5 février 2017

Police (1985) de Maurice Pialat

PoliceL’inspecteur Mangin enquête sur une affaire de drogue et parvient à arrêter l’un des frères Slimane et son amie Noria. Mais il lui faudrait des preuves ou des aveux et ni l’un ni l’autre ne semble décidé à reconnaître les faits… Si la trame de l’histoire peut sembler à priori classique, le traitement qu’en fait Pialat donne à Police un caractère assez unique : loin des standards du cinéma policiers, il nous place très près des personnages, imprimant ainsi une forte sensation de réalisme. Pour ce faire, la scénariste Catherine Breillat est allée s’immerger dans un commissariat de Belleville et a suivi une brigade. L’autre point remarquable est que Pialat évite le manichéisme et ne montre aucune complaisance que ce soit envers les enquêteurs ou envers les milieux tunisiens du trafic de drogue. Sophie Marceau et Gérard Depardieu font tous deux une belle performance. A noter que certains policiers jouent leur propre rôle. le film connut un certain succès, Police fut le plus gros succès du réalisateur.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Gérard Depardieu, Sophie Marceau, Richard Anconina, Sandrine Bonnaire
Voir la fiche du film et la filmographie de Maurice Pialat sur le site IMDB.

Voir les autres films de Maurice Pialat chroniqués sur ce blog…

Voir les livres sur Maurice Pialat

Remarques :
* Comme toujours avec Pialat, l’enfantement s’est fait dans la douleur et les conflits. Cela a commencé dès l’écriture : les mauvaises relations entre Catherine Breillat et Pialat se sont terminées devant la justice et c’est Sylvie Danton (future Madame Pialat) qui a pris la relève avec Jacques Fieschi.
Côté acteurs, si Pialat s’est réconcilié avec Depardieu qu’il avait précédemment décrit comme « une Rolls-Royce avec un moteur de Solex », sa protégée Sandrine Bonnaire est reléguée dans un petit rôle pour laisser la place à Sophie Marceau. La jeune actrice (18 ans), que Pialat avec sa délicatesse habituelle a qualifiée de « grosse conne » lors de la promotion du film, a dû en voir de toutes les couleurs avec ces deux gros machos. Elle a encaissé mais a soigneusement évité ensuite de tourner à nouveau avec Pialat ou Depardieu. Et l’actrice n’a pas oublié les mauvais traitements puisqu’à Cannes, trente ans plus tard en 2015, elle a qualifié Depardieu de prédateur (Depardieu a alors reconnu qu’à l’époque il était « un peu con » tout en ajoutant une grossièreté pour faire bonne mesure).
Mais le pire a été pour Richard Anconina : maltraité et humilié en permanence par Pialat, il en est venu presque aux mains, a quitté le tournage et n’est revenu qu’après lecture en public d’une lettre d’excuses du réalisateur. Résultat : sa performance est épouvantable. Maltraiter les acteurs pour qu’ils donnent le meilleur d’eux-mêmes, cela ne marche pas avec tout le monde…

Police
Gérard Depardieu et Sophie Marceau dans Police de Maurice Pialat.

4 février 2017

La French (2014) de Cédric Jimenez

La French1975. Pierre Michel, jeune magistrat, est nommé à Marseille juge du grand banditisme. Il est bien décidé à s’attaquer à la French Connection, une organisation mafieuse qui exporte l’héroïne vers les Etats Unis. Il part en croisade contre Gaëtan Zampa, figure emblématique du milieu et parrain réputé intouchable… Sur le même thème que le film bien connu de William Friedkin, French Connection, Cédric Jimenez réalise un film d’un beau classicisme offrant une bonne profondeur des personnages. L’histoire est basée sur les faits réels et les deux acteurs principaux ressemblent même physiquement aux personnages qu’ils incarnent. La production a bénéficié d’un important budget et la reconstitution de l’atmosphère de la fin des années soixante-dix est complète. L’interprétation est parfaite. Ne serait-ce que par le dosage entre action et psychologie, le film ne cherche pas à singer le cinéma hollywoodien. Pour beaucoup, La French a ainsi démontré que le cinéma français sait toujours engendrer des productions  de qualité d’une certaine ampleur.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Jean Dujardin, Gilles Lellouche, Céline Sallette, Mélanie Doutey, Benoît Magimel, Bruno Todeschini, Féodor Atkine
Voir la fiche du film et la filmographie de Cédric Jimenez sur le site IMDB.
Voir la fiche du film sur AlloCiné.

