22 octobre 2023

Nightmare Alley (2021) de Guillermo del Toro

Nightmare AlleyDans les années 1930 aux Etats-Unis, un homme mystérieux hanté par ses démons, Stanton Carlisle croise par hasard la route d’un cirque mêlant fête foraine et freak show. Embauché comme homme à tout faire, il se lie avec la clairvoyante Madame Zeena et son mari alcoolique qui lui enseigne tout sur l’art de la fausse télépathie…
Nightmare Alley est un thriller américain co-écrit et réalisé par Guillermo del Toro. Il s’agit d’une adaptation du roman Le Charlatan de William Lindsay Gresham, déjà brillamment adapté au cinéma sous ce nom par Edmund Goulding en 1947. Malgré la qualité de la réalisation, le soin porté aux décors et l’excellente interprétation des acteurs principaux et secondaires, je n’ai pas réussi à m’intéresser à cette histoire où tous les personnages sont plus ou moins détestables voire repoussants. Critiques et public lui ont cependant réservé un bon accueil, sans que le film ne soit toutefois un succès.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Bradley Cooper, Cate Blanchett, Toni Collette, Willem Dafoe, Richard Jenkins, Rooney Mara, Ron Perlman, Mary Steenburgen, David Strathairn
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Cate Blanchett et Bradley Cooper dans Nightmare Alley de Guillermo del Toro.


Précédente version :
Le Charlatan (Nightmare Alley) d’Edmund Goulding (1947) avec Tyrone Power et Joan Blondell.

24 mars 2020

L’arnaque (1973) de George Roy Hill

Titre original : « The Sting »

L'arnaque (The Sting)A Chicago, en 1936, Johnny Hooker et son acolyte Coleman volent sans le savoir le convoyeur de fonds de Doyle Lonnegan, un dangereux gangster de New York. Coleman est aussitôt abattu par le gang de ce dernier et Hooker se réfugie chez Henry Gondorff, un spécialiste de L’arnaque. Ceux-ci décident alors de venger la mort de Coleman en montant une escroquerie de grande ampleur pour mettre Lonnegan sur la paille…
Après le grand succès de Butch Cassidy et le Kid du même George Roy Hill (1969), la tentation fut grande pour les studios de réunir à nouveau le même tandem d’acteurs, les deux plus grands charmeurs d’Hollywood en ce début des années soixante dix, Paul Newman et Robert Redford. Ils se retrouvent parachuté de nouveau dans un contexte historique, cette fois plus récent, celui de la Grande Dépression. L’histoire est si alambiquée que le scénariste David S. Ward a choisi de détailler méthodiquement chaque phase de cette arnaque assez démesurée, ce qui a également pour effet de renforcer la notion de spectacle et le plaisir du spectateur. La reconstitution est soignée et le monde des gangsters est à la fois réaliste et onirique. L’ensemble est assez long, un peu ennuyeux et plutôt froid avec un beau twist final toutefois. L’énorme succès populaire de ce film commercial fut salué par sept Oscars.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Paul Newman, Robert Redford, Robert Shaw, Charles Durning, Ray Walston, Eileen Brennan
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Remarques :
* La musique, avec le célèbre morceau de Scott Joplin The Entertainer, déclencha la redécouverte du ragtime. A noter que la popularité première du ragtime (1900-1920) ne correspond pas vraiment à la période du film (1936).
* 11 000 dollars de 1936 (la somme dérobée au convoyeur de fonds) sont équivalents à 200 000 dollars de 2020. Et les 50 000 dollars de l’arnaque sont équivalents à près de 1 million de dollars actuels.
* Le nom du personnage de Robert Redford (Johnny Hooker) aurait été donné afin de rendre hommage au chanteur de blues John Lee Hooker. Les personnages de Henry Gondorff, J. J. Singleton, Kid Twist et Eddie Niles sont ceux de véritables escrocs américains du premier quart du XXe siècle : le film est en fait basé sur la vie des frères Charles et Fred Gondorff qui ont tenté une escroquerie similaire à celle montrée dans le film mais qui, elle, a échoué (1914) (dixit Wikipedia) .
* Le film a connu une suite :
L’arnaque 2 (The Sting II) de Jeremy Kagan avec Jackie Gleason et Mac Davis, jugé généralement très mauvais par ceux qui l’ont vu.

