4 mai 2021

Track of the Cat (1954) de William A. Wellman

Track of the CatUne nuit, dans un ranch isolé des Montagnes Rocheuses, un fauve attaque le troupeau. Une légende parle d’une panthère noire revenant tous les ans aux premières neiges. Curt, l’aîné de la famille, part avec son frère pour suivre la piste du fauve…
Track of the Cat est un western américain réalisé par William A. Wellman sur un scénario de A.I. Bezzerides basé sur un roman de Walter Van Tilburg Clark (que l’on connait pour avoir signé The Ox-Bow Incident, adapté par Wellman en 1943). Il s’agit d’un drame familial assez sombre où les tensions sont très fortes entre les personnages. Beaucoup de scènes se tiennent dans la pièce principal du ranch, ce qui donne une impression de pièce théâtrale ; la comparaison avec les pièces d’Eugène O’Neill a quelquefois été évoquée. L’analyse des personnages par William Wellman paraît toutefois plus morale que psychologique ce qui peut la faire paraître un peu simpliste. Le film est assez remarquable par sa photographie. Wellman a dit avoir toujours voulu tourner un film noir et blanc en couleurs. Il a donc utilisé des tons neutres avec seulement quelques objets importants aux couleurs vives qui ressortent de l’image. Dans les scènes d’extérieurs et de neige, on raconte qu’il aurait même fait peindre des feuilles d’arbres en noir. Le résultat est superbe et contribue à l’atmosphère si particulière du film. Track of the Cat n’est jamais sorti en France.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Robert Mitchum, Teresa Wright, Diana Lynn, Tab Hunter, Beulah Bondi, Philip Tonge, William Hopper
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Track of the CatRobert Mitchum et William Hopper dans Track of the Cat de William A. Wellman.

5 mars 2020

Le Rideau de fer (1948) de William A. Wellman

Titre original : « The Iron Curtain »

Le Rideau de fer (The Iron Curtain)En 1943, Igor Gouzenko arrive de Moscou à Ottawa au Canada. Il est employé à l’ambassade soviétique, au service du chiffre, et à ce titre, il a connaissance de toutes les activités d’espionnage. Il est rejoint peu de temps après par sa femme et le couple prend goût à la vie canadienne…
Le Rideau de fer retrace ce que l’on appelle « l’affaire Gouzenko ». Celle-ci est souvent créditée comme un des événements déclencheur de la guerre froide car elle a dévoilé l’existence d’un vaste réseau d’espionnage soviétique cherchant, notamment, à obtenir les secrets de la bombe atomique. Basé sur le récit personnel de Gouzenko, le déroulement du scénario se veut fidèle à la réalité. Le Rideau de fer est l’un des tous premiers films à s’inscrire dans le cadre la paranoïa anti-communiste de la fin des années 40 à Hollywood, mais, grâce à la mise en scène mesurée de William Wellman et les excellentes prestations de Dana Andrews et Gene Tierney, il ne tombe jamais dans la caricature excessive qui marquera nombre de films ultérieurs. Il se concentre sur les personnages, et sur les relations qui se tissent entre eux. Le film fut diversement apprécié à sa sortie.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Dana Andrews, Gene Tierney, June Havoc, Berry Kroeger, Edna Best, Stefan Schnabel
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Remarques :
* La musique du film comprend des œuvres de Dmitri Shostakovich, Sergei Prokofiev, Aram Khachaturyan et Dominik Miskovský sous la direction d’Alfred Newman (alors directeur musical des studios Twentieth Century Fox). Les quatre compositeurs soviétiques ont signé une lettre de protestation. Etant qu’ils n’avaient aucun moyen de voir le film et qu’ils étaient eux-mêmes sur la sellette, il est plus que probable qu’ils ont reçu l’ordre de signer cette lettre.

* Une projection en avant-première à New York (finalement annulée) a vu manifestants et contre-manifestants s’opposer avec violence.

