18 avril 2024

Hit the Road (2021) de Panah Panahi

Titre original : « Jaddeh Khaki »

Hit the Road (Jaddeh Khaki)Iran, de nos jours. Une famille est en route vers une destination secrète. A l’arrière de la voiture, le père arbore un plâtre, mais s’est-il vraiment cassé la jambe ? La mère rit de tout mais ne se retient-elle pas de pleurer ? Leur petit garçon ne cesse de blaguer, de chanter et danser. Tous s’inquiètent du chien malade. Seul le grand frère reste silencieux…
Hit the Road est un film iranien écrit et réalisé par Panah Panahi, qui n’est autre que le fils de Jafar Panahi, le réalisateur iranien actuellement le plus connu chez nous (Taxi Téhéran, Trois Visages, Aucun ours,…). Panah Panahi dit avoir donc grandi dans un environnement de cinéma et signe là son premier long métrage. Même en étant très indulgent du fait de ses origines, il faut avouer que ce road-movie n’est pas des plus captivant, le réalisateur jouant principalement avec le fait de nous cacher le plus longtemps possible le but de ce voyage afin de mettre en place une atmosphère étrange. Les membres de cette famille sont très différents, trop différents sans doute (difficile de croire qu’ils sont de la même famille), et les dialogues ne sonnent pas toujours très justes (ou est-ce l’humour qui supporte mal la traduction). Le rythme est très lent et les scènes s’étirent. Belle utilisation des paysages désolés et semi-désertiques. A noter également une très belle scène (que je qualifierais de « galactique »). La critique a très bien accueilli le film.
Elle: 1 étoile
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Pantea Panahiha, Mohammad Hassan Madjooni, Rayan Sarlak, Amin Simiar
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Pantea Panahiha, Rayan Sarlak, Mohammad Hassan Madjooni et Amin Simiar dans Hit the Road (Jaddeh Khaki) de Panah Panahi.

23 mars 2024

Kasaba (1997) de Nuri Bilge Ceylan

KasabaDans les années 1970, dans une petite ville reculée d’Anatolie, deux enfants rejoignent leur famille au retour de l’école…
Kasaba est un film turc écrit et réalisé par Nuri Bilge Ceylan, son premier long métrage. Il s’agit de l’adaptation d’une histoire écrite par Emin Ceylan, sœur du cinéaste, inspirée des souvenirs de leur enfance commune. Le cinéaste fit appel à son entourage proche pour interpréter la quasi-totalité des rôles principaux (hormis les deux enfants) et tourna en équipe réduite, au rythme des saisons. Avant même d’être cinéaste, Nuri Bilge Ceylan était photographe et cela se sent dans toute la première moitié du film : presque sans paroles, chaque plan est magistralement composé et l’on a l’impression de voir une expo-photo animée. Ses « photos » nous montrent la réalité d’un tout petit village isolé et pauvre. Hélas, il poursuit ensuite avec une longue de discussions (ou plutôt une série de monologues) entre les membres d’une famille autour d’un feu de camp, avec une nette divergence de vues entre les trois générations et beaucoup d’amertume, de regrets et de nostalgie. On retrouve le poids de la tradition opposé à l’érudition ou à l’espoir d’évasion. A cette époque, Ceylan était, de son propre aveu, « pas très doué pour faire parler les personnages ». En revanche, on ne peut qu’admirer son talent à photographier la nature.
Elle: 3 étoiles
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Mehmet Emin Toprak, Muzaffer Özdemir
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Mehmet Emin Toprak (à gauche) dans Kasaba de Nuri Bilge Ceylan.

18 novembre 2023

Ali, la chèvre & Ibrahim (2016) de Sherif Elbendary

Titre original : « Ali Mizah wa Ibrahim »

Ali, la chèvre & Ibrahim (Ali Mizah wa Ibrahim)Ali, d’un tempérament jovial, est amoureux de Nada, sa chèvre. Sa mère désespérée l’envoie chez un guérisseur. Il y rencontre Ibrahim, un ingénieur du son qui souffre d’acouphènes atroces et douloureux. Ali, Nada et Ibrahim entreprennent un voyage thérapeutique qui les conduira d’Alexandrie au Sinaï et qui bouleversera leur vie…
Ali, la chèvre & Ibrahim est le premier long métrage de l’égyptien Sherif El Bendary. Il s’agit d’une comédie en forme de road-movie pour le moins original. L’histoire est amusante et elle nous permet de découvrir l’Egypte de l’intérieur. Le cinéaste a voulu traduire l’évolution de la société égyptienne et plus particulièrement de la ville du Caire, « plus que jamais oppressante après la révolution de 2011 ». La ville « brise l’âme de ses habitants » nous dit-il, « les personnages de mon film sont assez hors norme et décalés pour exprimer l’irréalité et l’absurdité de la vie qu’ils mènent. » Effectivement, au-delà de l’amusement, on ressent la difficulté des personnages à trouver un équilibre dans une société en tension. L’ensemble reste très sage, trop sans doute et aurait bénéficié d’une ligne directrice plus forte.
Elle: 3 étoiles
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Ali Subhi, Ahmed Magdy
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Ali Subhi , Ahmed Magby et ? dans Ali, la chèvre & Ibrahim (Ali Mizah wa Ibrahim) de Sherif Elbendary.

