10 août 2015

Quatre garçons dans le vent (1964) de Richard Lester

Titre original : « A Hard Day’s Night »

Quatre garçons dans le ventLes Beatles et leur manager prennent le train pour Londres pour donner un concert télévisé. Paul est accompagné de son grand-père, un vieil homme pittoresque dont il a la charge. Arrivés à Londres, ils sont confinés dans un hôtel… Tourné par l’américain de naissance mais anglais d’adoption Richard Lester, A Hard Day’s Night est le premier film des Beatles, un film au budget réduit et grandement improvisé. Il nous montre les quatre compères faisant les fous, impertinents (selon les critères de l’époque), ne prenant rien au sérieux, assez fidèles à leur image et sans masquer leurs origines populaires. S’ils semblent assez incontrôlables, ils obéissent toutefois aveuglément à un manager un peu ridicule qui les traite comme des enfants (ce manager n’est pas interprété par Brian Epstein mais c’est inévitablement de lui qu’il s’agit). En filigrane, on pourra mesurer à quel point la célébrité avait déjà transformé leur vie en un enfermement continuel (1). La scène « Can’t buy me Love » où ils s’évadent du studio de télévision pour aller faire les fous sur une pelouse prend ainsi une certaine signification. Le personnage du grand-père permet d’introduire de nombreuses notes d’humour, pas toujours parfaitement réussies mais parfois vraiment amusantes. On notera l’hommage au cinéma muet, notamment dans les scènes de poursuite (on peut penser à Buster Keaton ou aux Keystone Cops). Pour notre plus grand plaisir, plusieurs morceaux sont intercalés plus ou moins habilement et le film se termine par un concert télévisé de trois ou quatre morceaux devant un public de jeunes fans en transe. L’album est sorti peu de temps après le film qui a connu un grand succès. Même si son côté impertinent s’est un peu émoussé aujourd’hui, c’est toujours un plaisir de revoir A Hard Day’s Night.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: John Lennon, Paul McCartney, George Harrison, Ringo Starr, Wilfrid Brambell, Norman Rossington
Voir la fiche du film et la filmographie de Richard Lester sur le site IMDB.

Voir les autres films de Richard Lester chroniqués sur ce blog…

A Hard Day's Night
Paul McCartney, George Harrison, Ringo Starr et John Lennon dans A Hard Day’s Night de Richard Lester.

A Hard Day's Night
Paul McCartney, John Lennon, George Harrison et Ringo Starr et dans A Hard Day’s Night de Richard Lester.

A Hard Day's Night
Wilfrid Brambell (le grand-père) et John Lennon dans A Hard Day’s Night de Richard Lester.

A Hard Day's Night
Les Beatles dans A Hard Day’s Night de Richard Lester.

Remarques :
* Le titre anglais est tirée d’une phrase dite par Ringo Starr (qui était spécialiste de phrases bizarrement tournées) : parlant à la fin d’une journée de travail qui s’était prolongée très tard, il commence par dire « it’s been a hard day… » et, voyant qu’il fait nuit, ajoute « …night ». La chanson homonyme a ensuite été écrite par Lennon en catastrophe, huit jours avant la fin du tournage.

* Le film reprend quelques uns des bons mots des membres du groupe comme le célèbre jeu de mots de Ringo :
Journaliste : Are you a mod or a rocker?
Ringo : Um, no. I’m a mocker.

* Parmi les figurants/fans du concert télévisé se trouvait un jeune garçon de 13 ans du nom de Phil Collins. La photo ci-dessous montre son emplacement probable (d’autres sites montrent un autre plan qui paraît moins probable).

A Hard Day's Night

(1) Alun Owen qui a écrit le scenario dit avoir été inspiré par une phrase dite par l’un des membres du groupe décrivant leur vie comme étant « un train et une chambre et une voiture et une chambre et une chambre et une chambre » (a train and a room and a car and a room and a room and a room).

