11 avril 2024

Only Lovers Left Alive (2013) de Jim Jarmusch

Only Lovers Left AliveA Détroit, Adam, un musicien underground, profondément déprimé par la tournure qu’ont prise les activités humaines, retrouve Ève, son amante, une femme endurante et énigmatique. Leur histoire d’amour dure depuis plusieurs siècles, mais leur idylle débauchée est bientôt perturbée par l’arrivée de la petite sœur d’Eve, aussi extravagante qu’incontrôlable…
Only Lovers Left Alive est un film écrit et réalisé par Jim Jarmusch. Il ne faut surtout pas le limiter au genre du film de vampires, car ce n’en est pas vraiment un. Les amateurs de films d’horreur seront déçus car il s’agit en réalité d’une belle balade (et même ballade) mélancolique autour de deux personnages hors du temps et amoureux des arts (musique et littérature principalement). Ce sont des êtres en marge, observateurs d’un monde qui n’est pas le leur et qui ne leur fait plus envie. Il y a une grande douceur dans les images de Jim Jarmusch, la photographie est absolument superbe que ce soit dans la maison d’Adam, sorte de grand studio de musique un peu désuet, dans les rues interminables et désolées d’un Détroit déserté ou, encore, dans le dédale des rues de Tanger, un peu plus vivant mais énigmatique. La musique est elle aussi une petite merveille, lente et envoutante. Elle est principalement l’œuvre du groupe SQÜRL dont Jarmusch est membre. Une petite dose d’humour vient s’ajouter à l’ensemble, souvent par les nombreuses références culturelles. Only Lovers Left Alive est un petit bijou d’esthétisme. Les avis sur le film semblent diverger mais l’important est de ne pas passer à côté sous prétexte qu’il s’agirait d’un film de vampires (cela a failli être mon cas, je l’avoue).
Elle:
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Tilda Swinton, Tom Hiddleston, Anton Yelchin, Mia Wasikowska, Jeffrey Wright, John Hurt
Voir la fiche du film et la filmographie de Jim Jarmusch sur le site IMDB.
Voir la fiche du film sur AlloCiné.

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Remarque :
Le titre Only Lovers Left Alive est repris d’un livre de science-fiction dystopique écrit par l’anglais David Wallis en 1964. Les noms des deux personnages ont été inspiré à Jim Jarmusch par les titres des nouvelles de Mark Twain « Extraits du journal d’Adam » (Extracts from Adam’s Diary, 1893) et « Le Journal d’Ève » (Eve’s Diary, 1905).

Tom Hiddleston et Tilda Swinton dans Only Lovers Left Alive de Jim Jarmusch.
Tom Hiddleston et Anton Yelchin dans Only Lovers Left Alive de Jim Jarmusch.
Mia Wasikowska, Anton Yelchin et Tilda Swinton dans Only Lovers Left Alive de Jim Jarmusch.
Les rues de Detroit dans Only Lovers Left Alive de Jim Jarmusch.
Les rues de Tanger dans Only Lovers Left Alive de Jim Jarmusch.

5 réflexions sur « Only Lovers Left Alive (2013) de Jim Jarmusch »

  1. Si Jarmush affirme que les prénoms Adam et Eve ne sont pas bibliques mais viennent des deux nouvelles (humoristiques et délectables) de Mark Twain, il se moque un peu du monde.

    Car les deux personnages de ces deux nouvelles de Mark Twain sont très précisément… les figures bibliques !

    Je ne comprends donc pas très bien ce que peut vouloir signifier cette formule, à part un petit jeu de la part de Jarmush pour abuser celleux qui ne connaissent pas les nouvelles en question.

    Quoi qu’il en soit, votre article donne envie de voir ce film — d’autant que j’ai récemment vu le suivant, Paterson, où j’ai retrouvé le génie du meilleur Jarmush.

  2. Ah, c’est moi qui ai mal interprété. La formulation exacte du dossier de presse était :
    « Mon scénario est en partie inspiré du dernier livre de Mark Twain, La vie privée d’Adam et Eve, bien qu’aucune référence directe ne soit établie – mis à part les noms des personnages. » (dans Note d’intention du réalisateur)

    J’ai modifié mon texte. Merci.

  3. Je viens de lire les deux (courtes) nouvelles…
    Très amusantes (surtout le Journal d’Adam qui est vraiment la plus réussie des deux).
    Effectivement, il n’y a rien de commun avec le film… hormis les prénoms.

  4. Je préfère aussi le Journal d’Adam. Celui d’Eve, écrit pour prolonger le succès du premier, me paraît moins inventif et moins subversif — mais il a l’intérêt par moments « d’éclairer » des passages du premier sous un jour inattendu, leur donnant une nouvelle interprétation.

    Vous me rassurez : je ne vois pas vraiment quel rapport peut exister entre d’une part cette version humoristique de l’éveil d’Adam et Eve, et d’autre part des vampires ! Puisqu’il n’y a aucun rapport *, alors inutile de se creuser les méninges. Prenons l’information pour ce qu’elle est : une anecdote (les anecdotes de tournage sont intéressantes, parfois réjouissantes ou intrigantes, mais restent des anecdotes).

    ——————

    * Je suppose que le lien entre ces livres et les noms des personnages de ce film est du même type que celui entre les Beatles et l’australopithèque baptisée Lucy par ses découvreurs Johanson et Gray ** parce qu’ils écoutaient la chanson des Beatles en triant les ossements. Jarmush devait avoir lu ou relu ces nouvelles au moment d’écrire son scénario, et a sans doute juste choisi les prénoms par conjonction factuelle. Pas besoin de chercher midi à quatorze heure, donc.

    ** Hélas quand on se réfère à cet évènement, il est nécessaire en France de préciser qu’Yves Coppens n’a joué qu’un rôle secondaire et minime dans la « découverte » de Lucy et dans son baptême : il n’était que l’un des 4 co-directeurs formels de l’expédition (et pas le principal), et il n’a pas participé lui-même à la découverte du squelette. Il n’y a qu’en France que l’on relie Lucy à Coppens, grâce aux intrigues assez méprisables de ce dernier, et à la complaisance chauvine des médias français. Ailleurs dans le monde, cette note complémentaire ne serait pas nécessaire : tout le monde lie Lucy a ses véritables découvreurs, c’est-à-dire Johanson et Gray. Ce paragraphe de mon commentaire est totalement hors-sujet ici, mais nécessaire malheureusement une fois que j’ai eu l’idée de me référer au cas célèbre de contingence non-signifiante entre une œuvre artistique et le choix d’un prénom pour baptiser un personnage.

  5. Je pense que Jarmusch a choisi ces prénoms pour bien les placer comme des êtres à part, sans doute pas comme les « premiers d’une longue lignée » mais comme des êtres à part qui vivent au milieu d’autres créatures qui, il faut bien l’avouer, leur sont inférieures (=nous, les simples mortels…) Mais il tient à préciser que ses influences sont plutôt du côté des Adam et Eve de Mark Twain que du côté des Adam et Eve de la Bible, et donc qu’il ne faut pas prendre cette identification trop au sérieux.
    Je peux me tromper mais c’est comme cela que j’interprète la chose…

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