19 juillet 2024

L’Invaincu (1956) de Satyajit Ray

Titre original : « Aparajito »

L'invaincu (Aparajito)La famille d’Apu s’est installé à Bénarès. Sur les escaliers qui dominent le Gange, son père gagne désormais sa vie en lisant des textes sacrés mais meurt subitement. Sa mère décide alors de retourner vivre à la campagne. Apu insiste pour aller à l’école qu’il fréquente alors studieusement…
L’Invaincu est un film indien écrit et réalisé par Satyajit Ray. Après La complainte du sentier et avant Le Monde d’Apu, c’est le second volet de la Trilogie d’Apu, inspirée des romans Pather Panchali et Aparajito de l’auteur bengali Bibhutibhushan Bandopadhyay. L’environnement est cette fois urbain, donc très différent du précédent volet, et nous voyons Apu passer de l’enfance à l’âge adulte, un récit d’apprentissage avec ses joies et ses drames. Une fois de plus, le personnage de la mère a une grande importance, pilier de la famille bien que peu considérée et sacrifiée ; l’attitude d’Apu lors de épilogue peut surprendre sur ce point. Bien que situé dans une civilisation très différente de la nôtre et un siècle plus tôt, le propos sur la relation parent / enfant reste finalement très actuel. La mise en scène de Satyajit Ray est une fois encore épurée, avec de belles allégories. La musique est toujours signée Ravi Shankar. Lion d’or à Venise en 1957.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Kanu Bannerjee, Karuna Bannerjee, Smaran Ghosal, Pinaki Sengupta
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Smaran Ghosal dans L’invaincu (Aparajito) de Satyajit Ray.

18 juillet 2024

La Complainte du sentier (1955) de Satyajit Ray

Titre original : « Pather Panchali »

La Complainte du sentier (Pather Panchali)Dans un petit village du Bengale, vers 1910, Apu, un garçon de 7 ans, vit pauvrement avec sa famille dans la maison ancestrale. Son père, se réfugiant dans ses ambitions littéraires, laisse sa famille s’enfoncer dans la misère. Apu va alors découvrir le monde, avec ses drames et ses joies…
Inspiré d’un classique de la littérature bengali, La Complainte du sentier est un film indien, le premier film du réalisateur bengali Satyajit Ray. C’est également le premier volet de la Trilogie d’Apu qui raconte l’histoire d’un garçon dans l’Inde du début du XXe siècle. Dès son premier long métrage, Satyajit Ray montre une très grande maitrise formelle. Le récit est centré sur une mère qui élève quasiment seule ses deux enfants et le réalisateur les intègre totalement dans un lieu qui est presque un personnage a part entière. La mère reste le plus souvent dans la maison alors que les enfants investissent le sentier qui y mène où les champs à l’entour. Évitant tout misérabilisme, le propos offre un regard lucide sur les conditions de vie très miséreuses sur lesquelles plane un implacable déterminisme : la société indienne repose sur un système de castes. Peuplé de petites joies et de petits et gros drames, Le récit nous captive. La mise en scène est sans artifice, la photographie est par moments vraiment très esthéthique, la caméra est très mobile. La musique, belle et assez présente, est signée Ravi Shankar. Le tournage s’est étalé sur presque trois années, Satyajit Ray ayant beaucoup de mal à réunir les fonds nécessaires pour pouvoir continuer à tourner. Remarqué à Cannes 1956.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Kanu Bannerjee, Karuna Bannerjee, Uma Das Gupta, Subir Banerjee
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Subir Banerjee et Uma Das Gupta dans La Complainte du sentier (Pather Panchali) de Satyajit Ray.
Karuna Bannerjee dans La Complainte du sentier (Pather Panchali) de Satyajit Ray.
Subir Banerjee et Uma Das Gupta dans La Complainte du sentier (Pather Panchali) de Satyajit Ray.
Satyajit Ray sur le tournage de La Complainte du sentier (Pather Panchali) de Satyajit Ray.

