15 février 2020

Avengers: Endgame (2019) de Anthony Russo et Joe Russo

Avengers: EndgameCinq ans après les dégâts faits par le titan Thanos (il a pulvérisé la moitié de la population de l’Univers d’un claquement de doigt), les Avengers et Gardiens de la Galaxie ayant survécu vont tenter l’impossible pour remonter le temps et l’empêcher d’agir…
Tiré de l’univers Marvel, Avengers: Endgame est la suite directe d’Avengers: Infinity War sorti l’année précédente. Le film est très long et sans grande surprise puisque nous retournons dans des lieux déjà visités dans l’opus précédent. La première heure, où chacun pleure les morts, paraît particulièrement interminable.  Le reste est tout aussi long avec, bien entendu, la bataille finale réglementaire, assez démesurée. Bizarrement, certains héros sont ridiculisés, le pire étant Thor, devenu gros consommateur de bière. N’étant pas un grand amateur de films de super-héros, je ne me suis guère intéressé à cet opus final de la série. En quelques mois,  Avengers: Endgame est devenu le plus gros succès au box-office de tous les temps, dépassant de peu Avatar.
Elle:
Lui : 1 étoile

Acteurs: Robert Downey Jr., Chris Evans, Mark Ruffalo, Chris Hemsworth, Scarlett Johansson, Jeremy Renner, Don Cheadle, Paul Rudd
Voir la fiche du film et la filmographie de Anthony Russo et Joe Russo sur le site IMDB.
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Remarques :
* Pour battre le record d’Avatar, Marvel Studios a rusé : trois mois après la sortie, ils ont annoncé une deuxième version incluant des scènes coupées (en réalité, 6 minutes placées après le générique).
* Budget 356 millions de dollars. Recettes 2,8 milliards de dollars.

Avengers: EndgameJeremy Renner, Paul Rudd et Karen Gillan dans Avengers: Endgame de Anthony Russo et Joe Russo.

14 février 2020

Le Roi des rois (1961) de Nicholas Ray

Titre original : « King of Kings »

Le Roi des rois (King of Kings)Que Nicholas Ray ait pu diriger une version de la vie du Christ a de quoi nous surprendre. C’est le producteur Samuel Bronston qui est allé le chercher en remplacement de John Farrow (1). Le scénario prend des libertés avec la Bible et met l’accent sur l’oppression du peuple par Hérode avec l’appui des romains. Le personnage de Barrabas, habituellement simple criminel condamné à mort, devient un guérillero qui s’active à provoquer un soulèvement armé et cherche l’appui de Jésus. Le film se situe dans le sillon de la vogue des péplums (l’affiche américaine ci-contre est fortement inspirée de celle de Ben-Hur) et les scènes de foules ou de légions romaines impressionnent avec leurs innombrables figurants. La musique de Miklos Rozsa contribue également à donner de l’ampleur. L’ensemble est très bien équilibré, sans excès malgré une coloration américaine assez marquée, due principalement à la distribution. Le film fut assez critiqué à sa sortie et ce n’est que bien plus tard que ce Roi des rois de Nicholas Ray fut reconnu comme l’une des meilleures adaptations de la vie du Christ au cinéma.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Jeffrey Hunter, Robert Ryan, Hurd Hatfield, Ron Randell, Viveca Lindfors, Brigid Bazlen, Harry Guardino, Rip Torn, Frank Thring, Royal Dano
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Remarques :
* La narration en voix off, dite par Orson Welles, a été écrite par Ray Bradbury (ni l’un ni l’autre ne sont crédités au générique).
* A sa sortie, beaucoup raillèrent l’apparence trop juvénile de Jésus. Jeffrey Hunter avait pourtant l’âge requis (33 ans) mais il est vrai que les représentations courantes étaient celles d’un homme d’apparence plus âgée. A noter que Cecil B. DeMille, en 1927, avait pris un acteur qui avait 50 ans. Les autres films, pour la plupart, s’arrangeaient pour ne pas montrer son visage.

