9 juillet 2017

Star Trek: Premier Contact (1996) de Jonathan Frakes

Titre original : « Star Trek: First Contact »

Star Trek: Premier ContactCréatures à la fois organiques et mécaniques formant une seule entité, les Borgs se dirigent vers la Terre pour «l’assimiler». Ils remontent dans le temps pour empêcher le premier contact des terriens avec une civilisation extraterrestre et ainsi changer le cours de l’histoire. Le capitaine Picard parvient à les suivre et compte bien les empêcher d’agir… Star Trek: Premier Contact est assez largement tenu pour être un des meilleurs films Star Trek. Comme l’affirmait Hitchcock, c’est le « méchant » qui donne à un film tout son impact et la Reine des Borg est sans aucun doute l’adversaire le plus marquant de la série (après Kahn, tout de même). Le scénario n’est pas vraiment très riche même s’il se déroule simultanément en deux endroits : sur Terre en 2063 et à bord de l’Enterprise où la chasse aux Borgs a un petit parfum d’Alien. On ne peut échapper aux poncifs hollywoodiens (l’inventeur du warp drive est un grand échalas hirsute qui ingurgite de grandes quantités de gnôle en écoutant du rock & roll, bref un vrai américain version terroir) mais il y a quelques bonnes idées, ne serait-ce que la cause de ce premier contact. Malgré la gravité de la situation, il y a beaucoup d’humour, telle cette scène où la charmante Troi prend une cuite mémorable. A l’instar de Leonard Nimoy une décennie plus tôt, Jonathan Frakes (l’interprète du second Rikes) passe derrière la caméra pour une réalisation certes sans éclat mais adéquate. Le bilan reste positif : Star Trek: Premier Contact est un très bon film de la série.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Patrick Stewart, Jonathan Frakes, Brent Spiner, James Cromwell, Alice Krige
Voir la fiche du film et la filmographie de Jonathan Frakes sur le site IMDB.

Voir les autres films Star Trek chroniqués sur ce blog…

Star Trek Premier Contact
Retour aux sources : la précédente version de l’Enterprise ayant été crashée (même la maquette était endommagée) dans l’épisode précédent, bienvenue dans l’Enterprise-E au design plus proche de la série originale.

Star Trek Premier Contact
Neal McDonough, Jonathan Frakes, Patrick Stewart et Brent Spiner dans Star Trek: Premier Contact de Jonathan Frakes.

Star Trek Premier contact
Alice Krige (la Reine des Borgs) et Brent Spiner dans Star Trek: Premier Contact de Jonathan Frakes.

Star Trek Premier Contact
James Cromwell (l’inventeur déjanté), Jonathan Frakes et Marina Sirtis dans Star Trek: Premier Contact de Jonathan Frakes.

Star Trek Premier Contact
Neal McDonough, Patrick Stewart et Michael Dorn dans Star Trek: Premier Contact de Jonathan Frakes.
(non non, la photo est à l’endroit…)

3 réflexions sur « Star Trek: Premier Contact (1996) de Jonathan Frakes »

  1. Pour ma part, cet opus me laisse mitigé.

    OK, le scénario n’est pas moins élaboré que dans les autres films, il est proprement réalisé et compte quelques moments de bravoure et quelques bonnes idées.

    Mais j’avoue avoir par moments hurlé mentalement, car il fait ce qu’aucun autre film n’avait fait : il se place en contradiction frontale soit avec un principe élémentaire de l’univers Star Trek, soit en rupture avec tout le schéma narratif construit au fil des saisons de la série TNG (Star Trek – The Next Generation).

    1) Commençons par la trahison invraisemblable des principes élémentaires de Starfleet : les officiers de l’Enterprise savent tous très bien qu’il faut interagir le moins possible avec le passé et que le point le plus crucial est de ne donner aucune info « par anticipation » à quiconque dans le passé. C’est un aspect absolument rigide et absolu dans tous les épisodes de la série originale et de TNG où intervient un voyage dans le temps (et aussi dans la série Voyager dont j’ai vu quelques épisodes dont l’un avec un tel voyage involontaire dans le temps), tout comme dans le film « Retour sur Terre ». Jusqu’ici, même si les scénaristes des deux premières séries ont un peu abusé des voyages dans le temps, ils ont toujours fait respecter cette règle très scrupuleusement à leurs personnages.

