11 décembre 2023

De nos frères blessés (2020) de Hélier Cisterne

De nos frères blessésEn 1956, à Alger, le français Fernand Iveton, employé à Gaz d’Algérie, est arrêté après avoir déposé une bombe dans un local technique de son usine. La bombe est désamorcée avant d’exploser…
De nos frères blessés est un film français réalisé par Hélier Cisterne librement adapté du roman éponyme de Joseph Andras, paru en 2016, lauréat du prix Goncourt du premier roman. Il retrace la vie de ce militant communiste qui fût condamné à mort pour l’exemple, le seul Européen exécuté durant la guerre d’Algérie en raison de son engagement et de ses actions auprès du FLN. La réalisation n’est pas parfaite, le récit multipliant maladroitement les flashbacks et restant assez didactique, mais le film a le mérite d’apporter un témoignage : même si ce n’est pas plaisant à voir, nous devons garder la mémoire de ces pratiques que l’on attend plutôt d’une dictature que d’une république. Vicky Krieps et Vincent Lacoste (méconnaissable) font une bonne prestation, avec même parfois une certaine puissance.
Elle: 3 étoiles
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Vincent Lacoste, Vicky Krieps, Yoann Zimmer
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Vicky Krieps et Vincent Lacoste dans De nos frères blessés de Hélier Cisterne.

1 juin 2023

Costa Brava, Lebanon (2021) de Mounia Akl

Costa Brava, LebanonLiban, dans un futur proche. Soraya et Walid se sont construits une vie idyllique dans les montagnes, loin du désordre et de la pollution de Beyrouth. Tout va bien jusqu’au jour où leur fille aperçoit des étrangers dans la vallée. La vie paisible de la famille est brutalement remise en question par l’installation d’une décharge prétendument écologique…
Costa Brava, Lebanon est un film libanais coécrit et réalisé par Mounia Akl. Selon la réalisatrice, l’histoire de cette famille est une allégorie de ce que vivent les libanais. Hélas, elle ne nous donne pas tous les éléments du contexte (voir ci-dessous) ; lorsque l’on ne connait la situation au Liban que dans les grandes lignes, une partie du propos nous échappe inévitablement. Ses deux personnages principaux, Soraya et Walid, sont en opposition : ils ont visiblement été, tous deux, engagés politiquement avant leur retour à la nature et, après huit années, Walid conserve son esprit combatif et veut faire face, alors que Soraya aspire à reconstruire, même si elle doit fuir pour cela. Face à la corruption, le désenchantement est présent chez les deux. La réalisation est élégante avec même quelques belles scènes poétiques.
Elle: 3 étoiles
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Nadine Labaki, Saleh Bakri, Yumna Marwan, Nadia Charbel
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Remarques :
* Contexte politique : En 2015, une crise des déchets a explosé au Liban à la suite de la fermeture d’une grande déchetterie et de l’échec du gouvernement à mettre en œuvre un plan d’urgence pour la remplacer. Déverser et brûler des déchets dans les rues est alors devenu monnaie courante. Un mouvement civil est né de cette crise et l’objet des manifestations a dépassé l’enjeu des déchets, soulevant des problématiques liées à la représentation civile, la corruption et l’inefficacité du gouvernement. En octobre 2019, une révolution a émergé mais elle a été suivie par un effondrement financier, la crise pandémique mondiale, et la troisième plus grosse explosion connue dans le pays en août 2020. (Extrait du dossier de presse)

* Non expliqué, le titre renvoie à une plage située près de Beyrouth et baptisée Costa Brava en référence aux plages d’Espagne. En 2015, elle est devenue une gigantesque décharge pour les déchets de toute la région. La réalisatrice explique : « Cet endroit, jadis sublime et aujourd’hui ravagé par la pollution, c’est un peu le résumé de notre tendance, au Liban, à détruire ce que nous avons de plus beau. Comme une attaque de gangrène et en même temps une menace qui ne cesse de grandir. » (Extrait du dossier de presse)

* La fillette est en réalité jouée par deux sœurs jumelles, Ceana et Geana Restom. L’une est une boule d’énergie qui crie et gesticule tandis que l’autre est très calme. La réalisatrice a travaillé avec les deux enfants en jouant avec leurs tempéraments suivant les scènes.