(1) Le projet était initialement prévu pour être dirigé par John Farrow. Fervent catholique, il voulait n’utiliser que les écrits de la Bible comme dialogues. Son scénario fut jugé impossible à tourner et le producteur Samuel Bronston le remplaça par Nicholas Ray.

Le Roi des rois (King of Kings)Jeffrey Hunter est Jésus dans Le Roi des rois (King of Kings) de Nicholas Ray.

Le Roi des rois (King of Kings)Le Roi des rois (King of Kings) de Nicholas Ray.

Le Roi des rois (King of Kings)Robert Ryan est Jean le Baptiste dans Le Roi des rois (King of Kings) de Nicholas Ray.

Le Roi des rois (King of Kings)Répression du soulèvement du peuple.
Dessin très proche d’une scène du film Le Roi des rois (King of Kings) de Nicholas Ray.

Homonyme :
Le Roi des rois (King of Kings) de Cecil B. DeMille (1927)

4 août 2019

Ant-Man et la Guêpe (2018) de Peyton Reed

Titre original : « Ant-Man and the Wasp »

Ant-Man et la GuêpeSuite aux événements survenus en Allemagne aux côtés de Captain America, Scott Lang a été arrêté par la police et assigné à résidence à San Francisco pendant deux ans avec interdiction de contacter Hank Pym et Hope van Dyne qui lui ont fourni le costume. Mais les évènements vont en décider autrement…
Suite directe des films Ant-Man sorti en 2015 qui a introduit ce nouveau personnage issu de l’univers Marvel (1) et Captain America: Civil War sorti en 2016, Ant-Man et la Guêpe joue de nouveau avec la taille des personnages (qui rétrécissent le plus souvent mais peuvent aussi atteindre des tailles de géants) pour créer des situations aussi folles que spectaculaires. Le rythme est particulièrement enlevé et l’humour est de bon ton. Un excellent divertissement. Enorme succès (un de plus) pour ce vingtième film Marvel.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Paul Rudd, Evangeline Lilly, Michael Douglas, Michelle Pfeiffer, Laurence Fishburne, Hannah John-Kamen
Voir la fiche du film et la filmographie de Peyton Reed sur le site IMDB.

Remarques :
* Pour les prises de vues, un objectif Frazier a été parfois utilisé. Il s’agit d’un objectif qui permet d’avoir une profondeur de champ quasi-infinie. En pratique, cela permet de filmer des maquettes en donnant l’impression qu’elles sont à taille réelle (pour simplifier, on peut dire que l’effet obtenu est l’inverse de l’effet maquette des objectifs à bascule/décentrement, alias tilt-shift)

(1) Le super-héros Ant-Man (L’Homme-fourmi en français) a été originellement créé par le scénariste Stan Lee et le dessinateur Jack Kirby en 1962.

Ant-Man et la GuêpePaul Rudd, Evangeline Lilly et Michael Douglas dans Ant-Man et la Guêpe de Peyton Reed.

Ant-Man et la GuêpeEvangeline Lilly et Paul Rudd dans Ant-Man et la Guêpe de Peyton Reed.

27 juillet 2019

Avengers: Infinity War (2018) de Anthony Russo et Joe Russo

Avengers: Infinity WarLe redoutable Thanos cherche à recueillir les six Pierres d’Infinité afin d’utiliser leur puissance pour détruire la moitié de la population de l’Univers et rétablir ainsi un certain équilibre. Tous les super-héros vont devoir s’allier pour contrecarrer ses plans…
Avengers: Infinity War est le dix-neuvième long métrage issu de l’univers Marvel. Il est certainement préférable de bien connaitre tous les super-héros pour bien l’apprécier. Comme ce n’est pas vraiment mon cas, l’histoire m’est apparue assez confuse avec une débauche d’effets spéciaux. C’est une suite presque ininterrompue de combats titanesques. Le personnage du méchant a été particulièrement travaillé en lui donnant une certaine humanité avec des fragilités, le but avoué étant de créer un personnage réutilisable de la trempe d’un Dark Vador. Le budget de cette production Walt Disney a dépassé les 300 millions de dollars, plaçant le film parmi les plus chers de tous les temps. Il en a rapporté six fois plus car le succès fut immense.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Robert Downey Jr., Chris Hemsworth, Mark Ruffalo, Chris Evans, Scarlett Johansson, Don Cheadle, Benedict Cumberbatch, Tom Holland, Josh Brolin
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Avengers: Infinity WarJosh Brolin, le gros méchant de Avengers: Infinity War de Anthony Russo et Joe Russo.