 L'arnaque (The Sting)Robert Redford dans L’arnaque (The Sting) de George Roy Hill.

 L'arnaque (The Sting)Paul Newman dans L’arnaque (The Sting) de George Roy Hill.

13 janvier 2020

La Chute de l’empire américain (2018) de Denys Arcand

La Chute de l'empire américainTitulaire d’un doctorat de philosophie, Pierre-Paul Daoust est chauffeur-livreur pour une société de messagerie de Montréal. Par pur hasard, il se retrouve sur les lieux d’un hold-up sanglant qui a mal tourné. Il profite de l’occasion et s’empare des sacs abandonnés par les voleurs…
La Chute de l’empire américain est présenté comme le troisième volet d’un cycle, après Le Déclin de l’empire américain (1986) et Les Invasions barbares (2003) mais, en réalité, il n’a que bien peu en commun avec ces deux films. Le titre initialement prévu était Le Triomphe de l’argent et c’est bien l’argent qui est au centre de cette histoire. Denys Arcand fustige l’attrait qu’il exerce et son pouvoir, mais son propos est vraiment très confus : il se résume finalement à un « tous pourris » simplificateur. Il donne l’impression de céder à la facilité. Il nous reste un film d’arnaque assez original, avec un personnage principal qui cite volontiers Wittgenstein ou Marc-Aurèle, un film doté d’une belle photographie, parfois assez amusant mais trop long.
Elle: 3 étoiles
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Alexandre Landry, Maripier Morin, Rémy Girard, Maxim Roy, Pierre Curzi
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La Chute de l'empire américainAlexandre Landry et Maripier Morin dans La Chute de l’empire américain de Denys Arcand.

1 avril 2019

Les Associés (2003) de Ridley Scott

Titre original : « Matchstick Men »

Les associésRoy est un arnaqueur professionnel qui opère avec un jeune et ambitieux acolyte. Il s’est séparé de sa femme alors qu’elle était enceinte il y a quatorze ans et vit seul depuis ce temps. Il est devenu agoraphobe et sujets à de nombreux troubles obsessionnels compulsifs. Il va découvrir qu’il a une fille qui ne demande qu’à le revoir…
Basé sur un roman d’Eric Garcia, Matchstick Men  a indéniablement des atouts : une intrigue bien masquée et un personnage hors du commun et bourré de TOC que Nicolas Cage personnifie magnifiquement. Son interprétation évoque celle de Jack Nicholson dans As Good as It Gets de James L. Brooks (1997). Le principal défaut du film est peut-être d’avoir trop masqué son intrigue ! Comme nous sommes loin d’imaginer la réalité, nous nous retrouvons face à un film qui se déroule de façon très conventionnelle et dont l’intrigue paraît faible ; les retrouvailles du père et de sa fille, avec les perturbations engendrées par cette dernière dans une vie bien rangée, paraissent bien classiques et un peu ennuyeuses. Ceci dit, à la fin du film, on a presque envie de le revoir entièrement…!
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Nicolas Cage, Sam Rockwell, Alison Lohman, Bruce Altman, Bruce McGill
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Remarques :
* Alison Lohman a 24 ans au moment du tournage, soit 10 de plus que son personnage.
* Ridley Scott a affirmé de sentir proche de son personnage principal : « Je peux être d’une propreté aussi maniaque. Lorsque je suis seul à la maison et que j’ai un petit creux, j’hésite à me préparer quoi que ce soit, de crainte de salir la cuisine et de devoir la nettoyer. Ces traits m’ont permis de m’identifier de plus en plus étroitement à Roy, ce qui m’a d’abord surpris, puis franchement amusé. »

Les associés
Nicolas Cage et Alison Lohman dans Les associés de Ridley Scott.

