12 mai 2020

La Reine des rebelles (1941) de Irving Cummings

Titre original : « Belle Starr »

La Reine des rebelles (Belle Starr)Etats-Unis, état du Missouri. Pendant la guerre de Sécession, Belle Shirley est restée seule à la tête du vaste domaine familial. Lorsque son frère revient avec l’annonce de la reddition, elle refuse d’accepter la défaite et se joint à la cause du capitaine sudiste rebelle Sam Starr…
Le succès d’Autant en emporte le vent (MGM, 1939) a généré chez les studios hollywoodiens un appétit soudain pour les histoires dont les personnages principaux défendent les « valeurs du Sud ». Ici, la Fox s’est emparée d’une hors-la-loi légendaire, Belle Starr, pour la transformer en ersatz de Scarlett O’Hara. Inutile de dire que la vérité historique n’a pas été l’objectif premier de cette entreprise. Le rôle-titre devait être tenu par Barbara Stanwyck qui refusa peu avant le tournage et, après plusieurs autres refus, c’est la jeune Gene Tierney qui fut choisie. Il s’agit de son quatrième long métrage. Elle ne fait pas une grande prestation mais, malgré un évident manque d’expérience et des roulements d’yeux à foison, montre une certaine présence à l’écran. La mise en scène d’Irving Cummings est sans relief, semblant un peu bâclée. L’ensemble est bien terne, juste sauvé par un beau Technicolor. En outre, l’idéologie véhiculée, ouvertement pro-sudiste avec relents de racisme, est assez déplaisante. Le film connut un beau succès à sa sortie.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Randolph Scott, Gene Tierney, Dana Andrews, Shepperd Strudwick
Voir la fiche du film et la filmographie de Irving Cummings sur le site IMDB.

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La Reine des rebelles (Belle Starr)Randolph Scott et Gene Tierney dans La Reine des rebelles (Belle Starr) de Irving Cummings.

5 mars 2020

Le Rideau de fer (1948) de William A. Wellman

Titre original : « The Iron Curtain »

Le Rideau de fer (The Iron Curtain)En 1943, Igor Gouzenko arrive de Moscou à Ottawa au Canada. Il est employé à l’ambassade soviétique, au service du chiffre, et à ce titre, il a connaissance de toutes les activités d’espionnage. Il est rejoint peu de temps après par sa femme et le couple prend goût à la vie canadienne…
Le Rideau de fer retrace ce que l’on appelle « l’affaire Gouzenko ». Celle-ci est souvent créditée comme un des événements déclencheur de la guerre froide car elle a dévoilé l’existence d’un vaste réseau d’espionnage soviétique cherchant, notamment, à obtenir les secrets de la bombe atomique. Basé sur le récit personnel de Gouzenko, le déroulement du scénario se veut fidèle à la réalité. Le Rideau de fer est l’un des tous premiers films à s’inscrire dans le cadre la paranoïa anti-communiste de la fin des années 40 à Hollywood, mais, grâce à la mise en scène mesurée de William Wellman et les excellentes prestations de Dana Andrews et Gene Tierney, il ne tombe jamais dans la caricature excessive qui marquera nombre de films ultérieurs. Il se concentre sur les personnages, et sur les relations qui se tissent entre eux. Le film fut diversement apprécié à sa sortie.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Dana Andrews, Gene Tierney, June Havoc, Berry Kroeger, Edna Best, Stefan Schnabel
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Remarques :
* La musique du film comprend des œuvres de Dmitri Shostakovich, Sergei Prokofiev, Aram Khachaturyan et Dominik Miskovský sous la direction d’Alfred Newman (alors directeur musical des studios Twentieth Century Fox). Les quatre compositeurs soviétiques ont signé une lettre de protestation. Etant qu’ils n’avaient aucun moyen de voir le film et qu’ils étaient eux-mêmes sur la sellette, il est plus que probable qu’ils ont reçu l’ordre de signer cette lettre.

* Une projection en avant-première à New York (finalement annulée) a vu manifestants et contre-manifestants s’opposer avec violence.

* L’affaire Gouzenko a inspiré un second film américain : Operation Manhunt de Jack Alexander (1954) avec Harry Towres, l’histoire étant cette fois centrée sur la traque et tentatives d’assassinat de Gouzenko par des agents soviétiques, alors que le transfuge vivait caché au Canada après ses révélations.

