3 octobre 2016

C’est pas une vie, Jerry! (1954) de Norman Taurog

Titre original : « Living It Up »

C'est pas une vie, Jerry!Dans une petite ville du Nouveau Mexique, un garçon un peu simplet (Jerry Lewis) a, semble-t-il, été exposé brièvement à un champ radioactif. L’incompétent médecin local (Dean Martin) le déclare condamné et ne lui donne que quelques mois à vivre. Un journal à sensation newyorkais flaire la bonne affaire et décide de satisfaire son ultime désir : visiter New-York… Living It Up est un remake de Nothing Sacred (La Joyeuse Suicidée) de William Wellman (1937), une satire du monde de la publicité qui a perdu ici un peu de vigueur de propos. Living It Up est surtout une comédie burlesque. Le tandem Jerry Lewis / Dean Martin est alors une machine bien huilée, à défaut de surprendre. Les gags s’enchainent un peu mollement mais constamment ; l’ensemble ne déçoit pas vraiment mais est loin d’être remarquable. Une scène sort nettement du lot, celle où Jerry Lewis prend la place de trois docteurs de nationalités différentes tout en s’arrangeant pour ne faire face qu’à un seul à la fois. Là, c’est du grand art. Janet Leigh apporte la petite touche de charme réglementaire, sa présence dans cette comédie surprend quelque peu.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Dean Martin, Jerry Lewis, Janet Leigh, Edward Arnold, Fred Clark, Sheree North
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Remarque :
* Lorsque Dean Martin chante la sérénade à la photo d’une jeune femme dans un cadre, on reconnait bien Audrey Hepburn. La photo semble être tirée de Sabrina dont le tournage était simultané et qui sortira deux mois après le film de Taurog (tous deux pour Paramount). L’actrice était déjà connue puisqu’elle venait tout juste d’être oscarisée pour Vacances romaines de William Wyler.

Living it up
Fred Clark, Janet Leigh, Jerry Lewis et Dean Martin dans C’est pas une vie, Jerry! de Norman Taurog.

11 janvier 2016

Psychose (1960) de Alfred Hitchcock

Titre original : « Psycho »

PsychoseMarion Crane est insatisfaite de son sort : elle a un amant avec lequel elle ne peut vivre faute d’argent. Elle agit impulsivement lorsqu’elle a l’occasion de voler une très grosse somme d’argent à son patron : elle s’en empare et s’enfuit en voiture… Psychose est le film le plus connu d’Alfred Hitchcock et pourtant il a été conçu comme un film presque expérimental, avec un budget proche d’un téléfilm. L’histoire en elle-même, tirée d’un roman de Robert Bloch inspiré d’un fait divers, n’est pas des plus passionnantes qui soient ; si elle a attiré Hitchcock, c’est parce qu’il y voyait un beau support pour jouer avec le spectateur qu’il entraîne constamment sur de fausses pistes. La mise en place laisse prévoir un certain type de film et au moment où l’on croit deviner la suite, Hitchcock surprend tout le monde par une scène aussi inattendue que contraire aux règles narratives classiques. Devenue la plus célèbre du cinéma, elle n’a plus évidemment l’effet de surprise qu’elle produisait à sa sortie sur les spectateurs et c’est un peu dommage, mais même lorsque que l’on connait le film, on peut admirer le talent d’Hitchcock pour nous induire en erreur, nous dérouter jusqu’à nous terrifier. Tout est calculé dans ce but, il détourne notre attention avec un détail pour mieux nous tromper sur l’essentiel. Sur ce point, il est bien le maitre absolu. Et comme il le dit lui-même, ce n’est pas grâce à son contenu ou à son interprétation que Psychose est un film si remarquable, c’est la façon de construire cette histoire et de la raconter qui a amené le public à réagir de façon émotionnelle.
Elle: 4 étoiles
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Anthony Perkins, Janet Leigh, Vera Miles, John Gavin, Martin Balsam
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Remarques :
* Le budget de Psychose a été de 800 000 dollars soit l’équivalent de trois épisodes moyens de télévision, financé en grande partie par Hitchcock lui-même car personne n’y croyait. La Paramount refusa même de prêter ses studios et Hitchcock le tournera dans les studios Revue chez Universal.
* La scène de la douche compte 70 plans en 45 secondes, ce qui est totalement inhabituel chez Hitchcock qui excelle dans les plans longs. Il semble que Saul Bass ait (fortement ?) contribué à sa conception.
* Dans ses entretiens avec Truffaut, Hitchcock détaille comment, dans la scène où Bates descend sa mère à la cave, il parvient à placer la caméra très haut, ayant attiré notre attention sur le dialogue. Aussi efficace qu’étonnant.
* Hitchcock cameo : À la 6e minute, lorsque Marion Crane arrive à son bureau, on le voit de trois-quarts se tenir dehors sur le trottoir, coiffé d’un chapeau de cow-boy.