18 juillet 2015

West Side Story (1961) de Robert Wise et Jerome Robbins

West Side StoryA New York, dans le West Side, deux bandes rivales s’affrontent : l’une est formée de jeunes américains d’origine polonaise, l’autre de jeunes immigrés portoricains. Un garçon de la première bande s’éprend d’une jeune fille de la seconde… West Side Story est l’un des films les plus connus de toute l’histoire du cinéma, un chef d’oeuvre dit-on qui « a dépoussiéré la comédie musicale ». Cette transposition du thème shakespearien de Roméo et Juliette au monde moderne de la guerre des gangs avait d’abord existé sur les planches en 1957 avant d’être porté à l’écran par Robert Wise et le chorégraphe Jerome Robbins. C’est un film très inégal. Le meilleur est incontestablement du côté de la danse avec une formidable expression de la violence par le mouvement, dans des chorégraphies d’une extrême vivacité. Deux séquences sont absolument exceptionnelles: la scène d’ouverture avec la mise en place des deux bandes et la scène emblématique du film, le ballet « America » sur le toit. Dans le meilleur, il faut également citer la belle photographie et l’utilisation du Technicolor et le très beau générique de fin signé Saul Bass. Hélas, il y a tout le reste : une histoire larmoyante, de nombreuses scènes qui semblent interminables, de nombreux acteurs jouant fort mal (à leur décharge, précisons qu’ils ont été recrutés pour leurs talents de danseur). Le propos est pavé de bonnes intentions, dénoncer la xénophobie, même si on pourra trouver que le but n’est pas vraiment atteint. Grand succès populaire, West Side Story a eu un fort retentissement et a gagné, excusez du peu, pas moins de dix Oscars.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Natalie Wood, Richard Beymer, Russ Tamblyn, Rita Moreno, George Chakiris
Voir la fiche du film et la filmographie de Robert Wise sur le site IMDB.
Voir la fiche du film sur AlloCiné.

Pour une présentation franchement plus enthousiaste, je vous conseille de lire celle de Franck Suzanne sur DVDClassik.

West Side Story
La scène d’ouverture de West Side Story de Robert Wise

Remarque :
* Jerome Robbins a réalisé quatre séquences, le prologue, « Cool », « I Feel Pretty » et « America », avant d’être écarté du projet car son perfectionnisme devenait trop coûteux. Est-ce un hasard si ce sont là (et de très loin) les quatre meilleures séquences du film ?

8 juillet 2015

La Fille à la valise (1961) de Valerio Zurlini

Titre original : « La ragazza con la valigia »

La Fille à la valiseFils de bonne famille, le jeune Lorenzo, âgé de 16ans, s’efforce de d’atténuer les effets de la mauvaise conduite de son frère aîné envers une jeune femme, Aida. De simple gentillesse à son égard, ses sentiments vont évoluer peu à peu vers une attirance plus profonde… La Fille à la valise est le récit de la rencontre de deux jeunes êtres issu de mondes différents : il est timide, éduqué de façon stricte, ne connait rien de la vie et découvre l’amour ; elle a déjà trop vécu à 22 ans, victime des hommes, mais garde une grande part de pureté et ne sait que faire de cet amour naissant. Le film de Valerio Zurlini peut paraître quelque peu laborieux dans sa mise en place mais il évolue avec une certaine grâce à l’image des sentiments de ses deux personnages principaux. Claudia Cardinale et Jacques Perrin sont tous deux d’une beauté juvénile absolument hors du commun et Zurlini a pris le parti de les filmer en très gros plans, souvent sans prendre la peine de faire de contre-champs. Ils irradient littéralement l’image. Il a également pris le parti d’une certaine lenteur qui peut soit envouter soit finir par lasser. Mais La Fille à la valise ne peut que nous toucher.
Elle: 4 étoiles
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Claudia Cardinale, Jacques Perrin, Luciana Angiolillo, Gian Maria Volonté
Voir la fiche du film et la filmographie de Valerio Zurlini sur le site IMDB.