    Or ici, patatras et grand-guignol : que Deanna soit obligée de révéler quelques éléments à « l’inventeur déjanté », passe encore puisqu’elle n’a pas vraiment le choix, mais dans ce cas l’usage est d’en révéler le moins possible. Mais que Geordi d’abord (avec moult détails !) puis Riker ensuite, donnent un foultitude d’informations à « l’inventeur déjanté » sur ce que sera son avenir, c’est affligeant. Réellement affligeant : c’est un manque de respect pour 10 ans de séries et pour les spectateurs. Pas très grave mais grand-guignol et affligeant.

    2) Un autre point semble intéressant hors-contexte (et semble vous avoir plu) mais m’a profondément déçu voire déprimé : le fait d’affubler les Borgs d’une sorte de reine, d’une individualité centrale qui les contrôlerait depuis le début. C’est indiscutablement utile pour le déroulé du scénario de ce film, certes, et elle est réussie sur ce point. Mais c’est une trahison profonde et irrémédiable de l’idée géniale qui faisait des Borgs une menace terrifiante et unique.

    Sur la forme, c’est clairement une trahison : depuis leur apparition, les Borgs sont précisément et impérativement définis par le fait qu’ils forment une société de type anarchiste et en réseau, avec une identité collective, très précisément et impérativement sans aucun commandement centralisé. Cette absence de centralisation définit les Borgs : la balayer supprime tout ce qui faisait de ce peuple une menace terrifiante. Ce fonctionnement absolument unique dans l’univers Star Trek rendait la menace Borg particulièrement effrayante : ils sont impossibles à abattre, puisque le fait d’éliminer un individu ne fragilise en rien un vaisseau, et éliminer un vaisseau ne supprime en rien la menace du groupe. Cette capacité de régénérer tout vaisseau à partir d’une de ses parties, d’avoir des sources d’énergie décentralisées qui peuvent être remplacées par une dérivation des autres, d’avoir des combattants totalement autonomes et capables d’agir sans en référer à un chef et en se remplaçant tout en s’adaptant immédiatement aux armes utilisées : toute cette logique de réseau et de décision « anarchiste » (au sens en réalité très organisé du concept politique) les rendait quasiment invicibles.

    Invincibles… sauf à les subvertir par contamination en réseau : c’est précisément l’idée absolument géniale et magnifique de l’épisode I, Borg de la série TNG (dont le titre est en outre un clin d’œil à Asimov). Dans cet épisode, un Borg blessé et soigné sur l’Enterprise est destiné à être renvoyé infecté aux Borgs pour servir à leur insu de « virus » qui va contaminer électroniquement leur réseau — ce qui est déjà une idée brillante. Et le fait qu’au contact de l’équipage humain et grâce à une relation amicale avec Geordi il développe de façon inattendu un sentiment de singularité (il apprend, premier des Borgs à cela, à penser « je » et non plus « nous ») en fait tout simplement l’un des plus beaux épisodes de la série (et change bien sûr la nature de la « subversion du réseau » décidée à la fin de l’épisode).

    Or, si les Borgs avaient depuis le début une reine qui pense « je », c’est TOUT l’édifice scénaristique autour de ce peuple qui s’effondre. Non seulement cela détruit ce qui en fait une menace terrifiante (car insaisissable d’une part, et incapable à comprendre pour les humains d’autre part), mais en outre cela détruit à rebours tout ce qui faisait le sel des épisodes où ils apparaissaient. En particulier, le formidable, imprévisible et bouleversant passage du « nous » au « je » dans l’épisode I, Borg n’a plus aucun sens, aucune raison d’être, et donc l’un des meilleurs épisodes de la série est anihilé à rebours.