6 janvier 2024

Le Retour des hirondelles (2022) de Li Ruijun

Titre original : « Yin ru chen yan »

Le Retour des hirondelles (Yin ru chen yan)Cao est un homme timide et humble. Ma est une jeune femme renfermée sur elle-même, devenue handicapée à force de maltraitance. Tous deux sont mis à l’écart et même rejetés par leur famille respective qui vont les marier presque de force. Ils vont patiemment apprendre à s’aimer et travailler la terre ensemble…
Le Retour des hirondelles est un film chinois écrit et réalisé par Li Ruijun. Il dresse le portrait de la Chine rurale annoncée en pleine mutation mais qui compte encore nombre d’agriculteurs vivant dans des conditions misérables. Le réalisateur a tourné son film dans sa région natale du Gansu (nord de la Chine), il a construit la maison du film avec son frère et son père, l’acteur principal est son oncle, les figurants sont les habitants du village. Il explique : « Je voulais conserver une trace de ces existences rurales et simples, rendre hommage à cette terre qui a nourri mon âme et reste ma principale source d’inspiration ». Il y parvient joliment mais son film n’a pas que des qualités documentaires, c’est aussi une histoire d’amour simple et émouvante. Les images sont superbes, les cadrages travaillés. Très bonne interprétation des deux acteurs principaux. A noter que si Wu Renlin est un fermier à la base, Hai-Qing est une jeune actrice très connue en Chine. Un beau film.
Elle: 5 étoiles
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Wu Renlin, Hai-Qing
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Remarque :
• Le titre chinois du film, Yin ru chen yan, signifie « caché dans le pays des cendres et de la fumée ». « Cela signifie que les époques passées, les vies passées, ne sont pas disparues. Elles sont simplement enfouies dans les cendres. Ce que nous ne voyons plus ne cesse pas pour autant d’exister. Ce titre compliqué a un sens bien plus simple qu’il n’y paraît », révèle le réalisateur.

• Malgré son succès en Chine, le film a été rapidement retiré des circuits par le gouvernement et le réalisateur a été assigné à résidence. Le film contredit en effet le discours officiel sur la fin de la pauvreté.

Hai-Qing et Wu Renlin dans Le Retour des hirondelles (Yin ru chen yan) de Ruijun Li.

3 novembre 2023

Deux sous d’espoir (1952) de Renato Castellani

Titre original : « Due soldi di speranza »

Deux sous d'espoir (Due soldi di speranza)Ayant terminé son service militaire, Antonio revient dans son village natal dans les environs de Naples. Il cherche un métier lui permettant de faire vivre sa mère et ses sœurs. La très jeune Carmela s’amourache de lui malgré l’interdiction de son père qui le trouve trop pauvre…
Deux sous d’espoir est un film italien coécrit et réalisé par Renato Castellani. Utilisant des comédiens non professionnels majoritairement issus du village où il fut tourné, le film s’inscrit dans la vague du néoréalisme mais il le dé-dramatise : il montre bien la très grande pauvreté des habitants mais ce portrait social du quotidien génère de l’humour, alimenté par l’exubérance méridionale, les commérages permanents et surtout la débrouillardise et la vitalité de son personnage principal qui enchaîne des petits boulots pittoresques. Cet humour n’est jamais au détriment des personnages, le regard est empreint de tendresse. Le film est remarquablement construit et équilibré. Malgré son Grand Prix (ancêtre de la Palme d’or) à Cannes, Renato Castellani fut ici et là accusé de dénaturer le néoréalisme de la première heure, créant ainsi le « néoréalisme rose » qui explosera avec Pain, amour et fantaisie de Luigi Comencini (1953). Avec le recul, il semble plus juste de replacer Deux sous d’espoir dans la grande tradition de la comédie italienne dont il pose les jalons. Un film très attachant.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Maria Fiore, Vincenzo Musolino
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Vincenzo Musolino et Maria Fiore dans Deux sous d’espoir (Due soldi di speranza) de Renato Castellani.

