5 octobre 2021

Qui a tué le chat? (1977) de Luigi Comencini

Titre original : « Il gatto »

Qui a tué le chat? (Il gatto)Amedeo et sa sœur Ofelia ont hérité d’un vieil immeuble délabré dans le cœur de Rome. Un promoteur s’en porte acquéreur à condition qu’il soit vide de ses occupants. Le couple est décidé à tout faire pour faire partir les locataires et, ce faisant, va faire des découvertes vraiment inattendues…
Qui a tué le chat? est une comédie italienne de Luigi Comencini, une comédie d’humour noir assez rarement citée dans la vaste filmographie de ce grand cinéaste. Certes, la satire cinglante n’a pas la portée sociologique de certains de ses autres films mais quelques travers du comportement humain sont bien mis en évidence : la cupidité bien-sûr et ses corollaires, le cynisme et la méchanceté. L’humour est presque macabre par moments mais sans aucun excès. Tout repose sur le duo formé par Ugo Tognazzi et Mariangela Melato qui, tout étant dans l’outrance, savent garder un jeu modéré. De nombreuses situations sont vraiment hilarantes. Une réussite.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Ugo Tognazzi, Mariangela Melato, Michel Galabru, Dalila Di Lazzaro
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Qui a tué le chat? (Il gatto)Ugo Tognazzi et Mariangela Melato dans Qui a tué le chat? (Il gatto) de Luigi Comencini.

Qui a tué le chat? (Il gatto)Mariangela Melato et Ugo Tognazzi dans Qui a tué le chat? (Il gatto) de Luigi Comencini.

Qui a tué le chat? (Il gatto)Mariangela Melato et Ugo Tognazzi dans Qui a tué le chat? (Il gatto) de Luigi Comencini.

Homonyme  :
Qui a tué le chat? (Murder of a Cat), film américain de Gillian Greene (2014) avec Fran Kranz

20 janvier 2021

Le Lit conjugal (1963) de Marco Ferreri

Titre original : « Una storia moderna – L’ape regina »

Le Lit conjugal (Una storia moderna - L'ape regina)Alfonso, la quarantaine, épouse Regina, une jeune fille catholique et vierge afin de l’initier au devoir conjugal selon ses désirs. Mais Regina va vite s’avérer insatiable et l’épuiser totalement…
L’Ape Regina (littéralement : la Reine des abeilles) est le premier long métrage italien de Marco Ferreri. Le réalisateur italien a en effet tourné ses trois premiers films en Espagne. Il a écrit le scénario de celui-ci avec un ami espagnol, le scénariste Rafael Azcona. Il s’agit d’une comédie qui dresse un portrait acide des conventions bourgeoises et fustige l’hypocrisie de l’Eglise sur le thème de la procréation. Ugo Tognazzi est magnifique, débutant en affreux machiste pour finalement nous attendrir et faire pitié, tout cela en nous faisant rire souvent. L’acteur tournera de nouveau avec Ferreri à sept reprises. Face à lui, Marina Vlady nous offre une composition complexe et riche : énigmatique, douce et belle, inquiétante parfois. Bien que doublée, l’actrice fut primée à Cannes qui réserva un très bon accueil au film. Ce ne fut pas le cas d’une bonne partie de la critique française qui n’avait alors d’yeux que pour la Nouvelle Vague.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Ugo Tognazzi, Marina Vlady, Walter Giller, Riccardo Fellini
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Remarques :
* Les distributeurs français sont restés insensible à l’humour du titre original en choisissant un titre français assez réducteur.
* Certaines scènes furent coupées par la censure italienne.
* Le film a été restauré en 2019.
* Riccardo Fellini, qui interprète Riccardo, est le frère de Frederico Fellini. Il n’a que peu tourné, il s’agit d’ailleurs de son ultime film. Il a également réalisé un film (Storie sulla sabbia, 1963)

Le Lit conjugal (Una storia moderna - L'ape regina)Ugo Tognazzi et Marina Vlady dans Le Lit conjugal (Una storia moderna – L’ape regina) de Marco Ferreri.

