25 novembre 2017

La Loi du silence (1953) de Alfred Hitchcock

Titre original : « I Confess »

La Loi du silenceA Québec, un immigré allemand Otto Kluger, déguisé en prêtre, tue un avocat pour lui voler son argent. Il va ensuite se confesser auprès du prêtre qui l’emploie… Tourné juste après L’Inconnu du Nord-Express, La Loi du silence, beaucoup moins connu, semble en prolonger le thème : il s’agit une nouvelle fois d’une histoire de transfert de culpabilité. En se confessant, le meurtrier se décharge du crime et c’est le prêtre qui en porte le poids. Hitchcock crée une atmosphère lourde, pesante, austère, sans aucun des traits d’humour dont il est coutumier. Le film n’a pas fonctionné auprès du public et d’une bonne partie de la critique qui a situé le suspense sur la question de savoir si le prêtre allait ou non parler et a fini par trouver cela ridicule. Or, le suspense ne peut être là : Hitchcock a été élevé chez les jésuites et il a considéré que tout le monde savait qu’il ne pouvait parler. Non, le suspense est créé par l’emboitement assez terrifiant des évènements et par le postulat qu’il ne peut parler. La Loi du silence est ainsi un film d’une grande intensité, l’interprétation très sérieuse de Montgomery Clift (trop sérieuse selon le réalisateur qui ne s’est pas bien entendu avec son acteur principal) n’étant pas étrangère à cette intensité.
Elle: 4 étoiles
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Montgomery Clift, Anne Baxter, Karl Malden, Brian Aherne
Voir la fiche du film et la filmographie de Alfred Hitchcock sur le site IMDB.

Voir les autres films de Alfred Hitchcock chroniqués sur ce blog…

Voir les livres sur Alfred Hitchcock

Remarques :
* Le scénario est adapté d’une « mauvaise pièce » (ce sont les mots de François Truffaut lorsqu’il interroge Hitchcock à ce sujet) de Paul Anthelme (1902) intitulée « Nos deux consciences ». C’est Louis Verneuil qui l’a indiquée (et vendue) à Hitchcock.
* Au départ, Hitchcock voulait jouer avec les accents : allemand pour Otto Kruger, français pour les autochtones, suédois pour l’actrice principale. Mais lorsque l’actrice suèdoise Anita Björk est arrivée en Amérique avec son amant et un bébé illégitime, les dirigeants de la Warner ont pris peur qu’un nouveau scandale suédois éclate (après l’affaire Ingrid Bergman / Rossellini dont ils étaient à peine remis). Tout ce petit monde fut donc remis prestement sur le bateau et Anne Baxter fut choisie pour la remplacer.
* Cameo : impossible de rater Alfred Hitchcock marchant en haut des escaliers car c’est la première image du film.
* La fin initialement prévue au scénario était bien plus dramatique mais les producteurs ont jugé que l’image d’un prêtre pendu serait trop traumatisante.

I Confess
Brian Aherme et Montgomery Clift dans La Loi du silence de Alfred Hitchcock.

I Confess
Karl Malden et Montgomery Clift dans La Loi du silence de Alfred Hitchcock.

7 juillet 2016

L’Extravagant Mr Deeds (1936) de Frank Capra

Titre original : « Mr. Deeds Goes to Town »

L'extravagant Mr DeedsDans sa petite ville du Vermont, Longfellow Deeds est un homme simple. Soudainement héritier d’une immense fortune, il est la cible de profiteurs et de journalistes peu scrupuleux dès son arrivée à New York… L’Extravagant Mr Deeds (1936) forme avec Mr. Smith au sénat (1939) et L’homme de la rue (1941) une trilogie humaniste de Frank Capra. Le réalisateur a une indéfectible confiance en la nature humaine, il a cette vision un peu idéaliste où l’égoïsme, la jalousie, la cupidité doivent céder face à des sentiments plus nobles. Peu importe que le bien triomphe grâce à un retournement de situation aussi improbable qu’inespéré, le message d’optimisme est affirmé avec la force de la simplicité. On peut également déceler une dose de populisme dans l’exaltation du sens commun de l’homme ordinaire face aux prétendus savoirs des élites. Il faut replacer tout ce propos dans son contexte : le pays est alors en plein New Deal de Roosevelt qui va bouleverser en profondeur l’économie américaine. Gary Cooper, que Capra voulait absolument (le tournage fut retardé de six mois pour attendre que l’acteur soit libre), est superbe. Les seconds rôles sont également bien définis comme en témoigne la scène du procès. La mise en scène de Capra montre de belles trouvailles et l’ensemble allie joliment puissance et légèreté. Le film connut un très grand succès.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Gary Cooper, Jean Arthur, George Bancroft, Lionel Stander, Douglass Dumbrille
Voir la fiche du film et la filmographie de Frank Capra sur le site IMDB.

