22 janvier 2020

Ennemis intimes (1999) de Werner Herzog

Titre original : « Mein liebster Feind – Klaus Kinski »

Ennemis intimes (Mein liebster Feind - Klaus Kinski)Avec Mein Liebster Feind, littéralement Mon plus cher ennemi, Werner Herzog évoque ses relations tumultueuses avec son acteur fétiche Klaus Kinski. De Aguirre en 1972 à Cobra Verde en 1987, ils ont tourné ensemble cinq films et que ce soit pour l’acteur Kinski ou pour le réalisateur Herzog, ces cinq films sont les plus remarquables de leur filmographie. Mais cela, Werner Herzog ne le dira pas. Pendant 95 minutes, il raconte les coups de colère dont l’acteur était coutumier et le présente comme un demi-fou qui pouvait devenir dangereux. Il faut attendre les cinq dernières minutes pour l’entendre parler de Kinski dans des termes plus positifs. Ce documentaire date de 1999 soit huit ans après le décès de l’acteur et le ressentiment était visiblement encore très fort. Il serait intéressant de savoir quel regard porte Werner Herzog aujourd’hui sur sa collaboration avec Kinski. Pour tourner le documentaire, le réalisateur est retourné sur ses lieux de tournage en Amérique du Sud et fait parler des membres de l’équipe d’alors et acteurs. Quelques documents filmés pendant les tournages illustrent le récit de Werner Herzog.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Klaus Kinski
Voir la fiche du film et la filmographie de Werner Herzog sur le site IMDB.

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Les 5 films de Warner Herzog avec Klaus Kinski :
1972 : Aguirre, la colère de Dieu (Aguirre, der Zorn Gottes)
1979 : Nosferatu, fantôme de la nuit (Nosferatu: Phantom der Nacht)
1979 : Woyzeck
1982 : Fitzcarraldo
1987 : Cobra Verde

Ennemis intimes (Mein liebster Feind - Klaus Kinski)Klaus Kinski et Werner Herzog (sur le tournage de Fitzcarraldo)
dans Ennemis intimes (Mein liebster Feind – Klaus Kinski) de Werner Herzog.

12 juillet 2019

Nosferatu, fantôme de la nuit (1979) de Werner Herzog

Titre original : « Nosferatu: Phantom der Nacht »

Nosferatu, fantôme de la nuitÀ Wismar, au XIXe siècle, un jeune homme reçoit de son patron la mission d’aller dans les Carpates négocier la vente d’une maison qu’un certain comte Dracula désire acquérir. Dans une auberge proche de sa destination, des villageois tentent de le dissuader de se rendre au château. Il passe outre et se rend chez le comte…
Pour rendre hommage au film muet de F.W. Murnau Nosferatu le vampire (1922), Werner Herzog choisit de tourner une version très proche, allant jusqu’à refaire certaines scènes à l’identique. Hélas, il n’arrive pas à la même puissance évocatrice, le film n’a aucune intensité. Et ce ne sont pas l’ajout des scènes de centaines de rats ou les modifications de l’épilogue qui lui donnent de la force. Le résultat est donc bien décevant, surtout venant de la part d’un cinéaste tel que Werner Herzog. La photographie est finalement le plus réussi.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Klaus Kinski, Isabelle Adjani, Bruno Ganz, Roland Topor
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Remarques :
* Production franco-allemande.
* Dans la version de Murnau, le comte Dracula n’avait pas le nom qu’il porte dans le roman de Bram Stoker. N’ayant pu s’entendre avec les ayant-droits du romancier, Murnau l’avait appelé Comte Orlok. Le copyright ayant expiré entre les deux versions, Werner Herzog a pu lui redonner son vrai nom.

Nosferatu, fantôme de la nuitIsabelle Adjani et Klaus Kinski dans Nosferatu, fantôme de la nuit de Werner Herzog.

23 avril 2019

Fitzcarraldo (1982) de Werner Herzog

FitzcarraldoDans une ville d’Amazonie, Brian Fitzgerald dit Fitzcarraldo s’est ruiné dans un projet fou de construction d’une voie de chemin de fer en pleine forêt. Passionné d’opéra, il rêve maintenant de bâtir une salle de spectacle pour accueillir son idole, Caruso. Pour la financer, il achète une concession de caoutchouc réputée inaccessible et entreprend de s’y rendre en bateau…
Comme dans Aguirre que Werner Herzog a tourné dix ans plus tôt dans la même région, le héros de Fitzcarraldo est de nouveau un homme qui nourrit un projet fou et emploiera des moyens démesurés pour tenter d’atteindre son but. La même description pourrait s’appliquer tout aussi bien au cinéaste allemand car le tournage fut difficile, dangereux, déraisonnable. Faire gravir les parois abruptes d’une haute colline à un bateau de 350 tonnes est déraisonnable mais les difficultés de tous ordres n’entamèrent en rien sa détermination. L’image est devenue l’une des plus iconiques du cinéma. Le film n’est pas aussi réussi qu’Aguirre, en partie parce qu’il est un peu dilué ce qui nuit à la tension, à la perception de la folie mégalomane de son héros éponyme. Le personnage de Claudia Cardinale peu paraitre superflu mais son décalage ajoute à l’incongruité de la situation. Fitzcarraldo n’en reste pas moins un film assez unique et, de ce fait, vraiment mémorable.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Klaus Kinski, Claudia Cardinale, José Lewgoy, Paul Hittscher
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Pour en savoir plus, vous pouvez lire la chronique de DVDClassiks qui comporte de nombreuses photos du tournage…

Werner Herzog raconte lui-même le tournage dans son livre La Conquête de l’inutile réédité aux Editions Capricci en 2009. Voir tous les livres sur Werner Herzog

fitzcarraldo
Klaus Kinski dans Fitzcarraldo de Werner Herzog.

