2 mai 2016

Coeur de lilas (1932) de Anatole Litvak

Coeur de lilasPersuadé de l’innocence du principal suspect dans une affaire de meurtre, un inspecteur de police s’introduit sous une fausse identité dans le milieu interlope parisien. Il veut faire la connaissance de Coeur de lilas, une jeune femme qui fut la maitresse de la victime… Adapté d’une pièce de Tristan Bernard, Coeur de lilas est le premier film de l’ukrainien Anatole Litvak qui venait de fuir l’Allemagne. Le gros point faible du film est un déroulement de scénario très mou ; l’histoire semble faire du surplace. Elle s’efface pour laisser la place à de nombreuses scènes d’atmosphère des milieux populaires de l’époque : on danse, on chante et tout ce joli monde s’égaye quand la police arrive. Coeur de lilas Jean Gabin, encore peu connu, interprète un arrogant mauvais garçon ; il manifeste beaucoup de présence à l’écran, beaucoup plus que l’acteur principal André Luguet, plutôt fade. Il chante aussi avec Frehel « La Môme Caoutchouc ». Fernandel n’a qu’un tout petit rôle, garçon d’honneur à un mariage qui pousse la chansonnette. On remarquera un très beau plan d’ouverture qui nous fait suivre deux mouvements simultanés et inverses (la fanfare et le cortège des enfants). On notera également l’utilisation des guinguettes de bord de Marne qui seront un lieu privilégié de tournage pendant plusieurs décennies.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Marcelle Romée, André Luguet, Jean Gabin, Fernandel
Voir la fiche du film et la filmographie de Anatole Litvak sur le site IMDB.

Voir les autres films de Anatole Litvak chroniqués sur ce blog…

Remarques :
* L’actrice Marcelle Romée a mis fin à ses jours quelques mois après la sortie du film. Elle était âgée de 29 ans.

Coeur de lilas
Marcelle Romée dans Coeur de lilas d’Anatole Litvak.

coeur de Lilas
Fréhel et Jean Gabin dans Coeur de lilas d’Anatole Litvak.

1 mai 2016

Le Grand Amour (1931) de Otto Preminger

Titre original : « Die grosse Liebe »

Le Grand AmourDix ans après la fin de la guerre, un ancien prisonnier revient à Vienne, sa ville natale. La mère d’un soldat porté disparu le prend pour son fils. Il n’ose la contredire de peur de lui briser le coeur… Le Grand Amour est le premier film d’Otto Preminger alors âgé de 26 ans, le seul qu’il ait tourné en langue allemande. On ne peut pas dire que le réalisateur austro-hongrois fasse grand cas de cette période puisqu’il fait débuter son autobiographie en 1935 (c’est-à-dire au moment où il a émigré aux Etats-Unis) et c’est à peine s’il mentionne au détour d’une phrase « un petit film que j’avais auparavant dirigé ». Effectivement, ce film de jeunesse n’est pas vraiment remarquable. C’est un mélodrame dont l’histoire est assez classique et peu développée. On notera toutefois une satire de l’optimisme économique (où les gens se forcent à dire que ça va mieux), la critique de la bureaucratie et la satire des riches commerçants parvenus qui font des fêtes assez tapageuses. Preminger s’amuse à réaliser une petite prouesse technique, un panoramique à 360 degrés dans une pièce fermée (on peut supposer que les fils viennent du sol ou du plafond). Otto Preminger réalisera son premier film américain cinq ans plus tard en 1936 et son premier « grand film » (Laura en 1944) sera son sixième.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Hansi Niese, Attila Hörbiger
Voir la fiche du film et la filmographie de Otto Preminger sur le site IMDB.

Voir les autres films de Otto Preminger chroniqués sur ce blog…

Voir les livres sur Otto Preminger

Die grosse Liebe
Hansi Niese et Attila Hörbiger dans Le Grand Amour de Otto Preminger.

Die grosse Liebe
Hansi Niese et Hugo Thimig dans Le Grand Amour de Otto Preminger.