27 mars 2019

Touche pas la femme blanche ! (1974) de Marco Ferreri

Touche pas la femme blancheLa bataille de Little Big Horn (1876) menée par le général Custer reconstituée dans le trou du chantier du Forum des Halles…
… telle fût l’idée totalement saugrenue mais assez amusante de Marco Ferreri. Touche pas la femme blanche !  est une parodie de western, une farce anachronique remplie d’allégories sociales et politiques. Le réalisateur a repris les acteurs de son film précédent La Grande Bouffe pour les placer en costumes d’époque dans le Paris des années soixante-dix. Certaines scènes de chantier, notamment l’effondrement de bâtiments, sont même intégrées à l’histoire. Ferreri multiplie les anachronismes, à la fois pour accentuer la bouffonnerie de l’ensemble mais aussi pour souligner son propos politique sous-jacent : massacre des indiens, déshumanisation des centres villes, satire de la force d’Etat … sans parler des allusions au Watergate, à l’action de la CIA au Chili. Tout y passe et Ferreri ne donne pas dans la petite dentelle ; ses allégories sont lourdement appuyées. Cela nous vaut quelques bons numéros d’acteurs, comme Serge Reggiani presque nu en indien fou et Michel Piccoli très en verve pour incarner un Buffalo Bill particulièrement haut en couleur. Le résultat n’est toutefois que moyennement convaincant mais le film n’en est pas moins une belle curiosité.
Elle: 2 étoiles
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Catherine Deneuve, Marcello Mastroianni, Michel Piccoli, Philippe Noiret, Ugo Tognazzi, Alain Cuny, Serge Reggiani, Darry Cowl
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Touche pas la femme blanche
Touche pas la femme blanche de Marco Ferreri.

Touche pas la femme blanche
Catherine Deneuve et Marcello Mastroianni dans Touche pas la femme blanche de Marco Ferreri.

Remarques :
Le producteur Alain Sarde a raconté que Ferreri lui aurait dit au début du tournage en lui montrant le trou des Halles : « Tu vois, je vais faire un film là-dedans et je vais enterrer Rassam avec. Je vais le ruiner ! ». Le différent entre Ferreri et son producteur Jean-Pierre Rassam venait du succès de La Grande Bouffe : Rassam aurait réinvesti tous les bénéfices dans deux nouveaux projets (Lancelot du Lac de Bresson et Les Chinois à Paris de Jean Yanne) sans reverser à Ferreri l’intégralité de la part qui lui était due.

Serge Toubiana raconte cette anecdote avec tous les conditionnels qui s’imposent dans son hommage à Alain Sarde ( http://www.cinematheque.fr/cycle/alain-sarde-232.html ) . Sans remettre en cause la véracité des propos d’Alain Sarde, il paraît toutefois peu probable que Ferreri ait volontairement saboté son film. Tout au plus, cela peut expliquer qu’il n’ait freiné aucune de ses « excentricités »…

Touche pas la femme blanche
La scène de la grande bataille finale de Touche pas la femme blanche de Marco Ferreri n’a de toute évidence pas été tournée à Paris mais dans ce qui semble être une grande carrière calcaire. Les immeubles ont été rajoutés un peu grossièrement (probablement par cache).

28 juillet 2018

Je la connaissais bien (1965) de Antonio Pietrangeli

Titre original : « Io la conoscevo bene »
Autre titre français : « L’amour tel qu’il est »