Le Rideau de fer (The Iron Curtain)Gene Tierney et Dana Andrews dans Le Rideau de fer (The Iron Curtain) de William A. Wellman.

4 novembre 2019

Quand la terre s’entrouvrira (1965) de Andrew Marton

Titre original : « Crack in the World »

Quand la terre s'entrouvrira (Crack in the World)Dans une région rocailleuse et désertique d’Afrique, une base internationale de scientifiques tente de creuser profondément la terre jusqu’au magma, dans le but de l’utiliser comme une source inépuisable de métaux rares. Bloqué à grande profondeur par une couche très dense, ils envisagent d’utiliser une bombe atomique au fond du trou pour traverser cette barrière…
Sur un scénario écrit par Jon Manchip White, Crack in the World est un film-catastrophe de science-fiction peu connu. La base de l’histoire est assez originale. Elle était certainement plus crédible dans les années soixante. Vu aujourd’hui, le film peut paraître un peu farfelu sur le plan scientifique (la fin notamment fait sourire) mais on peut lui trouver une certaine candeur assez sympathique. Hélas, il aurait gagné à avoir un scénario plus développé et pâtit du manque de moyens de sa réalisation. Dana Andrews ne semble pas très concerné par cette histoire (à noter que l’acteur a joué dans huit films en 1965) mais les autres rôles principaux sont bien tenus.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Dana Andrews, Janette Scott, Kieron Moore, Alexander Knox
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Ajout/correction : J’avais d’abord cru à une première tentative de géothermie. Comme me le fait remarquer un lecteur (voir son commentaire ci-dessous), le film est à replacer dans son époque où l’on fondait beaucoup d’espoirs dans le nucléaire civil. Il nous met donc en garde contre les excès d’optimisme et les projets aventureux (ici, aller récupérer les métaux fondus au centre de la Terre).

Quand la terre s'entrouvrira (Crack in the World)Quand la terre s’entrouvrira (Crack in the World) de Andrew Marton.

Quand la terre s'entrouvrira (Crack in the World)Kieron Moore et Janette Scott dans Quand la terre s’entrouvrira (Crack in the World) de Andrew Marton.

Quand la terre s'entrouvrira (Crack in the World)(de g. à d.) Jim Gillen, Gary Lasdun, Janette Scott et Kieron Moore
dans Quand la terre s’entrouvrira (Crack in the World) de Andrew Marton.

30 octobre 2019

Boomerang (1947) de Elia Kazan

Boomerang (Boomerang!)Dans une ville du Connecticut aux Etats-Unis, un prêtre, aimé de tous, est assassiné un soir en pleine rue. Les habitants sont scandalisés et réclame des résultats à la police mais l’enquête piétine. L’impatience gagne les autorités de la ville car les élections sont proches. Un suspect est enfin arrêté…
Boomerang est basé sur une histoire vraie (survenue en 1924) et le scénario suit fidèlement les évènements réels en les replaçant à l’époque actuelle. Elia Kazan est allé tourner sur place (1) et certains figurants sont des habitants de la ville. Outre l’intrigue policière, le film dénonce la corruption politique et la dépendance des procureurs aux édiles. Il met en avant l’intégrité d’un procureur qui, malgré les pressions, cherchera avant tout la justice. Kazan filme en grande partie en décors naturels avec une caméra très mobile et donne au film un fort parfum de réalisme (on attribue ce goût pour le réalisme à sa rencontre avec le producteur Louis de Rochemont). L’interprétation est excellente, y compris les seconds rôles. Boomerang est le deuxième long métrage d’Elia Kazan.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs : Dana Andrews, Jane Wyatt, Lee J. Cobb, Cara Williams, Arthur Kennedy, Sam Levene
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Boomerang (Boomerang!)Dana Andrews et Lee J. Cobb dans Boomerang (Boomerang!) de Elia Kazan.

Boomerang (Boomerang!)Arthur Kennedy et Dana Andrews dans Boomerang (Boomerang!) de Elia Kazan.

(1) Les évènements réels se sont déroulés à Bridgeport, Connecticut. Elia Kazan a tourné à quelques kilomètres de là, à Stamford, Ct.