30 avril 2016

Sommaire d’avril 2016

Richard IIIUglyCoups de feu dans la SierraLa Dame de MonsoreauBlow-UpQue la bête meureNew York 1997Le Prince de New York

Richard III

(1955) de Laurence Olivier

Ugly

(2013) de Anurag Kashyap

Coups de feu dans la Sierra

(1962) de Sam Peckinpah

La Dame de Monsoreau

(1913) de Emile Chautard

Blow-Up

(1966) de Michelangelo Antonioni

Que la bête meure

(1969) de Claude Chabrol

New York 1997

(1981) de John Carpenter

Le Prince de New York

(1981) de Sidney Lumet

Les enfants nous regardentMademoiselle VendrediLa Ville abandonnéeLe Procès ParadineInternational HouseA Touch of SinHombreLe Tambour

Les enfants nous regardent

(1943) de Vittorio De Sica

Mademoiselle Vendredi

(1941) de Vittorio De Sica

La Ville abandonnée

(1948) de William A. Wellman

Le Procès Paradine

(1947) de Alfred Hitchcock

International House

(1933) de A. Edward Sutherland

A Touch of Sin

(2013) de Jia Zhang Ke

Hombre

(1967) de Martin Ritt

Le Tambour

(1979) de Volker Schlöndorff

L'Inconnu de ShandigorL'EscapadeL'invitationLes ArpenteursLes Fantômes du chapelierThe Lost MomentLe Crabe-TambourIntrigues en Orient

L’Inconnu de Shandigor

(1967) de Jean-Louis Roy

L’Escapade

(1974) de Michel Soutter

L’invitation

(1973) de Claude Goretta

Les Arpenteurs

(1972) de Michel Soutter

Les Fantômes du chapelier

(1982) de Claude Chabrol

The Lost Moment

(1947) de Martin Gabel

Le Crabe-Tambour

(1977) de Pierre Schoendoerffer

Intrigues en Orient

(1943) de Raoul Walsh

Seul sur Mars

Seul sur Mars

(2015) de Ridley Scott

Nombre de billets : 25

28 avril 2016

Richard III (1955) de Laurence Olivier

Richard IIIA la fin du XVe siècle en Angleterre, Richard duc de Gloucester a oeuvré pour mettre sur le trône son frère aîné Edward IV non sans en ressentir une forte jalousie : difforme et bossu, il n’a pas tous les atouts pour prétendre lui-même au trône mais il sait qu’il peut y parvenir par la ruse. Il va d’abord s’attacher à écarter définitivement son second frère George… Oeuvre de jeunesse de William Shakespeare, Richard III dresse un portrait très sombre du souverain : un homme fourbe qui ne cesse de comploter et fait tuer ceux qui se mettent en travers de son chemin. Ce portrait ne correspond pas vraiment à la vérité historique mais donne de la matière à l’une des plus grandes pièces de Shakespeare. Après avoir brillamment adapté Henry V et Hamlet, Richard III était un choix assez logique pour Laurence Olivier. Le résultat est tout aussi intéressant même s’il est généralement moins bien considéré du fait d’une mise en scène jugée trop simple. Il y a certes moins de nouveautés, si ce n’est qu’il n’hésite pas à s’adresser directement à la caméra, procédé très rare au cinéma mais un peu plus courant au théâtre. L’ensemble a été tourné en studios à l’exception du dernier acte, la bataille de Bosworth, qui a été tournée… en Espagne. Laurence Olivier reste très fidèle à l’esprit et au texte ; son interprétation est à la fois intense et juste. Son Richard III est vraiment mémorable.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Laurence Olivier, Cedric Hardwicke, Ralph Richardson, John Gielgud, Pamela Brown, Claire Bloom
Voir la fiche du film et la filmographie de Laurence Olivier sur le site IMDB.

Voir les autres films de Laurence Olivier chroniqués sur ce blog…

Remarque :
* Les mauvais résultats commerciaux du film aux Etats-Unis (en partie dus au fait que le film était sorti simultanément à la télévision) et la mort du producteur anglais Alexander Korda ont mis fin prématurément aux adaptations shakespeariennes de Laurence Olivier. Il n’a pas pu trouver le financement pour monter Macbeth, nous privant de ce qui aurait certainement été une très grande interprétation.

Autres adaptations de la pièce :
Richard III (1912) de André Calmette et James Keane avec Frederick Warde. En 1996, une copie en bon état de ce film précédemment inconnu a été découverte. Sa durée de 55 mn en fait l’un des tous premiers longs métrages.
Richard III (1995) de Richard Loncraine avec Ian McKellen, où la pièce est transposée au XXe siècle, dans une Angleterre fictive sous régime fasciste dans les années 1930.
Richard III (2008) de Scott Anderson avec Scott Anderson

À noter aussi :
Looking for Richard (1996) de Al Pacino qui est un documentaire autour de la pièce et de son impact sur le monde actuel.

Richard III
Laurence Olivier dans Richard III de Laurence Olivier.

