7 avril 2018

Macbeth (2015) de Justin Kurzel

MacbethEcosse, XIe siècle. De retour d’une dure bataille où ils se sont battus pour leur roi Duncan, Macbeth et son fidèle ami Banquo rencontrent les trois sorcières : elles prédisent à Macbeth qu’il sera roi, et à Banquo qu’il ne sera pas roi mais que ses enfants le seront…
Ce Macbeth version 2015 est un film britannico-franco-américain réalisé par l’australien Justin Kurzel, avec dans les deux rôles principaux un allemand et une française. Il repose sur la louable intention de moderniser la pièce de Shakespeare tout en respectant le texte original. Pour mieux l’insérer dans notre époque actuelle, le producteur Iain Canning dit avoir cherché à mettre en avant « l’importance du collectif et l’existence d’un vaste monde dans lequel évoluent nos personnages », intention qui peut surprendre car Macbeth est avant tout un personnage plein de fureur, ce que Michael Fassbender restitue fort bien. De son côté, Marion Cotillard fait une prestation honorable bien qu’un peu monolithique. L’adaptation ménage des « temps morts » importants, un étirement de scènes sans texte, en premier lieu des batailles et des combats qui finissent par « diluer » la puissance des personnages et du texte. Après une première partie convaincante, la seconde moitié du film s’étire en longueur et finit par paraître interminable. Graphiquement parlant, il y a une indéniable recherche esthétique dans les couleurs et les espaces écossais sont bien exploités : une belle photographie mais quelques effets, tels les ralentis, sont vraiment de trop.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Michael Fassbender, Marion Cotillard, Paddy Considine, David Thewlis, Jack Reynor, Sean Harris
Voir la fiche du film et la filmographie de Justin Kurzel sur le site IMDB.
Voir la fiche du film sur AlloCiné.

Macbeth
Michael Fassbender dans Macbeth de Justin Kurzel.

Remarques :
* Le tournage en extérieurs a eu lieu essentiellement sur l’île de Skye (Ecosse) et le château si remarquablement situé en bord de plage est celui de Bamburgh, au nord-est de l’Angleterre (proche de l’Ecosse).

* Il est difficile de lister les autres adaptations de Macbeth au cinéma (et plus encore à la télévision) tant elles sont nombreuses.
La plus remarquable est sans aucun doute  le Macbeth d’Orson Welles (1948), difficile à égaler (à noter que Laurence Olivier n’a pas tourné « son » Macbeth).
Viennent ensuite le très beau Kumonosu jô (Le Château de l’Araignée) d’Akira Kurosawa (1957) et le remarqué  Macbeth de Roman Polanski (1971) qui a ses adeptes.

Macbeth
Michael Fassbender et Marion Cotillard dans Macbeth de Justin Kurzel.

6 avril 2018

Circonstances atténuantes (1939) de Jean Boyer

Circonstances atténuantesVictime d’une panne automobile, le strict procureur Le Sentencier, récemment retraité, trouve refuge avec sa femme dans un petit bistrot de banlieue. Le lieu sert visiblement de repaire à une bande de petits truands sans envergure…
Adaptation d’un roman de Marcel Arnac, Circonstances atténuantes est une joyeuse comédie à l’humour bon enfant. Le principal ressort du film est bien entendu le décalage entre deux mondes qui sont aux antipodes l’un de l’autre. Le propos est résolument optimiste (à défaut d’être réaliste). Le choix des acteurs est certainement prépondérant dans la réussite du film : Michel Simon, assez retenu dans son jeu mais très juste, en homme de loi qui s’encanaille, Arletty à la gouaille unique en son genre en « Marie qu’a d’ça » et aussi toute une kyrielle de seconds rôles très bien tenus, Andrex et Dorville en tête. Le film comprend une chanson qui connaitra un grand succès et traversera le temps : « Comme de bien entendu », chantée par Arletty et Michel Simon.
Elle: 3 étoiles
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Michel Simon, Arletty, Dorville, Andrex, François Simon, Robert Arnoux
Voir la fiche du film et la filmographie de Jean Boyer sur le site IMDB.

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Circonstances atténuantes
Georges Lannes, Arletty, Michel Simon, Dorville, Marie-José, Robert Ozanne dans Circonstances atténuantes de Jean Boyer.