Costa Brava, LebanonYumna Marwan, Ceana (ou Geana?) Restom, Saleh Bakri et Nadine Labaki
dans Costa Brava, Lebanon de Mounia Akl.

7 janvier 2022

Le Grand Jeu (2015) de Nicolas Pariser

Le Grand jeuPierre Blum, un écrivain en panne d’inspiration, rencontre sur la terrasse d’un casino un homme mystérieux. Influent dans le monde politique, charismatique, manipulateur, il passe bientôt à Pierre une commande étrange qui le replongera dans un passé qu’il aurait préféré oublier et mettra sa vie en danger…
Le Grand jeu est un film français écrit et réalisé par l’ex-journaliste Nicolas Pariser qui signe là son premier long métrage. Il s’agit d’un film ambitieux de politique-fiction. Ses précédents court-métrages, dont La République, étaient déjà sur le monde de la politique. Il s’inspire partiellement de l’affaire de Tarnac (qui ne sera définitivement jugée qu’en 2018) pour créer un thriller mettant en scène des luttes de pouvoir et des manipulations cachées. Nicolas Pariser dit avoir cherché à défendre tous les personnages sans porter de jugement. L’ensemble est hélas un peu trop brouillon, semble partir dans plusieurs directions et manque de dosage. Son personnage principal, très désillusionné, est plutôt réussi mais les dialogues restent le plus souvent assez superficiels (à quelques exceptions près, notamment avec certaines réflexions sur l’engagement politique). La fin est rocambolesque. Nicolas Pariser montrera beaucoup plus d’étoffe dans le propos de son film suivant, Alice et le maire (2019).
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Melvil Poupaud, André Dussollier, Clémence Poésy, Sophie Cattani
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Le Grand jeuMelvil Poupaud et Clémence Poésy dans Le Grand jeu de Nicolas Pariser.

Homonymes :
Le Grand jeu de Jacques Feyder (1934)
Le Grand jeu de Robert Siodmak (1954)
The Full Monty : Le Grand jeu de Peter Cattaneo (1997)
Le Grand jeu de Nicolas Pariser (2015)
Le Grand jeu (Molly’s Game) d’Aaron Sorkin (2017)

18 janvier 2021

120 battements par minute (2017) de Robin Campillo

120 battements par minuteDébut des années 1990. Alors que le sida tue depuis près de dix ans, les militants d’Act Up-Paris multiplient les actions pour lutter contre l’indifférence générale. Nouveau venu dans le groupe, Nathan va être bouleversé par la radicalité de Sean…
120 battements par minute est le troisième long métrage de Robin Campillo. Le réalisateur a rejoint l’association Act Up-Paris en 1992. Il s’est bien entendu fortement inspiré de sa propre expérience mais précise toutefois que le film n’est pas autobiographique. Il a cherché à reconstituer les débats qui animaient leurs réunions hebdomadaires et les actions musclées du groupe.  En marge, une histoire d’amour condamné naît entre Nathan et Sean. C’est un film militant, ou plus exactement un film de militant, qui ne remet jamais en cause la stratégie du groupe et laisse dans l’ombre (et même ridiculise) les autres associations oeuvrant dans le même but. Le film a le mérite de nous montrer le vrai visage du sida, ses attaques physiques et ce que signifie être atteint par ce virus. Il joue donc un rôle important dans la prise de conscience de la nécessité de poursuivre les recherches et aide à comprendre la radicalité des membres du groupe. Le film n’est pas sans défaut, le réalisateur étire certaines scènes inutilement mais la force du propos nous les fait oublier. Récompensé à Cannes, 120 battements par minute a été louangé par la critique.
Elle: 4 étoiles
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Nahuel Pérez Biscayart, Arnaud Valois, Adèle Haenel, Antoine Reinartz
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Remarques :
* Robin Campillo revient sur le choix du titre de son film, 120 battements par minute : « C’est notamment une référence à la house music de l’époque que j’aimais beaucoup et qui est à 124 battements par minute. Je voulais rendre hommage à cette musique qui accompagnait l’époque. C’était une musique à la fois festive et inquiète, comme la situation vécue par la communauté gay à l’époque. »