21 avril 2018

Valérian et la Cité des Mille Planètes (2017) de Luc Besson

Titre original : « Valerian and the City of a Thousand Planets »

Valérian et la Cité des Mille PlanètesEn 2740, l’immense station spatiale Alpha, lointaine descendante de la station spatiale internationale terrestre, dérive lentement dans l’espace intersidéral et abrite 17 millions d’êtres vivants de toutes les races. Valérian et Laureline sont des agents du Service Spatio-temporel de Galaxity, mégapole terrienne et capitale d’un empire galactique. Cette fois, ils sont chargés de récupérer un réplicateur qui se trouve dans de mauvaises mains au marché noir…
Superproduction européenne, Valérian et la Cité des Mille Planètes est une adaptation de l’univers de la série de bande dessinée française Valérian et Laureline, dessinée par Jean-Claude Mézières et scénarisée par Pierre Christin. C’est une bande dessinée qui a marqué toute une génération de jeunes amateurs de science-fiction par la féerie de ses nombreux univers et la magie qui s’en dégageait. Luc Besson en fait partie et il a écrit, produit et réalisé ce projet qui lui tenait à cœur depuis longtemps. Une première vision du film peut laisser sur une légère déconvenue, du fait de la profusion des effets visuels à la limite de la surenchère, l’ensemble paraissant même un peu disparate. Une seconde vision permet de mieux se laisser submerger par la magie de ces mondes et des créatures qui les habitent. Comme dans tous ses films, Besson a soigné son héroïne : Laureline est charmante, intelligente, vive et maline et très bien interprétée par Cara Delevingne. Face à elle, Valérian paraît doté d’un QI d’huître et passe son temps à demander sa compagne en mariage avec une agaçante insistance. En outre, l’acteur Dane DeHaan n’a pas une grande présence à l’écran. Mais hormis cela, Valérian et la Cité des Mille Planètes est finalement une adaptation assez fidèle de la bande dessinée dont l’esprit est bien respecté. Tout au plus aurait-on aimé une plus grande part de rêve…
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Dane DeHaan, Cara Delevingne, Clive Owen, Rihanna, Ethan Hawke, Alain Chabat
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Voir les autres films de Luc Besson chroniqués sur ce blog…

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Valérian et la Cité des Mille Planètes
Dane DeHaan et Cara Delevingne dans Valérian et la Cité des Mille Planètes de Luc Besson.

Valerian et Laureline
… et leurs modèles.

Remarques :
* Le titre du film fait référence au deuxième album, L’Empire des mille planètes, paru en 1971, mais le scénario reprend principalement la trame du sixième album, L’Ambassadeur des Ombres, paru en 1975.
* Le ministre de la Défense qui apparaît dans l’intercom est interprété par Herbie Hancock !

Valérian et la Cité des Mille Planètes
Dane DeHaan et Cara Delevingne (déguisés en touristes) dans Valérian et la Cité des Mille Planètes de Luc Besson.

Valérian et la Cité des Mille Planètes
Les habitants de la planète Mül dans Valérian et la Cité des Mille Planètes de Luc Besson.

Valérian et la Cité des Mille Planètes
La station Alpha dans Valérian et la Cité des Mille Planètes de Luc Besson.

