8 décembre 2016

Le Secret de la planète des singes (1970) de Ted Post

Titre original : « Beneath the Planet of the Apes »

Le Secret de la planète des singesUn vaisseau chargé de retrouver Taylor s’écrase sur la planète. Seul survivant, l’astronaute Brent rencontre Nova qui est seule. Elle emmène Brent jusqu’au village des singes qui sont sur le pied de guerre. Les gorilles veulent envahir la zone interdite… Le succès de La Planète des singes avait surpris la 20th Century Fox qui eut rapidement l’idée de faire une suite, pratique qui n’était pas habituelle à l’époque. Après avoir fait plancher Rod Serling, puis Pierre Boulle, le studio retiendra l’idée de l’écrivain anglais Paul Dehn : une variation sur le thème de l’arme atomique. Le film est loin d’avoir la richesse de l’opus précédent, les personnages sont peu exploités, l’histoire est pleine d’incohérences et devient souvent grotesque (notamment dans toute la partie chez les mutants où le film mérite vraiment d’être qualifié  « d’épouvantable nanar ») ; c’est la reproduction du choc visuel de La Planète des singes qui est surtout recherchée par les producteurs. Le budget est encore plus restreint que précédemment ; la Fox traversait alors une période difficile après le flop de plusieurs films couteux. Les décors du premier opus sont donc réutilisés et les masques sont le plus souvent préférés aux longues séances de maquillages. Malgré toutes ses imperfections, Le Secret de la planète des singes n’est pas totalement ennuyeux, voire plutôt divertissant mais c’est grâce à l’ombre de son prédécesseur car, vu seul, il eut semblé être très mauvais.
Elle: 1 étoile
Lui : 3 étoiles

Acteurs: James Franciscus, Kim Hunter, Maurice Evans, Linda Harrison, Charlton Heston
Voir la fiche du film et la filmographie de Ted Post sur le site IMDB.

Remarques :
* Charlton Heston n’était pas enchanté de tourner cette suite, même dans un petit rôle. Il n’a accepté qu’à la condition que la fin empêche tout prolongement. Il eut satisfaction mais, comme on le sait, cela n’empêcha pas les suites (sans son personnage, il est vrai).
* La Fox a trouvé un bel ersatz de Charlton Heston (qui avait refusé d’avoir le premier rôle) en la personne de James Franciscus, acteur de télévision.
* Le sit-in des chimpanzés contre la guerre évoque les manifestations alors très actives contre la Guerre du Vietnam.

Le secret de la Planète des singes
James Franciscus et Linda Harrison dans Le Secret de la planète des singes de Ted Post.

Tous les films :
A) Cinq films de 1968 à 1973 :
La Planète des singes (Planet of the Apes) (1968) de Franklin J. Schaffner
Le Secret de la planète des singes (Beneath the Planet of the Apes) (1970) de Ted Post
Les Évadés de la planète des singes (Escape From the Planet of the Apes) (1971) de Don Taylor
La Conquête de la planète des singes (Conquest of the Planet of the Apes) (1972) de J. Lee Thompson
La Bataille de la planète des singes (Battle for the Planet of the Apes) (1973) de J. Lee Thompson.

B) Nouvelle adaptation du roman :
La Planète des singes (Planet of the Apes) (2001) de Tim Burton.

C) Série « Reboot » :
La Planète des singes : Les Origines (Rise of the Planet of the Apes) (2011) de Rupert Wyatt
La Planète des singes : L’Affrontement (Dawn of the Planet of the Apes) (2014) de Matt Reeves
La Planète des singes : Suprématie (War for the Planet of the Apes) (2017) de Matt Reeves.
La Planète des singes : Le Nouveau Royaume (Kingdom of the Planet of Apes) (2024) de Wes Ball

23 novembre 2016

Monty Python – Sacré Graal! (1975) de Terry Gilliam et Terry Jones

Titre original : « Monty Python and the Holy Grail »