Voir les autres films de Frank Capra chroniqués sur ce blog…

Voir les livres sur Frank Capra

Remarques :
* Comme on peut le voir sur l’affiche ci-dessus, Harry Cohn (patron de la Columbia) a pour la première fois autorisé un metteur en scène à mettre son nom au dessus du titre (du fait de l’immense succès de son film It Happened One Night deux ans auparavant).

* Une suite a été envisagée avec les mêmes acteurs Mr. Deeds Goes to Washington mais le projet évolua pour donner Mr. Smith Goes to Washington (1939) avec James Stewart à la place de Gary Cooper.

* Frank Capra reçut son second Oscar du meilleur réalisateur (au cours de sa carrière, il en aura 3 pour It Happened One Night (1934), Mr. Deeds Goes to Town (1936) et You Can’t Take It with You (1938)).

* Le terme to doodle (= griffonner sur une feuille en pensant à autre chose) inventé par le scénariste de Capra, Robert Riskin, est passé dans le langage courant.

Mr Deeds goes to town
Gary Cooper et Jean Arthur dans L’Extravagant Mr Deeds de Frank Capra.

* Remake (peu réussi) :
Les aventures de Mister Deeds (Mr. Deeds) de Steven Brill (2002) avec Adam Sandler, Winona Ryder, et John Turturro.

19 février 2016

Le mort qui marche (1936) de Michael Curtiz

Titre original : « The Walking Dead »

Le Mort qui marcheUn petit groupe de politiciens escrocs font condamner à mort un innocent pour le meurtre d’un juge. L’homme est ramené à la vie par un médecin-chercheur… Le mort qui marche est une belle tentative de la part de la Warner de mêler le film de gangsters, grande spécialité du studio dans les années trente, et le film fantastique, genre particulièrement en vogue depuis le succès de Frankenstein. D’ailleurs, la scène où l’homme est littéralement ressucité dans le laboratoire n’est pas sans rappeler le célèbre film des studios Universal. Le résultat est assez réussi. Marguerite Churchill n’a pas une grande présence à l’écran mais tel n’est pas le cas de Ricardo Cortez, joliment haïssable en avocat véreux, et bien entendu de Boris Karloff qui fait une très belle prestation, comme d’habitude aurait-on envie d’ajouter. Il sait exprimer une certaine fragilité qui rend son personnage attachant. Sa démarche est absolument sans pareille, autant naturelle que zombie-esque. La réalisation Michael Curtiz, qui tournait dans les années trente quatre à six films par an et dans tous les genres, est de bonne facture. Peu connu, Le mort qui marche mérite d’être découvert.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Boris Karloff, Ricardo Cortez, Edmund Gwenn, Marguerite Churchill, Warren Hull, Barton MacLane
Voir la fiche du film et la filmographie de Michael Curtiz sur le site IMDB.

Voir les autres films de Michael Curtiz chroniqués sur ce blog…

Remarque :
Le (superbe) morceau joué par Boris Karloff au piano est Kamennoi-Ostrow d’Anton Rubinstein. Pour le reste, la musique a été composée par Bernhard Kaun, compositeur-arrangeur de la musique de très nombreux films des années trente.

The Walking Dead
Boris Karloff et Marguerite Churchill dans Le Mort qui marche de Michael Curtiz.

1 février 2016

Assassins et voleurs (1957) de Sacha Guitry

Assassins et voleursUn riche oisif surprend un cambrioleur au moment où il pénètre chez lui et lui demande de l’aider à se suicider. Il lui raconte pourquoi il a décidé d’en finir… Assassins et voleurs est l’avant-dernier film de Sacha Guitry qui était alors déjà très malade. L’histoire est autant farfelue qu’improbable, un enchaînement délirant de situations que Guitry a avoué avoir imaginé sous l’effet des piqûres de morphine. Il est difficile de ne pas voir des allusions à son arrestation arbitraire à la Libération dans la partie reposant sur le thème du faux coupable et dans les scènes de caricature de procès. On retrouve, comme toujours, sa verve brillante dans cette apologie franchement amorale du vol, du meurtre et de l’adultère. Il avait écrit le film avec Michel Simon en tête mais il a fini par jeter son dévolu sur le tandem Poiret et Serrault, le premier tenant le rôle principal, celui qui dispense les mots d’esprit, celui que Guitry aurait tenu s’il avait pu. Darry Cowl fait une petite apparition, nous gratifiant d’un beau numéro visiblement improvisé dans le tribunal, une scène où acteurs et figurants sont tous hilares.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Jean Poiret, Michel Serrault, Magali Noël, Darry Cowl
Voir la fiche du film et la filmographie de Sacha Guitry sur le site IMDB.