La French
Jean Dujardin est le juge Michel dans La French de Cédric Jimenez.

La French
Gilles Lellouche est Gaétan Zampa dans La French de Cédric Jimenez.

2 février 2017

Les Vestiges du jour (1993) de James Ivory

Titre original : « The Remains of the Day »

Les vestiges du jourDans les années cinquante, Stevens, majordome au Manoir Darlington, décide de rendre visite à Miss Kenton, l’ancienne intendante avec laquelle il a entretenu une remarquable relation professionnelle. Il veut la convaincre de revenir à ses côtés. Au cours du voyage, il se remémore les années de l’Entre-deux-guerres. Son ancien maître Lord Darlington organisait alors des réunions internationales au plus niveau pour œuvrer à un rapprochement entre la Grande Bretagne et l’Allemagne… Il peut sembler étonnant qu’un roman aussi britannique que peut être Les Vestiges du jour ait été écrit par un japonais, Kazuo Ishiguro (il vit toutefois en Angleterre depuis l’âge de 6 ans). Qu’il soit brillamment porté à l’écran par un américain l’est encore plus. Mais James Ivory avait déjà prouvé qu’il était alors le plus britannique des réalisateurs américains. Il parvient à restituer toute la délicatesse et la profondeur du roman. Les thèmes sont nombreux mais celui de la recherche de la dignité ressort indéniablement. Ce qui peut être vu comme de la servilité ou de la dévotion est en fait l’aspiration à une certaine grandeur : Stevens est non seulement convaincu de la supériorité sociale de son maître mais aussi, et surtout, de sa supériorité morale. En le servant avec une indéfectible perfection, il est persuadé d’œuvrer à quelque chose de grand et de juste. Hélas, l’aristocratie est dépassée face au nouveau contexte international, elle fait partie d’un monde qui n’existe plus. Anthony Hopkins et Emma Thompson sont tous deux merveilleusement parfaits dans leur rôle. Les Vestiges du jour se revoit toujours avec le même intérêt qu’à sa sortie.
Elle: 5 étoiles
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Anthony Hopkins, Emma Thompson, James Fox, Christopher Reeve, Peter Vaughan, Hugh Grant
Voir la fiche du film et la filmographie de James Ivory sur le site IMDB.

Voir les autres films de James Ivory chroniqués sur ce blog…

Remarques :
* Assez paradoxalement, le roman et le film aurait réveillé chez les britanniques une certaine nostalgie pour l’aristocratie (qu’aucune Révolution n’a fait disparaître). Elle est pourtant montrée comme totalement inapte à comprendre le monde du XXe siècle.
* Le manoir qui a servi de cadre au tournage est Dyrham Park, proche de Bristol dans le sud-ouest de l’Angleterre (Gloucestershire du Sud).
* On peut se demander si Kazuo Ishiguro s’est inspiré d’un personnage historique pour Lord Darlington. Le plus proche est Lord Londonderry qui a effectivement reçu Von Ribbentrop à Mount Stewart (Ulster) pour favoriser un rapprochement entre la Grande Bretagne et l’Allemagne. Pour en savoir plus (en anglais)…

Les Vestiges du jour
Anthony Hopkins et Emma Thompson dans Les vestiges du jour de James Ivory.

Les Vestiges du jour
Dyrham Park a servi de cadre pour le tournage de Les vestiges du jour de James Ivory.

