3 juillet 2022

Le Discours d’un roi (2010) de Tom Hooper

Titre original : « The King’s Speech »

Le Discours d'un roi (The King's Speech)Dans les années 1930, au Royaume-Uni, le prince Albert, deuxième fils du roi George V, vit un grave problème de bégaiement. L’abdication de son frère aîné Édouard VIII l’oblige à monter sur le trône sous le nom de George VI. Le roi doit s’exprimer en public. Sur l’insistance de sa femme, il rencontre Lionel Logue, orthophoniste australien aux méthodes peu orthodoxes…
Le Discours d’un roi est un film britannique réalisé par Tom Hooper. Passé l’étonnement de la découverte de cet handicap inattendu, il faut bien avouer que le film ne réserve pas grande surprise et le scénario ne montre aucune volonté d’élargir son sujet. Certes, l’élégance de la mise en scène et la qualité du jeu des acteurs permettent d’éviter l’ennui mais la vision de ce film laisse une sensation d’inutilité. Le film a été très bien reçu par la critique et le public, un succès salué par cinq Oscars.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Colin Firth, Helena Bonham Carter, Geoffrey Rush
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Le Discours d'un roi (The King's Speech)Colin Firth et Geoffrey Rush dans Le Discours d’un roi (The King’s Speech) de Tom Hooper.

23 décembre 2020

Brooklyn Affairs (2019) de Edward Norton

Titre original : « Motherless Brooklyn »

Brooklyn Affairs (Motherless Brooklyn)New York, dans les années 1950, Lionel Essrog est un détective privé atteint du syndrome de Gilles de La Tourette. Lorsque que son patron, mentor et unique ami Frank Minna se fait tuer, il décide de poursuite son enquête pour retrouver ses meurtriers. Grâce à quelques indices et à son esprit obsessionnel, il va découvrir des secrets qui ont des conséquences sur l’urbanisation de la ville…
Second long métrage de l’acteur Edward Norton, Brooklyn Affairs est l’adaptation du roman Les Orphelins de Brooklyn (Motherless Brooklyn) de Jonathan Lethem. Le film se place dans la droite ligne des films de détective des années quarante avec une particularité de taille : le détective privé n’a pas du tout le profil habituel puisqu’il est atteint du syndrome de Gilles de La Tourette, un trouble neurologique caractérisé par des tics moteurs et surtout vocaux. Il peut ainsi prononcer compulsivement des mots qui trahissent sa pensée. Ce handicap est partiellement compensé par une mémoire hors du commun. Le résultat donne un personnage très humain, bien plus humain que les détectives privés habituels, souvent bravaches et blasés. Edward Norton a préféré transposer l’histoire du roman de 1999 aux années cinquante, ce qui lui donne une touche de classicisme mais a le défaut de rendre le propos moins actuel. La reconstitution est soignée et la musique jazzy de Daniel Pemberton et Thom Yorke est de toute beauté.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Edward Norton, Gugu Mbatha-Raw, Alec Baldwin, Willem Dafoe, Bruce Willis
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Remarque :
* Le personnage de Moses Randolph (interprété par Alec Baldwin) est basé sur l’urbaniste américain Robert Moss, artisan de la rénovation de New York entre 1930 et 1970 et personnalité controversée. On le compare parfois au Baron Haussman du Paris du Second Empire. Page Wikipédia.

Brooklyn Affairs (Motherless Brooklyn)Gugu Mbatha-Raw et Edward Norton dans Brooklyn Affairs (Motherless Brooklyn) de Edward Norton.

3 juin 2020

La Forme de l’eau (2017) de Guillermo del Toro

Titre original : « The Shape of Water »

La Forme de l'eau (The Shape of Water)Etats-Unis, 1962. Modeste employée d’un laboratoire gouvernemental militaire, Elisa mène une existence solitaire, d’autant plus isolée qu’elle est muette. Sa vie bascule à jamais lorsqu’elle et sa collègue Zelda découvrent une expérience encore plus secrète que les autres…
Guillermo del Toro a écrit et réalisé La Forme de l’eau qui revisite le thème de la belle et la bête, plus exactement de l’amour de deux êtres fragilisés et « différents ». Par de nombreux aspects, le film évoque L’étrange créature du lac noir de Jack Arnold (1954) et on pourra remarquer plusieurs autres emprunts. Mais Guillermo del Toro a une approche très particulière de son histoire et donne ainsi une forte personnalité à son film. L’atmosphère est particulièrement forte. Le réalisateur avait d’abord envisagé de tourner en noir et blanc mais a finalement opté pour la couleur en privilégiant les tons bleus et verts, avec un contraste poussé qui renforce l’aspect irréel ou onirique de l’ensemble. La forme de l’eau devient ainsi un conte (pour adultes), certes un peu trop pétri de bonnes intentions et plutôt manichéen, mais assez enchanteur par son originalité et son caractère. Le film a enchanté la critique et les distributeurs d’Oscars.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Sally Hawkins, Michael Shannon, Richard Jenkins, Octavia Spencer, Michael Stuhlbarg, Doug Jones
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La Forme de l'eau (The Shape of Water)Michael Shannon, Sally Hawkins et Octavia Spencer dans La Forme de l’eau (The Shape of Water) de Guillermo del Toro.

