14 juillet 2021

Monos (2019) de Alejandro Landes

MonosQuelque part en Amérique latine, isolé au sommet d’une montagne, un groupe d’adolescents aux noms de guerre fantaisistes, tels que Rambo, Schtroumpf, Bigfoot, se livrent à des exercices d’entraînement militaire. Ils ont pour mission, ordonnée par « l’Organisation », de veiller sur une prisonnière américaine. Mais quand ils tuent accidentellement la vache prêtée par les paysans du coin et que l’armée se rapproche, ils doivent fuir dans la jungle…
Monos est un film colombien coécrit, coproduit et réalisé par Alejandro Landes. L’histoire de ces adolescents en roue libre fait inévitablement penser à Sa Majesté des mouches de Peter Brooks (1963) mais, alors que celui-ci parvenait à prendre une dimension philosophique grâce des personnages bien individualisés, Monos ne montre pas le même développement de ses caractères. En réalité, il repose principalement sur son atmosphère, chaotique et semi-apocalyptique, avec des scènes presque chamaniques et de folie. Certains critiques enthousiastes ont parlé de filiation avec Aguirre de Werner Herzog et Apocalypse Now de Coppola, ce qui paraît bien excessif. Le film a reçu un très bon accueil critique et a été récompensé de nombreux prix.
Elle:
Lui : 1 étoiles

Acteurs: Sofia Buenaventura, Moises Arias, Julianne Nicholson
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Monos
Monos de Alejandro Landes.

17 juin 2019

The Lost City of Z (2016) de James Gray

The Lost City of ZEn 1906, la Société géographique royale d’Angleterre propose au colonel Percy Fawcett de partir en Amazonie afin de cartographier les frontières entre le Brésil et la Bolivie. L’expédition est très périlleuse mais Fawcett accepte espérant se couvrir de gloire et laver l’honneur de sa famille entaché par un père alcoolique. Il va se prendre rapidement de passion pour sa mission…
Ecrit et réalisé par James Gray en se basant sur un livre du journaliste américain David Grann, The Lost City of Z nous raconte l’histoire vraie de Percival Harrison Fawcett, un des plus grands explorateurs du XXe siècle. Si le film fait montre d’un beau et plaisant classicisme dans sa forme, il paraît trop touffu dans son contenu : la vie de l’explorateur étant particulièrement riche, le tort de James Gray (à mes yeux) est probablement d’avoir voulu tout traiter, ce qui nous vaut des sautes brutales. Ces ellipses inopportunes interviennent toujours au moment où l’on commençait à être happé par une scène. C’est donc au pas de charge que nous survolons son histoire, agrémentée ici et là par quelques réflexions sur l’attraction de l’inconnu et la quête d’Absolu. Cela n’empêche pas le film d’être très long.  Si certaines scènes évoquent Fitzcarraldo de Werner Herzog, le film de James Gray semble bien loin d’en avoir la force. Le film a été très bien accueilli par la critique française et assez bien par le public.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Charlie Hunnam, Robert Pattinson, Sienna Miller, Tom Holland, Edward Ashley, Angus Macfadyen
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The Lost City of Z
Charlie Hunnam, Robert Pattinson et Edward Ashley dans The Lost City of Z de James Gray.

The Lost City of Z

18 octobre 2017

Greystoke, la légende de Tarzan (1984) de Hugh Hudson

Titre original : « Greystoke: The Legend of Tarzan, Lord of the Apes »

Greystoke, la légende de TarzanAu XIXe siècle, l’explorateur anglais Jack Clayton et son épouse, comte et comtesse de Greystoke, font naufrage au large de l’Afrique et tentent de survivre dans une jungle hostile, loin de toute civilisation. Quelques mois après la naissance de leur fils, ils meurent tous deux. Une guenon, qui vient de perdre son petit, recueille le tout jeune bébé… Les adaptations au cinéma du roman-mythe d’Edgar Rice Burroughs ne manquent pas, souvent nourries de nombreuses affabulations. Le Tarzan le plus célèbre au cinéma est incontestablement celui incarné par Johnny Weissmuller. Hugh Hudson nous propose de revenir plus près de l’esprit initial du roman et il y parvient brillamment, au moins dans toute sa partie africaine : il nous restitue bien à la fois les conditions de l’enfance en pleine jungle de « l’homme-singe » et la complexité du personnage une fois confronté à la civilisation. Christophe Lambert est totalement entré dans son personnage avec un élégant mélange de charme et d’animalité. Le film sera pour lui un tremplin. Greystoke est sans doute un peu plus conventionnel dans sa seconde partie mais l’ensemble reste remarquable, une adaptation fidèle et majestueuse du roman.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Ralph Richardson, Ian Holm, James Fox, Christopher Lambert, Andie MacDowell
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Remarques :
* Insatisfait des réécritures de Hugh Hudson, le scénariste Robert Towne utilisa le nom de son chien, P.H. Vazak, pour être crédité au générique. C’est la première fois qu’un chien se retrouva ainsi nominé à l’Oscar du meilleur scénario !
* Greystoke est situé au nord de l’Angleterre, non loin du sud de l’Ecosse. Le vaste et impressionnant château visible dans le film est en réalité Floors Castle qui, lui, est en Ecosse à Kelso.
* Ralph Richardson, qui interprète le patriarche de la famille, est décédé peu après la fin du tournage. Cet acteur anglais, l’un des plus grands de la scène anglaise, anobli en 1947, a tourné près de 85 films entre 1933 et 1983.
* Greystoke est le premier film d’Andie MacDowell.

