17 janvier 2015

La Dernière Vague (1977) de Peter Weir

Titre original : « The Last Wave »

La dernière vagueAlors que des phénomènes météorologiques étranges apparaissent dans le ciel de Sydney, cinq aborigènes sont arrêtés et inculpés pour le meurtre de l’un des leurs dans des circonstances obscures. L’avocat David Burton est chargé de leur défense. Il est loin d’imaginer ce qu’il va découvrir… La Dernière Vague est un film très étrange où interviennent le surnaturel et les croyances liées aux traditions tribales aborigènes. Le plus remarquable est l’atmosphère que réussit à instiller habilement l’australien Peter Weir, dont c’est ici le troisième long métrage. Cette atmosphère d’abord nous intrigue et finit par nous fasciner et même nous envoûter. La frontière entre rêve et réalité paraît bien ténue, le mystère règne. En outre, le film nous montre ce sentiment de respect mêlé d’une culpabilité sourde de la société moderne australienne vis-à-vis des aborigènes. Du fait du traitement si particulier de son histoire, La Dernière Vague a permis d’attirer l’attention sur Peter Weir.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Richard Chamberlain, Olivia Hamnett, David Gulpilil
Voir la fiche du film et la filmographie de Peter Weir sur le site IMDB.

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La Dernière Vague de Peter Weir
Richard Chamberlain et David Gulpilil dans La Dernière Vague de Peter Weir.

16 janvier 2015

Tempête à Washington (1962) de Otto Preminger

Titre original : « Advise and Consent »

Tempête à WashingtonLe président des Etats-Unis a décidé de nommer Robert Leffingwell au poste de Secrétaire d’État (soit le chef du département chargé des Affaires étrangères). Ce choix doit être ratifié par le Sénat mais l’affaire s’annonce difficile car les prises de positions de Leffingwell en faveur de la paix ne font pas l’unanimité à l’intérieur même de son parti…
Tempête à Washington est l’adaptation d’un copieux roman d’Allen Drury, correspondant du New York Times à Washington qui a reçu le Prix Pulitzer. Inspiré de personnages réels (le président étant basé sur Franklin Roosevelt), l’histoire décrit les basses manoeuvres qui sont monnaie courante à Washington. Bien qu’il s’attaque plus aux hommes qu’aux institutions et qu’il se révèle être finalement à la gloire de la démocratie à l’américaine, le film fut parfois critiqué à sa sortie pour la mauvaise image qu’il donnait des Etats-Unis (1). Le tour de force de Preminger est d’une part de réussir à nous intéresser sur un sujet à priori rébarbatif mais surtout de montrer une maitrise totale et parfaite de la mise en scène malgré le très grand nombre de personnages.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Henry Fonda, Walter Pidgeon, Charles Laughton, Gene Tierney, Burgess Meredith, Franchot Tone, Lew Ayres
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Remarques :
* Le film reçut l’aide du gouvernement qui donna l’autorisation de filmer à l’intérieur du Capitole.
* Dans son autobiographie, Otto Preminger mentionne un article, à l’époque paru dans Le Monde, qui vantait la liberté d’expression aux Etats-Unis, affirmant qu’un tel film n’aurait pas être tourné en France car le gouvernement français était intouchable (Otto Preminger Autobiographie JC Lattès 1981 p. 173).
* Tempête à Washington est de dernier film de Charles Laughton. Déjà très affaibli par son cancer pendant le tournage, il décédera quelques mois plus tard.
* Tempête à Washington marque le retour à l’écran de Gene Tierney après une longue dépression nerveuse.

(1) Ces critiques font penser à celles que reçut  Mr. Smith au sénat (1939) de Frank Capra. Les deux films sont d’ailleurs assez proches dans l’esprit.

Tempête à Washington (1962) de Otto PremingerCharles Laughton et Walter Pidgeon en pleine joute verbale au Sénat dans Tempête à Washington d’Otto Preminger.