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La Fille à la valise
Claudia Cardinale et Jacques Perrin dans La Fille à la valise de Valerio Zurlini

Remarques :
* Dans un entretien, Valerio Zurlini a déclaré s’être inspiré du récit d’une jeune actrice assez étrange (qui, dit-il, est devenue assez célèbre par la suite) rencontrée sur le tournage d’un petit film publicitaire  et qui lui avait en partie racontée sa vie.

* Au moment du tournage, Jacques Perrin a 19 ans et Claudia Cardinale 22. C’est le premier grand rôle de Jacques Perrin et le film va vraiment lancer sa carrière. Claudia Cardinale est alors plus connue mais elle n’est pas encore vraiment reconnue pour ses talents d’actrice.
Dans un second rôle, Gian Maria Volonte est ici dans l’un de ses tous premiers longs métrages (le deuxième).

2 juillet 2015

Les yeux sans visage (1960) de Georges Franju

Les yeux sans visagePour reconstruire le visage de sa fille défigurée par un accident de voiture, le docteur Genessier kidnappe des jeunes femmes afin de pratiquer une greffe de visage… Les yeux sans visage est le deuxième long métrage de Georges Franju, après plus d’une douzaine de courts métrages réalisés sur dix ans. Il est considéré aujourd’hui comme l’un des classiques du film d’épouvante, un genre quasiment absent du cinéma français de l’époque. Tout l’art de Georges Franju est d’avoir mêlé un réalisme assez terrifiant (la scène de l’opération est particulièrement difficile à regarder) avec une certaine poésie apportée principalement par le personnage de la fille du chirurgien, au visage de cire, aérienne, d’une fragilité fantomatique. Cette alliance de contraires crée une étrange attirance, un envoutement qui contribue à faire des Yeux sans visage un film assez unique bien que perturbant. Il a été très mal reçu par la critique au moment de sa sortie.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Pierre Brasseur, Alida Valli, Edith Scob, Claude Brasseur
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Les Yeux sans visage
Edith Scob dans Les yeux sans visage de Georges Franju

Remarques :
* Les yeux sans visage est basé sur un roman de Jean Redon, adapté par lui-même, Boileau-Narcejac et Claude Sautet (qui est également assistant-réalisateur).
* Georges Franju est, rappelons-le, le cofondateur de la Cinémathèque Française.

10 juin 2015

Âme noire (1962) de Roberto Rossellini

Titre original : « Anima nera »

Âme noireAdriano et Marcella viennent de se marier et emménage dans un appartement à Rome. Lui est un menteur invétéré, combinard et sans le sou, aux multiples aventures féminines. Elle est une jeune femme simple, désireuse de fonder un foyer durable. Le passé un peu agité d’Adriano va se manifester rapidement… Adaptation d’une pièce de Giuseppe Patroni Griffi, le peu connu Âme noire est le dernier film de Rossellini pour le cinéma. C’est un film un peu délicat à interpréter : on peut, comme le fait Hélène Frappat dans sa monographie sur Rossellini, y voir une oeuvre de transition entre son oeuvre entamée pendant la guerre et le projet encyclopédique auquel il se consacrera exclusivement par la suite. On peut également y voir, comme Marie-Pierre Lafargue dans le Dictionnaire du cinéma italien, une tentative désespérée de se plier au cinéma de l’époque, « le cinéaste se risquant à la manière antonionienne en faisant subir à son personnage principal l’expérience du vide ». Certes, mais si les thèmes forts du film en sont le mensonge, la culpabilité, les valeurs bourgeoises du couple, on peine à en cerner le fond du propos si ce n’est de nous offrir une vision très sombre de l’âme humaine : le titre Âme noire n’est pas usurpé ! Dans sa forme, le film n’a rien d’enthousiasmant si ce n’est un très beau plan de fin : un traveling arrière partant d’un gros plan sur Annette Stroyberg en plein discours de ses intentions qui vient se terminer sur un gros plan sur Vittorio Gassman qui, de dos, l’écoute résigné.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Vittorio Gassman, Nadja Tiller, Annette Stroyberg, Eleonora Rossi Drago
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Vittorio Gassman et Nadja Tiller dans Âme noire de Roberto Rossellini

