2 mars 2015

Un crime dans la tête (1962) de John Frankenheimer

Titre original : « The Manchurian Candidate »

Un crime dans la têtePendant la Guerre de Corée, un petit groupe de soldats américains est capturé l’ennemi. Après être rentré au pays sous les honneurs, le major Marco est en proie à un malaise permanent alimenté par ses cauchemars récurrent : il se voit face à des militaires russes et chinois qui lui ont fait subir un lavage de cerveaux élaboré ce qui leur permet d’avoir sur lui un contrôle à distance… The Manchurian Candidate est adapté d’un roman de Richard Condon. C’est une histoire assez extravagante qu’il faut la replacer dans son contexte de 1962, c’est-à-dire en pleine Guerre Froide qui alimentait les fantasmes les plus fous. Mais on finit par y croire grâce aux talents de mise en scène de Frankenheimer : le montage est assez remarquable (la scène du cauchemar est franchement exceptionnelle dans son montage), les mouvements de caméra et les angles de prise de vue sont très travaillés. Le réalisateur utilise en outre des focales courtes pour accentuer l’impression de rêve (cauchemar) éveillé. Il instaure finalement un climat surréaliste et anxiogène qu’il appuie encore en introduisant le personnage d’Eugenie (Janet Leigh) dont on ne parvient pas à deviner les motivations. Côté acteurs, Sinatra est égal à lui-même, c’est-à-dire mauvais, mais Angela Lansbury et Laurence Harvey (la mère et le fils) font tous deux une prestation superbe.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Frank Sinatra, Laurence Harvey, Janet Leigh, Angela Lansbury, James Gregory
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Un crime dans la tête (1962) de John Frankenheimer
Malgré une différence d’âge de seulement trois années entre les deux acteurs, Angela Lansbury et Laurence Harvey sont mère et fils dans Un crime dans la tête (The Manchurian Candidate) de John Frankenheimer.

Remarques :
* The Manchurian Candidate est sorti sur les écrans un an avant l’assassinat du Président Kennedy (qui avait d’ailleurs donné son aval au film).
* La rumeur qui affirme que le film a été plus ou moins retiré de la circulation sous l’accusation d’avoir inspiré Lee Harvey Oswald serait totalement fausse.
* Dans la scène où il montre le jeu de cartes à son ami, Sinatra est franchement flou. Ce n’était pas un effet intentionnel mais accidentel. Frankenheimer a dû se résoudre à utiliser ce plan qui était celui où Sinatra était le meilleur (il était toujours très difficile de faire rejouer une scène à Sinatra).
* Remake :
Un crime dans la tête (The Manchurian Candidate) de Jonathan Demme (2004) avec Denzel Washington, Liev Schreiber et Meryl Streep.

1 mars 2015

The Unsuspected (1947) de Michael Curtiz

Titre français : « Le crime était presque parfait »

Ne pas confondre ce film avec celui d’Alfred Hitchcock : Le crime était presque parfait (1954). A part le titre français, ils n’ont rien en commun.

Le crime était presque parfaitLa secrétaire de Victor Grandison, animateur d’une série criminelle à la radio, est retrouvée pendue dans la maison de son patron. Par ailleurs, Grandison a deux nièces dont l’une est en voyage à l’étranger. On la dit morte dans l’incendie du bateau qui la transportait. Un homme se présente au domicile comme étant son mari… L’histoire de The Unsuspected est adaptée d’un roman de Charlotte Armstrong (1). Elle est un peu complexe du fait du nombre de personnages mais les évènements s’enchaînent plutôt bien, même si on pourra objecter que l’ensemble n’est pas toujours très crédible. Michael Curtiz se livre avec son chef opérateur Woody Bredell (qui venait d’achever le tournage de Les Tueurs de Siodmack) à de nombreuses recherches sur l’éclairage, les ombres, les reflets qui rendent le film assez remarquable par son style. Les seconds rôles masculins sont un peu faibles, défaut qui est bien contrebalancé par la présence de Claude Rains et par les rôles féminins, tous très bien tenus. The Unsuspected est un film noir à découvrir.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Joan Caulfield, Claude Rains, Audrey Totter, Constance Bennett, Hurd Hatfield, Fred Clark
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The Unsuspected (1947) de Michael Curtiz
Audrey Totter et Ted North dans The Unsuspected de Michael Curtiz

