6 septembre 2018

La Chose d’un autre monde (1951) de Christian Nyby et Howard Hawks

Titre original : « The Thing from Another World »

La Chose d'un autre mondeAu pole Nord, un groupe de militaires et de scientifiques découvrent un vaisseau inconnu prisonnier de la banquise. Ils décèlent sous la glace un corps extraterrestre et le ramènent à leur base, figé dans un bloc de glace…
Librement adapté d’une nouvelle de John W. Campbell, Jr. écrite en 1934, La Chose d’un autre monde est le premier film d’invasion extra-terrestre, genre qui connaitra une grande popularité dans les années cinquante. Il est possible, même probable, que son réalisateur soit en réalité Howard Hawks qui en a coécrit le scénario (1). Si le propos est simplifié (ce qui lui valut d’être rejeté à sa sortie par les adaptes de science fiction qui ne voyaient là qu’une tentative de recréer les films de monstres des années trente), il est intelligemment mis en scène : l’alien n’est que rarement visible et il est toujours flou, dans l’obscurité ou en contre-jour. Tout est fait pour ne dévoiler que très peu à son sujet, afin de favoriser la suggestion et aussi l’appréhension. Dans le même ordre d’idée, la façon de « montrer » le vaisseau spatial est une trouvaille fabuleuse. Le style, étonnamment détendu, est assez remarquable, les dialogues formant presque un jeu entre les personnages. L’opposition entre militaires et scientifiques s’inscrit pleinement dans son époque. La célèbre phrase finale, « Watch the skies » (« surveillez le ciel »), eut une résonance particulière en pleine Guerre de Corée et alors que la paranoïa anti-communiste était à son maximum. Le film connut un grand succès et eut une grande influence sur le cinéma de science-fiction de plusieurs décennies.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Margaret Sheridan, Kenneth Tobey, Robert Cornthwaite, James Arness
Voir la fiche du film et la filmographie de Christian Nyby sur le site IMDB.

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La chose d'un autre monde

(1) La Chose d’un autre monde a été produit par Howard Hawks qui en a écrit le scénario avec Charles Lederer avec l’aide de Ben Hecht. Christian Nyby en est le réalisateur… officiellement du moins. Les spéculations vont en effet bon train depuis sa sortie : d’une part, le reste de la production de Christian Nyby n’est pas du tout du même niveau et d’autre part, le style du film évoque vraiment celui d’Howard Hawks, notamment la vivacité des dialogues et le ton très détendu des acteurs. Il est donc possible que le véritable réalisateur soit Howard Hawks.
Ce dernier l’a toujours nié.
Voici ce que déclarait Nyby dans une interview en 1982 :
« Est-ce que Hawks l’a dirigé? C’est une question ridicule et insensée. Le style était celui de Hawks ? Bien sûr que c’était le cas. C’est un homme que j’ai étudié et auquel je voulais ressembler. Quand vous travaillez auprès d’un maitre, il est inévitable de s’en inspirer et de le copier. C’est ce j’ai fait. »

La chose d'un autre monde
Scientifiques contre militaires : Robert Cornthwaite, Margaret Sheridan et Kenneth Tobey dans La Chose d’un autre monde de Christian Nyby et Howard Hawks

Remake :
The Thing de John Carpenter (1982) avec Kurt Russell.

15 juillet 2017

Le Chemin de la gloire (1936) de Howard Hawks

Titre original : « The Road to Glory »

