17 décembre 2022

Gatsby le magnifique (2013) de Baz Luhrmann

Titre original : « The Great Gatsby »

Gatsby le magnifique (The Great Gatsby)1922. Apprenti écrivain, Nick Carraway quitte la région du Middle-West pour s’installer à New York. Il a désormais pour voisin un mystérieux millionnaire, Jay Gatsby, qui s’étourdit en fêtes mondaines, et vit non loin de sa cousine Daisy et de son mari volage, issu de sang noble. C’est ainsi que Nick se retrouve au cœur du monde fascinant des milliardaires, de leurs illusions, de leurs amours et de leurs mensonges…
Gatsby le magnifique est un film australo-américain coécrit, produit et réalisé par Baz Luhrmann. Il s’agit d’une nouvelle adaptation du célèbre roman de F. Scott Fitzgerald, publié en 1925. C’est avant tout un grand spectacle, une féérie colorée comme seul le cinéma peut le faire, avec une vision idéalisée des fastes de cette folle époque. Baz Luhrmann a modernisé le récit essentiellement par la musique qui est de 2013, cet anachronisme surprend au premier abord mais s’intègre finalement assez bien et permet d’éviter que le spectateur reste à trop grande distance. Bien entendu, il n’est pas interdit de trouver l’ensemble factice mais le roman est plutôt bien restitué et la candeur du narrateur conservée. L’interprétation est retenue et les personnages ont une certaine épaisseur.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Leonardo DiCaprio, Carey Mulligan, Tobey Maguire, Joel Edgerton, Elizabeth Debicki
Voir la fiche du film et la filmographie de Baz Luhrmann sur le site IMDB.
Voir la fiche du film sur AlloCiné.

Voir les autres films de Baz Luhrmann chroniqués sur ce blog…

Les adaptations du roman de F. Scott Fitzgerald au cinéma :
1926 : The Great Gatsby de Herbert Brenon, avec Warner Baxter (film perdu)
1949 : Le Prix du silence (The Great Gatsby) de Elliott Nugent, avec Alan Ladd
1974 : Gatsby le magnifique (The Great Gatsby) de Jack Clayton, avec Robert Redford
2013 : Gatsby le magnifique (The Great Gatsby) de Baz Luhrmann, avec Leonardo DiCaprio.

Gatsby le magnifique (The Great Gatsby)Leonardo DiCaprio, Carey Mulligan, Tobey Maguire et Joel Edgerton dans Gatsby le magnifique (The Great Gatsby) de Baz Luhrmann.

Gatsby le magnifique (The Great Gatsby)Gatsby le magnifique (The Great Gatsby) de Baz Luhrmann.

5 octobre 2022

Les hommes le dimanche (1930) de Robert Siodmak, Edgar G. Ulmer et Rochus Gliese

Titre original : « Menschen am Sonntag »

Les hommes le dimanche (Menschen am Sonntag)A Berlin, un samedi, Erwin aborde une jeune femme dans la rue et ils sympathisent. Ils se donnent rendez-vous pour aller passer le dimanche au bord du lac. Ils viennent chacun avec un(e) ami(e)…
Les hommes le dimanche est un film muet allemand réalisé par Edgar G. Ulmer et Robert Siodmak, c’est le premier long métrage de chacun des deux. Le scénario est signé par le jeune Billy Wilder (23 ans) sur une idée de départ de Curt Siodmak, frère de Robert. Le film se situe entre le documentaire et la fiction. Le générique du début indique qu’il s’agit d’un « film sans acteur » et présente le vrai métier des interprètes des cinq personnages principaux. Le film a deux aspects : d’une part, l’histoire de l’escapade dominicale de ces personnages avec une approche très cinématographique des plans et des cadrages ; d’autre part, des scènes plus générales, plus documentaires, qui nous montrent la vie de Berlin à cette époque. Le film a été tourné sous la république de Weimar (donc avant que les nazis prennent le pouvoir), à la fin d’une période plutôt faste (seconde moitié des années 20, juste avant la crise de 1929). Par ses scènes documentaires, Les hommes le dimanche s’inscrit dans le mouvement de la Nouvelle Objectivité qui délaissait l’expressionnisme pour revenir au réel et au quotidien (on peut considérer ce mouvement comme précurseur du néoréalisme italien des années 40). Le film a été récemment restauré dans un état proche de celui d’origine.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Erwin Splettstößer, Brigitte Borchert, Wolfgang von Waltershausen, Christl Ehlers
Voir la fiche du film et la filmographie de Robert Siodmak sur le site IMDB.