16 juin 2019

L’étang tragique (1941) de Jean Renoir

Titre original : « Swamp Water »

L'étang tragiqueBen Ragan habite un village en bordure des immenses marais d’Okefenokee, en Géorgie, où il a l’habitude de chasser. Lors d’une expédition solitaire, il y fait la connaissance de Tom Keefer qui s’est réfugié là, après avoir été accusé de meurtre…
Basé sur un roman de Vereen Bell adapté par Dudley Nichols, Swamp Water est le premier film de Jean Renoir aux Etats-Unis. Contre toute attente, notamment celle de la Fox, le cinéaste français fraîchement exilé a choisi une histoire très américaine, probablement car elle lui permettait de mettre en scène des gens simples. Brutalement confronté aux méthodes hollywoodiennes, il eut bien du mal à imposer ses vues face à Darryl F. Zanuck. Renoir voulait tourner en décors naturels en Géorgie alors que Zanuck voulait tout tourner en studio mais, surtout, ce dernier jugeait le réalisateur bien trop lent et trop soucieux de ses mouvements de caméra. Exaspéré par ces différents, Renoir proposa même de démissionner. Malgré tout cela, le résultat est assez remarquable, bien photographié et porté par les excellentes interprétations de Dana Andrews et Walter Brennan.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Walter Brennan, Walter Huston, Anne Baxter, Dana Andrews, Virginia Gilmore, John Carradine
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Remarques :
* Initialement embauché pour assister Renoir sur les problèmes de langue, le producteur Irving Pichel dirigea certaines scènes de marais.
* Jean Renoir ne pouvait percevoir les subtilités dans les inflexions des acteurs et beaucoup critiquèrent l’accent californien d’Ann Baxter, rendue ainsi peu crédible en jeune fille des marais de Géorgie.
* Après ses déboires avec la Fox, Renoir quittera le studio pour aller signer chez Universal.

 

Swamp Water
Dana Andrews et Anne Baxter dans L’étang tragique de Jean Renoir.

Swamp Water
Virginia Gilmore, Walter Huston et Dana Andrews dans L’étang tragique de Jean Renoir.

Remake :
Le même roman de Vereen Bell sera adapté de nouveau en 1952 :
Prisonniers du marais (Lure of the Wilderness) de Jean Negulesco avec Jeffrey Hunter, Jean Peters et Walter Brennan qui reprendra le même rôle.

13 septembre 2017

Le Dernier Nabab (1976) de Elia Kazan

Titre original : « The Last Tycoon »

Le Dernier nababDans les années trente à Hollywood, le trentenaire Monroe Stahr est à la tête d’un grand studio dont il dirige avec brio toutes les productions. Un soir, il aperçoit une jeune femme qui lui rappelle la femme de sa vie, une actrice décédée prématurément. Il cherche à la revoir… Le Dernier nabab est l’ultime réalisation d’Elia Kazan. Il est un peu dommage que la filmographie de ce grand réalisateur se termine avec ce film assez fade. A sa décharge, il faut préciser qu’il ne voulait pas le tourner (1). C’est Harold Pinter qui a écrit l’adaptation de ce roman inachevé de F. Scott Fitzgerald librement basé sur le personnage d’Irving Thalberg alors qu’il était à la tête M.G.M. Si le cinéphile ne peut qu’apprécier la reconstitution du fonctionnement des studios à l’époque, toute la partie inventée sur la romance du producteur avec une mystérieuse inconnue paraît d’autant plus interminable que l’actrice Ingrid Boulting qui interprète cette inconnue n’a vraiment aucune consistance (elle fut imposée à Kazan). En revanche, le reste de la distribution comprend moult grands noms dans les seconds rôles et De Niro fait une prestation tout en retenue. La jeune actrice Theresa Russell est étonnante, pour un premier rôle elle montre une très grande présence à l’écran. Kazan a dit à l’époque que la scène finale (Monroe Stahr s’éloignant dans la pénombre d’un immense hangar) symbolisait son propre adieu au cinéma.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Robert De Niro, Tony Curtis, Robert Mitchum, Jeanne Moreau, Jack Nicholson, Theresa Russell, Donald Pleasence, Ray Milland, Dana Andrews
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Sources d’inspiration :
* Le studio est la M.G.M.
* Le personnage de Monroe Stahr (Robert De Niro) est inspiré d’Irving Thalberg, le plus brillants des chefs de studios de la période classique. Le style de personnage et sa façon de diriger correspondent bien à son style. En revanche, toute la partie sentimentale est inventée de toutes pièces. Irving Thalberg a bien épousé une star de la MGM en 1927, la québécoise Norma Shearer, mais celle-ci est morte bien après lui (Irving Thalberg est hélas décédé très jeune, en 1936 à l’âge de 37 ans).
* Son associé (Robert Mitchum) est donc Louis B. Mayer.
* Louis B. Mayer avait bien une fille (et même deux) mais elles étaient plus âgées dans les années trente. L’aînée a épousé David O. Selznick en 1930.
* L’actrice (Jeanne Moreau) est probablement inspirée de Greta Garbo et/ou Marlene Dietrich (étrangère et suffisamment populaire pour pouvoir faire virer un metteur en scène, il n’y en avait pas beaucoup à cette époque…)