Le Chemin de la gloireFrance, 1916. Sur la ligne de front, le capitaine Laroche dirige sa compagnie assez durement, au prix de pertes humaines importantes. Il est amoureux d’une jeune infirmière. En route pour sa nouvelle affectation, le lieutenant Michel Denet la rencontre sans savoir qu’elle est l’amie de son supérieur. Une fois de plus, le régiment monte en première ligne… Au départ, l’idée de Darryl F. Zanuck était d’adapter le roman de Roland Dorgelès, Les Croix de bois, que le français Raymond Bernard avait déjà porté à l’écran quatre ans plus tôt. Hawks fit engager William Faulkner pour qu’il en écrive l’adaptation avec Joel Sayre et le résultat fut si différent du roman qu’il ne figure même pas au générique (seul l’épisode de la mine vient du roman). Le Chemin de la gloire est un film pacifiste qui montre l’absurdité de la guerre, s’inscrivant ainsi dans son temps (rappelons qu’en 1936, les Etats Unis se déclaraient neutres vis-à-vis du conflit qui s’annonçait en Europe). S’il a pu être parfois comparé aux Sentiers de la gloire de Kubrick, il est de portée bien moindre mais reste assez puissant. Bien que les images soient très réalistes et montrent sans fard la réalité des tranchées et les horreurs de la guerre, le récit peut presque être qualifié de parabole. L’opposition entre les deux hommes est surtout celle de deux conceptions de la vie : l’un vit pour la guerre et l’autre vit malgré la guerre. Le succès fut au rendez-vous à l’époque. Aujourd’hui, il est plutôt mal connu dans la filmographie de Hawks.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Fredric March, Warner Baxter, Lionel Barrymore, June Lang, Gregory Ratoff
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Remarques :
* Certaines séquences de bataille ont été reprises du film de Raymond Bernard, Les Croix de bois (1932).
* Aussi étrange que cela puisse paraître, Howard Hawks avait déjà réalisé un film intitulé The Road to Glory en 1926, il s’agit même de son premier long métrage (L’ombre qui descend en français). Hormis le titre, les deux films n’ont rien en commun

The Road to Glory
June Lang et Warner Baxter dans Le Chemin de la gloire de Howard Hawks.

The Road to Glory
Lionel Barrymore, Warner Baxter, June Lang et Fredric March dans Le Chemin de la gloire de Howard Hawks (photo publicitaire).

9 juillet 2015

Boule de feu (1941) de Howard Hawks

Titre original : « Ball of Fire »

Boule de feuHuit érudits plutôt âgés travaillent depuis neuf ans à la rédaction d’une vaste encyclopédie (ils en sont à la lettre S). Ils vivent ensemble, coupés du monde, dans une grande demeure new-yorkaise mise à leur disposition par une fondation. Le plus jeune d’entre eux (Gary Cooper), linguiste, décide d’aller au contact des gens pour alimenter son entrée sur l’argot (slang en anglais). Il rencontre ainsi une chanteuse de cabaret (Barbara Stanwyck) mêlée à la pègre qui voit là un endroit où se cacher de la police… Ball of Fire fait partie des dernières comédies screwball, genre qui s’éteindra peu à peu avec la guerre. L’idée de départ vient de Billy Wilder qui cosigne le scénario avec son comparse Charles Brackett. L’humour repose sur l’introduction d’un élément perturbateur dans un monde qui ne demande qu’à être perturbé (c’était aussi le thème du merveilleux L’Impossible Monsieur Bébé…) A noter que l’analogie avec Blanche-Neige et les sept nains est voulue et même cultivée. La réussite du film repose sur une écriture parfaite, un humour bien dosé et sur des premiers et seconds rôles très bien tenus. Barbara Stanwyck y est pétulante.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Gary Cooper, Barbara Stanwyck, Dana Andrews
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Boule de feu
Gary Cooper et Barbara Stanwyck dans Boule de feu de Howard Hawks entourés par les « sept nains » : de gauche à droite, Henry Travers, Aubrey Mather, Oscar Homolka, Leonid Kinskey, S.Z. Sakall, Tully Marshall et Richard Haydn.

Remarques :
* Howard Hawks était si satisfait du travail d’écriture de Billy Wilder qu’il l’a laissé assister au tournage. Billy Wilder a ainsi pu étudier de près la méthode de Hawks. Impressionné, cela l’aurait fortement incité à revenir à la mise en scène. Il tournera son premier film américain l’année suivante : The Major and the Minor.

* Le batteur de jazz et bandleader Gene Krupa interprète deux morceaux, en fait un seul morceau « Drum Boogie » joué de deux façons différentes : une fois avec son orchestre au grand complet et une seconde fois avec… une boite d’allumettes (et des allumettes qu’il gratte). Etonnant ! (voir sur Youtube…)  La chanteuse qui prête sa voix à Barbara Stanwyck est Martha Tilton (ex-chanteuse de Benny Goodman).

Remake par Howard Hawks lui-même :
A Song is Born (Si bémol et fa dièse) d’Howard Hawks (1948) avec Danny Kaye et Virginia Mayo, et avec la participation d’une belle brochette de musiciens de jazz (les encyclopédistes étant devenus des musicologues).

