26 décembre 2018

Le Quatrième Homme (1952) de Phil Karlson

Titre original : « Kansas City Confidential »
Autre titre (UK) : « The Secret Four »

Le Quatrième hommeA Kansas City, un homme planifie de braquer un fourgon blindé transportant un million de dollars. Pour ce faire, il recrute d’une façon plutôt inhabituelle trois acolytes. Le braquage réussit et un chauffeur-livreur qui a déjà eu des ennuis avec la justice se retrouve accusé à tort…
Mal connu et surtout mal-aimé en Europe, Phil Karlson a signé de nombreux films noirs de série B. Kansas City Confidential fait partie de ses tout meilleurs. Le scénario est particulièrement ingénieux et suffisamment original pour inspirer d’autres cinéastes (évitez de lire trop de commentaires sur ce film avant de le voir, moins vous en saurez et mieux ce sera). Il a une façon très inhabituelle de renverser les rôles. La mise en place est très dynamique et toute la première moitié du film est vraiment remarquable. Le déroulement ralentit quelque peu ensuite mais réserve tout de même quelques surprises. Kansas City Confidential est jugé souvent trop sévèrement du fait de cet essoufflement. Ses atouts d’originalité sont pourtant indéniables et ils le rendent assez remarquable.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: John Payne, Coleen Gray, Preston Foster, Neville Brand, Lee Van Cleef
Voir la fiche du film et la filmographie de Phil Karlson sur le site IMDB.

Remarques :
* Le scénario a fortement inspiré celui de L’Affaire Thomas Crown (The Thomas Crown Affair) de Norman Jewison (1968) avec Faye Dunaway et Steve McQueen. Il a aussi inspiré Tarantino pour son Reservoir Dogs.

* Le succès de Kansas City Confidential a engendré une série de films avec « confidential » dans le titre : New York Confidential (1955), Chicago Confidential (1957), and Hong Kong Confidential (1958).

* Le film est aujourd’hui tombé dans le domaine public.

Kansas City Confidential
John Payne et Lee Van Cleef dans Le Quatrième homme de Phil Karlson.

Homonyme en français (mais sans autres liens que le titre):
Le Quatrième homme (De vierde man), film néerlandais de Paul Verhoeven (1983)

22 avril 2016

New York 1997 (1981) de John Carpenter

Titre original : « Escape from New York »

New York 1997Dans un monde situé juste après une troisième guerre mondiale, la ville de New York a été transformée en une gigantesque prison à ciel ouvert où les prisonniers sont livrés à eux-mêmes. Le légendaire fugitif et ancien soldat Snake Plissken a 24 heures pour y retrouver le président des États-Unis qui a été capturé par les détenus après le détournement de son avion… Ecrit dès 1976, dans la foulée du Watergate, par John Carpenter qui eut bien du mal à trouver un financement, New York 1997 est un film de science-fiction, de type post-apocalyptique. Il a toutefois toutes les apparences d’un film d’action. Avec un budget limité, John Carpenter est parvenu à créer un univers très crédible et à donner beaucoup de force et de présence à son anti-héro au bandeau sur l’oeil au point que se développa un culte autour de son personnage. L’ensemble est fort bien ficelé et plaisant, malgré l’absence de profondeur du scénario. Le film a été maintes fois copié, rarement avec bonheur…
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Kurt Russell, Lee Van Cleef, Ernest Borgnine, Donald Pleasence, Isaac Hayes, Harry Dean Stanton
Voir la fiche du film et la filmographie de John Carpenter sur le site IMDB.

