9 juin 2018

Les joyeux débuts de Butch Cassidy et le Kid (1979) de Richard Lester

Titre original : « Butch and Sundance: The Early Days »

Les joyeux débuts de Butch Cassidy et le KidLibéré de prison, Butch Cassidy rencontre dans un saloon un as de la gâchette. Ils s’associent et commencent à accomplir de petits hold-ups…
Les joyeux débuts de Butch Cassidy et le Kid est une préquelle du film de George Roy Hill Butch Cassidy et le Kid sorti en 1969 (avec Paul Newman et Robert Redford). Il nous raconte en effet leur toute première rencontre et leurs premiers méfaits. L’histoire n’est pas vraiment passionnante mais Richard Lester a su insuffler une grande fraîcheur à l’ensemble. De constantes notes d’humour rendent le film très léger et empêchent de prendre l’ensemble au sérieux : comme le titre français le laisse supposer, il s’agit plutôt d’une comédie. William Katt et Tom Berenger font une bonne prestation, même s’ils  sont loin d’avoir la présence de Newman et Redford. Le film comporte cependant de belles trouvailles et l’attaque finale du train est franchement hilarante.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: William Katt, Tom Berenger, Jeff Corey, Brian Dennehy
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Butch and Sundance: The Early Days
Tom Berenger et William Katt dans Les joyeux débuts de Butch Cassidy et le Kid de Richard Lester (photo posée).

Butch and Sundance: The Early Days
William Katt et Tom Berenger dans Les joyeux débuts de Butch Cassidy et le Kid de Richard Lester. Au fur et à mesure de l’avancée du film, William Katt ressemble de plus en plus à Robert Redford dans le film de George Roy Hill.

Butch Cassidy et le Kid
Paul Newman et Robert Redford dans le film Butch Cassidy et le Kid de George Roy Hill (1969).

4 avril 2018

Vera Cruz (1954) de Robert Aldrich

Vera CruzA la fin de la guerre de Sécession, certains soldats sans attaches ou ayant tout perdu passent au Mexique, alors en pleine guerre civile, pour vendre leurs services au plus offrant. C’est ainsi qu’un ex-officier de l’armée sudiste (Gary Cooper) se voit forcé de faire équipe avec un aventurier rencontré en chemin (Burt Lancaster) dans une mission pour l’empereur Maximilien…
Sur une histoire imaginée par Borden Chase, dont les écrits ont déjà inspirés de grands westerns (Red River de Hawks, Winchester 73 et Bend of the River de Mann… et suivront Far Country toujours de Mann et Man Without a Star de Vidor), Vera Cruz met face à face deux têtes d’affiche pour un film à la réalisation parfaite et au contenu plus complexe qu’attendu. L’histoire est en effet assez simple mais son traitement est très particulier dans le cadre du western classique. Au lieu de montrer une opposition tranchée entre le bien et le mal, entre le bon et le méchant, Vera Cruz adopte une vision plus ambigüe de ses personnages, qui sont à la fois héros et anti-héros. Ainsi, si Gary Cooper montre une grande humanité, il n’hésite pas à trahir ou à tuer pour préserver ses intérêts bassement financiers. Face à lui, Burt Lancaster est bien le méchant de l’histoire mais il est aussi doté d’une indéniable droiture. Il est ambivalent, à l’image de son sourire à la fois carnassier et séducteur, et une utilisation très habile de l’humour le rend plus attirant encore.  Par cette ambivalence, cette façon de proposer des héros imparfaits, Vera Cruz semble ouvrir la voie aux westerns modernes.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Gary Cooper, Burt Lancaster, Denise Darcel, Cesar Romero, Sara Montiel, George Macready, Ernest Borgnine, Charles Bronson
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Vera Cruz
Burt Lancaster et Gary Cooper dans Vera Cruz de Robert Aldrich.

Remarques :
* Vera Cruz a beaucoup influencé Sergio Leone. Il est parfois surnommé « le premier western spaghetti ». A noter que Charles Bronson a un tout petit rôle… où il joue (déjà !) de l’harmonica.