Je la connaissais bienJeune provinciale venue à Rome, Adriana fait divers petits métiers mais rêve d’être une actrice. Elle multiplie les aventures sans lendemain…
Ecrit avec le tandem Ruggero Maccari et Ettore Scola, Je la connaissais bien nous dresse le portrait d’une jeune femme qui semble à peine sortie de l’adolescence et qui reste très ingénue malgré son grand pouvoir d’attraction sur les hommes. Sa candeur va se heurter au machisme de la société italienne. d’Antonio Pietrangeli nous place très près de son héroïne à laquelle Stefania Sandrelli donne vie avec beaucoup de naturel et de sensualité. De temps à autre, elle semble nous prendre à témoin par des regards-caméra furtifs. Pietrangeli multiplie les longs travellings, s’attarde sur certains éléments, pratique des ellipses inattendues mais subtiles. Tout ceci donne une beauté formelle au film qui semble nous envelopper. A noter, un beau petit rôle pour Ugo Tognazzi qui nous gratifie d’un incroyable numéro de claquettes! Je la connaissais bien sera le dernier long métrage achevé d’Antonio Pietrangeli.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Stefania Sandrelli, Mario Adorf, Jean-Claude Brialy, Nino Manfredi, Ugo Tognazzi
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Je la connaissais bien
Stefania Sandrelli dans Je la connaissais bien de Antonio Pietrangeli.

9 mars 2018

Mesdames et messieurs bonsoir (1976) de Luigi Comencini, Nanni Loy, Luigi Magni, Mario Monicelli et Ettore Scola

Titre original : « Signore e signori, buonanotte »

Mesdames et messieurs bonsoirDans le spartiate studio du journal télévisé 3TG, le journaliste Paolo Fiume (Marcello Mastroianni) lit les nouvelles du jour que son assistante lui apporte et introduit les différents reportages…
Signore e signori, buonanotte est une œuvre collective produite par la Cooperativa 15 Maggio qui rassemble un bon nombre d’acteurs et d’auteurs de la comédie italienne (1). Le plateau de cette satire de la télévision est donc prestigieux. Le propos est de dénoncer la corruption dans la politique et de pointer plusieurs travers de la société italienne : le travail des enfants, la mainmise de la Mafia, l’hypocrisie d’une politique nataliste, les luttes de pouvoirs au Vatican, etc. Un programme chargé ! L’humour ne donne pas dans la finesse, l’angle choisi est celui de l’exagération. Le manque d’homogénéité est un peu perturbant. Comme trop souvent dans les films à sketches, la réussite est inégale. Les séquences ne sont pas attribuées, donc on ne sait qui a écrit ou réalisé quoi. Le meilleur sketch est à mes yeux celui sur l’élection du pape qui est une petite merveille d’écriture. On peut saluer le caractère provocateur du film mais le bilan d’ensemble reste toutefois plutôt décevant.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Senta Berger, Adolfo Celi, Vittorio Gassman, Nino Manfredi, Marcello Mastroianni, Ugo Tognazzi, Andréa Ferréol
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(1) Cooperativa 15 Maggio (Coopérative du 15 mai) = Age & Scarpelli, Ugo Pirro, Ettore Scola, Luigi Magni, Leonardo Benvenuti, Luigi Comencini, Ruggero Maccari, Mario Monicelli, Nanni Loy, Piero De Bernardi, Ugo Tognazzi, Vittorio Gassman, Marcello Mastroianni, Nino Manfredi, Aldolfo Celi et Santa Berger.

Mesdames et messieurs, bonsoir
Marcello Mastroianni dans Mesdames et messieurs bonsoir de Luigi Comencini, Nanni Loy, Luigi Magni, Mario Monicelli et Ettore Scola dans un débat avec quatres édiles napolitains (de toute évidence, quatre mafiosi qui se sont bien engraissés sur la bête).

Remarques :
* Les télévisions privées n’étant pas encore apparues à cette époque, c’est donc une critique de la télévision publique. Les journaux télévisés des deux chaines publiques s’appelaient alors TG1 et TG2. La troisième chaîne de télévision publique italienne Rai 3 n’a été créée qu’en 1979 et son journal télévisé a alors naturellement pris pour nom TG3 (TG = Telegiornale).

