17 février 2020

Les Deux Flemmards (1933) de Charley Rogers

Titre original : « Me and My Pal »

Les deux flemmards (Me and My Pal)Oliver est un homme d’affaires qui doit se marier le jour même avec la fille d’un magnat du pétrole. Il est appelé à prendre la direction de la compagnie. Stanley est son témoin et le retrouve chez lui pour aller à la cérémonie. Il lui a acheté un cadeau….
Me and My Pal (il faut oublier le titre français qui n’a vraiment rien à voir avec l’histoire) est un court métrage de Laurel et Hardy assez étonnant car il ne comporte pratiquement qu’un seul gag. Il est certes énorme. Il y a très peu de slapstick, tout tourne autour d’un objet et de son attrait. La construction du récit est rigoureuse avec une progression parfaitement contrôlée et rythmée. Me and My Pal montre bien comment, à son apogée, le duo comique pouvait transformer la moindre idée en hilarante comédie burlesque.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Stan Laurel, Oliver Hardy, James Finlayson
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Les deux flemmards (Me and My Pal)(de g. à d.) Frank Terry, James C. Morton, Oliver Hardy, Bobby Dunn, Stan Laurel et Eddie Dunn
dans Les deux flemmards (Me and My Pal) de Charley Rogers (as Charles Rogers), Lloyd French (uncredited).

8 novembre 2019

The Game (1997) de David Fincher

The GameNicholas Van Orton, homme d’affaires puissant, reçoit le jour de son anniversaire un étrange cadeau de la part de son frère. Il s’agit d’un bon d’admission, émis par une société de services, pour un jeu mystérieux. Sa curiosité le pousse à accepter. Très vite, sa vie va se trouver entièrement bousculée…
The Game est un film assez angoissant qui nous met face à toute une série d’évènements inattendus. Le scénario se déroule admirablement et la forte tension qui s’installe assez rapidement en début de film ne cesse de croître ensuite. Nous allons de surprises en surprises à un rythme parfaitement maitrisé. Toutefois, la fin du film nous laisse un goût un peu amer car, plus que le personnage principal, c’est nous, spectateurs, qui sommes manipulés du début à la fin et ce, au mépris de toute vraisemblance de l’histoire. Certes, la société de services qui organise le jeu peut être vue comme une allégorie du cinéma mais cette mise en abyme n’est pas très fertile à mes yeux : après tout, manipuler ainsi le spectateur est une entreprise facile pour un cinéaste. The Game reste donc un film d’action surprenant, divertissant… mais assez stressant.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Michael Douglas, Sean Penn, Deborah Kara Unger, James Rebhorn, Carroll Baker, Armin Mueller-Stahl
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Remarque :
* En anglais, le mot « game » signifie « jeu »… mais il signifie aussi « gibier ».

The GameMichael Douglas dans The Game de David Fincher.

The GameMichael Douglas et Deborah Kara Unger dans The Game de David Fincher.

27 juin 2017

Barry Lyndon (1975) de Stanley Kubrick

Barry LyndonXVIIIe siècle. Barry est un jeune irlandais sans le sou, qui s’engage dans l’armée à la suite d’un duel, puis déserte, devient ensuite espion puis joueur, fait un mariage d’argent puis connait un irrémédiable déclin…
Après trois films situés dans le futur, Stanley Kubrick plonge dans le passé. Sa tentative de monter Napoléon ayant échouée, le réalisateur anglais jette son dévolu sur un roman picaresque écrit en 1843 par William Makepeace Thackeray (romancier anglais plus connu pour Vanity Fair, La Foire aux vanités). Cette vaste fresque de trois heures est universellement louangée. Il n’est donc point besoin de souligner la beauté des images, la précision des recherches pour une reconstitution très fidèle (la peinture du XVIIIe fut la principale source d’inspiration), les prouesses techniques de l’éclairage à la bougie, l’économie des dialogues dans les scènes fortes, la superbe musique : Haendel, Bach, Mozart, Vivaldi… que du XVIIIe bien entendu, seule entorse Schubert (XIXe)… et caetera. Tout cela est vrai et participe au plaisir de chaque nouvelle vision. Mais c’est aussi  l’occasion de remarquer que Barry Lyndon tire toute sa puissance et son universalité du fait qu’il nous fait plonger au plus profond de l’âme humaine (Stroheim n’est pas loin). Nous éprouvons pour son héros un mélange d’attirance/répulsion car le personnage condense beaucoup des travers de la nature humaine. Le film prend ainsi une autre dimension à nos yeux. A sa sortie, le film fut un échec… sauf en France.
Elle: 5 étoiles
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Ryan O’Neal, Marisa Berenson, Patrick Magee, Hardy Krüger, Godfrey Quigley, Leonard Rossiter, Michael Hordern
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Barry Lyndon
Le premier plan du film Barry Lyndon de Stanley Kubrick… Woah, quelle composition de plan!

