31 janvier 2015

Sommaire de janvier 2015

Soleil vertLes Chiens de pailleLe Chevalier de MaupinMinuit dans le jardin du bien et du malSeptemberLe Couple invisibleHannah et ses soeursHellzapoppin'

Soleil vert

(1973) de Richard Fleischer

Les Chiens de paille

(1971) de Sam Peckinpah

Le Chevalier de Maupin

(1967) de Mauro Bolognini

Minuit dans le jardin du bien et du mal

(1997) de Clint Eastwood

September

(1987) de Woody Allen

Le Couple invisible

(1937) de Norman McLeod

Hannah et ses soeurs

(1986) de Woody Allen

Hellzapoppin’

(1941) de H.C. Potter

Histoire de détectiveLa Dernière VagueTempête à WashingtonFrançois PremierCinéma ParadisoQuatre au paradisTabouLa Lumière

Histoire de détective

(1951) de William Wyler

La Dernière Vague

(1977) de Peter Weir

Tempête à Washington

(1962) de Otto Preminger

François Premier

(1937) de Christian-Jaque

Cinéma Paradiso

(1988) de Giuseppe Tornatore

Quatre au paradis

(1938) de Michael Curtiz

Tabou

(2012) de Miguel Gomes

La Lumière

(1987) de Souleymane Cissé

Le ventLoveLa Vie d'un honnête hommeVille conquisePoulet au vinaigre

Le Vent

(1982) de Souleymane Cissé

Love

(1969) de Ken Russell

La Vie d’un honnête homme

(1953) de Sacha Guitry

Ville conquise

(1940) de Anatole Litvak

Poulet au vinaigre

(1985) de Claude Chabrol

Nombre de billets : 21

30 janvier 2015

Soleil vert (1973) de Richard Fleischer

Titre original : « Soylent Green »

Soleil vertNew York en 2022 compte quarante millions d’habitants, la plupart sans domicile, se nourrissant des nourritures synthétiques en plaque fabriquées par la compagnie Soylent. Le policier Thorn a la chance d’avoir un minuscule appartement qu’il partage avec Sol, un vieillard qui l’aide dans ses enquêtes. La mort suspecte d’un « homme riche » va les amener à découvrir un terrible secret… Soleil vert, l’un des films majeurs de la science-fiction au cinéma, est l’adaptation d’un roman d’Harry Harrison. Si le film est remarquable, ce n’est pas tant par le déroulement de l’enquête, ni même par la découverte du terrible secret (que le spectateur devinera certainement très tôt dans le film, s’il ne l’a pas appris à l’avance à la lecture d’un résumé), mais plutôt par la vision qu’il nous permet d’avoir d’un futur proche, celle d’un monde asphyxié par une surpopulation extrême, une pollution omniprésente, une pénurie généralisée, une perte totale des liens avec la nature. Certaines scènes sont vraiment marquantes (comme celle des camions-bennes anti-émeute) mais la puissance du film vient certainement de la proximité du monde décrit avec notre monde actuel, autant celui de 1973 que celui du troisième millénaire. Bien entendu, notre monde n’a (heureusement) pas atteint ce niveau de surpopulation mais le point important dans cette vision est de nous montrer un monde en pleine « dé-socialisation », en proie à un délitement total des rapports entre les hommes, à la perte progressive de la valeur humaine. Cette préoccupation reste très actuelle : l’accroissement de la valeur humaine, que l’on pourrait sans doute nommer progrès de l’humanité, pourrait-elle à un moment donné culminer pour nous faire basculer dans une régression ? La question se situe bien au-delà de la simple préoccupation de savoir si cette vision est pessimiste ou pas (elle l’est, mais c’est secondaire). Soleil vert se situe donc bien dans la lignée des grands romans ou films de science-fiction qui, 1984 en tête, jouent le rôle de lanceurs d’alerte en extrapolant. Ils nous questionnent sur notre monde, celui d’aujourd’hui, le monde dans lequel nous vivons. Ils ont ainsi une indéniable dimension philosophique.
Elle: 4 étoiles
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Charlton Heston, Edward G. Robinson, Chuck Connors, Joseph Cotten
Voir la fiche du film et la filmographie de Richard Fleischer sur le site IMDB.