* L’affaire Gouzenko a inspiré un second film américain : Operation Manhunt de Jack Alexander (1954) avec Harry Towres, l’histoire étant cette fois centrée sur la traque et tentatives d’assassinat de Gouzenko par des agents soviétiques, alors que le transfuge vivait caché au Canada après ses révélations.

Le Rideau de fer (The Iron Curtain)Gene Tierney et Dana Andrews dans Le Rideau de fer (The Iron Curtain) de William A. Wellman.

17 avril 2016

La Ville abandonnée (1948) de William A. Wellman

Titre original : « Yellow Sky »
Autre titre français : « Nevada »

La Ville abandonnéePoursuivi par une escouade de cavalerie après avoir dévalisé une banque, un petit groupe de hors-la-loi se réfugient dans un désert de sel et tentent de le traverser. A bout de forces, ils arrivent à une ville abandonnée de tous ses habitants sauf une jeune femme et son grand-père… Yellow Sky est adapté d’une histoire écrite par le grand scénariste W.R. Burnett qui dit s’être très librement inspiré de La Tempête de William Shakespeare. C’est un western assez âpre où Wellman semble avoir privilégié plus l’esthétisme et l’atmosphère que la psychologie des personnages. La tension est forte et constante, culminant lors de certaines scènes sans jamais retomber vraiment. Face au chef de bande Gregory Peck, Richard Widmark, ici dans l’un des tous premiers rôles, fait une belle prestation, rendant son personnage particulièrement inquiétant. La photographie, signée Joseph MacDonald, est assez belle avec de trouvailles remarquées comme ce plan en vue subjective montrant Gregory Peck de l’intérieur du fusil tenu par Anne Baxter. Yellow Sky est un beau et puissant western.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Gregory Peck, Anne Baxter, Richard Widmark, John Russell, Harry Morgan
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Remake :
The Jackals (1967) de Robert D. Webb avec Vincent Price.

Yellow Sky
Anne Baxter et Gregory Peck dans La Ville abandonnée de William A. Wellman.

Yellow Sky
Richard Widmark (au centre) dans La Ville abandonnée de William A. Wellman.