17 août 2022

Les Bas-fonds (1936) de Jean Renoir

Les bas-fondsPépel est un voleur qui vit dans un refuge des bas-fonds tenu par un recéleur. Lors d’un cambriolage, Pépel est surpris par le propriétaire des lieux, un baron ruiné chez qui les huissiers doivent saisir, le lendemain, tous les meubles. Les deux hommes sympathisent et le baron vient vivre au refuge quelques jours plus tard…
Les Bas-fonds est un film français réalisé par Jean Renoir, adaptation de la pièce homonyme de Maxime Gorki. Le film est produit par Les Films Albatros, la compagnie de cinéma fondée par des émigrés russes au début des années vingt qui s’est illustrée par ses films d’avant-garde. L’adaptation a été écrite par l’écrivain Ievgueni Zamiatine assisté de Jacques Companéez, les dialogues sont signés par Charles Spaak. Sur l’insistance du producteur Alexandre Kamenka, certains éléments russes sont restés (les roubles, les noms des personnages,… ), ce qui, au lieu de donner un caractère universel au récit, paraît plutôt anachronique, au début du moins car rapidement notre attention est captée par la force d’une  belle galerie de personnages. Chacun personnifie un des travers de l’âme humaine ou, pour les deux personnages positifs, un espoir, un rêve d’idéal. Les éclairages sont travaillés et les mouvements de caméra souvent admirables, tout est parfaitement maitrisé pour doter le film d’une grande force.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Jean Gabin, Suzy Prim, Louis Jouvet, Jany Holt, Vladimir Sokoloff, Robert Le Vigan, René Génin, André Gabriello, Junie Astor
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Les bas-fondsJean Gabin et Jany Holt dans Les Bas-fonds de Jean Renoir.
Les bas-fondsLouis Jouvet et Jean Gabin dans Les Bas-fonds de Jean Renoir.
Les bas-fondsPhoto de plateau : Jean Gabin et Louis Jouvet entre deux prises
sur le tournage de Les Bas-fonds de Jean Renoir.

Remarque :
* Autre adaptation de la pièce de Gorki :
Les Bas-fonds (Donzoko, 1957), film japonais de Akira Kurosawa avec Toshiro Mifune, Kyôko Kagawa et Isuzu Yamada

14 mars 2021

En dessous de zéro (1930) de James Parrott

Titre original : « Below Zero »

En dessous de zéro (Below Zero)(Court métrage parlant, 20 mn) Sous la neige, par un froid glacial, Stan et Ollie tentent de gagner quelques sous en jouant dans la rue mais les passants généreux sont bien rares…
Il est inhabituel qu’un film de Laurel et Hardy ait si ouvertement une dimension sociale. Below Zero se situe dans la veine des films de Chaplin mais le duo comique n’a pas le même talent pour évoquer la pauvreté, notamment en hissant très haut leurs personnages comme le fait Chaplin. Les gags sont plutôt tristes, paraissent même cruels quand ils ne sont pas de mauvais goût comme dans l’épilogue. La seconde partie dans le restaurant évoque encore plus Chaplin : impossible de ne pas penser à la scène du restaurant de The Immigrant (1917).
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Stan Laurel, Oliver Hardy
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En dessous de zéro (Below Zero)Stan Laurel et Oliver Hardy dans En dessous de zéro (Below Zero) de James Parrott.