Voir les autres films de Richard Fleischer chroniqués sur ce blog…

Soleil Vert
Charlton Heston découvre le secret du Soleil vert dans le film homonyme de Richard Fleisher.

Remarques :
* Le mot « Soylent » est formé avec la première syllabe des deux mots « soybeans & lentils » (soja et lentilles).
* Le roman de Harry Harrison s’intitule Make room ! Make room ! (1966). En dehors de ce roman, ses histoires étaient souvent marquées par un certain humour. Il a notamment créé les personnages Ratinox (The Stainless Steel Rat) et Bill, le héros galactique (Bill, the Galactic Hero) (récemment porté à l’écran) qu’il a fait vivre dans plusieurs romans. Harry Harrison a eu sans doute plus d’influence en étant éditeur de plusieurs magazines publiant des nouvelles.
* La composition si particulière du Soleil vert n’était pas dans le roman. Cette facette a été introduite par le scénariste Stanley R. Greenberg.
* Soleil vert est le dernier film d’Edward G. Robinson. L’acteur était très malade pendant le tournage et en outre était devenu presque totalement sourd. Il est décédé en janvier 1973, avant même la sortie du film.
* Le jeu vidéo auquel joue la jeune femme dans l’appartement de Joseph Cotten est Computer Space. Ce jeu créé en 1971 par Nolan Bushnell (futur créateur d’Atari) est le premier jeu vidéo en machine d’arcades (à pièces). A l’époque du tournage, c’était le seul. Pong apparaitra quelques mois plus tard.

 

Soleil vert (1973) de Richard Fleischer
Charlton Heston et Edward G. Robinson dans Soleil vert de Richard Fleischer

Soleil vert (1973) de Richard Fleischer
Les camions-bennes anti-émeute à l’oeuvre dans un monde en proie à la surpopulation dans Soleil vert de Richard Fleischer.

28 janvier 2015

Les Chiens de paille (1971) de Sam Peckinpah

Titre original : « Straw Dogs »

Les chiens de paillePour fuir la violence qu’il jugeait trop omniprésente dans son pays, un jeune américain est venu s’installer dans le village natal de sa femme en Cornouailles afin de poursuivre au calme ses recherches en mathématiques. Pour retaper le garage, il a engagé des habitants du village qui semblent surtout motivés à lorgner sa femme… Adaptation d’un roman en faveur de l’auto-défense, Les Chiens de paille est le premier film de Sam Peckinpah qui n’est pas un western. La mise en place est très longue, Sam Peckinpah prenant tout son temps pour installer un climat angoissant qui nous met très mal à l’aise. Outre la galerie de véritables primates que sont les autochtones, il utilise pour ce faire un style de montage très particulier, très haché, qui génère une impression de déséquilibre. Dans une seconde moitié, il donne libre cours à son thème favori, la violence : à la violence bestiale des primates précités, il oppose la violence plus froide et calculée de l’intellectuel, qui se révèle finalement être aussi épidermique et primitive que la première. Sans offrir vraiment de réflexion sur cette violence (contrairement à d’autres films de la même époque, on peut penser à Délivrance ou à Orange mécanique par exemple), Peckinpah semble plus vouloir jouer sur la fascination / répulsion face à cette ultra-violence, la scène du double viol étant la meilleure illustration.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Dustin Hoffman, Susan George, Peter Vaughan, David Warner
Voir la fiche du film et la filmographie de Sam Peckinpah sur le site IMDB.
Voir les autres films de Sam Peckinpah chroniqués sur ce blog…
Voir les livres sur Sam Peckinpah

Remarques :
* On peut s’interroger sur le sens du titre. La production a déclaré que l’origine en était une citation de Lao Tseu : « Rudes sont le ciel et la terre qui traitent en chiens de paille la multitude des êtres. Rude est le sage qui traite le peuple en chien de paille. »
Hum… c’est effectivement nettement plus clair ! En cherchant un peu plus, on trouve que les chiens de paille étaient utilisés comme figure sacrificielle dans la Chine ancienne. Avec cette précision, on peut commencer à comprendre la citation (mais on ne voit pas bien pourquoi elle s’appliquerait au film…)
* D’habitude fort peu attiré par la violence, Dusty Hoffman a avoué n’avoir tourné ce film que pour des raisons pécuniaires.
* Le roman, intitulé The Siege of Trencher’s farm (1969), est de l’écossais Gordon Williams.