10 mars 2016

Les Ailes (1927) de William A. Wellman

Les ailes1917. Dans leur petite ville américaine, Jack et David sont rivaux dans leur intérêt pour la jeune et jolie Sylvia. Jack ne se rend pas compte que sa voisine Mary est amoureuse de lui. Lorsque survient la mobilisation, les deux garçons s’engagent dans l’aviation. Leur hostilité fait place à une indéfectible amitié… Ce n’est pas le scénario qui rend Wings si remarquable : il est aussi prévisible que mal développé. En revanche, la reconstitution des batailles terrestres et surtout aériennes de la Première Guerre mondiale ont marqué à jamais le genre du film d’aviation. Des milliers de figurants, le concours de l’armée et toute une région du Texas comme terrain de jeu… il est assez étonnant que la Paramount ait confié un tel projet à un jeune réalisateur d’à peine trente ans : « J’étais le seul réalisateur qui ait été pilote combattant, j’étais le seul qui savait de quoi il s’agissait » (1) Le résultat est époustouflant, les scènes de combats aériens filmés en conditions réelles sans trucage nous placent littéralement dans le cockpit, face au pilote. Le ballet des avions, le survol des champs de bataille, les batailles au sol sont saisissant de réalisme. Wings est avant tout un spectacle : si on le compare à La Grande Parade (1925) ou à À l’ouest rien de nouveau (1930), on mesure à quel point il est dépourvu de vision sur la guerre. Mais cela ne l’empêche pas d’être intéressant à visionner et très prenant. A l’époque, le succès fut immense, la traversée de l’Atlantique que Lindbergh venait tout juste de réussir amplifiant l’attrait de l’aviation pour le public. (film muet).
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Clara Bow, Charles ‘Buddy’ Rogers, Richard Arlen, Gary Cooper
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Remarques :
Les ailes* Cameo : William Wellman apparaît vers la fin du film. Il est le soldat qui s’exclame en mourant : « Attaboy. Them buzzards are some good after all. » (Bien joué! Finalement ces busards sont vraiment doués)
* Les deux minutes où Gary Cooper apparaît lui ont valu de pouvoir signer un contrat avec la Paramount. Il faut dire qu’il montre une belle présence dans cette scène. A noter que  son nom apparaîtra sur les affiches plus tardives, postérieures à son succès (voir ci-contre).
* La grande offensive reconstituée est la Bataille de Saint-Mihiel (Meuse) du 12 et 13 septembre 1918. Plus de 200 000 soldats américains ont été engagés dans cette vaste offensive qui fut victorieuse.
* Comme William Wellman, Richard Arlen avait été pilote pendant la guerre mais Charles Rogers, lui, n’avait jamais piloté auparavant. Il a appris  en cours de tournage. Pour ses premières sorties, un pilote-instructeur contrôlant l’avion était caché derrière lui.
* Clara Bow était particulièrement insatisfaite de son personnage (on la comprend, elle fait tapisserie).
* La scène aux Folies Bergères contient au tout début une utilisation étonnante de la grue qui nous fait voler en rase-mottes au dessus des tables.
* Le film est bien entendu en noir et blanc mais les flammes des armes et des avions en feu sont colorées en jaune avec la méthode Handschiegl (très globalement, un système reposant sur un système de pochoir). Certaines versions comportaient des séquences en Magnascope (un des premiers systèmes d’écran large) et certaines projections bénéficiaient d’un son synchronisé (musique et bruitages) avec le système Kinegraphone (alias Photophone, un système qui sera plus tard abandonné qui plaçait le son sur la pellicule pour une lecture optique).
* Les cascades, notemment les crash d’avions, sont réelles, aucun film d’archives de guerre n’a été utilisé. A ce sujet, Wellman raconte que lorsqu’un cascadeur a refusé de faire une cascade qu’il jugeait trop dangereuse, il a sauté dans l’avion pour aller la faire lui-même ! Un cascadeur a dû être hospitalisé à la suite d’une cascade ratée.
* Wings a remporté le premier Oscar de l’histoire du cinéma (en 1929) avec L’Aurore de Murnau.

(1) Entretien de William Wellman avec Kevin Brownlow dans « La parade est passée » (Actes Sud 2011 pour la traduction française.)

wings
Charles Rogers, Clara Bow et Richard Arlen dans Wings de William A. Wellman (photo publicitaire)

Wings

Wings
Charles Rogers, Richard Arlen et Gary Cooper dans Wings de William A. Wellman (photo de tournage assez proche de la scène vue dans le film)

Voir aussi la présentation du film sur DVDClassik (avec de nombreuses photos)…

22 février 2013

Safe in Hell (1931) de William A. Wellman

Titre français parfois utilisé : « La Fille de l’enfer »
Autre titre (U.K.) : « The Lost Lady »

Safe in HellUne ex-secrétaire tue accidentellement l’homme qui l’a fait tomber dans la prostitution. Son fiancé, un marin de la marine marchande qui s’était longuement absenté, l’emmène sur une petite île des Caraïbes qui ne pratique pas l’extradition. Elle doit y séjourner seule dans un hôtel en compagnie d’hommes qui, eux aussi, fuient la justice… Le scénario de Safe in Hell est assez étrange, la fin est même très surprenante (même en gardant à l’esprit qu’à cette époque de montée des codes de moralité, il y avait de fortes pressions pour que les gens qui ont fauté paient pour leurs actes). Le film se situe nettement en dehors des sentiers battus. Très inhabituel pour l’époque : deux personnages parmi les plus sympathiques sont noirs et parlent non pas un dialecte local mais un anglais courant. Tous les rôles sont très bien tenus, les personnages des autres clients de l’hôtel sont franchement réussis. Dorothy Mackaill a une belle présence. Safe in Hell n’est sans doute pas un très grand film mais il ne manque pas d’intérêt.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Dorothy Mackaill, Donald Cook, Ralf Harolde
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Safe in HellRemarques :
* Dorothy Mackaill est une actrice d’origine anglaise qui a beaucoup tourné de films muets. C’est son dernier film avec First National qui ne renouvellera pas son contrat. Sa carrière s’arrêtera peu après, en 1934.