27 avril 2016

Ugly (2013) de Anurag Kashyap

UglyA Bombay, les parents de Kali, 10 ans, sont divorcés. Sa mère s’est remariée avec un commissaire de police qui la maintient cloitrée. Un samedi, alors que Kali passe la journée avec son père, elle disparaît. Tout porte à croire qu’elle a été enlevée. Bien qu’ils se détestent au plus haut point, le père et le beau-père se mettent à sa recherche… Ugly est le dixième long métrage d’Anurag Kashyap, chef de file du nouveau cinéma indépendant indien. Nous sommes loin de l’univers féérique de Bollywood : l’univers d’Ugly est assez glauque et souligne les travers de la société indienne contemporaine. Ses personnages sont souvent aveuglés par leur individualisme et leurs querelles, chacun cherchant à profiter de la situation, si tragique soit-elle. Le portrait de la police n’est pas très flatteur : un commissaire aux méthodes particulièrement violentes et des subalternes pas très futés. Le déroulement du scénario tient parfois du puzzle, avec des flash-back qui surviennent sans crier gare ; le montage est rapide. La cohérence d’ensemble est assez remarquable quand on sait que les dialogues furent en grande partie improvisés. Ugly est un beau film très nerveux, assez sombre et sans concession, remarquablement réalisé.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Rahul Bhat, Ronit Roy, Tejaswini Kolhapure
Voir la fiche du film et la filmographie de Anurag Kashyap sur le site IMDB.

Remarque :
* La sortie du film en Inde a été retardée de presque 1 an parce qu’Anurag Kashyap refusait que son film affiche les messages anti-tabac. En effet, la législation indienne est très stricte à ce sujet : les messages d’avertissement sur les dangers du tabac sont obligatoires dès qu’un personnage fume à l’écran (le pays compte 250 millions de fumeurs… ouille). Il n’est pas le seul à s’être insurgé contre cette règle : par exemple, Woody Allen a refusé de sortir Blue Jasmine en Inde pour cette raison.

Ugly
Rahul Bhat, le père de la fillette, dans Ugly de Anurag Kashyap.

Ugly
Ronit Roy (au centre), l’inquiétant commissaire de Ugly de Anurag Kashyap.

26 avril 2016

Coups de feu dans la Sierra (1962) de Sam Peckinpah

Titre original : « Ride the High Country »

Coups de feu dans la SierraAu début du XXe siècle, un ex-shérif et ex-aventurier vieillissant accepte de convoyer un chargement d’or d’une petite bourgade minière jusqu’à la banque de la ville. Pour cela, il s’adjoint les services de l’un des ses anciens partenaires et ami sans savoir que celui-ci a l’intention de s’emparer de l’or… Coups de feu dans la Sierra est le deuxième long métrage de Sam Peckinpah. C’est un film qui est, assez unanimement, tenu en très haute estime : il est alors décrit comme se situant à une période charnière pour le western, celle où le western classique va céder la place à un western plus iconoclaste et violent, parfois appelé « western crépusculaire ». La violence n’est toutefois pas trop présente ici mais j’avoue avoir eu bien du mal à m’intéresser à cette histoire, les personnages manquant d’épaisseur à mes yeux. Les héros sont fatigués et les grandes valeurs morales ont laissé la place à un pragmatisme désabusé. Peckinpah s’attache à nous montrer l’Ouest sous son vrai jour et comme on ne l’a jamais vu, ce qui donne des scènes baroques du plus bel effet, telle toute la scène d’introduction ou cette tout aussi surprenante vision d’un cortège nuptial à cheval.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Randolph Scott, Joel McCrea, Mariette Hartley
Voir la fiche du film et la filmographie de Sam Peckinpah sur le site IMDB.
Voir les autres films de Sam Peckinpah chroniqués sur ce blog…

Pour une présentation plus enthousiaste, lire l’article sur DVDClassiks

Voir les livres sur Sam Peckinpah

Ride the High Country
Randolph Scott et Joel McCrea dans Coups de feu dans la Sierra de Sam Peckinpah (à l’arrière plan : Ron Starr).