The Unsuspected (1947) de Michael Curtiz
Plongée vertigineuse et travail sur les éclairages… Joan Caulfield dans The Unsuspected de Michael Curtiz

(1) A noter que Claude Chabrol a adapté deux romans de Charlotte Armstrong : La Rupture (1970) et Merci pour le chocolat (2000).

28 février 2015

Sommaire de février 2015

Sous surveillanceLa Vengeance du docteur JoyceFisher King ? Le Roi pêcheurRome, ville ouverteZeligLe convoi de la peurLe Salaire de la peurLa Femme à abattre

Sous surveillance

(2012) de Robert Redford

La Vengeance du docteur Joyce

(1947) de Lawrence Huntington

Fisher King ? Le Roi pêcheur

(1991) de Terry Gilliam

Rome, ville ouverte

(1945) de Roberto Rossellini

Zelig

(1983) de Woody Allen

Le convoi de la peur

(1977) de William Friedkin

Le Salaire de la peur

(1953) de Henri-Georges Clouzot

La Femme à abattre

(1951) de Bretaigne Windust et Raoul Walsh

Contes de l'au-delà ? Le cinéma de M. Night ShyamalanThemrocLes Anges du péchéLes Fraises sauvagesLes CombattantsOthelloCésarFanny

Le cinéma de M. Night Shyamalan

(2015) Livre de Hugues Derolez

Themroc

(1973) de Claude Faraldo

Les Anges du péché

(1943) de Robert Bresson

Les Fraises sauvages

(1957) de Ingmar Bergman

Les Combattants

(2014) de Thomas Cailley

Othello

(1952) de Orson Welles

César

(1936) de Marcel Pagnol

Fanny

(1932) de Marc Allégret

MariusTirez la langue, mademoiselleExodusLe Fil du rasoirAmatorAnna et les loupsMoanaNanouk l'Esquimau

Marius

(1931) de Alexander Korda

Tirez la langue, mademoiselle

(2013) de Axelle Ropert

Exodus

(1960) de Otto Preminger

Le Fil du rasoir

(1946) de Edmund Goulding

Amator

(1979) de Krzysztof Kieslowski

Anna et les loups

(1972) de Carlos Saura

Moana

(1926) de Robert Flaherty

Nanouk l’Esquimau

(1922) de Robert Flaherty

Nombre de billets : 24

27 février 2015

Sous surveillance (2012) de Robert Redford

Titre original : « The Company You Keep »

Sous surveillanceUn paisible avocat se retrouve rattrapé par son passé de militant activiste : dans les années soixante-dix, il a été membre d’un groupe radical qui s’est sinistrement illustré par des attentats… Adapté d’un roman de Neil Gordon, Sous surveillance est le neuvième long métrage réalisé par Robert Redford. On aurait aimé être plus enchantés mais il se dégage de l’ensemble une impression de vieux héros fatigué. Le sujet n’arrange pas les choses puisqu’il s’agit justement de militants extrémistes qui s’interrogent sur leur engagement d’il y a quarante ans. Ce pourrait d’ailleurs être un sujet si Robert Redford avait choisi de le traiter, mais le film reste au niveau d’un thriller basé sur une traque un peu poussive. Le film se regarde sans déplaisir toutefois, grâce à un beau plateau d’acteurs. Shia LaBeouf en jeune journaliste gonflé et opiniâtre, dans un style qui n’est pas sans rappeler Robert Redford dans Les Hommes du Président, permet de faire baisser un peu la moyenne d’âge.
Elle: 2 étoiles
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Robert Redford, Shia LaBeouf, Julie Christie, Susan Sarandon, Nick Nolte, Chris Cooper, Terrence Howard, Stanley Tucci, Richard Jenkins, Anna Kendrick, Brendan Gleeson, Brit Marling
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Sous surveillance de Robert Redford
Robert Redford et Richard Jenkins dans Sous surveillance.