1 février 2017

La Rose tatouée (1955) de Daniel Mann

Titre original : « The Rose Tattoo »

La Rose tatouéeSicilienne ayant émigrée en Louisiane, Serafina Delle Rose (Anna Magnani) vit dans la plus pure adoration de son mari. Contrebandier poursuivi par la police, il périt dans un accident au volant de son camion. Serafina entre en deuil tout en surveillant sa fille qui est en âge de fréquenter les garçons… Tennessee Williams avait écrit cette pièce pour Anna Magnani en 1951 mais l’actrice italienne était alors trop peu sûre de son anglais pour la jouer et c’est Maureen Stapleton qui a tenu le rôle principal sur les planches, sous la direction (déjà) de Daniel Mann. Trois ans plus tard, Mann reprend le projet pour l’adapter à l’écran et, cette fois, Anna Magnani accepte. Comme toujours avec Tennessee Williams, le thème est celui du manque, de la solitude, de la frustration : Serafina s’enferme dans son chagrin et transpose ses frustrations sur sa fille. Son tempérament sicilien exacerbe l’extériorisation des sentiments, il y a beaucoup de gestes et beaucoup de cris, et il faut tout le talent d’une grande actrice comme Anna Magnani pour ne pas faire tomber ce type de personnage dans l’hystérie. L’actrice occupe tout le terrain et, face à elle, même Burt Lancaster peine à rester en surface. Il faut dire qu’il n’est pas aidé par son personnage de semi-bouffon qui tire maladroitement l’ensemble vers la comédie. Plus que l’interprétation, c’est (à mes yeux) la pièce en elle-même qui est le point faible de La Rose tatouée, avec ses personnages trop excessifs. Le visionnage du film est d’ailleurs plutôt épuisant!
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Anna Magnani, Burt Lancaster, Marisa Pavan, Ben Cooper
Voir la fiche du film et la filmographie de Daniel Mann sur le site IMDB.

Remarques :
* Le film ne récolta pas moins de 3 Oscars : un (assez logiquement) pour Anna Magnani, un autre pour la photographie noir et blanc de James Wong Howe (pourquoi pas, il fait partie des grands mais c’est loin d’être son film le plus remarquable) et un troisième pour les décors et la direction artistique (hum… un peu plus étonnant).
* Daniel Mann aime les interprétations assez spectaculaires, style qui plaît aux Oscars : son premier film Come Back, Little Sheba (Reviens petit Sheba, 1952) avait déjà permis à son actrice Shirley Booth d’en récolter un et Butterfield 8 (La Vénus au vison, 1960) permettra à Elizabeth Taylor d’avoir le sien (son premier), films qui sont quelque peu tombés dans l’oubli aujourd’hui.
* Anna Magnani tournera à nouveau une pièce de Tennessee Williams en 1959 : The Fugitive Kind (L’Homme à la peau de serpent) réalisé par Sidney Lumet.
* Caméo : Dans la scène au Bar The Mardi Gras, lors du traveling latéral, Tennessee Williams est visible assis au bar (chemise à rayures). L’homme à côté de lui est le producteur Hal B. Wallis.

La Rose tatouée
Marisa Pavan, Anna Magnani et Ben Cooper dans La Rose tatouée de Daniel Mann.

La Rose tatouée
Burt Lancaster dans La Rose tatouée de Daniel Mann.

31 janvier 2017

Sommaire de janvier 2017

Gaz de FranceLe Petit RoiA Most Violent YearL'Homme du SudLe LabyrintheGentleman JimPhase IVLe diable par la queue

Gaz de France

(2015) de Benoît Forgeard

Le Petit Roi

(1933) de Julien Duvivier

A Most Violent Year

(2014) de J.C. Chandor

L’Homme du Sud

(1945) de Jean Renoir

Le Labyrinthe

(2014) de Wes Ball

Gentleman Jim

(1942) de Raoul Walsh

Phase IV

(1974) de Saul Bass

Le diable par la queue

(1969) de Philippe de Broca

Imitation GameAnna KarenineLes Malheurs de SophieMaestroLa TerrasseRunaway TrainUne si jolie petite plageLa Horse

