13 août 2012

Rashômon (1950) de Akira Kurosawa

RashômonDans le Japon médiéval, trois hommes se sont abrités de la pluie battante dans les ruines d’une ancienne porte de la ville de Kyoto. Deux ont témoigné dans un procès qu’ils racontent au troisième, une affaire étrange de meurtre où chacun des protagonistes raconte une version différente des faits…
Rapporté du Japon presque clandestinement en 1951 par une admiratrice italienne, Rashômon fit sensation au Festival de Venise. La puissance du récit et la perfection de la forme furent un choc pour les occidentaux qui découvraient alors le cinéma japonais. Le récit est à la fois simple et complexe. L’important n’est pas tant de savoir où est la vérité (nous ne le saurons d’ailleurs pas) que d’observer comment chacun modèle son récit, non pas pour se disculper mais pour préserver son honneur ; « nous avons tous de bonnes raisons pour être égoïstes ». Kurosawa clôt tout de même ce portrait assez pessimiste de la nature humaine sur une petite note d’espoir. Sur le plan de forme, Rashômon avait également de quoi surprendre : avec peu de moyens, un bout de forêt et une ruine en pleine nature, Kurosawa réussit à atteindre un esthétisme au caractère très naturel.  Il utilise superbement la lumière et les ombres projetées par le soleil à travers les arbres. Sur ce plan, Rashômon se rapproche des grands films muets. Et c’est aussi un film très physique, nous sommes presque au contact des personnages dont il se dégage une fougue et une ardeur parfois maladroite qui rend l’ensemble très authentique. Le succès de Rashômon en occident permettra à Kurosawa d’être considéré à sa juste valeur dans son pays et ainsi d’obtenir de bonnes conditions pour tourner ses films suivants.
Elle:
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Toshirô Mifune, Machiko Kyô, Masayuki Mori, Takashi Shimura
Voir la fiche du film et la filmographie de Akira Kurosawa sur le site IMDB.
Voir les autres films de Akira Kurosawa chroniqués sur ce blog…

Remarque :
Rashômon est adapté de deux nouvelles d’Akutagawa Ryunosuke, « Dans le fourré » et « Rashômon », elles-mêmes inspirées de légendes médiévales nipponnes. Rashômon est le nom d’une porte de Kyoto : « La porte du dieu Rashô ».

10 août 2012

La passion de Jeanne d’Arc (1928) de Carl Theodor Dreyer

La passion de Jeanne d'Arc(Film muet) Jeanne d’Arc face à ses juges, sa condamnation et sa mort sur le bûcher… La passion de Jeanne d’Arc de Carl Dreyer connait un très grand succès d’estime et on ne compte plus les fois où il a été placé dans la liste des « plus grands films de l’histoire du cinéma » ni les fois où il a été cité comme étant le « plus grand film muet ». Plus qu’un film muet, c’est plutôt un film sans paroles : Dreyer aurait voulu pouvoir enregistrer les dialogues mais n’a pu le faire car les studios français n’avait le matériel adéquat. Les intertitres, que Dreyer place souvent au milieu des phrases, cassent les plans, les meurtrissent, ils ne s’insèrent pas naturellement.

La passion de Jeanne d'Arc L’esthétisme des images est aussi très différent de beaucoup de films muets : l’image est très claire, avec peu d’ombres. Dreyer cherche à donner une dimension spirituelle à ses images (notamment dans les plans sur Jeanne) tout en gardant un haut niveau de réalisme (surtout dans les plans sur les juges). L’éclairage adopté par Dreyer s’inscrit dans cette double démarche (on peut voir très souvent, dans les pupilles de Jeanne, le reflet du grand et unique réflecteur utilisé).

La passion de Jeanne d'ArcMais le plus spectaculaire est bien entendu la généralisation des plans rapprochés et ces gros plans où l’on voit tous les pores de la peau. Plus surprenante encore est la très large utilisation des contre-plongées. Pratiquement tous les plans des juges sont en contre-plongée ce qui leur donne un caractère de caméra subjective : nous sommes à la place de Jeanne. Vers la fin du film, on remarquera des plans audacieux, qui sont toutefois plus expérimentaux que vraiment signifiants.