Voir les autres films de Sacha Guitry chroniqués sur ce blog…

Voir les livres sur Sacha Guitry

Remarque :
* Certaines scènes auraient été tournées par Clément Duhour (l’acteur qui tient le rôle du mari).

Assassins et voleurs
Jean Poiret et Michel Serrault dans Assassins et voleurs de Sacha Guitry.

9 juillet 2014

Abus de confiance (1937) de Henri Decoin

Abus de confianceA la mort de sa grand-mère, la jeune Lydia se retrouve orpheline. Elle a bien du mal à continuer ses études de droit et accumule les dettes. Sa seule amie lui conseille de se faire passer pour la fille naturelle d’un écrivain connu. Elle refuse tout d’abord mais ne pouvant trouver de travail, elle finit par accepter… Abus de confiance est le deuxième film d’Henri Decoin avec sa jeune épouse Danielle Darrieux, alors âgée de 20 ans. Plus que l’intrigue, c’est la condition sociale de cette étudiante sans le sou qui a visiblement intéressé Decoin. Il nous la montre très vulnérable, en proie à tous les profiteurs libidineux qui tentent d’abuser d’elle. Il veut nous montrer qu’elle est presque forcée d’en venir à l’escroquerie… Le final est de toute beauté avec une plaidoirie magistrale de la jeune avocate contre la pauvreté. Abus de confiance est finalement un film très humaniste. La réalisation d’Henri Decoin est assez classique, sans grand éclat mais il sait nous gratifier de quelques très beaux gros plans de son actrice préférée.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Danielle Darrieux, Charles Vanel, Valentine Tessier, Pierre Mingand
Voir la fiche du film et la filmographie de Henri Decoin sur le site IMDB.
Voir les autres films de Henri Decoin chroniqués sur ce blog…

Voir les livres sur Henri Decoin

Remarques :
* L’histoire est de Pierre Wolff qui a également écrit les dialogues. L’adaptation a été écrite par Henri Decoin et Jean Boyer.
* Comme l’a fait remarquer de façon amusante le critique d’un magazine bien connu, la silhouette de Danielle Darrieux qui déambule dans les rues avec son grand ciré noir n’est pas sans faire penser à celle de Michelle Morgan de Quai des Brumes que Carné tournera l’année suivante… Le ciré noir était (a toujours été ?) assez prisé des cinéastes car très photogénique. On pourrait citer aussi comme exemple Simone Simon dans La Bête humaine de Renoir, tourné également l’année suivante.

8 août 2013

Roxie Hart (1942) de William A. Wellman

Titre en Belgique : « La Folle Histoire de Roxie Hart »

Roxie HartUn journaliste raconte à ses compagnons de bar l’affaire Roxie Hart qui eut lieu à la fin des années vingt : une jeune danseuse s’était laissée accuser d’un meurtre qu’elle n’avait pas commis, juste pour profiter de la publicité que lui ferait cette affaire… Roxie Hart est la deuxième des trois adaptations de la pièce Chicago de Maurine Dallas Watkins. L’adaptation est ici signée Nunally Johnson. Il s’agit d’une comédie fort bien faite, une satire des média, en l’occurrence les journaux, qui ne font que rechercher le sensationnel. La mise en place est assez lente mais rapidement l’histoire dérive vers le loufoque. Les scènes de prison sont assez farfelues mais c’est lorsqu’arrive le procès que le film de William Wellman prend une toute autre dimension : on est alors largement dans le loufoque, on se croirait presque dans un film des Marx Brothers. Ainsi, en plus d’une satire des media, Roxie Hart est également une satire de la justice. Adolphe Menjou et surtout Ginger Rodgers sont excellents, l’actrice montrant dans ce type de rôle de comédie une aisance au moins égale à celle dont elle fait preuve dans ses rôles dramatiques. De plus, elle nous gratifie de deux courts numéros de danse. Malgré un épilogue assez ridicule (plus ou moins imposé par la censure), l’ensemble est réussi et très amusant.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Ginger Rogers, Adolphe Menjou, George Montgomery, Lynne Overman, Nigel Bruce, Phil Silvers
Voir la fiche du film et la filmographie de William A. Wellman sur le site IMDB.