7 janvier 2021

Ça commence aujourd’hui (1999) de Bertrand Tavernier

Ça commence aujourd'huiDaniel est directeur d’une école maternelle dans le nord de la France. Enseignant avec passion et convictions, il doit faire face à la pauvreté des familles et ni les institutions publiques, ni sa hiérarchie ne lui viennent en aide…
Le scénario de Ça commence aujourd’hui a été écrit conjointement par Dominique Sampiero et Tiffany Tavernier, la fille du cinéaste. Dominique Sampiero a lui-même été directeur d’école maternelle avant d’en démissionner pour se consacrer à l’écriture. Le film est basé sur sa propre expérience. Bertrand Tavernier trouve le ton juste pour montrer la précarité d’une région fortement touchée par le chômage, il le fait sans misérabilisme, sans effet de dramatisation, il montre la réalité en utilisant beaucoup d’acteurs non professionnels jouant leur propre rôle (à commencer par les enfants qui ne sont pas issus d’un casting). On ressent souvent l’impression d’être face à un documentaire tellement le résultat paraît authentique. La réussite du film doit aussi beaucoup à Philippe Torreton qui donne corps à cet enseignant dont l’engagement se heurte à la dure réalité et à la passivité des institutions. L’école maternelle où le film a été tourné existe toujours. Elle s’appelle maintenant Ecole maternelle Bertrand Tavernier.
Elle: 5 étoiles
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Philippe Torreton, Maria Pitarresi, Nadia Kaci, Véronique Ataly, Nathalie Bécue, Emmanuelle Bercot
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Ça commence aujourd'huiPhilippe Torreton dans Ça commence aujourd’hui de Bertrand Tavernier.

22 novembre 2020

Les Onze Fioretti de François d’Assise (1950) de Roberto Rossellini

Titre original : « Francesco, giullare di Dio »

Les onze fioretti de François d'Assise (Francesco, giullare di Dio)En 1210, le pape Innocent III valide et reconnaît l’ordre franciscain qui prône une pauvreté matérielle absolue. Revenant de Rome, François et ses disciples se retirent dans une petite chapelle bâtie de leurs mains près de la ville d’Assise. Vivant de l’aumône, ils y façonnent les principes de leur enseignement, avec une béatitude et une humilité quotidiennes…
Les onze fioretti de François d’Assise a été tourné par Roberto Rossellini juste après Stromboli qui montrait déjà une connotation religieuse. Dans sa filmographie, c’est le premier film où le fort sentiment chrétien du cinéaste se montre si clairement. Tout en appliquant les grands principes du néoréalisme (décors naturels, acteurs non professionnels, son direct), il exprime les fondements de la philosophie franciscaine par la forme de son film : dénuement et austérité marquent autant le récit que l’image. La joie et la béatitude viennent, quant à eux, du jeu des acteurs. S’il est indéniablement moins majeur que les films bergmaniens (Ingrid-bergmaniens) du cinéaste, le film est néanmoins important pour mieux comprendre la démarche de Rossellini. On peut d’ailleurs considérer le personnage joué par Ingrid Bergman dans Europa 51 dans le prolongement de celui de ce François d’Assise.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Aldo Fabrizi, Nazario Gerardi
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Remarques :
* Les Fioretti (« petites fleurs ») sont un recueil anonyme du XIVe siècle contant sur un ton naïf et humoristique les miracles et petites histoires (53) qui seraient advenus autour de saint François d’Assise (1181-1226) et de ses premiers disciples. L’auteur considéré comme le plus probable serait Ugolino Brunforte, frère mineur toscan (1262-1343), un siècle plus tard.
* Le titre original du film se traduit ainsi : « Le Jongleur de Dieu ».
* Le seul acteur professionnel est Aldo Fabrizi qui interprète Nicolas, le pittoresque tyran de Viterbe.

Les onze fioretti de François d'Assise (Francesco, giullare di Dio)Nazario Gerardi (à gauche) dans Les onze fioretti de François d’Assise (Francesco, giullare di Dio) de Roberto Rossellini.