Greystoke
Christophe Lambert dans Greystoke, la légende de Tarzan de Hugh Hudson.

3 novembre 2016

Aventures en Birmanie (1945) de Raoul Walsh

Titre original : « Objective, Burma! »

Aventures en BirmanieEn 1943, un commando de parachutistes américains est lâché en pleine Birmanie pour aller détruire une station-radar japonaise… Objective, Burma! est sorti à chaud en janvier 1945, c’est-à-dire plusieurs mois avant la capitulation du Japon, alors que les opérations de reprise de la Birmanie aux mains des japonais étaient toujours en cours. Par certains aspects, le film de Raoul Walsh peut être qualifié de film de propagande mais il est bien plus que cela car le réalisateur montre une telle perfection à la fois dans le déroulement du scénario, dans l’acuité de la description psychologique des personnages et dans la mise en scène des images que le film est devenu un modèle du genre. Tout est idéalement dosé pour former un ensemble où la puissance du propos est remarquable : montrer la réalité de la guerre et le comportement des soldats face au danger. L’interprétation est juste et sobre, y compris celle d’Errol Flynn. Toutes ces qualités ont permis à Objective, Burma! d’être souvent qualifié, à juste titre, de film atemporel.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Errol Flynn, Henry Hull, James Brown, William Prince, George Tobias
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Objective Burma
Errol Flynn (à droite) dans Aventures en Birmanie de Raoul Walsh.

Remarques :
* Objective, Burma! a été interdit en Grande Bretagne une semaine après sa sortie. Il lui était reproché de montrer les opérations en Birmanie comme étant uniquement américaines alors qu’elles furent essentiellement britanniques. De nombreux soldats britanniques et indiens y ont laissé leur vie. Cette interdiction durera jusqu’en 1952.
On reconnait-là le travers hollywoodien de toujours attribuer tous les mérites aux Etats Unis. Il faut souligner, à la décharge de Walsh, que le tournage a eu lieu à la mi-1944, alors que l’issue était encore incertaine (les opérations alliées de 1943 ont finalement été un échec).

* Dans le même registre, on pourra être assez étonné que l’attaque de la station radar ne laisse aucun survivant ennemi. Vue la différence de nombre, c’est totalement improbable mais il était bien entendu impensable de montrer des soldats américains forcés d’exécuter les éventuels survivants.

* Le film a connu un grand succès en France quand il est sorti peu après la Libération, en novembre 1945.

* Raoul Walsh utilisera une trame assez similaire dans son film Les aventures du capitaine Wyatt (1951), l’action étant située en 1840 en Floride, l’ennemi étant les indiens Séminoles.

Objective Burma
Errol Flynn dans Aventures en Birmanie de Raoul Walsh. Dans 50 ans de cinéma américain, Jean-Pierre Coursodon et Bertrand Tavernier nous font remarquer que les personnages sont souvent partiellement masqués par des feuilles ou autres éléments de nature, une façon pour Raoul Walsh de renforcer de sentiment d’emprisonnement.

22 février 2015

Le convoi de la peur (1977) de William Friedkin

Titre original : « Sorcerer »
Autre titre (Europe) : « The Wages of Fear »

Le convoi de la peurUn tueur à gages, un terroriste arabe, un banquier parisien fraudeur et un truand new-yorkais qui a eu la mauvaise idée de voler la pègre, ces quatre personnes qui ont de bonnes raisons pour chercher à se faire oublier ont échoué dans une bourgade perdue au beau milieu de la jungle d’Amérique du Sud et ne peuvent plus en repartir. On leur propose une dangereuse mission : transporter quelques caisses de nitroglycérine à travers la jungle… Après les deux énormes succès commerciaux que sont French Connection et L’Exorciste, William Friedkin se lance dans le remake du Salaire de la Peur de H.-G. Clouzot. Le budget est bien évidemment confortable. Friedkin adopte un déroulement proche de l’original puisque l’on retrouve un long prologue et le même nombre d’obstacles sur le chemin. La tension n’est toutefois pas la même et tout semble tomber à plat. L’erreur principale est certainement d’avoir choisi quatre personnages principaux assez abjects pour lesquels il est bien difficile d’éprouver la moindre empathie. Friedkin ne le cherchait visiblement pas d’ailleurs puisque les paroles prononcées par chacun pourraient tenir sur une seule feuille de scénario. Le moment de bravoure du film est la traversée d’un pont branlant, scène particulièrement impressionnante.
Elle: 2 étoiles
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Roy Scheider, Bruno Cremer, Francisco Rabal, Amidou
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le Convoi de la peur