24 juin 2017

Le Jour le plus long (1962) de Ken Annakin, Andrew Marton et Bernhard Wicki

Titre original : « The Longest Day »

Le Jour le plus longAdapté d’un livre de Cornelius Ryan, Le Jour le plus long retrace les évènements du 6 juin 1944, jour du débarquement des alliés en Normandie. Trois réalisateurs, un nombre incalculable d’acteurs connus, un budget important, le producteur Darryl F. Zanuck a tout fait pour créer le film qui soit la reconstitution ultime d’un évènement majeur de l’Histoire.
Cinématographiquement parlant, le film n’a pas grande valeur : il est mal écrit et mal monté, confus et même parfois ennuyeux. C’est un véritable fourre-tout.
En revanche, du fait de son succès commercial, le film eut un impact considérable. C’est probablement le plus bel exemple du « cinéma qui se substitue à l’Histoire ». Deux exemples : c’est le film Le Jour le plus long qui a vraiment fait entrer dans l’Histoire l’épisode du parachutiste resté accroché au clocher de Sainte-Mère-Église, devenant l’anecdote la plus célèbre du Débarquement ; les historiens restent très partagés sur sa véracité. Le cas des deux Messerschmitt en est un autre : cette séquence un peu grotesque, dont l’humour paraît déplacé, a fait prospérer la croyance que l’aviation allemande était ce jour-là inopérante (alors qu’en réalité, il y eut plus de sept cent sorties d’avions allemands pour attaquer les troupes alliées). En fait, cette séquence a été introduite parce que Zanuck n’avait réussi à mettre la main que sur deux Messerschmitt en état de voler.
Mais pour beaucoup, le film est devenu l’Histoire et le fait qu’aucun autre film ne vienne le détrôner a accentué le phénomène (le plus proche est Il faut sauver le soldat Ryan en 1998). Malgré ses défauts, Le Jour le plus long a tout de même atteint son objectif : rendre hommage à tous ces soldats dont beaucoup laissèrent leur vie ce jour-là sur une plage de Normandie. Ils méritaient bien qu’une telle superproduction leur soit consacrée.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Robert Mitchum, John Wayne, Henry Fonda, Curd Jürgens, Bourvil, Gert Fröbe, Eddie Albert, Arletty, Jean-Louis Barrault, Richard Beymer, Richard Burton, Red Buttons, Pauline Carton, Sean Connery, Irina Demick, Mel Ferrer, Steve Forrest, Leo Genn, John Gregson, Paul Hartmann, Jeffrey Hunter, Karl John, Fernand Ledoux, Alexander Knox, Christian Marquand, Roddy McDowall, Sal Mineo, Kenneth More, Edmond O’Brien, Wolfgang Preiss, Madeleine Renaud, Georges Rivière, Robert Ryan, George Segal, Jean Servais, Rod Steiger, Richard Todd, Peter van Eyck, Robert Wagner, Georges Wilson
Voir la fiche du film sur le site IMDB.

A lire : un récit intéressant sur le tournage du film

le jour le plus long
John Wayne dans Le Jour le plus long de Darryl F. Zanuck.

Remarques :
* L’anglais Ken Annakin a tourné les scènes anglaises, l’américain Andrew Marton a tourné les scènes américaines et l’allemand Bernhard Wicki les scènes allemandes.
* Darryl F. Zanuck était très présent sur le tournage et a même réalisé lui-même certaines séquences.
* Le tournage eut lieu en Normandie mais aussi en Corse et sur l’île de Ré.
* Bon nombre d’acteurs sont beaucoup trop âgés pour leur rôle : par exemple, le lieutenant-colonel Vandervoort interprété par John Wayne avait en réalité 27 ans. Même au moment du tournage 17 ans plus tard, il avait dix ans de moins que John Wayne (54 ans)!
* Le Jour le plus long est l’une des rares superproductions hollywoodiennes où les acteurs s’expriment dans leur langue : les français parlent français, les allemands parlent allemand… Une version tout en anglais fut toutefois réalisée pour le marché américain notamment.
* Le film connut un immense succès commercial, une manne bienvenue pour la Fox qui était alors bien mal en point à cause de Cléopâtre.
* Une version colorisée a été réalisée pour le 50e anniversaire du débarquement en 1994. Elle fut diffusée sur TF1, puis vendue en version VHS.

le jour le plus long
Darryl F. Zanuck sur le tournage (à la Pointe du Hoc) du Jour le plus long.