Imitation Game

(2014) de Morten Tyldum

Anna Karenine

(1927) de Edmund Goulding

Les Malheurs de Sophie

(2016) de Christophe Honoré

Maestro

(2014) de Léa Fazer

La Terrasse

(1980) de Ettore Scola

Runaway Train

(1985) de Andrei Konchalovsky

Une si jolie petite plage

(1949) de Yves Allégret

La Horse

(1970) de Pierre Granier-Deferre

Computer ChessJodorowsky's DuneSlow WestDrôle de couple IIDrôle de coupleFatty à la cliniqueLoveDynamite Doggie

Computer Chess

(2013) de Andrew Bujalski

Jodorowsky’s Dune

(2013) de Frank Pavich

Slow West

(2015) de John Maclean

Drôle de couple II

(1998) de Howard Deutch

Drôle de couple

(1968) de Gene Saks

Fatty à la clinique

(1918) de Roscoe Arbuckle

Love

(1919) de Roscoe Arbuckle

Dynamite Doggie

(1925) de Roscoe Arbuckle

Nombre de billets : 24

30 janvier 2017

Gaz de France (2015) de Benoît Forgeard

Gaz de FranceDans la France des années 2020, le président Bird a une côte de popularité en chute libre. Son principal conseiller doit impérativement trouver une idée pour inverser la tendance. Dans les sous-sols de l’Elysée, il réunit un petit groupe de « profils atypiques » pour la trouver… Ecrit par Benoît Forgeard et Emmanuel Lautréamont, Gaz de France est un film totalement hors du commun. Il s’agit d’une fable sur la communication politique et sur l’affect en politique. Prospective loufoque, satire, comédie, pamphlet, réflexion, le film semble vouloir être tout cela à la fois sans parvenir, hélas, à atteindre un seul de ces buts. Il y a pourtant de bonnes idées, des excellents points de départ que l’on aimerait voir poursuivre. Le film a été tourné sur fond vert pour rajouter les décors ensuite : celui du 3e sous-sol est une belle trouvaille et les rebuts des présidences précédentes qui remplissent les autres sont amusants.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Olivier Rabourdin, Philippe Katerine, Philippe Laudenbach
Voir la fiche du film et la filmographie de Benoît Forgeard sur le site IMDB.
Voir la fiche du film sur AlloCiné.

Remarques :
* Benoît Forgeard interprète le rôle du cyborg.
* Les inquiétants masques d’oiseaux sont de toute évidence un hommage à Georges Franju et à son film fantastique Judex.
* Benoît Forgeard est également auteur de livre : L’année du cinéma 2027 (Ed. Capricci, 2016) regroupe ses hilarantes critiques par anticipation écrites pour le mensuel So Film. Voir la fiche

Gaz de France
L’improbable cellule de crise de Gaz de France de Benoît Forgeard.

29 janvier 2017

Le Petit Roi (1933) de Julien Duvivier

Le Petit roiAu début du XXe siècle, le Royaume de Pannonie, durement gouverné, est au bord de la révolte. Un attentat se prépare contre le jeune roi de 12 ans, un garçon bien trop jeune pour la charge dont il vient d’hériter de son terrible père, mort assassiné. Sans parent, n’ayant pour amie qu’une bienveillante gouvernante, le jeune garçon dépérit sans que les intrigants de la Cour ne s’en inquiètent… Librement adapté d’un roman de l’écrivain-historien d’origine alsacienne André Lichtenberger, Le Petit Roi est resté longtemps introuvable, pour des raisons juridiques semble t-il. Le film se déroule en deux parties, une première partie sombre avec une atmosphère assez lourde, marquée par la claustration du jeune garçon (même son lit ressemble à une cage). C’est cette partie qui est la plus réussie ; elle est heureusement la plus longue. La seconde partie, plus lumineuse et même joyeuse, est bien moins remarquable. Elle utilise des procédés assez conventionnels pour devenir un redoutable tire-larmes. Julien Duvivier retrouve Robert Lynen, le jeune acteur avec lequel il avait tourné sa seconde version de Poil de Carotte l’année précédente. Il fait une belle prestation, exprimant bien le mélange d’innocence et de fatalisme qui caractérise son personnage (on peut mesurer la différence quand il rencontre une fillette qui a un jeu vraiment épouvantable). Le Petit Roi est un film qui mérite d’être découvert.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Robert Lynen, Arlette Marchal, Béatrice Bretty
Voir la fiche du film et la filmographie de Julien Duvivier sur le site IMDB.