120 battements par minuteAloïse Sauvage, Arnaud Valois et Adèle Haenel dans 120 battements par minute de Robin Campillo.

18 septembre 2020

Neruda (2016) de Pablo Larraín

NerudaChili, 1948. Au Congrès, le sénateur Pablo Neruda, membre du parti communiste, critique ouvertement le gouvernement populiste en place. Le président Videla demande alors sa destitution et confie au redoutable inspecteur Óscar Peluchonneau le soin de procéder son arrestation. Le poète doit alors se cacher…
Contrairement aux apparences, Neruda de Pablo Larrain n’est pas un biopic. Il est en effet bien éloigné du format de ce genre très codifié. Les faits sont globalement réels, Pablo Neruda a été bien été longuement recherché par la police chilienne en 1948-49, mais le déroulement de cette traque est aménagé pour s’inscrire dans l’univers poétique de l’écrivain. Cette approche, bien plus créatrice qu’un biopic classique, nous permet de mieux le connaitre en approchant son imaginaire, son processus de création. Le policier est à la fois inquiétant et apitoyant, cocktail difficile à réaliser ; il est autant fantasmé que réel. Avec Neruda, Pablo Lorrain signe un très beau film, digne de son sujet.
Elle: 4 étoiles
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Luis Gnecco, Gael García Bernal, Mercedes Morán
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NerudaLuis Gnecco dans Neruda de Pablo Larraín.

Homonyme :
Neruda du chilien Manuel Basoalto (2014) avec José Secall.

5 septembre 2020

Alice et le maire (2019) de Nicolas Pariser

Alice et le maireAprès 30 ans dans la vie politique, le maire de Lyon Paul Théraneau est un homme fatigué. Il dit n’avoir plus aucune idée, il sent en manque d’inspiration. Son équipe lui adjoint alors une jeune philosophe, Alice Heimann, pour le stimuler intellectuellement…
Alice et le maire est un film écrit et réalisé par Nicolas Pariser, son second long métrage après Le Grand Jeu (2015) dont l’histoire se déroulait déjà dans le monde politique. Le réalisateur se défend de s’être inspiré de Gérard Colomb pour son personnage principal mais cite plutôt le roman inachevé de l’écrivain autrichien Robert Musil, L’Homme sans qualités publié en 1930-1932 comme principale source d’inspiration. Certes, le propos met en relief les difficultés actuelles de positionnement de la gauche française mais, plus généralement, il offre une réflexion sur l’opposition entre action et pensée. Il s’agit donc plus d’un film de réflexion que d’un film politique. Alice et le maire est très abordable et plaisant grâce à la fluidité de ses dialogues et le jeu parfait de ses deux acteurs principaux.
Elle: 4 étoiles
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Fabrice Luchini, Anaïs Demoustier, Léonie Simaga, Maud Wyler, Alexandre Steiger
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Remarques :
* Par crainte d’une identification trop forte à la veille d’élections, le maire de Lyon Gérard Colomb a finalement refusé l’accès aux salons de salons de l’Hôtel de Ville de Lyon à l’équipe de tournage. De plus, le réalisateur dit avoir été la cible de plusieurs moyens de pression pour l’inciter à aller tourner son film dans une autre ville.
* Théraneau est une anagramme de Rathenau, l’homme politique allemand du roman de Paul Musil.