14 novembre 2020

Martin Eden (2019) de Pietro Marcello

Martin EdenÀ Naples, au cours du XXe siècle, Martin Eden est un jeune marin issu d’un milieu pauvre. Lors d’une rixe, il défend un jeune homme. Celui-ci, issu de la classe aisée, l’invite chez lui à dîner pour le remercier. À cette occasion, Martin rencontre sa sœur Elena dont il tombe amoureux. Ebloui, Martin décide de s’instruire…
Ce film de l’italien Pietro Marcello est une libre adaptation du roman Martin Eden de Jack London, roman qui sans être autobiographique présente des similitudes avec la propre vie de l’écrivain. L’histoire est transposée de Californie à Naples et l’époque devient le milieu du XXe siècle. Le cinéaste la laisse volontairement imprécise afin de mieux inscrire son héros dans les grandes mutations politiques et sociales. Le récit peut toutefois sembler un peu confus parfois sur ce plan. (Le roman de Jack London était une critique de l’individualisme mais, à la surprise de l’écrivain, le public prit son personnage comme une sorte de héros libertarien. Est-ce cela que le cinéaste a voulu traduire ?) Le film est un peu moins réussi dans sa dernière partie où le sentiment du héros de trahir ses origines s’exprime de façon brouillonne. Et que dire du final sur la plage (d’Ostie !?), hommage maladroit à Fellini ? Malgré ces quelques défauts, Pietro Marcello est parvenu à restituer toute la richesse et surtout toute la force du roman, un récit puissant et édifiant.
Elle: 4 étoiles
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Luca Marinelli, Jessica Cressy, Denise Sardisco, Carlo Cecchi
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 Martin EdenLuca Marinelli et Denise Sardisco dans Martin Eden de Pietro Marcello.

Les adaptations de Martin Eden au cinéma :
1914 : Martin Eden de Hobart Bosworth
1918 : Pas né pour l’argent (Nye dlya deneg radivshisya) du russe Nicandre Tourkine
1942 : The Adventures of Martin Eden de Sidney Salkow avec Glenn Ford et Claire Trevor
2019 : Martin Eden de Pietro Marcello

15 juin 2020

Mamma Roma (1962) de Pier Paolo Pasolini

Mamma RomaMamma Roma, prostituée romaine d’une quarantaine d’années, tente de refaire sa vie et reprend avec elle son fils Ettore, âgé de seize ans, qui ignore son passé et a grandi à la campagne. Elle travaille désormais comme vendeuse sur un petit marché et nourrit beaucoup d’espoir pour son fils. Elle est prête à se sacrifier pour qu’il ait une vie meilleure…
Mamma Roma est le deuxième long métrage de Pasolini. C’est un film très ancré dans le sillage du courant néoréaliste, c’est le film le plus néoréaliste de sa filmographie. Il dresse un portrait de ces faubourgs pauvres de Rome et met en relief la difficulté de se sortir de son milieu social. Le cinéaste montre déjà des traits qui marqueront ses films ultérieurs : une lumière très blanche et une approche personnelle et artistique de sa façon de filmer (1). On ne peut que remarquer ses longs mouvements de caméra, les plus spectaculaires étant les travelings-arrière d’Anna Magnani arpentant le pavé tout en se lançant dans un long monologue et accompagnée par des personnages successifs. Anna Magnani fait ici l’une de ses prestations les plus mémorables.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Anna Magnani, Ettore Garofolo, Franco Citti
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Remarques :
* Mamma Roma n’est sorti en France qu’en janvier 1976, peu après l’assassinat du cinéaste en novembre 1975.
* Mamma Roma a été tourné dans le quartier Don Bosco à Rome, alors en pleine « modernisation ». Dans le terrain vague, ce sont les vestiges antiques du Parc des aqueducs et de l’aqueduc de l’Aqua Claudia. Le dôme que l’on aperçoit au loin, symbole tutélaire, est celui de la basilique San Giovanni Bosco.

(1) La scène de mariage du début évoque la peinture murale de La Cène de Vinci, la scène finale christique évoque le tableau La Lamentation sur le Christ mort d’Andrea Mantegna. La musique est également très présente, souvent en contraste avec la scène.

Mamma RomaEttore Garofolo et Anna Magnani dans Mamma Roma de Pier Paolo Pasolini.