7 novembre 2022

Voyagers (2021) de Neil Burger

VoyagersEn 2063, alors que la Terre devient de plus en plus inhabitable, la colonisation d’une autre planète est envisagée. Un vaisseau générationnel est construit pour effectuer un long (86 ans) voyage de reconnaissance vers la planète choisie. À son bord se trouvent trente enfants brillants nés via la procréation médicalement assistée. Ils ont été entraînés et éduqués par un scientifique qui les accompagne. Après les dix premières années, la découverte de détails perturbants à propos de la mission va remettre en question leur formation et faire ressurgir leurs instincts…
Voyagers est un film de science-fiction américain écrit, coproduit et réalisé par Neil Burger. Le film est décrit (par les producteurs) comme une version de « Sa Majesté des mouches dans l’espace ». Le thème du long voyage dans l’espace, classique de la littérature de science-fiction, n’est ici qu’en arrière-plan mais donne néanmoins une atmosphère plaisante au film. La cohérence ne semble pas recherchée. Le récit se concentre sur la libération (soudaine) des pulsions de ces jeunes adultes, un récit qui paraît bien classique et déjà vu, sans surprise notable. Voyagers est décevant par le manque de développement du scénario mais reste plaisant par son idée globale. Le film fut un échec commercial.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Tye Sheridan, Lily-Rose Depp, Fionn Whitehead, Colin Farrell
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VoyagersTye Sheridan et Lily-Rose Depp dans Voyagers de Neil Burger.

VoyagersLe vaisseau spatial de Voyagers de Neil Burger.

VoyagersVoyagers de Neil Burger.

22 mai 2022

La Conquête de l’espace (1955) de Byron Haskin

Titre original : « Conquest of Space »

La Conquête de l'espace (Conquest of Space)Dans le futur proche (années 1980), une station orbitale, La Roue, abrite une équipe technique composée de militaires. Un vaisseau spatial est en construction à ses côtés dans le but d’aller sur la lune. Mais c’est en réalité à destination de Mars qu’une petite équipe appareille finalement…
Conquest of Space est un film américain de science-fiction réalisé par Byron Haskin et produit par George Pal qui le voyait comme une suite à son Destination Moon (1950). Il est basé sur le livre homonyme de l’écrivain de vulgarisation scientifique Willy Rey, livre qui était illustré par Chesley Bonestell. L’adaptation est signée Barré Lyndon, auteur de l’adaptation de La Guerre des mondes (1953) de H.G. Wells. Le projet initial de George Pal incluait un voyage vers trois planètes (Venus, Mars et Jupiter) mais Paramount, effrayé par le coût potentiel, le força à se limiter à une seule et à inclure une affligeante intrigue sur une dissension père-fils. Cette tension est alimentée par des questionnements religieux qui, s’ils sont pesants et pénibles, ont un petit intérêt historique : il y a avait effectivement à l’époque de nombreuses voix pour affirmer que l’homme n’avait pas à aller dans l’espace, le domaine réservé à Dieu (1).
Mais l’intérêt de Conquest of Space est ailleurs, il est dans cette tentative de créer une anticipation réaliste des programmes spatiaux (2). Wernher von Braun, qui sera l’ingénieur en chef de la future NASA, était conseiller technique sur le plateau et son livre Mars Project a servi de base pour de nombreux points précis, notamment la forme de la station orbitale. Chesley Bonestell a dessiné certains décors, sa planète Mars vue de haut est superbe. Bien entendu, il est aisé de déceler plusieurs aberrations, même en tenant compte des connaissances de l’époque, ou de sourire à certains moments mais l’ensemble se tient. La réalisation n’est pas parfaite, les incrustations sont notamment très visibles (cette technique n’était encore pas bien maitrisée), mais elle se situe plutôt parmi les meilleures de cette époque. Bref, c’est un film intéressant à regarder, à condition de garder une certaine indulgence. Conquest of Space fut un cuisant échec commercial et financier qui scella la fin des films réalistes sur l’espace. Il faudra attendre 2001, l’odyssée de l’espace en 1968 pour les voir renaître. Entre deux, l’espace restera le domaine des monstres et des envahisseurs.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Walter Brooke, Eric Fleming, Mickey Shaughnessy, William Hopper, Ross Martin
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Remarque :
* Willie Ley (Willy Otto Oskar Ley) est d’origine allemande. Ses premiers livres sur les fusées datent de 1927. Il était conseiller technique sur Frau Im Mond de Fritz Lang (1929). Il a fui l’Allemagne nazie en 1935 pour s’établir aux Etats-Unis, où il a continué à publier des livres sur l’espace et les fusées. Il a co-signé un livre avec Wernher von Braun en 1953, The Conquest of the Moon.