15 janvier 2015

François Premier (1937) de Christian-Jaque

François PremierAfin de mieux interpréter le rôle de François 1er au théâtre, Honorin (Fernandel) se fait hypnotiser par un mage qui le transporte plusieurs siècles en arrière à l’époque de la Renaissance, à Amboise… Taillé sur mesure pour Fernandel, François Premier est l’un des plus gros succès des années trente pour l’acteur. Il faut bien avouer que l’humour, souvent un peu trop appuyé, a quelque peu vieilli mais il y a de belles trouvailles de scénario : notre voyageur prédit l’avenir des hommes illustres grâce à son petit Larousse, il copine de façon inattendue avec un fantôme et, surtout, il se fait torturer par un inquisiteur qui lui fait lécher les pieds par une chèvre. Tout l’humour repose sur les anachronismes, le personnage ayant pris soin de partir voyager dans le temps avec des objets qui se révèleront être bien utiles. Le film est assez peu courant aujourd’hui. A condition de faire preuve d’un peu d’indulgence, on pourra le trouver plaisant…
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Fernandel, Mona Goya, Alexandre Rignault, Henri Bosc, Aimé Simon-Girard, Alice Tissot
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Fernandel dans François Premier de Christian-Jaque
Fernandel dans François Premier (1937) de Christian-Jaque.

14 janvier 2015

Cinéma Paradiso (1988) de Giuseppe Tornatore

Titre original : « Nuovo Cinema Paradiso »

Cinéma ParadisoEn Sicile, juste après la guerre, un jeune enfant de choeur est fasciné par le projecteur de cinéma dans la salle paroissiale que manie Alfredo. Le curé d’alors imposait de couper les passages où les personnages s’embrassaient et tout autre passage litigieux avant de projeter les films devant une salle pleine à craquer… Ecrit et réalisé par Giuseppe Tornatore, Cinéma Paradiso nous fait revivre le pittoresque engouement pour le cinéma dans l’Italie rurale du milieu du XXe siècle. Si le film comporte indéniablement de bons moments (tous situés lors des projections où nous pouvons voir des extraits de films et leur impact sur le public), Tornatore reste dans la facilité, joue de façon insistante sur l’émotion et appuie ses effets. La seconde partie, consacrée aux amours du garçon devenu adolescent, est particulièrement inintéressante. Par ses côtés bon enfant et sa célébration du cinéma, Cinéma Paradiso a su plaire (j’avoue l’avoir moi-même beaucoup plus apprécié à sa sortie). Le film est d’ailleurs aussi médaillé qu’un général russe…
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Philippe Noiret, Salvatore Cascio, Jacques Perrin
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Remarques :
* Dans l’excellent Dictionnaire du cinéma italien, Olivier Maillart dit de Tornatore qu’il a « souvent une excellente idée de mise en scène par film, qu’il lui arrive de gâcher mais dont il faut savoir le créditer ». Dans Cinéma Paradiso, c’est incontestablement le montage de toutes les scènes coupées de baisers mises les unes à la suite des autres (qu’il gâche effectivement par un contrechamp sur Jacques Perrin la larme à l’oeil pour créer l’émotion…) Personnellement, j’ajouterais une seconde scène : celle où le film est projeté par reflet sur le mur de la maison d’en face dont l’occupant ouvre le volet et se retrouve ainsi dans l’image.
* Dans la version originale, Philippe Noiret est doublé en italien et, lui qui a l’une des plus belles voix du cinéma, se retrouve affublé d’une voix bien fluette (le film est une coproduction franco-italienne).
* Dans la première moitié des années cinquante, c’est l’Italie qui avait en Europe le plus grand nombre de salles de cinémas (17 000 en 1956).

Cinéma Paradiso (1988) de Giuseppe Tornatore
Le film projeté est (me semble t-il) I pompieri di Viggiù (Les pompiers chez les pin-up) de Mario Mattoli (1949) avec Totò et Nino Taranto à l’écran.

Cinéma Paradiso (1988) de Giuseppe Tornatore
Philippe Noiret et Salvatore Cascio dans Cinéma Paradiso.