Alice et le maireFabrice Luchini et Anaïs Demoustier dans Alice et le maire de Nicolas Pariser.

18 août 2020

Tout ce qu’il me reste de la révolution (2018) de Judith Davis

Tout ce qu'il me reste de la révolutionAngèle avait 8 ans quand s’ouvrait le premier McDonald’s de Berlin-Est… Depuis, elle se bat contre la malédiction de sa génération : être né « trop tard », à l’heure de la déprime politique mondiale. Elle vient d’une famille de militants, mais sa mère a abandonné du jour au lendemain son combat politique, pour déménager, seule, à la campagne et sa sœur a choisi le monde de l’entreprise. Seul son père, ancien maoïste chez qui elle retourne vivre, est resté fidèle à ses idéaux. En colère, déterminée, Angèle s’applique autant à essayer de changer le monde qu’à fuir les rencontres amoureuses…
Tout ce qu’il me reste de la révolution est la première réalisation de Judith Davis. C’est une extension au spectacle qu’elle a créé avec sa troupe, L’Avantage du doute, en 2008 : « le film n’est pas une adaptation du spectacle, mais il en prolonge l’esprit ». Les acteurs sont les membres de sa troupe et la réalisatrice tient le rôle principal, un personnage qui, selon ses propres mots, très proche d’elle-même. Certes, il s’agit d’une comédie mais les personnages paraissent typés à l’extrême, à commencer par le personnage principal, toujours en colère contre tout, vindicative, brusque. Tout paraît excessif. Les scènes les plus amusantes et les plus intéressantes sont celles du petit « groupe de parole », témoins de la difficulté à se trouver des idéaux.
Elle: 3 étoiles
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Judith Davis, Malik Zidi, Claire Dumas
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Tout ce qu'il me reste de la révolutionClaire Dumas, Pat Belland et Judith Davis dans Tout ce qu’il me reste de la révolution de Judith Davis.

3 mai 2020

The Party (2017) de Sally Potter

The PartyA Londres, Janet (Kristin Scott Thomas) vient d’être nommée ministre de la santé, l’aboutissement de toute une carrière. Elle réunit avec son époux Bill quelques amis proches. Mais la soirée va prendre un tournant inattendu…
Ecrit et réalisée par Sally Potter, The Party est une comédie grinçante où la politique tient une place d’importance. La politique a, directement ou indirectement, modelé la vie des personnages à des degrés divers et également leurs relations entre eux. Très ancrés dans leurs convictions, ils ont souvent accordé moins d’importance à leurs vies personnelles qui vont remonter brutalement à la surface. La situation ne cesse d’empirer au cours de la soirée, personne ne sortira indemne. Très british dans son esprit, l’humour est particulièrement mordant. Au passage, Sally Potter se livre à une critique acide de l’Angleterre travailliste (sauf un, tous ses personnages se situent très à gauche). L’image est en noir et blanc pour se placer dans l’héritage du cinéma britannique des années 1960. L’ensemble est enlevé, court (71 minutes) et très amusant.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Timothy Spall, Kristin Scott Thomas, Patricia Clarkson, Bruno Ganz, Cherry Jones, Emily Mortimer, Cillian Murphy
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The PartyDès la première image (qui nous montre l’épilogue), nous savons que tout cela va mal se terminer…
Kristin Scott Thomas dans The Party de Sally Potter.

The PartyTimothy Spall, Cillian Murphy, Emily Mortimer et Patricia Clarkson dans The Party de Sally Potter.

The PartyBruno Ganz dans The Party de Sally Potter.

Remarque :
* Hormis le titre, le film n’a rien en commun avec le film de Blake Edwards de 1968.