Remarque :
Non crédité au générique, Rochus Gliese aurait tourné certaines scènes documentaires.

Les hommes le dimanche (Menschen am Sonntag)Wolfgang von Waltershausen, Christl Ehlers et Brigitte Borchert dans Les hommes le dimanche (Menschen am Sonntag) de Robert Siodmak & Edgar G. Ulmer.

20 juin 2022

La Fièvre dans le sang (1961) de Elia Kazan

Titre original : « Splendor in the Grass »

La Fièvre dans le sang (Splendor in the Grass) Dans une petite ville du Kansas, en 1928, Deanie (Natalie Wood) et Bud (Warren Beatty) sont amoureux l’un de l’autre. Le père de Bud, riche homme d’affaires, a d’ambitieux projets pour son fils. De son côté, Deanie, issue d’une famille de classe moyenne, se voit contrainte par sa mère de respecter la morale conservatrice dominante et de ne faire aucun écart de conduite avant le mariage…
La Fièvre dans le sang est un film américain réalisé par Elia Kazan, sorti en 1961. Le scénario a été écrit par le dramaturge et romancier William Inge, basé sur des personnes qu’il a connues quand il était adolescent au Kansas dans les années 20. Avec cette histoire d’amour passionné, Elia Kazan continue ce qu’il a fait film après film : dresser un portrait des Etats-Unis avec ses idéaux et ses travers, ici le poids du puritanisme, source d’immobilisme. Il montre que certaines des valeurs morales et économiques vacillent, tout en affichant un optimisme lié aux individus. Comme toujours avec Kazan, les sentiments sont intenses, les personnages démonstratifs et les pulsions très présentes. La Fièvre dans le sang est un film assez puissant dans son exposé, un film vraiment remarquable.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Natalie Wood, Warren Beatty, Pat Hingle, Audrey Christie, Barbara Loden, Zohra Lampert
Voir la fiche du film et la filmographie de Elia Kazan sur le site IMDB.

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Remarque :
* Premier film avec Warren Beatty.
* Le titre original, Splendor in the Grass, est tiré d’un poème de William Wordsworth que Deanie lit en classe. Le terme symbolise une vision idéalisée de la vie que l’on a dans sa jeunesse, que l’on perd ensuite mais cette perte nous rend plus fort :
    What though the radiance which was once so bright
    Be now for ever taken from my sight,
    Though nothing can bring back the hour
    Of Splendor in the Grass, glory in the flower
    We will grieve not; rather find
    Strength in what remains behind.
(poème « Ode: Intimations of Immortality from Recollections of Early Childhood« )

La Fièvre dans le sang (Splendor in the Grass)Natalie Wood et Warren Beatty dans La Fièvre dans le sang (Splendor in the Grass) de Elia Kazan.

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2 juin 2021

Quartet (1981) de James Ivory

Quartet1927. Dans le Paris des Années folles, Marya est une ex-petite choriste de music-hall née aux Antilles qui s’est mariée avec un polonais, trafiquant d’œuvres d’art. Lorsque ce dernier est arrêté, Marya se retrouve sans ressources. Elle accepte l’invitation d’une couple d’anglais, connu dans le milieu artistique de Montparnasse, de venir habiter chez eux…
Quartet est un franco-britannique réalisé par James Ivory qui s’inspire du roman Quatuor (titre original : Postures, 1928) de l’écrivaine britannique Jean Rhys. La pauvre héroïne de cette histoire tombe sous l’emprise psychologique d’un couple aisé qui trouve là un moyen de combler son vide existentiel et de masquer les infidélités de l’homme. La reconstitution de l’époque est picturalement très travaillée avec de beaux éclairages et une palette de couleur portée sur le bistre. En revanche, malgré tous les efforts d’Isabelle Adjani qui fait une belle prestation, on peine à s’intéresser à l’histoire. Les personnages paraissent très lointains, nous restons spectateurs sans éprouver la moindre émotion. La retenue dont James Ivory fait toujours preuve n’était sans doute pas de mise ici.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Isabelle Adjani, Anthony Higgins, Maggie Smith, Alan Bates
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Quartet Alan Bates, Maggie Smith (de dos), Isabelle Adjani et Anthony Higgins dans Quartet de James Ivory.