* Les reportages (sketches) :
– L’enlèvement d’un grand patron qui fait appel à ses travailleurs pour payer l’énorme rançon demandée.
– Interview d’un ministre corrompu qui assume son attitude en évoquant la loi du plus fort.
– Une publicité d’un père heureux sur son vélo avec son fils qui passe la frontière pour aller mettre ses économies en Suisse (il s’agit de la parodie d’une célèbre publicité télévisée italienne d’une compagnie d’assurance bien connue)
– Une classe d’anglais farfelue tenue en fait par deux agents secrets qui en profitent pour assassiner une personnalité.
– Une fiction « La bombe » qui voit un poste de police évacué pour un tic-tac non identifié.
– Un jeune garçon napolitain qui doit s’occuper de ses huit frères et sœurs miséreux, juste après que sa mère a été récompensée par un évêque du grand prix de la fertilité.
– L’entretien avec un sociologue qui dit le plus sérieusement du monde vouloir résoudre le problème de la surpopulation en mangeant les enfants pauvres.
– Débat avec quatre politiciens napolitains de la Mafia qui tiennent la ville.
– La tragédie d’un général qui se suicide après que ses médailles sont tombées dans les toilettes.
– Un reportage sur le travail des enfants.
– Une fiction où l’on voit un inspecteur de police qui part arrêter un « gros bonnet » et finit par devenir son valet de chambre. (Absent de la version raccourcie)
– La rubrique « Le personnage du jour », dédiée à un retraité pauvre qui démontre sa capacité à bien vivre avec la somme 32.000 lires par mois (16 euros).
– Un épisode du jeu le « Disgraciomètre » où le gagnant est celui qui a subi un malheur le plus absurde qui soit. (Absent de la version raccourcie)
– Une série télévisée historique, « Le Saint-Siège », sur les luttes d’influence lors de l’élection d’un nouveau pape (inspiré de de la lutte entre Sixte V et Pie V à la fin du XVIe siècle)(Ce sketch aurait été réalisé par Luigi Magni).
– La rentrée de la Cour d’Appel avec un président et des magistrats vraiment décrépits qui finissent par danser la tarentelle.

* Durée :
Film complet = 118 minutes,
Version raccourcie (moins 2 sketches) = 105 minutes

* Ne pas confondre avec :
Ces messieurs dames (Signore & signori, 1966) de Pietro Germi, autre film à sketches (plus réussi).

12 janvier 2017

La Terrasse (1980) de Ettore Scola

Titre original : « La terrazza »

La TerrasseUne réception sur La Terrasse d’un appartement romain où se retrouvent une vingtaine de personnes. Beaucoup travaillent dans le domaine de la culture. Nous suivons successivement cinq d’entre eux sur les jours qui suivent cette soirée… On ne pourra pas accuser Ettore Scola d’avoir choisi la facilité. Si La Terrasse se présente comme une comédie à sketches, le film est en réalité une profonde réflexion sur l’évolution d’une génération d’intellectuels qui sombre dans le désenchantement en avançant en âge. Et si Scola a réuni une belle brochette d’acteurs très connus, il les a utilisés à contre-emploi prenant ainsi le risque de désarçonner le public tout en se mettant à dos la critique n’appréciant guère ce miroir qu’il leur tend. Ses personnages sont en proie au doute sur ce qu’ils ont fait au cours de leur existence ce qui génère chez eux un fort sentiment d’insatisfaction. Des problèmes amoureux viennent se greffer, car trois de ces cinquantenaires sont mariés ou s’amourachent avec des femmes trentenaires, ce qui met encore plus en évidence leur âge au lieu de le gommer. Ettore Scola montre une grande perfection dans la mise en place de cet ensemble où les personnages se croisent et s’entrecroisent, grâce à la minutie du scénario qu’il a élaboré avec Age et Scarpelli, ces deux grands de la comédie. L’ensemble n’est d’ailleurs pas sans humour mais La Terrasse est avant tout remarquable par l’acuité et la profondeur de son observation et par la réflexion qu’il occasionne chez nous. Son propos est assez atemporel.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Vittorio Gassman, Ugo Tognazzi, Jean-Louis Trintignant, Marcello Mastroianni, Stefania Sandrelli, Serge Reggiani, Marie Trintignant
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Remarque :
De façon amusante, pour les cinq personnages principaux, trois acteurs sont nés la même année : Gassman, Tognazzi, Raggiani (1922, soit 58 ans), puis viennent Mastroianni (1924, 56 ans) et Trintignant (1930, 50 ans).