(1) Cette intrusion de la religion était déjà présente dans La Guerre des mondes mais de façon bien plus subtile qu’ici.
(2) Le slogan sur l’affiche ci-dessus proclame : « Venez voir comment cela va arriver… de votre vivant »

La Conquête de l'espace (Conquest of Space)La Conquête de l’espace (Conquest of Space) de Byron Haskin.

La Conquête de l'espace (Conquest of Space)Phil Foster et Eric Fleming dans La Conquête de l’espace (Conquest of Space) de Byron Haskin.

25 septembre 2019

High Life (2018) de Claire Denis

High LifeDans un vaisseau spatial rudimentaire, un petit groupe de criminels condamnés voyage vers une destination lointaine dans le cadre d’une mission en isolation totale et très probablement sans retour…
Ecrit par Claire Denis et Jean-Pol Fargeau, High Life n’est pas un film conventionnel de science-fiction. Il est d’ailleurs truffé d’incohérences et l’habitacle évoque plutôt une baraque de chantier un peu glauque qu’un vaisseau interplanétaire. Ce n’est pas vraiment important car le lieu est surtout là pour créer une situation marquée par deux éléments : l’isolement total (ils ne peuvent qu’émettre des rapports mais pas recevoir du fait de leur vitesse, proche de celle de la lumière, et de la distance) et le peu de chance de survie. Le propos est donc de se pencher sur la nature humaine dans cette situation extrême et d’approcher ce qui définit notre humanité. Si l’idée de départ et même la démarche paraissent excellentes, on peut regretter que la réflexion reste focalisée sur quelques aspects finalement assez immédiats et prévisibles. En revanche, on peut en repensant à postériori au film, explorer de nombreuses autres pistes. Sur le plan de la forme, High Life évoque les films de Tarkowski (difficile de ne pas penser à Solaris) sans toutefois parvenir à la même puissance. Une partie de la critique a très bien accueilli le film, l’autre assez mal (ce qui est assez habituel pour un film non conventionnel).
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Robert Pattinson, Juliette Binoche, André Benjamin, Mia Goth
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Remarques :
* Claire Denis s’est adjoint les conseils de l’astrophysicien Aurélien Barrau, un cosmologue qui est spécialisé dans la physique des astroparticules et des trous noirs. Cela nous vaut une très belle représentation d’un trou noir.
* Coproduction U.K., France, Allemagne, Pologne. La version originale est en anglais.
* Les quelques images d’un film ancien sur l’écran devant le bébé sont extraites de In the Land of the Head Hunters, réalisé en 1914 par l’ethnologue Edward S. Curtis, avec le concours des Indiens Kwakiutl de l’île de Vancouver au Canada. Edward S. Curtis a été l’un des principaux anthropologues sociaux des Amérindiens d’Amérique du Nord. C’est l’un des premiers photojournalistes mais il n’a réalisé que très peu de films. Une nouvelle version complétée (67 mn) et restaurée a été distribuée en 2013 sous le titre In the Land of the Head Hunters : A Drama of Primitive Life on the Shores of the North Pacific.
On comprend aisément pourquoi Claire Denis a choisi ce film mais il est bien maladroitement utilisé : l’extrait est bien trop court (3-5 secondes) pour que l’on comprenne sur le coup.

High LifeRobert Pattinson et Scarlett Lindsey dans High Life de Claire Denis.