Barry Lyndon
Ryan O’Neal, Gay Hamilton et Leonard Rossiter dans Barry Lyndon de Stanley Kubrick.

Barry Lyndon

Barry Lyndon
Murray Melvin et Marisa Berenson dans Barry Lyndon de Stanley Kubrick.
Pour les fameuses scènes éclairées à la bougie, Kubrick avait réussi à mettre la main sur trois objectifs Zeiss 50mm f0.7 restant d’une commande pour la NASA. Inutile de dire qu’à cette ouverture, la profondeur de champ était passablement réduite et les acteurs ne devaient pas trop bouger de leur place. Il y avait juste un très léger éclairage venant du dessus mais l’essentiel venaient des bougies. Dans le même ordre d’idée (la recherche d’authenticité), l’essentiel des éclairages des scènes intérieures de jour venaient des fenêtres (quitte à ajouter des gros spots à l’extérieur pour stabiliser l’éclairage).

Barry Lyndon
Ryan O’Nealet et Marisa Berenson dans Barry Lyndon de Stanley Kubrick.

8 janvier 2017

Computer Chess (2013) de Andrew Bujalski

Computer ChessAu début des années quatre-vingt, un tournoi de logiciels d’échecs est organisé dans un motel californien. Le vainqueur devra affrontera un grand maitre international humain… Se présentant sous l’apparence d’un documentaire d’époque, Computer Chess est un film indépendant américain hors du commun. Andrew Bujalski a cherché à recréer l’ambiance du monde de la programmation informatique des années quatre-vingt, lorsque de petites équipes commençaient à mettre un pied dans l’intelligence artificielle. L’image noir et blanc évoque plutôt 1970 que 1980 (la caméra Sony AVC-3260 utilisée date d’ailleurs de 1969, une petite caméra portable très particulière en ce sens qu’elle utilisait un tube sous vide). Andrew Bujalski n’échappe pas aux stéréotypes : les informaticiens sont des nerds à grosses lunettes, mal dans leur peau ou un peu fêlés, employant un jargon incompréhensible au plus grand nombre et suffisamment décalés pour être réceptifs à tous les bonimenteurs mystiques qui passent à proximité. Les propos qu’ils tiennent eux-mêmes relève plus de l’ésotérisme que de l’informatique : ils ont tendance à considérer que l’ordinateur a un comportement autonome (alors que, surtout à cette époque, seul un non-informaticien peut avoir cette approche). Ainsi, sur le fond, l’exploration du concept d’intelligence artificielle reste très superficielle. Andrew Bujalski est né en 1977 et n’a donc pas vécu cette époque ce qui peut expliquer qu’il reste sur des clichés, certes très répandus. Son film est néanmoins pittoresque.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Wiley Wiggins, Patrick Riester, Myles Paige
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Remarque :
* Les sous-titres français sont amusants pour un informaticien : dans les rares moments où les dialogues parlent d’informatique pure, cela  donne des résultats étonnants (par exemple, l’effet Garbage In, Garbage Out (GIGO pour les intimes) devient une question de « recyclage des déchets » dans les sous-titres).

Computer chess
Wiley Wiggins et Patrick Riester dans Computer Chess de Andrew Bujalski.