15 octobre 2023

Trois Visages (2018) de Jafar Panahi

Titre original : « Se rokh »

Trois Visages (Se rokh)En Iran, une jeune fille empêchée devenir actrice filme son suicide et fait envoyer la vidéo à une actrice célèbre, Behnaz Jafari qu’elle accuse de ne pas l’avoir aidée. Très affectée, celle-ci part avec un ami réalisateur dans un village isolé près de la frontière turque où vivait la jeune fille…
Trois Visages est un film iranien écrit et réalisé par Jafar Panahi, le réalisateur de Taxi Téhéran. Il s’agit d’un film qui défend les professions artistiques dont l’image est malmenée par l’archaïsme de la société rurale iranienne et ses notions sclérosantes d’honneur. La question est d’autant plus aigue qu’il s’agit ici de femmes. Trois générations d’actrices sont représentées, d’où le titre. Avec cette situation originale, Jafar Panahi aborde plusieurs aspects de la société iranienne et souligne la lenteur de son évolution.
Elle: 3 étoiles
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Behnaz Jafari, Jafar Panahi
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Behnaz Jafari et Jafar Panahi dans Trois Visages.

18 août 2023

Le Diable n’existe pas (2020) de Mohammad Rasoulof

Titre original : « Sheytan vojud nadarad »

Le Diable n'existe pas (Sheytan vojud nadarad)Le Diable n’existe pas est un film iranien écrit et réalisé par Mohammad Rasoulof. Il est composé de quatre histoires indépendantes, quatre contes moraux sur un sujet unique, la façon dont on assume la responsabilité de ses actes dans un contexte totalitaire, et prend pour exemple la façon dont la peine de mort est appliquée en Iran. Pour tourner un tel film dans son pays, le réalisateur a pris de grands risques et utilisé des subterfuges. Mohammad Rasoulof a un talent certain pour construire un récit : si la première histoire est assez longue dans sa mise en place, ce n’est que pour mieux frapper nos esprits par son final ahurissant. De même, on ne voit guère comment les troisième et quatrième histoires vont pouvoir se rattacher au thème avant que le réalisateur nous révèle une clef essentielle. Le réalisateur mériterait déjà toute notre estime pour son courage mais il est aussi et surtout un excellent cinéaste. Le Diable n’existe pas est un film puissant. Il a bien entendu été censuré en Iran.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Zhila Shahi, Baran Rasoulof, Mahtab Servati, Ehsan Mirhosseini, Mohammad Valizadegan
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Le Diable n'existe pas (Sheytan vojud nadarad)Mohammad Valizadegan and Mahtab Servati dans Le Diable n’existe pas (Sheytan vojud nadarad) de Mohammad Rasoulof.

Le Diable n'existe pas (Sheytan vojud nadarad)Mahtab Servati dans Le Diable n’existe pas (Sheytan vojud nadarad) de Mohammad Rasoulof.

1 juin 2023

Costa Brava, Lebanon (2021) de Mounia Akl

Costa Brava, LebanonLiban, dans un futur proche. Soraya et Walid se sont construits une vie idyllique dans les montagnes, loin du désordre et de la pollution de Beyrouth. Tout va bien jusqu’au jour où leur fille aperçoit des étrangers dans la vallée. La vie paisible de la famille est brutalement remise en question par l’installation d’une décharge prétendument écologique…
Costa Brava, Lebanon est un film libanais coécrit et réalisé par Mounia Akl. Selon la réalisatrice, l’histoire de cette famille est une allégorie de ce que vivent les libanais. Hélas, elle ne nous donne pas tous les éléments du contexte (voir ci-dessous) ; lorsque l’on ne connait la situation au Liban que dans les grandes lignes, une partie du propos nous échappe inévitablement. Ses deux personnages principaux, Soraya et Walid, sont en opposition : ils ont visiblement été, tous deux, engagés politiquement avant leur retour à la nature et, après huit années, Walid conserve son esprit combatif et veut faire face, alors que Soraya aspire à reconstruire, même si elle doit fuir pour cela. Face à la corruption, le désenchantement est présent chez les deux. La réalisation est élégante avec même quelques belles scènes poétiques.
Elle: 3 étoiles
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Nadine Labaki, Saleh Bakri, Yumna Marwan, Nadia Charbel
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Remarques :
* Contexte politique : En 2015, une crise des déchets a explosé au Liban à la suite de la fermeture d’une grande déchetterie et de l’échec du gouvernement à mettre en œuvre un plan d’urgence pour la remplacer. Déverser et brûler des déchets dans les rues est alors devenu monnaie courante. Un mouvement civil est né de cette crise et l’objet des manifestations a dépassé l’enjeu des déchets, soulevant des problématiques liées à la représentation civile, la corruption et l’inefficacité du gouvernement. En octobre 2019, une révolution a émergé mais elle a été suivie par un effondrement financier, la crise pandémique mondiale, et la troisième plus grosse explosion connue dans le pays en août 2020. (Extrait du dossier de presse)