4 avril 2018

Vera Cruz (1954) de Robert Aldrich

Vera CruzA la fin de la guerre de Sécession, certains soldats sans attaches ou ayant tout perdu passent au Mexique, alors en pleine guerre civile, pour vendre leurs services au plus offrant. C’est ainsi qu’un ex-officier de l’armée sudiste (Gary Cooper) se voit forcé de faire équipe avec un aventurier rencontré en chemin (Burt Lancaster) dans une mission pour l’empereur Maximilien…
Sur une histoire imaginée par Borden Chase, dont les écrits ont déjà inspirés de grands westerns (Red River de Hawks, Winchester 73 et Bend of the River de Mann… et suivront Far Country toujours de Mann et Man Without a Star de Vidor), Vera Cruz met face à face deux têtes d’affiche pour un film à la réalisation parfaite et au contenu plus complexe qu’attendu. L’histoire est en effet assez simple mais son traitement est très particulier dans le cadre du western classique. Au lieu de montrer une opposition tranchée entre le bien et le mal, entre le bon et le méchant, Vera Cruz adopte une vision plus ambigüe de ses personnages, qui sont à la fois héros et anti-héros. Ainsi, si Gary Cooper montre une grande humanité, il n’hésite pas à trahir ou à tuer pour préserver ses intérêts bassement financiers. Face à lui, Burt Lancaster est bien le méchant de l’histoire mais il est aussi doté d’une indéniable droiture. Il est ambivalent, à l’image de son sourire à la fois carnassier et séducteur, et une utilisation très habile de l’humour le rend plus attirant encore.  Par cette ambivalence, cette façon de proposer des héros imparfaits, Vera Cruz semble ouvrir la voie aux westerns modernes.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Gary Cooper, Burt Lancaster, Denise Darcel, Cesar Romero, Sara Montiel, George Macready, Ernest Borgnine, Charles Bronson
Voir la fiche du film et la filmographie de Robert Aldrich sur le site IMDB.

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Vera Cruz
Burt Lancaster et Gary Cooper dans Vera Cruz de Robert Aldrich.

Remarques :
* Vera Cruz a beaucoup influencé Sergio Leone. Il est parfois surnommé « le premier western spaghetti ». A noter que Charles Bronson a un tout petit rôle… où il joue (déjà !) de l’harmonica.

* Gary Cooper était vraiment très mal à l’aise avec son personnage d’anti-héros. Ce serait pour cette raison qu’il a ensuite refusé la proposition de Charles Laughton d’incarner le pasteur dans La Nuit du chasseur, laissant ainsi la place à Robert Mitchum.

* Le film est produit par la société Hecht-Hill-Lancaster formée par Harold Hecht (le producteur, aucune relation avec Ben Hecht le scénariste), James Hill et Burt Lancaster.

* Précision technique : Vera Cruz est le premier (et principal) grand film en SuperScope. L’image est enregistrée en 2:1 puis agrandie (en hauteur) afin d’occuper toute la hauteur du cadre dans les copies d’exploitation. Ce procédé, lancé par la RKO en 1954, ne vivra guère. Son principal avantage était d’éviter l’anamorphose à la prise de vue (tassement horizontal pour occuper toute la surface d’une pellicule 35mm) qui impose d’utiliser des objectifs spéciaux. Son inconvénient est de laisser inutilisée une grande partie de la pellicule (interimage important) et donc d’avoir inévitablement une image finale de qualité inférieure.

Vera Cruz
Burt Lancaster dans Vera Cruz de Robert Aldrich.

Vera Cruz
Ernest Borgnine et Sara Montiel dans Vera Cruz de Robert Aldrich.

3 avril 2018

Parias de la gloire (1964) de Henri Decoin

Parias de la gloireEn 1944, lors de la campagne d’Alsace, André voit son demi-frère mourir sous ses yeux, tué par un officier allemand. Ecoeuré par l’absurdité de cette mort, André prolonge son engagement et part trois ans plus tard pour l’Indochine. Il est affecté dans un petit poste avancé dans la Plaine des joncs…
Sur un scénario original de Roger Delpey, le rare Parias de la gloire est l’avant-dernier film d’Henri Decoin. Le cœur du propos est une réflexion sur la guerre qui dresse les hommes les uns contre les autres. Les intentions sont certainement louables mais la réflexion n’est guère poussée et la situation si particulière (les ennemis d’hier se réconcilient alors qu’ils font face à un nouvel ennemi) mal exploitée. Le film pêche aussi dans ses scènes d’action, très nombreuses, qui sont bien en deçà de ce que l’on peut attendre : elles ne sont absolument pas crédibles et paraitront certainement ridicules à beaucoup. Pour ne rien arranger, la musique ne paraît pas adaptée. Le talent de Maurice Ronet et de Curt Jürgens ne peut sauver l’ensemble. Henri Decoin semble avoir perdu son énergie créatrice. La dernière décennie de ce grand cinéaste est vraiment déconcertante.
Elle:
Lui : 1 étoile

Acteurs: Curd Jürgens, Maurice Ronet, Folco Lulli
Voir la fiche du film et la filmographie de Henri Decoin sur le site IMDB.