18 août 2014

El Dorado (1966) de Howard Hawks

El DoradoExpert dans le maniement des armes, Cole Thorntorn (John Wayne) refuse le travail que lui propose le propriétaire Bart Jason à El Dorado car cela l’amènerait à se battre contre son vieil ami, le shérif Harrah (Robert Mitchum). Il reviendra toutefois quelques mois plus tard lorsqu’il apprendra qu’un autre expert de la gâchette a été engagé pour se débarrasser du shérif qui a entre-temps sombré dans l’alcool pour un chagrin d’amour… Huit ans après Rio Bravo, Howard Hawks donne une nouvelle variation du même thème. El Dorado est parfois mal considéré car jugé comme un remake et donc comparé à son prédécesseur. Si on retrouve effectivement des personnages similaires dans une situation proche, ils sont plus âgés et donc avec des motivations différentes. Hawks a intégré de nombreux éléments de comédie, assumant pleinement le statut de divertissement. Le résultat est très réussi. El Dorado reçut un bon accueil du public à une époque où le western avait déjà entamé une profonde mutation. C’est l’un des derniers grands westerns hollywoodiens classiques et l’avant-dernier film d’Howard Hawks.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: John Wayne, Robert Mitchum, James Caan, Charlene Holt, Arthur Hunnicutt
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Remarques :
* La scène de la baignoire serait pour beaucoup l’oeuvre de Robert Mitchum.
* Hawks avait demandé à Mitchum de mettre sa béquille à gauche ou à droite selon ce qui rendait le mieux à l’écran. Hawks se permet de faire un clin d’oeil à ce défaut de continuité quand il fait dire à John Wayne « La béquille, tu t’en es servi aussi bien à gauche qu’à droite ! »
* Les peintures du générique sont l’oeuvre d’Olaf Wieghorst qui fait une brève apparition dans le film (l’armurier qui vend l’arme à Mississippi).
* Le poème El Dorado récité par Mississippi est un poème d’Edgar Allan Poe.

Homonymes  :
El Dorado de Marcel L’Herbier (1921)
El Dorado de Carlos Saura (1988)
Eldorado de Bouli Lanners (2008)
(ces trois films n’ont que le nom en commun avec le film de Hawks, ce ne sont d’ailleurs pas des westerns)

1 juillet 2014

L’insoumise (1928) de Howard Hawks

Titre original : « Fazil »

L'insoumise(Film muet) Le prince arabe Fazil rencontre la jeune parisienne Fabienne lors d’un voyage à Venise et l’épouse à Paris. Mais rapidement, les différences de culture font surface et la jeune femme, très moderne d’esprit, ne veut accepter les règles que son mari lui impose… Fazil est adapté d’une pièce du français Pierre Frondaie. L’histoire est une bluette romantique avec de l’exotisme, un beau prince arabe, un jolie française, des gondoliers qui chantent des chansons d’amour. Peu d’intérêt de ce côté donc, seule la fin est tout de même assez audacieuse. En outre, Charles Farrell est certes un bon acteur romantique mais on peut se demander qui a bien pu penser qu’il serait crédible une seule seconde en prince arabe (et il n’est même plus beau). Si le film Fazil reste intéressant à voir, c’est surtout parce qu’il est signé Howard Hawks. A 32 ans, le cinéaste réalise ici son sixième et ultime film muet, sachant que son premier ne remontait qu’à un peu plus de deux ans (1). L’élément le plus notable est que l’on ne retrouve ici aucun élément ou signe précurseur de son futur style…
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Charles Farrell, Greta Nissen, John Boles, Mae Busch
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Remarques :
* Fazil est un film rare. Un grand merci à Patrick Brion de nous avoir donné l’occasion de le voir.
* Le film est muet mais une musique synchronisée (système Fox Movietone) lui a été ajoutée à sa sortie. Le gondolier qui chante est ainsi assez synchrone. Cette « bande son » comporte également quelques bruitages : chevaux qui passent sur un plancher de bois, coup de feu, etc.

