8 juillet 2022

Garde à vue (1981) de Claude Miller

Garde à vueA Cherbourg, le soir de la Saint-Sylvestre, l’inspecteur Antoine Gallien (Lino Ventura) reçoit au commissariat le notaire Martinaud (Michel Serrault), notable local. Il le soupçonne d’avoir violé et étranglé deux fillettes quelques semaines plus tôt. Face à l’attitude ambigüe de Martinaud, l’inspecteur le place en garde à vue pour continuer de l’interroger…
Garde à vue est un film français de Claude Miller. C’est un film de commande pour le réalisateur qui ne tournait plus que des publicités à la suite du cuisant échec de son précédent film Dites-lui que je l’aime, sorti quatre ans plus tôt. Garde à vue est basé sur un livre de John Wainwright publié dans la collection Série noire, À table ! (Brainwash), livre découvert par Michel Audiard qui a écrit les dialogues de cette adaptation. Hormis quelques plans de coupe, tout le film se déroule au sein d’un commissariat de province sur quelques heures. Plus que l’intrigue policière, ce sont les caractères qui sont exposés dans ce récit, les incertitudes de l’inspecteur et les brusques changements d’humeur de son accusé. Ce dernier se révèle insaisissable avec ses réactions imprévisibles et son anticonformisme. C’est l’occasion de beaux numéros d’acteurs, le plus spectaculaire dans la richesse de son jeu étant Michel Serrault. L’ensemble est assez captivant. Le film a connu un beau succès, avec quatre César à la clef.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Lino Ventura, Michel Serrault, Romy Schneider, Guy Marchand
Voir la fiche du film et la filmographie de Claude Miller sur le site IMDB.

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Remarques :
* Le succès de Garde à vue a permis à Claude Miller de rebondir. C’était alors son meilleur score au box-office, seul L’Effrontée en 1985 fera mieux.
* Un remake américain a été réalisé en 2000 par Stephen Hopkins : Suspicion (Under Suspicion), avec Gene Hackman, Morgan Freeman et Monica Bellucci, reprenant les rôles respectifs de Michel Serrault, Lino Ventura et Romy Schneider, film généralement considéré comme raté.

Garde à vueMichel Serrault et Lino Ventura dans Garde à vue de Claude Miller.

8 octobre 2020

Le Rite (1969) de Ingmar Bergman

Titre original : « Riten »

Le Rite (Riten)Trois comédiens célèbres sont interrogés par un juge d’instruction car leur dernière création théâtrale est considérée contraire aux bonnes mœurs…
Ingmar Bergman a écrit et réalisé Le Rite pour la télévision suédoise. Le film a ultérieurement connu une diffusion en salles. Cette genèse explique la sobriété et le petit nombre de décors ainsi que la profusion de gros plans sur les visages. Mais ce n’est pas cela qui rend Le Rite si peu attrayant. L’ensemble se révèle abscons et austère, les personnages sont typés à l’extrême au point de paraître surjoués. Certes, on identifie aisément certains des thèmes favoris de Bergman : la censure, le fisc (ses deux bêtes noires), la bureaucratie, le caractère particulier des acteurs aux sentiments exacerbés allant jusqu’à la névrose, les règles sociales, la fonction du théâtre… Mais, hélas, tous ces thèmes sont abordés de façon si austère et outrée que le film apparaît passablement rébarbatif.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Ingrid Thulin, Anders Ek, Gunnar Björnstrand, Erik Hell
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Remarque :
* Ingmar Bergman interprète lui-même le prêtre que l’on aperçoit très fugitivement dans le confessionnal.

Le Rite (Riten)Gunnar Björnstrand, Ingrid Thulin et Anders Ek dans Le Rite (Riten) de Ingmar Bergman.

30 octobre 2019

Boomerang (1947) de Elia Kazan

Boomerang (Boomerang!)Dans une ville du Connecticut aux Etats-Unis, un prêtre, aimé de tous, est assassiné un soir en pleine rue. Les habitants sont scandalisés et réclame des résultats à la police mais l’enquête piétine. L’impatience gagne les autorités de la ville car les élections sont proches. Un suspect est enfin arrêté…
Boomerang est basé sur une histoire vraie (survenue en 1924) et le scénario suit fidèlement les évènements réels en les replaçant à l’époque actuelle. Elia Kazan est allé tourner sur place (1) et certains figurants sont des habitants de la ville. Outre l’intrigue policière, le film dénonce la corruption politique et la dépendance des procureurs aux édiles. Il met en avant l’intégrité d’un procureur qui, malgré les pressions, cherchera avant tout la justice. Kazan filme en grande partie en décors naturels avec une caméra très mobile et donne au film un fort parfum de réalisme (on attribue ce goût pour le réalisme à sa rencontre avec le producteur Louis de Rochemont). L’interprétation est excellente, y compris les seconds rôles. Boomerang est le deuxième long métrage d’Elia Kazan.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs : Dana Andrews, Jane Wyatt, Lee J. Cobb, Cara Williams, Arthur Kennedy, Sam Levene
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Boomerang (Boomerang!)Dana Andrews et Lee J. Cobb dans Boomerang (Boomerang!) de Elia Kazan.