Remarque :
Vittorio Gassman a raconté à propos du film : « Ma faible motivation au travail s’est parfaitement accordée avec la distance que Roberto prenait avec le cinéma. Un jour, pour éviter de se déplacer de Rome à Ostie, il a inventé un système compliqué de miroirs pour projeter un arrière-plan de mer dans une scène de studio. Le résultat est horrible : Nadja Tiller et moi-même donnons l’impression d’être dans un aquarium. »
(Il est vrai que cette scène est assez épouvantable…)

5 juin 2015

Son Excellence est restée dîner (1961) de Mario Mattoli

Titre original : « Sua Eccellenza si fermò a mangiare »

Son Excellence est restée dînerDissimulé derrière un rideau, un monte-en-l’air entend un mari infidèle annoncer à sa femme par téléphone qu’il passe la nuit avec un ami retrouvé. Le lendemain, il se présente au domicile de l’homme en se faisant passer auprès de sa femme pour le prétendu ami inventé. A la suite d’un quiproquo sur son nom d’emprunt, la belle-mère le prend pour le médecin personnel du Duce et l’invite à un dîner avec un ministre… Entre 1947 et 1961, Mario Mattoli a tourné seize films avec Totò, Son Excellence est restée dîner est le dernier d’entre eux. Le réalisateur laissait une grande liberté d’action au comédien qui, on le sait, avait un grand talent pour l’improvisation. Face à Totò, il place Ugo Tognazzi, qui n’était alors qu’un acteur comique en phase montante. L’ensemble est assez amusant mais un peu inégal. Les scènes les plus amusantes ne sont pas toujours celles avec Totò : le discours du ministre par exemple est un grand moment comique. Mais le plus remarquable dans cette comédie est son sujet principal de raillerie : on se moque très directement du culte du Duce (l’action se passe dans les années trente), de la vénération du chef, de l’arrivisme mêlé de crainte qu’il engendrait. Certes, nous sommes alors seize années après la mort du dictateur fasciste mais le sujet n’était guère courant dans le cinéma, surtout pour une comédie.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Totò, Ugo Tognazzi, Virna Lisi
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Son Excellence est restée dîner
Ugo Tognazzi, Virna Lisi et Totò dans Son Excellence est restée dîner de Mario Mattoli

4 juin 2015

Il Monaco di Monza (1962) de Sergio Corbucci

Il monaco di MonzaAu Moyen-âge, Pasquale est un cordonnier (spécialisé dans les pieds droits) à Monza, il est veuf avec douze enfants à charge. Sans argent et couvert de dettes, il quitte la ville avec ses enfants en se faisant passer pour un moine quêteur. En chemin, il rencontre Cervelet, un berger sans troupeau qui le suit. Ils arrivent dans un château… Il Monaco di Monza (= Le Moine de Monza) est une variation satirique de La Monaca di Monza (= La Religieuse de Monza) sorti quasi simultanément sur les écrans basé sur l’histoire d’une nonne martyre à la suite d’un amour interdit (1). Ici, Totò nous interprète un faux moine qui, de façon intéressée, vole au secours d’une comtesse séquestrée par son beau-frère. L’histoire est bien entendu totalement farfelue. L’humour y est très dense, cela ne s’arrête jamais, tout est tourné en dérision et on joue gaiement avec les anachronismes. Aucune longueur ni lourdeur, tout est bien dosé pour notre plus grand plaisir. Il Monaco di Monza est un film assez rare mais néanmoins d’un excellent niveau comique ; Totò au meilleur de son talent.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Totò, Nino Taranto, Erminio Macario, Lisa Gastoni, Moira Orfei
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Remarques :
Il monaco di Monza* Dans une scène de taverne, les chanteurs Adriano Celentano et Don Backy font une apparition en faux frères dominicains et interprètent une chanson dans le pur style yéyé. Ils étaient alors suffisamment populaires pour se retrouver en bonne position sur l’affiche ci-contre (en haut à gauche et à droite de l’actrice principale) alors qu’ils ne se sont présents que 2 minutes tout au plus.