Voir les livres sur John Carpenter

Remarques :
* Le film a été tourné à East St. Louis (Illinois), ville qui est sur la rive opposée du Mississippi à St. Louis (Missouri) et qui avait été en partie détruite par un gigantesque incendie en 1976, laissant des quartiers délabrés. La production a obtenu d’y faire couper le courant par périodes. Rappelons qu’en 1980, les images créées par ordinateurs n’étaient pas encore vraiment accessibles, du moins à une production moyenne. Même la vue de New York en wire-frame (fil de fer) dans le cockpit du planeur n’est pas issue d’un ordinateur : c’est une maquette avec du ruban adhésif phosphorescent…
* James Cameron est au générique, crédité pour les effets visuels à base de matte paintings.
* Suite : Los Angeles 2013 (Escape from L.A.) de John Carpenter (1996) avec Kurt Russell, Steve Buscemi et Peter Fonda, film d’un intérêt plus limité.
* Un remake est en préparation à la Fox…

New York 1997
Kurt Russell dans New York 1997 de John Carpenter.

14 mars 2012

Le train sifflera 3 fois (1952) de Fred Zinnemann

Titre original : « High Noon »

Le train sifflera 3 foisAlors qu’il vient de se marier le matin même et qu’il s’apprête à rendre son étoile de shérif, Will Kane apprend qu’un truand qu’il a fait enfermer quelques années auparavant sera de retour par le train de midi. Tout le monde sait qu’il revient pour régler ses comptes. Ses sbires l’attendent déjà sur le quai. Le shérif Kane tente de convaincre la population de l’aider à affronter le hors-la-loi… Le train sifflera 3 fois est l’un des westerns les plus connus et appréciés du grand public. Sa construction est remarquable puisque le film se déroule en temps réel sur 85 minutes, le temps étant ponctué par des plans d’horloge régulièrement espacés et appuyés par une musique évoquant un tic-tac (1). Les scènes d’action sont donc ainsi regroupées à la fin, après midi. Le train sifflera 3 fois Le film est aussi une fable politique déguisée puisque cette histoire de shérif abandonné lâchement par sa population permettait de décrire la chasse aux sorcières et le maccarthysme (2). L’image est en noir et blanc, lumineux et sans ombre, ce qui est original. Le train sifflera 3 fois divise les cinéphiles, certains fustigent sa simplicité. Si le film n’est pas parfait, si l’on peut regretter le statisme de certaines scènes, l’ensemble fonctionne parfaitement et se révèle être particulièrement intense. Gary Cooper est admirable en shérif fatigué et déçu.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Gary Cooper, Thomas Mitchell, Lloyd Bridges, Katy Jurado, Grace Kelly, Otto Kruger, Lon Chaney Jr., Harry Morgan, Lee Van Cleef
Voir la fiche du film et la filmographie de Fred Zinnemann sur le site IMDB.

(1) Le producteur Stanley Kramer a affirmé par la suite que cette construction avait en réalité été faite au montage, affirmation qui avait probablement pour unique but de discréditer le scénariste et producteur associé Carl Foreman. Cette version des faits a toujours été formellement contestée par Zinnemann, montrant le scénario original et le plan de travail comme preuves.
(2) Pendant la production de High Noon, le scénariste (et producteur) Carl Foreman fut convoqué devant la commission HUAC (House Un-American Activities Committee) pour avoir brièvement été membre du parti communiste dix ans plus tôt. Il fut ensuite placé sur liste noire après avoir refusé de donner des noms. Ne pouvant plus travailler, il émigra en Angleterre pour continuer d’écrire sous un pseudonyme.

Remarques :
* La chanson Do Not Forsake Me, Oh, My Darlin’ est chantée par Tex Ritter. Elle a été reprise en français par John Williams sous le titre Si toi aussi tu m’abandonnes.
* Le train sifflera 3 fois marque les débuts de Lee Van Cleef au cinéma. C’est aussi le premier grand rôle pour Grace Kelly.
* Le (superbe) film Rio Bravo (1959) est souvent présenté comme la réponse d’Howard Hawks et de John Wayne à High Noon. John Wayne a d’ailleurs décrit le film High Noon comme étant « un-american » (littéralement « qui ne porte pas les valeurs de l’Amérique » mais le terme a été souvent employé, notamment lors du maccarthysme, pour désigner les communistes… c’est tout à fait du John Wayne de faire une telle déclaration!)