6 janvier 2019

Mademoiselle (2016) de Park Chan-wook

Titre original : « Ah-ga-ssi »

MademoiselleDans la Corée des années trente, sous colonisation japonaise, une riche héritière vit recluse dans un immense manoir sous la coupe d’un oncle tyrannique. Un escroc, se faisant passer pour un comte japonais, fait engager l’une de ses complices comme servante pour qu’elle tombe amoureuse de lui…
Mademoiselle est une adaptation du roman « Du bout des doigts » (« Fingersmith ») écrit par la britannique Sarah Waters et paru en 2002. Park Chan-Wook a transposé l’intrigue de Londres en Corée. Le plus remarquable dans cette histoire d’arnaqueurs doublé d’une histoire d’amour est son humour discret du fait que les protagonistes cachent le plus souvent leurs sentiments réels, principe poussé ici assez loin. L’atmosphère est délicatement séduisante et le film est d’une très grande beauté formelle. Le cinéaste coréen a tourné en numérique, certes, mais en utilisant un objectif anamorphique ce qui donne une texture particulière à l’image et de très beaux flous d’arrière-plan. Ses images sont également fort joliment construites. Mademoiselle est donc aussi un plaisir visuel.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Kim Min-hee, Kim Tae-ri, Ha Jung-woo, Cho Jin-Woong
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Mademoiselle
Ha Jung-woo, Kim Tae-ri, Kim Min-hee et Cho Jin-Woong dans Mademoiselle de Park Chan-wook.

Mademoiselle
Kim Min-hee et Kim Tae-ri dans Mademoiselle de Park Chan-wook.

Mademoiselle
Park Chan-wook à la caméra sur le tournage de Mademoiselle de Park Chan-wook.

Homonymes :
Mademoiselle de Philippe Lioret (2001) avec Sandrine Bonnaire.
Mademoiselle de Tony Richardson (1966) avec Jeanne Moreau

1 février 2016

Assassins et voleurs (1957) de Sacha Guitry

Assassins et voleursUn riche oisif surprend un cambrioleur au moment où il pénètre chez lui et lui demande de l’aider à se suicider. Il lui raconte pourquoi il a décidé d’en finir… Assassins et voleurs est l’avant-dernier film de Sacha Guitry qui était alors déjà très malade. L’histoire est autant farfelue qu’improbable, un enchaînement délirant de situations que Guitry a avoué avoir imaginé sous l’effet des piqûres de morphine. Il est difficile de ne pas voir des allusions à son arrestation arbitraire à la Libération dans la partie reposant sur le thème du faux coupable et dans les scènes de caricature de procès. On retrouve, comme toujours, sa verve brillante dans cette apologie franchement amorale du vol, du meurtre et de l’adultère. Il avait écrit le film avec Michel Simon en tête mais il a fini par jeter son dévolu sur le tandem Poiret et Serrault, le premier tenant le rôle principal, celui qui dispense les mots d’esprit, celui que Guitry aurait tenu s’il avait pu. Darry Cowl fait une petite apparition, nous gratifiant d’un beau numéro visiblement improvisé dans le tribunal, une scène où acteurs et figurants sont tous hilares.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Jean Poiret, Michel Serrault, Magali Noël, Darry Cowl
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Remarque :
* Certaines scènes auraient été tournées par Clément Duhour (l’acteur qui tient le rôle du mari).

Assassins et voleurs
Jean Poiret et Michel Serrault dans Assassins et voleurs de Sacha Guitry.