Monty Python sacré graal!Angleterre, an 932. Le roi Arthur parcourt la campagne pour recruter ses Chevaliers de la Table Ronde et entreprendre la sainte quête du Graal… Les Monty Python ont eut bien du mal à trouver le financement pour faire leur premier long métrage, les producteurs considérant que Terry Gilliam et Terry Jones n’avaient pas l’expérience suffisante. Ce n’est que grâce aux groupes de rock Pink Floyd, Genesis et Led Zeppelin, tous de grands fans, qu’ils parviendront à réunir un budget minimal. Ce manque de moyens va tourner à leur avantage : ne pouvant s’offrir de vrais chevaux, ils contournent le problème en créant le gag des noix de coco, devenu leur gag le plus célèbre (1). Le tournage fut difficile, non seulement à cause du temps écossais humide mais aussi du fait de tensions au sein de l’équipe et de l’alcoolisme de Graham Chapman. Si le film manque un peu de cohésion globale, les saynètes qui le composent reposent sur des idées de gags brillantes, un humour qui fonctionne sur le fameux nonsense britannique (2). Il y eut un travail important de montage (Eric Idle parle de treize projections-tests) pour arriver à un résultat assez unique en son genre et qui reste dans nos esprits. Le succès fut important, notamment aux Etats-Unis où la popularité des Monty Python explosa.
Elle: 4 étoiles
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Graham Chapman, John Cleese, Eric Idle, Terry Gilliam, Terry Jones, Michael Palin
Voir la fiche du film et la filmographie de Terry Gilliam et Terry Jones sur le site IMDB.

Voir les autres films de Terry Gilliam chroniqués sur ce blog…

Voir les livres sur les Monty Python

Monty Python Sacré Graal
John Cleese, Graham Chapman et Terry Jones chevauchant leur destrier dans Monty Python sacré graal! de Terry Gilliam et Terry Jones.

Monty Python Sacré Graal
Terry Gilliam et les fameuses noix de coco de Monty Python sacré graal! de Terry Gilliam et Terry Jones (c’est vrai qu’on peut se demander où ils ont trouvé ces noix de coco).

Monty Python Sacré Graal
John Cleese en français grand pourvoyeur d’injures très imagées du haut de ses remparts dans Monty Python sacré graal! de Terry Gilliam et Terry Jones.

(1) En Allemagne, le film est sorti sous le titre Die Ritter der Kokosnuß (= Le Chevalier à la noix de coco).
(2) Le nonsense n’est toutefois pas toujours là où on le pense : par exemple, le lancer de vaches repose sur un épisode historique (ou, plus exactement, une légende) : lors du siège de Carcassonne au VIIIe siècle par Charlemagne, alors qu’ils étaient sur le point de mourir de faim, les assiégés engraissèrent un porcelet avec leurs dernières réserves de blé et le jetèrent sur leurs attaquants pour laisser croire qu’ils avaient de la nourriture en abondance. La ruse fonctionna : Charlemagne leva le siège.

18 novembre 2016

La Kermesse des aigles (1975) de George Roy Hill

Titre original : « The Great Waldo Pepper »

La Kermesse des aigles1926. Pilote de la Première Guerre mondiale, Waldo Pepper propose des baptêmes de l’air dans les campagnes du Nebraska. Mais le public commence à s’habituer aux avions et il faut faire des cascades de plus en plus périlleuses pour attirer le public dans des shows… La Kermesse des aigles est un film de passion pour George Roy Hill, lui-même pilote. Le film est assez spectaculaire lorsque l’on sait que toutes les prises de vues aériennes sont réelles, que rien n’a été reconstitué en studio, aucune scène n’a été tournée sur fond bleu. George Roy Hill pilotait parfois lui-même l’avion portant la caméra. Robert Redford a affirmé avoir réellement marché sur les ailes d’un avion en vol et les acteurs n’avaient ni parachutes ni harnais de sécurité. Oui, c’est bien un film de passionné… La Kermesse des aigles est très plaisant avec un bon déroulé de l’histoire. Il nous restitue fort bien l’état d’esprit de ces casse-cou des débuts de l’aviation.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Robert Redford, Bo Svenson, Bo Brundin, Susan Sarandon
Voir la fiche du film et la filmographie de George Roy Hill sur le site IMDB.

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Remarques :
* La bataille aérienne reconstituée à la fin du film est inspirée celle de l’as allemand Werner Voss contre un groupe d’avions menés par l’as anglais James McCudden le 23 septembre 1917. L’issue dans la réalité est toute différente puisque Werner Voss a trouvé la mort dans ce combat héroïque, seul contre sept. « Beaucoup de pilotes allemands et alliés considérèrent Voss comme étant le meilleur pilote de chasse de la Grande Guerre » (dixit Wikipedia).

* Pepper en anglais est un verbe qui signifie (outre « poivrer ») « cribler un ennemi de balles ».

The Great Waldo Pepper
Robert Redford est un as de l’aviation dans La Kermesse des aigles de George Roy Hill.

La Kermesse des aigles
Susan Sarandon et Robert Redford dans La Kermesse des aigles de George Roy Hill.