    Alors OK, ça arrive même au sein de la série qu’il y ait ce type de contradiction d’une saison à l’autre (par exemple, justement un double épisode avec les Borgs, où Data agit d’une manière totalement contradictoire avec tout ce qui le fonde, anihilant à rebours la confiance absolue que nous avons appris à placer en lui : malgré la réhabilitation finale j’ai trouvé ce double épisode mauvais et néfaste à la série, notamment en affaiblissant terriblement l’écriture jusqu’ici parfaite du personnage de Data). Mais que ce soit arrivé dans la série n’est pas une raison. D’autant moins qu’on peut toujours « minimiser » un épisode en considérant qu’il est un « écart à la norme » oubliable, mais on ne peut pas minimiser un film qui focalise la série.

    3) Reste un « écart » plus discutable : l’entêtement bête du capitaine Picard. Je n’approuve pas ce choix de scénario, qui trahit là encore 7 ans de construction cohérente de la psychologie du capitaine. Mais bon, je peux comprendre qu’on défende cette trahison au motif qu’elle le place dans une analogie avec le capitaine Achab de Moby Dick, et qu’on puisse considérer que c’est un moment d’égarement. L’analogie littéraire avec Achab (qui est en soi l’une des bonnes idées de ce film, certes !) peut justifier ce type de choix, même si je persiste à penser que ce qui marcherait dans un film isolé (sans rapport avec une série) pose problème lorsque ça conduit à faire tomber un édifice de cohérence psychologique construit patiemment pendant 7 ans. Picard peut être autoritaire, cassant, voire colérique ponctuellement. Mais entêté et irrationnel, et sacrifiant des vies de son équipage : non.

    Bref, OK, un film pas mauvais pris isolément, qui se regarde bien, qui s’enchaîne efficacement. Mais gênant lorsqu’on a en « fond culturel » la série qu’il est censé prolonger et qu’il trahit plusieurs fois. Pour moi c’est l’un des moins bons de la suite de films issus de cet univers. Bien meilleur que le pathétique « L’ultime frontière », quand même, mais pas très bon.

  2. Ces petites « trahisons » ne m’avaient apparemment pas choqué. Je n’ai plus tous les détails du film en tête mais, sur le thème de la modification du passé, il me semble que les membres de l’Entreprise cherche à rétablir le passé tel qu’il était, ce sont les Borgs qui veulent le modifier.
    Qu’il y ait une reine des Borgs ne me choque pas vraiment. A partir du principe établissant que les Borgs sont une entité unique, celle-ci peut être personnifiée par l’un d’entre eux (tout comme Picard parlait au nom des Borgs lorsqu’il a été capturé par eux dans la série). Elle peut même dire « je »… tant qu’il n’est pas question de hiérarchie (sauf peut-être sur des éléments en cours d’assimilation).
    Mais, comme je le disais, je n’ai plus tous les détails en tête…

  3. Oui vous avez raison, l’équipage de l’Enterprise veut « protéger » le passé contre sa modification par les Borgs, mais justement : pour ça, il faut rétablir les circonstances historiques mais ne surtout pas donner d’informations sur ce qui va suivre. C’est un schéma qu’on retrouve plusieurs fois dans la série, et déjà dans un film précédent. Mais à chaque fois la doxa est très claire et impérative : en dire le moins possible (en fait normalement ne rien dire, mais tout le « jeu » du scénario est de placer les personnages dans une situation où ils sont découverts… et donc précisément le ressort scénaristique de base est de voir comment ils vont s’en sortir en en disant le moins possible). Là, Geordi puis Riker sont plus que bavards, c’est tout simplement n’importe quoi. S’il n’y avait que ça, j’aurais dit « oh, là ils ont été un peu légers », et n’y aurais pas accordé plus d’importance que ça. Mais comme il y a les autres entorses aux canons de Star Trek et qu’elles s’entrecroisent en trames narratives parallèles, il y a un moment où j’ai trouvé que les bavardages de Geordi et Riker devenaient énervants.