Boomerang (Boomerang!)Arthur Kennedy et Dana Andrews dans Boomerang (Boomerang!) de Elia Kazan.

(1) Les évènements réels se sont déroulés à Bridgeport, Connecticut. Elia Kazan a tourné à quelques kilomètres de là, à Stamford, Ct.

30 juillet 2019

Au poste! (2018) de Quentin Dupieux

Au poste!Pour enquêter sur un meurtre inexpliqué, un commissaire interroge le principal et unique suspect : l’homme qui a trouvé le cadavre gisant sur le trottoir en pleine nuit. Le commissaire annonce lui-même la couleur : l’interrogatoire semble bien parti pour durer…
Le musicien et réalisateur français Marc Dupieux présente Au Poste! comme étant son « premier vrai film français » (certains de ses films précédents ont en effet été réalisés aux Etats-Unis ou au Canada). Il en a écrit le scénario qui est, une nouvelle fois, basé sur un florilège d’humour absurde. Il y a de bons moments, un passage horrible dont personnellement je me serais passé (avec l’équerre) mais l’ensemble est vraiment amusant. Marc Dupieux parvient à éviter de tourner en rond mais visiblement ne savait pas bien comment terminer : après une pirouette que l’on peut voir comme un hommage à Buñuel, il se laisse aller et finit un peu n’importe comment. Bonne prestation des acteurs principaux.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Benoît Poelvoorde, Grégoire Ludig, Marc Fraize, Anaïs Demoustier
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Au poste!Grégoire Ludig et Benoît Poelvoorde dans Au poste! de Quentin Dupieux.

21 juin 2019

Memories of Murder (2003) de Bong Joon-ho

Titre original : « Salinui chueok »

Memories of MurderEn 1986, en Corée du Sud, un inspecteur de police d’un petit village recherche l’auteur de plusieurs meurtres avec viol. Il fonctionne à l’instinct mais on lui adjoint un autre inspecteur venu de la ville, plus porté sur l’analyse des faits…
Memories of Murder est le deuxième long métrage de Bong Joon-ho. Il s’inspire de faits réels : ce premier tueur en série coréen a violé et assassiné dix femmes dans un rayon de deux kilomètres sans jamais laisser d’indices derrière lui. Le film se démarque assez nettement des canons du genre car il nous montre surtout à quel point la police était inefficace dans cette affaire d’un nouveau genre. Les méthodes d’investigation de la police coréenne se résumait alors à brutaliser les suspects pour les faire avouer quelque chose (ce qu’ils finissaient toujours par faire). En outre, Bong Joon-ho nous replace dans l’environnement de cette époque ; le pays sous la dictature, les exercices d’alerte, le sous-équipement, la médecine parallèle, la consultation de voyants extralucides par la police, tous ces éléments étaient bien réels dans la Corée des années quatre-vingt. La fin est conforme à la réalité. Après de nombreuses recherches, le cinéaste est allé tourner son film avec un budget assez réduit dans la région où les faits se sont déroulés. Le résultat est remarquable mais vraiment très sordide et assez consternant. Certains y ont vu de l’humour, tant mieux pour eux ; personnellement je ne dirais pas que sa vision fût une partie de plaisir. A travers cette histoire glauque, c’est tout un portrait de la Corée du Sud des années quatre-vingt que nous dresse Bong Joon-ho.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Song Kang-ho, Kim Sang-kyung, Kim Roe-ha, Song Jae-ho
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Memories of Murder
Kim Sang-kyung, Song Kang-Ho, Kim Roe-ha et Park No-shik dans Memories of Murder de Bong Joon-ho.

Memories of Murder
Kim Roe-ha, Song Kang-Ho, Kim Sang-kyung et Song Jae-ho dans Memories of Murder de Bong Joon-ho.