Remake :
Chiens de paille (Straw Dogs) de Rod Lurie (2011) avec James Marsden et Kate Bosworth.

Les Chiens de paille
Le calme avant la tempête… Susan George et Dustin Hoffman dans Les Chiens de Paille de Sam Peckinpah.

25 janvier 2015

Le Chevalier de Maupin (1967) de Mauro Bolognini

Titre original : « Madamigella di Maupin »

Mademoiselle de MaupinAu XVIIIe siècle, Magdeleine de Maupin, déguisée en abbé, est envoyée par son père au couvent pour la protéger de l’invasion des troupes hongroises. La jeune fille préfère toutefois prendre sa liberté pour rencontrer l’amour. Prise pour un jeune garçon, elle est enrôlée de force par un fougueux capitaine du roi… Cette adaptation du roman de Théophile Gautier Mademoiselle de Maupin est l’unique film d’aventures de Mauro Bolognini. Cette histoire, qui évoque quelque peu le Chevalier d’Eon, est un divertissement léger et assez plaisant à condition de faire preuve d’imagination : aucun effort n’ayant été fait pour travestir un tant soit peu la belle Catherine Spaak en homme ou même en jeune garçon efféminé, on se demande par quel mécanisme mental les autres personnages peuvent ne pas voir qu’il s’agit d’une femme (l’habit était certes plus important à cette époque qu’aujourd’hui, la robe était certainement un élément indissociable de la féminité et inversement, les perruques gênaient-elles à l’identification des sexes ?) Toutes ces réflexions intérieures nous font perdre un peu le fil de l’histoire qui, fort heureusement, n’est guère complexe. Robert Hossein, auréolé du succès d’Angélique Marquise des anges, était un choix sans doute assez facile pour le rôle du séducteur plein de bravoure mais semble ne s’être investi qu’assez mollement dans ce personnage assez pataud. Le Chevalier de Maupin est le premier film en couleurs de Bolognini et l’image est très belle ; le meilleur du film se situe certainement là.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Catherine Spaak, Robert Hossein, Tomas Milian
Voir la fiche du film et la filmographie de Mauro Bolognini sur le site IMDB.

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Remarques :
* Le film aurait eu quelques soucis avec la censure. Pourtant, et en cherchant bien, un seul plan semble pouvoir affoler les sens d’une personne émotive (Catherine Spaak, sortant du bain, vue nue de dos une fraction de seconde dans le reflet d’une flaque d’eau)…
* Le film est de toute évidence post-synchronisé, cela se sent.
* Catherine Spaak joue le rôle d’une mère supérieure dans un remake pour la télévision (RAI en Italie et TF1 en France) : Julie, chevalier de Maupin (2004) avec Sarah Biasini (la fille de Romy Schneider) dans le rôle principal.

Chevalier
Robert Hossein et Catherine Spaak déguisée en garçon dans Le Chevalier de Maupin (1967) de Mauro Bolognini

Le Chevalier de Maupin de Mauro Bolognini
Catherine Spaak déguisée en garçon (si!) et Tomas Milian dans Le Chevalier de Maupin (1967) de Mauro Bolognini

24 janvier 2015

Minuit dans le jardin du bien et du mal (1997) de Clint Eastwood

Titre original : « Midnight in the Garden of Good and Evil »