(1) Elia Kazan, dont les deux films précédents avaient été des échecs commerciaux, n’a accepté le projet qu’en raison de l’état de sa mère malade qu’il put ainsi installer à Los Angeles.

Le Dernier Nabab
Robert Mitchum et Robert De Niro dans Le Dernier Nabab d’Elia Kazan.

Le Dernier Nabab
Robert De Niro et Theresa Russell dans Le Dernier Nabab d’Elia Kazan.

Le Dernier Nabab
Jeanne Moreau dans Le Dernier Nabab d’Elia Kazan.

23 février 2017

Les cadavres ne portent pas de costard (1982) de Carl Reiner

Titre original : « Dead Men Don’t Wear Plaid »

Les cadavres ne portent pas de costardLes affaires sont calmes pour le détective John Forrest lorsqu’une cliente frappe à sa porte. Il s’agit de la fille d’un scientifique renommé (et fabriquant de fromages) qui vient de périr dans un accident automobile. Elle pense qu’il a été assassiné… L’idée a germé dans les esprits de Carl Reiner, George Gipe et Steve Martin : faire un film parodique qui incorporerait des extraits de films noirs des années quarante. Bien évidemment, il fallait que le film soit en noir et blanc et c’est grâce à l’usage subtil des champs-contrechamps que l’illusion est créée :  nous avons l’impression que ces acteurs des années quarante donnent la réplique à Steve Martin. L’histoire est totalement farfelue, elle est surtout un prétexte non seulement pour inclure les différents extraits mais aussi pour placer une multitude de clins d’œil qu’il est impossible de tous repérer tant il y en a. Les scénaristes ont toutefois réussi à introduire de très bons gags, le plus célèbre étant cette méthode si particulière  de Rachel Ward pour extraire les balles. La voix off contribue à recréer l’atmosphère des films de détective privé. Steve Martin ressemble plus que jamais à Dana Andrews mais l’acteur a pris soin de ne pas calquer son jeu sur tel ou tel acteur pour éviter le mimétisme (par exemple, il aurait pu se gratter l’oreille et on se serait tous pâmé… mais non, il ne le fait pas). Face à lui, Rachel Ward ne présente aucune ressemblance particulière ; par ailleurs, on peut se demander pourquoi il a été choisi de lui laisser une coupe de cheveux typique des années soixante-dix. Même si on ne peut nier que Les cadavres ne portent pas de costard est un film pour cinéphiles (si on ne reconnait pas les acteurs, l’humour tombe, c’est inévitable), il est au final très amusant et unique en son genre.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Steve Martin, Rachel Ward, Carl Reiner
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Remarques :
* L’humour du titre ne passe pas vraiment dans la traduction : « plaid » (morceau de tissu écossais porté) peut être un costume, certes, mais un costume en tissu écossais (qu’il faut être américain pour porter, soit-dit en passant !) Or, les cadavres sont toujours habillés à la morgue avec un costume plus habillé qu’un « plaid ». Une meilleure traduction aurait pu être « Les cadavres ne portent pas de blouson vert » ou  même « Les cadavres portent toujours un costard ». 🙂
* Ceci dit, le titre n’a pas de sens particulier (même si Steve Martin arrive à le placer dans une scène). C’est une parodie des titres de romans policiers.
* La série Dream On a repris un peu le principe dans les années 90 mais différemment : les extraits de films servent à exprimer les pensées intérieures du personnage principal.

Les cadavres ne portent pas de costard
Rachel Ward et Steve Martin dans Les cadavres ne portent pas de costard de Carl Reiner.

Les cadavres ne portent pas de costard
Steve Martin censé faire face à Ingrid Bergman dans Les cadavres ne portent pas de costard de Carl Reiner.