La Kermesse des aigles
Là, espérons pour Redford  qu’il était doublé pour cette scène de La Kermesse des aigles de George Roy Hill.

7 novembre 2016

Star Trek, le film (1979) de Robert Wise

Titre original : « Star Trek: The Motion Picture »

Star Trek, le filmUne entité extraterrestre apparemment hostile, et entourée d’une nuée d’une taille supérieure à celle du système solaire, se dirige tout droit vers la Terre. L’amiral Kirk est chargé d’aller identifier cette identité et d’évaluer la menace. Il reprend le commandement de l’Enterprise, dont les rénovations sont à peine achevées, pour se diriger vers la nuée… L’arrêt de la série TV originale en 1969 avait laissé des millions de fans déconfits. Son créateur Gene Roddenberry avait bien tenté de convaincre Paramount d’en faire un long métrage mais il faudra le succès de Star Wars et de Rencontres du troisième type pour que le studio se décide. Malgré tous les soins apportés, Star Trek: The Motion Picture a déçu les fans de la série car, s’il en reprend bien les personnages et le vaisseau, il comporte assez peu d’action et joue plutôt sur le registre contemplatif et même philosophique. Il est ainsi beaucoup plus proche de 2001 l’Odyssée de l’espace que de Star Wars. Le scénario repose sur une idée assez brillante, très simple à la base mais aux implications multiples. Ce sont les décors qui ont fait exploser le budget : une première version a été abandonnée et le projet a été repris par Syd Mead, l’un des créateurs les plus talentueux de son époque. On lui doit tous les décors de l’intérieur de la nuée (une maquette en dur de 20 m de long) qui paraissent absolument superbes, même à nos yeux aujourd’hui gavés d’images de synthèse. Robert Wise ne se prive pas de s’y attarder longuement pour créer la magie, glissant lentement vers les entrailles de l’intrus. C’est cette lenteur qui a généralement déplu (et déplaît encore d’ailleurs) aux spectateurs.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: William Shatner, Leonard Nimoy, DeForest Kelley, James Doohan
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Remarques :
* Consultants techniques : NASA (qui a détaché l’un de ses grands ingénieurs, fan de la série), M.I.T. et… Isaac Asimov.
* Sur le plan scénaristique, l’épisode de la série TV le plus proche est The Changeling (saison 2, épisode 3).
* La version originale dure 132 mn. La version Director’s Edition de 2001 est plus longue de 4 minutes. Certaines scènes ont été réduites et d’autres ont été ajoutées, certaines comportant des images de synthèse (cela touche surtout les quelques scènes sur Vulcain, pas tant les décors de V’ger) (voir la comparaison des deux versions, en vidéo : part 2 , part 3, part 4, la partie 1 a été retirée).
En outre, une version TV de 143 mn (nommée « Longer Version ») a été montée en 1983 par Paramount sans l’accord de Robert Wise.

Star Trek
Dans son dock de réparation, l’Enterprise attend l’heure de son départ dans Star Trek, le film de Robert Wise (Il faut reconnaître que la scène qui nous le fait le découvrir sous tous les angles est tout de même un peu longue…). La maquette utilisée pour le film est au 1/120e soit 2,5 mètres de long.

Star Trek
L’équipage de l’Enterprise prend la pose sur le tournage de Star Trek, le film de Robert Wise.

Star Trek
Une toute petite partie des fabuleux décors créés par Syd Mead pour Star Trek, le film de Robert Wise.

Tous les films Star Trek :
A) Les films (basés sur la) « Série originale » :
1. Star Trek, le film (Star Trek: The Motion Picture) (1979)
2. Star Trek 2 : La colère de Kahn (Star Trek II: The Wrath of Khan) (1982)
3. Star Trek 3 : A la recherche de Spock (Star Trek III: The Search for Spock) (1984)
4. Star Trek 4 : Retour sur Terre (Star Trek IV: The Voyage Home) (1986)
5. Star Trek 5 : L’ultime frontière (Star Trek V: The Final Frontier) (1989)
6. Star Trek 6 : Terre inconnue (Star Trek VI: The Undiscovered Country) (1991)

B) Les films « Next Generation »
7. Star Trek : Generations (Star Trek Generations) (1994)
8. Star Trek : Premier contact (Star Trek: First Contact) (1996)
9. Star Trek: Insurrection (1998)
10. Star Trek: Nemesis (2002)

C) Les films « Reboot »
11. Star Trek (2009)
12. Star Trek Into Darkness (2013)
13. Star Trek : Sans limites (Star Trek Beyond) (2016)