Ride the high country

25 avril 2016

La Dame de Monsoreau (1913) de Emile Chautard

La Dame de MonsoreauEn 1578, au début du règne d’Henri III, alors que le duc d’Anjou ne cesse de comploter contre son frère le roi, la belle Diane de Méridor accepte d’épouser le Comte de Monsoreau qu’elle n’aime pas pour se protéger des avances du duc d’Anjou. Un jour, elle sauve le Comte de Bussy blessé dans un duel… Réalisé en 1913, année faste pour le cinéma français qui dominait alors le cinéma mondial, La Dame de Monsoreau est adapté du roman homonyme d’Alexandre Dumas. Il s’agit d’une production des Studios Eclair, alors le troisième plus grand studio (après Pathé et Gaumont) mais dont on connait très mal la production car peu de films ont survécu. Le réalisateur de La dame de Monsoreau n’est même pas connu avec certitude : est-ce Maurice Tourneur, Victorin Jasset, Charles Krauss ou plus vraisemblablement Emile Chautard ? Ce qui frappe en premier, c’est la rapidité d’enchainements des scènes, surtout dans la mise en place de l’intrigue dont la compréhension peut être délicate pour une personne qui ne connait pas l’histoire. Le montage est en tous cas très dynamique. On remarquera un certain nombre de plans américains, ce qui était encore très rare alors. Les costumes sont nombreux et assez riches et les décors somptueux et très bien éclairés. Certaines scènes ont été tournées à Chenonceau. Le jeu des acteurs est assez théâtral, ce qui correspond aux normes de l’époque, mais sans excès. La copie qui a été restaurée reste assez abimée par endroits mais permet d’apprécier la grande qualité de cette production.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Marie-Louise Derval, Henri Bosc
Voir la fiche du film et la filmographie de Emile Chautard sur le site IMDB.

Lire aussi la présentation sur le blog de Christine Leteux, Ann Harding’s Treasures

Remarque :
Le film est visible librement sur le site des Archives Françaises du Film.

La Dame de Monsoreau
Henri Bosc et Marie-Louise Derval dans La Dame de Monsoreau de Emile Chautard.

24 avril 2016

Blow-Up (1966) de Michelangelo Antonioni

Titre original : « Blowup »

Blow Up24 heures de la vie d’un photographe en vogue, dans le Swinging London du milieu des années soixante. Il va faire une découverte étonnante dans ses clichés… Blow Up marque un tournant dans la carrière d’Antonioni : c’est son premier film non-italien, le personnage principal n’en est pas une femme et la psychologie des personnages n’est pas l’objet du film. Antonioni se penche sur le rapport entre un individu et la réalité, sur son rapport avec le monde. La réalité perçue par l’appareil photographique est différente de celle qu’a perçue le photographe, changeant totalement la nature d’une scène à laquelle il a assisté. Grâce à la possibilité d’agrandissement (Blow-Up en anglais), la photo dévoile de plus en plus de choses, jusqu’à un certain point toutefois : trop agrandie, la photo devient semblable à la peinture abstraite du voisin du photographe, elle nécessite une interprétation (1). Le grain photographique devient alors générateur d’énigme. Les frontières sujet/objet et fiction/réalité sont donc mouvantes ou même s’effacent. C’est aussi une mise en abyme de la machine cinématographique et c’est pour cette raison que le film d’Antonioni eut une influence sur de nombreux réalisateurs (2). Accessoirement ou presque, le film est un témoignage de l’atmosphère du Swinging London sur lequel Antonioni porte un regard assez fasciné.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Vanessa Redgrave, David Hemmings, Sarah Miles, Jane Birkin
Voir la fiche du film et la filmographie de Michelangelo Antonioni sur le site IMDB.

Voir les autres films de Michelangelo Antonioni chroniqués sur ce blog…

Voir les livres sur Michelangelo Antonioni

Remarques :
* Le groupe pop qui joue dans le club est The Yardbirds avec Jimmy Page et Jeff Beck. Jeff Beck est particulièrement déchainé, cassant sa guitare à la demande d’Antonioni qui était fasciné par ce que faisait Pete Townshend (des Who) sur scène.
* La musique est composée par Herbie Hancock.
* Le personnage du photographe est librement inspiré des photographes de mode David Bailey et Terence Donovan.
* L’appareil que David Hemmings utilise la plupart du temps est un Nikon F (reflex 35mm) qui bénéficia ainsi d’une belle publicité gratuite. Dans le studio, on le voit aussi utiliser un Hasselblad 500.

(1) A noter que cette particularité n’a pas disparu avec la photo numérique, bien au contraire : on ne peut agrandir une photo au-delà de la résolution du capteur (sauf dans les films hollywoodiens…)
(2) La filiation la plus évidente est celle de Conversation secrète de Coppola (1974) qui est au son ce que Blow-up est à l’image, et également Blow Out de Brian De Palma (1981) qui développe le thème en intrigue policière.

Blow-Up
David Hemmings dans Blow Up de Michelangelo Antonioni.

Blow up
David Hemmings agrandit et osculte ses clichés dans Blow Up de Michelangelo Antonioni.