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Remarque :
Maladroitement parachuté et aussi improbable qu’inutile, le seul personnage féminin est interprété par une star de la chanson de l’époque : Tiny Young est une chanteuse française d’origine vietnamienne surnommée « la yéyé du pays du sourire » qui a connu une période de gloire entre 1963 et 1968, sous la houlette d’Henri Salvador. (Merci Wikipedia)

Parias de la Gloire
Curd Jürgens, Maurice Ronet et Folco Lulli dans Parias de la gloire de Henri Decoin.

2 avril 2018

Aux postes de combat (1965) de James B. Harris

Titre original : « The Bedford Incident »

Aux postes de combatEn pleine Guerre froide, un journaliste (Sidney Poitier) est héliporté à bord d’un destroyer de Marine américaine au large du Groenland pour un reportage. Son capitaine (Richard Widmark) traque un insaisissable sous-marin soviétique qu’il soupçonne de violer les eaux territoriales de l’OTAN…
Producteur de films de Stanley Kubrick, l’américain James B. Harris n’a que peu tourné lui-même. The Bedford Incident est sa première réalisation. Il s’agit de l’adaptation d’un roman de Mark Rascovich, un suspense basé sur le jeu du chat et de la souris, mêlé d’un zeste de folie obsessionnelle qui pourrait le rapprocher de Dr Folamour. On retrouve en effet cette crainte de l’emballement dans l’équilibre de la terreur où le moindre faux-pas peut provoquer un cataclysme nucléaire. La tension monte constamment, bien entretenue par le personnage du commandant jusqu’au-boutiste auquel Richard Widmark (qui est aussi producteur) donne chair. Il s’agit d’une production britannique, avec des capitaux américains : les moyens sont visiblement limités, on le ressent dans les scènes d’extérieur (icebergs et maquettes) sans que cela n’entrave sa force. The Bedford Incident n’eut que peu de succès et reste assez méconnu aujourd’hui. Il mérite mieux que cela.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Richard Widmark, Sidney Poitier, James MacArthur, Martin Balsam, Eric Portman
Voir la fiche du film et la filmographie de James B. Harris sur le site IMDB.

The Bedford Incident
Richard Widmark dans Aux postes de combat de James B. Harris.

Remarques :
* James B. Harris a produit The Killing, Paths of Glory et Lolita mais a cessé son partenariat avec Kubrick avant Dr. Folamour. Certaines sources le créditent d’avoir participé à l’écriture de ce dernier mais rien n’est moins sûr.

* The Bedford Incident n’est pas basé sur des faits réels mais on sait depuis l’ouverture des archives soviétiques qu’un incident presque similaire a eu lieu. En octobre 1962 (donc avant la crise de Cuba), un sous-marin soviétique a été pris en chasse par un destroyer américain. Ce dernier, ignorant la présence d’armes nucléaires dans le sous-marin, a utilisé des charges explosives pour forcer le forcer à faire surface. Pensant qu’une 3e guerre mondiale avait éclaté, le capitaine soviétique voulut répliquer mais, fort heureusement, fut empêché par le commandant de la flotte qui se trouvait exceptionnellement à bord.

The Bedford Incident
Eric Portman, Sidney Poitier et Richard Widmark dans Aux postes de combat de James B. Harris.

The Bedford Incident
L’un des tous premiers rôles de Donald Sutherland : Aux postes de combat de James B. Harris.

31 mars 2018

Sommaire de mars 2018

Tortillard pour TitfieldCécile est morte!The ThingRien sur RobertMa saison préféréeGussle's Backward WayVedettes du pavéExcalibur

Tortillard pour Titfield

(1953) de Charles Crichton

Cécile est morte!