Toutes les séries TV Star Trek :
– La série originale Star Trek (1966-1969) : 79 épisodes
– La série animée (Animated Series) (1973–74) : 22 épisodes
Star Trek : La Nouvelle Generation (The Next Generation) (1987–94) : 176 épisodes
Star Trek: Deep Space Nine (1993–99) : 176 épisodes
Star Trek: Voyager (1995–2001) : 172 épisodes
Star Trek: Enterprise (2001–2005): 98 épisodes
Star Trek: Discovery (2017 – 2024): 65 épisodes
+ spin-off (dérivé)
Star Trek : Section 31 (TV 2025)

15 octobre 2016

La Vie de Brian (1979) de Terry Jones

Titre original : « Life of Brian »

La Vie de BrianBrian nait un 25 décembre en terre de Galilée. Sa mère est très étonnée de voir arriver trois rois mages. Elle veut les mettre dehors mais se ravise à la vue des cadeaux qu’ils apportent. Ils viendront les lui reprendre sans ménagement quand ils réaliseront qu’ils se sont trompés d’étable… Après l’arrêt de leur série TV Monty Python’s Flying Circus en 1974, les Monty Python se sont lancés dans les longs métrages. La Vie de Brian est le deuxième d’entre eux et le plus homogène, celui où les sketches s’enchainent parfaitement grâce à la présence d’un fil narratif directeur. L’humour est bien celui des Monty Python, pas de déconvenue de ce côté, un humour débridé où le nonsense et le saugrenu tiennent la plus grande part. Tout est de très bon niveau, il n’y a ni faiblesse, ni temps mort. Les six membres de l’équipe tiennent tous les rôles principaux, soit une demi-douzaine chacun. La cible de l’humour n’est pas tant la religion mais plutôt le fanatisme sous toutes ses formes, y compris politique (les groupuscules ne sont pas à la fête), et la bêtise qu’il engendre. Bien que le personnage de Jésus n’apparaisse que quelques secondes (et sans aucune moquerie), le film scandalisa certains spectateurs et fut même parfois interdit.
Elle: 4 étoiles
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Graham Chapman, John Cleese, Terry Gilliam, Eric Idle, Terry Jones, Michael Palin
Voir la fiche du film et la filmographie de Terry Jones sur le site IMDB.

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La Vie de Brian
(De g. à d.) Michael Palin, John Cleese, Graham Chapman, Eric Idle, Terry Gilliam et Terry Jones sur le tournage de La Vie de Brian de Terry Jones.

Remarques :
* L’idée de départ vient d’une boutade : lassé de se voir poser la question par les journalistes « quel sera le titre de votre prochain film ? », Eric Idle a répondu pour les faire taire « Jésus-Christ, Lust of Glory » (« Jésus Christ ou la soif de gloire »). Cela eut l’effet escompté de les calmer mais aussi permit à l’idée de germer. Mais plutôt que de se centrer sur le personnage de Jésus, ils choisirent de se moquer du fanatisme en prenant un personnage né à la même époque.

* La chanson « Always Look on the Bright Side of Life » a été composée par Eric Idle.

* L’un des producteurs n’est autre que l’ex-Beatles George Harrison. Grand fan des Monty Python, il a mis sa maison londonienne en gage pour venir à la rescousse lorsqu’EMI s’est brutalement retiré une semaine avant le début du tournage. La phrase « Bernie, I said, they’ll never make their money back » à la toute fin est une pique destinée à Bernard Delfont qui était alors à la tête d’EMI Ltd.

* La Vie de Brian fut interdit pendant huit ans en Irlande, et pendant un an en Norvège (la publicité en Suède annonça : « un film tellement drôle que les Norvégiens ont dû l’interdire »). Le film ne fut pas distribué en Italie avant 1990, onze ans après sa sortie.

La Vie de Brian
(De g. à d.) Eric Idle, John Cleese, Michael Palin et Sue Jones-Davies complotent au sein du People’s Front of Judea dans La Vie de Brian de Terry Jones. (Anecdote : lorsque Sue Jones-Davies est devenue maire de la ville universitaire de Aberystwyth au Pays de Galles en 2008, l’une de ses premières actions a été de lever l’interdiction de projection de ce film qui durait depuis 30 ans !)

La Vie de Brian
(De g. à d.) John Cleese, Michael Palin et Graham Chapman dans La Vie de Brian de Terry Jones. A noter que Graham Chapman est celui qui a le moins de rôles différents puisqu’il interprète Brian qui est de presque toutes les scènes. A part Brian, il interprète un roi mage et le zozotant Biggus Dickus (ci-dessus).