High LifeMia Goth et Juliette Binoche dans High Life de Claire Denis.

17 juillet 2019

Solo: A Star Wars Story (2018) de Ron Howard

Solo: A Star Wars StorySur la sinistre planète Corellia, le jeune Han parvient à mettre la main sur une dose de coaxium pensant ainsi acheter un moyen de fuir avec sa petite amie, Qi’Ra. Lui seul parvient finalement à s’échapper en s’enrôlant dans l’armée de l’Empire…
Après The Clone Wars (2008) et Rogue One (2016), Solo: A Star Wars Story est le troisième film dérivé de la saga Star Wars par les studios Disney. Chronologiquement, il se situe entre La Revanche des Sith et Rogue One, précisément entre 10 et 13 ans avant Star Wars IV (le premier sorti en 1977). Il nous retrace le parcours de Han Solo (le personnage habituellement joué par Harrison Ford dans Star Wars), sa rencontre avec Chewbacca et avec Lando Calrissian, ses premiers vols sur le Falcon. Le tournage a été agité puisque les deux réalisateurs originels furent remplacés au bout que plusieurs mois avec une reprise du scénario à la clef. Le scénario n’est pas franchement original mais propose une solide série de scènes d’action. Le film a été éreinté par la critique avec une unanimité dont elle a le secret, s’acharnant notamment sur l’acteur Alden Ehrenreich qui pourtant montre une belle présence à l’écran et parvient à donner du caractère à son personnage. On ne peut en dire autant hélas d’Emilia Clarke qui est plutôt fade. Sans être une merveille, Solo: A Star Wars Story est un bon divertissement.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Alden Ehrenreich, Joonas Suotamo, Woody Harrelson, Emilia Clarke, Donald Glover
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Solo: A Star Wars StoryAlden Ehrenreich et Joonas Suotamo dans Solo: A Star Wars Story de Ron Howard.

Solo: A Star Wars Story

15 février 2019

Star Wars: Episode VIII – Les derniers Jedi (2017) de Rian Johnson

Titre original : « Star Wars: Episode VIII – The Last Jedi »

Star Wars: Episode VIII - Les derniers JediPendant que le brutal Premier Ordre traque les derniers combattants de la Résistance, la jeune Rey tente de convaincre Luke Skywalker de quitter sa retraite pour venir se battre à leurs côtés…
Ce nouvel épisode de la série Star Wars tente de créer un pont entre les premiers films et les derniers, que ce soit au niveau des personnages ou des constituants qui ont forgé la mythologie : on retrouve ainsi des personnages anciens joués par les mêmes acteurs, de nombreux combats dans l’espace, une initiation Jedi, l’inévitable scène de bar multi-races, le duel au sabre, etc. etc. Hélas, toutes ces réutilisations se font au détriment du scénario qui n’est qu’une suite d’invraisemblances et d’incohérences. Il est manifeste que l’idée a surtout été de créer un grand spectacle sans se soucier de le rendre crédible. Et le spectacle est bien là dans les scènes d’action, avec parfois de belles réussites graphiques. Les dialogues sont réduits à des banalités consternantes et certaines scènes (sur l’île notamment) paraissent bien longues.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Mark Hamill, Carrie Fisher, Adam Driver, Daisy Ridley, John Boyega, Oscar Isaac, Benicio Del Toro
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Star Wars
Daisy Ridley et Mark Hamill dans Star Wars: Episode VIII – Les derniers Jedi de Rian Johnson.

Remarque :
Les scènes dans la retraite de Luke Skywalker ont été tournées à Skellig Michael, minuscule île (22 ha) située au sud-ouest de l’Irlande, 11 km au large des côtes du Kerry. Les cahutes rondes en pierre sont les restes d’un petit monastère datant du Moyen Âge.