Voir les autres films de William A. Wellman chroniqués sur ce blog…

Remarques :
* Stanley Kubrick aurait listé ce film parmi ses dix films préférés.
* Le film n’est jamais sorti en France.
* Maurine Dallas Watkins, l’auteur de la pièce Chicago écrite en 1926, était elle-même journaliste.
* Roxie Hart est basé sur une histoire vraie, celle de Beulah Annan dont le procès eut lieu en 1924. Le scénario de Nunally Johnson s’en éloigne toutefois pour se conformer au Code Hays : dans cette version, Roxie n’a pas réellement tué.

Les autres versions :
Chicago de Frank Urson (1927) avec Phyllis Haver (produit par Cecil B. DeMille)
Et après la transformation en comédie musicale à Broadway en 1975 :
Chicago de Rob Marshall (2002) avec Renée Zellweger et Catherine Zeta-Jones (comédie musicale)

4 février 2013

The Manxman (1929) de Alfred Hitchcock

The Manxman(Film muet) Sur l’île de Man, Pete est amoureux de la jeune Kate sans se rendre compte que Philip, son ami d’enfance, en est aussi très épris. Pete décide de partir faire fortune à l’étranger pour pouvoir l’épouser et demande à son loyal ami Philip de veiller sur elle en son absence… The Manxman (= « l’homme de l’île de Man ») est le dernier film muet d’Hitchcock. Adaptation d’un roman à succès de Sir Hall Caine, il s’agit d’un mélodrame certes très classique mais fort bien mis en scène par le réalisateur anglais, bien qu’il l’ait plus tard jugé comme étant un film « très ordinaire », et ajoute-t-il « sans humour ». L’atmosphère des îles anglaises est bien transcrite à l’écran avec ce mélange d’isolement et d’autarcie (1). C’est le second film d’Hitchcock avec l’acteur danois Carl Brisson qui montre ici une belle présence à l’écran. Ses plans en « regard caméra » sont étonnants d’intensité. Mais c’est la belle Anny Ondra qui attire les regards : c’est la toute première « blonde hitchcockienne » (elle tournera également dans le célèbre Blackmail, le film suivant du réalisateur). The Manxman est un film fort bien réalisé ; ses faiblesses se trouvent plutôt du côté du scénario, vraiment très conventionnel. Moins connu que The Lodger, le film est à classer parmi les meilleurs films muets d’Hitchcock.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Carl Brisson, Malcolm Keen, Anny Ondra
Voir la fiche du film et la filmographie de Alfred Hitchcock sur le site IMDB.

Voir les autres films de Alfred Hitchcock chroniqués sur ce blog…

Remarques :
* The Manxman est l’un des rares films où Hitchcock ne fait pas sa traditionnelle apparition en figurant.
* Serait-ce une facétie du réalisateur ? La phrase la plus importante du film prononcée par Anny Ondra, à un des moments les plus tragiques, n’a pas d’intertitre. On doit donc la deviner (ou la lire sur les lèvres : « Philip, I am going to have a baby ») et nous n’en n’avons confirmation que quelques minutes plus tard grâce à un intertitre d’un autre personnage !

(1) En réalité, le film a été tourné dans le village de Polperro dans les Cornouailles.

27 janvier 2013

The star witness (1931) de William A. Wellman

The Star WitnessUne famille assiste à l’assassinat d’un policier par un gangster. Tous l’ont vu de près et permettent ainsi à la police de l’identifier. Le caïd est arrêté mais il doit passer en jugement. C’est alors que le gang du malfrat s’en prend à la famille… En 1931, des voix commençaient à s’élever pour reprocher à Hollywood, et plus principalement à la Warner, de faire l’apologie du gangstérisme. Wellman avait d’ailleurs réalisé quelques mois plus tôt Public Enemy qui avait eu beaucoup de succès. Avec The Star Witness (= le témoin clé), la Warner désirait montrer sa bonne volonté pour participer à la lutte contre la criminalité organisée. Il s’agit donc ici d’encourager les citoyens à aider la police (1) et le moins que l’on puisse dire est que le propos est très appuyé : gangsters vraiment abjects, scène d’intimidation vraiment brutale, discours moralisateurs et patriotiques tirant même sur la xénophobie. C’est le personnage du grand-père, un vétéran de la Guerre de Sécession interprété de façon exubérante par Charles « Chic » Sales (très grimmé puisqu’il était alors âgé de 45 ans), qui est principalement utilisé pour déclencher un sursaut patriotique. Malgré la rapidité de tournage, la réalisation de William Wellman est comme toujours très bonne. On remarquera une belle scène de fusillade vers la fin du film, vue au travers des barreaux d’un escalier, avec de beaux jeux d’ombres.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Walter Huston, Charles ‘Chic’ Sale, Grant Mitchell, Dickie Moore, Nat Pendleton
Voir la fiche du film et la filmographie de William A. Wellman sur le site IMDB.

