22 juillet 2022

District 9 (2009) de Neill Blomkamp

District 9Un vaisseau spatial extraterrestre géant arrive sur Terre et s’immobilise au-dessus de la ville sud-africaine de Johannesburg. Après plusieurs mois d’inactivité de l’appareil, il est décidé de forcer l’ouverture des portes du vaisseau. A l’intérieur, les équipes d’enquête trouvent avec stupéfaction plus d’un million d’extraterrestres de forme insectoïdes, entassés et souffrant de malnutrition. Ils sont transférés au sol dans un camp appelé District 9 qui, au fil des ans, se transforme en bidonville. Les habitants à proximité se plaignent souvent que les extraterrestres sont des contrevenants sales et ignorants qui volent les ressources humaines…
District 9 est un film de science-fiction coécrit et réalisé par le sud-africain Neill Blomkamp. Il est produit par Peter Jackson, le réalisateur du Seigneur des Anneaux. Le film est original à la fois par son scénario qui s’inspire de l’apartheid (1), et par sa forme qui se calque sur les récits des journaux-télé. De façon inhabituelle, il n’y a pas de héros (le personnage central est un sombre crétin), jusqu’à ce qu’un autre personnage se détache tardivement du lot. Les scènes d’action sont nombreuses avec une belle utilisation des effets numériques pour animer les personnages insectoïdes. La brutalité est également très présente avec parfois des scènes un peu gore. Pour un réalisateur de 29 ans, Neill Blomkamp montre une maitrise parfaite de l’ensemble. Le film a été très bien reçu par la critique et le public.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Sharlto Copley, Jason Cope, David James
Voir la fiche du film et la filmographie de Neill Blomkamp sur le site IMDB.
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(1) Le titre du film fait référence à un fait réel. District 6 est le nom d’un quartier de la ville du Cap en Afrique du Sud. Dans les années soixante et soixante-dix, ce quartier fut « vidé » de sa population cosmopolite par des expulsions. Dans le cadre de l’apartheid, le gouvernement entendait ainsi supprimer une zone d’interaction interraciale contraire à la « nécessaire » séparation des races, et réhabiliter un quartier qu’il qualifiait de bidonville insalubre. Dès 1966, le District 6 fut décrété pour zone de résidence pour Blancs seulement et les expulsions commencèrent peu après.

District 9Sharlto Copley dans District 9 de Neill Blomkamp.

District 9Sharlto Copley dans District 9 de Neill Blomkamp.

11 janvier 2015

La Lumière (1987) de Souleymane Cissé

Titre original : « Yeelen »

La lumièreDans une communauté Bambara, au Mali à une époque non définie (1), un jeune homme est sur le point de recevoir le komo, un savoir qui permet de maitriser les forces qui nous entourent. Le père supporte mal qu’il devienne son égal et même le dépasse. Pressentant qu’il veut tuer son fils, la mère éloigne le jeune Bambara et l’envoie rejoindre son oncle afin qu’il puisse acquérir suffisamment de connaissance pour affronter son père… Yeelen est le récit d’un parcours initiatique. C’est un film d’une grande complexité symbolique et il faut bien avouer qu’il est certainement difficile, pour un spectateur non africain du moins, d’en percevoir toutes les significations. Mais les thèmes évoqués sont forts, ce sont les grands mythes de l’humanité, et le but ultime est  l’aube d’une ère nouvelle, comme en témoigne la très belle fin. Dans sa forme, le récit s’apparente à une tragédie grecque, et la volonté d’un père de tuer son fils renforce cette impression. Plastiquement, le film est en outre très beau ce qui contribue à le rendre assez fascinant.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Issiaka Kane, Niamanto Sanogo, Balla Moussa Keita
Voir la fiche du film et la filmographie de Souleymane Cissé sur le site IMDB.
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Voir les livres sur le cinéma africain

Pour en savoir plus :
* Yeelen ou la sorcellerie filmée, une intéressante étude de David-Pierre Fila sur le site Africiné, une étude qui analyse en outre l’engouement des films de sorcellerie pour le spectateur africain.
* La Lumière de Souleymane Cissé, un livre de Samuel Lelièvre aux éditions L’Harmattan (2013)

(1) L’auteur situe l’histoire de Yeelen dans le passé, dix siècles plus tôt, mais elle est fondamentalement atemporelle.

La lumière (1987) de Souleymane Cissé
Une lumière nouvelle… image finale de Yeelen de Souleyman Cissé.

