15 juillet 2022

Milla (2019) de Shannon Murphy

Titre original : « Babyteeth »

Milla (Babyteeth)Milla n’est pas une adolescente comme les autres car elle est atteinte d’une grave maladie. Quand elle croise Moses dans le métro, c’est toute sa vie et celle de son entourage qui s’en retrouvent bouleversées…
Milla est un film australien réalisé par Shannon Murphy, son premier long métrage. Il s’agit de l’adaptation de la pièce Babyteeth (= dents de lait) de Rita Kalnejais. Malgré la gravité du sujet, le récit ne cherche pas à nous apitoyer, la réalisatrice dit même avoir été attirée par la façon dont l’auteure refuse tout sentimentalisme. L’approche est très originale à la fois par sa construction en petits chapitres avec un titre, et par ses personnages assez surprenants. Tous présentent une indéniable originalité, un petit dysfonctionnement. L’humour est présent par petites touches et le film oscille entre drame et comédie, même les scènes qui auraient pu être difficiles montrent des éléments décalés…  et aussi de la délicatesse. Les acteurs tiennent fort bien leur rôle. L’ensemble est assez fort. Une belle réussite pour cette jeune réalisatrice qui a commencé sa carrière au théâtre.
Elle: 4 étoiles
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Eliza Scanlen, Toby Wallace, Essie Davis, Ben Mendelsohn
Voir la fiche du film et la filmographie de Shannon Murphy sur le site IMDB.
Voir la fiche du film sur AlloCiné.

Milla (Babyteeth)Eliza Scanlen et Toby Wallace dans Milla (Babyteeth) de Shannon Murphy.

Milla (Babyteeth)Essie Davis et Ben Mendelsohn dans Milla (Babyteeth) de Shannon Murphy.

3 octobre 2021

Haute couture (2015) de Jocelyn Moorhouse

Titre original : « The Dressmaker »

Haute couture (The Dressmaker)Au début des années 1950, Tilly Dunnage retourne, après 25 ans d’absence, dans son Australie d’origine pour s’occuper de sa mère Molly, seule et demi-folle. Enfant, elle avait été accusée d’avoir tué un jeune garçon (ses propres souvenirs sont confus) et bannie de son village. Elle est devenue styliste et avec sa machine à coudre va provoquer un petit tsunami tout en cherchant à apprendre la vérité…
Haute couture est un film australien adapté d’un roman de Rosalie Ham publié en 2000, The Dressmaker’s Secret (Vengeance Haute couture en français). Le ton oscille entre la comédie et le drame, on ne sait pas toujours s’il faut rire ou pleurer. Les personnages sont typés jusqu’à la caricature, évoquant l’univers des frères Coen, et la réalisatrice australienne s’en donne à cœur joie pour dresser un portrait au vitriol d’une petite communauté où les non-dits cachent une réalité peu reluisante. Kate Winslet sait parfaitement exprimer les tiraillements de son personnage et sa ténacité pour traquer la vérité. Tous les autres acteurs sont australiens avec une mention spéciale pour Judy Davis qui campe sa mère de façon pour le moins pittoresque. L’ensemble est assez jubilatoire, outrancier mais sans excès. Le film a été un très gros succès en Australie mais n’a eu qu’une distribution limitée dans le reste du monde. En France et dans plusieurs européens, il n’est pas sorti en salles.
Elle: 3 étoiles
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Kate Winslet, Judy Davis, Liam Hemsworth, Hugo Weaving, Kerry Fox, Sarah Snook
Voir la fiche du film et la filmographie de Jocelyn Moorhouse sur le site IMDB.
Voir la fiche du film sur AlloCiné.

Haute couture (The Dressmaker)Kate Winslet dans Haute couture (The Dressmaker) de Jocelyn Moorhouse.

Judy Davis et Liam Hemsworth dans Haute couture (The Dressmaker) de Jocelyn Moorhouse.

Judy Davis, Sarah Snook et Kate Winslet dans Haute couture (The Dressmaker) de Jocelyn Moorhouse.

14 avril 2018

Réveil dans la terreur (1971) de Ted Kotcheff

Titre original : « Wake in Fright »
Titre lors de sa sortie : « Outback »

