16 septembre 2023

Under the Silver Lake (2018) de David Robert Mitchell

Under the Silver LakeSam, un jeune homme apathique et oisif, fait la connaissance de sa nouvelle voisine, Sarah. Il en tombe aussitôt sous le charme. Lorsque celle-ci disparaît subitement dès le lendemain, Sam décide de partir à sa recherche et entreprend une enquête des plus surréalistes aux abords de la ville de Los Angeles…
Under the Silver Lake est un film américain écrit et réalisé par David Robert Mitchell. Le récit exploite les croyances du type « il y a des messages cachés et codés que seuls certains initiés peuvent voir ». Le réalisateur semble vouloir marcher sur les traces de David Lynch et tente de créer une atmosphère à la Mulholland Drive. Hélas, il s’attache plus à nous montrer le plus grand échantillon possible d’illuminés et de complotistes qu’à mettre en place des pistes éventuelles pour l’avancée de « l’enquête ». On se lasse assez rapidement de cet étalage. La forme est plaisante mais le film est truffé de références à des films, cela peut raviver notre intérêt, mais là aussi il y en a trop. L’ensemble est nébuleux à souhait et pas très intéressant. La critique (française du moins) a montré un enthousiasme étonnant, que le public ne semble pas avoir partagé.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Andrew Garfield, Riley Keough, Callie Hernandez, Topher Grace
Voir la fiche du film et la filmographie de David Robert Mitchell sur le site IMDB.
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Andrew Garfield dans Under the Silver Lake de David Robert Mitchell.

22 juin 2023

Un drôle de paroissien (1963) de Jean-Pierre Mocky

Un drôle de paroissienGeorges Lachaunaye appartient à une vieille famille aristocratique désargentée pour laquelle il n’est pas imaginable d’exercer un travail. Il faut cependant bien se nourrir. Fervent croyant, il se rend dans une église pour adresser une supplique au Seigneur. Il croit voir une réponse dans le geste d’une paroissienne qui met une pièce dans un tronc au même moment. Il va dès lors utiliser différents stratagèmes pour piller les troncs des églises parisiennes…
Un drôle de paroissien est un film français réalisé par Jean-Pierre Mocky, adaptation du roman Deo gratias de Michel Servin. Il s’agit d’une comédie assez farfelue avec une belle prestation de Bourvil, la première collaboration de l’acteur avec Jean-Pierre Mocky. Son personnage, naïf et persuadé de suivre une mission divine, est poursuivi par une brigade de police spécialisée, une véritable bande de pieds nickelés, menée par Francis Blanche. Tout le côté irrévérencieux de l’histoire est un peu émoussé aujourd’hui mais l’ensemble reste très amusant et plein de fraicheur. Le film connut un très grand succès à sa sortie.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Bourvil, Francis Blanche, Jean Poiret, Jean Tissier
Voir la fiche du film et la filmographie de Jean-Pierre Mocky sur le site IMDB.

Voir les autres films de Jean-Pierre Mocky chroniqués sur ce blog…
Voir les livres sur Jean-Pierre Mocky

Un drôle de paroissienFrancis Blanche et Bourvil dans Un drôle de paroissien de Jean-Pierre Mocky.

Remarques :
* La scène du rêve est en couleurs alors que le reste du film est en noir et blanc. Jean-Pierre Mocky a expliqué que cette scène fut tournée après coup et ajoutée pour allonger le film de 1 h 19 à 1 h 23, afin de s’approcher du format minimum de 1 h 30 demandé par les exploitants de salles de l’époque.
* Jean-Pierre Mocky fait une courte apparition : c’est le clochard au landau.