Homonyme :
L’Insoumise (Jezebel) de William Wyler (1938) avec Bette Davis

(1) The Road to Glory (L’Ombre qui descend) (1926)

12 février 2014

Hatari! (1962) de Howard Hawks

Hatari!Au Tanganyika (actuelle Tanzanie), Sean Mercer est à la tête d’un petit groupe de chasseurs. Ils capturent toutes sortes d’animaux vivants pour les expédier ensuite dans les zoos… Hatari! (mot qui signifie « danger » en swahili) est adapté d’une histoire écrite par Harry Kurnitz. Il n’a pas de scénario très élaboré mais il se révèle assez passionnant car il nous met au coeur de l’action et nous fait partager la vie de ces hommes qui affrontent le danger de façon professionnelle et calculée. Howard Hawks a abordé tous les genres (c’est son premier et seul film animalier) mais on retrouve souvent au centre de ses films un petit groupe d’hommes, très disparate mais fortement soudé. C’est le cas ici. Il faut être un peu indulgent (car Hatari! est bourré de clichés et légèrement machiste) mais les aspects documentaires du film le rendent particulièrement intéressant. La mise en scène est, comme toujours avec Hawks, parfaite. La grande majorité des scènes d’action ont été tournées par les acteurs eux-mêmes et non par des doublures. La photographie est très belle et la musique est signée Mancini. Hatari! connut un très grand succès à sa sortie.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: John Wayne, Hardy Krüger, Elsa Martinelli, Red Buttons, Gérard Blain, Bruce Cabot, Michèle Girardon
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Remarques :
L’homme qui passe en arrière-plan pendant que Pockets lit la lettre vers la fin du film est Howard Hawks. Le réalisateur apparaît également peu avant, dans la scène de capture du rhinocéros, debout à l’arrière du camion sur la droite, il porte un chapeau.

18 novembre 2013

Chérie, je me sens rajeunir (1952) de Howard Hawks

Titre original : « Monkey Business »

Chérie, je me sens rajeunirBarbany Fulton est un chimiste totalement accaparé par ses recherches en cours : trouver un élixir de jouvence. Heureusement, sa femme Edwina est compréhensive. Il n’hésite pas à tester une formule qu’il pense être la bonne sur lui-même… Monkey Business, alias Chérie, je me sens rajeunir, est une excellente comédie qui joue avec les différences entre le monde des adultes et le monde de l’enfance : que se passerait-il si nous nous comportions comme des enfants, de façon inconséquente, en nous affranchissant de toutes les conventions sociales ? Le plus amusant est lorsque le choc de ces deux mondes est frontal, comme dans la scène du conseil d’administration. Le déroulement du scénario est rendu assez brillant par le fait qu’il nous est dévoilé un élément capital que les personnages ignorent (le distributeur d’eau) ; nous pouvons donc anticiper, nous réjouir à l’avance. Cary Grant et Ginger Rogers sont parfaits, très justes, sans en faire trop, et les seconds rôles sont parfaitement tenus : Charles Coburn est comme toujours savoureux, Marilyn Monroe joue le rôle d’une ravissante idiote, une secrétaire qui arrive très tôt au bureau « parce son patron lui a reproché sa mauvaise ponctuation ». Monkey Business est une excellente comédie, à peine en deçà des très grandes comédies d’Howard Hawks.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Cary Grant, Ginger Rogers, Charles Coburn, Marilyn Monroe, Hugh Marlowe
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Remarques :
* Le scénario de Chérie, je me sens rajeunir est basé sur une histoire écrite par Harry Segall. L’adaptation est signée Ben Hecht, Charles Lederer et I.A.L. Diamond, soit trois maitres de la comédie.
* Le nom du personnage joué par Marilyn Monroe est Lois Laurel, soit le nom de la fille de Stan Laurel. C’est certainement un hommage d’Howard Hawks à ce grand comique (à noter que la scène de la bataille de peintures est typique de la technique dite le slow burn  de Laurel & Hardy).
* La voix-off parlant à Cary Grant durant le générique de début est celle d’Howard Hawks.
* Le titre complet du film est Howard Hawks’ Monkey Business (est-ce pour éviter la confusion avec le film des Marx Brothers ?) Le titre prévu initialement était Darling I Am Growing Younger, formulation qui a été reprise pour créer le titre français.
* 10 ans auparavant, Ginger Rogers avait déjà joué le rôle d’une fillette dans l’excellent The Major and the minor de Billy Wilder.

Homonyme (mais sans autre point commun que le nom) :
Monkey Business (Monnaie de singe) de Norman McLeod (1931) avec les Marx Brothers.