Réveil dans la terreurJeune instituteur dans un petit village isolé de l’outback australien, poste qu’il a été obligé d’accepter par contrat, John décide de rentrer à Sydney pour les vacances. Il fait une halte dans la ville minière de Bundanyabba, que les locaux nomment « The Yabba »…
Basé sur un bestseller du même nom signé Kenneth Cook, Wake in Fright est un film australien qui a avait disparu après sa présentation au Festival de Cannes 1971. La redécouverte récente d’un négatif original lui a permis de ressusciter. C’est un film vraiment étonnant et inhabituel, un film que l’on peut voir comme un précurseur de cette Nouvelle Vague australienne à laquelle Peter Weir et George Miller donneront ses lettres de noblesse. Mais Ted Kotcheff (futur réalisateur de Rambo) est en réalité canadien et ses deux acteurs principaux sont anglais. Wake in Fright est une véritable descente aux enfers, sorte de Las Vegas Parano au pays des kangourous et de la bière ingurgitée par tombereaux. La vision qu’il nous donne des ces villes minières de l’arrière-pays australien est assez terrifiante. On aimerait croire que cette vision est outrancière mais rien n’est moins sûr. Le déroulement de cette histoire assez glauque est néanmoins admirable car on a l’impression de s’enfoncer toujours plus. Cela témoigne d’une belle maitrise du réalisateur qui nous gratifie, en outre, de plusieurs très beaux plans.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Donald Pleasence, Gary Bond, Chips Rafferty, Sylvia Kay, Jack Thompson
Voir la fiche du film et la filmographie de Ted Kotcheff sur le site IMDB.

Wake in fright
Chips Rafferty (vrai australien et grand buveur de bière) et Gary Bond  dans Réveil dans la terreur de Ted Kotcheff.

Remarques :
* Les scènes de chasse aux kangourous ont suscité une polémique. Il faut préciser à ce sujet que Ted Kotcheff est un végétarien convaincu et l’avertissement final, affirmant que ces scènes ont été tournées avec des chasseurs professionnels, est là pour nous alerter (et non pour justifier). Il est vrai qu’il y a là de quoi devenir végétarien… D’après les récits du directeur de la photographie, l’anglais Brian West, le tournage de la scène dura plusieurs heures et les chasseurs, de plus en plus alcoolisés, tiraient de plus en plus mal. L’équipe de tournage, écœurée par le carnage, a fini par provoquer une panne d’électricité pour tout arrêter.
* La ville est en réalité Broken Hill où le réalisateur a séjourné plusieurs mois.
* Wake in Fright a été adapté de nouveau en 2017 pour une série TV australienne.

Wake in Fright
Le superbe plan d’ouverture de Réveil dans la terreur de Ted Kotcheff.

Wake in Fright
Donald Pleasence et Gary Bond dans Réveil dans la terreur de Ted Kotcheff.

Wake in Fright
Autre plan remarquable : la salle de jeu de Réveil dans la terreur de Ted Kotcheff.

23 avril 2015

Le Récif de corail (1939) de Maurice Gleize

Le récif de corailA Brisbane, en Australie, Trott Lennard tue malgré lui un individu louche. Forcé de fuir, il s’embarque sur un cargo qui fait du trafic d’armes. Le capitaine accepte de le prendre en contrepartie d’un service à lui rendre, sans préciser exactement de quoi il s’agit… Il est bien entendu tentant de considérer Le récif de corail dans la lignée de Quai des Brumes : nous retrouvons le couple formé par Michèle Morgan et Jean Gabin, ils interprètent de nouveau deux personnages en marge de la société. Le Récif de corail ne peut que pâlir de la comparaison car le film n’a pas la même superbe mais pourtant il ne manque pas de qualités. Longtemps considéré comme perdu, le film a été miraculeusement retrouvé en 2002 à la Cinémathèque de Belgrade. L’histoire est assez surprenante dans son déroulement, avec des rebondissements franchement inattendus (lorsque l’on prend soin de ne pas lire de résumé avant de voir le film) même si l’ensemble peut paraître guère crédible. La réalisation de Maurice Gleize est parfaite avec de beaux mouvements de caméra et surtout la très belle photographie de Jules Kruger (1).
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Jean Gabin, Michèle Morgan, Saturnin Fabre, Pierre Renoir
Voir la fiche du film et la filmographie de Maurice Gleize sur le site IMDB.

Le Récif de Corail
Michèle Morgan et Jean Gabin dans Le Récif de corail de Maurice Gleize

(1) Jules Kruger a été directeur de la photographie pour Abel Gance (Napoléon, La Fin du monde), Marcel L’Herbier (L’Argent, La Bandera, …), Julien Duvivier (Pépé Le Moko, La Belle Equipe, …) et beaucoup d’autres. C’est l’un des grands directeurs de la photographie français des années trente.