Ne pas confondre avec :
Quartet de Dustin Hoffman (2012) où Maggie Smith tient le rôle principal !

27 août 2020

Cotton Club (1984) de Francis Ford Coppola

Titre original : « The Cotton Club »

Cotton Club (The Cotton Club)1928. Le « Cotton Club » est un club de jazz newyorkais tenu par un gangster notoire. Les noirs s’y produisent mais ne peuvent y entrer comme clients. Dans cet environnement, un jeune trompettiste blanc, pris malgré lui sous son aile par un caïd, et un danseur noir tentent de se frayer un chemin et cherchent l’amour…
Après les échecs de Coup de Cœur et de Rusty James, Francis Ford Coppola accepte bon gré mal gré la commande de Robert Evans, un des producteurs du Parrain douze ans auparavant. Evans voulait le diriger lui-même mais, à défaut, tente de reconstituer la dream team du Parrain avec Mario Puzo à l’écriture. Le film est au final surtout remarquable par son esthétique et ses numéros musicaux. Dans la réalité, ce club a vu se produire les plus grands musiciens de l’époque, de Duke Ellington à Cab Calloway, et le film parvient bien à recréer l’effervescence et l’atmosphère censée y régner. La reconstitution est somptueuse. Il est dommage que l’histoire greffée par-dessus soit totalement inintéressante. Bien reçu par la critique, le film fut un échec commercial.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Richard Gere, Gregory Hines, Diane Lane, Lonette McKee, Bob Hoskins, Nicolas Cage
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Remarque :
* Le personnage joué par Richard Gere est lointainement inspiré de George Raft : avant d’être une star d’Hollywood, ce dernier a en effet été employé comme chauffeur par Owney Madden, le gangster propriétaire du Cotton Club. George Raft n’a cependant jamais été musicien, en revanche il était danseur professionnel dès l’âge de 18 ans.

Cotton Club (The Cotton Club)Diane Lane et Richard Gere dans Cotton Club de Francis Ford Coppola.

6 septembre 2017

Quand la chair succombe (1962) de Mauro Bolognini

Titre original : « Senilità »

Quand la chair succombeA Trieste dans les années vingt, Emilio, un modeste employé de bureau âgé d’une quarantaine d’années, fait la rencontre de la jeune Angiolina dont la beauté le bouleverse. Emilio ne veut s’engager, préférant ne pas bousculer la vie qu’il mène avec sa sœur, solitaire comme lui… Senilità est l’adaptation du roman homonyme d’Italo Svevo. Qu’il s’agisse d’un roman autobiographique (Svevo avait alors 37 ans) témoigne d’une extraordinaire lucidité de son auteur dans le regard qu’il porte sur lui-même. La sénilité dont il est question dans le titre est celle de ce quarantenaire, éternel irrésolu, vieux avant d’avoir vécu. Le récit est assez fort, d’une belle profondeur (contrairement à ce que le titre français pourrait laisser croire). Des quatre acteurs principaux, seule Claudia Cardinale est italienne. Le film pâtit certainement de cette distribution cosmopolite et des doublages induits. La prestation de l’américain Anthony Franciosa n’exprime qu’imparfaitement la complexité de son personnage. La photographie est très belle, assez picturale. Bolignini nous livre un beau portrait de la ville de Trieste, brumeuse et pluvieuse. Senilità est un film sombre et assez remarquable, injustement méconnu.
Elle: 3 étoiles
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Claudia Cardinale, Anthony Franciosa, Betsy Blair, Philippe Leroy
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Remarque :
* Le film transpose le roman de Svevo dans les années 1920. Le réalisateur explique : « Le livre a été publié en 1898, cependant son édition définitive, très différente de la première, date de 1927. Le succès ne vint pas tout de suite, Svevo ne fut reconnu que dans les années vingt. […] Par ailleurs, il était plus facile de reconstituer la ville pour le tournage : retrouver la Trieste du XIXe siècle aurait été très dur. Le choix des années vingt fut à la fois technique et littéraire. » (Entretien avec Jean A. Gili, Rome décembre 1976 in : Le cinéma italien, UGE 10/18, Paris, 1978)
A noter que la ville de Trieste était encore autrichienne lorsque Svevo y a écrit son roman.
* Doublages :
Romolo Valli double Anthony Franciosa
Adriana Asti double Claudia Cardinale (!)
Lilla Brignone double Betsy Blair
Giuseppe Rinaldi double Philippe Leroy.