19 janvier 2023

Piccolo corpo (2021) de Laura Samani

Piccolo corpoNord-est de l’Italie, région Frioul-Vénétie julienne, 1900. Le bébé de la jeune Agata est mort-né et ainsi condamné à errer dans les Limbes. Un homme lui parle d’un endroit dans les montagnes où son bébé pourrait être ramené à la vie, le temps d’un souffle, pour être baptisé. Agata entreprend seule ce voyage et rencontre Lynx, qui lui offre son aide…
Piccolo corpo est un film italien co-écrit et réalisé par Laura Samani, son premier long métrage. Il s’agit d’une histoire qui se situe entre la chronique réaliste et le fantastique alimenté par un mysticisme religieux. Le sujet est original mais basé sur des éléments réels : de tels sanctuaires existaient « partout dans les Alpes (en France on en comptait presque deux cents) » (1). L’obstination de la jeune Agata émeut et finit par nous conquérir. La réalisatrice donne également à sa quête une dimension de parcours initiatique vers une émancipation féminine. L’atmosphère est légèrement irréelle et tend à abolir la frontière entre le réel et le mystique (2). Filmé dans les dialectes frioulan et vénète, une certaine nostalgie de l’Italie d’avant son unification est perceptible. Piccolo corpo est un film très particulier qui mérite d’être découvert.
Elle: 4 étoiles
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Celeste Cescutti, Ondina Quadri
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(1) Assez surpris (et, je l’avoue, un peu sceptique) par cette affirmation de la réalisatrice relayée par le dossier de presse, j’ai trouvé cette étude de Jacques Gélis  qui précise : « Des milliers et des milliers d’embryons et d’enfants à terme ont été ainsi exposés et ont donné des « signes de vie » entre le XIVe et le XIXe siècle dans des dizaines et des dizaines de sanctuaires en France, en Belgique, en Suisse, en Autriche, en Allemagne du sud et en Italie du nord. » (Techniques et culture, n° 60, 2013/1).
La page Wikipédia sur les « Sanctuaires à répit » cite des nombres précis : 277 en France entre le XIIIe siècle et le début du XXe.

(2) Note d’intention de Laura Samani :
« Dans le film, Dieu ne se trouve ni dans les miracles ni dans les prières, ni même dans les dogmes qui divisent la vie après la mort en paradis, enfer et limbes. Dieu existe à un autre niveau : chez Lynx qui ne croit en rien et n’est donc pas touché par le postulat initial du miracle ; chez Agata qui exploite sa colère afin de redessiner les frontières du possible ; et dans la relation entre ces deux points de vue solitaires qui sont, pendant un instant, moins douloureux. La frontière est ténue entre la vie et la mort, la réalité et la magie, les possibilités que l’on a espérées et le temps qui nous reste. » (Extrait du dossier de presse)

Piccolo corpoOndina Quadri et Celeste Cescutti dans Piccolo corpo de Laura Samani.

18 avril 2021

Le Livre d’Eli (2010) de Albert Hughes et Allen Hughes

Titre original : « The Book of Eli »

Le Livre d'Eli (The Book of Eli)Dans un futur proche, l’Amérique n’est plus qu’une terre désolée dont les villes sont des ruines et les routes autant de pièges infestés de bandes criminelles. Depuis des années, Eli voyage seul, marchant vers l’ouest. Il a une quête à accomplir. Il arrive dans une petite ville, dominée par le redoutable Carnegie qui envoie ses hommes de mains à la recherche d’un livre…
Le Livre d’Eli est un film américain réalisé par les frères Hughes, co-produit et interprété par Denzel Washington. Les qualités du film sont du côté de l’esthétisme et de l’atmosphère. Le style visuel évoque celui d’une bande dessinée avec des images tournées en extérieur au Nouveau-Mexique et retravaillées numériquement pour effacer toute trace de végétation. Les couleurs sont désaturées au point de donner une impression de monochrome et d’amplifier le sentiment de désolation. L’atmosphère, assez forte, évoque aussi bien Mad Max que les films de super héros ou encore les westerns spaghettis. En revanche, le scénario, aussi sérieux qu’improbable, lourdement chargé de mysticisme et de religion, évoque celui d’une mauvaise série B. Il est bien peu original. La fin fait sourire. Succès commercial.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Denzel Washington, Gary Oldman, Mila Kunis, Ray Stevenson, Jennifer Beals, Tom Waits
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Le Livre d'Eli (The Book of Eli)Denzel Washington dans Le Livre d’Eli (The Book of Eli) de Albert Hughes et Allen Hughes.