Voir les autres films de Julien Duvivier chroniqués sur ce blog…

Voir les livres sur Julien Duvivier

Remarques :
* Le roman a été écrit en 1910, donc juste avant la Première Guerre mondiale.
* Le Royaume de Pannonie est bien entendu fictif mais la Pannonie existe bel et bien : c’est une ancienne région de l’Europe centrale qui correspond à l’ouest de la Hongrie actuelle et une partie de l’ex-Yougoslavie. Après avoir été de nombreux siècles sous domination romaine, cette région fut intégrée au nouvellement formé Royaume de Hongrie à la fin du IXe siècle (voir l’article sur Wikipedia). Il n’y a donc jamais eu de « Royaume de Pannonie » à proprement parler, à fortiori au XXe siècle.

Le Petit Roi
Béatrice Bretty et Robert Lynen dans Le Petit roi de Julien Duvivier.

28 janvier 2017

A Most Violent Year (2014) de J.C. Chandor

A Most Violent YearA New York, au cours de l’hiver 1981, un entrepreneur hispanique a bien l’intention de s’imposer sur le marché de la livraison de fuel domestique. Il désire acheter un vaste terrain au bord du fleuve pour y placer des réservoirs mais il se heurte à ses concurrents dont les méthodes sont celles de gangsters. Ainsi, ses camions sont régulièrement détournés et leur cargaison volée… Pour New York, 1981 fut l’année la plus violente de son histoire ce qui a inspiré le choix du titre. A Most Violent Year est le troisième long métrage de J.C. Chandor. C’est un film brillant dans sa forme, assez élégant, d’un beau (néo)classicisme. L’histoire n’est pas ultra passionnante en soi mais, pour le cinéaste, elle est surtout un prétexte pour continuer son auscultation du système américain, examiner ce qu’est devenu le fameux rêve américain. Il nous montre l’envers du décor, ce qu’on ne montre pas souvent. Le rythme est plutôt lent, le scénario se déroule joliment. L’ensemble évoque plutôt James Gray que Scorsese. A Most Violent Year est un beau film.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Oscar Isaac, Jessica Chastain, Elyes Gabel, David Oyelowo
Voir la fiche du film et la filmographie de J.C. Chandor sur le site IMDB.
Voir la fiche du film sur AlloCiné.

Voir les autres films de J.C. Chandor chroniqués sur ce blog…

A Most Violent Year
Jessica Chastain et Oscar Isaac dans A Most Violent Year de J.C. Chandor.

26 janvier 2017

L’Homme du Sud (1945) de Jean Renoir

Titre original : « The Southerner »