Psychose
Janet Leigh en route vers le Bates Motel dans Psychose de Alfred Hitchcock

2 mars 2015

Un crime dans la tête (1962) de John Frankenheimer

Titre original : « The Manchurian Candidate »

Un crime dans la têtePendant la Guerre de Corée, un petit groupe de soldats américains est capturé l’ennemi. Après être rentré au pays sous les honneurs, le major Marco est en proie à un malaise permanent alimenté par ses cauchemars récurrent : il se voit face à des militaires russes et chinois qui lui ont fait subir un lavage de cerveaux élaboré ce qui leur permet d’avoir sur lui un contrôle à distance… The Manchurian Candidate est adapté d’un roman de Richard Condon. C’est une histoire assez extravagante qu’il faut la replacer dans son contexte de 1962, c’est-à-dire en pleine Guerre Froide qui alimentait les fantasmes les plus fous. Mais on finit par y croire grâce aux talents de mise en scène de Frankenheimer : le montage est assez remarquable (la scène du cauchemar est franchement exceptionnelle dans son montage), les mouvements de caméra et les angles de prise de vue sont très travaillés. Le réalisateur utilise en outre des focales courtes pour accentuer l’impression de rêve (cauchemar) éveillé. Il instaure finalement un climat surréaliste et anxiogène qu’il appuie encore en introduisant le personnage d’Eugenie (Janet Leigh) dont on ne parvient pas à deviner les motivations. Côté acteurs, Sinatra est égal à lui-même, c’est-à-dire mauvais, mais Angela Lansbury et Laurence Harvey (la mère et le fils) font tous deux une prestation superbe.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Frank Sinatra, Laurence Harvey, Janet Leigh, Angela Lansbury, James Gregory
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Un crime dans la tête (1962) de John Frankenheimer
Malgré une différence d’âge de seulement trois années entre les deux acteurs, Angela Lansbury et Laurence Harvey sont mère et fils dans Un crime dans la tête (The Manchurian Candidate) de John Frankenheimer.

Remarques :
* The Manchurian Candidate est sorti sur les écrans un an avant l’assassinat du Président Kennedy (qui avait d’ailleurs donné son aval au film).
* La rumeur qui affirme que le film a été plus ou moins retiré de la circulation sous l’accusation d’avoir inspiré Lee Harvey Oswald serait totalement fausse.
* Dans la scène où il montre le jeu de cartes à son ami, Sinatra est franchement flou. Ce n’était pas un effet intentionnel mais accidentel. Frankenheimer a dû se résoudre à utiliser ce plan qui était celui où Sinatra était le meilleur (il était toujours très difficile de faire rejouer une scène à Sinatra).
* Remake :
Un crime dans la tête (The Manchurian Candidate) de Jonathan Demme (2004) avec Denzel Washington, Liev Schreiber et Meryl Streep.

27 mars 2012

Scaramouche (1952) de George Sidney

ScaramoucheEn France, à la veille de la Révolution Française, André-Louis Moreau, fils illégitime d’un noble, va chercher à venger son meilleur ami tué par la Marquis de Maynes pour un pamphlet révolutionnaire qu’il a écrit et diffusé… Parmi les films de cape et d’épée, Scaramouche est l’un des plus beaux fleurons du genre. Le roman de l’italien Rafael Sabatini avait déjà été adapté par Rex Ingram en 1923, mais cette version en Technicolor est plus flamboyante. George Sidney, qui avait réalisé auparavant plusieurs comédies musicales, donne beaucoup de rythme à l’ensemble et nous gratifie de la plus belle scène de duel du cinéma, très spectaculaire et gérée comme un ballet. Plein de charme, Stewart Granger est parfait dans ce rôle de grand séducteur et d’aventurier. De l’ensemble, se dégage une certaine élégance, cette élégance que l’on ne retrouve que parmi certains grands films hollywoodiens des années cinquante. Scaramouche est un superbe divertissement.
Elle:
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Stewart Granger, Eleanor Parker, Janet Leigh, Mel Ferrer, Henry Wilcoxon, John Dehner
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Remarques :
Stewart Granger s’est longuement entraîné à l’escrime et a tenu à tourner lui-même les scènes de combat. Il s’est blessé lors du duel final et le tournage a du être interrompu plusieurs jours. Mel Ferrer, en revanche, a pour doublure Jean Heremans, champion d’escrime, qui fut d’ailleurs blessé par Stewart Granger. Il aurait toutefois participé au duel final.

Autres versions :
Scaramouche de Rex Ingram (1923) avec Ramon Navarro
Scaramouche de Antonio Isasi-Isasmendi (1963)

11 août 2011

Sur la trace du crime (1954) de Roy Rowland

Titre original : « Rogue cop »

Sur la trace du crimeUn policier corrompu tente de convaincre son frère policier d’accepter un pot de vin. Il agit ainsi sur ordre d’un truand qui n’hésite pas à tuer. Il espère ainsi pouvoir sauver son frère… Ce film noir a beau avoir été tourné très rapidement, il n’en est pas moins très bien fait et d’un bon classicisme. Sur la trace du crime est assez direct et efficace, les rapports entre les personnages sont dénués de toute dimension romanesque. Il est aussi un peu désillusionné quant à la capacité de la police à contrer la pègre. L’histoire est particulièrement solide, elle est aussi très prenante bien qu’il soit difficile de s’identifier au héros du film. Les seconds rôles ne manquent pas d’attraits, ils sont bien définis et même parfois originaux. Même s’il se situe quelque peu en deçà,  Sur la trace du crime est dans la veine des meilleurs films noirs des années cinquante.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Robert Taylor, Janet Leigh, George Raft, Steve Forrest, Anne Francis
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Remarques :
Sur la trace du crime est adapté d’un roman de William P. McGivern dont plusieurs histoires ont été portées au grand écran. L’année précédente, c’était ainsi le cas pour Big Heat de Fritz Lang. Les deux histoires comportent d’ailleurs quelques points communs tout en étant bien différentes. A noter que dans les deux cas, c’est le même scénariste qui a écrit l’adaptation : Sydney Boehm.