* Les deux acteurs noirs sont  Nina Mae McKinney et Clarence Muse. Nina Mae Mc Kinney est plus connue pour avoir interprété l’un des rôles principaux du film 100% noir de King Vidor Halleluyah (1929).

21 février 2013

Convoi de femmes (1951) de William A. Wellman

Titre original : « Westward the Women »

Convoi de femmesA l’époque des pionniers, en 1851, le propriétaire d’un vaste domaine qui occupe toute une vallée californienne décide d’aller chercher des femmes pour ses cent employés, tous célibataires. Avec un des ses hommes, il va les recruter à Chicago et entreprend de les conduire jusqu’à sa vallée… Westward the Women est un film assez étonnant et à plus d’un titre. D’abord, c’est Frank Capra qui en a écrit le scénario et qui l’aurait lui-même réalisé si la Columbia n’avait mis son veto au projet. Ensuite, l’histoire en elle-même paraît assez incroyable ; elle est pourtant basée sur une histoire vraie. Enfin, le film est étonnant par sa qualité, William Wellman réussissant à faire un film puissant, tout en n’ayant pas de personnage principal vraiment mis en avant et sans aucune recherche du spectaculaire. C’est le groupe de femmes de Westward the Women qui en est le héros, un groupe certes mais dont les individualités qui le forment restent assez marquées. Les scènes fortes qui émaillent le périlleux périple sont nombreuses. Le film est très complet, tour à tour vibrant, enthousiasmant, émouvant, tragique. Comme toujours, le jeu de Robert Taylor est assez sobre et contribue ainsi à l’homogénéité de l’ensemble. Western sans équivalent, Westward the Women est un film admirable.
Elle:
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Robert Taylor, Denise Darcel, Hope Emerson, John McIntire, Julie Bishop
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Remarque :
L’actrice Denise Darcel qui interprète une française émigrée est réellement française. Venue aux Etats-Unis à la Libération après avoir épousé un capitaine de l’armée américaine, elle eut une carrière assez courte à Hollywood, principalement entre 1948 et 1954.

20 février 2013

Les Forçats de la gloire (1945) de William A. Wellman

Titre original : « Story of G.I. Joe »