Senilità
Anthony Franciosa et Claudia Cardinale dans Senilità de Mauro Bolognini.

Senilità
Nadia Marlowa, Claudia Cardinale et Philippe Leroy dans Senilità de Mauro Bolognini.

Senilità
La ville de Trieste dans Senilità de Mauro Bolognini.

18 novembre 2016

La Kermesse des aigles (1975) de George Roy Hill

Titre original : « The Great Waldo Pepper »

La Kermesse des aigles1926. Pilote de la Première Guerre mondiale, Waldo Pepper propose des baptêmes de l’air dans les campagnes du Nebraska. Mais le public commence à s’habituer aux avions et il faut faire des cascades de plus en plus périlleuses pour attirer le public dans des shows… La Kermesse des aigles est un film de passion pour George Roy Hill, lui-même pilote. Le film est assez spectaculaire lorsque l’on sait que toutes les prises de vues aériennes sont réelles, que rien n’a été reconstitué en studio, aucune scène n’a été tournée sur fond bleu. George Roy Hill pilotait parfois lui-même l’avion portant la caméra. Robert Redford a affirmé avoir réellement marché sur les ailes d’un avion en vol et les acteurs n’avaient ni parachutes ni harnais de sécurité. Oui, c’est bien un film de passionné… La Kermesse des aigles est très plaisant avec un bon déroulé de l’histoire. Il nous restitue fort bien l’état d’esprit de ces casse-cou des débuts de l’aviation.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Robert Redford, Bo Svenson, Bo Brundin, Susan Sarandon
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Remarques :
* La bataille aérienne reconstituée à la fin du film est inspirée celle de l’as allemand Werner Voss contre un groupe d’avions menés par l’as anglais James McCudden le 23 septembre 1917. L’issue dans la réalité est toute différente puisque Werner Voss a trouvé la mort dans ce combat héroïque, seul contre sept. « Beaucoup de pilotes allemands et alliés considérèrent Voss comme étant le meilleur pilote de chasse de la Grande Guerre » (dixit Wikipedia).

* Pepper en anglais est un verbe qui signifie (outre « poivrer ») « cribler un ennemi de balles ».

The Great Waldo Pepper
Robert Redford est un as de l’aviation dans La Kermesse des aigles de George Roy Hill.

La Kermesse des aigles
Susan Sarandon et Robert Redford dans La Kermesse des aigles de George Roy Hill.

La Kermesse des aigles
Là, espérons pour Redford  qu’il était doublé pour cette scène de La Kermesse des aigles de George Roy Hill.

19 mars 2016

Marguerite (2015) de Xavier Giannoli

MargueriteFrance, années 20. Marguerite Dumont est une femme fortunée et passionnée de musique, qui chante avec sérieux des airs d’opéra devant ses amis. Personne n’ose lui dire qu’elle chante atrocement faux et tout son entourage lui laisse croire qu’elle a beaucoup de talent. Les choses vont se compliquer lorsqu’elle se met en tête de donner un récital public… Pour écrire cette histoire abracadabrante, Xavier Giannoli s’est inspiré très librement d’un personnage réel, la soprano américaine Florence Foster Jenkins, qu’il modèle à sa guise pour faire un film plein de bons sentiments. Le scénario multiplie les effets faciles et fait montre de psychologie sommaire (la madame, elle chante faux parce qu’elle n’est pas aimée par son mari). Les passages où Marguerite chante sont *très* pénibles à écouter (on est censé trouver cela hilarant…) Le point positif dans tout cela est l’interprétation de Catherine Frot qui fait preuve de beaucoup de subtilité et de sensibilité. Elle rend Marguerite très humaine, suscite l’empathie et fait presque oublier le caractère totalement improbable de cette histoire. La photographie est travaillée avec une belle texture due à l’utilisation de lentilles des années cinquante.
Elle: 3 étoiles
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Catherine Frot, André Marcon, Michel Fau, Christa Théret, Denis Mpunga, Sylvain Dieuaide
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Remarques :
*  Le très beau duo que l’on entend dans les premières minutes du film est Le Duo des fleurs extrait de l’opéra Lakmé de Léo Delibes.
* Un film anglais retraçant la vie de Florence Foster Jenkins est en préparation pour une sortie en mai 2016 : Florence Foster Jenkins de Stephen Frears avec Meryl Streep et Hugh Grant.