* Gary Cooper était vraiment très mal à l’aise avec son personnage d’anti-héros. Ce serait pour cette raison qu’il a ensuite refusé la proposition de Charles Laughton d’incarner le pasteur dans La Nuit du chasseur, laissant ainsi la place à Robert Mitchum.

* Le film est produit par la société Hecht-Hill-Lancaster formée par Harold Hecht (le producteur, aucune relation avec Ben Hecht le scénariste), James Hill et Burt Lancaster.

* Précision technique : Vera Cruz est le premier (et principal) grand film en SuperScope. L’image est enregistrée en 2:1 puis agrandie (en hauteur) afin d’occuper toute la hauteur du cadre dans les copies d’exploitation. Ce procédé, lancé par la RKO en 1954, ne vivra guère. Son principal avantage était d’éviter l’anamorphose à la prise de vue (tassement horizontal pour occuper toute la surface d’une pellicule 35mm) qui impose d’utiliser des objectifs spéciaux. Son inconvénient est de laisser inutilisée une grande partie de la pellicule (interimage important) et donc d’avoir inévitablement une image finale de qualité inférieure.

Vera Cruz
Burt Lancaster dans Vera Cruz de Robert Aldrich.

Vera Cruz
Ernest Borgnine et Sara Montiel dans Vera Cruz de Robert Aldrich.

13 mars 2018

Quarante tueurs (1957) de Samuel Fuller

Titre original : « Forty Guns »

Quarante tueursGriff Bonnel, accompagné de ses frères Wes et Chico, arrive à Tombstone où la puissante propriétaire terrienne Jessica Drummond fait la loi à la tête d’une petite troupe de quarante hommes. Elle a aussi un jeune frère qui estropie par jeu un adjoint du shérif. Griff le maitrise et le met sous les verrous…
A sa sortie, Forty Guns était un western unique en son genre et soixante ans plus tard il l’est tout autant. Tourné rapidement avec un budget très faible, c’est un film d’auteur qui privilégie le style sur le déroulement du récit. L’histoire est surtout celle d’un amour impossible : il ne faut pas attendre un film d’action. Samuel Fuller réussit de nombreux plans mémorables, à commencer par une scène d’introduction pleine de furie qui nous laisse abasourdi. Il traite les scènes classiques du western (duels, chevauchées, etc.) de façon franchement inédite : le duel final est ainsi dans toutes les mémoires (de ceux qui l’ont vu…) Le plus remarquable est dans la simplicité de ses solutions qui nécessitent toutefois une grande maitrise technique. Inévitablement, certains spectateurs seront certainement déroutés par Forty Guns mais son style et son atmosphère le rendent assez enthousiasmant.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Barbara Stanwyck, Barry Sullivan, Dean Jagger, John Ericson, Gene Barry
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Forty Guns
Barry Sullivan et Barbara Stanwyck dans Quarante tueurs de Samuel Fuller.

Remarques :
* Dans son encyclopédie sur le western, l’américain Phil Hardy qualifie Forty Guns d’ « exemple typique des différences entre les Etats-Unis et l’Europe dans le regard porté sur les productions hollywoodiennes : les américains considèrent le film comme étant franchement raté alors que les européens l’admirent pour son style et sa vigueur. »
(Ceci dit, il n’a pas fait l’unanimité en Europe : sur ce film, on retrouve globalement le clivage pro-/con- Nouvelle Vague).

* Barbara Stanwyck, 49 ans au moment du tournage, a toujours été une intrépide cavalière. Lorsque sa doublure a jugé trop dangereux de se laisser trainer au sol par un cheval au galop, l’actrice n’a pas hésité à le faire elle-même. Elle en est sortie indemne, avec tout de même ecchymoses et éraflures.

Forty GunsBarbara Stanwyck et John Ericson dans Quarante tueurs de Samuel Fuller.
Le duel final est unique en son genre. Samuel Fuller a expliqué dans une interview qu’initialement il avait prévu que Barbara Stanwyck soit tuée par Griff. Les studios ayant refusé cette fin, il a alors trouvé un moyen très original de ne pas retourner la scène.