(1944) de Maurice Tourneur

The Thing

(1982) de John Carpenter

Rien sur Robert

(1999) de Pascal Bonitzer

Ma saison préférée

(1993) de André Téchiné

Gussle’s Backward Way

(1915) de Charles Avery et Syd Chaplin

Vedettes du pavé

(1938) de Tim Whelan

Excalibur

(1981) de John Boorman

L'Adorable VoisineGoldfingerPattonArizona DreamQuarante tueursLes ripouxMesdames et messieurs bonsoirL'empereur du Nord

L’Adorable Voisine

(1958) de Richard Quine

Goldfinger

(1964) de Guy Hamilton

Patton

(1970) de Franklin J. Schaffner

Arizona Dream

(1993) de Emir Kusturica

Quarante tueurs

(1957) de Samuel Fuller

Les ripoux

(1984) de Claude Zidi

Mesdames et messieurs bonsoir

(1976) de Luigi Comencini, Nanni Loy, Luigi Magni, Mario Monicelli et Ettore Scola

L’empereur du Nord

(1973) de Robert Aldrich

CarolSourires d'une nuit d'étéMonika

Carol

(2015) de Todd Haynes

Sourires d’une nuit d’été

(1955) de Ingmar Bergman

Monika

(1953) de Ingmar Bergman

Nombre de billets : 19

30 mars 2018

Tortillard pour Titfield (1953) de Charles Crichton

Titre original : « The Titfield Thunderbolt »

Tortillard pour TitfieldLorsque la compagnie des chemins de fer britanniques annonce la fermeture de la ligne de Titfield, les villageois décident de prendre en main l’exploitation de la ligne. Ils doivent toutefois prouver à la compagnie qu’ils en sont capables. Tout cela n’est pas du goût des frères Crump qui viennent d’acheter un car dans le but d’avoir le monopole du transport dans la région…
Sur un scénario original de T. E. B. Clarke qui a déjà fourni plusieurs scénarios à la Ealing dont Passport to Pimlico, Charles Crichton réalise cette comédie pleine de fraîcheur et d’humour très britannique, tout à fait dans l’esprit des meilleures comédies des studios Ealing. L’humour repose bien entendu sur le nonsense et le saugrenu, sans crainte d’entailler joyeusement la vraisemblance de l’ensemble. C’est un humour bon enfant, certes, mais qui se moque de certains petits travers de la nature humaine : ainsi, si l’on s’engage pour de nobles causes, ce n’est pas toujours pour de bonnes raisons… Tortillard pour Titfield distille une généreuse dose de bonne humeur.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Stanley Holloway, George Relph, Naunton Wayne, John Gregson
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Remarque :
* Après la nationalisation des chemins de fer britanniques à la fin des années quarante, certaines petites lignes fortement déficitaires furent progressivement fermées durant les décennies cinquante et soixante.

Titfield Thunderbolt
Le car et le train se font concurrence dans Tortillard pour Titfield de Charles Crichton.

Titfield Thunderbolt
Naunton Wayne, Stanley Holloway et Gabrielle Brune dans Tortillard pour Titfield de Charles Crichton.

Titfield Thunderbolt
Le Titfield Thunderbolt reprend du service dans Tortillard pour Titfield de Charles Crichton.

28 mars 2018

Cécile est morte! (1944) de Maurice Tourneur

Cécile est morte!Cela fait plusieurs fois que la jeune Cécile demande à voir le commissaire Maigret. C’est même devenu un sujet de plaisanteries au 36 quai des Orfèvres. Elle se plaint de visites nocturnes de son appartement qu’elle occupe avec sa tante, une femme âgée et acariâtre…
Réalisé sous l’Occupation pour la Continental (société de production contrôlée par les allemands), Cécile est morte est l’adaptation d’un roman de Georges Simenon qui a été décidément très adapté durant cette période. Maurice Tourneur en fait une adaptation très fidèle, sans écart aucun. Le film ne figure pas parmi les films les plus personnels de Maurice Tourneur. L’intrigue est joliment alambiquée. Sur le plan de l’interprétation, Albert Préjean campe un Maigret plutôt crédible, doté de personnalité et de présence. A ses côtés, André Gabriello introduit une note d’humour avec son fameux défaut de prononciation. Les seconds rôles sont bien tenus. Sans être un film remarquable, Cécile est morte se regarde sans ennui.
Elle: 2 étoiles
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Albert Préjean, Santa Relli, Germaine Kerjean, Luce Fabiole, André Gabriello, Jean Brochard, Charles Blavette
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Cécile est morte
Santa Relli et Albert Préjean dans Cécile est morte! de Maurice Tourneur.