La Terrasse
Marcello Mastroianni, Jean-Louis Trintignant, Ugo Tognazzi et Vittorio Gassman dans La Terrasse de Ettore Scola.

5 mai 2016

Les Monstres (1963) de Dino Risi

Titre original : « I mostri »

Les monstresLes monstres est une série de 19 sketches qui illustrent, sur le ton de la comédie, les défauts et travers de la nature humaine. Comme dans (presque) tous les films à sketches, certains paraissent plus faibles que d’autres. Il faut accepter ce principe car, sinon on ne peut dépasser le stade de dire que « l’ensemble est inégal ». On pourrait bien entendu reprocher la profusion de sketches et la voir comme la conséquence d’une certaine paresse structurelle. En fait, cette profusion permet aux auteurs de frapper tous azimuts : personne n’est épargné, les puissants et les riches sont autant fustigés que les plus pauvres. Elle permet aussi de montrer les multiples formes du mensonge et de l’hypocrisie (on peut citer aussi le cynisme, le machisme, la liste est longue…) Ce sont des croquis, de durées très diverses, allant de 45 secondes à plus de 15 minutes, toujours très incisifs, soulignant à grands traits l’ironie des situations. Ugo Tognazzi et Vittorio Gassman sont les deux piliers de cette brochette de portraits ; ils nous font un véritable récital, Gassman montrant ses talents de déguisement (y compris en femme). Les Monstres est un film plus fort qu’il ne paraît : sur le coup, il peut paraître un peu anodin mais, plus on y repense après coup, plus il apparaît riche et juste dans les visions qu’il nous propose. En outre, le propos n’est nullement connoté « années soixante » car pratiquement toutes ces visions sont toujours aussi actuelles. Avec Le Fanfaron du même Dino Risi, Les Monstres est l’un des premiers grands films de la comédie italienne, genre qui va durer à son meilleur une bonne dizaine d’années. Il est l’illustration de sa puissance, de son caractère subversif et aussi de sa portée sociologique qui la fait dépasser largement le cadre du simple divertissement.
Elle: 4 étoiles
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Ugo Tognazzi, Vittorio Gassman, Marino Masé, Marisa Merlini, Michèle Mercier, Ugo Attanasio
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Remarques :
* Ont contribué à l’écriture du scénario : Age et Scarpelli, Elio Petri, Dino Risi, Ettore Scola, Ruggero Maccari… que des grands noms du cinéma italien.
* Un vingtième sketch a été coupé dans les versions visibles en France.
* Le film a eu une suite : Les Nouveaux Monstres de Mario Monicelli et Dino Risi (1977) avec Vittorio Gassman, Ornella Muti et Alberto Sordi

 

Les Monstres
Ricky Tognazzi et Ugo Tognazzi dans le premier sketch de Les monstres de Dino Risi (Ricky est aussi le fils d’Ugo dans la vraie vie, il est aujourd’hui acteur et metteur en scène).

Les 19 sketches :
(A ne lire qu’après avoir vu le film car les descriptions ci-dessous peuvent dévoiler en partie le punch final. Il n’y a d’ailleurs aucun intérêt à lire cette liste avant de voir le film. Cette liste permet seulement de repenser après coup à la finalité des sketches, de mieux voir leur force et de mesurer à quel point l’ensemble forme un tout.)