(1) La Nonne de Monza est un personnage qui a réellement existé: Soeur Virginia Maria, née Marianna de Leyva. Son histoire a été portée plusieurs fois à l’écran, petit et grand. A noter qu’elle est aussi présente dans ce film puisque la nonne, également victime du comte, se prénomme Virginia.

Il Monaco di Monza
– Maria Denis
– Ora Pro Nobis
– Sophia Loren
– Ora Pro Nobis
– …
(comme il ne connait pas un mot de latin mais veut donner l’impression qu’il récite ses prières, Totò égrène consciencieusement une liste d’actrices….)
Erminio Macario et Totò dans Il Monaco di Monza de Sergio Corbucci.

5 mai 2015

La Diligence vers l’Ouest (1966) de Gordon Douglas

Titre original : « Stagecoach »

La diligence vers l'OuestUne diligence part en direction de la ville de Cheyenne alors que la région est sous la menace de raids indiens meurtriers. Ses six passagers ont des motivations bien différentes de se rendre à leur destination…. On peut parfois se demander quelles motivations peut avoir un metteur en scène à s’attaquer à des films-monuments comme Stagecoach de John Ford. Penser que l’on va pouvoir surpasser ou au moins égaler l’original est passablement présomptueux. Gordon Douglas est un réalisateur aguerri, spécialiste des comédies et des westerns. Sur le déroulement de l’histoire, ce remake est la copie conforme de l’original : on y retrouve les mêmes personnages, les mêmes évènements, mais ici cette histoire n’a aucune force, tout tombe à plat. La poursuite est toutefois un peu différente, placée en forêt, probablement pour qu’elle soit plus spectaculaire. Côté acteurs, si Alex Cord est bien terne par rapport à John Wayne, l’interprétation de Bing Crosby (le médecin alcoolique), de Van Heflin (le shérif) et d’Ann-Margret (la jeune prostituée) sont honorables, voire excellente dans le cas de Bing Crosby dont c’est ici le dernier film. Cela ne suffit pas à sauver ce remake qui paraît bien inutile.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Ann-Margret, Bing Crosby, Robert Cummings, Van Heflin, Red Buttons, Slim Pickens, Stefanie Powers
Voir la fiche du film et la filmographie de Gordon Douglas sur le site IMDB.

Voir la présentation de l’original : La Chevauchée fantastique de John Ford (1939)

Stagecoach 1966
Slim Pickens et Van Heflin dans La diligence vers l’Ouest de Gordon Douglas

Stagecoach 1966
Alex Cord, Bing Crosby, Red Buttons et Mike Connors dans La diligence vers l’Ouest de Gordon Douglas.

Stagecoach 1966
Robert Cummings (de dos) et Ann-Margret dans La diligence vers l’Ouest de Gordon Douglas.

 

29 avril 2015

La Marche sur Rome (1962) de Dino Risi

Titre original : « La marcia su Roma »

La marche sur RomeAu lendemain de la Première Guerre mondiale, à Milan, deux ex-soldats désoeuvrés se laissent embrigader dans le mouvement fasciste par leur ancien capitaine. Sans grande conviction, ils participent à la Marche sur Rome organisée par Mussolini… D’un évènement historique assez sombre (octobre 1922) qui marque l’arrivée au pouvoir du dictateur italien, Dino Risi parvient à faire une comédie. C’est là tout l’art de la comédie italienne. Les deux compères, deux véritables Pieds-Nickelés admirablement interprétés par Vittorio Gassman et Ugo Tognazzi en grande forme, sont assez affligeants par leur bêtise et leur inconséquence ; on peut dire qu’ils sont acteurs d’évènements qui les dépassent mais leurs attitudes sont finalement assez représentatives de celles qui vont permettre à une poignée de fascistes d’accéder au pouvoir malgré une idéologie imprécise. L’humour est constant, y compris dans les scènes les plus graves. Le terme « tragi-comique » prend ici toute son essence. A noter la présence de Roger Hanin qui étonnamment campe un chef fasciste très crédible.  Le film s’achève par des images d’archives montrant l’arrivée des partisans de Mussolini à Rome et Risi y ajoute une note tragi-comique en faisant dire au roi Victor-Emmanuel III : « Essayons ces fascistes quelques mois… » (Mussolini a gardé le pouvoir pendant 20 ans).
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Vittorio Gassman, Ugo Tognazzi, Roger Hanin, Mario Brega
Voir la fiche du film et la filmographie de Dino Risi sur le site IMDB.