* Non expliqué, le titre renvoie à une plage située près de Beyrouth et baptisée Costa Brava en référence aux plages d’Espagne. En 2015, elle est devenue une gigantesque décharge pour les déchets de toute la région. La réalisatrice explique : « Cet endroit, jadis sublime et aujourd’hui ravagé par la pollution, c’est un peu le résumé de notre tendance, au Liban, à détruire ce que nous avons de plus beau. Comme une attaque de gangrène et en même temps une menace qui ne cesse de grandir. » (Extrait du dossier de presse)

* La fillette est en réalité jouée par deux sœurs jumelles, Ceana et Geana Restom. L’une est une boule d’énergie qui crie et gesticule tandis que l’autre est très calme. La réalisatrice a travaillé avec les deux enfants en jouant avec leurs tempéraments suivant les scènes.

Costa Brava, LebanonYumna Marwan, Ceana (ou Geana?) Restom, Saleh Bakri et Nadine Labaki
dans Costa Brava, Lebanon de Mounia Akl.

25 mai 2023

La Loi de Téhéran (2019) de Saeed Roustayi

Titre original : « Metri shesh va nim »

La Loi de Téhéran (Metri shesh va nim)Samad est détective à la brigade des stupéfiants de Téhéran. C’est un flic obstiné et fougueux à la recherche d’un chef de file de la drogue, Naser Khakzad. Il va tenter de remonter la filière depuis les revendeurs jusqu’au laboratoire…
La Loi de Téhéran (traduction du titre original : « Six millions et demi », c’est l’estimation du nombre de toxicomanes en Iran) est un film iranien écrit et réalisé par Saeed Roustayi, jeune réalisateur, juste trentenaire. C’est un film assez étonnant, qui jongle entre le thriller et le documentaire. C’est sans jugement ni complaisance que le réalisateur nous fait suivre le détective et aussi le trafiquant dont il dresse un portrait assez approfondi. En fait, il s’attache plus à nous montrer les hommes et nous fait découvrir un Iran ravagé par la drogue (la loi punit de mort la détention de drogue, que ce soit 30 grammes ou 30 kgs, ce qui a encouragé les trafiquants à jouer gros).  Son film est moderne dans son équilibre, avec peu de temps morts mais sans effet inutile. Il montre ainsi une belle intensité. Une réussite.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Payman Maadi, Navid Mohammadzadeh, Parinaz Izadyar, Farhad Aslani
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La Loi de Téhéran (Metri shesh va nim)Houman Kiai, Payman Maadi et Navid Mohammadzadeh dans La Loi de Téhéran (Metri shesh va nim) de Saeed Roustayi.

23 janvier 2023

Memory Box (2021) de Joana Hadjithomas et Khalil Joreige

Memory BoxLe jour de Noël, au Canada, un mystérieux colis est livré chez Alex et sa mère, Maia. Des cahiers, cassettes, photos que Maia avait envoyés de Beyrouth à sa meilleure amie partie à Paris pour fuir la guerre civile dans les années 1980. Maia refuse d’ouvrir cette boite de Pandore, mais Alex s’y plonge en cachette, découvrant, entre fantasme et réalité, l’adolescence tumultueuse de sa mère et des secrets bien gardés…
Memory Box est un film libanais réalisé par Joana Hadjithomas et Khalil Joreige, couple de cinéastes/artistes libanais. Le récit est basé sur leur propre histoire puisque la réalisatrice a elle-même entretenu une correspondance, entre 1982 et 1988, de 13 à 18 ans, avec une amie partie vivre en France durant la guerre civile libanaise qu’elle a retrouvée 25 ans plus tard. Le film offre une vision de la guerre et des multiples tensions entre communautés, le tout vu à travers les yeux d’une adolescente dotée d’un fort appétit de vivre et d’aimer. L’ensemble se veut optimiste comme en témoigne la fin. Bien que la majeure partie du récit se situe dans les années 80, la forme fait une belle utilisation de media modernes avec même quelques audaces artistiques très réussies que l’on aurait aimé plus nombreuses (1). Un film original qui mérite d’être découvert.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Rim Turki, Manal Issa, Paloma Vauthier, Clémence Sabbagh
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Memory BoxManal Issa dans Memory Box de Joana Hadjithomas & Khalil Joreige.