28 janvier 2019

Passengers (2016) de Morten Tyldum

PassengersLe Starship Avalon fait route vers une lointaine planète colonisée avec, à son bord, plus de 5000 passagers et 250 membres d’équipage en hibernation. Alors que le vaisseau traverse un champ d’astéroïdes, le caisson de l’un des passagers montre un dysfonctionnement. Jim Preston, un mécatronicien, est ainsi réveillé alors qu’il reste 90 années de voyage…
Ce film de science-fiction est librement adapté d’une nouvelle de Philip K. Dick, parue en 1980, Le Voyage gelé ; en réalité, il n’en reprend surtout que le postulat de départ, variation très originale sur le thème de Robinson Crusoë. La mise en place est vraiment convaincante et, si l’histoire connait ensuite une petite faiblesse en son milieu, elle sait rebondir pour mieux se développer sur de nouveaux axes. La reconstitution de l’intérieur du vaisseau est particulièrement soignée et nous pouvons ainsi nous plonger avec délice dans ce monde presque irréel. Pour apprécier le film, il faut certainement être un peu attiré par ce type d’univers car c’est essentiellement un film d’atmosphère. Le norvégien Morten Tyldum sait s’écarter du sensationnel des blockbusters modernes de science-fiction, ce qui a pu dérouter certains critiques. Soulignées parfois, les incohérences ne posent pas vraiment de problème. S’il y a un reproche à faire au film, ce serait plutôt son manque de profondeur : ainsi, s’il peut parfois évoquer Solaris, il n’a pas, et de loin, sa dimension philosophique. Passengers nous offre essentiellement… une plaisante évasion.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Jennifer Lawrence, Chris Pratt, Michael Sheen, Laurence Fishburne
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Passengers
Chris Pratt et Jennifer Lawrence dans Passengers de Morten Tyldum.

Passengers
Le vaisseau Starship Avalon de Passengers de Morten Tyldum.

Passengers
Jennifer Lawrence et Chris Pratt dans Passengers de Morten Tyldum.

6 septembre 2018

La Chose d’un autre monde (1951) de Christian Nyby et Howard Hawks

Titre original : « The Thing from Another World »

La Chose d'un autre mondeAu pole Nord, un groupe de militaires et de scientifiques découvrent un vaisseau inconnu prisonnier de la banquise. Ils décèlent sous la glace un corps extraterrestre et le ramènent à leur base, figé dans un bloc de glace…
Librement adapté d’une nouvelle de John W. Campbell, Jr. écrite en 1934, La Chose d’un autre monde est le premier film d’invasion extra-terrestre, genre qui connaitra une grande popularité dans les années cinquante. Il est possible, même probable, que son réalisateur soit en réalité Howard Hawks qui en a coécrit le scénario (1). Si le propos est simplifié (ce qui lui valut d’être rejeté à sa sortie par les adaptes de science fiction qui ne voyaient là qu’une tentative de recréer les films de monstres des années trente), il est intelligemment mis en scène : l’alien n’est que rarement visible et il est toujours flou, dans l’obscurité ou en contre-jour. Tout est fait pour ne dévoiler que très peu à son sujet, afin de favoriser la suggestion et aussi l’appréhension. Dans le même ordre d’idée, la façon de « montrer » le vaisseau spatial est une trouvaille fabuleuse. Le style, étonnamment détendu, est assez remarquable, les dialogues formant presque un jeu entre les personnages. L’opposition entre militaires et scientifiques s’inscrit pleinement dans son époque. La célèbre phrase finale, « Watch the skies » (« surveillez le ciel »), eut une résonance particulière en pleine Guerre de Corée et alors que la paranoïa anti-communiste était à son maximum. Le film connut un grand succès et eut une grande influence sur le cinéma de science-fiction de plusieurs décennies.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Margaret Sheridan, Kenneth Tobey, Robert Cornthwaite, James Arness
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La chose d'un autre monde