La passion de Jeanne d'Arc Les acteurs surjouent et roulent des yeux ce qui, dans le cas des juges, pousse la caricature au-delà du raisonnable. Le film peut paraître assez long mais, dans le derniers tiers, Dreyer montre tout son talent et crée l’émotion avec intensité. La passion de Jeanne d’Arc est un film très austère. Ce n’est pas un film que je conseillerais à une personne que je cherche à convaincre de l’intérêt du cinéma muet ! Je ne suis d’ailleurs pas certain de le classer parmi les meilleurs films muets. C’est plutôt un film marquant et à nul autre pareil.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Maria Falconetti, Eugene Silvain, André Berley, Maurice Schutz, Antonin Artaud, Michel Simon, Jean d’Yd
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Autres films sur Jeanne d’Arc :
Jeanne d’Arc de George Méliès (1900)
La vie de Jeanne d’Arc d’Albert Capellani (1909)
Jeanne d’Arc (Joan the woman) de Cecil B. DeMille (1916) avec Geraldine Farrar
La merveilleuse vie de Jeanne d’Arc de Marco de Gastyne (1929) avec Simone Genevois
Das Mädchen Johanna de Gustav Ucicky (1935) avec Angela Salloker
Jeanne d’Arc (Joan of Arc) de Victor Fleming (1948) avec Ingrid Bergman
Destinées de Jean Delannoy (1954, film à sketches) avec Michèle Morgan
Jeanne au bûcher (Giovanna d’Arco al rogo) de Roberto Rossellini (1954) avec Ingrid Bergman
The story of mankind de Irwin Allen (1957) avec Hedy Lamarr
Sainte Jeanne (Saint Joan) de Otto Preminger (1957) avec Jean Seberg
Le procès de Jeanne d’Arc de Robert Bresson (1962) avec Florence Delay
Le début (Nachalo) de Gleb Panfilov (1970) avec Inna Churikova
Jeanne la Pucelle de Jacques Rivette (1994) avec Sandrine Bonnaire
Jeanne d’Arc de Luc Besson (1999) avec Milla Jovovich
Jeanne captive de Philippe Ramos (2011) avec Clémence Poésy
+ de très nombreuses versions pour la télévision.

26 juillet 2012

Le mensonge d’une mère (1949) de Raffaello Matarazzo

Titre original : « Catene »

Le mensonge d'une mèreRosa vit à Naples avec son mari Amadeo, garagiste. Ils ont deux enfants. La venue fortuite d’un ancien fiancé de Rosa qui est devenu voleur de voitures va perturber leur bonheur… Le mensonge d’une mère (Catene en italien signifie « Chaines », c’est le nom d’une des chansons napolitaines du film) est le premier mélodrame de Raffaello Matarazzo qui s’était auparavant essayé à plusieurs genres. Le succès sera tel qu’il tournera six autres mélodrames dans les années cinquante avec le même duo d’acteurs. Ces films furent généralement très mal reçus par la critique qui les trouvait trop conventionnels. Et pourtant, il se dégage de ce Catene une grande force, une puissance émotionnelle rare. Tout y est bien dosé. Les scènes avec les enfants sont par exemple particulièrement réussies, sans jeu excessif, la détresse se lit dans leurs yeux. Voir la petite fille réclamer sa maman est un véritable tire-larmes, le fils de dix ans est lui aussi très bien interprété, extraordinairement émouvant. Actrice d’origine grecque, Yvonne Sanson (la mère, Rosa) a une grande présence à l’écran, une beauté naturelle et sans artifices ; les plans rapprochés de Matarazzo sont puissants. L’environnement est ancré dans un certain réalisme italien (même s’il correspond plus à un réalisme d’avant-guerre que d’après-guerre) sans être très présent toutefois car toute la place est donnée au récit. Donc, oui, Le mensonge d’une mère est un mélodrame qui peut paraître conventionnel par certains aspects mais sa puissance émotionnelle balaie tous les reproches possibles et le film enthousiasme.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Amedeo Nazzari, Yvonne Sanson, Aldo Nicodemi
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Remarque :
Dans Cinema Paradiso, le film de Giuseppe Tornatore (1988), le film qui est montré dans deux villes en même temps et qui oblige Toto à enfourcher son vélo pour porter les bobines est Catene.