22 avril 2020

Sibel (2018) de Çagla Zencirci et Guillaume Giovanetti

SibelSibel, 25 ans, vit avec son père et sa sœur dans un village isolé des montagnes au nord-est de la Turquie. Sibel est muette mais communique grâce à la langue sifflée ancestrale de la région. Rejetée par les autres habitants, elle traque sans relâche un loup qui rôderait dans la forêt voisine, objet de fantasmes et de craintes des femmes du village. C’est là que sa route croise un fugitif. Blessé, menaçant et vulnérable, il pose, pour la première fois, un regard neuf sur elle…
La cinéaste turque Çagla Zencirci et le français Guillaume Giovanetti (qui sont en couple dans la vraie vie) ont ensemble écrit le scénario de Sibel. Leur point de départ a été leur intérêt pour la langue sifflée ; ils se sont rendus sur place pour rencontrer les habitants et imaginer une histoire à partir de leurs récits. Sibel est un plaidoyer pour le droit à la différence et met en lumière le difficile parcours de cette jeune femme vers son émancipation. Les traditions sociales ancestrales, notamment sur le mariage, forment un lourd carcan alimenté par les femmes elles-mêmes qui se jugent et se surveillent entre elles. C’est une histoire originale et forte. La prestation de Damla Sönmez, qui a mis six mois à apprendre la langue sifflée, est remarquable.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Damla Sönmez, Erkan Kolçak Köstendil, Emin Gürsoy, Elit Iscan, Meral Çetinkaya
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Remarques :
* Le langage sifflé est un mode de communication consistant à siffler au lieu de parler, répandu dans le monde entier mais limité à des environnements où les sifflements sont plus efficaces que la parole ordinaire (montagnes et forêts denses, principalement). On connaît environ 70 populations qui pratiquent actuellement le langage sifflé. Chacun de ces langages n’est pas une langue indépendante mais une extension de la langue locale. (Extrait de Wikipédia)
* Le prologue du film est extrait d’un documentaire français des années 60, avec des villageois scannés aux rayons X pour analyser leur langage sifflé.
* Sibel ne comporte aucune musique. Ce choix s’est imposé au montage, précise le couple-réalisateur.

SibelDamla Sönmez dans Sibel de Guillaume Giovanetti et Çagla Zencirci.

SibelDamla Sönmez, Emin Gürsoy et Elit Iscan dans Sibel de Guillaume Giovanetti, Çagla Zencirci.

25 mars 2020

Silent Voice (2016) de Naoko Yamada

Titre original : « Koe no katachi »

Silent Voice (Koe no katachi)A l’école, Nishimiya est harcelée par Ishida car elle est sourde. Des années plus tard, le garçon, lui-même finalement rejeté par ses camarades à cause de son comportement, part à la recherche de la jeune fille…
Produit par Kyoto Animation, Silent Voice est un film d’animation basé sur la série de mangas du même nom, écrits et illustrés par Yoshitoki Ōima et parus en 2013-2014. Ce manga a connu un grand succès au Japon car il abordait de façon délicate deux sujets tabous : le handicap et le harcèlement. Le film fait lui aussi preuve d’une grande sensibilité. L’histoire est assez touchante, tout en explorant assez profondément les relations sociales. Les thèmes de l’exclusion, de la culpabilité et du pardon sont très présents. Le fait que ce soit des adolescents permet d’évacuer toutes autres notions (économiques notamment) pour mieux se concentrer sur les rapports humains. Nous sommes bien loin de la banalité, il n’y a là aucune facilité, aucune dramatisation ni aucune morale. Sous une apparence de simplicité, cette histoire montre en réalité une belle complexité ; elle ouvre un grand champ de réflexion et il ne paraît pas exagéré de la qualifier de « conte philosophique ».  Dans sa forme, le film est assez attrayant, avec des plans bien composés et des angles de vue souvent surprenants mettant en avant des objets ou des détails.
Elle:
Lui : 5 étoiles

Acteurs:
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 Silent Voice (Koe no katachi)Silent Voice (Koe no katachi) de Naoko Yamada.

 Silent Voice (Koe no katachi)Silent Voice (Koe no katachi) de Naoko Yamada.

4 décembre 2018

Asphalte (2015) de Samuel Benchetrit

AsphalteUn immeuble dans une cité de la région parisienne. Les locataires se réunissent pour financer la réparation de l’ascenseur qui est tours en panne. Sternkowtiz est le seul à ne pas vouloir payer car il habite au premier. Une décision qu’il va regretter quelques jours plus tard…
Samuel Benchetrit adapte son propre roman, Chroniques de l’asphalte (2005), où il évoquait la banlieue de son enfance. Il se centre sur trois rencontres aussi étranges qu’improbables et nous concocte un film où se mêlent le plus naturellement du monde de la fantaisie, de la comédie et du drame. Il y a beaucoup de tendresse dans le regard de Samuel Benchetrit. La magie opère, on se laisse glisser dans son univers. Ses personnages sont des solitaires, parlent assez peu, la communication n’est pas facile mais il y a un lien qui les lient entre eux, une volonté d’être ensemble. Asphalte est un film surprenant, amusant et très réussi.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Isabelle Huppert, Gustave Kervern, Valeria Bruni Tedeschi, Tassadit Mandi, Jules Benchetrit, Michael Pitt
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Asphalte
Tassadit Mandi et Michael Pitt dans Asphalte de Samuel Benchetrit.