Minuit dans le jardin du bien et du malUn jeune reporter arrive dans une ville du sud des Etats-Unis (Savannah en Géorgie) pour écrire un papier sur une célèbre réception annuelle chez un millionnaire local où est invitée toute la bonne société de la ville… Minuit dans le jardin du bien et du mal est adapté d’un roman de John Berendt, lui-même basé sur des faits et des personnages réels. L’intrigue n’est pas très passionnante mais c’est certainement la possibilité d’une approche plutôt ethnographique qui a attiré Clint Eastwood : l’homosexualité vient ici perturber (gentiment) les assises sociales. Le propos ne va pas très loin mais venant d’Eastwood, cela surprend quelque peu. Le film est plus remarquable par sa forme, d’un très beau classicisme avec une belle photographie et de superbes mouvements de caméra. Il n’est pas interdit de trouver l’ensemble un peu long…
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: John Cusack, Kevin Spacey, Jack Thompson, Jude Law
Voir la fiche du film et la filmographie de Clint Eastwood sur le site IMDB.
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Remarques :
* Lady Chablis joue ici son propre rôle.
* La statue que l’on voit sur l’affiche est une sculpture créée par Sylvia Shaw Judson et intitulée Bird Girl. Seulement quatre exemplaires furent réalisés dont un qui fut acheté par une famille de Savannah. Cette statue connut la notoriété lorsqu’elle fut placée sur la couverture du livre de John Berendt.  La statue utilisée dans le film n’est qu’une copie, mal réalisée de surcroît puisque la jeune fille a les pouces tournés vers nous, ce qui est impossible.

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23 janvier 2015

September (1987) de Woody Allen

SeptemberDans une maison de la Nouvelle Angleterre, Lane reçoit sa mère, ex-star de cinéma plutôt frivole, pour quelques jours de même que son amie Stephanie. Le voisin de Lane l’aime secrètement alors que Lane est amoureuse de Peter, un écrivain venu habiter quelques semaines dans sa maison pour parvenir à écrire au calme, mais Peter est attiré par Stephanie qui est mariée… Pour écrire September, Woody Allen dit avoir été inspiré par la maison de campagne de Mia Farrow, maison qu’il a reconstituée en studio. Il y place un drame aux accents tchékhoviens basé sur six personnages. Si September a souvent été rapproché d’Interiors (1978) pour son atmosphère bergmanienne, il n’a pas tout à fait la même profondeur. Le sujet principal est ici l’inaccessibilité de l’être aimé, les rares tentatives par Woody Allen d’élargir le propos restent limitées dans leur portée. Woody Allen marque certains contrastes : face à l’abnégation tourmentée de Lane, dont l’interprétation par Mia Farrow a parfois des inflexions christiques, la mère paraît particulièrement égoïste et superficielle (mais c’est leur seul personnage qui ressortira indemne). Il n’y a aucun plan d’extérieurs : tout le film se déroule dans la maison pour laquelle Carlo Di Palma a créé de beaux éclairages, parfois à la bougie (lors de la panne). September fut un très gros échec commercial pour Woody Allen.
Elle: 4 étoiles
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Dianne Wiest, Mia Farrow, Elaine Stritch, Sam Waterston, Denholm Elliott, Jack Warden
Voir la fiche du film et la filmographie de Woody Allen sur le site IMDB.

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Remarques :
* Woody Allen avait tourné et monté une première version de September avec Maureen O’Sullivan dans le rôle de la mère, Charles Durning dans le rôle du voisin, et Christopher Walken, rapidement remplacé par Sam Shepard, dans le rôle de Peter. Peu satisfait du résultat (surtout de la prestation de Maureen O’Sullivan), Woody Allen a décidé de tout refaire. La première version a été détruite.

* Fait unique dans sa filmographie : 1987 est une année où Woody Allen a sorti deux longs métrages cinéma, September et Radio Days.

September de Woody Allen
Mia Farrow et Sam Waterston dans September de Woody Allen.

22 janvier 2015

Le Couple invisible (1937) de Norman McLeod

Titre original : « Topper »