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La marche sur Rome
Vittorio Gassman et Ugo Tognazzi dans La marche sur Rome de Dino Risi

20 avril 2015

Le Baron de Crac (1962) de Karel Zeman

Titre original : « Baron Prásil »

Le baron de cracA sa grande surprise, le cosmonaute Tonik rencontre à son arrivée sur la Lune ses illustres prédécesseurs : Impey Barbicane (le personnage de Jules Verne), Cyrano de Bergerac et surtout Le baron de crac (alias Baron de Münchhausen) qui le prend pour un authentique sélénite et décide de l’emmener sur Terre pour lui faire découvrir les merveilles de la civilisation. Ils arrivent à Constantinople où ils délivrent la princesse Bianca retenue prisonnière par le sultan… Karel Zeman est un réalisateur tchèque qui mêle acteurs réels à des décors dessinés ou peints et animés manuellement. Cette technique est parfaitement adaptée aux histoires du célèbre Baron, avec tous leurs éléments fantastiques, oniriques et poétiques. Le film reprend quelques épisodes fameux de ces récits qui, rappelons-le ont connu de multiples variations dans le temps depuis leur première publication à la fin du XVIIIe siècle sous la plume de Rudolf Erich Raspe. Cela donne au final un film totalement à part, aussi magique dans le premier sens du terme que pouvaient l’être les films de Méliès 50 ans auparavant, doté d’un bel humour et très inventif.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Milos Kopecký, Rudolf Jelínek, Jana Brejchová
Voir la fiche du film et la filmographie de Karel Zeman sur le site IMDB.

Le Baron de Crac
Le Baron de Crac de Karel Zeman

Remarques :
* Le Baron de Münchhausen (1720-1793), capitaine de l’armée russe, a bien existé. Il fut surnommé Le Baron de Crac (« Baron du mensonge », de l’expression «raconter des craques») en raison des ses récits extraordinaires : il racontait avoir voyagé sur la Lune, chevauché un boulet de canon, dansé avec Vénus. La première publication de ses récits eut lieu de son vivant, en 1785.

* La technique utilisée par Karel Zeman évoque fortement celle qu’utilisera Terry Gilliam pour ses animations du Monty Python Flying Circus, à la fin des années soixante. Gilliam adaptera d’ailleurs, lui aussi, les aventures du Baron de Münchhausen mais en images réelles. Bien que la filiation soit soulignée par beaucoup, l’influence directe n’est pas évidente car, dans une interview, Terry Gilliam dit avoir découvert le film de Zeman dans les années 80, alors qu’il préparait sa propre adaptation de Münchhausen : « Je me rappelle avoir vu, alors que je préparais Baron Munchausen, un film de Karel Zeman dans le catalogue du British Film Institute. Je me suis dit « Wow, qu’est ce que c’est que ce truc ? » et, après avoir réussi à voir le film, « Wow, c’est génial », parce qu’il avait fait ce que j’ai toujours essayé de faire : combiner une action réelle avec des arrière-plans animés à la Gustave Doré. Le film exprimait parfaitement l’esprit du personnage ». (Terry Gilliam: Interviews, University Press of Mississippi, pp. 132–-133)

Autres adaptations :
Les Aventures du baron de Münchausen de Georges Méliès (1911)
Les Aventures fantastiques du baron Münchhausen de l’allemand de Josef Von Baky (1943) réalisé pour les 25 ans de la UFA à la demande de Goebbels.
Les fabuleuses aventures du légendaire Baron de Munchausen de Jean Image (1979), dessin animé
Le Secret des Sélénites de Jean Image (1984), dessin animé.
Les Aventures du baron de Munchausen de Terry Gilliam (1988)