Les forçats de la gloireCorrespondant de guerre, Ernie Pyle suit une compagnie de l’armée américaine en 1944, depuis l’Afrique du Nord jusqu’en Italie. Il partage la vie des soldats et les combats, notamment à Monte Cassino… Tourné et sorti avant même la fin de la guerre, ce film de William Wellman est basé sur deux livres d’Ernie Pyle (1). Le journaliste, lauréat du Prix Pulitzer en 1944, ne pourra voir le film sur les écrans puisqu’il sera tué l’année suivante, deux mois avant la sortie du film, sur une île japonaise du Pacifique. Comme l’indique le titre original, Story of G.I. Joe (littéralement « histoire de soldats ordinaires »), le film nous montre la guerre non pas sous l’angle des grands mouvements stratégiques mais telle qu’elle est vécue au quotidien par les soldats de l’infanterie, ceux dont on ne parle pas et qui progressent dans des conditions très souvent épouvantables (2). Il montre le danger mais aussi la fatigue, l’anxiété et l’épuisement que les rares sources de joie ne peuvent compenser. Story of G.I. Joe est ainsi l’un des films les plus authentiques sur la guerre. La mise en scène de Wellman est très sobre, tout comme le jeu des acteurs. Le style est presque celui d’un documentaire, aucun effet de scénario n’a visiblement été recherché. Le réalisateur a utilisé le moins possible d’acteurs professionnels pour faire jouer de réels soldats qui avaient combattu en Europe (3). Le film connut assez justement un grand succès.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Burgess Meredith, Robert Mitchum, Freddie Steele
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Remarques :
* Story of G.I. Joe est le premier grand rôle de Robert Mitchum. Il fut même nominé aux Oscars dans la catégorie du meilleur second rôle.
* William Wellman est un vétéran de la Première Guerre mondiale… mais il était dans l’aviation et, de ce fait, n’avait pas du tout la même attirance que Pyle pour l’infanterie qu’il méprisait plutôt. Il a fallu une certaine persévérance au producteur Lester Cowan pour convaincre Wellman de réaliser le film.
* Si le film a principalement été tourné en studios, certains plans sont des images authentiques issues du documentaire de John Huston, La Bataille de San Pietro (San Pietro) (1945).

(1) Les deux livres d’Ernie Pyle qui ont servi de base directe au scénario sont « Brave Men » et « Here is Your War ».
(2) Le cœoeur d’Ernie Pyle restera avec ces soldats. En 1945, lorsque le journaliste suivra la Navy dans le Pacifique, il fera remarquer le niveau de confort des soldats de la Marine comparé aux conditions de vie des fantassins et sera critiqué sur ce point.
(3) Ils s’agissaient de soldats en cours de transfert d’Europe vers le front du Pacifique où beaucoup d’entre eux trouvèrent la mort.

27 janvier 2013

The star witness (1931) de William A. Wellman

The Star WitnessUne famille assiste à l’assassinat d’un policier par un gangster. Tous l’ont vu de près et permettent ainsi à la police de l’identifier. Le caïd est arrêté mais il doit passer en jugement. C’est alors que le gang du malfrat s’en prend à la famille… En 1931, des voix commençaient à s’élever pour reprocher à Hollywood, et plus principalement à la Warner, de faire l’apologie du gangstérisme. Wellman avait d’ailleurs réalisé quelques mois plus tôt Public Enemy qui avait eu beaucoup de succès. Avec The Star Witness (= le témoin clé), la Warner désirait montrer sa bonne volonté pour participer à la lutte contre la criminalité organisée. Il s’agit donc ici d’encourager les citoyens à aider la police (1) et le moins que l’on puisse dire est que le propos est très appuyé : gangsters vraiment abjects, scène d’intimidation vraiment brutale, discours moralisateurs et patriotiques tirant même sur la xénophobie. C’est le personnage du grand-père, un vétéran de la Guerre de Sécession interprété de façon exubérante par Charles « Chic » Sales (très grimmé puisqu’il était alors âgé de 45 ans), qui est principalement utilisé pour déclencher un sursaut patriotique. Malgré la rapidité de tournage, la réalisation de William Wellman est comme toujours très bonne. On remarquera une belle scène de fusillade vers la fin du film, vue au travers des barreaux d’un escalier, avec de beaux jeux d’ombres.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Walter Huston, Charles ‘Chic’ Sale, Grant Mitchell, Dickie Moore, Nat Pendleton
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Remarques :
* Il s’agit de l’adaptation d’une pièce de Lucien Hubbard.
* Le plus jeune des deux garçons est interprété par Dickie Moore qui, à 6 ans, en était déjà à son 16e film! Il tournera jusqu’en 1957 dans plus de 100 films. Il est d’ailleurs toujours en vie (en ce début 2013, il a 87 ans).

(1) The Star Witness fut d’ailleurs sorti un peu précipitamment alors que dans l’affaire d’une fusillade à Harlem,  où plusieurs enfants avait été tués, la police éprouvait des difficultés à obtenir des témoignages.