Le couple invisibleMarion et George forment un couple de riches oisifs qui mènent une vie de plaisir. Tués sur le coup dans un accident, ils deviennent des fantômes et doivent accomplir au moins une bonne action pour être acceptés au ciel. Ils décident de changer la vie morne et terne de Monsieur Topper, banquier de son état… L’histoire de Topper est tirée d’un roman de Thorne Smith. L’idée du producteur Hal Roach est de faire un film dans le style de The Thin Man qui avait rencontré un grand succès, c’est-à-dire une comédie légère basée sur un couple fantasque et frivole. L’ensemble est très amusant, bien enlevé, avec de beaux effets de transparence ou d’apparition/disparition des personnages. Si Cary Grant est un peu retenu dans son jeu, Constance Bennett est absolument délicieuse mais le plus remarquable est sans doute Roland Young dans le rôle du banquier qui rêve de s’émanciper. Topper remporta un grand succès qui suscita la mise en production de deux suites. Pour des raisons que j’ignore, les critiques ont tendance à bouder cette comédie. Ils ont tort car elle nous fait vraiment passer un bon moment.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Constance Bennett, Cary Grant, Roland Young, Billie Burke
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Remarques :
* Initialement, le projet était prévu avec Jean Harlow dans le rôle de Marion et W.C. Fields dans le rôle de Topper mais aucun des deux n’étaient libres.
* Lana Turner (alors âgée de 16 ans) apparaît dans un petit rôle de figuration (une cliente du night-club).
* Topper fut (hélas) le premier film à être colorisé en 1985.
* Mrs. Stuyvesant est interprétée par Hedda Hopper,  l’infâme chroniqueuse ultra-réactionnaire et colporteuse de ragots (concurrente de Louella Parsons). Elle débutera sa chronique l’année suivante alors que sa carrière d’actrice marque le pas.

Suites :
1) Fantômes en croisière (Topper takes a trip) de Norman Z. McLeod (1938) avec Constance Bennett, Roland Young mais sans Cary Grant.
2) Le Retour de Topper (Topper returns) de Roy Del Ruth (1941) avec Joan Blondell et Roland Young.
En outre, Topper a été repris plusieurs fois à la télévision.

Le Couple invisible (1937) de Norman Z. McLeod
(de g. à d.) Roland Young, Cary Grant et Constance Bennett dans Topper.

Le Couple invisible (1937) de Norman Z. McLeod
Au début de Topper, Constance Bennett et Cary Grant se sont endormis dans cette superbe voiture qui a été dessinée par Bohman & Schwartz sur le châssis d’une Buick 1936. Il s’agit d’un modèle unique. En outre, un deuxième volant face au passager a été placé de telle sorte qu’il ne puisse être vu par la caméra afin de donner l’impression, dans certaines scènes, qu’elle roule sans conducteur (ou plus exactement avec un conducteur invisible…)

21 janvier 2015

Hannah et ses soeurs (1986) de Woody Allen

Titre original : « Hannah and Her Sisters »

Hannah et ses soeursUne famille réunie pour un repas de fin d’année, c’est le point de départ de Hannah et ses soeurs qui nous fait suivre les hésitations sentimentales et les angoisses existentielles des participants à ce repas sur une période de deux années. Dans la filmographie de Woody Allen, le film marque un retour au temps présent et se démarque par rapport aux précédents par le fait qu’il n’y a pas ici un personnage principal mais cinq, voire six. Cette multiplicité permet à Woody Allen de signer un film très riche où les situations sont nombreuses. Pour l’écrire, il a puisé en grande partie dans sa vie personnelle et celle de Mia Farrow. Très new-yorkais, c’est aussi un film très vivant et parfaitement équilibré, mêlant habilement l’humour au dramatique. Très allénien en quelque sorte… Hannah et ses soeurs fut un grand succès couronné par pas moins de trois Oscars. Il est certainement à classer parmi les meilleurs films de Woody Allen.
Elle: 5 étoiles
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Mia Farrow, Dianne Wiest, Barbara Hershey, Michael Caine, Maureen O’Sullivan, Lloyd Nolan, Max von Sydow, Woody Allen
Voir la fiche du film et la filmographie de Woody Allen sur le site IMDB.

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Hannah et ses soeurs (1986) de Woody Allen

Remarques :
* De nombreuses scènes furent tournées dans le propre appartement de Mia Farrow. En outre, les quatre enfants de Mia Farrow apparaissent dans le film, y compris Soon-Yi Previn.

* Comme son personnage, Woody Allen a cru avoir une tumeur au cerveau (à l’époque du tournage de Manhattan).

* Comme Mia Farrow lui reprochait de mettre des éléments de leur vie personnelle dans le film, Woody Allen a modifié le scénario pour qu’Hannah reproche à sa soeur de mettre sa vie personnelle dans le scénario qu’elle écrivait ! La colère de Mia Farrow est ainsi autant celle de son personnage envers sa soeur que la sienne propre envers son compagnon Woody Allen.