Acteurs /extraits de films :
– Alan Ladd dans Tueur à gages (This Gun for Hire) de Frank Tuttle
– Barbara Stanwyck dans Raccrochez, c’est une erreur (Sorry, wrong number) d’Anatole Litvak et Assurance sur la mort (Double Indemnity) de Billy Wilder
– Ray Milland dans Le Poison (The Lost Weekend) de Billy Wilder
– Ava Gardner dans Les tueurs (The killers) de Robert Siodmak et L’Île au complot (The Bribe) de Robert Z. Léonard
– Burt Lancaster dans Les tueurs (The killers) de Robert Siodmak
– Humphrey Bogart dans Le Grand Sommeil (The Big Sleep), Le Violent (In a Lonely Place) et Les Passagers de la nuit (Dark Passage)
– Cary Grant dans Soupçons (Suspicion) d’Alfred Hitchcock
– Ingrid Bergman dans Les Enchaînés (Notorious) d’Alfred Hitchcock
– Veronica Lake dans La Clé de verre (The Glass Key) de Stuart Heisler
– Bette Davis dans Jalousie (Deception) d’Irving Rapper
– Lana Turner dans Johnny, roi des gangsters (Johnny Eager) de Mervyn LeRoy et Le facteur sonne toujours deux fois (The Postman Always Rings Twice) de Tay Garnett
– Edward Arnold dans Johnny, roi des gangsters (Johnny Eager) de Mervyn LeRoy
– Kirk Douglas dans L’Homme aux abois (I Walk Alone) de Byron Haskin
– Fred MacMurray dans Assurance sur la mort (Double Indemnity) de Billy Wilder
– James Cagney dans L’enfer est à lui (White Heat) de Raoul Walsh
– Joan Crawford dans Humoresque de Jean Negulesco
– Charles Laughton et Vincent Price dans  L’Île au complot (The Bribe) de Robert Z. Léonard

Les cadavres ne portent pas de costard
A gauche : Dana Andrews dans Laura (1944). A droite : Steve Martin dans Les cadavres ne portent pas de costard de Carl Reiner. Je suis étonné que personne ne mentionne cette ressemblance vraiment frappante (que Carl Reiner a certainement cultivée).

14 octobre 2016

Les plus belles années de notre vie (1946) de William Wyler

Titre original : « The Best Years of Our Lives »

Les plus belles années de notre vieA la fin de Seconde Guerre mondiale, trois soldats se rencontrent dans l’avion qui les ramène chez eux. Tous trois appréhendent ce retour, pour des raisons diverses, sentant confusément qu’ils ne retrouveront pas leur vie antérieure… Adapté d’un roman de MacKinlay Kantor, The Best Years of Our Lives (Les plus belles années de notre vie) est un film en prise directe avec la réalité ; il a été tourné en 1945 alors que le retour des soldats américains était toujours en cours. Ses trois personnages vont se retrouver dans une situation de crise, qu’elle soit psychologique, sentimentale ou professionnelle quand ce n’est pas physique. Lui-même blessé de guerre, William Wyler s’est efforcé de donner beaucoup d’authenticité à son film que ce soit dans les lieux, les vêtements et les personnages ; le soldat Homer est interprété par un non-professionnel, un véritable soldat, grand blessé de guerre. La réalisation est sobre, sans effet de sur-dramatisation. En fait, le film de 2h45 forme un ensemble riche et complet, très équilibré, et se révèle particulièrement touchant, et chargé en émotions. The Best Years of Our Lives marqua fortement le public de l’époque et connut un très grand succès. Il fut récompensé par 7 Oscars.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Myrna Loy, Fredric March, Dana Andrews, Teresa Wright, Virginia Mayo, Hoagy Carmichael, Harold Russell
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The Best Years of our Lives
(De g. à d.) Harold Russell (de dos), Theresa Wright, Dana Andrews, Myrna Loy, Hoagy Carmichael (debout) et Fredric March dans Les plus belles années de notre vie de William Wyler.