Cécile est morte
Jean Brochard et Albert Préjean dans Cécile est morte! de Maurice Tourneur.

27 mars 2018

The Thing (1982) de John Carpenter

The ThingAntarctique, hiver 1982. Dans les étendues vides et enneigées, un hélicoptère norvégien pourchasse un chien isolé. Arrivé dans une station de recherche américaine, l’homme continue à tirer sur l’animal sans se soucier de blesser les hommes à proximité tout en prononçant des phrases incompréhensibles. Il est abattu par le chef de station…
Trois ans après Alien de Ridley Scott, John Carpenter reprend le thème de la créature extraterrestre phagocytaire. Il s’agit toutefois du remake de La chose d’un autre monde, film produit par Howard Hawks (1) qui avait connu un grand succès en 1951. Autres temps, autres mœurs : alors que tout l’art de la première version avait été de ne pas montrer la créature et de laisser notre imagination travailler au grand galop, le film de John Carpenter montre et remontre une bestiole aussi multiforme que sanguinolente (il est judicieux d’éviter de voir le film après un repas trop copieux) avec jets d’acide et tentacules réglementaires que tout monstre digne de ce nom se doit de posséder. Les effets spéciaux sont élaborés et de vrais organes d’animaux ont également été utilisés (bon appétit!). C’est un cinéma efficace. Le scénario a été simplifié à l’extrême : John Carpenter a évacué toute dimension psychologique ou sociétale pour se concentrer sur la lutte pour la survie. Plutôt mal reçu à sa sortie (mais revalorisé par la suite), The Thing de John Carpenter sera sans aucun doute plus apprécié par les amateurs de films d’horreur que par les amateurs de science-fiction qui préfèreront revoir la version d’Howard Hawks.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Kurt Russell, Wilford Brimley
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* Préquelle :
The Thing, film américain de Matthijs van Heijningen Jr. (2011), raconte la découverte du vaisseau.

(1) Certains pensent qu’Howard Hawks l’a également réalisé, laissant le crédit à Christian Nyby pour qu’il puisse être membre de la Director’s Guild (ce que Hawks a toujours nié).

The Thing
Mac (Kurt Russell) …

The Thing
… fait équipe avec Windows (Thomas G. Waites) …
… dans The Thing de John Carpenter
(rappelons que le premier Mac ne sortira qu’en 1984 et Windows 1 en 1985 !)

25 mars 2018

Rien sur Robert (1999) de Pascal Bonitzer

Rien sur RobertDidier est un critique et auteur en vue. Il se querelle avec son amie qui se montre très dure et désagréable avec lui. Pour aider un ami, il accepte une invitation à dîner chez un intellectuel qui l’exécute devant toute la tablée… Comme dans plusieurs de ses films, Pascal Bonitzer construit Rien sur Robert autour d’un personnage central intellectuel, imparfait, angoissé, frustré. Didier semble avoir toujours le dessous dans ses rapports avec les femmes et envie constamment le talent des autres. Cela nous donne une comédie plutôt cruelle qui fut parfois comparée à Woody Allen. Il y a toutefois une grosse différence : Pascal Bonitzer ne cherche visiblement pas à engendrer l’empathie. Son personnage nous est tout de suite présenté sous un jour peu glorieux : il a écrit une tribune pour assassiner un film qu’il n’a pas vu (1). Il n’y a d’ailleurs aucun personnage vraiment positif dans cette histoire. Même si tout cela n’aboutit sur pas grand-chose, l’ensemble est amusant et montre un ton particulier.
Elle: 2 étoiles
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Fabrice Luchini, Sandrine Kiberlain, Valentina Cervi, Michel Piccoli, Bernadette Lafont, Laurent Lucas, Denis Podalydès, Edouard Baer
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Remarque :
* Le titre du film fait référence à la scène dans la librairie où la vendeuse annonce à un client qu’elle n’a rien sur Robert Desnos. Il ne semble pas avoir d’autre rapport avec l’histoire. Pascal Bonitzer a dit avoir choisi ce titre parce qu’à l’époque il cherchait des ouvrages sur le poète Robert Desnos et ne parvenait pas à en trouver.

(1) Allusion à une tribune d’Alain Finkielkraut sur le film Underground d’Emir Kusturica (juin 1995).

Rien sur Robert
Fabrice Luchini et Sandrine Kiberlain dans Rien sur Robert de Pascal Bonitzer.