27 janvier 2016

Henry V (1944) de Laurence Olivier

Henry VLe 1er mai 1600 à Londres, une représentation est donnée d’Henry V de William Shakespeare qui relate le triomphe du souverain anglais sur les Français à Azincourt en 1415… Henry V est la première réalisation de Laurence Olivier au cinéma. Il a trouvé des solutions très originales pour le passage du théâtre au cinéma et le résultat est assez prodigieux. Le début du film nous montre de façon presque documentaire le fonctionnement d’un petit théâtre populaire à Londres à l’époque de Shakespeare ; la caméra est très mobile, suivant les acteurs jusque dans les coulisses. Puis le champ s’élargit, nous plaçant dans un plus large décor reprenant les codes graphiques de l’époque médiévale (architectures stylisées et absence de perspectives), pour finir en décors naturels lors de la Bataille d’Azincourt. Pour cette superbe reconstitution à grand spectacle, pièce maitresse du film, Laurence Olivier a étudié l’épisode de la bataille des glaces dans Alexandre Nevski d’Eisenstein. Tourné mi-1943 et début 1944, soit à la veille du débarquement allié en Normandie, le film Henry V était conçu pour exalter le sentiment patriotique et le courage militaire. Le texte de la pièce est respecté, Laurence Olivier ayant juste supprimé quelques intrigues secondaires.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Laurence Olivier, Leslie Banks, Robert Newton, Renée Asherson
Voir la fiche du film et la filmographie de Laurence Olivier sur le site IMDB.

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Remarques :
* Pour diriger le film, Laurence Olivier avait contacté William Wyler pour lequel il avait tourné dans Les Hauts du Hurlevent. Wyler lui a répondu : « Si c’est Shakespeare, ce doit être vous qui dirigez ».
* La scène de la bataille d’Azincourt a fait exploser le budget prévu de plus de 50% pour s’établir à 475 000 livres, ce qui faisait alors du film la plus importante superproduction jamais réalisée en Angleterre. Heureusement pour Laurence Olivier, le succès fut au rendez-vous.
* Pour les décors du château du roi de France (Charles VI), Olivier s’est inspiré de textes médiévaux illustrés comme « Les Très Riches Heures du Duc de Berry ».
* La maquette de Londres du début du film est une maquette de 20 mètres sur 15 dont la construction demanda 4 mois.
* Vivian Leigh (alors la femme de Laurence Olivier) n’a pu interpréter la princesse Catherine comme tous deux le souhaitaient. Elle était alors sous contrat avec Selznick qui refusa de la prêter, jugeant le rôle trop petit. L’actrice ne lui a jamais pardonné.

Henry V
Laurence Olivier dans Henry V de Laurence Olivier

Autre adaptation marquante de la pièce :
Henry V de Kenneth Branagh (1989).

23 mai 2014

Duel au soleil (1946) de King Vidor et William Dieterle

Titre original : « Duel in the Sun »