Asphalte
Jules Benchetrit (fils de Samuel Benchetrit) et Isabelle Huppert dans Asphalte de Samuel Benchetrit.

Asphalte
Gustave Kervern et Valeria Bruni Tedeschi dans Asphalte de Samuel Benchetrit.

23 juin 2017

Une merveilleuse histoire du temps (2014) de James Marsh

Titre original : « The Theory of Everything »

Une merveilleuse histoire du tempsEn 1963 à Cambridge, le jeune Stephen est un étudiant brillant en cosmologie qui cherche encore son sujet de thèse. Ce sera « le temps ». Il tombe amoureux d’une étudiante en art avant de découvrir qu’il est atteint de la maladie de Charcot. On ne lui donne tout au plus que deux ans à vivre… S’il est une personne qui mérite amplement d’avoir un biopic sur son parcours, c’est bien Stephen Hawkins dont le parcours est exemplaire. Que ce soit dans le domaine de la physique ou dans sa vie personnelle, il symbolise à merveille les vertus du « think outside the box » et de la ténacité : par une approche originale, il est le premier physicien à avoir laissé entrevoir la possibilité d’un rapprochement entre la relativité générale et la mécanique quantique (la fameuse « théorie du tout », d’où le titre original du film) et il a persisté à vouloir vivre malgré les sombres pronostics et les difficultés dues à son handicap. Bien entendu, le film insiste beaucoup plus sur sa maladie que sur ses travaux et on y retrouve les codes et travers du genre (ces films montrent toujours les 5% d’inspiration mais jamais les 95% de transpiration), mais il s’agit heureusement d’un film anglais… le même film fait par Hollywood aurait certainement été terrifiant ! Eddie Redmayne est à la fois saisissant et touchant. Une merveilleuse histoire du temps est un beau film qui rend un juste hommage à ce scientifique hors du commun.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Eddie Redmayne, Felicity Jones
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Remarques :
* Le film est basé sur l’autobiographie de Jane Hawkins.
* Stephen Hawkins a aujourd’hui 75 ans. Il a récemment réaffirmé son intention d’aller dans l’espace avec Virgin Galactic (sa place est réservée).
* Pour en savoir plus sur les travaux de Stephen Hawkins : une vidéo de Science étonnante (excellente chaîne YouTube sur la physique de David Louapre).

The theory of everything
Maxine Peake, Eddie Redmayne et Felicity Jones dans Une merveilleuse histoire du temps de James Marsh.

Stephen Howkins
A gauche, le mariage de Stephen Hawkins en 1965, à droite la scène reconstituée dans Une merveilleuse histoire du temps de James Marsh.

25 juin 2016

C’étaient des hommes (1950) de Fred Zinnemann

Titre original : « The Men »

C'étaient des hommesBlessé de guerre et paralysé des jambes, Wilcheck est soigné dans un hôpital pour soldats paraplégiques. Il refuse de voir sa fiancée de peur de lire la pitié dans ses yeux mais celle-ci s’obstine et sollicite l’aide du docteur… Produit par Stanley Kramer et réalisé par Fred Zinneman (futur réalisateur de Le Train sifflera trois fois et Tant qu’il y aura des hommes), The Men est un film peu connu qui cherche à mettre en valeur un autre type de bravoure que celui du combat, celui qui est nécessaire pour rebâtir sa vie en fauteuil roulant. Assez inévitablement, le film est alourdi par un excès de sentimentalisme sans que cela oblitère toutefois le propos. The Men est le premier film de Marlon Brando. Adepte de la fameuse Méthode de l’Actors Studio, l’acteur est allé vivre plusieurs semaines dans un véritable hôpital pour soldats paraplégiques pour mieux s’imprégner de son personnage. Son interprétation est effectivement assez puissante, elle transfigure le film qui aurait été certainement anodin sans lui. Marlon Brando, qui avait déjà triomphé avec son interprétation à Broadway d’Un tramway nommé désir (qui sera son deuxième film), fit ainsi une entrée remarquée dans le monde du cinéma.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Marlon Brando, Teresa Wright, Everett Sloane, Jack Webb
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Remarques :
* En plus de son long séjour en hôpital, Brando resta sur un fauteuil roulant tout le temps que dura le tournage.
* De nombreux (49) soldats paraplégiques apparaissant dans le film sont ceux avec qui il séjourna durant plusieurs semaines. L’équipe de basket et de water-polo est une authentique équipe.

The Men
Marlon Brando et Teresa Wright dans C’étaient des hommes de Fred Zinnemann.