3 juillet 2012

Lola (2009) de Brillante Mendoza

Titre original : « Lola »

LolaA Manille, aux Philippines, une « grand-mère » (« lola » en philippin) vient de perdre son petit-fils poignardé par un vendeur de téléphones portables. Avec son arrière-petit-fils, elle arpente les rues pour faire les démarches et trouver l’argent nécessaire pour l’inhumation. Pendant ce temps, une autre lola fait tout pour sauver son petit-fils de la prison et lui donner une seconde chance ; c’est lui qui a tué… Le réalisateur philippin Brillante Mendoza nous plonge au cœur d’un des quartiers les plus pauvres de Manille. Il nous fait suivre le parcours de ces deux grands-mères qui se démènent avec obstination dans des conditions très difficiles. Son film nous montre l’importance sociale des personnes âgées qui sont très respectées (le « grand-mère » utilisé par toutes les personnes qui s’adressent à elles est une marque de respect) et aussi l’omniprésence de l’argent qui régit tous les rapports sociaux : même la justice doit s’effacer devant lui. Le film a été tourné à Manille, pendant la saison des pluies, plus précisément à Malabon, un quartier qui est inondé toute l’année. Les intempéries (pluies massives et forts vents) malmènent les humains. Caméra à l’épaule, Brillante Mendoza a ici un style très authentique qui donne aussi à son film un rôle documentaire.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Anita Linda, Rustica Carpio, Tanya Gomez, Ketchup Eusebio
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15 mars 2012

Le facteur sonne toujours deux fois (1946) de Tay Garnett

Titre original : « The postman always rings twice »

Le facteur sonne toujours deux foisVoyageant là où ses pas le portent, Frank Chambers se laisse engager dans un restaurant-station service au bord d’une route. Le propriétaire affable a une femme bien plus jeune que lui, Cora. Frank est immédiatement attiré par Cora… La M.G.M. a acheté dès 1935 les droits du livre de James Cain Le facteur sonne toujours deux fois mais le Code Hays interdisait de porter à l’écran cette histoire d’attirance sexuelle poussant au crime. Plutôt que de montrer, Tay Garnett dut utiliser la suggestion ; le film est ainsi assez représentatif de la forme de l’érotisme dans le cinéma américain des années quarante. Tay Garnett accentue l’un des éléments qui font toute l’originalité du roman : la femme du Facteur sonne toujours deux fois n’a rien d’une femme fatale à la sensualité perfide et qui fréquente des lieux interlopes. Le facteur sonne toujours deux fois Lana Turner ressemble à une américaine moyenne, sportive et gaie, avec des désirs simples en dehors de toute extravagance. Elle est aussi terriblement belle, toute habillée de blanc. Comme le font remarquer Borde et Chaumeton (1), le slogan du film aurait pu être : «Si l’aviez connue, vous auriez fait comme lui !» Cette histoire se déroule dans l’Amérique ordinaire et c’est bien cela qui avait de quoi affoler la censure. Le film fut un grand succès. Bien que situé à la lisière du genre, Le facteur sonne toujours deux fois est l’un des plus beaux films noirs des années quarante.
Elle: 4 étoiles
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Lana Turner, John Garfield, Cecil Kellaway, Hume Cronyn, Leon Ames, Audrey Totter
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Remarques :
Le facteur sonne toujours deux foisLe sens du titre Le facteur sonne toujours deux fois n’est pas d’une grande évidence. Il n’y a bien entendu aucun facteur, réel ou symbolique, dans cette histoire. James Cain a donné plus tard l’explication : il a soumis son manuscrit à treize éditeurs avant d’être accepté par le quatorzième et il avait la hantise de son facteur qui lui apportait les manuscrits retournés. Même s’il allait au fond de son jardin pour ne pas l’entendre, il l’entendait toujours car il sonnait toujours deux fois !
Le facteur sonne toujours deux foisLe film de Tay Garnett en donne une autre explication, un peu vaseuse, il faut bien le reconnaître : le facteur est Dieu qui, s’il ne punit pas pour le premier crime, punira pour le second. Il reprend aussi l’image du second coup de sonnette que l’on entend jusqu’au fond de son jardin.