(1) « Dans Memory Box, on a cherché à transformer nos recherches artistiques et formelles en quelque chose de cinématographique et d’accessible, quelque chose de jouissif pour le spectateur », explique Joana Hadjithomas. Pour Khalil Joreige, ce film incarne la liberté mais aussi une certaine idée de l’artisanat : « On ne voulait pas que le film ait une esthétique effets spéciaux. On aime le côté artiste, chercheur. Et on souhaitait que cette recherche visuelle ouvre des perspectives émotionnelles fortes. » (Extrait du dossier de presse)

27 février 2022

It Must Be Heaven (2019) de Elia Suleiman

It Must Be HeavenA Nazareth puis à Paris et à New York, Elia Suleiman observe et découvre des parallèles inattendus…
Le réalisateur palestinien Elia Suleiman tourne peu. Dix ans après Le temps qu’il reste, il se met en scène pour nous livrer sa vision du monde à travers une série de petites saynètes. Il ne parle pas (il prononce en tout et pour tout deux mots), il observe dans une position attentive et circonspecte, sans intervenir, avec son habituelle impassibilité apparente. Comme toujours avec Suleiman, l’humour et le saugrenu tiennent une grande place mais, cette fois, sans éviter parfois une certaine artificialité. Hormis le thème de l’appartenance à un peuple et de l’identité palestinienne, le fond de son propos est de pointer certains travers de notre société : il fustige ainsi l’individualisme, les dogmes religieux, le besoin sécuritaire, l’omniprésence de la police. Parfois, Elia Suleiman manque de finesse (les armes à New York par exemple) mais c’est assez rare. A l’opposé, certaines allégories sont un peu difficiles à décrypter (la femme aux deux cruchons par exemple). Inévitablement, l’ensemble manque un peu d’unité et de liant. Un peu décevant à sa vision, It Must Be Heaven est un film que l’on apprécie plus en y repensant…
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Elia Suleiman, Tarik Kopty, Ali Suliman, Grégoire Colin
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 It Must Be HeavenElia Suleiman dans It Must Be Heaven de Elia Suleiman.

 It Must Be HeavenElia Suleiman dans It Must Be Heaven de Elia Suleiman
(dans toute une série d’étonnants plans de Paris vidé de ses habitants)

10 décembre 2021

Razzia (2017) de Nabil Ayouch

RazziaAu début des années 80, dans un village isolé de l’Atlas, un instituteur passionné voit arriver un inspecteur qui lui demande de faire cours en arabe alors que ses jeunes élèves ne parlent qu’un dialecte berbère. En 2015, nous suivons plusieurs personnages en quête de liberté dans une société rigide…
Razzia est réalisé par le franco-marocain Nabil Ayouch. Il en a écrit le scénario avec sa femme Maryam Touzani, future réalisatrice du beau film Adam (2019) et qui tient ici le rôle principal. La construction de ce film choral engendre une certaine confusion. En fait, il ne faut pas chercher de liens entre les différents personnages. Il y en a, mais ils sont plus anecdotiques qu’importants. Le propos du réalisateur est de montrer que la réforme de l’arabisation des années 60 à 80, qui était initialement une volonté de réappropriation de l’identité du pays par une langue unique, a en fait provoqué la disparition de certaines disciplines humaines et critiques dans l’enseignement. Trente ans plus tard, c’est une société rigide et étouffante où les aspirations à une liberté plus grande ne peuvent s’exprimer que violemment. Hélas, cette argumentation n’apparaît pas de façon si évidente dans le film car notre attention s’éparpille entre les personnages. Les séquences les plus fortes sont celles avec Maryam Touzani qui incarne une femme en fort désir d’émancipation. Razzia est un film ambitieux, peut-être trop. Nabil Ayouch montre cependant un beau style et donne l’envie de découvrir ses autres films.
Elle: 3 étoiles
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Maryam Touzani, Arieh Worthalter, Amine Ennaji, Abdelilah Rachid
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RazziaAmine Ennaji dans Razzia de Nabil Ayouch.

RazziaMaryam Touzani dans Razzia de Nabil Ayouch.