’assez mollement dans ce personnage assez pataud. Le Chevalier de Maupin est le premier film en couleurs de Bolognini et l’image est très belle ; le meilleur du film se situe certainement là.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Catherine Spaak, Robert Hossein, Tomas Milian
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Remarques :
* Le film aurait eu quelques soucis avec la censure. Pourtant, et en cherchant bien, un seul plan semble pouvoir affoler les sens d’une personne émotive (Catherine Spaak, sortant du bain, vue nue de dos une fraction de seconde dans le reflet d’une flaque d’eau)…
* Le film est de toute évidence post-synchronisé, cela se sent.
* Catherine Spaak joue le rôle d’une mère supérieure dans un remake pour la télévision (RAI en Italie et TF1 en France) : Julie, chevalier de Maupin (2004) avec Sarah Biasini (la fille de Romy Schneider) dans le rôle principal.

Chevalier
Robert Hossein et Catherine Spaak déguisée en garçon dans Le Chevalier de Maupin (1967) de Mauro Bolognini

Le Chevalier de Maupin de Mauro Bolognini
Catherine Spaak déguisée en garçon (si!) et Tomas Milian dans Le Chevalier de Maupin (1967) de Mauro Bolognini

18 juillet 2013

Cul-de-sac (1966) de Roman Polanski

Cul-de-sacAprès un mauvais coup qui a visiblement mal tourné, deux gangsters blessés arrivent dans un château anglais isolé habité par un quadragénaire qui a tout abandonné pour vivre avec sa très jeune épouse. Le plus valide des deux gangsters n’a aucun mal à prendre le dessus sur eux… Cul-de-sac, le film de Roman Polanski, est beaucoup de choses à la fois : c’est indéniablement une tragédie puisque l’irruption d’un élément étranger, rustre et brutal, va provoquer une grave et profonde crise dans ce couple mal assorti. C’est tout aussi indéniablement une comédie car, de l’humour, le film en regorge, un humour noir, un humour qui peut faire grincer des dents sans doute mais qui fonctionne parfaitement. C’est également un film de suspense et de tension, Cul de Sac est l’un des plus beaux huis clos (en plein air) qui soient. Polanski mêle tous ces éléments avec habilité mais, si le film a tant marqué les esprits, c’est surtout pour son inventivité et sa grande liberté de ton, notamment dans la description des rapports à l’intérieur du couple : si l’homme fait preuve de tant de lâcheté face au gangster, c’est aussi parce qu’il est dans une impasse face à sa femme, il sent qu’en seulement dix mois, elle se détache de lui, il est prêt à tout accepter pour la garder et il reproduit ce comportement masochiste sur le truand qui s’impose, lui non par le charme, mais par la force. Il a déjà dépassé le point de non retour et le cul-de-sac n’est pas seulement celui du château isolé sur son île, c’est aussi le cul-de-sac émotionnel de l’homme. L’irruption du gangster n’est qu’un révélateur, d’ailleurs lui aussi se fera manipuler par la femme qui est le véritable personnage fort de cette histoire. Polanski fait une description sans fard de cette relation et, comme souvent avec lui, il y a quelque chose de troublant dans son propos qui nous renvoie sur nous-mêmes.
Elle: 4 étoiles
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Donald Pleasence, Françoise Dorléac, Lionel Stander, Jack MacGowran, Jacqueline Bisset
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Cul-de-sacRemarques :
* L’affiche américaine de Cul-de-sac portait le slogan « Parfois, on ne peut plus rien faire d’autre qu’en rire », une mise en garde qui traduit probablement l’embarras des distributeurs américains du film. L’accueil fut effectivement très mauvais, la critique assassinant le film, le jugeant malsain. Le film fut retiré très rapidement des écrans. Le film fut heureusement mieux reçu en Europe.

* Cul-de-sac a été tourné entièrement sur Holy Island, une petite île située tout au nord de l’Angleterre (juste sous la frontière avec l’Ecosse), sur la côte est. L’île n’est toujours accessible que par une route submergée à marée haute. Elle porte un petit village de 160 habitants, les ruines d’un monastère du VIIe siècle et… le haut perché Lindisfarne Castle où le film a été tourné.
Voir l’emplacement sous Google Maps
Voir photos du Lindisfarne Castle
Petite note : le groupe de folk Lindisfarne a choisi son nom d’après ce même château.