26 février 2015

La Vengeance du docteur Joyce (1947) de Lawrence Huntington

Titre original : « The Upturned Glass »

La vengeance du docteur JoycePour illustrer son cours de psychologie criminelle, un professeur d’université raconte le cas d’un meurtre commis par vengeance, par une personne qu’il dit parfaitement lucide et sain d’esprit, un neurochirurgien de talent … The Upturned Glass est le premier des quelques films britanniques produits par James Mason. Il en a écrit l’histoire avec sa femme Pamela qui joue l’un des rôles principaux (la belle-soeur Kate), une histoire qui s’inscrit dans cette veine psychanalytique de la seconde moitié des années quarante. Elle évoque notamment certains films d’Hitchcock comme Spellbound. La direction de Lawrence Huntington n’est pas spécialement remarquable. S’il n’est un pas un grand film, The Upturned Glass comporte plusieurs originalités qui le rende séduisant : la construction est assez particulière et c’est alors que l’on est persuadé de sa composition qu’elle se révèle tout autre ; le déroulement du scénario est parfait, avec une distanciation élégante ; la fin est inattendue, elle est du genre que l’on ne peut trouver dans les films hollywoodiens. Et, bien entendu, il y a la présence de James Mason dans un rôle qui lui va (on s’en doute puisqu’il l’a écrit) comme un gant. Peu répandu, The Upturned Glass est un film qui ne manque pas de charme.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: James Mason, Rosamund John, Pamela Mason
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Remarque :
* James Mason a signé le scénario sous le John Monaghan. Pamela Mason apparaît quant à elle sous le nom Pamela Kellino (le nom de son premier mari) qui était alors son nom de scène.

The Upturned Glass
James Mason dans The Upturned Glass (1947)

25 février 2015

Fisher King – Le Roi pêcheur (1991) de Terry Gilliam

Titre original : « The Fisher King »

Fisher King - Le roi pêcheurJack est un animateur de radio populaire pour son franc parler mais très imbu de sa personne. Lorsqu’un déséquilibré prend certains de ses propos désinvoltes comme une incitation à aller tuer sept personnes dans un restaurant, il abandonne tout et se laisse aller. Il rencontre un clochard dans lequel il entrevoit un moyen de se racheter… Pour la première fois, Terry Gilliam n’a pas écrit lui-même le scénario de Fisher King, il est signé par Richard LaGravenese. Le projet était visiblement ambitieux, il est patent que Terry Gilliam désirait réussir à la fois sur le plan artistique et commercial (son film précédent Münchhausen avait été un échec) et mettant sur pied un grand film riche aux connotations fantastiques. Il semble vouloir revisiter le mythe du Graal mais surtout celui de Don Quichotte qui lui permet de nous gratifier de très belles scènes comme celle où il transforme l’immense hall de la Gare centrale de New York en une gigantesque piste de danse. Outre les superbes plans dont Gilliam a le secret (ah, cette plongée vertigineuse sur une limousine noire aux milieu de taxis jaunes), Fisher King est aussi l’occasion de puissantes prestations d’acteur : Robin Williams et Jeff Bridges sont ici dans l’un de leurs meilleurs rôles et on peut en dire autant de Mercedes Ruehl (c’est elle qui gagnera l’Oscar). Le quatrième personnage principal, Lydia (Amanda Plummer), est étonnamment traité comme un personnage de dessin animé, on peut sans doute y voir là certaines intentions commerciales. Elles sont encore plus nettes lors du dénouement, en parfait happy end. Malgré ces petites faiblesses, Fisher King reste un film assez puissant.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Robin Williams, Jeff Bridges, Mercedes Ruehl, Amanda Plummer
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Fisher King
Robin Williams et Jeff Bridges dans Fisher King de Terry Gilliam.