4 janvier 2013

Lilly Turner (1933) de William A. Wellman

Lilly TurnerAu grand désespoir de sa mère, la jeune Lilly épouse un beau parleur qui se révèle rapidement n’être qu’un prestidigitateur de foire, cavaleur et recherché pour bigamie. Lilly se met alors sous la protection d’un rabatteur forain, prévenant mais alcoolique… Lilly Turner est adapté d’une pièce de Phillip Dunning et George Abbott. C’est un mélodrame social désenchanté comme il s’en tournait beaucoup en cette période de crise du début des années trente. Le film est au assez sombre, y compris au premier sens du terme : pratiquement toutes les scènes sont nocturnes et semblent assez peu éclairées (1). Le film ne manque pas d’intérêt mais souffre certainement d’une certaine rapidité de tournage. Ruth Chatterton fait une belle prestation (à noter que l’actrice était alors âgée de 40 ans, son personnage est donc bien plus jeune qu’elle) mais elle est certainement plus à l’aise dans des rôles un peu plus sophistiqués. Elle est une fois de plus en tandem avec le séduisant George Brent, ils étaient d’ailleurs mari et femme au moment du tournage.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Ruth Chatterton, George Brent, Frank McHugh, Guy Kibbee
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Remarque :
La Warner n’a pu ressortir Lilly Turner en 1936 comme elle le souhaitait car le bureau du Production Code (Code Hayes) a refusé de l’approuver.

(1) Il est vraisemblable que la copie diffusée au Cinéma de Minuit de Patrick Brion était un peu sombre. Il faut être indulgent car il s’agit d’un film plutôt rare.

9 août 2012

La joyeuse suicidée (1937) de William A. Wellman

Titre original : « Nothing sacred »

La joyeuse suicidéeEn quête de sujet émotionnel, un journaliste se rend dans le Vermont pour rencontrer une jeune femme qui est vouée à une mort prochaine après un empoisonnement au radium. Il lui propose de lui faire visiter New York avant de mourir. La jeune femme accepte bien qu’elle ait appris entre-temps que le funeste diagnostic était une erreur… Ecrit par le talentueux Ben Hecht, La joyeuse suicidée est une comédie en Technicolor (1) qui porte un regard plutôt acerbe sur les travers de la presse à sensation. Si l’on peut trouver que l’ensemble manque un peu de naturel et d’authenticité, le film ne manque pas d’humour. La séquence dans la petite ville du Vermont (où tout le monde s’exprime comme dans le Sud) La joyeuse suicidée en est truffée, avec notamment un gag qui a de quoi estomaquer (le journaliste se fait mordre par… un petit chien assez particulier). L’ensemble est bien enlevé, très amusant. Carole Lombard est, ici comme toujours, pleine de charme et ce film nous fait regretter, une fois de plus, que sa carrière ait été si courte (2). La joyeuse suicidée est une bonne screwball comédie. Ce fut un grand succès à l’époque.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Carole Lombard, Fredric March, Charles Winninger, Walter Connolly, Sig Ruman
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Remarques :
* La joyeuse suicidée offre la vision peu courante du survol de Manhattan en avion.
* Le publicité de La joyeuse suicidée a largement utilisé la scène où Carole Lombard et Fredric March se battent. Montrer un homme frappant ainsi une femme est extrêmement rare (précisons que la raison du combat est amusante).
* Il semble que certaines copies utilisées pour les DVD soient de très mauvaise qualité.

(1) La joyeuse suicidée fait partie des tous premiers films en Technicolor.
(2) La carrière de Carole Lombard s’est brutalement interrompue en 1942, l’actrice ayant trouvé la mort dans un accident d’avion. Elle n’avait que 33 ans.

Remake :
C’est pas une vie, Jerry! (Living it up) de Norman Taurog (1954) avec Jerry Lewis et Dean Martin.