5 octobre 2016

Abattoir 5 (1972) de George Roy Hill

Titre original : « Slaughterhouse-Five »

Abattoir 5Ancien soldat, Billy Pilgrim revit par courtes séquences des périodes de son passé et même de son avenir sans qu’il puisse le contrôler… Abattoir 5 est tiré du roman homonyme de Kurt Vonnegut Jr. qui fut lui-même prisonnier de guerre à Dresde et qui, comme son personnage, est resté marqué à vie par le bombardement de la ville en 1945 par les américains. Abattoir 5 est à la fois un témoignage historique et un récit de science-fiction, mélange qui le rend assez unique en son genre. Le livre est très difficile à adapter au cinéma et George Roy Hill s’en tire fort bien. La structure est en effet des plus surprenantes puisque les périodes s’entremêlent, les passages de l’une à l’autre étant incessants, parfois très rapides pour quelques secondes seulement. Une certaine philosophie de vie émane de l’ensemble : la vie est composée de moments juxtaposés par le hasard et c’est à nous de les ordonner et de leur donner ou non de l’importance afin de contrôler et orienter notre existence.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Michael Sacks, Ron Leibman, Eugene Roche, Valerie Perrine
Voir la fiche du film et la filmographie de George Roy Hill sur le site IMDB.

Remarque :
* Le film cite le chiffre de 130 000 morts lors du bombardement de Dresde. Ce chiffre très élevé était issu d’un livre de l’écrivain anglais David Irving qui s’est révélé plus tard être un négationniste. Aujourd’hui, le bilan généralement admis est de 25 000 morts, ce qui est déjà suffisamment terrifiant.

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Ekkehardt Belle, Michael Sacks et Eugene Roche dans Abattoir 5 de George Roy Hill.

Abattoir 5
Valerie Perrine et Michael Sacks dans Abattoir 5 de George Roy Hill.

4 octobre 2016

Le Château de Cagliostro (1979) de Hayao Miyazaki

Titre original : « Rupan sansei: Kariosutoro no shiro »

Le Château de CagliostroSur la trace de faux-monnayeurs, le gentleman-cambrioleur Edgar de la Cambriole (alias Lupin III, le petit fils d’Arsène Lupin) arrive dans la principauté de Cagliostro et vole au secours d’une jeune fille qui s’avère être une princesse séquestrée par un comte machiavélique…
Le Château de Cagliostro est le premier long métrage d’Hayao Miyazaki. Les aventures de Lupin III furent d’abord un manga adapté pour la télévision en une série coréalisée par Miyazaki, puis porté au cinéma avec Edgar de la Cambriole : Le Secret de Mamo réalisé par Sōji Yoshikawa (1978). Le succès de ce dernier incitera TMS à produire un second long métrage, cette fois réalisé par Miyazaki qui en a coécrit le scénario. Sous sa plume, Lupin III n’est plus un intrépide criminel mais un héros altruiste accomplissant des prouesses pour une noble cause. Miyazaki montre des influences multiples, littéraires et cinématographiques, ce qui enrichit considérablement le contenu. Sur le plan graphique, les paysages montrent beaucoup de détails et préfigurent son style. L’animation est hachée (conformément aux normes japonaises de cette époque) mais le rythme très enlevé compense aisément ce défaut. Les nombreuses cascades défient les lois de la physique et l’ensemble est sous-tendu d’un humour assez omniprésent.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs:
Voir la fiche du film et la filmographie de Hayao Miyazaki sur le site IMDB.

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Le Château de Cagliostro
Le Château de Cagliostro de Hayao Miyazaki.