29 décembre 2015

La Cinquième Victime (1956) de Fritz Lang

Titre original : « While the City Sleeps »

La Cinquième victimeAu sein du grand groupe de presse The New York Sentinel, le fils du fondateur récemment défunt laisse espérer à trois hommes le poste de directeur général. Il promet de le donner à celui qui démasquera le tueur psychopathe qui vient d’assassiner une jeune femme… Adapté d’un roman de Charles Einstein, La Cinquième Victime est un beau film noir qui, avec Beyond a reasonable doubt tourné la même année, vient clore en beauté la période américaine de Fritz Lang. C’est un film plus complexe qu’il ne paraît, où plusieurs histoires s’entremêlent et où Lang nous dresse un portrait assez acide de la société américaine. Aucun personnage n’est présenté sous un jour favorable, tous intriguent pour leur ascension sociale ou pour en tirer un profit quelconque, et le seul qui n’entre dans pas cette course arriviste n’hésite pas à utiliser sa fiancée comme un vulgaire appât pour capturer le tueur. Ce dernier (interprété par le fils de John Barrymore) est présenté presque comme une victime, presque programmé pour tuer, il n’est pas sans rappeler celui de M le Maudit. La distribution est brillante, le déroulement du scénario est limpide, la mise en scène parfaitement maitrisée. La Cinquième Victime est un film plutôt sous-estimé. On comprend en le voyant pourquoi Fritz Lang y voyait l’un de ses films les plus aboutis de sa période américaine.
Elle:
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Dana Andrews, Rhonda Fleming, George Sanders, Howard Duff, Thomas Mitchell, Vincent Price, Sally Forrest, Ida Lupino
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While the city sleeps
Dana Andrews, Sally Forrest, Thomas Mitchell et Ida Lupino dans La Cinquième victime de Fritz Lang.

While the City Sleeps
Ida Lupino, Dana Andrews, Sally et Rhonda Fleming, le trio de charme de La Cinquième victime de Fritz Lang (photo publicitaire).

9 juillet 2015

Boule de feu (1941) de Howard Hawks

Titre original : « Ball of Fire »

Boule de feuHuit érudits plutôt âgés travaillent depuis neuf ans à la rédaction d’une vaste encyclopédie (ils en sont à la lettre S). Ils vivent ensemble, coupés du monde, dans une grande demeure new-yorkaise mise à leur disposition par une fondation. Le plus jeune d’entre eux (Gary Cooper), linguiste, décide d’aller au contact des gens pour alimenter son entrée sur l’argot (slang en anglais). Il rencontre ainsi une chanteuse de cabaret (Barbara Stanwyck) mêlée à la pègre qui voit là un endroit où se cacher de la police… Ball of Fire fait partie des dernières comédies screwball, genre qui s’éteindra peu à peu avec la guerre. L’idée de départ vient de Billy Wilder qui cosigne le scénario avec son comparse Charles Brackett. L’humour repose sur l’introduction d’un élément perturbateur dans un monde qui ne demande qu’à être perturbé (c’était aussi le thème du merveilleux L’Impossible Monsieur Bébé…) A noter que l’analogie avec Blanche-Neige et les sept nains est voulue et même cultivée. La réussite du film repose sur une écriture parfaite, un humour bien dosé et sur des premiers et seconds rôles très bien tenus. Barbara Stanwyck y est pétulante.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Gary Cooper, Barbara Stanwyck, Dana Andrews
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Boule de feu
Gary Cooper et Barbara Stanwyck dans Boule de feu de Howard Hawks entourés par les « sept nains » : de gauche à droite, Henry Travers, Aubrey Mather, Oscar Homolka, Leonid Kinskey, S.Z. Sakall, Tully Marshall et Richard Haydn.

Remarques :
* Howard Hawks était si satisfait du travail d’écriture de Billy Wilder qu’il l’a laissé assister au tournage. Billy Wilder a ainsi pu étudier de près la méthode de Hawks. Impressionné, cela l’aurait fortement incité à revenir à la mise en scène. Il tournera son premier film américain l’année suivante : The Major and the Minor.

* Le batteur de jazz et bandleader Gene Krupa interprète deux morceaux, en fait un seul morceau « Drum Boogie » joué de deux façons différentes : une fois avec son orchestre au grand complet et une seconde fois avec… une boite d’allumettes (et des allumettes qu’il gratte). Etonnant ! (voir sur Youtube…)  La chanteuse qui prête sa voix à Barbara Stanwyck est Martha Tilton (ex-chanteuse de Benny Goodman).

Remake par Howard Hawks lui-même :
A Song is Born (Si bémol et fa dièse) d’Howard Hawks (1948) avec Danny Kaye et Virginia Mayo, et avec la participation d’une belle brochette de musiciens de jazz (les encyclopédistes étant devenus des musicologues).