(1) Borde et Chaumeton « Panorama du film noir américain 1941-1953 », remarquable étude parue en 1955.

Le roman de James Cain a été porté 4 fois à l’écran :
Le dernier tournant de Pierre Chenal (1939) avec Michel Simon et Fernand Gravey
Ossessione (Les amants diaboliques) de Visconti en 1943.
The postman always ring twice (Le facteur sonne toujours deux fois) célèbre film noir de Tay Garnett (1946) avec le couple Lana Turner / John Garfield,
The postman always ring twice (Le facteur sonne toujours deux fois) de Bob Rafelson en 1981, version plus racoleuse avec Jessica Lange et Jack Nicholson.
En outre, Chair de Poule de Julien Duvivier (1963) avec Robert Hossein et Catherine Rouvel présente de grandes analogies avec le roman de James Cain.

3 février 2012

La poison (1951) de Sacha Guitry

La poisonDans un petit village de Normandie, Paul Braconnier ne peut plus supporter sa femme, alcoolique et odieuse qui le lui rend bien. Chacun projette de tuer l’autre… La poison est d’abord une petite merveille d’écriture : le scénario est simple, reposant une idée brillante et même plausible. Sacha Guitry a écrit là une superbe variation du crime parfait. C’est aussi une petite merveille d’interprétation : Michel Simon joue avec un naturel et une expressivité rare. Quand on sait que le film a été tourné en onze (oui, onze!) jours, Michel Simon ayant demandé à Guitry de faire le moins possible de deuxièmes prises(!), on n’en est que plus admiratif. Enfin, c’est aussi une petite merveille d’humour noir qui s’amplifie au fur et à mesure que le film avance et dont l’apothéose est le procès final, jubilatoire. Sacha Guitry profite de ce drame de la guerre conjugale pour régler ses comptes avec la justice (1). La poison a été refait par Jean Becker cinquante ans plus tard.
Elle:
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Michel Simon, Jean Debucourt, Jacques Varennes, Jeanne Fusier-Gir, Pauline Carton, Louis de Funès
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(1) A la Libération, on a reproché à Sacha Guitry son attitude pendant la guerre, notamment d’avoir continué à tourner et d’avoir un bon train de vie. Il fut arrêté sur dénonciation anonyme, emprisonné puis relâché avec interdiction de tourner sans qu’il y ait d’accusations portées contre lui. Ce n’est qu’en 1947 qu’il fut blanchi mais beaucoup ont continué à lui manifester une certaine hostilité. La poison a par exemple été plutôt mal reçu par la critique de l’époque.

Remake :
Un crime au Paradis de Jean Becker (2000) avec Jacques Villeret et Josiane Balasko.