16 février 2019

Le Redoutable (2017) de Michel Hazanavicius

Le RedoutableParis 1967. Jean-Luc Godard, le réalisateur le plus en vue de sa génération, vient de rencontrer, Anne Wiazemsky, jeune étudiante en philosophie. Le cinéaste est alors en pleine radicalisation politique…
Le Redoutable est inspiré de deux livres (passionnants à lire, soit dit en passant) d’Anne Wiazemsky : Une année studieuse et surtout Un an après. Le film débute au moment où Godard tourne La Chinoise. Le film de Michel Hazanavicius n’est pas un biopic, ni un film sur le travail de Godard ; à aucun moment, on ne le voit tourner. C’est plutôt une histoire d’amour, vu par les yeux de la jeune Anne, ponctuée par la radicalisation maoïste croissante de Godard qui ira jusqu’à « s’autodissoudre » comme auteur avec le groupe Vertov. Michel Hazanavicius sait trouver le juste équilibre pour dresser le portrait du cinéaste, qui certes, apparaît rigide et cassant, mais le jeu subtil de Louis Garrel l’humanise merveilleusement. L’acteur fait une remarquable prestation, on croit parfois entendre Godard parler. Les scènes recréées de Mai 68 sont assez étonnantes. Et il y a aussi beaucoup d’humour.
Elle: 3 étoiles
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Louis Garrel, Stacy Martin, Bérénice Bejo, Micha Lescot
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Voir les autres films de Michel Hazanavicius chroniqués sur ce blog…

Voir les livres d’Anne Wiazemsky
Voir les livres sur Jean-Luc Godard

Remarque :
* Michel Hazanavicius a envoyé le scénario à Jean-Luc Godard qui n’a pas réagi. Il a déclaré plus tard qu’il ne souhaitait pas voir le film.

Le Redoutable
Louis Garrel et Stacy Martin dans Le Redoutable de Michel Hazanavicius.

Jean-Luc Godard
Les véritables Jean-Luc Godard et Anne Wiazemsky en mai 1968. Anne Wiazemsky est décédée un mois après la sortie du film.

8 août 2017

La fièvre monte à El Pao (1959) de Luis Buñuel

La Fièvre monte à El PaoUne île, appartenant à une dictature (fictive) d’Amérique Centrale, reçoit tous les prisonniers politiques et de droit-commun du pays. Le gouverneur est assassiné en plein discours. Ramón Vázquez, son secrétaire, aux idées libérales, le remplace temporairement… C’est Gérard Philipe qui a prié Buñuel d’accepter d’adapter ce roman d’Henri Castillou, La fièvre monte à El Pao. L’histoire de cet homme en proie aux contradictions entre ses convictions et l’exercice du pouvoir avait tout pour séduire l’acteur (qui, rappelons-le, était proche du Parti Communiste). Buñuel semble avoir été moins motivé : sa réalisation est certes sans défaut, mais sans fulgurances non plus (1). La critique des dictatures qui fleurissaient alors, ces libérateurs qui se transforment en despotes, se retrouve mêlée avec une histoire sentimentale, relevée par la sensualité de María Félix. Mais, l’atout du film reste la performance de Gérard Philipe : il apparaît tout d’abord peu crédible physiquement dans son rôle mais, en grand acteur qu’il est, nous fait rapidement oublier cette sensation. Sa prestation est remarquable. La fièvre monte à El Pao sera hélas son dernier film : quelques mois après la fin du tournage, il sera emporté par un cancer fulgurant du foie, à l’âge de 36 ans.
Elle: 3 étoiles
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Gérard Philipe, María Félix, Jean Servais
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(1) Bunuel a déclaré par la suite qu’il n’aimait pas La fièvre monte à El Pao et, depuis, le film traîne une mauvaise réputation. Elle est assez injustifiée ou, du moins, excessive.

La fièvre monte à El Pao
Gérard Philipe et María Félix dans La Fièvre monte à El Pao de Luis Buñuel.

La Fièvre monte à El Pao
Jean Servais et María Félix dans La Fièvre monte à El Pao de Luis Buñuel.