26 février 2016

L’autre (1972) de Robert Mulligan

Titre original : The Other

L'autreDans une ferme du Connecticut, en plein été 1935, un jeune garçon joue avec son frère jumeau. Quoi de plus naturel ? Pourtant, sous ce tableau un peu idyllique, se cachent des drames qui ne vont pas tarder à refaire surface… Tiré d’un roman de Tom Tryon qui en a écrit l’adaptation, L’autre démarre lentement, très lentement même, dans une atmosphère bucolique. Un certain malaise s’installe toutefois peu à peu, assez sournoisement, un malaise tout en contraste avec la douceur et la beauté des images (le chef-opérateur est l’excellent Robert Surtees). Le malaise se mue ensuite en terreur car l’histoire est en effet assez épouvantable. Nous sommes loin d’Un été 42 que Mulligan a tourné l’année précédente. Ici, il est plus question de bien et de mal, voire du Mal, des secrets du monde de l’enfance et des troubles de l’identité. N’en disons pas plus : je conseillerais plutôt de lire le moins possible de commentaires sur ce film avant de le voir.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Uta Hagen, Diana Muldaur, Chris Udvarnoky, Martin Udvarnoky
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Remarque :
* Les acteurs qui interprètent les deux frères jumeaux sont bien évidemment jumeaux dans la vraie vie. Ni l’un ni L’autre n’ont tourné dans d’autres films par la suite.

The Other
Chris Udvarnoky et Uta Hagen dans L’autre de Robert Mulligan.

Homonymes :
L’autre (In Name Only) de John Cromwell (1939) avec Cary Grant et Carole Lombard
L’autre (El Akhar) de Youssef Chahine (1999)
L’autre de Benoît Mariage (2003)
L’autre de Patrick-Mario Bernard et Pierre Trividic (2008)

30 mars 2014

Les Joueurs d’échecs (1977) de Satyajit Ray

Titre original : « Shatranj Ke Khilari »

Les joueurs d'échecsNous sommes en 1856, dans la province d’Awadh au nord de l’Inde. Alors qu’ils avaient signé un traité d’amitié très avantageux pour eux, les anglais désirent reprendre le contrôle total de la région et prennent le prétexte d’une prétendue mauvaise gestion pour forcer le souverain à se démettre. Pendant ce temps, deux aristocrates oisifs passent leurs journées à jouer aux échecs… Les Joueurs d’échecs est basé sur des faits historiques. C’est le seul film de Satyajit Ray en langue hindi (et non bengali) et qui soit situé dans une ville musulmane alors que le cinéaste est hindouiste. Le film met en parallèle deux histoires : l’une est plutôt grave et historique, elle montre comment l’Angleterre a fini de faire main basse sur l’Inde par la traitrise ; l’autre est plus légère, montrant comment deux bourgeois ne se soucient que de leur jeu préféré, insensibles à leur environnement, délaissant même leur femme. Ce parallèle surprenant a pu dérouter les spectateurs (le film fut un échec commercial). L’attitude de ces deux joueurs, sorte de combattants d’opérette (descendants pourtant de vrais combattants), symbolisent l’indifférence générale dans laquelle l’annexion de l’Inde par l’Angleterre s’est déroulée. Satyajit Ray soigne ses décors, les couleurs sont superbes, et ses personnages. De façon inhabituelle pour lui, il a réuni un plateau d’acteurs indiens très connus. Face à eux, Richard Attenborough interprète un général décidé à accomplir sa mission coûte que coûte, tout en contraste avec Tom Alter, son aide de camp, le seul anglais qui comprenne la civilisation indienne comme en témoigne les savoureux dialogues avec le général. Film assez subtil, aux changements de tons surprenants, Les Joueurs d’échecs est un beau film dans lequel il faut se laisser envelopper, l’un des meilleurs de ce grand cinéaste indien.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Sanjeev Kumar, Saeed Jaffrey, Shabana Azmi, Victor Banerjee, Richard Attenborough
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22 décembre 2012

La dame de pique (1965) de Léonard Keigel

La dame de piqueA la cour de Louis XVI à la veille de la Révolution, la comtesse russe Anna Fedotovna joueuse invétérée, est proche de la ruine. Un mystérieux comte lui révèle une martingale permettant de gagner à coup sûr, mais qu’elle ne doit employer qu’une seule fois et surtout ne révéler à personne. Une promesse que la comtesse aura bien du mal à tenir… La belle nouvelle de Pouchkine, La dame de pique, a été adaptée plusieurs fois au cinéma. Son climat étrange, à la frontière du fantastique, s’y prête bien. L’adaptation en a été ici écrite par Julien Green et son fils adoptif Eric Jourdan. Le film brille surtout par sa belle reconstitution dans une atmosphère russe hivernale. Le jeu des acteurs est hélas assez rigide, austère même, avec des personnages qui semblent manquer de présence et de sentiments. La dame de pique marque le retour à l’écran de Dita Parlo, actrice d’origine allemande, bien connue pour avoir joué notamment dans L’Atalante de Jean Vigo. Sa carrière avait été stoppée par la Seconde Guerre mondiale. C’est hélas sa dernière apparition au cinéma.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Dita Parlo, Michel Subor, Simone Bach, André Charpak, Jean Négroni
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Remarque :
Le film vient d’être réédité en DVD par Les Documents Cinématographiques.