1. La bonne éducation (7′) avec Ugo Tognazzi
Un père inculque à son jeune fils des principes moraux franchement douteux.

2. Le monstre (1′) avec Vittorio Gassman et Ugo Tognazzi
Deux policiers se mettent en avant devant les photographes avec le monstrueux assassin qu’ils viennent d’arrêter. On peut se demander lequel est le plus monstrueux des trois…

3. Comme un père (7′) avec Ugo Tognazzi et Lando Buzzanca
Un homme frappe à la porte d’un ami en pleine nuit. Il s’inquiète car son épouse rentre tard le soir. Il la soupçonne de le tromper…

4. Rapt (5′) avec Vittorio Gassman et Maria Mannelli
Une vieille dame terrorisée est littéralement enlevée pour participer à un tournage de cinéma.

5. Le pauvre soldat (9′) avec Ugo Tognazzi
Un soldat apprend que sa soeur a été assassinée. Il se dit inconsolable mais va profiter de la situation…

6. Une vie de chien (3′) avec Vittorio Gassman
Un homme très pauvre ment à sa famille sur la façon dont il remplit ses journées.

7. La journée d’un parlementaire (12′) avec Ugo Tognazzi
Un député, qui mène ostensiblement une vie exemplaire et monacale, couvre une affaire de corruption.

8. Sur le sable (2′) avec Vittorio Gassman et Ugo Tognazzi
Le machisme à l’oeuvre sur la plage peut cacher autre chose… (à mes yeux, c’est le plus bizarre dans son propos.)

9. Le témoin volontaire (12′) avec Vittorio Gassman et Ugo Tognazzi
Un homme décide de témoigner contre un accusé au grand dam de l’avocat de la défense qui va le discréditer.

10. Les deux orphelins (3′) avec Vittorio Gassman et Daniele Vargas
Un homme pauvre exploite l’infirmité d’un aveugle pour solliciter la générosité des passants et fait en sorte qu’il ne soit pas soigné.

11. L’embuscade (2′) avec Ugo Tognazzi
Un policier use de stratagèmes pour verbaliser devant un kiosque à journaux.

12. La victime (9′) avec Vittorio Gassman et Rika Dialyna
Pour rompre avec sa maitresse, un homme joue la victime et s’arrange pour que la demande de rupture vienne d’elle.

13. Vernissage (4′) avec Ugo Tognazzi
Après avoir pris possession de sa première auto (qui va obliger sa famille à se serrer la ceinture), un homme n’a qu’une hâte : aller voir les prostituées.

14. La Muse (5′) avec Vittorio Gassman et Jacques Herlin
Une jurée littéraire s’arrange pour faire primer un jeune écrivain sans talent afin de coucher avec lui.

15. On oublie vite (2′) avec Ugo Tognazzi
Au cinéma, face à une scène d’exécution sommaire de partisans pendant la guerre, un homme parle à sa femme de la beauté du petit mur derrière les exécutés : il veut faire le même chez lui.

16. La rue est à tout le monde (45″) avec Vittorio Gassman
Traversant sur un passage clouté, un homme invective les automobilistes qui roulent trop vite à son goût. Il monte ensuite dans sa voiture et roule comme un forcené, manquant de peu d’écraser les piétons qui traversent.

17. L’opium du peuple (8′) avec Ugo Tognazzi et Michèle Mercier
Pendant que son mari est vissé devant la télévision, une femme couche avec son amant dans la pièce à côté, laissant la porte ouverte pour entendre l’annonce de fin des programmes.

18. Le Testament de Saint François (3′) avec Vittorio Gassman
Avant une intervention télévisée, un homme maniaque de son apparence fait d’incessantes demandes de retouches au maquilleur. C’est en fait un ecclésiastique qui fait une émission sur le message de Saint François d’Assises, prônant l’humilité et le mépris des choses matérielles.

19. Le noble art (17′) avec Vittorio Gassman et Ugo Tognazzi
Afin de gagner quelques sous, un boxeur à la retraite use d’arguments fallacieux pour convaincre un de ses anciens amis simple d’esprit de remonter sur le ring, pour un combat soit-disant gagné d’avance.