20 novembre 2020

Le Miracle du Saint Inconnu (2019) de Alaa Eddine Aljem

Le Miracle du Saint InconnuPoursuivi par la police, un braqueur cache son butin au sommet d’une petite colline pierreuse dans une fausse tombe, en plein désert marocain. Quand il revient, des années plus tard après avoir purgé sa peine, il découvre qu’un mausolée a été édifié autour de la tombe…
Le Miracle du Saint Inconnu a été écrit et réalisé par le marocain Alaa Eddine Aljem. Il s’agit de son premier long métrage. C’est une fantaisie où l’humour est manié de façon très subtile, se moquant des croyances et des religions sans en cibler une seule, tournant en dérision les comportements figés. Par sa faculté de faire surgir l’humour là on ne l’attend pas, de mettre en scène les situations saugrenues, son cinéma très placide n’est pas sans rappeler celui d’Elie Suleiman. L’ensemble est épuré, sans paroles inutiles. Le film n’est pas exempt de défaut, il est sans doute un peu trop étiré, mais il se montre assez réussi.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Younes Bouab, Salah Ben Saleh, Bouchaib Semmak, Mohammed Nouaimane, Anas El Baz
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Le Miracle du Saint InconnuHassan Ben Bdida et Anas El Baz dans Le Miracle du Saint Inconnu de Alaa Eddine Aljem.

3 octobre 2018

Cocorico Monsieur Poulet (1977) de Jean Rouch

Cocorico Monsieur PouletAu Niger, Lam, possesseur d’une 2 CV camionnette nommée « Patience », et son apprenti Tallou, veulent aller acheter des poulets dans les villages de la brousse pour les revendre à Niamey. Damouré, un opportuniste, se joint à eux pour le voyage, en espérant faire des affaires juteuses…
Cocorico Monsieur Poulet est écrit et réalisé par Dalarou, pseudonyme pour le trio Damouré Zika, Lam Ibrahim Dia (tous deux également interprètes) et Jean Rouch. Contrairement aux autres films de ce dernier, il ne s’agit pas à proprement parler d’un film ethnologique mais d’un conte humoristique mettant en scène certains aspects des modes de vie et croyances en ce milieu des années soixante dix en Afrique. Les trois personnages principaux montrent notamment un très grand flegme face aux diverses complications et incidents. La traversée du fleuve Niger (à trois reprises) est l’un des sommets burlesques du récit. On pourrait seulement regretter que cette histoire puisse générer, dans l’esprit du spectateur amusé, une vision un peu simpliste des africains et même encourager d’éventuels sentiments colonialistes. Mais peut-être est-ce aller trop loin pour ce film conçu comme une joyeuseté en roue libre.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Damouré Zika, Lam Ibrahim Dia, Tallou Mouzourane
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Lire une présentation très enthousiaste sur DVDClassiks

Cocorico monsieur Poulet
Héroïne du film : la 2 CV de Cocorico Monsieur Poulet de Jean Rouch, Damouré Zika et Lam Ibrahim Dia.