    Pour ce qui est de la reine des Borgs, justement elle n’est pas juste une expression du collectif comme l’était Locutus/Picard *, ce qui rendrait votre remarque parfaitement pertinente. Elle est au contraire présentée dans le film comme la créatrice des Borgs, comme l’impulsion initiale et celle qui les dirige depuis toujours. Et donc ça fait s’effondrer tout l’édifice, ça efface ce qui définissait les Borgs dans l’univers Star Trek **.

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    * Je reconnais que la construction scénaristique était itérative et progressive. Vous soulignez que dans l’épisode double où Picard avait été assimilé, il se présentait comme « Locutus, des Borgs », ce qui était une forme de conscience singulière… et donc l’absence de conscience individuelle qui est au cœur du magnifique épisode I, Borg n’était pas si nette lors des premières apparitions des Borgs. Mais justement : les caractéristiques des Borgs s’affinaient au fil des épisodes, de façon cohérente et linéaire à partir de la prémisse fondamentale : une entité collective sans chef. La manière de décliner cette caractéristique pouvait évoluer, OK, mais toujours dans le but de préciser et renforcer ce fait primordial : une entité collective sans chef, une société guerrière anarchiste en réseau, qui assimile les peuples conquis et les détruit totalement s’ils résistent.

    Lorsque les scénaristes ont décidé de prêter aux Borgs une incapacité à penser « je » et à avoir des noms propres, c’était un changement par rapport à l’épisode avec Locutus/Picard (vous avez raison, la mise en scène des Borgs avait déjà évolué), mais un changement cohérent (en continuité) et qui affinait la prémisse. Les changements allaient tous dans le même sens : affiner l’idée géniale d’un peuple en réseau sans chef.
    Lorsque ce film décide de donner aux Borgs une reine qui les dirige depuis le début, c’est un retour en arrière par rapport à l’affinage précédent (donc déjà ça crée une rutpure de cohérence) mais surtout ça sape les fondements-mêmes des Borgs, ça supprime leur apport unique dans la série, ça tourne le dos à l’idée géniale d’un peuple en réseau sans chef.
    Ça m’attriste, et les Borgs ne sont plus qu’un ennemi comme les autres.

    ** Vu la manière dont le film s’achève, et vu qu’il ne s’agit que d’un « cube » Borg parmi un immense empire, je suppose qu’on peut s’autoriser la licence poétique de considérer qu’elle était seulement « la reine de ce cube-ci », qu’elle avait initié « uniquement ce groupe et non pas l’empire borg », et que le ressort d’un peuple en réseau sans chef pourra être repris par la suite pour les autres Borgs. Nous pouvons nous autoriser cette pirouette pour escamoter l’incohérence et la réduire à un rôle de parenthèse, finalement ce n’est donc pas si grave.

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    En fait, mes critiques de ce film relèvent d’une exigence de cohérence avec la série et c’est bien sûr un point de vue qu’on peut récuser.

    Mais cette exigence est la conséquence naturelle d’une immersion dans un « univers » narratif cohérent, construit patiemment pendant des années. C’est que cette deuxième série de films doit composer avec une situation inédite : se placer en continuité immédiate et directe de la série TNG. De ce fait, il est normal (selon moi) d’en attendre un respect de cette continuité, et donc d’être déstabilisé par des ruptures de cohérence.

    Le problème n’existait pas avec la première série de films, qui ont été tourné si longtemps après la série originelle qu’il n’y avait plus de continuité. Les premiers films « reformaient l’équipage de la série originelle 15 ans plus tard ». Ils avaient été dispersés. Ils avaient fait autre chose. Entretemps il s’était passé beaucoup de choses, humainement et politiquement, dans les quadrant alpha et beta. Les évènements des premiers films formaient donc des trames à part. C’était plus simple.

    Ici au contraire, nous reprenons le même équipage, opérationnel (sauf Worf qui dirige maintenant un autre vaisseau), qui poursuit simplement la série sans délai, sans rupture temporelle. J’en attends un minimum de continuité. C’est peut-être un tort, mais ça s’impose à ma « lecture » des films.

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