Ne pas confondre avec :
Le poison (The Lost Weekend) de Billy Wilder (1945) avec Ray Milland.
Poison de Todd Haynes (1991)

27 décembre 2011

Le miracle de la 34ème rue (1947) de George Seaton

Titre original : « Miracle on 34th Street »

Le miracle de la 34ème rueUn homme avec une barbe blanche se fait engager pour faire le Père Noël par le grand magasin Macy’s de New York. Lorsqu’il dit être le véritable Père Noël, la femme qu’il l’a engagé se demande s’il est fou. Le psychologue de la maison le prend en grippe… Avec La vie est belle de Frank Capra, Le miracle de la 34ème rue est *le* film de Noël par excellence et, ce, depuis plus 50 ans. Il ne se passe pas un Noël aux Etats-Unis sans qu’il soit largement diffusé. Bien entendu, on peut trouver vieillotte cette histoire gentille et pleine de bons sentiments mais elle fonctionne toujours remarquablement bien. Le scénario est admirable. L’idée de base vient de Valentine Davies : observant la frénésie commerciale autour de Noël, il s’est demandé ce que penserait le vrai Père Noël s’il débarquait à l’improviste. Il développe fort bien l’idée avec son ami George Seaton pour donner une histoire très bien équilibrée, sans excès de guimauve, bien rythmée avec de bons rebondissements, une histoire qui peut plaire autant aux adultes qu’aux enfants. Les dialogues relevés contribuent à lui donner une belle vitalité ; l’ensemble est servi par une bonne interprétation, y compris dans les seconds rôles. Les prestations d’Edmund Gwenn en Père Noël et de la toute jeune (9 ans) Natalie Wood restent durablement dans les esprits. La réalisation de George Seaton est sans doute un peu terne mais elle a le mérite de contribuer à la simplicité de l’ensemble. Sous ses apparences de film facile et bon enfant, Le miracle de la 34ème rue reste une petite merveille d’écriture, une bien belle histoire qui nous fait passer un bon moment.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Maureen O’Hara, John Payne, Edmund Gwenn, Gene Lockhart, Natalie Wood, Porter Hall
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Remake :
Miracle sur la 34ème rue (Miracle on 34th Street) de Les Mayfield (1994)
et le film a été refait plusieurs fois pour la télévision.

6 novembre 2011

Le baiser (1929) de Jacques Feyder

Titre original : « The Kiss »

The KissLe cœur brisé, Irene doit se résigner à ne plus voir l’homme qu’elle aime en secret car elle ne peut divorcer de son mari âgé, terriblement jaloux, avec qui elle est liée par un mariage sans amour. De plus, un très jeune fils des amis du couple est follement épris d’elle et brûle de se déclarer… The Kiss (Le baiser) est le dernier film muet de Greta Garbo. A l’âge de 24 ans, l’actrice était déjà une très grande star. Le réalisateur d’origine belge Jacques Feyder tourne ici son premier film à Hollywood. Greta Garbo montre une grande richesse dans son jeu ; elle est, comme toujours, très expressive mais c’est surtout l’étendue de la palette de sentiments qu’elle provoque chez le spectateur qui étonne le plus. Il suffit de voir comment elle est capable de passer en quelques secondes du bonheur à la tristesse la plus intense ou encore de modeler son jeu selon la personnalité de son partenaire :The Kiss face au jeune Lew Ayres, elle est beaucoup plus légère et frivole que face à Conrad Nagel, son amant plus âgé. Elle joue avec un naturel confondant, on est sous le charme. A noter que c’est le premier film où elle accomplit un acte violent. The Kiss est pour Lew Ayres, 20 ans, son premier rôle : il montre une belle présence à l’écran (1). Gros succès à l’époque, ce film nous montre à quel point Greta Garbo, « La divine », était bien l’une des plus grandes actrices du muet avant d’être une grande star du parlant. (film muet)
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Greta Garbo, Conrad Nagel, Lew Ayres, Anders Randolf
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Le baiser Remarques :
Jacques Feyder dirigera à nouveau Greta Garbo l’année suivante pour la version allemande du premier film parlant de Greta Garbo : Anna Christie. Il rentrera en France peu après, désillusionné d’Hollywood.

(1) Le deuxième grand rôle de Lew Ayres lui apportera une consécration encore plus grande : A l’ouest rien de nouveau (All Quiet on the Western Front) de Lewis Milestone (1930)