(1) La Chose d’un autre monde a été produit par Howard Hawks qui en a écrit le scénario avec Charles Lederer avec l’aide de Ben Hecht. Christian Nyby en est le réalisateur… officiellement du moins. Les spéculations vont en effet bon train depuis sa sortie : d’une part, le reste de la production de Christian Nyby n’est pas du tout du même niveau et d’autre part, le style du film évoque vraiment celui d’Howard Hawks, notamment la vivacité des dialogues et le ton très détendu des acteurs. Il est donc possible que le véritable réalisateur soit Howard Hawks.
Ce dernier l’a toujours nié.
Voici ce que déclarait Nyby dans une interview en 1982 :
« Est-ce que Hawks l’a dirigé? C’est une question ridicule et insensée. Le style était celui de Hawks ? Bien sûr que c’était le cas. C’est un homme que j’ai étudié et auquel je voulais ressembler. Quand vous travaillez auprès d’un maitre, il est inévitable de s’en inspirer et de le copier. C’est ce j’ai fait. »

La chose d'un autre monde
Scientifiques contre militaires : Robert Cornthwaite, Margaret Sheridan et Kenneth Tobey dans La Chose d’un autre monde de Christian Nyby et Howard Hawks

Remake :
The Thing de John Carpenter (1982) avec Kurt Russell.

3 août 2018

Star Trek : Sans limites (2016) de Justin Lin

Titre original : « Star Trek: Beyond »

Star Trek: Sans limitesDe retour de mission, l’Enterprise et son équipage sont au repos sur la station spatiale Yorktown. Arrive un petit vaisseau qui demande de l’aide : son occupante, Kalara, dit avoir été obligée laisser son équipage sur une planète isolée. Kirk accepte la mission d’aller secourir l’équipage dans une nébuleuse inexplorée…
Co-écrit par Doug Jung et Simon Pegg, Star Trek : Sans limites est le treizième film de l’univers Star Trek, le troisième de la récente série reboot, c’est-à-dire qu’il se situe chronologiquement avant les évènements du tout premier film de 1979. Cette fois, J.J. Abrams produit et a laissé la place de réalisateur à Justin Lin connu pour ses films d’action. L’esprit général est bien respecté mais on peut regretter une fois de plus la grande place laissée aux scènes de combats, un peu confuses. Autre changement notable : alors que la série a toujours eu un pied dans la réalité scientifique, il ne faut pas chercher ici la vraisemblance des différents évènements. Par exemple, la façon de faire redécoller le vaisseau est vraiment grotesque (et ce n’est qu’un exemple…) Pour être indulgent, on peut parler d’humour ; faut-il y voir la marque de Simon Pegg?  Sur le plan des décors, la station spatiale est assez remarquable, elle utilise parfaitement l’environnement de Dubaï où le tournage s’est déroulé. L’ensemble est plaisant.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Chris Pine, Zachary Quinto, Karl Urban, Zoe Saldana, Simon Pegg, Idris Elba, Sofia Boutella
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Star Trek Beyond
Zachary Quinto, Sofia Boutella et Karl Urban dans Star Trek: Sans limites de Justin Lin.

12 juillet 2018

Ikarie XB 1 (1963) de Jindrich Polák

Ikarie XB 1En 2163, le vaisseau spatial Ikarie XB-1 est lancé vers Alpha du Centaure autour de laquelle orbite une « planète blanche » supposée abriter la vie. A son bord, une quarantaine de scientifiques de plusieurs pays doivent apprendre à vivre ensemble…
Alors que les USA et l’URSS sont en pleine compétition pour la conquête spatiale, un budget important est consacré par le bloc de l’Est pour la production de cette adaptation d’un roman du polonais Stanislas Lem (l’auteur de Solaris). Film de hard SF (1) par excellence, Ikarie XB-1 met en scène certains principes ou théories scientifiques et aborde de façon très réaliste tous les problèmes pouvant se poser à bord d’un tel vaisseau. La vie quotidienne est ainsi minutieusement décrite, jusque dans les loisirs possibles. Tout cela est très crédible. Mais le plus étonnant est son aspect précurseur : impossible de ne pas penser à 2001 en voyant les intérieurs géométriques, les combinaisons spatiales ou l’ordinateur central, à Star Trek en voyant le poste de commande ou encore à Alien lors de l’exploration de la station abandonnée. Ikarie XB-1 a manifestement été une source d’inspiration pour bon nombre de films ou séries de science-fiction sur plusieurs décennies. La musique est, elle aussi, étonnante, une superbe tentative de créer une musique du futur, proche de la musique concrète ; elle contribue à créer un climat très puissant. Récemment restauré dans sa version d’origine tchèque qui avait été très peu vue en Occident avant 2005, Ikarie XB-1 est vraiment une petite merveille à découvrir.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Zdenek Stepánek, Frantisek Smolík, Dana Medrická, Irena Kacírková
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Ikarie XB 1
Ikarie XB 1