24 février 2015

Rome, ville ouverte (1945) de Roberto Rossellini

Titre original : « Roma città aperta »

Rome, ville ouverteDans Rome occupée par les Allemands pendant l’hiver 1943-1944, la veuve Pina va se remarier avec Francesco, un jeune typographe qui travaille dans la clandestinité pour la Résistance. Il est en contact avec un de leurs chefs, communiste, et avec le curé du quartier qui leur fournit des faux papiers… Rome, ville ouverte est un film charnière dans l’histoire du cinéma : s’il n’est pas, à proprement parler, le premier film italien à s’inscrire dans le courant néoréaliste (1), il est celui qui a eu le plus grand impact sur son essor. En totale opposition aux films surfaits créés sous Mussolini, période dite des «Téléphones blancs» (2), le néoréalisme est plus proche de la réalité des spectateurs et emploie des acteurs non-professionnels (des « non-acteurs » comme le dira Rossellini, c’est-à-dire faire jouer un boulanger par un boulanger). Tourné peu après les évènements qu’il décrit, Rome, ville ouverte en exprime toute la réalité et le ressenti mais sa force profonde est certainement plus sur le plan de l’humanisme, par ces questionnements qu’il suscite sur la (re)définition d’un être humain.
Elle:
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Aldo Fabrizi, Anna Magnani, Marcello Pagliero
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Rome, ville ouverte
Anna Magnani dans Rome, ville ouverte de Roberto Rossellini

Remarques :
* Basé en grande partie sur des faits réels, le scénario a été écrit principalement par Sergio Amidei et Roberto Rossellini, avec l’aide additionnelle de Federico Fellini et Alberto Consiglio.
* Rome a été déclarée « ville ouverte » en août 1943 après la destitution et l’arrestation de Mussolini. D’alliés, les allemands se sont alors transformés en occupants.
* Rossellini a tourné avec des moyens de fortune ce qui explique le manque de contraste de l’image.
* Rome, ville ouverte (1945), Paisa (1946) et Allemagne année zéro (1947) forment ce que l’on appelle « la trilogie néoréaliste sur la guerre de Rossellini ».

(1) Chronologiquement parlant, le premier film néoréaliste serait plutôt Les Amants diaboliques (Ossessione) de Luchino Visconti (1943).
(2) La période dite des « Téléphones blancs » (Telefoni bianchi) correspond à la brève période d’euphorie ambiante en Italie qui précédé la Seconde Guerre mondiale. Les films de cette époque mettaient souvent en scène des femmes riches dont les intrigues romantiques se déroulaient en partie au téléphone… Il y avait toujours au moins une scène où l’héroïne était au téléphone, toujours blanc, cette nouvelle couleur pour les téléphones étant alors synonyme de grand luxe.

23 février 2015

Zelig (1983) de Woody Allen

ZeligLe film Zelig se présente comme un (faux) reportage sur un étrange phénomène qui est intervenu à la fin des années 20. Un homme du nom de Leonard Zelig est apparu en diverses circonstances en transformant son apparence et sa personnalité en fonction des personnes qu’il côtoyait : noir au milieu de noirs, parlant comme un docteur au milieu de docteurs. Un véritable homme-caméléon… Zelig est unique en son genre dans la filmographie de Woody Allen. La prouesse technique d’avoir recréé de toutes pièces des archives d’époque parfaitement crédibles a certainement fait passer au second plan le propos de Woody Allen sur le thème de l’identité et du rapport à autrui. Son homme-caméléon désire se fondre dans la masse pour être aimé et, ce faisant, il abandonne son libre-arbitre pour le suivisme ce qui le précipite dans les bras du fascisme. De plus, c’est le premier film où il évoque ouvertement l’antisémitisme, même si c’est de façon très humoristique. Il y a en effet beaucoup d’humour dans les textes mais cela va très vite et arrive sans crier gare. Zelig est bien plus qu’un film atypique.
Elle: 3 étoiles
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Woody Allen, Mia Farrow
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zelig de Woody Allen