9 octobre 2017

Le Miraculé (1987) de Jean-Pierre Mocky

Le MiraculéPapu, un chiffonnier grossier et combinard, se fait renverser par une voiture cossue. Il simule la paralysie des jambes afin de toucher une importante somme d’argent de l’assurance. Il n’a toutefois pas envie de rester toute sa vie sur un fauteuil roulant. Avec l’assistance de sa patronne Sabine, une ancienne prostituée devenue servante de Dieu, il va faire un voyage à Lourdes afin de simuler un miracle. Soupçonneux, l’assureur est aussi du voyage… Inspiré d’une nouvelle de George Langelaan, Le Miraculé est une farce comme Mocky sait si bien les faire. Son propos n’est pas tant anticlérical (les membres du clergé ne sont qu’assez peu présents) mais plutôt une charge contre les religions et surtout contre les croyances. L’humour est de toutes les scènes, rien n’est sérieux. Le film est servi par une brochette d’acteurs qui semblent bien s’amuser eux aussi, toujours à la limite de trop charger leur personnage. Michel Serrault en assureur muet nous fait un beau numéro (quand il « téléphone » à sa femme, Jeanne Moreau doit se cacher le visage pour éviter d’exploser de rire). L’ensemble est irrévérencieux comme il se doit avec Mocky. Les dialogues sont plutôt bons. Un Mocky réussi.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Michel Serrault, Jean Poiret, Jeanne Moreau, Sylvie Joly, Roland Blanche
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Le Miraculé
Michel Serrault et Jean Poiret dans Le Miraculé de Jean-Pierre Mocky.

Le Miraculé
Michel Serrault et Jeanne Moreau dans Le Miraculé de Jean-Pierre Mocky.

4 mai 2016

Vaudou (1943) de Jacques Tourneur

Titre original : « I Walked with a Zombie »

VaudouUne jeune infirmière canadienne est embauchée par un propriétaire de plantation sur une île des Caraïbes pour prendre soin de sa femme qui semble souffrir d’une sorte de paralysie mentale… Vaudou est le deuxième des trois films tournés par Jacques Tourneur en 1942-43 pour le producteur Val Lewton. L’histoire est en réalité une adaptation déguisée de Jane Eyre (de Charlotte Brontë), transposée dans les Antilles. Si le film est empreint d’une très forte atmosphère, ce n’est pas tant pour générer l’angoisse, qui n’est là que par petites touches, mais plutôt pour donner une belle profondeur aux personnages et une indéniable dimension psychologique. Une certaine poésie se dégage même de l’ensemble d’autant plus que la photographie de J. Roy Hunt est superbe, jouant beaucoup avec les ombres. Contre toute attente, les autochtones noirs ne sont pas ridiculisés, ils sont même traités avec respect. Cette volonté de s’éloigner des clichés raciaux traditionnels est assez unique dans le cinéma hollywoodien de l’époque. S’agissant d’un « B-movie », il n’y a pas d’acteur de premier plan mais les rôles sont très bien tenus, Frances Dee a une belle présence et Tom Conway (de son vrai nom Thomas Charles Sanders, il est le frère de George Sanders) offre un beau mélange de solennité et de mystère. Vaudou est un très beau film.
Elle:
Lui : 5 étoiles

Acteurs: James Ellison, Frances Dee, Tom Conway
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Remarques :
* Les trois films fantastiques/d’horreur réalisés par Jacques Tourneur pour Val Lewton :
1. La Féline (Cat People) (1942)
2. Vaudou (I Walked with a Zombie) (1943)
3. L’homme-léopard (The Leopard-Man) (1943).
Ces trois films étaient des « B-movies ».

* Le scenario a été écrit successivement par Curt Siodmak (le frère de Robert Siodmak) et Ardel Wray en partant d’une histoire écrite par Inez Wallace parue dans American Weekly. C’est Val Lewton qui orienta l’histoire pour la rendre plus proche de celle de Jane Eyre.

* Il est bien rare que le titre français d’un film américain soit plus approprié que le titre original. C’est le cas ici. Le titre original, franchement ridicule, aurait été imposé à Val Lewton par la RKO. C’était le titre de l’histoire originale écrite par Inez Wallace.

* La chanson « Shame and Scandal in the Family » a été écrite par Sir Lancelot (qui l’interprète dans le film) et Ardel Wray. Cette chanson a par la suite été reprise par The Kingston Trio, Odetta, Peter Tosh and The Wailers…

Vaudou
Frances Dee et Tom Conway dans Vaudou de Jacques Tourneur.

Vaudou

Vaudou
Christine Gordon, Frances Dee et Tom Conway dans Vaudou de Jacques Tourneur (photo publicitaire).