Remarques :
* Titrée Voyage to the End of the Universe, la version occidentale américaine est amputée d’environ dix minutes et la fin est totalement différente (attention : la fin est révélée ci-après, ne pas lire si vous préférez ne pas savoir à l’avance). La version tchèque montre la brève vision d’une planète densément peuplée et industrialisée. La version américaine montre… une vue de Manhattan, ce qui change complètement l’histoire puisque cela signifie que l’Ikarie était en réalité d’origine extra-terrestre. La version américaine ne parle d’ailleurs pas d’une « planète blanche » à trouver mais d’une « planète verte » (rappelons qu’avant les images par satellite, on pensait que la Terre vue de l’espace serait verte).

* L’exploration de la station abandonnée fournit l’occasion d’une caricature vraiment grossière du capitalisme, tellement ridicule qu’elle en devient amusante (à noter que la version américaine a coupé une bonne partie de ces scènes).

Ikarie XB1Beau clin d’oeil à Planète interdite (1955) : l’un des scientifiques a emporté un robot vieille génération auquel il est attaché malgré ses nombreux dysfonctionnements dans Ikarie XB 1 de Jindrich Polák.

(1) Le terme Hard SF désigne la science-fiction particulièrement conforme aux connaissances scientifiques du moment.

14 décembre 2017

Starman (1984) de John Carpenter

StarmanEncouragé par les messages de bienvenue portés par Voyager 2, un extra-terrestre arrive sur la planète Terre. Son vaisseau ayant été endommagé, il demande à une jeune femme de l’accompagner jusqu’à un point de rendez-vous à 3000 kms de là. Pour cela, il prend la forme de son défunt mari… Starman est un film qui surprend dans la filmographie de John Carpenter. Le réalisateur avait besoin d’un succès pour se remettre en selle et a accepté cette commande. Le scénario est visiblement inspiré de Rencontres du troisième type dont il reprend l’idée pour se concentrer sur la relation intimiste entre l’extraterrestre et la femme forcée de le transporter. Il s’installe ainsi une étrange relation entre ces deux êtres fondamentalement différents mais le scénario est un peu paresseux et reste sur des notions très simples et très classiques, telle la force de l’amour (que l’humain est le seul à avoir découvert dans tout l’univers). On peut juste dire que les intentions sont louables. Le meilleur reste le début du film où Jeff Bridges installe brillamment son personnage de Candide mais la suite est vraiment trop répétitive et prédictible.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Jeff Bridges, Karen Allen, Charles Martin Smith
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Remarques :
* La Columbia avait le choix entre les scénarios de Starman et de E.T. et a choisi le premier. Après le succès d’ E.T. dès sa sortie en 1982, Starman est resté plus de deux ans au placard avant que le studio ne se décide à le sortir.

* Le cratère de l’épilogue est bien situé près de Winslow, Arizona. Vu de haut sous Google Maps, il ressemble vraiment à un cratère lunaire : plus de 1 km de diamètre, une profondeur de 170 mètres, il fut créé par la chute d’un objet de 50 mètres de large il y a 50 000 ans. A l’époque, la région était recouverte d’une végétation luxuriante (ce n’est plus le cas aujourd’hui!)

* En 1986, la Columbia a tenté de prolonger le film par une série TV basée sur l’enfant né du couple qui avait des pouvoirs paranormaux. Ce fut un échec.

Starman
Jeff Bridges montre à Karen Allen où est sa maison dans Starman de John Carpenter.