23 avril 2016

Que la bête meure (1969) de Claude Chabrol

Que la bête meurePour venger la mort de son enfant, un homme se met à la recherche du chauffard qui l’a percuté sur une petite route de Bretagne. Il est déterminé, il le recherche pour le tuer et n’a pas l’intention d’abandonner avant de l’avoir trouvé…
Que la bête meure est au départ un roman de Nicholas Blake (1) paru en 1938. L’adaptation est signée Claude Chabrol et Paul Gégauff. C’est un film intense où Chabrol approche la perfection. Cela lui a valu d’être comparé à Hitchcock et à Fritz Lang, le premier pour l’habileté dans le dosage des éléments qui génère une tension croissante et le second pour le portrait du Mal et pour la réflexion induite sur la culpabilité. La détermination froide de son justicier et l’animalité de la « bête » qu’il va débusquer forment un antagonisme absolu. L’être abject personnifié par Jean Yanne symbolise aussi un style de vie archaïque ; il accumule tout ce qu’il y a de plus détestable. On aimerait pouvoir parler de caricature mais, hélas, ce n’en est pas vraiment une. Par sa réflexion sur les traits du caractère humain, par les sentiments contradictoires qu’il génère en nous, Que la bête meure va plus loin que la simple critique de la bourgeoise poujadiste de province dans laquelle on cantonne trop souvent Claude Chabrol ;  les pulsions parricides du fils lui donneraient même un petit air de tragédie grecque…
Elle: 5 étoiles
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Michel Duchaussoy, Caroline Cellier, Jean Yanne
Voir la fiche du film et la filmographie de Claude Chabrol sur le site IMDB.

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Remarque :
* L’inspecteur de police est interprété par Maurice Pialat, l’une de ses rares apparitions en tant qu’acteur. Pialat venait de réaliser son premier long métrage, L’Enfance nue, l’année précédente.

(1) Nicholas Blake est le pseudonyme du poète britannique Cecil Day-Lewis (le père de l’acteur Daniel Day-Lewis). Il a écrit une vingtaine de romans policiers entre 1935 et 1968 sous ce pseudonyme.

Que la bête meure
Caroline Cellier et Michel Duchaussoy dans Que la bête meure de Claude Chabrol.

Que la bête meure
Michel Duchaussoy et Jean Yanne dans Que la bête meure de Claude Chabrol.

Précédente adaptation :
La bestia debe morir (1952), film argentin de Román Viñoly Barreto.

22 avril 2016

New York 1997 (1981) de John Carpenter

Titre original : « Escape from New York »

New York 1997Dans un monde situé juste après une troisième guerre mondiale, la ville de New York a été transformée en une gigantesque prison à ciel ouvert où les prisonniers sont livrés à eux-mêmes. Le légendaire fugitif et ancien soldat Snake Plissken a 24 heures pour y retrouver le président des États-Unis qui a été capturé par les détenus après le détournement de son avion… Ecrit dès 1976, dans la foulée du Watergate, par John Carpenter qui eut bien du mal à trouver un financement, New York 1997 est un film de science-fiction, de type post-apocalyptique. Il a toutefois toutes les apparences d’un film d’action. Avec un budget limité, John Carpenter est parvenu à créer un univers très crédible et à donner beaucoup de force et de présence à son anti-héro au bandeau sur l’oeil au point que se développa un culte autour de son personnage. L’ensemble est fort bien ficelé et plaisant, malgré l’absence de profondeur du scénario. Le film a été maintes fois copié, rarement avec bonheur…
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Kurt Russell, Lee Van Cleef, Ernest Borgnine, Donald Pleasence, Isaac Hayes, Harry Dean Stanton
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Voir les livres sur John Carpenter

Remarques :
* Le film a été tourné à East St. Louis (Illinois), ville qui est sur la rive opposée du Mississippi à St. Louis (Missouri) et qui avait été en partie détruite par un gigantesque incendie en 1976, laissant des quartiers délabrés. La production a obtenu d’y faire couper le courant par périodes. Rappelons qu’en 1980, les images créées par ordinateurs n’étaient pas encore vraiment accessibles, du moins à une production moyenne. Même la vue de New York en wire-frame (fil de fer) dans le cockpit du planeur n’est pas issue d’un ordinateur : c’est une maquette avec du ruban adhésif phosphorescent…
* James Cameron est au générique, crédité pour les effets visuels à base de matte paintings.
* Suite : Los Angeles 2013 (Escape from L.A.) de John Carpenter (1996) avec Kurt Russell, Steve Buscemi et Peter Fonda, film d’un intérêt plus limité.
* Un remake est en préparation à la Fox…

New York 1997
Kurt Russell dans New York 1997 de John Carpenter.