17 janvier 2015

La Dernière Vague (1977) de Peter Weir

Titre original : « The Last Wave »

La dernière vagueAlors que des phénomènes météorologiques étranges apparaissent dans le ciel de Sydney, cinq aborigènes sont arrêtés et inculpés pour le meurtre de l’un des leurs dans des circonstances obscures. L’avocat David Burton est chargé de leur défense. Il est loin d’imaginer ce qu’il va découvrir… La Dernière Vague est un film très étrange où interviennent le surnaturel et les croyances liées aux traditions tribales aborigènes. Le plus remarquable est l’atmosphère que réussit à instiller habilement l’australien Peter Weir, dont c’est ici le troisième long métrage. Cette atmosphère d’abord nous intrigue et finit par nous fasciner et même nous envoûter. La frontière entre rêve et réalité paraît bien ténue, le mystère règne. En outre, le film nous montre ce sentiment de respect mêlé d’une culpabilité sourde de la société moderne australienne vis-à-vis des aborigènes. Du fait du traitement si particulier de son histoire, La Dernière Vague a permis d’attirer l’attention sur Peter Weir.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Richard Chamberlain, Olivia Hamnett, David Gulpilil
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La Dernière Vague de Peter Weir
Richard Chamberlain et David Gulpilil dans La Dernière Vague de Peter Weir.

5 août 2014

Dersou Ouzala (1975) de Akira Kurosawa

Titre original : « Dersu Uzala »

Dersou OuzalaEn 1902, le géographe militaire russe Vladimir Arseniev explore une région sauvage de la taïga sibérienne. Dans la forêt, il rencontre un vieux chasseur et lui propose de devenir son guide. L’homme s’appelle Dersu Uzala. Sa parfaite connaissance de la forêt va grandement aider l’explorateur et les deux hommes vont devenir amis… Après les échecs commerciaux de Barberousse et de Dodes’ka-den, Kurosawa s’était quelque peu retiré et il a fallu que les soviétiques lui propose cette adaptation pour qu’il retrouve l’envie. Dersou Ouzala décrit la rencontre entre deux hommes qu’à priori tout oppose. Citadin et scientifique, Arseniev reste toutefois très ouvert d’esprit et avide de connaissances face à l’instinctif Derzou, l’homme en communion avec la nature, qui la « sent », pour qui tous les animaux et même les objets sont des « gens ». Cette rencontre est à la fois un récit d’aventures, Dersou Ouzalaavec ses péripéties parfois assez intenses, et aussi une confrontation de deux conceptions de la place de l’homme dans la nature. La mise en scène de Kurosawa est d’un beau classicisme, sans précipitation, empreinte d’une certaine austérité (il serait plus exact de dire, sans ajout superfétatoire de lyrisme). Devant cette simplicité, on reste sous le charme.
Elle: 4 étoiles
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Yuriy Solomin, Maksim Munzuk
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Remarques :
Dersou Ouzala* Le film est une coproduction de la japonaise Daiei et de la soviétique Mosfilm.
* Explorateur, géographe et ethnographe, Vladimir Arseniev est un officier-topographe de l’Armée impériale russe qui a exploré la Sibérie orientale au tout début du XXe siècle. Il a écrit deux livres :
Dersu Uzala (1907)
A travers l’Oussouri (1921)
( La Taïga de l’Oussouri – Mes expéditions avec le chasseur golde Derzou pour la traduction française parue chez Payot en 1939)
* La vallée de l’Oussouri, qu’explore Arseniev, est située dans la partie la plus orientale de la Sibérie. Longue de 900 kms, la rivière Oussouri forme sur une partie de son cours la frontière entre la Chine et la Russie. Elle jette ensuite dans le fleuve Amour.
* Les Goldes (ou Hezhen) désignent les populations vivant aux bords des fleuves Amour, Soungari et Oussouri. Le terme Hezhen est le plus général, Golde désignant plus particulièrement ceux qui vivent dans la partie russe.
* Dersu Uzala avait déjà été porté à l’écran en 1961 par Agasi Babayan, réalisateur soviétique d’origine arménienne, version très peu connue.