Marguerite
Catherine Frot dans Marguerite de Xavier Giannoli.

9 décembre 2015

Blancanieves (2012) de Pablo Berger

BlancanievesEspagne, années 20. Sa mère étant morte en la mettant au monde, la petite Carmen est élevée par une belle-mère cruelle qui la laisse à peine voir son père, grand torero handicapé à la suite d’un accident de corrida… Second long métrage de l’espagnol Pablo Berger, Blancanieves a toutes les apparences d’un film muet des années 20, sans paroles avec des intertitres, tourné en 16mm pour obtenir une image avec du grain. Il s’agit d’une variation sur le thème de Blanche-Neige et les sept nains transposé de façon assez inattendue dans le monde de la tauromachie. Pablo Berger fait preuve de beaucoup de style et rend hommage aux grands réalisateurs du muet : il est difficile de ne pas penser à Blood and Sand de Fred Niblo pour les scènes de corrida, à The Unknown ou Freaks de Ted Browning pour les forains, mais aussi à El Dorado de Marcel L’Herbier ou encore à Eisenstein (pour le montage très rapide dans certaines scènes) etc. Les procédés usuels du muet sont utilisés : ouverture et fermeture d’iris, surimpression plutôt qu’incrustation. Les scènes sont démonstratives, le réalisateur utilisant largement les gros plans pour exprimer les caractères des personnages qui sont, comme souvent dans les contes, très typés. Il va même très loin dans ce sens puisque dans une scène, la peau de la (très méchante) marâtre devient toute granuleuse pour exprimer sa noirceur intérieure. Le jeu des acteurs est quelquefois trop expressif mais de bon niveau, seule Macarena García n’est pas toujours convaincante. Le résultat est totalement différent de The Artist : bizarrement il se dégage plus de modernité de l’ensemble, sans doute est-ce la façon de travailler l’image et surtout le placement de la musique qui est résolument moderne. Quoiqu’il en soit Blancanieves est une belle réalisation, un film très plaisant à regarder et qui n’est pas sans humour, un bel hommage au cinéma muet des années vingt.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Maribel Verdú, Daniel Giménez Cacho, Macarena García, Ángela Molina
Voir la fiche du film et la filmographie de Pablo Berger sur le site IMDB.

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Blancanieves
Sofía Oria et Maribel Verdú dans Blancanieves de Pablo Berger

Blancanieves
Macarena García (au centre) entouré de 5 des 7 nains (en fait ils ne sont que 6) dans Blancanieves de Pablo Berger.

 

3 juillet 2015

Berlin, la cité des millions (1925) de Adolf Trotz

Titre original : Die Stadt der Millionen

Die Stadt der Millionen(Film muet) Ce documentaire optimiste sur la ville de Berlin a été tourné à une époque où l’Allemagne se redressait : la page de l’Après-guerre marqué par la crise et l’hyperinflation était tournée et le moment était venu de retrouver une certaine joie de vivre. Berlin est ainsi montrée comme une ville foisonnante, riche de sa diversité autant économique que culturelle où la course effrénée des automobiles marque l’entrée de la ville dans la modernité. Le film met en avant les vertus du travail mais aussi celles des loisirs. La réalisation est soignée avec de beaux effets (fractionnement d’écran, surimpression). Hormis toutes les scènes « actuelles », le film illustre plusieurs moments d’Histoire par de petites mises en scènes en costumes et montre même une brève vision du Berlin de l’an 2000, Metropolis avant l’heure. Dans le domaine du cinéma, on y voit brièvement les studios de l’UFA et la façade d’un grand cinéma projetant Le Dernier des hommes de Murnau (1924). Berlin, la cité des millions est un documentaire à la fois intéressant et d’une indéniable valeur historique. Deux ans plus tard, Walter Ruttmann réalisera un autre documentaire sur Berlin, plus connu celui-là : Berlin, symphonie d’une grande ville (1927).
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs:
Voir la fiche du film et la filmographie de Adolf Trotz sur le site imdb.com.

Berlin, la cité des millions
Images extraites de Die Stadt der Millionen de Adolf Trotz (1925)

Berlin, la cité des millions