5 février 2017

Police (1985) de Maurice Pialat

PoliceL’inspecteur Mangin enquête sur une affaire de drogue et parvient à arrêter l’un des frères Slimane et son amie Noria. Mais il lui faudrait des preuves ou des aveux et ni l’un ni l’autre ne semble décidé à reconnaître les faits… Si la trame de l’histoire peut sembler à priori classique, le traitement qu’en fait Pialat donne à Police un caractère assez unique : loin des standards du cinéma policiers, il nous place très près des personnages, imprimant ainsi une forte sensation de réalisme. Pour ce faire, la scénariste Catherine Breillat est allée s’immerger dans un commissariat de Belleville et a suivi une brigade. L’autre point remarquable est que Pialat évite le manichéisme et ne montre aucune complaisance que ce soit envers les enquêteurs ou envers les milieux tunisiens du trafic de drogue. Sophie Marceau et Gérard Depardieu font tous deux une belle performance. A noter que certains policiers jouent leur propre rôle. le film connut un certain succès, Police fut le plus gros succès du réalisateur.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Gérard Depardieu, Sophie Marceau, Richard Anconina, Sandrine Bonnaire
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Remarques :
* Comme toujours avec Pialat, l’enfantement s’est fait dans la douleur et les conflits. Cela a commencé dès l’écriture : les mauvaises relations entre Catherine Breillat et Pialat se sont terminées devant la justice et c’est Sylvie Danton (future Madame Pialat) qui a pris la relève avec Jacques Fieschi.
Côté acteurs, si Pialat s’est réconcilié avec Depardieu qu’il avait précédemment décrit comme « une Rolls-Royce avec un moteur de Solex », sa protégée Sandrine Bonnaire est reléguée dans un petit rôle pour laisser la place à Sophie Marceau. La jeune actrice (18 ans), que Pialat avec sa délicatesse habituelle a qualifiée de « grosse conne » lors de la promotion du film, a dû en voir de toutes les couleurs avec ces deux gros machos. Elle a encaissé mais a soigneusement évité ensuite de tourner à nouveau avec Pialat ou Depardieu. Et l’actrice n’a pas oublié les mauvais traitements puisqu’à Cannes, trente ans plus tard en 2015, elle a qualifié Depardieu de prédateur (Depardieu a alors reconnu qu’à l’époque il était « un peu con » tout en ajoutant une grossièreté pour faire bonne mesure).
Mais le pire a été pour Richard Anconina : maltraité et humilié en permanence par Pialat, il en est venu presque aux mains, a quitté le tournage et n’est revenu qu’après lecture en public d’une lettre d’excuses du réalisateur. Résultat : sa performance est épouvantable. Maltraiter les acteurs pour qu’ils donnent le meilleur d’eux-mêmes, cela ne marche pas avec tout le monde…

Police
Gérard Depardieu et Sophie Marceau dans Police de Maurice Pialat.

27 juillet 2015

Usual Suspects (1995) de Bryan Singer

Titre original : « The Usual Suspects »

Usual SuspectsUne fusillade sur un cargo à quai dans le port de Los Angeles laisse le bateau en flammes et plus de vingt morts. L’un des rares survivants est interrogé par la police. Il raconte que tout a commencé six jours auparavant lorsque cinq suspects ont été arrêtés pour une attaque à main armée qu’il n’avait pas commise… Ecrit par Christopher McQuarrie et réalisé par Bryan Singer (son deuxième long métrage et, sans aucun doute, son plus remarquable), Usual Suspects a fait bouger les codes bien établis du film policier, principalement par sa construction qui est assez admirable ; entremêlant présent et flashback, elle forme un puzzle dont les pièces ne sont dévoilées que progressivement. Le déroulement du scénario nous tient ainsi constamment en haleine. Les personnages sont bien définis et bénéficient d’une interprétation parfaite, dans l’ensemble assez retenue, avec une mention spéciale pour Kevin Spacey et Gabriel Byrne. La musique est parfaitement intégrée et utilisée. Le twist final a beaucoup marqué les esprits : on pourra toujours objecter que Usual Suspects n’est pas le premier film à se terminer ainsi avec un retournement qui surprend le spectateur mais c’est incontestablement après lui que le twist final est devenu une figure obligée du genre.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Gabriel Byrne, Kevin Spacey, Benicio Del Toro, Stephen Baldwin, Kevin Pollak, Chazz Palminteri, Pete Postlethwaite
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Usual Sspects
Kevin Spacey dans The Usual Suspects de Bryan Singer

10 octobre 2014

The Offence (1972) de Sidney Lumet

The OffenceUn inspecteur de police britannique, profondément marqué par son métier qu’il exerce depuis plus de vingt ans, perd le contrôle de soi lors de l’interrogatoire d’un suspect dans une affaire de viols en série de fillettes. L’homme interrogé est envoyé à l’hôpital dans un état critique…
C’est l’acteur Sean Connery qui est à l’origine du projet The Offence. Enfermé dans son personnage James Bond, l’acteur cherchait de tels projets pour retrouver de vrais rôles. Sean Connery est le pivot central de ce film qui instille le doute et qui nous questionne : comment un policier qui a vu tant d’horreurs commises dans sa carrière peut-il ne pas être contaminé lui-même, ou du moins hanté par les visions de ces atrocités ? Peut-on y résister ? Comment dresser une séparation avec sa propre vie lorsque celle-ci est un échec ? L’atmosphère est épaisse, poisseuse même, le film nous faisant pénétrer au plus profond de l’âme humaine. Sean Connery est assez magistral dans son interprétation et insuffle une indéniable force au film.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Sean Connery, Trevor Howard, Vivien Merchant, Ian Bannen
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Remarque :
Le film n’est sorti en France qu’en… 2007.