Duel au soleilAprès que son père ait tué sa mère par jalousie, la jeune et jolie Pearl, qui a une moitié de sang indien, est confiée à une lointaine cousine qui vit dans un immense ranch au Texas. Là, elle se trouve en présence des deux fils de la maison qui sont immédiatement très attirés par elle… David O. Selznick a écrit et produit Duel au soleil pour être un tremplin à la carrière de sa seconde femme, Jennifer Jones. Désireux d’aller plus loin qu’Autant en emporte le vent, il a délibérément exagéré les sentiments, élargi les espaces et surtout exacerbé les passions. Le personnage de Jennifer Jones est fortement érotisé (tout en restant bien entendu dans le registre « tous publics », le film a fait scandale juste ce qu’il faut) et le manichéisme est poussé à l’extrême. Duel au soleil est surtout un film de Selznick qui est d’ailleurs si présent sur le tournage que King Vidor finit par jeter l’éponge. William Dieterle prendra sa place. Si l’on ajoute les réalisateurs de seconde équipe et les conseillers, pas moins de sept réalisateurs ont travaillé sur le film. Le budget, pourtant colossal, fut largement dépassé et le film devint ainsi le cher jamais réalisé. Côté acteurs, Selznick avait mis toutes les chances de son côté en choisissant deux acteurs très aimés du public, Gregory Peck et Joseph Cotten, auxquels il adjoint deux grandes figures du cinéma : Lionel Barrymore et Lillian Gish. Avec tant de calculs, d’exagérations de moyens et de dramatisation, on peut s’attendre à un résultat hétérogène et artificiel. Il n’en est rien. Le film n’est certes pas sans défaut, sans outrance, il manque parfois de liant mais Duel au soleil reste un grand drame de la passion destructrice et un spectacle magnifique. Il dépasse le cadre du genre western. Le succès populaire fut immense.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Jennifer Jones, Joseph Cotten, Gregory Peck, Lionel Barrymore, Herbert Marshall, Lillian Gish, Walter Huston, Charles Bickford
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Remarques :
* Parts estimées de réalisation directe par chaque réalisateur :
Réalisateur principal 1 King Vidor : 45%,
Réalisateur principal 2 William Dieterle : 25%,
Seconde équipe Otto Brewer : 20%,
Conseiller pour la couleur Josef von Sternberg : quelques scènes additionnelles 3%
Conseiller et production designer William Cameron Menzies : quelques scènes
Sidney Franklin : ? (seconde équipe ?)
Producteur David O. Selznick : quelques scènes.
Appelée à trancher, la commission d’arbitrage de la Screen Directors Guild décida que seul King Vidor serait mentionné au générique.

* Scènes marquantes :
– L’incroyable scène qui ouvre le film, la danse de la mère de Pearl dans le bar, est de William Dieterle.
– L’étonnante scène où « Le Sénateur » rassemble tous ses cowboys a été tournée par la seconde équipe, donc par Otto Brewer.
– La scène finale, dans sa forme définitive, est l’oeuvre d’au moins trois ou quatre des réalisateurs.

* La voix du narrateur est celle d’Orson Welles

* Le film a été surnommé « Lust in the Dust » (luxure et poussière).

(1) Dans le livre sur les mémos de David O. Selznick, on peut lire le courrier que le producteur a envoyé à King Vidor pour tenter de le faire revenir, jouant beaucoup sur le thème « on ne va pas casser ainsi une amitié de vingt ans ». King Vidor est cependant resté ferme sur sa décision. Dans un autre mémo à un agent, il raconte l’altercation (une scène d’extérieurs à Lasky Mesa non finie à temps parce que Vidor désirait changer l’emplacement de la caméra) qui est visiblement la goutte d’eau qui a fait déborder le vase (ce sont même les termes employés par Selznick). De son côté, King Vidor parle très peu du film dans autobiographie, disant simplement qu’il s’agit surtout d’un film de David O. Selznick.

27 février 2014

Guerre et paix (1956) de King Vidor

Titre original : « War and Peace »