Principales adaptations de la nouvelle de Pouchkine :
La Dame de Pique de Yakov Protazanov (1916) avec Ivan Mosjoukine
La Dame de Pique de Fyodor Otsep (1937) avec Marguerite Moreno
La Reine des Cartes (Queen of Spades) de Thorold Dickinson (1949) avec Edith Evans et Anton Walbrook
Pikovaya Dama de Roman Tikhomirov (1960) avec Oleg Strizhenov
La Dame de Pique de Léonard Keigel (1965) avec Dita Parlo
+ de nombreuses adaptations pour la télévision.

28 juin 2012

Mr. Lucky (1943) de H.C. Potter

Mr. LuckyUn teneur de tripot clandestin installé sur un bateau cherche à s’engager dans une association caritative. Son but n’est pas tant de collecter de l’argent pour les soldats américains que de le détourner à son profit. Mais il doit d’abord convaincre la jeune femme qui dirige l’association… Mr. Lucky fait partie de ces films fait pendant la Seconde Guerre mondiale dans le but d’encourager l’esprit civique et le patriotisme des américains. C’est une comédie avec Cary Grant, l’un des acteurs les plus populaires à l’époque. Malgré un bon scénario, le résultat est hélas plutôt décevant : si on note quelques (rares) bons moments, le film n’est guère servi par les dialogues, plutôt plats, ni par une mise en scène qui manque de cohérence et surtout de rythme. Cela ne l’empêcha pas d’être un énorme succès. Sans aucun doute, Mr. Lucky répondait parfaitement aux aspirations du public à ce moment précis.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Cary Grant, Laraine Day, Charles Bickford, Gladys Cooper, Kay Johnson, Florence Bates
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Remarque :
Le film sera repris en série télévisée à la fin des années cinquante (CBS TV) et adapté en français pour l’ORTF en 1965 sous le titre français Bonne chance M. Lucky.

24 juin 2012

Copie conforme (2010) de Abbas Kiarostami

Copie conformeDans la ville d’Arezzo en Toscane, l’écrivain anglais James Miller présente son dernier livre sur la valeur d’une copie en art par rapport à l’original. Une femme laisse son adresse et l’écrivain passe la voir le lendemain. Ils partent ensemble visiter le village de Lucignano… Copie conforme de l’iranien Abbas Kiarostami n’est pas un film qui se livre facilement, il est un peu difficile de démêler le vrai du faux car nous avons des impressions contradictoires (1). Le thème central tourne autour de ces questions : Le faux a-t-il la même valeur que le vrai ? Peut-il faire aimer le vrai ? Ici, la femme prend l’homme à son propre piège en lui montrant le faux pour obtenir le vrai. Abbas Kiarostami filme superbement la Toscane et le village de Lucignano (et un très beau plan où nous voyons les maisons d’Arezzo dans le reflet du pare-brise). William Shimell, chanteur d’opéra baryton, est ici dans son premier rôle au cinéma. Il a un jeu sans doute un peu rigide mais une belle présence.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Juliette Binoche, William Shimell
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Remarques :
* L’homme qui donne un conseil sur la place est interprété par Jean-Claude Carrière.
* Le village de Lucignano en Toscane est effectivement un lieu de mariages du fait de la curieuse légende de l’Arbre de vie et de l’amour. C’est une sculpture datant du XIVe siècle représentant un arbre enchâssé de pierres précieuses au pied duquel on doit faire les promesses de mariage.