Fitzcarraldo

Remarques :
* Le tournage de Fitzcarraldo a commencé avec Jason Robards dans le rôle principal et Mick Jagger dans celui d’un assistant. Alors que 40% du film était tourné, Robards a contracté la dysenterie et dut rentrer chez lui. De son côté, Mick Jagger devait aller enregistrer un nouvel album. Herzog est alors parti chercher son vieux complice Klaus Kinski pour tout recommencer. Le personnage de l’assistant fut supprimé.

* Le film fut tourné en anglais. Le doublage en anglais de Klaus Kinski n’est pas très réussi.

* Le film est basé sur une histoire vraie, celle du péruvien Carlos Fermin Fitzcarrald. Dans la réalité, il démonta le bateau pour le transporter de l’autre côté de la montagne.

Fitzcarraldo
Non, la photo n’est pas penchée… le bateau gravit une montagne dans Fitzcarraldo de Werner Herzog.

19 août 2018

El chuncho (1967) de Damiano Damiani

Titre original : « Quién sabe? »

El chunchoChef d’une bande de bandits mexicains, El chuncho attaque un train transportant des militaires pour y prendre les armes et les munitions qu’il transporte. Son intention est de les revendre au général Elias qui est à la tête de la révolution…
El chuncho de Damiano Damiani est le premier « western politique », genre que l’on nomme aussi « western zapatta ». Il réalise la symbiose de plusieurs genres en vogue dans ces années soixante dans le cinéma italien : le western italien, le film politique et la comédie italienne. Le théâtre choisi est celui de la Révolution mexicaine, qui permet de donner une dimension quasi-marxiste au propos. El chuncho est toutefois très subtil en la matière, loin du manichéisme souvent trop voyant dans les films politiques de cette époque. L’histoire met toutefois bien en relief l’intervention américaine dans la Révolution  mexicaine. Le film repose sur un équilibre parfait des trois composantes précitées, une réussite que l’on peut attribuer au scénariste Franco Solinas. L’interprétation de Gian Maria Volontè est vraiment remarquable, donnant une dimension à ce personnage tantôt bourreau impitoyable, tantôt naïf au grand cœur, doté de sentiments complexes. Le film connut un grand succès à sa sortie.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Gian Maria Volontè, Klaus Kinski, Martine Beswick, Lou Castel
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Remarque :
* Toutes les scènes d’extérieur ont été tournées en Andalousie… sous le régime franquiste.

El Chunco
Gian Maria Volontè dans El chuncho de Damiano Damiani.

El Chunco
Gian Maria Volontè et Lou Castel dans El chuncho de Damiano Damiani.

El Chunco
Klaus Kinski et Gian Maria Volontè dans El chuncho de Damiano Damiani.

7 février 2012

Aguirre, la colère de Dieu (1972) de Werner Herzog

Titre original : « Aguirre, der Zorn Gottes »

Aguirre, la colère de DieuAu XVIe siècle, en Amazonie, une expédition espagnole est à la recherche de l’Eldorado, pays qui d’après les légendes incas regorge d’or. L’un des officiers est Lope de Aguirre, un homme bien décidé à aller coûte que coûte au bout de sa mission… Aguirre, la colère de Dieu est le film qui a permis à un public assez large de découvrir le jeune réalisateur allemand Werner Herzog. Sans s’éloigner de la vérité historique (1), Herzog imagine, invente et crée une œuvre superbe empreinte d’exaltation et de poésie. Le personnage d’Aguirre, rebelle exalté proche de la folie, lui donne un formidable support pour créer une atmosphère presque irréelle où il place des images fortes : le cheval abandonné, le bateau jugé au sommet d’un arbre (image réelle ou hallucination ?), la colonne de l’expédition serpentant dans les Andes. Pour personnifier cette lente dérive vers l’extase, Klaus Kinski paraît l’acteur idéal, à tel point que l’acteur peut se confondre avec son personnage (2), incontestablement l’un de ses plus grands rôles au cinéma.
Elle:
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Klaus Kinski, Helena Rojo, Del Negro, Peter Berling, Cecilia Rivera
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Remarques :
* Toutes les versions, même l’allemande, sont post-synchronisées et cela se sent. Ce fut la version anglaise qui fut diffusée en France dans les années 70  en tant que version originale.
* Le tournage, entièrement en décors réels au Pérou, fut périlleux (ce qui explique la post-synchronisation). Werner Herzog a avoué avoir pris personnellement de grands risques. Par exemple, dans la scène des rapides, tous les techniciens et acteurs étaient attachés sauf Herzog et son premier assistant.

(1) Seule la fin s’éloigne de la vérité historique. Dans la réalité, Lope de Aguirre suit le fleuve Orénoque jusqu’au bout, atteignant ainsi l’Atlantique. Il s’attaque alors au Royaume d’Espagne en s’emparant de l’île Margarita au nord du Venezuela puis de la ville de Valencia, semant terreur et désolation. Il est tué peu après par l’armée royale espagnole.

2) Klaus Kinski a été difficile à diriger sur le tournage, l’acteur se rebellant contre le réalisateur. Après la sortie du film, Werner Herzog déclarera à son sujet : « La perfection qu’il atteint est totale et je pense que toute sa vie est dans ce film ».

Remake :
El Dorado de Carlos Saura (1988) avec Omero Antonutti et Lambert Wilson.