17 janvier 2015

La Dernière Vague (1977) de Peter Weir

Titre original : « The Last Wave »

La dernière vagueAlors que des phénomènes météorologiques étranges apparaissent dans le ciel de Sydney, cinq aborigènes sont arrêtés et inculpés pour le meurtre de l’un des leurs dans des circonstances obscures. L’avocat David Burton est chargé de leur défense. Il est loin d’imaginer ce qu’il va découvrir… La Dernière Vague est un film très étrange où interviennent le surnaturel et les croyances liées aux traditions tribales aborigènes. Le plus remarquable est l’atmosphère que réussit à instiller habilement l’australien Peter Weir, dont c’est ici le troisième long métrage. Cette atmosphère d’abord nous intrigue et finit par nous fasciner et même nous envoûter. La frontière entre rêve et réalité paraît bien ténue, le mystère règne. En outre, le film nous montre ce sentiment de respect mêlé d’une culpabilité sourde de la société moderne australienne vis-à-vis des aborigènes. Du fait du traitement si particulier de son histoire, La Dernière Vague a permis d’attirer l’attention sur Peter Weir.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Richard Chamberlain, Olivia Hamnett, David Gulpilil
Voir la fiche du film et la filmographie de Peter Weir sur le site IMDB.

Voir les autres films de Peter Weir chroniqués sur ce blog…

 

La Dernière Vague de Peter Weir
Richard Chamberlain et David Gulpilil dans La Dernière Vague de Peter Weir.

26 juillet 2014

Perfect Mothers (2013) de Anne Fontaine

Titre original : « Adore »

Perfect MothersAmies depuis l’enfance, Roz et Lil vivent dans deux maisons proches face à une grande plage australienne. Elles ont chacune un grand fils, également très amis, qu’elles contemplent avec admiration et satisfaction. Quand l’un des garçons séduit la mère de son copain, l’autre se met naturellement à l’imiter… D’un roman de Doris Lessing, Anne Fontaine a enjolivé à la fois le lieu et les participants. Les mères sont jeunes et belles (un rapide calcul nous laisse supposer qu’elles auraient eu leur fils entre 15 et 17 ans), les garçons sont beaux comme des dieux grecs et le lieu est irréel, paradisiaque, à l’écart de toute civilisation. Tout cela est sans doute un peu trop beau et donne un côté artificiel à l’ensemble. Anne Fontaine semble s’être surtout appliquée à mettre joliment en scène une transgression sociale (incestueuse sans l’être) au détriment de la profondeur : nous avons l’impression de rester en surface, de simplement observer. Pourtant la situation ne manque d’intérêt : nous avons ici une double relation fusionnelle qui, en rejetant toute intrusion extérieure, se transforme en une quadruple relation fusionnelle quasi indestructible. Il est simplement un peu dommage qu’Anne Fontaine ait tant édulcoré son sujet. La photographie de Christophe Beaucarne (qui a filmé en argentique et en anamorphique) est très belle.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Naomi Watts, Robin Wright, Xavier Samuel, James Frecheville
Voir la fiche du film et la filmographie de Anne Fontaine sur le site IMDB.
Voir les autres films de Anne Fontaine chroniqués sur ce blog…

Remarques :
* Le court roman de Doris Leasing, paru en 2003, a pour titre Les Grand-mères (The Grandmothers). Rappelons que la romancière britannique, décédée fin 2013 à l’âge de 94 ans, s’est vu attribuer le prix Nobel de littérature en 2007.

* Le lieu si paradisiaque où Perfect Mothers a été tourné est Seals Rocks, dans l’état du New South Wales (Nouvelles-Galles du Sud) en Australie, à environ 250 kms au nord de Sydney.
Voici l’emplacement exact du petit chemin qu’ils prennent à partir de la route pour rejoindre la plage sur Google Maps… L’une des deux maisons utilisées pour le tournage est un peu plus haut sur la route, semble t-il. La maison photographiée de loin semble être celle située tout au bout de la baie (la dernière, cadrée de façon à donner l’impression qu’elle est isolée). Le lieu est effectivement paradisiaque…

20 juillet 2012

L’arbre (2010) de Julie Bertuccelli

Titre original : « The Tree »

L'arbrePeter et Dawn vivent avec leurs quatre enfants dans le bush australien. La mort brutale de Peter met un terme à leur bonheur. Simone, la fillette, imagine que l’esprit de son père est passé dans le grand arbre qui domine la maison, un gigantesque figuier qui semble doté de vie… L’arbre est la chronique assez émouvante d’une famille frappée par un décès que Julie Bertuccelli a su filmer sans forcer le trait. Le film oscille entre le conte et le réalisme sans vraiment choisir, ce qui le prive de développer sa personnalité. On peut ainsi certainement reprocher au film de manquer un peu profondeur et aussi d’être un peu trop consensuel. Charlotte Gainsbourg trouve le ton juste pour interpréter ce rôle avec beaucoup de sensibilité.
Elle: 3 étoiles
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Charlotte Gainsbourg, Morgana Davies, Marton Csokas
Voir la fiche du film et la filmographie de Julie Bertuccelli sur le site IMDB.

Voir les autres films de Julie Bertuccelli chroniqués sur ce blog…