L'homme du SudAu Texas, Sam Tucker, un ramasseur de coton, décide de tenter sa chance en fermier indépendant. Il loue une terre à l’abandon et s’y installe avec sa famille… Jean Renoir a tourné six films à Hollywood entre 1941 et 1947 et L’homme du Sud est généralement considéré comme le meilleur d’entre eux. C’est un film étonnant pour Jean Renoir car on l’imaginerait plutôt signé par un cinéaste comme John Ford tant il est dans le même esprit que Les Raisins de la colère ou La Route au tabac. Nous suivons cette famille de nouveaux fermiers pendant une année, luttant contre la faim, le froid et même la nature, parfois hostile. Jean Renoir a su trouver le ton juste pour nous mettre très près de ses personnages et nous partageons leurs angoisses, leurs espoirs, nous mesurons leur courage et leur opiniâtreté. Sa mise en scène extrêmement sobre convient parfaitement. Il a aussi étonnamment intégré les valeurs américaines, soulignant l’opposition entre la sécurité du travail salarié et le risque d’être son propre patron, ou encore mettant en relief l’importance de la famille. Il est servi par une belle interprétation : Zachary Scott, Betty Field génèrent l’empathie en nous tandis que J. Carrol Naish, en voisin hostile, incarne à lui-seul l’esprit du Sud (même s’il est en réalité new-yorkais). Tout n’est pas parfait : le personnage de la grand-mère acariâtre est plus irritant qu’amusant. Mais cela n’empêche pas L’homme du Sud d’être un très beau film réaliste doté d’une grande énergie vitale. Il est bien trop méconnu.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Zachary Scott, Betty Field, J. Carrol Naish
Voir la fiche du film et la filmographie de Jean Renoir sur le site IMDB.

Voir les autres films de Jean Renoir chroniqués sur ce blog…

Voir les livres sur Jean Renoir

Remarques :
* The Southerner a été nominé pour trois Oscars, dont celui de meilleur réalisateur (c’est Billy Wilder qui l’a remporté).
* Cette adaptation d’un roman de George Sessions Perry (Hold Autumn in Your Hand) a été écrite par Hugo Butler et Jean Renoir, avec l’aide amicale (et non créditée) de William Faulkner et Nunnally Johnson.
* L’assistant-réalisateur est le jeune Robert Aldrich (il tournera son premier long métrage neuf ans plus tard)
* Jean Renoir a dû quitter la France début 1941 après avoir reçu la visite de deux émissaires de Vichy l’exhortant à faire des films sur la « Nouvelle France ».
* Le film The Southerner est actuellement libre de droits. C’est pour cette raison qu’il est trouvable facilement à bas prix avec une qualité d’image qui est loin d’être optimale (tout en restant suffisante) et il y a peu de chances qu’il soit restauré.

The Southerner
Jay Gilpin et Jean Vanderwilt (les enfants), Beulah Bondi (la grand-mère), Betty Field et Zachary Scott dans L’homme du Sud de Jean Renoir.

24 janvier 2017

Le Labyrinthe (2014) de Wes Ball

Titre original : « The Maze Runner »

Le LabyrintheQuand le jeune Thomas reprend connaissance, il émerge d’un ascenseur dans une vaste clairière entourée de hauts murs. Il est accueilli par un groupe de garçons du même âge que lui. Il n’a aucun souvenir et découvre que les autres sont arrivés tout comme lui dans ce gigantesque piège… Adapté du premier roman d’un cycle de science-fiction écrit par James Dashner en 2009, Le Labyrinthe est un film destiné au public adolescent. La plupart des acteurs principaux sont issus de séries télévisées à succès. Assez bizarrement, le casting est presqu’entièrement masculin contrairement à la majorité des films pour ados actuels qui ont l’habitude de mettre une fille au premier plan. L’histoire est assez prenante par son côté gageure (tenter de comprendre un système qui nous dépasse) et la psychologie est bien mise avant même si les personnages sont plutôt stéréotypés. Ce sont les vertus du classique « think outside the box » qui sont soulignées. Les explications fournies à la fin sont loin d’être satisfaisantes mais, si j’ai bien compris, c’est normal : cela fait partie de l’histoire. Car il y a des suites…
Elle: 1 étoile
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Dylan O’Brien, Aml Ameen, Ki Hong Lee, Blake Cooper, Thomas Brodie-Sangster
Voir la fiche du film et la filmographie de Wes Ball sur le site IMDB.
Voir la fiche du film sur AlloCiné.

Suites :
Le labyrinthe: La terre brûlée (Maze Runner: The Scorch Trials) de Wes Ball (2015)
Le labyrinthe 3 (The Maze Runner: The Death Cure) de Wes Ball (2018)

Le Labyrinthe
Dylan O’Brien et Ki Hong Lee dans Le Labyrinthe de Wes Ball.