13 janvier 2015

Quatre au paradis (1938) de Michael Curtiz

Titre original : « Four’s a Crowd »

Quatre au paradisExpert en matière de public relations, Bob Lansford est prêt à tout pour avoir pour client le millionnaire Dillingwell. De son côté, la journaliste Jean Christy veut tout faire pour sauver son journal dirigé par le mollasson Buckley qui fréquente la petite fille de Dillingwell… Inquiet de se retrouvé cantonné aux rôles d’action tels que Robin des Bois, Errol Flynn demanda à la Warner de le faire jouer dans d’autres types de films. Four’s a Crowd est une comédie screwball (1) dont l’histoire est hélas un peu confuse. Errol Flynn y montre certes des talents pour la comédie mais c’est Rosalind Russell (empruntée à la M.G.M.) qui lui vole la vedette, montrant comme toujours une belle présence à l’écran. Olivia de Havilland est dans un rôle de jeune ingénue, comme ce fut souvent le cas au début de sa carrière (elle n’a alors que 21 ans). On ne retrouve pas ici les dialogues enlevés qui sont le bonheur du genre mais le film a de bons moments ; la fin est particulièrement réussie. Hélas pour Flynn, le film ne connut pas le succès espéré ce qui conforta la Warner à l’employer pour d’autres films d’action.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Errol Flynn, Olivia de Havilland, Rosalind Russell, Patric Knowles, Walter Connolly
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Four's a Crowd de Michael Curtiz
(de g. à d.) Patric Knowles, Olivia de Havilland, Rosalind Russell et Errol Flynn, le quatuor de Four’s a Crowd de Michael Curtiz.

(1) Le terme screwball désigne un genre de comédies américaines qui fut très populaire entre 1934 et 1942 à base de situations saugrenues, de dialogues enlevés et utilisant le plus souvent les rapports homme/femme comme ressort de l’humour.

12 janvier 2015

Tabou (2012) de Miguel Gomes

Titre original : « Tabu »

TabouA Lisbonne, Aurora est une octogénaire excentrique que la raison semble quitter par moment. Elle vit là avec une bonne capverdienne un peu rude. Leur voisine est prise de compassion… Le portugais Miguel Gomes a coécrit et réalisé Tabou. Il est structuré en deux parties « Le Paradis perdu » et « Le Paradis ». La première partie déroute plutôt, austère et triste, un peu ennuyeuse il faut bien l’avouer… mais la seconde est bien plus enthousiasmante. Par sa forme tout d’abord : un beau noir et blanc 16 mm et le faux-muet (la seule voix est off, c’est celle du narrateur mais certains bruits ambiants peuvent être présents) qui donnent un caractère imaginaire, presque onirique, au récit. Par son histoire aussi, qui nous ramène en arrière en Afrique à une période juste antérieure aux guerres coloniales portugaises (soit la fin des années cinquante), la fin d’un monde où prend place le récit dramatique et épuré d’un amour impossible, d’un beau romantisme désuet. Cette seconde partie se situe en dehors des normes et n’en est que plus fascinante.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Teresa Madruga, Laura Soveral, Ana Moreira, Carloto Cotta
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Remarques :
* En débutant par « Autrefois, Aurora tenait une ferme en Afrique », le récit de la seconde partie nous fait inévitablement penser à Karen Blixen et Out of Africa.
* Miguel Gomes revendique l’influence de F.W. Murnau, notamment pour le titre du film (Tabou est le titre du dernier film de Murnau).
* Le (court) prologue semble un peu délicat à interpréter : nostalgie d’un imaginaire devenu suranné ? Il se situe en tous cas à une période encore antérieure, donnant l’impression d’être le premier volet d’un triptyque.

Tabou (2012) de Miguel Gomes

11 janvier 2015

La Lumière (1987) de Souleymane Cissé

Titre original : « Yeelen »

La lumièreDans une communauté Bambara, au Mali à une époque non définie (1), un jeune homme est sur le point de recevoir le komo, un savoir qui permet de maitriser les forces qui nous entourent. Le père supporte mal qu’il devienne son égal et même le dépasse. Pressentant qu’il veut tuer son fils, la mère éloigne le jeune Bambara et l’envoie rejoindre son oncle afin qu’il puisse acquérir suffisamment de connaissance pour affronter son père… Yeelen est le récit d’un parcours initiatique. C’est un film d’une grande complexité symbolique et il faut bien avouer qu’il est certainement difficile, pour un spectateur non africain du moins, d’en percevoir toutes les significations. Mais les thèmes évoqués sont forts, ce sont les grands mythes de l’humanité, et le but ultime est  l’aube d’une ère nouvelle, comme en témoigne la très belle fin. Dans sa forme, le récit s’apparente à une tragédie grecque, et la volonté d’un père de tuer son fils renforce cette impression. Plastiquement, le film est en outre très beau ce qui contribue à le rendre assez fascinant.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Issiaka Kane, Niamanto Sanogo, Balla Moussa Keita
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Pour en savoir plus :
* Yeelen ou la sorcellerie filmée, une intéressante étude de David-Pierre Fila sur le site Africiné, une étude qui analyse en outre l’engouement des films de sorcellerie pour le spectateur africain.
* La Lumière de Souleymane Cissé, un livre de Samuel Lelièvre aux éditions L’Harmattan (2013)

(1) L’auteur situe l’histoire de Yeelen dans le passé, dix siècles plus tôt, mais elle est fondamentalement atemporelle.