Remarques :
* La musique est de Tangerine Dream.
* Le titre original (Sorcerer = sorcier ou magicien) paraît bien étrange… William Friedkin a déclaré qu’il faisait référence au pouvoir maléfique du destin. On peut sans doute aussi le rapprocher de la brève incursion dans le fantastique vers la fin du périple.
* La scène du pont a été très délicate. Tout d’abord, le pont avec tous ses mécanismes a coûté 1 million de dollars à construire en République Dominicaine et, une fois fini, la rivière s’est soudainement asséchée pour la première fois de son histoire. Il a fallu le démonter et le reconstruire ailleurs (= 1 autre million dépensé) sur une rivière au Mexique dont le débit s’est mis, lui aussi, à diminuer dangereusement ! Il a fallu rajouter de l’eau et surtout du vent. Malgré toutes les mesures de sécurité prises, le camion s’est retrouvé dans la rivière à cinq reprises. La scène a nécessité trois mois de tournage et a absorbé à elle seule un sixième du budget du film.

17 décembre 2013

Captive (2012) de Brillante Mendoza

CaptiveSur l’île de Palawan aux Philippines, un commando armé du groupe Abu Sayyaf kidnappe une vingtaine de touristes avec, parmi eux, une française (Isabelle Huppert), travailleuse bénévole dans une ONG… Captive s’inspire de faits réels, une prise d’otage qui a eu lieu en 2001. Brillante Mendoza s’est attaché à mettre en scène ces évènements de la façon la plus réaliste possible, à tel point que nous sommes parfois proche du documentaire. Le point de vue qu’il nous fait partager est celui des otages mais pas seulement. Il parvient à bien rendre le désarroi d’être balloté par des évènements dont on ne comprend pas toute la logique et à restituer l’extrême confusion des scènes de combats, filmés caméra à l’épaule avec un montage chaotique. Le récit suit le déroulement réel avec cette interminable fuite dans la jungle où les rapports de force finissent par évoluer sans toutefois se modifier profondément. Avec le temps (le périple dura plus d’un an) peut apparaitre une certaine compassion qui va, de façon assez subtile, rapprocher dans une certaine mesure les otages de leurs geôliers. Le fameux syndrome de Stockholm. Mendoza s’attache finalement plus à décrire ces rapports humains sans chercher à adopter une ligne politique tranchée et son film, Captive, possède une force indéniable.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Isabelle Huppert, Rustica Carpio, Maria Isabel Lopez, Raymond Bagatsing, Ronnie Lazaro
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3 juin 2012

Le pont de la rivière Kwai (1957) de David Lean

Titre original : « The bridge on the river Kwai »

Le pont de la rivière KwaiEn 1943, en pleine jungle birmane, un régiment anglais prisonnier des japonais est affecté à la construction d’un pont. Le Colonel anglais s’oppose au commandant japonais du camp de prisonnier car ce dernier veut faire travailler tous les prisonniers, y compris les officiers… Adapté d’un roman de Pierre Boulle (également l’auteur de La Planète des Singes), Le pont de la rivière Kwai est la première des cinq superproductions de David Lean. Le budget alloué par Sam Spiegel fut important, l’image en technicolor est particulièrement soignée. David Lean parvient à insuffler toute une palette de sentiments et même une certaine sensibilité. Le fond du propos est de montrer comment la guerre exacerbe les situations absurdes, ici générée par le comportement archaïque de deux officiers, l’un japonais, l’autre anglais. L’absurdité atteint son paroxysme dans une fin ambigüe, qui ouvre le champ à la réflexion. Le succès fut immense.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: William Holden, Alec Guinness, Jack Hawkins, Sessue Hayakawa
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Remarques :
* Les scénaristes Michael Wilson et Carl Foreman étaient alors sur la liste noire pour de supposées sympathies communistes et leurs noms n’apparaissaient pas au générique. L’Oscar de la meilleure adaptation fut donc attribué à Pierre Boulle! Il fallut attendre 1984 pour que l’Académie leur en attribue la paternité.
* L’histoire est librement inspirée de faits réels : le Lieutenant Colonel Philip Toosey a construit deux ponts sur la rivière Kwai qui furent détruits en 1945, deux ans après leur construction.
* Pierre Boulle a été lui-même prisonnier de guerre en Thaïlande.
* Comme on s’en doute, le personnage du soldat américain ne figurait pas dans le roman de Pierre Boulle. Il a été ajouté pour le public américain.
* L’acteur Sessue Hayakawa a eu une longue carrière d’acteur puisqu’il a tourné dans de très nombreux films muets entre 1914 et 1925.