12 mars 2012

Allez coucher ailleurs (1949) de Howard Hawks

Titre original : « I was a male war bride »

Allez coucher ailleursAu lendemain de la Seconde Guerre mondiale, en Allemagne, un officier français (Cary Grant) doit faire équipe avec une femme-officier américaine (Ann Sheridan) pour mener à bien une mission. Leurs rapports sont d’abord épineux… Allez coucher ailleurs fait partie des meilleures comédies d’Howard Hawks. Elle bénéficie d’une écriture quasiment parfaite et fait montre de beaucoup d’inventivité dans les situations. La guerre des sexes et l’inversion des genres est l’un des piliers de la comédie américaine et Howard Hawks va ici jusqu’au bout puisqu’il travestit Cary Grant en femme, l’acteur n’hésitant pas à jouer largement de cette ambivalence. Si le mariage est l’heureux dénouement de beaucoup de comédies, c’est ici le pivot central, un générateur de nouvelles situations de plus en plus saugrenues où Howard Hawks se moque (gentiment) de la rigidité de la bureaucratie militaire. Le rythme est enlevé avec des dialogues toujours très vifs. Allez coucher ailleurs eut un très grand succès populaire à l’époque. Si on peut trouver qu’elle a peu plus vieilli que L’impossible Monsieur Bébé, La dame du vendredi ou encore Les hommes préfèrent les blondes, cette comédie reste très plaisante aujourd’hui.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Cary Grant, Ann Sheridan, Marion Marshall, Randy Stuart
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23 juin 2011

Rio Bravo (1959) de Howard Hawks

Rio BravoDans une petite bourgade du Texas appelée Rio Bravo, le shérif John T. Chance arrête pour meurtre le frère de Nathan Burdette, le plus gros propriétaire de la région. Ce dernier est bien décidé à le tirer de là. Pour protéger la prison, le shérif a pour aide son adjoint Dude, alcoolique qui tente d’arrêter de boire, et Stumpy, âgé et boiteux… Western mythique, Rio Bravo montre un équilibre remarquable entre une histoire assez simple mais qui se déroule solidement et une belle étude de caractères ; plus exactement, ce sont les relations entre les personnages et le groupe qui semblent l’objet principal : Rio Bravo la rédemption de Dude, le refus d’être mis à l’écart pour Stumpy, la socialisation du shérif Chance. Chacun refuse de se laisser enfermer dans un schéma. Howard Hawks parvient à créer une relation très particulière, pleine d’attentes et de sous-entendus, entre le shérif et la jeune Feathers, sans doute aidé par le fait que John Wayne était assez mal à l’aise face au charme et à l’extrême sensualité d’Angie Dickinson, beaucoup plus jeune que lui. Ce jeu de séduction, tout comme les nombreuses touches d’humour, contribue à cet équilibre quasi parfait. Rio Bravo connut un grand succès, très étalé dans le temps et la présence du jeune rocker Ricky Nelson lui permit de toucher un public encore plus large. C’est un film que l’on peut revoir régulièrement avec toujours le même intérêt.
Elle: 5 étoiles
Lui : 5 étoiles

Acteurs: John Wayne, Dean Martin, Ricky Nelson, Angie Dickinson, Walter Brennan, Ward Bond
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Rio Bravo

Remarques :
* Rio Bravo est souvent présenté comme l’inverse de High noon (Le train sifflera dans trois fois) qu’Howard Hawks et John Wayne n’appréciaient guère (pour diverses raisons dont, on peut le penser, le contenu trop libéral). Dans High Noon, le shérif cherche partout de l’aide sans la trouver, dans Rio Bravo le shérif refuse l’aide qu’on lui propose pensant qu’il peut tenir seul la situation.
Rio Bravo * Bien que son nom figure au générique en bonne place, Harry Carey Jr. n’apparaît pas dans le film. Après une mésentente dans les tous  premiers jours de tournage, Howard Hawks a en effet décidé de se passer de lui tout en honorant son contrat (salaire et mention au générique).
* On peut être étonné par l’importance réduite du personnage de Colorado. Cela s’explique par le fait qu’Howard Hawks ne croyait guère en Ricky Nelson qu’il jugeait bien trop frêle et trop jeune (il avait 18 ans). Il a donc réduit son rôle.
* Howard Hawks tournera quelques années plus tard une variation de la même histoire : El Dorado avec John Wayne, Robert Mitchum et James Caan.

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Rio Bravo