La lumière (1987) de Souleymane Cissé
Une lumière nouvelle… image finale de Yeelen de Souleyman Cissé.

10 janvier 2015

Le vent (1982) de Souleymane Cissé

Titre original : « Finyè »

Le ventBah et Batrou sont camarades d’école secondaire. Ils ont des origines très différentes : lui est le fils d’un ancien chef traditionnel alors qu’elle est la fille du gouverneur militaire de la ville… Le vent est le troisième long métrage du réalisateur malien Souleymane Cissé, l’un des cinéastes africains majeurs. S’il s’agit du récit d’une révolte d’étudiants face au pouvoir militaire, la portée du film est plus large puisqu’il propose une vision sur la mutation des sociétés africaines, sur la rencontre entre une culture ancestrale et des valeurs de la société moderne (il s’agit plus d’une rencontre que d’une confrontation car l’une ne chasse pas l’autre). Cette rencontre est présente non seulement sur la question du pouvoir mais aussi dans le fonctionnement social :  la polygamie côtoie ainsi un début d’émancipation des femmes. La vision que Souleymane Cissé nous propose est globalement optimiste, montrant une grande confiance en l’avenir.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Fousseyni Sissoko, Goundo Guissé, Balla Moussa Keita, Ismaila Sarr
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Remarques :
* Le film a fait partie de la sélection Un certain regard à Cannes en 1982.
* « J’ai fait ce film quand les Maliens avaient cessé de croire en leur avenir pendant une période de tension politique et militaire. J’étais tellement confiant en l’avenir que j’ai fait Finyè et il a créé un grand engouement populaire car le film disait ce que les gens n’osaient dire. » (Souleymane Cissé à propos de Finyè)

Homonyme :
Le vent (The Wind) de Victor Sjöström (1928) avec Lillian Gish.

Le Vent de Souleymane Cissé

6 janvier 2015

Love (1969) de Ken Russell

Titre original : « Women in Love »

LoveDans une petite ville minière anglaise de 1920, deux soeurs nouent une relation avec deux amis, l’un est un inspecteur d’école à l’esprit libertaire, l’autre est le propriétaire d’une mine à l’esprit conservateur… Women in Love est le troisième film de Ken Russell. Le cinéaste anglais réalise une belle adaptation du roman de D.H. Lawrence en nous offrant ce subtil entrelacs d’esthétisme, de sexualité et de philosophie. C’est principalement une réflexion sur l’amour ; les quatre personnages principaux en ont une conception très différente : coté hommes, l’un ne désire aimer que par convention sociale, constatant l’absence d’alternative, l’autre ne veut se conformer à un modèle et se limiter à une simple relation (l’homosexualité, plus que latente, culmine dans une célèbre scène de combat des deux hommes nus, superbement éclairée et photographiée) ; côté femmes, si l’une n’aspire qu’à une relation amoureuse très traditionnelle et exclusive, l’autre recherche une relation plus riche et intellectuellement stimulante. Cette palette de caractères permet d’explorer les différentes formes de l’amour, ses limitations, son caractère souvent exclusif, avec en toile de fond le monde en pleine évolution des années folles, évolution présente autant sur le plan social que sur le plan des idées. Le propos est finalement très riche et Ken Russell le met en scène avec verve et flamboyance, avec un parti-pris esthétique bien inspiré, même si certaines scènes peuvent paraître un peu étirées.
Elle: 4 étoiles
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Alan Bates, Oliver Reed, Glenda Jackson, Jennie Linden, Eleanor Bron
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Remarques :
* D.H. Lawrence a écrit Women in Love en 1920.
* Glenda Jackson a reçu un Oscar en 1971 pour son interprétation.

Women in Love (1969) de Ken Russell
Glenda Jackson et Oliver Reed dans Women in Love (1969) de Ken Russell