Remarques :
* Contrairement à ce que l’on peut lire ici et là, il n’y a que très peu d’incrustations animées dans Zelig (trois ou quatre d’après Woody Allen lui-même). Toutes les scènes ont en fait été recréées et tournées en utilisant du matériel d’époque, trafiquant l’obturateur pour avoir de belles sautes de film et rayant légèrement la pellicule à la main et lui faisant subir divers mauvais traitements. En revanche, il y a beaucoup d’incrustations sur photographie (tel l’exemple ci-dessus) faites à la main, au ciseau.

* Personnes réelles jouant leur propre rôle et interviewées dans les scènes actuelles : le psychanalyste Bruno Bettelheim, les écrivains Susan Sontag et Saul Bellow, le critique littéraire Irving Howe, l’historien John Morton Blum.

* Liste des personnes réelles apparaissant dans les images d’actualité (photos fixes ou animées) : Max Amann, Josephine Baker, Clara Bow, Fanny Brice, Wilhelm Brückner, James Cagney, Al Capone, Charlie Chaplin, Calvin Coolidge, Marion Davies, Sepp Dietrich, Joe DiMaggio, Marie Dressler, F. Scott Fitzgerald, Lou Gehrig, Joseph Goebbels, Hermann Göring, Harold ‘Red’ Grange, William Randolph Hearst, Rudolf Hess, Adolf Hitler, Bobby Jones, Robert Ley, Charles Lindbergh, Carole Lombard, Adolphe Menjou, Tom Mix, Pope Pius XI, Dolores del Río, Billy Rose, Babe Ruth, Julius Schaub, Gregor Strasser, Julius Streicher, Franz von Epp, Franz Pfeffer von Salomon, Jimmy Walker, and Claire Windsor (liste fournie par IMDB).

22 février 2015

Le convoi de la peur (1977) de William Friedkin

Titre original : « Sorcerer »
Autre titre (Europe) : « The Wages of Fear »

Le convoi de la peurUn tueur à gages, un terroriste arabe, un banquier parisien fraudeur et un truand new-yorkais qui a eu la mauvaise idée de voler la pègre, ces quatre personnes qui ont de bonnes raisons pour chercher à se faire oublier ont échoué dans une bourgade perdue au beau milieu de la jungle d’Amérique du Sud et ne peuvent plus en repartir. On leur propose une dangereuse mission : transporter quelques caisses de nitroglycérine à travers la jungle… Après les deux énormes succès commerciaux que sont French Connection et L’Exorciste, William Friedkin se lance dans le remake du Salaire de la Peur de H.-G. Clouzot. Le budget est bien évidemment confortable. Friedkin adopte un déroulement proche de l’original puisque l’on retrouve un long prologue et le même nombre d’obstacles sur le chemin. La tension n’est toutefois pas la même et tout semble tomber à plat. L’erreur principale est certainement d’avoir choisi quatre personnages principaux assez abjects pour lesquels il est bien difficile d’éprouver la moindre empathie. Friedkin ne le cherchait visiblement pas d’ailleurs puisque les paroles prononcées par chacun pourraient tenir sur une seule feuille de scénario. Le moment de bravoure du film est la traversée d’un pont branlant, scène particulièrement impressionnante.
Elle: 2 étoiles
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Roy Scheider, Bruno Cremer, Francisco Rabal, Amidou
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le Convoi de la peur

Remarques :
* La musique est de Tangerine Dream.
* Le titre original (Sorcerer = sorcier ou magicien) paraît bien étrange… William Friedkin a déclaré qu’il faisait référence au pouvoir maléfique du destin. On peut sans doute aussi le rapprocher de la brève incursion dans le fantastique vers la fin du périple.
* La scène du pont a été très délicate. Tout d’abord, le pont avec tous ses mécanismes a coûté 1 million de dollars à construire en République Dominicaine et, une fois fini, la rivière s’est soudainement asséchée pour la première fois de son histoire. Il a fallu le démonter et le reconstruire ailleurs (= 1 autre million dépensé) sur une rivière au Mexique dont le débit s’est mis, lui aussi, à diminuer dangereusement ! Il a fallu rajouter de l’eau et surtout du vent. Malgré toutes les mesures de sécurité prises, le camion s’est retrouvé dans la rivière à cinq reprises. La scène a nécessité trois mois de tournage et a absorbé à elle seule un sixième du budget du film.