* Les parents des trois soeurs sont interprétés par deux grands vétérans d’Hollywood : la mère par Maureen O’Sullivan (l’affriolante Jane des Tarzan dès 1932) qui, rappelons-le, est la mère de Mia Farrow dans la vraie vie… et le père par Lloyd Nolan (160 films au compteur dont nombre films de gangsters des années 30 et films noirs des années 40). C’est hélas son dernier film puisque l’acteur est décédé peu après la fin du tournage, avant même la sortie du film, à l’âge de 83 ans.

* Hannah et ses soeurs est le premier film de Woody Allen sans son directeur de la photographie habituel Gordon Willis, retenu sur un autre tournage. C’est ainsi le premier film du réalisateur avec Carlo Di Palma qui a été le directeur de la photo d’Antonioni. C’est un changement important pour Woody Allen qui désire donner un style plus européen à ses films, privilégier le mouvement et la mobilité. Di Palma restera son directeur de la photo pendant plus de dix ans.

Hannah et ses soeurs (1986) de Woody Allen
Hannah (Mia Farrow) et ses soeurs Lee (Barbara Hershey) et Holly (Dianne Wiest).

19 janvier 2015

Hellzapoppin’ (1941) de H.C. Potter

HellzapoppinAlors qu’Ole et Chic sont en plein tournage, le metteur en scène arrête tout pour faire intervenir un scénariste qui leur concocte une histoire assez abracadabrante… Au départ, Hellzapoppin fut un spectacle à Broadway avec lequel le duo d’acteurs comiques Ole Olsen et Chic Johnson rencontra un immense succès. Beaucoup de choses ont été changées pour le passage à l’écran mais il reste cet humour débridé et totalement loufoque qui caractérisait la pièce. Les gags s’enchaînent à très grande vitesse, jouant le plus souvent sur le nonsense (dans un style que ne renieraient pas les Monty Python). L’ensemble est un peu inégal, il y a quelques lourdeurs mais les belles trouvailles d’humour sont vraiment nombreuses, notamment celles qui font intervenir le projectionniste. Face à tant d’inventivité, on a un peu du mal à comprendre qu’Hellzapoppin soit le seul film vraiment notable du duo Ole Olsen et Chic Johnson.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Ole Olsen, Chic Johnson, Martha Raye, Hugh Herbert, Mischa Auer
Voir la fiche du film et la filmographie de H.C. Potter sur le site IMDB.

Voir les autres films de H.C. Potter chroniqués sur ce blog…

Hellzapoppin' (1941) de H.C. Potter
(de g. à d.) Mischa Auer, Chic Johnson et Ole Olsen dans Hellzapoppin’

Hellzapoppin' (1941) de H.C. Potter
Martha Raye et Mischa Auer dans Hellzapoppin’.

Remarques :
* Le spectacle Hellzapoppin’ a été joué 1404 fois à Broadway à partir de septembre 1938.
* Hellzapoppin était l’un des films préférés de Louis de Funès qui le connaissait par coeur…

* Hellzapoppin’ est également réputé pour montrer une superbe démonstration, acrobatique et spectaculaire, de Lindy Hop (danse de rue qui s’est développée dans la communauté noire-américaine de Harlem) par les Harlem Congeroo Dancers (alias Whitey’s Lindy Hoppers) sur une musique endiablée. L’introduction musicale montre Slim Gaillard (piano, guitare) et Slam Stewart (contrebasse) mais lorsque le numéro de Lindy Hop commence, ce serait l’Universal Studios Band qui joue. Et en réalité, le numéro de danse aurait été filmé sur “Jumpin’ at the Woodside” de Count Basie, morceau qui n’a pu être conservé pour des raisons de copyright (lu sur : www.swingornothing.com).

* Le personnage du vrai/faux prince russe joué par Mischa Auer (« a real Russian prince who is pretending to be a fake Russian prince ») est une satire de Michael Romanoff qui venait d’ouvrir le Romanoff’s qui devint rapidement le plus célèbre restaurant d’Hollywood fréquenté par tout le gratin du cinéma de 1941 à 1962. Il prétendait être un prince russe et neveu du tsar Nicolas II mais il était de notoriété publique que c’était faux.