Voir les autres films de William A. Wellman chroniqués sur ce blog…

Remarques :
* Il s’agit de l’adaptation d’une pièce de Lucien Hubbard.
* Le plus jeune des deux garçons est interprété par Dickie Moore qui, à 6 ans, en était déjà à son 16e film! Il tournera jusqu’en 1957 dans plus de 100 films. Il est d’ailleurs toujours en vie (en ce début 2013, il a 87 ans).

(1) The Star Witness fut d’ailleurs sorti un peu précipitamment alors que dans l’affaire d’une fusillade à Harlem,  où plusieurs enfants avait été tués, la police éprouvait des difficultés à obtenir des témoignages.

25 septembre 2012

L’étrangleur de Rillington Place (1971) de Richard Fleischer

Titre original : « 10 Rillington Place »

L'étrangleur de Rillington PlaceA Londres, en 1949, John Christie habite avec sa femme au rez-de-chaussée du 10 Rillington Place. Un jeune couple, Beryl et Tim Evans, emménage au 2e étage… Une fois de plus, Richard Fleisher se livre à une reconstitution fidèle : c’est ici l’affaire Christie/Evans qui secoua l’Angleterre de l’après-guerre, une affaire qui  a contribué à l’abolition de la peine de mort dans ce pays(1). Fleisher est allé tourner sur place, peu avant la démolition du quartier, pour mieux nous faire cerner la personnalité des deux principaux personnages. Car c’est bien à la psychologie des personnages que s’intéresse Richard Fleisher. Le plus terrifiant dans cette affaire est que cet étrangleur n’agit pas de façon particulièrement intelligente, il dissimule bien mal ses crimes et pourtant il a réussi à tromper la justice, même s’il serait plus exact de dire qu’elle s’est bernée elle-même. Cette affaire soulève de nombreuses questions dont, bien entendu, celui de la peine capitale. Belles prestations d’acteurs, notamment de Richard Attenborough et de John Hurt.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Richard Attenborough, Judy Geeson, John Hurt, Pat Heywood
Voir la fiche du film et la filmographie de Richard Fleischer sur le site IMDB.
Voir les autres films de Richard Fleischer chroniqués sur ce blog…

Remarques :
>> Un site pour en savoir plus sur l’affaire : www.10-rillington-place.co.uk (en anglais).
Ce site expose bien les différentes versions, ce qui est vérifié et ce qui ne l’est pas. Il est aussi riche en photographies d’époques. On remarquera d’ailleurs avec quel soin Richard Fleisher a reconstitué certains environnements.

>> L’étrangleur de Rillington Place est basé sur le livre de Ludovic Kennedy (paru en 1961)  dont certains points ne sont pas absolument certains. Par exemple, on ne sait toujours pas avec certitude absolue qui a tué la fillette même si la version développée ici semble la plus plausible.

(1) En Grande-Bretagne, la peine de mort a été suspendue en 1965 puis définitivement abolie. C’est en effet dans ces années-là que l’affaire fut re-éxaminée : Timothy Evans fut gracié à titre posthume en 1966 soit 16 ans après son exécution.

6 septembre 2012

Une séparation (2011) de Asghar Farhadi

Titre original : « Jodaeiye Nader az Simin »

Une séparationEn instance de divorce, Simin quitte son mari Nader qui doit embaucher une personne pour veiller son père malade… Telle est la situation de départ de ce brillant film de l’iranien Asghar Farhadi, Une séparation, qui voit ensuite se développer une intrigue forte où la tension reste à son niveau maximal jusqu’à la fin. C’est un conflit entre deux couples de niveau social différent, complexifié par les tensions internes à chacun des couples. La situation est assez universelle, il n’y a que peu de spécificités à la société iranienne si ce n’est l’importance de la religion. Ce qui est remarquable dans l’approche d’Asghar Farhadi, c’est la façon avec laquelle il évite de prendre parti. Il sème l’incertitude et nous laisse la liberté de jugement et d’interprétation. La mise en scène est parfaitement maitrisée, de nombreuses scènes ont pourtant été tournées sur les lieux réels. L’interprétation est elle aussi remarquable. Une séparation est un drame humain intense.
Elle: 5 étoiles
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Peyman Moadi, Leila Hatami, Sareh Bayat, Shahab Hosseini, Sarina Farhadi
Voir la fiche du film et la filmographie de Asghar Farhadi sur le site IMDB.