21 février 2015

Le Salaire de la peur (1953) de Henri-Georges Clouzot

Le salaire de la peurDans une petite bourgade d’Amérique latine écrasée par le soleil, végètent des aventuriers qui ont échoué là sans pouvoir en repartir. Lorsqu’arrive un ancien gangster de petite envergure, Jo, il se lie immédiatement d’amitié avec Mario, ancien parisien comme lui. Une opportunité se présente à eux : une compagnie pétrolière offre une grosse somme pour transporter un chargement de nitroglycérine sur quelques centaines de kilomètres. Le mauvais état des routes risque de faire exploser le chargement à tout moment… Adapté du roman semi-autobiographique de l’aventurier Georges Arnaud (1), Le salaire de la peur est un grand classique du cinéma français. Il fait partie de ces films qui ne s’oublient jamais. Henri-Georges Clouzot a bénéficié d’une grande liberté pour le réaliser. Ainsi il n’hésite pas à camper ses personnages par une longue introduction, des personnages en proie à l’inaction et à l’immobilisme. Après le départ des camions, Clouzot parvient à maintenir un équilibre entre action et étude psychologique, la proximité du danger faisant ressortir la vraie nature de chacun. Et surtout, il maintient une tension très forte qui capte toute notre attention. Charles Vanel, dont la carrière avait tendance à s’effilocher, a pu revenir au premier plan grâce à son interprétation complexe et Yves Montand est ici dans l’un de ses meilleurs rôles au cinéma.
Elle: 4 étoiles
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Yves Montand, Charles Vanel, Folco Lulli, Peter van Eyck, Véra Clouzot
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Le Salaire de la peur
Charles Vanel et Yves Montand (au volant) dans Le Salaire de la Peur de H.-G. Clouzot

Remarques :
* Le salaire de la peur a été tourné entièrement en France en Camargue (près de Saint-Gilles) et dans les montagnes provençales. Le tournage était initialement prévu en Espagne mais Yves Montand avait catégoriquement refusé d’aller travailler dans ce pays tant qu’il serait dirigé par le dictateur Franco.
* Le tournage, ayant pris du retard en 1951 pour cause de maladie, fut interrompu car l’hiver approchait. Il ne put reprendre qu’à l’été 1952.
* Le salaire de la peur est le premier des trois films tournés par Véra Clouzot avec son mari. Etant d’origine brésilienne, elle était tout à fait indiquée pour le rôle de la belle Linda.
* Palme d’Or au festival de Cannes 1953.

Remake américain :
Le Convoi de la peur (Wages of fear ou Sorcerer) de William Friedkin (1977) avec Roy Sheider

Film très proche :
Violent Road de Howard W. Koch (1958) avec Brian Keith. Ce n’est pas officiellement un remake mais l’histoire est vraiment très proche : il s’agit ici de transporter un carburant de fusée sur des routes venteuses de montagne. Le film est très peu connu.

(1) Fils de bonne famille, Georges Arnaud (de son vrai nom Henri Girard) avait été au premier plan de l’actualité sept ans plus tôt : Accusé à 24 ans du triple meurtre de son père, de sa tante et de leur domestique, il a été acquitté après un long procès retentissant. Exilé en Amérique du Sud, il y a exercé plusieurs métiers dont celui de camionneur et écrit plusieurs livres. Par la suite, il deviendra journaliste et prendra parti pour le F.L.N. lors de la Guerre d’Algérie.