Forty GunsEve Brent dans Quarante tueurs de Samuel Fuller.
Célèbre plan où le frère de Griff regarde la jeune et jolie armurière à travers le canon d’un fusil (démonté). Jean-Luc Godard fera un clin d’oeil à cette scène dans A bout de souffle lorsque Belmondo regarde Jean Seberg à travers un magazine roulé.
Parmi les autres scènes mémorables, il faut citer le long travelling sur Barry Sullivan marchant à travers la ville.

Quarante tueursBarry Sullivan et Barbara Stanwyck dans Quarante tueurs de Samuel Fuller.

25 janvier 2018

Le Bon, la Brute et le Cinglé (2008) de Kim Jee-woon

Titre original : « 좋은 놈, 나쁜 놈, 이상한 놈 (Jo-eun nom, nappeun nom, isanghan nom) »

Le Bon, la brute et le cingléDans les années 30 en Mandchourie, la Brute est chargé de récupérer une carte précieuse auprès d’un dignitaire japonais mais il se fait doubler par le Cinglé qui pillait le train qui le transportait. Ce dernier a alors tous les voyous et autres gangsters à ses trousses, tout comme le Bon qui désire le capturer pour toucher la prime…
Le titre évoque bien évidemment le film de Sergio Leone Le Bon, la Brute et le Truand mais ce film coréen, écrit et réalisé par Kim Jee-won, va au-delà du simple pastiche ou de la copie. C’est un véritable feu d’artifice visuel et chorégraphique avec de multiples situations et intrigues secondaires, et aussi une bonne dose d’humour, insufflée par le caractère enfantin du personnage du Cinglé interprété par Song Kang-ho, grande star en son pays. La photographie est très belle, avec des couleurs éclatantes et Kim Jee-won utilise parfaitement les grandes étendues mandchoues pour reconstituer une atmosphère de western. Le nombre de macchabées semés en chemin est certes plutôt impressionnant mais rien n’est sérieux ici : ce western asiatique est avant tout un grand divertissement. Il est étonnamment réussi.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Song Kang-ho, Lee Byung-hun, Jung Woo-sung
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Le Bon la Brute et le Cinglé
Le Bon : Jung Woo-sung dans Le Bon, la brute et le cinglé de Kim Jee-woon.

Le Bon, la brute et le Cinglé
La Brute : Lee Byung-hun dans Le Bon, la brute et le cinglé de Kim Jee-woon.

Le Bon, la brute et le cinglé
Le Cinglé : Song Kang-ho dans Le Bon, la brute et le cinglé de Kim Jee-woon.

Le Bon, la brute et le cinglé
Comme dans le film de Leone, nous avons droit à un final sur un magistral Mexican Standoff (« impasse mexicaine » in french) dans  Le Bon, la brute et le cinglé de Kim Jee-woon.

2 janvier 2018

Retour vers le futur 3e partie (1990) de Robert Zemeckis

Titre original : « Back to the Future Part III »

Retour vers le futur: 3e partieCoincé en 1955, Marty découvre que Doc est bloqué en 1885 grâce à une lettre que ce dernier lui a fait parvenir. Il lui indique où il pourra retrouver la DeLorean, cachée depuis cette époque, pour qu’il puisse revenir en 1985. Mais il va faire une étrange découverte qui le poussera à remonter le temps à la rencontre de Doc…
Après un deuxième volet qui poussait très loin les paradoxes temporels, ce troisième film apparaît très différent. La famille McFly est un peu mise de côté et, avec elle, les inévitables paradoxes. Nous nous concentrons cette fois sur le personnage de Doc qui, tout en restant très excentrique et plein de ressources, va se découvrir une âme romantique grâce à l’arrivée de Mary Steenburgen. Parfaitement réalisé, Retour vers le futur 3 est une amusante variation autour du thème du western dont il reprend l’ambiance et les composants les plus emblématiques, de façon légère, sans aucun sérieux. L’ensemble est bon enfant. Sur un rythme assez trépidant, il y a là un excellent dosage entre aventures, humour et science-fiction.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Michael J. Fox, Christopher Lloyd, Mary Steenburgen, Thomas F. Wilson, Lea Thompson, Elisabeth Shue
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retour vers le futur 3
Michael J. Fox et Christopher Lloyd se retrouvent en 1885 dans Retour vers le futur: 3e partie de Robert Zemeckis.