Sketch coupé en France (en 2e position dans le film) :
La recommandation avec Vittorio Gassman
Un acteur célèbre recommande un collègue peu connu puis finit par le torpiller car il porte la poisse (sketch non vu, ce résumé est celui de Jacques Lourcelles).

5 juin 2015

Son Excellence est restée dîner (1961) de Mario Mattoli

Titre original : « Sua Eccellenza si fermò a mangiare »

Son Excellence est restée dînerDissimulé derrière un rideau, un monte-en-l’air entend un mari infidèle annoncer à sa femme par téléphone qu’il passe la nuit avec un ami retrouvé. Le lendemain, il se présente au domicile de l’homme en se faisant passer auprès de sa femme pour le prétendu ami inventé. A la suite d’un quiproquo sur son nom d’emprunt, la belle-mère le prend pour le médecin personnel du Duce et l’invite à un dîner avec un ministre… Entre 1947 et 1961, Mario Mattoli a tourné seize films avec Totò, Son Excellence est restée dîner est le dernier d’entre eux. Le réalisateur laissait une grande liberté d’action au comédien qui, on le sait, avait un grand talent pour l’improvisation. Face à Totò, il place Ugo Tognazzi, qui n’était alors qu’un acteur comique en phase montante. L’ensemble est assez amusant mais un peu inégal. Les scènes les plus amusantes ne sont pas toujours celles avec Totò : le discours du ministre par exemple est un grand moment comique. Mais le plus remarquable dans cette comédie est son sujet principal de raillerie : on se moque très directement du culte du Duce (l’action se passe dans les années trente), de la vénération du chef, de l’arrivisme mêlé de crainte qu’il engendrait. Certes, nous sommes alors seize années après la mort du dictateur fasciste mais le sujet n’était guère courant dans le cinéma, surtout pour une comédie.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Totò, Ugo Tognazzi, Virna Lisi
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Son Excellence est restée dîner
Ugo Tognazzi, Virna Lisi et Totò dans Son Excellence est restée dîner de Mario Mattoli

29 avril 2015

La Marche sur Rome (1962) de Dino Risi

Titre original : « La marcia su Roma »

La marche sur RomeAu lendemain de la Première Guerre mondiale, à Milan, deux ex-soldats désoeuvrés se laissent embrigader dans le mouvement fasciste par leur ancien capitaine. Sans grande conviction, ils participent à la Marche sur Rome organisée par Mussolini… D’un évènement historique assez sombre (octobre 1922) qui marque l’arrivée au pouvoir du dictateur italien, Dino Risi parvient à faire une comédie. C’est là tout l’art de la comédie italienne. Les deux compères, deux véritables Pieds-Nickelés admirablement interprétés par Vittorio Gassman et Ugo Tognazzi en grande forme, sont assez affligeants par leur bêtise et leur inconséquence ; on peut dire qu’ils sont acteurs d’évènements qui les dépassent mais leurs attitudes sont finalement assez représentatives de celles qui vont permettre à une poignée de fascistes d’accéder au pouvoir malgré une idéologie imprécise. L’humour est constant, y compris dans les scènes les plus graves. Le terme « tragi-comique » prend ici toute son essence. A noter la présence de Roger Hanin qui étonnamment campe un chef fasciste très crédible.  Le film s’achève par des images d’archives montrant l’arrivée des partisans de Mussolini à Rome et Risi y ajoute une note tragi-comique en faisant dire au roi Victor-Emmanuel III : « Essayons ces fascistes quelques mois… » (Mussolini a gardé le pouvoir pendant 20 ans).
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Vittorio Gassman, Ugo Tognazzi, Roger Hanin, Mario Brega
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La marche sur Rome
Vittorio Gassman et Ugo Tognazzi dans La marche sur Rome de Dino Risi

