14 juin 2015

La Peste à Florence (1919) de Otto Rippert

Titre original : « Die Pest in Florenz »

La Peste à FlorenceA l’époque de la Renaissance, la ville de Florence est dirigée par le Conseil des Anciens qui fait régner une austère discipline, d’inspiration religieuse. Une mystérieuse courtisane arrivée de Venise risque de remettre en cause le pouvoir de l’Eglise en incitant la population à profiter des plaisirs de la vie. Son arrestation provoque un soulèvement…
Peu connu, La Peste à Florence de l’allemand Otto Rippert a un scénario écrit par Fritz Lang qui s’est librement inspiré d’une nouvelle d’Edgar Allan Poe, Le Masque de Mort rouge. L’histoire est structurée en chapitres, ce qui était alors l’usage dans le cinéma allemand. Dès le début du film, on est frappé par l’ampleur des scènes de foule ce qui témoigne d’une maitrise certaine de la mise en scène. Si les scènes de débauche sont assez empâtées, il y a de belles scènes, notamment un passage dans le monde des morts (étonnant fleuve des morts), l’apparition de la peste, et un certain nombre d’images symboliques. Le sens profond est un peu difficile à cerner : « la cité symbolise la chute de l’Empire allemand, rongé par l’inflation » indique la fiche d’Arte qui a diffusé ce film. Oui, peut-être (quoique l’inflation en 1919 ne rongeait pas encore l’empire allemand)… personnellement, je verrais plutôt plutôt là une variation faustienne, une réflexion sur la quête d’idéal, sur la recherche de sens, avec, en ce lendemain de guerre mondiale, le thème fort de la Mort purificatrice. Le film a été restauré et numérisé 2K par la Fondation Murnau. (film muet)
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Theodor Becker, Marga von Kierska, Anders Wikman
Voir la fiche du film et la filmographie de Otto Rippert sur le site IMDB.

Remarques :
* La réalisation la plus connue d’Otto Rippert est Homunculus (1916), un sérial en six épisodes qui met en scène un génie du crime, en fait une créature créée par un savant, qui devient dictateur et provoque une guerre mondiale ; une histoire qui préfigure étonnamment ce que sera Hitler. Otto Rippert a arrêté la réalisation en 1925 pour se consacrer au montage.
* Fritz Lang, qui écrivait beaucoup alors, a également signé la même année deux autres scénarios pour Otto Rippert : Der Totentanz (1919, film perdu), Die Frau mit den Orchideen (1919, film perdu).

 

La Peste à Florence(au premier plan de gauche à droite) Anders Wikman, Marga von Kierska et Theodor Becker dans La Peste à Florence de Otto Rippert

15 janvier 2015

François Premier (1937) de Christian-Jaque

François PremierAfin de mieux interpréter le rôle de François 1er au théâtre, Honorin (Fernandel) se fait hypnotiser par un mage qui le transporte plusieurs siècles en arrière à l’époque de la Renaissance, à Amboise… Taillé sur mesure pour Fernandel, François Premier est l’un des plus gros succès des années trente pour l’acteur. Il faut bien avouer que l’humour, souvent un peu trop appuyé, a quelque peu vieilli mais il y a de belles trouvailles de scénario : notre voyageur prédit l’avenir des hommes illustres grâce à son petit Larousse, il copine de façon inattendue avec un fantôme et, surtout, il se fait torturer par un inquisiteur qui lui fait lécher les pieds par une chèvre. Tout l’humour repose sur les anachronismes, le personnage ayant pris soin de partir voyager dans le temps avec des objets qui se révèleront être bien utiles. Le film est assez peu courant aujourd’hui. A condition de faire preuve d’un peu d’indulgence, on pourra le trouver plaisant…
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Fernandel, Mona Goya, Alexandre Rignault, Henri Bosc, Aimé Simon-Girard, Alice Tissot
Voir la fiche du film et la filmographie de Christian-Jaque sur le site IMDB.

Voir les autres films de Christian-Jaque chroniqués sur ce blog…

Voir les livres sur Fernandel

Fernandel dans François Premier de Christian-Jaque
Fernandel dans François Premier (1937) de Christian-Jaque.

5 juillet 2013

Bruegel, le moulin et la croix (2011) de Lech Majewski

Titre original : « The Mill and the Cross »

Bruegel, le moulin et la croixCe film du polonais  Lech Majewski nous permet de plonger littéralement dans l’univers d’un tableau peint par Bruegel en 1564. Il s’agit du tableau Le Portement de la croix, un tableau qui, avec ses quelque 500 personnages, reste difficile à interpréter sur le plan du symbolisme. Adapté d’un livre du critique d’art Michael Francis Gibson, le film Bruegel, le moulin et la croix met en scène une journée d’une douzaine de personnages du tableau Bruegel, Le Portement de la croix en utilisant habilement différentes techniques : images réelles, images de synthèse, personnages filmés sur fond vert puis incrustés. Le travail sur les costumes est remarquable. Le film comporte très peu de paroles, les personnages agissant généralement dans un mutisme plutôt grave. Le résultat est réussi, l’ensemble est très beau, prolongement de l’esthétisme du tableau. C’est une façon séduisante d’étudier un tableau, de nous faire pénétrer son univers étonnant et d’essayer de mieux le comprendre.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Rutger Hauer, Michael York, Charlotte Rampling
Voir la fiche du film et la filmographie de Lech Majewski sur le site IMDB.

Remarque :
* Bruegel n’avait que 35 ans au moment où il a peint ce tableau. L’acteur Rutger Hauer, qui en a presque le double, est donc très âgé pour le rôle.