10 janvier 2015

Le vent (1982) de Souleymane Cissé

Titre original : « Finyè »

Le ventBah et Batrou sont camarades d’école secondaire. Ils ont des origines très différentes : lui est le fils d’un ancien chef traditionnel alors qu’elle est la fille du gouverneur militaire de la ville… Le vent est le troisième long métrage du réalisateur malien Souleymane Cissé, l’un des cinéastes africains majeurs. S’il s’agit du récit d’une révolte d’étudiants face au pouvoir militaire, la portée du film est plus large puisqu’il propose une vision sur la mutation des sociétés africaines, sur la rencontre entre une culture ancestrale et des valeurs de la société moderne (il s’agit plus d’une rencontre que d’une confrontation car l’une ne chasse pas l’autre). Cette rencontre est présente non seulement sur la question du pouvoir mais aussi dans le fonctionnement social :  la polygamie côtoie ainsi un début d’émancipation des femmes. La vision que Souleymane Cissé nous propose est globalement optimiste, montrant une grande confiance en l’avenir.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Fousseyni Sissoko, Goundo Guissé, Balla Moussa Keita, Ismaila Sarr
Voir la fiche du film et la filmographie de Souleymane Cissé sur le site IMDB.
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Remarques :
* Le film a fait partie de la sélection Un certain regard à Cannes en 1982.
* « J’ai fait ce film quand les Maliens avaient cessé de croire en leur avenir pendant une période de tension politique et militaire. J’étais tellement confiant en l’avenir que j’ai fait Finyè et il a créé un grand engouement populaire car le film disait ce que les gens n’osaient dire. » (Souleymane Cissé à propos de Finyè)

Homonyme :
Le vent (The Wind) de Victor Sjöström (1928) avec Lillian Gish.

Le Vent de Souleymane Cissé

3 mars 2008

Daratt, saison sèche (2006) de Mahamat-Saleh Haroun

DarattElle :
Envoyé par son grand-père pour aller tuer l’assassin de son père, Atim trouve le meurtrier qui est boulanger et travaille pour lui. Ecartelé, le jeune homme observe, jauge son ennemi, le découvre humainement mais pense aussi à remplir la mission de son grand-père. Le réalisateur montre incontestablement des talents de mise en scène photographique. Les couleurs de l’Afrique et les belles compositions des scènes illuminent le film. Cependant, le rythme est si lent que l’intérêt s’émousse au fil des minutes.
Note : 2 étoiles

Lui :
Un jeune tchadien de 20 ans se voit confier par son grand-père aveugle la mission d’aller tuer l’assassin de son père qui ne sera pas jugé du fait de la proclamation d’une amnistie. Darrat, Saison Sèche est un long face à face entre ce jeune te l’homme qu’il est venu tuer et qu’il voit de plus en plus en tant qu’homme. Le film soulève le problème de la difficulté d’accepter une amnistie pour clore une guerre civile ; le jeune Atim voudrait tant pouvoir tourner la page, vivre sa vie sans avoir porter le poids du passé. Darrat, Saison Sèche n’est pas sans défaut, probablement un peu trop lent, mais porte un humanisme assez fort.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Ali Barkai, Youssouf Djaoro, Aziza Hisseine
Voir la fiche du film et la filmographie de Mahamat-Saleh Haroun sur le site imdb.com.

30 décembre 2007

Mon nom est Tsotsi (2005) de Gavin Hood

Titre original : Tsotsi

Mon nom est TsotsiElle :
Les bidonvilles surpeuplés de Johannesburg, la misère, la délinquance pour survivre… Gavin Hood nous immerge brutalement dans le milieu des petits gangsters violents qui tuent pour quelques billets. L’itinéraire du chef de bande au regard dur va basculer suite au vol d’une voiture contenant un bébé. Celui-ci se retrouve projeté dans son enfance difficile en manque d’amour au contact du bébé et d’une femme qui le nourrit. Peu à peu, son regard sur le monde va s’adoucir, s’humaniser. Il va connaître de fortes émotions intérieures et briser sa carapace. Cette quête initiatique va le mener sur les chemins d’une renaissance très poignante. Le réalisateur ne joue pas sur les émotions inutiles ; il filme avec sobriété et recul cette rédemption bouleversante.
Note : 4 étoiles

Lui :
Tsotsi est un jeune de 19 ans qui vit dans un immense bidonville près de Johannesburg ; violent, il n’hésite pas à tuer pour voler. Un soir, il vole une voiture avec un bébé sur le siège arrière. Ce petit être sans défense va faire remonter sa propre enfance. Filmé assez simplement de façon très neutre, Mon nom est Tsotsi est un film qui a des côtés « documentaire », nous permettant d’imaginer quelle peut être la vie dans ce bidonville-ghetto mais il est plus que cela car le portrait qu’il nous dresse sait générer une émotion certaine en montrant les questionnements de ce gamin, une sorte de résurgence d’humanité dont il ne sait pas très bien que faire.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Presley Chweneyagae, Terry Pheto, Mothusi Magano
Voir la fiche du film et la filmographie de Gavin Hood sur le site imdb.com.