24 décembre 2014

Barbarella (1968) de Roger Vadim

BarbarellaEn l’an 4000, l’astronaute Barbarella reçoit pour mission d’aller retrouver un savant disparu sur une planète proche de Tau Ceti. Inventeur d’une arme absolue, il pourrait être tenté de l’utiliser ou de la vendre et ainsi de faire renaître les guerres qui ont depuis longtemps disparu… Prendre Barbarella trop au sérieux ne peut que nous entraîner à porter un jugement sévère et à décréter doctement que l’histoire est indigente et que tout ceci n’est qu’un prétexte pour Roger Vadim de dévoiler au monde entier les courbes gracieuses de sa femme Jane Fonda. Oui, c’est certainement le cas… Mais l’intérêt de Barbarella est avant tout dans l’adaptation fidèle d’un univers créé par le dessinateur Jean-Claude Forest avec des lieux, des costumes, des objets, des appareils aussi inventifs qu’inattendus. Barbarella Vadim pimente tout cela d’un érotisme qui anticipe la libération sexuelle mais aussi d’une bonne dose d’humour qui nous montre qu’il ne se prend guère au sérieux. Les effets psychédéliques (assez réussis), les costumes de Paco Rabanne (1) et la photographie de Claude Renoir donnent une certaine élégance au film. Le film fut un échec et reste peu apprécié encore aujourd’hui. Il peut certes apparaître kitsch mais Barbarella est néanmoins l’une des meilleures transpositions de bande dessinée à l’écran car Vadim n’a pas cherché le réalisme mais a su préserver tout l’onirisme, l’inventivité, l’humour… et l’érotisme bien entendu.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Jane Fonda, John Phillip Law, Anita Pallenberg, Milo O’Shea, Marcel Marceau, David Hemmings, Ugo Tognazzi
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Remarques :
Barbarella Jean-Claude Forest* Créé par Jean-Claude Forest, le personnage de Barbarella (physiquement inspiré de Brigitte Bardot) apparaît en 1962 et étonne tout de suite car il s’agit d’une femme qui revendique le droit au plaisir et à la sensualité. Il fait scandale et, en 1964, le ministre de l’intérieur proclame l’interdiction de la bande dessinée Les Aventures de Barbarella. L’affaire fait grand bruit et il faudra attendre 1968 (après la sortie du film) pour la voir réapparaitre (un peu plus habillée).

* Le striptease de Jane Fonda en apesanteur qui ouvre le film a été filmé d’en haut, l’actrice étant placée sur une grande plaque de plexiglas au dessus d’un décor de vaisseau (c’est assez évident lorsque l’on passe la scène en accéléré).

* Le nom du savant Durand Durand a été source d’inspiration pour le groupe Duran Duran.

* Anita Pallenberg (la Reine Noire) est surtout connue pour avoir été l’égérie des Rolling Stones (elle a eu une relation avec successivement Brian Jones, Keith Richards et Mick Jagger).

* Le mot de passe farfelu, Llanfairpwllgwyngyllgogerychwyrndrobwllllantysiliogogogoch (le correcteur d’orthographe va faire une surchauffe), est en réalité le nom d’un petit village du Pays de Galles (en gallois « l’église de sainte Marie dans le creux du noisetier blanc près d’un tourbillon rapide et l’église de saint Tysilio près de la grotte rouge »).

* Dans la vie de Jane Fonda, Barbarella est antérieur à sa prise de conscience politique qui l’amènera notamment à militer pour la cause féminine.

* Le choix de Marcel Marceau (alias le Mime Marceau) pour le rôle du Docteur Ping est assez étonnant car c’est tout de même un personnage avec beaucoup de texte…!

* A propos de la musique (très moyenne hélas) de Bob Crewe : David Gilmour (futur Pink Floyd) est à la guitare.

(1) Il serait plus exact de dire « le » costume de Paco Rabanne car il semble qu’il n’y ait que la dernière tenue de Jane Fonda qui soit du créateur.

Barbarella de Roger Vadim
L’ange aveugle Pygar (John Phillip Law) et Barbarella (Jane Fonda).