(1) Ne pas lire ce qui suit si vous avez l’intention de voir le film prochainement :
Il est assez difficile de démêler le vrai du faux dans Copie conforme. Le plus probable (à mes yeux) est qu’ils se sont rencontrés brièvement à Florence, 5 ans auparavant, et que la femme cherche à le séduire en l’entrainant dans un jeu où ils jouent à être un vieux couple (le vrai basculement intervenant dans le café). L’enfant n’est pas un fils commun (cf. attitude du fils à la conférence et le fait que la femme parle au père au téléphone dans la galerie d’art). Eléments troublants : 1) Comment savait-elle qu’il ne se rasait qu’un jour sur deux ? Probablement, ce détail figure dans son livre. 2) L’histoire de l’assoupissement en voiture (avec peut-être le décès d’un autre enfant) ? Probablement, une invention de James par jeu en réponse à l’histoire inventée de l’endormissement prématuré du mari le soir de leurs 15 ans de mariage. 3) Pourquoi vont-ils si loin dans leur jeu au restaurant ? Lui, sans doute parce qu’il ne sait pas quelle décision prendre, elle, c’est plus étonnant car le jeu est dangereux.

Homonyme :
Copie conforme de Jean Dréville (1947) avec Louis Jouvet et Suzy Delair.

24 mars 2007

L’année dernière à Marienbad (1961) d’Alain Resnais

L'année dernière à MarienbadElle :
Alain Resnais signe un film très particulier et peu facile d’accès durant lequel on peut éprouver un certain ennui. A mi-chemin entre imaginaire et réalité, il nous fait pénétrer dans un univers baroque d’une très grande beauté visuelle et baignant dans une musique envoûtante. Cette histoire d’amour fou avec cette belle femme interprétée par Delphine Seyrig passe en second plan. Le film s’attache davantage à la forme pour créer une atmosphère fascinante où l’on sent la patte d’Alain Robbe-Grillet. La mise en scène est somptueuse et très élaborée. Un grand travail sur les longs travellings, les éclairages et la composition des cadrages a été accompli. Les personnages en plan arrêté dans les décors de cet austère château de Marienbad font penser à des tableaux en clair obscur. Il faut se laisser gagner par la beauté sans chercher à décrypter le sens profond de ce film.
Note : 3 étoiles

Lui :
Last year in Marienbad Plus que tous les autres films d’Alain Resnais, L’année dernière à Marienbad est un film à nul autre pareil. La trame narrative s’efface, déstructurée et atemporelle, pour faire place à un travail esthétique sur les plans qui n’a que rarement été  poussé aussi loin. Le film est le fruit d’une collaboration entre Alain Resnais et Alain Robbe-Grillet. Le lieu, un vaste château en Bohême, offre ses lignes géométriques pour constituer un environnement austère où évolue ce petit groupe de personnes empreintes de préciosité. Cette rigidité des lieux et des personnages vient en opposition totale avec l’amour fou entre les deux personnages principaux, un amour qui a du attendre une année pour pouvoir se déclarer et se concrétiser. Chaque plan semble travaillé à l’extrême, à commencer par les lumières qui façonnent des images d’une beauté à couper le souffle ; il y a aussi ces travellings, lents et doux, qui semblent caresser les êtres et les choses, déplacements aériens autour de scènes où le temps s’est figé ; enfin, Alain Resnais joue avec les décors extérieurs et intérieurs, vastes aires de marbre et de miroirs, Delphine Seyrig et avec Delphine Seyrig dont chacune des postures semble avoir été pensée pour créer de nouvelles lignes gracieuses. Le spectateur que nous sommes acquiert dès lors l’impression de pénétrer un tableau vivant, hors du temps et des espaces. A mes yeux, L’année dernière à Marienbad n’est pas si difficile d’accès car il suffit de se laisser submerger par la beauté pour pénétrer ce dédale d’images et de sentiments. Le film devient alors terriblement envoûtant.
Note : 5 étoiles

Acteurs: Delphine Seyrig, Giorgio Albertazzi, Sacha Pitoëff
Voir la fiche du film et la filmographie de Alain Resnais sur le site imdb.com.

Lire une analyse plus approfondie du film sur le site du Ciné Club de Caen…
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Note : Le film a donné son nom au jeu avec des allumettes qui y tient une place si symbolique : on l’appelle maintenant le jeu de Marienbad. Le mari de Delphine Seyrig dit « je puis perdre, mais je gagne toujours » car en effet il est impossible au joueur qui joue en premier de gagner face à une personne expérimentée. Ce jeu a acquis une certaine popularité parmi les informaticiens car la méthode pour gagner repose sur l’utilisatisation des nombres binaires. Pour vous entraîner