Remarques :
* Le site Futurepedia (en anglais) est un site collaboratif qui reprend tous les évènements et personnages de la série Back to the Future et, surtout, qui reconstruit toute la chronologie, remplit tous les trous, explore diverses possibilités. Le contenu est abondant.

* Lorsque Marty parle de Clint Eastwood au Doc de 1955, celui-ci répond : « Clint qui ? » En arrière-plan, Zemeckis s’est amusé à placer deux affiches de Tarantula et de Revenge of the Creature, deux films de 1955 dans lequel Clint Eastwood, alors âgé de 25 ans, avait un tout petit rôle de figuration (non crédité au générique).

Retour vers le futur 3

Retour vers le futur 3
C’est ZZ Top qui assure l’ambiance au bal du village dans Retour vers le futur: 3e partie de Robert Zemeckis.

La trilogie :
Retour vers le futur (Back to the Future) de Robert Zemeckis (1985)
Retour vers le futur 2 (Back to the Future II) de Robert Zemeckis (1989)
Retour vers le futur 3 (Back to the Future III) de Robert Zemeckis (1990)

27 décembre 2017

My Sweet Pepper Land (2013) de Hiner Saleem

My Sweet Pepper LandHéros des combats pour l’indépendance, Baran accepte un poste de policier au commissariat d’un village isolé au nord du Kurdistan irakien, près de la frontière turque. Là, il fait la rencontre de Govend, une jeune femme qui est venu tenir le poste d’institutrice. Tous deux vont se heurter au chef mafieux local qui règne en maître sur la région…
Production franco-germano-kurde, My Sweet Pepper Land a été écrit et réalisé par le réalisateur kurde Hiner Saleem. Il y souligne l’archaïsme et la pesanteur d’un pays en pleine mutation. Le western américain a souvent traité cette période charnière où la loi de l’Etat doit s’imposer aux grands propriétaires locaux habitués à régner sur leur région. Hiner Saleem cultive cette analogie en donnant une grande importance aux chevaux, unique moyen de transport, et par divers détails tels les chapeaux. Mais le plus étonnant est la façon dont il parvient à instiller de l’humour dans cette histoire dure et tragique. Cet humour est parfois très noir comme dans la scène de pendaison lamentablement ratée qui ouvre le film. L’image est assez belle, le film a été tourné sur place en décors naturels. En dehors des quelques personnages principaux, tous les rôles sont tenus par des acteurs non professionnels. Hiner Saleem tient lui-même le rôle du photographe. S’il n’est pas sans maladresse, le film est particulièrement convaincant.
Elle: 4 étoiles
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Korkmaz Arslan, Golshifteh Farahani
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My Sweet Pepper Land
Golshifteh Farahani dans My Sweet Pepper Land de Hiner Saleem.

My Sweet Pepper Land
Golshifteh Farahani et Korkmaz Arslan dans My Sweet Pepper Land de Hiner Saleem.

7 novembre 2017

John McCabe (1971) de Robert Altman

Titre original : « McCabe & Mrs. Miller »