Le Château de Cagliostro

2 octobre 2016

L’Alliance (1971) de Christian de Chalonge

L'allianceUn homme s’adresse à une agence matrimoniale pour une demande un peu particulière : il n’a pas beaucoup d’exigences sur la personne mais insiste sur le fait qu’elle doit habiter un très grand appartement. Il est en effet vétérinaire et souhaite installer son cabinet. Le mariage a lieu très rapidement. Peu après, il commence à soupçonner sa femme, toujours mystérieuse et secrète… Jean-Claude Carrière a écrit lui-même l’adaptation de son roman L’Alliance et, plus inhabituel, il en tient le rôle principal. Servi par un excellent scénario, le film de Christian de Chalonge est original et surprenant. Pour ne rien dévoiler du développement de l’intrigue, disons simplement que les animaux (de toutes sortes) y tiennent une bonne place, ils sont très présents sans être nécessairement visible à l’écran, et que le dénouement se situe à la frontière de la science-fiction. Cette fin a d’ailleurs des interprétations multiples et amène à une reconsidération totale de tout ce qui précède. Certains plans sont vraiment très réussis. Le caractère étrange de l’ensemble devient parfois inquiétant par l’utilisation habile de la musique. L’Alliance est assez peu connu, il mériterait de l’être plus.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Anna Karina, Jean-Claude Carrière, Isabelle Sadoyan, Jean-Pierre Darras
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L'Alliance
Anna Karina dans L’Alliance de Christian de Chalonge.

L'Alliance
Jean-Claude Carrière dans L’Alliance de Christian de Chalonge.

L'Alliance
Anna Karina dans L’Alliance de Christian de Chalonge.

L'Alliance
Anna Karina dans L’Alliance de Christian de Chalonge.

20 septembre 2016

A Touch of Zen (1971) de King Hu

Titre original : « Xia nü »

A Touch of ZenDans la Chine du XVIIe siècle, Gu Shengzai est écrivain public et portraitiste. Trentenaire, célibataire et sans ambition, il vit avec sa mère dans son village natal. Intrigué par la présence d’une jeune femme qui s’est installée dans le fort abandonné face à sa maison, il va se retrouver mêlé, malgré lui, à des rivalités politiques qui opposent le mouvement Donglin de Yang Lian et le Grand Eunuque Weï… A Touch of Zen est un film taïwanais qui a marqué le genre wu xia pian (film de sabre chinois). Il a été récemment restauré (en 2014). Originellement sorti en deux parties, il s’étale sur près de trois heures. Il faut bien avouer que la mise en place paraît bien longue, très longue même : il faut patienter une bonne heure avant d’avoir le sentiment d’être entré dans le vif du sujet. L’image est très belle : King Hu est un perfectionniste (le tournage a duré plus de deux ans) et cela se sent dans tous ses plans. Il exploite merveilleusement l’écran large par de superbes travelings. Les décors naturels en dehors du village sont superbes. La scène la plus célèbre est celle du combat dans la forêt des bambous verts : King Hu met en symbiose parfaite un décor inhabituel et une élégante chorégraphie bondissante. De façon générale, et en comparaison avec les films plus récents du genre, les scènes de combats sont très bien intégrées dans un ensemble harmonieux, un ensemble doté d’une dimension morale, voire spirituelle, forte.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Hsu Feng, Shih Chun, Bai Ying
Voir la fiche du film et la filmographie de King Hu sur le site IMDB.

A Touch of Zen
Hsu Feng dans A Touch of Zen de King Hu.

7 septembre 2016

Furie (1978) de Brian De Palma

Titre original : « The Fury »

FurieDans une station balnéaire au Moyen-Orient, un agent de la CIA sur le point de prendre sa retraite voit son fils se faire enlever par son collègue et meilleur ami. Il comprend que ce sont les pouvoirs paranormaux de son fils qui intéressent son ex-ami… Après Carrie (1976), Brian De Palma reste dans le domaine du parapsychologique en portant ce roman de John Farris à l’écran. Il y a un peu de tout dans Furie : un soupçon de film d’espionnage, une bonne pincée d’action et une bonne dose d’extrasensoriel… Le scénario, en outre guère crédible, laisse une impression d’être une sorte de fourre-tout. Toutefois, la qualité de la réalisation, très bien maîtrisée, parvient tout de même à nous tenir en haleine. Le rythme est tout d’abord très enlevé puis ralentit nettement en milieu de film avant d’offrir une fin mouvementée et même spectaculaire. Furie se regarde sans déplaisir mais sans convaincre pour autant.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Kirk Douglas, John Cassavetes, Carrie Snodgress, Charles Durning, Amy Irving
Voir la fiche du film et la filmographie de Brian De Palma sur le site IMDB.

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Remarques :
* La musique de John Williams a été composée dans le style de Bernard Herrmann, qui a composé la musique de neuf des films d’Alfred Hitchcock, le « maître » de Brian De Palma.
* Kirk Douglas (qui sera centenaire à la fin de cette année 2016),  avait 61 ans sur le tournage de Fury.

* Homonyme :
Furie (Fury) de Fritz Lang (1936) avec Spencer Tracy et Sylvia Sidney

Fury
Kirk Douglas et Amy Irving dans Furie de Brian De Palma.