Guerre et paixLe livre La Guerre et la Paix de Léon Tolstoï résume dix années de l’histoire de la Russie, de la Bataille d’Austerlitz à l’incendie de Moscou. Adapter au cinéma ce monument de la littérature russe est une véritable gageure, une entreprise évidemment vouée à l’échec dès le départ. Lorsque cette adaptation émane d’Hollywood, on a encore plus de raisons d’être inquiet. Pourtant, le résultat n’est pas catastrophique, loin de là, studieuse et appliquée sans aucun doute mais jamais vraiment ridicule. King Vidor parvient à lui donner une belle ampleur. Dotées de très nombreux figurants, les scènes de bataille sont grandioses, époustouflantes même. Cet aspect spectaculaire est le plus réussi du film. En revanche, King Vidor ne parvient absolument pas à restituer la profondeur du roman de Tolstoï. D’une part, et cela paraît inévitable, de nombreux personnages sont simplifiés, même Bézoukhov (et pourtant King Vidor affirme dans ses mémoires qu’il s’agissait du personnage duquel il se sentait le plus proche), ou même supprimés, et d’autre part, la distribution n’est pas des plus heureuses. Audrey Hepburn est une Natacha parfaite au début de l’histoire quand il s’agit de courir partout et de papillonner mais lorsque son personnage se complexifie avec le temps, l’actrice montre très nettement ses limites. Henry Fonda n’a pas ce défaut mais il ne semble pas avoir été passionné(1) et il est tout de même assez âgé pour le rôle de Bézoukhov ; Mel Ferrer est, quant à lui, assez rigide et, malgré toute l’estime que l’on peut avoir pour l’acteur, on peut se demander ce que vient faire Vittorio Gassman en Kouragine (heureusement, son personnage est fortement réduit). En revanche, Herbert Lom campe un Napoléon qui semble plus vrai que nature. Les quelque 3h28 de la version intégrale passent néanmoins assez rapidement. A défaut d’y trouver cette fameuse « âme russe » ou un début de dimension philosophique, ce Guerre et paix de King Vidor est un beau spectacle.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Audrey Hepburn, Henry Fonda, Mel Ferrer, Vittorio Gassman, Herbert Lom, Oskar Homolka, Anita Ekberg
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Remarques :
* King Vidor dit avoir pensé très tôt à Audrey Hepburn pour interpréter Natacha et à Peter Ustinov pour le rôle de Pierre Bézoukhov mais les studios refusèrent ce dernier car il leur paraissait trop âgé pour avoir une idylle avec Audrey Hepburn (à noter qu’Henri Fonda, qui fut finalement choisi, a tout de même 15 ans de plus qu’Ustinov… mais il est vrai qu’il est autrement plus séduisant).
* Le rôle de Pierre fut proposé à Marlon Brando mais l’acteur refusa car il ne voulait pas tourner avec Audrey Hepburn…
* Le film a été tourné en Italie, à Rome.
* Vers la fin du film, la file interminable de soldats napoléoniens dans la neige fait penser à la scène équivalente de La Grande Parade (1925), le premier grand film de King Vidor.

Autres adaptations :
Voyna i mir du russe Vladimir Gardine (1915), film perdu
Guerre et paix (Voyna i mir) de Sergei Bondartchouk (1966), film de 6h40 (7h25 à l’origine), une belle et fidèle adaptation qui a en outre l’avantage d’avoir été tournée par un russe.

Et sur un registre satirique :
Guerre et Amour (Love and Death) de Woody Allen (1975)

23 février 2014

L’Égyptien (1954) de Michael Curtiz

Titre original : « The Egyptian »

L'égyptienDans l’Egypte ancienne, au cours de la XVIIIe dynastie, un jeune orphelin devient médecin. Il entre au service du nouveau pharaon Akhnaton avec son ami d’école, le guerrier Horemheb… L’Égyptien a été conçu comme une couteuse superproduction par Darryl F. Zanuck. Initialement, le casting devait être prestigieux avec Marlon Brando, Burt Lancaster et Kirk Douglas en tête d’affiche. Hélas, cela ne fit pas, Brando se retirant peu avant le tournage, et le choix final fut moins heureux. Est-ce la seule raison pour laquelle le film se révèle être décevant ? Probablement pas. Le scénario manque sans aucun doute de force et l’on se surprend à sourire parfois devant certains clichés. Il a pourtant été écrit par deux bons scénaristes, Philip Dunne et Casey Robinson, à partir d’un roman de Mika Waltari, écrivain finlandais. Comme dans certains peplums, on retrouve une certaine glorification maladroite du monothéisme. Si aucun acteur ne manifeste une belle présence, c’est aussi en grande partie dû à l’écriture car, finalement, on a l’impression que c’est un film qu’avec des seconds rôles. Le meilleur est certainement dans les décors, assez somptueux, et dans la reconstitution de la vie courante. La photographie abuse sans doute un peu des couleurs vives mais l’image est flamboyante à souhaits.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Edmund Purdom, Jean Simmons, Victor Mature, Gene Tierney, Michael Wilding, Bella Darvi, Peter Ustinov
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Remarques :
* Marilyn Monroe fit tout pour obtenir le rôle de Nefer, la belle tentatrice, mais Darryl F. Zanuck avait déjà réservé le rôle à Bella Darvi qui était alors sa maitresse.
* La Fox a revendu une partie des décors à Paramount pour le tournage du film de Cecil B. DeMille Les Dix Commandements.