12 décembre 2015

Dommage que tu sois une canaille (1954) d’Alessandro Blasetti

Dommage que tu sois une canailleVittorio est un jeune chauffeur de taxi qui travaille dur pour payer son crédit. Son chemin va croiser celui de Lina, jeune femme dégourdie et pleine de verve, fille d’un gentleman voleur. Elle va bousculer sa vie… Adapté d’une nouvelle de Moravia, Dommage que tu sois une canaille est une comédie brillante et haute en couleur. C’est le film qui a formé le couple le plus célèbre du cinéma italien : Sophia Loren et Marcello Mastroianni. L’histoire est brillamment écrite et se déroule à un rythme assez trépidant avec des situations qui se renouvellent sans cesse malgré leurs similitudes. Sophia Loren est alors âgée de 20 ans et le film la met particulièrement en valeur. On comprend aisément qu’elle soit devenue à la fois un sex-symbol et le symbole de la femme italienne : elle a une phénoménale présence charnelle couplée ici à une verve brillante. Son personnage a une répartie à tout et montre un talent inouï pour embobiner ses interlocuteurs avec des raisonnements qui se tiennent! Face à elle, Marcello Mastroianni est à la hauteur : il a, lui aussi, une belle présence alors que son personnage n’a jamais vraiment le dessus. L’acteur a ici pour la première fois un rôle de premier plan. Vittorio De Sica (qui occupe la première place sur l’affiche car il était alors le plus connu des trois) est parfait dans son rôle d’élégant patriarche qui cherche une certaine noblesse dans son « art ». L’ensemble est très bien équilibré. L’exubérance, l’humour, la vivacité font de Dommage que tu sois une canaille l’un des fleurons de la comédie italienne qui montre ici une certaine filiation avec les comédies américaines screwball, notamment par le rythme soutenu, les dialogues brillants et l’exploitation des rapports homme/femme. On note toutefois ici un surcroît de naturel. Un délice.
Elle: 4 étoiles
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Vittorio De Sica, Sophia Loren, Marcello Mastroianni
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Dommage que tu sois une canaille
Sophia Loren et Marcello Mastroianni dans Dommage que tu sois une canaille de Alessandro Blasetti

Remarques :
* Parmi les trois scénaristes qui ont travaillé sur cette adaptation de Moravia, on remarque la présence d’Ennio Flaiano, bien connu pour avoir travaillé sur presque tous les films de Fellini, et surtout de Suso Cecchi D’Amico, qui est l’un (ou plutôt « l’une » car c’est une femme) des plus grands scénaristes du cinéma italien, toutes périodes confondues.

* Suite au grand succès du film, Blasetti réunira à nouveau le couple Loren/Mastroianni dans La chance d’être femme (1955), avec beaucoup moins de bonheur, hélas.

 

Dommage que tu sois une canaille
Sophia Loren, Giacomo Furia, une figurante, Marcello Mastroianni et Vittorio De Sica (assis) dans Dommage que tu sois une canaille d’Alessandro Blasetti

Dommage que tu sois une canaille
Marcello Mastroianni (centre), Sophia Loren et Manlio Busoni (de dos) dans Dommage que tu sois une canaille d’Alessandro Blasetti.
« – Mais, je travaille moi, Madame. Je suis employé à la Mutuelle du Midi. »
« – Eh bien, il est midi passé, vous devriez être au bureau ! »

Dommage que tu sois une canaille
Marcello Mastroianni et Sophia Loren dans Dommage que tu sois une canaille d’Alessandro Blasetti

Les films réunissant Sophia Loren et Marcello Mastroianni :
Dommage que tu sois une canaille (1954) d’Alessandro Blasetti
La bella mugnaia (1955) de Mario Camerini
La chance d’être femme (1955) d’Alessandro Blasetti
Hier, aujourd’hui et demain (1963) de Vittorio de Sica
Mariage à l’italienne (1964) de Vittorio de Sica
Les fleurs du soleil (1970) de Vittorio de Sica
La femme du prêtre (1971) de Dino Risi
La pépée du gangster (1975) de Giorgio Capitani
Une journée particulière (1977) d’Ettore Scola
D’amour et de sang (1978) de Lina Wertmüller
Prêt-à-porter (1994) de Robert Altman

1 avril 2013

L’Arnacoeur (2010) de Pascal Chaumeil

L'arnacoeurAlex est briseur de couples professionnel. Un de ses riches clients lui donne pour mission d’empêcher le mariage de sa fille qui a lieu dans une semaine… L’Arnacoeur est une comédie qui a rencontré un franc succès, tant auprès des critiques que du public. Il s’agit du premier film de Pascal Chaumeil. Le scénario est savamment dosé avec une pointe d’impertinence, une pointe de vulgarité et une bonne dose de charme. Le film repose sur un duo d’acteurs, chacun restant conforme à son image. Le meilleur est certainement à chercher du côté des seconds rôles où l’inventivité est bien plus grande. Il faut sans doute que le cinéma français soit capable de faire de tels films à recette (dans les deux sens du terme) mais on a le droit de trouver le résultat ennuyeux…
Elle:
Lui : 1 étoile

Acteurs: Romain Duris, Vanessa Paradis, Julie Ferrier, François Damiens
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