Ronaoff's
Deux des plus célèbres photos prises au Romanoff’s.
Photo de gauche : Michael Romanoff (à gauche) face à Humphrey Bogart et Sidney Luft
(Michael Romanoff faisait partie du fameux Rat Pack qui se réunissait souvent dans son restaurant)
Photo de droite : Sophia Loren et Jayne Mansfield en décembre 1957.
(histoire de cette photo : lors d’une soirée pour célébrer l’arrivée de Sophia Loren à Hollywood, Jayne Mansfield s’incruste au moment du café et parvient à s’asseoir à côté de la star en arborant sa poitrine au grand bonheur du photographe Joe Shere).

18 janvier 2015

Histoire de détective (1951) de William Wyler

Titre original : « Detective Story »

Histoire de détectiveUne journée ordinaire dans un commissariat de New York. Des habitants viennent porter plainte, d’autres sont ramenés par les policiers pour des délits très divers. Le détective MacLeod est l’un des piliers de la brigade, c’est un homme d’une grande intransigeance morale… Histoire de détective (Detective Story) est adapté d’une pièce à succès écrite par Sidney Kingsley dont William Wyler avait déjà adapté Dead End quatorze ans plus tôt. C’est un film très original par son sujet et par sa forme. Prendre comme sujet le travail quotidien des policiers était alors plutôt novateur. Le film prend même tout d’abord des allures de documentaire (on peut trouver que le film est plus proche du néoréalisme que du film noir) mais évolue peu à peu, sans que l’on n’y prenne garde, en un drame personnel assez puissant qui introduit un certain questionnement sur la rigueur morale, sous tendue d’une légère trame psychanalytique. Kirk Douglas a beaucoup de présence dans ce rôle d’anti-héros. La forme est elle aussi originale puisque tout le film (hormis quelques plans) se déroule dans un même lieu et se déroule en temps réel, sans ellipse : unité de temps et unité de lieu donc. William Wyler fait preuve de virtuosité de cadrage et de découpage, d’autant plus qu’il n’y a aucun temps mort, aucun relâchement dans la tension et aucun effet spectaculaire. Seule la fin est un peu trop appuyée mais cela n’empêche Detective Story d’être assez enthousiasmant.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Kirk Douglas, Eleanor Parker, William Bendix, Cathy O’Donnell, George Macready, Horace McMahon, Lee Grant
Voir la fiche du film et la filmographie de William Wyler sur le site IMDB.

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Histoire de détective (1951) de William Wyler
Horace McMahon et Kirk Douglas dans Histoire de détective de William Wyler

Remarques :
* Detective Story a été nominé pour les Oscars dans quatre catégories (mais n’en a gagné aucun). A Cannes, c’est Lee Grant (la voleuse d’un sac à main) qui a reçu le prix de la meilleure actrice en 1952. Son rôle est certes assez mineur mais il est plus complexe qu’il ne paraît car c’est celui qui apporte une touche d’humour ; Lee Grant le tient parfaitement, souvent par des expressions de visage ou des petits gestes. Il s’agit de sa première apparition au cinéma. L’actrice ayant refusé de témoigner contre son mari Alan Manoff lors des auditions HUAC (House Un-American Activities Committee), Lee Grant sera sur liste noire et ne pourra pas tourner d’autres films avant quelques années.

* Le film eut beaucoup de problème avec la censure car le code Hays interdisait le sujet de l’avortement. Le terme « abortion » n’est ainsi jamais utilisé, le docteur inculpé est présenté comme faisant du « baby farming » (trafic de nouveau-nés) mais cela ne colle guère avec les dialogues (il est qualifié par exemple de boucher) et tout le monde a bien compris qu’il s’agissait d’avortement.

* Lee Grant (la voleuse d’un sac à main), Joseph Wiseman (l’un des deux cambrioleurs, celui qui coopère), Michael Strong (le coéquipier de Douglas) and Horace McMahon (le lieutenant) ont repris le rôle qu’ils tenaient sur les planches (où Ralph Bellamy tenait le rôle principal).

Lee Grant dans Histoire de détective (1951) de William Wyler
Lee Grant dans Histoire de détective de William Wyler

Kirk Douglas et Eleanor Parker dans Histoire de détective (1951) de William Wyler
Kirk Douglas et Eleanor Parker dans Histoire de détective de William Wyler (dans une des très rares scènes extérieures au commissariat)