John McCabeArrivé dans une petite bourgade minière du nord de l’Ouest américain, un joueur professionnel itinérant décide d’ouvrir un bordel. Il s’associe avec une prostituée pour la gérer… Librement adapté d’un roman d’Edmund Naughton, John McCabe est souvent cité comme l’un des meilleurs représentants du genre que l’on nomme (un peu pompeusement) « le western crépusculaire » des années soixante-dix (les anglo-saxons emploient plus justement le terme « western révisionniste ») : point de soleil brûlant encore moins de désert… la végétation est abondante, il pleut sans arrêt, il fait froid et même la neige (non prévue au scénario) s’installe. Point de héros, ni de noble cause à défendre… rien ni personne n’est reluisant. L’individualisme règne en maître et cette difficile période de transition où la Loi n’existait pas encore est décrite crûment et sans fard (1). John McCabe est un film qui a beaucoup de style avec la musique plaintive de Leonard Cohen dont les paroles collent si bien au propos du film qu’elles sembleraient presque composées spécialement pour lui et la photographie de Vilmos Zsigmond, expert de l’exploitation de la lumière naturelle, qui utilise des filtres jaune-bruns pour créer une atmosphère très prégnante. A mes yeux, la forme très stylée de John McCabe enchante plus que le fond que je dois avouer avoir trouvé un peu ennuyeux.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Warren Beatty, Julie Christie, Shelley Duvall, Keith Carradine
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Remarques :
* Robert Altman a décrit son film comme un « anti-western ».
* Warren Beatty et Julie Christie vivaient ensemble à cette époque et avaient un fort désir de jouer ensemble.
* John McCabe utilise trois chansons de Leonard Cohen : « The Stranger Song », « Sisters of Mercy » et « Winter Lady ».

(1) Beaucoup ont vu aussi dans John McCabe une critique de la concentration économique en sociétés mais, s’il peut sembler probable que ce fut dans les intentions du réalisateur, la démonstration n’est pas (du moins à mes yeux) vraiment probante.

John McCabe
Warren Beatty et Julie Christie dans John McCabe de Robert Altman.

Tournage de John McCabe
Warren Beatty, Vilmos Zsigmond et Robert Altman sur le tournage de John McCabe de Robert Altman.

6 juillet 2017

La Charge de la huitième brigade (1964) de Raoul Walsh

Titre original : « A Distant Trumpet »

La Charge de la huitième brigadeEn 1883, le jeune lieutenant Matt Hazard est affecté dans un fort isolé de l’Arizona, près de la frontière avec le Mexique où s’est réfugié War Eagle, le dernier chef indien encore en guerre contre le gouvernement des Etats-Unis… Adapté d’un roman de Paul Horgan, A Distant Trumpet est l’ultime réalisation de Raoul Walsh. A l’instar de John Ford, Raoul Walsh a opté sur le tard pour une vision plus empathique vis-à-vis des indiens : ici, ils sont montrés impitoyables, certes, mais aussi victimes des promesses non tenues par les « politiciens de Washington ». Cet antifédéralisme n’a rien d’original, pas plus que le scénario qui est vraiment très classique avec toutefois un triangle amoureux assez bien traité. L’accent est mis sur l’éthique et le sens de l’honneur. Mais c’est dans les scènes d’action que Raoul Walsh montre tout son talent : les mouvements de centaines de chevaux sont aussi impressionnants que photogéniques et les combats nous laissent haletant. Walsh a une maitrise étonnante de l’action rapide. Bien qu’il ait bénéficié d’un bon budget, le réalisateur aux 130 films n’a pas eu droit à des acteurs connus : Troy Donahue manque un peu de charisme mais Suzanne Pleshette a plus de présence. La photographie est assez belle, avec un lieu jamais montré au cinéma (voir ci-dessous). A Distant Trumpet n’est pas un grand Raoul Walsh mais il vient clore honorablement une longue liste de films réalisés sur un demi-siècle.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Troy Donahue, Suzanne Pleshette, Diane McBain, James Gregory
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Remarques :
* Le titre du film rappelle Distant Drums (en français Les Aventures du Capitaine Wyatt) que Walsh a réalisé en 1951 et qui mettait en scène un épisode plus tardif de la guerre contre les indiens.

A Distant Trumpet
Troy Donahue (à gauche) dans La Charge de la huitième brigade de Raoul Walsh.

A Distant Trumpet
Suzanne Pleshette dans La Charge de la huitième brigade de Raoul Walsh.

A Distant Trumpet
Diane McBain (qui a un petit air de Tippi Heddren) dans La Charge de la huitième brigade de Raoul Walsh.

A Distant Trumpet

 

Grand Falls, Arizona
(Photo non tirée du film)  Les spectaculaires cascades d’eaux boueuses sont celles de Grand Falls, Arizona, situées sur le territoire de la réserve indienne de Navajo Nation (en fait assez loin de la frontière mexicaine). Elles sont assez époustouflantes : voir une vidéo touristique… (elles ne sont pas toute l’année comme cela toutefois, le débit peut se réduire à un filet pendant plusieurs mois, la rivière est Little Colorado River).

29 avril 2017

The Dark Valley (2014) de Andreas Prochaska

Titre original : « Das finstere Tal »

Das finstere TalFin du XIXe siècle. Dans un village isolé au milieu des montagnes, un jeune étranger arrive au début de l’hiver. La famille qui dirige le village ne l’accepte que parce qu’il paie son séjour avec des pièces d’or. Taciturne, il se présente comme photographe.… Très inhabituel en soi, The Dark Valley est un film austro-allemand et il s’agit d’un western. La transposition de l’imagerie du western dans les Alpes est intelligemment faite : on retrouve bien les chevaux, le thème du cavalier solitaire, de la famille qui dicte sa loi mais les armes sont moins répandues et les spécificités des montagnes et du climat hivernal sont bien utilisées. Les ressorts du scénario sont assez habituels du genre ce qui contribue à donner à l’ensemble un certain classicisme plutôt attrayant. Tout au plus, pourrait-on reprocher à Andreas Prochaska d’avoir trop appuyé le caractère taciturne et mystérieux du héros (Sam Riley, qui est anglais, n’a pas du avoir trop de mal à apprendre son texte, il ne doit guère prononcer plus d’une vingtaine de phrases…) mais il a ainsi su créer une atmosphère forte. Le rythme est lent mais sans excès, la photographie est assez belle. S’il est disponible en DVD, The Dark Valley n’a pas été distribué en salles en France ce qui est fort dommage car ce « western alpin » mérite vraiment d’être remarqué.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Sam Riley, Tobias Moretti, Paula Beer, Thomas Schubert
Voir la fiche du film et la filmographie de Andreas Prochaska sur le site IMDB.

Remarques :
* Le film est basé sur le roman homonyme de l’allemand Thomas Willmann qui a été traduit en français sous le titre Sombre Vallée (Ed. Belfond, 2016).
* Le réalisateur autrichien Andreas Prochaska signe ici son cinquième long métrage. Il a aussi réalisé de nombreuses séries pour la télévision.

The Dark Valley
Sam Riley dans Das finstere Tal de Andreas Prochaska.

5 janvier 2017

Slow West (2015) de John Maclean

Slow WestEn 1870, un jeune aristocrate écossais de 16 ans, Jay Cavendish, décide de traverser à cheval l’Ouest américain vers le Colorado à la recherche de son amour, Rose Ross, une jeune paysanne. Son chemin croise celui de Silas Selleck, un homme solitaire et aguerri qui accepte de le prendre sous sa protection… Slow West est un western britannico-néo-zélandais écrit et réalisé par l’écossais John Maclean, ex-musicien de rock, qui signe là son premier film. Avec un tel pedigree, on ne sera pas étonné que Slow West soit un western assez hors du commun. Il évoque quelque peu le très beau True Grit des frères Coen. Le scénario se déroule placidement au rythme de l’avancée des deux personnages et des rencontres qu’ils font en chemin. La naïveté de l’adolescent se trouve confrontée à la réalité violente d’une civilisation balbutiante et c’est cette opposition qui est intéressante. La photographie est très belle (les scènes américaines ont été tournées en Nouvelle-Zélande) et Michael Fassbender fait une excellente prestation. Même s’il ne pourra plaire à tous les amateurs de western, du fait de son rythme et de son contenu, Slow West est un western vraiment remarquable. Un premier coup de maître pour John Maclean. Le film n’est pas encore sorti en salles en France.
Elle:
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Kodi Smit-McPhee, Michael Fassbender, Ben Mendelsohn, Caren Pistorius
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Slow West
Michael Fassbender et Kodi Smit-McPhee dans Slow West de John Maclean.

Slow West
Kodi Smit-McPhee et Michael Fassbender dans Slow West de John Maclean.